Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

La France, une dictature ou une démocratie, si on en croit Emmanuel Macron ?

Saint-Denis de La Réunion, vendredi 24 janvier 2020

 

Prenons donc le Président de La République francaise à son propre jeu. Au jeu de ses propres mots. Dans des interviews données dans l'avion présidentiel (qui les ramenait de Tel Aviv à Paris) à des journalistes de trois journaux, dont Le Monde, le Président de La République aurait dénoncé «les discours justifiant la violence en France et l'affaiblissement de notre démocratie». 

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/01/24/macron-fustige-les-discours-justifiant-la-violence-en-france-et-l-affaiblissement-de-notre-democratie_6027055_823448.html

 

Voilà les mots qui lui sont attribués :

 

«Aujourd’hui s’est installé dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature ! La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l’autre, l’interdiction de la violence, la haine à combattre.»

 

... ou encore ...

 

«Une démocratiec’est un système politique où l’on choisit nos dirigeants. C’est un système politique où l’on choisit des représentants qui auront à voter librement les lois qui régissent la société. Cela a beaucoup d’exigence, cela veut dire que la liberté du peuple et sa souveraineté sont reconnues. Mais cela a une contrepartie, c’est que dans une démocratie, on a un devoir de respect à l’égard de ceux qui représentent et votent cette loi, parce que précisément, on a le pouvoir de les révoquer. On a l’interdiction de la haine, parce qu’on a le pouvoir de les changer !»

 

Evidemment, je connais un grand nombre de personnes, le doigt sur la couture du pantalon, qui avalent avec gourmandise ce genre d'inepties, qui partagent ce genre d'opinions, pour lesquels il ne faut surtout pas contredire ou attaquer Emmanuel Macron. Ni le critiquer. Ils représentent pas loin de 25% des électeurs qui votent aux élections nationales, européennes ou législatives. Des personnes qui comme leur maitre, opinent à grand renfort de coups de menton bravaches. 

 

Quitte à décevoir toutes ces bonnes âmes et ces braves membres de la grande famille des ultralibéraux décomplexés, je ne partage pas ce discours sur la dictature ou la démocratie à la française. L'élection d'Emmanuel Macron à la Présidence de la République française est le déclencheur d'une crise de notre démocratie, le signe que cette démocratie s'est fourvoyée, que nous ne sommes désormais plus dans une démocratie, et que les critères avancés par Emmanuel Macron ne sont justement plus applicables, reconnaissables. Il est amusant que ce soit justement lui-même qui nous explique à quoi devrait ressembler une démocratie, alors que sa propre élection puis celle de sa majorité législative en est justement l'exact contraire, l'exact contre-exemple.

 

«La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois.»  Justement, le gouvernement de la France d'aujourd'hui, c'est un groupe de personnes qui ne représentent qu'eux-mêmes, choisis parmi d'anciens députés socialistes ou de droite macro-compatibles, et des représentants soi-disant de la société civile, mais dans les faits issus du haut management des grandes entreprises francaises ou étrangères, qui décident, votent et appliquent dans leur coin des lois et des réformes que leurs maîtres décident, dont leurs maîtres ont besoin, et pour lesquels leur envoyé à la tête de la République estime avoir été élu. C'est dans le programme électoral du candidat Macron : argument ressassé régulièrement par les uns ou les autres !

 

N'y a-t-il pas un clan qui dirige la France ? Macron et le Parti de la République en Marche ne correspondent-ils pas à la définition d'un clan ? Non pas un clan mafieux, mais un clan de maçons ? Un clan dont le lien commun est l'appartenance aux réseaux de la Franc-Maçonnerie ? 

 

«Une dictature c’est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais.» Emmanuel Macron développe aussi à un autre moment la même idée sous-jacente, lorsqu'il indique également : «dans une démocratie, on a un devoir de respect à l’égard de ceux qui représentent et votent cette loi, parce que précisément, on a le pouvoir de les révoquer. On a l’interdiction de la haine, parce qu’on a le pouvoir de les changer !»

