Critiques de notre temps

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De la crise financière


Point sur la crise des cryptomonnaies

Point sur la crise des cryptomonnaies

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 29 janvier 2023

 

Qu’il soit clair que je ne conseille à personne d’acheter, d’investir, ou de spéculer dans des cryptomonnaies. Je reste persuadé que les cryptomonnaies ne reposent sur rien de concret, et qu’elles peuvent très facilement perdre demain toute valeur. Une action, une obligation, un fond commun de placement reposent normalement sur une part d’une entreprise, sur des valeurs, sur une activité, sur un rendement futur. Du fait de l’évolution des marchés, ces placements peuvent évidemment perdre toute valeur, s’effondrer, du jour au lendemain, mais c’est le propre de la vie et de l’économie. Des exemples de ce type pullulent dans l’histoire boursière : Bourbon, Moulinex, 1855.com … Mais malgré tout, ces échecs sont des exceptions, la faute à des erreurs de gestion, des erreurs de stratégie, ou des arnaques.

 

Mais les cryptomonnaies ne représentent aucune de ses protections, de ses sous-jacents, rien de tout cela. Elles ne correspondent pas à des valeurs, à des placements, à des activités. Elles ne sont que pure spéculation. Elles ne servent à rien, si ce n’est de moyens de paiement recherchés par des terroristes ou des mafieux du fait de leur supposée intraçabilité, ou par des spéculateurs ou des épargnants cherchant à spéculer et à s’enrichir.

Par ailleurs, j’ai beaucoup de peine avec la finance moderne, cette finance qui repose sur la désécurisation des flux financiers et des informations financières. Mais le monde a changé. La finance ne peut plus être maintenue à l’écart des hackeurs informatiques et du réseau.

 

Ceci étant dit, les évolutions des derniers mois interpellent. Je me permets donc de revenir ci-dessous sur les divers événements ayant touché l’univers des cryptomonnaies. 

https://g.co/finance/BTC-EUR?window=5Y


(nota : je ne conseille en aucun cas d’investir dans une cryptomonnaie, que ce soit le Bitcoin ou une autre), et par ailleurs je ne détiens aucune cryptomonnaie ni même le moindre produit type actions, OPCVM ou FCP en direct)

 

Après un somment atteint en septembre 2021, la chute des cryptomonnaies en 2022 … «Winter is coming»

 

En mai 2022, effondrement de l’UST et du LUNA provoque un tremblement de terre dans l’univers des cryptomonnaies. 

 

https://www.objectifeco.com/riche-rentier/argent/investir/investissement-cryptomonnaies.html

 

L’UST est un stablecoin dont la parité est arrimé au dollar à raison du cours minimal de 1 UST pour 1 dollar. Il avait été développé par TERRA dont le PDG, Do Kwon, était en fuite et recherché par Interpol.


Ce stablecoin, adossé en principe au dollar américain et qui se rêvait en tant qu’alternative crédible au BUSD de BINANCE, à l’USDC de CIRCLE et surtout à l’USDT de TETHER, permettait de bénéficier de rendements élevés.


La chûte de ce stablecoin qui n’avait de stable que le nom a fait s’écrouler le LUNQ, l’autre cryptomonnaie de TERRA qui a perdu l’entièreté de sa valeur.

 

https://journalducoin.com/actualites/catastrophe-terra-luna-analyste-blockchain/

 

La baisse globale des cours qui s’en est suivie a conduit à la banqueroute de plusieurs acteurs, dont Celsius, société dirigée par Alex Mashinsky, et le fond Three Arrows Capital (3AC) mené par Su Zhu et Kyles Davies.

 

Novembre 2022, faillite de FTX 

 

Deuxième plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies après BINANCE, la société FTX de l’emblématique PDG fondateur Sam Bamkman-Fried, aka SBF, qualifié de génie de la finance et des cryptomonnaies qui a surtout fait fortune grâce à une autre société, Alameda Research, est mise en faillite après l’échec de la tentative avortée de rachat par son principal concurrent BINANCE.

 

https://