 

Mais on n'a pas en France le pouvoir de révoquer ces élus de la République en Marche, pas plus que l'on a le pouvoir de révoquer Emmanuel Macron. Ce droit n'existe tout simplement pas en France. Il existe pour les représentants du personnel élus, il existe pour les délégué syndicaux, ces personnes que le clan macroniste abhorre et méprise. Mais il n'existe en aucun cas dans la démocratie française pour les élus de la République. Et de la même manière, on n'a aucune certitude qu'on pourra changer un jour Emmanuel Macron et ses séides, qu'ils accepteront de laisser la place, ou que l'on n'élira pas à sa suite, apres un, deux, trois mandats ou plus, un autre représentant des mêmes maîtres, des mêmes décideurs, des mêmes marionnettistes ! Aucune certitude que comme son modèle Vladimir Poutine, il n'intervertira pas sa place avec son fidèle lieutenant Edouard Philippe, ou une autre des âmes damnées qui servent les mêmes maîtres que lui !

 

Je n'aurais pas le droit d'écrire cela ? Mais s'est-on posé la question des raisons pour lesquelles tous les journaux détenus par les plus grandes fortunes de France, jusqu'au Journal Le Monde, ont défendu et appuyé sa candidature et l'action de son gouvernement, dans un silence assourdissant ? S'est-on demandé ce qui relie tous ces gens qui nous dirigent, tous ces patrons des grandes entreprises, tous ces députés qui ont été choisis pour constituer l'armée d'Emmanuel Macron, s'est-on demandé quels étaient les liens qui les unissaient, qui les rassemblaient ? Une immense majorité de ces personnes appartiennent aux réseaux occultes de la Franc-Maçonnerie. C'est vrai pour les dirigeants d'un grand nombre d'administrations et d'entreprises publiques ou privées francaises. C'est très vraisemblablement vrai pour bon nombres de ces ministres, très certainement d'Emmanuel Macron lui-même, et pour nombre des députés qu'il a choisi et qui ont été élus à la suite de son élection.

 

Le fait même d'être franc-maçon n'est pas honteux ni choquant. Je dois en connaître certains. On en connaît forcément quelques uns dans notre entourage. La franc-maçonnerie est un lieu de recherche, de travail sur soi-même et sur la société. Mais certains Franc-maçons ne recherchent pas que cela. Ils recherchent avant tout le pouvoir, l'influence. Et je pense, comme nombre d'autres gens, que ce sont ces personnes qui ont pris aujourd'hui le pouvoir en France. Et comme il s'agit d'une influence souterraine, cachée, masquée, ce n'est plus un principe d'un fonctionnement démocratique.

 

«Une démocratie, c’est un système politique où l’on choisit nos dirigeants. C’est un système politique où l’on choisit des représentants qui auront à voter librement les lois qui régissent la société.» Pour cette autre définition de la démocratie donnée, utilisée par Emmanuel Macron pour définir ce que doit être une democratie, là non plus, je ne pense pas que le gouvernement et le parlement macroniste y correspondent. Les français n'ont majoritairement pas choisi librement leur dirigeant, mais leur choix, leur opinion ont été manipulés par la presse, par les médias. Lors de cette élection présidentielle, comme lors des élections suivantes, nous avons eu la démonstration que les français étaient bêtes, manipulables, influençables. Rien ne les sépare réellement de leurs homologues de 1848, qui avaient élu le premier Président de la République francaise parce qu'il portait simplement le même nom que l'empereur Napoléon Bonaparte. Plus de 160 ans plus tard, les électeurs français se sont découverts aussi bêtes, aussi majoritairement influençables, malgré l'évolution ou peut-être justement à cause de l'évolution des technologies et des médias qui permirent l'élection d'Emmanuel Macron comme nouveau Président de la République française. 

 

Ces différents exemples de ce qui devrait différencier une démocratie d'une dictature me semblent tous sujet à caution et à contestation. Et lorsqu'il nous appelle à aller vivre dans une dictature pour savoir ce que serait une vraie dictature, cela nous renvoie à ce dont il n'a pas parlé, l'action des forces de l'ordre et les opérations de maintien de l'ordre. Et il est utile de citer immédiatement cet autre article du Monde qui traite de la répression policière en France. 

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/12/le-defenseur-des-droits-inquiet-d-un-renforcement-de-la-repression-en-france_5434705_3224.html 

 

Alors certes, oui, il existe évidemment des dictatures pires que la dictature macroniste/philipiste française de part le monde ! Mais est-on pour autant encore en démocratie en France ? Non et la répression policière et pénale en France à l'époque des contestations de la loi travail sous le gouvernement Hollande/Valls ou aujourd'hui lors des événements des gilets jaunes ou des contestations contre les retraites vient tristement le démontrer.  

 

Je voudrais terminer par ces quelques mots du philosophe Jacques Rancière, là-aussi tiré d'un article du Monde (Journal que je critique pour son appui à Macron et à son gouvernement, mais qui semble aussi défendre parfois d'autres positions moins favorables à ce gouvernement).

«C’est cette réalité concrète du collectif solidaire dont les puissants de notre monde ne veulent plus. C’est cet édifice qu’ils ont entrepris de démolir pièce à pièce. Ce qu’ils veulent, c’est qu’il n’y ait plus de propriété collective, plus de collectifs de travailleurs, plus de solidarité qui parte d’en bas. Ils veulent qu’il n’y ait plus que des individus, possédant leur force de travail comme un petit capital qu’on fait fructifier en le louant à des plus gros. Des individus qui, en se vendant au jour le jour, accumulent pour eux-mêmes et seulement pour eux-mêmes des points, en attendant un avenir où les retraites ne seront plus fondées sur le travail mais sur le capital, c’est-à-dire sur l’exploitation et l’autoexploitation.

 

C’est pour ça que la réforme des retraites est pour eux si décisive, que c’est beaucoup plus qu’une question concrète de financement. C’est une question de principe. La retraite, c’est comment du temps de travail produit du temps de vie et comment chacun de nous est lié à un monde collectif. Toute la question est de savoir ce qui opère ce lien : la solidarité ou l’intérêt privé. Démolir le système des retraites fondé sur la lutte collective et l’organisation solidaire, c’est pour nos gouvernants la victoire décisive. Deux fois déjà ils ont lancé toutes leurs forces dans cette bataille et ils ont perdu. Il faut tout faire aujourd’hui pour qu’ils perdent une troisième fois et que ça leur fasse passer définitivement le goût de cette bataille.»

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/23/jacques-ranciere-les-puissants-ne-veulent-plus-d-une-retraite-qui-soit-le-produit-d-une-solidarite-collective_6026922_3232.html

 

Tout n'est pas dit. On nous parle d'une réforme sensée nous donner à tous les mêmes droits. Mais nous ne sommes pas tous égaux, pas tous les mêmes. Le droit du travail français s'est construit sur la généralisation d'acquis différents. C'est parce que certaines entreprises emblématiques avaient obtenu des choses particulières, en avance sur leur temps, que nos droits collectifs ont pu évoluer, progresser. Si on suit le raisonnement du gouvernement sur cette réforme pour tous, alors il faudrait aussi abandonner tous les régimes sur-complémentaires offerts dans certaines entreprises, qui accordent à leurs salariés des avantages de retraites supérieurs au droit commun. Mais il faudrait aussi s'interdire, ou interdire aux plus riches de cotiser à des régimes supplemntaires pour leur retraite ... 

 

Il m'est difficile d'appeler à combattre ce gouvernement, puisque je ne le combats que par quelques mots, par quelques phrases. Mais il faut dire la vérité. La France n'est plus une démocratie, et elle n'en a jamais été aussi éloignée que depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Et les francais sont victimes de violences policières ; il n'est plus sans risque de faire état de son opposition au gouvernement et de le contester dans la rue ou sur internet.

 

 

Saucratès



24/01/2020
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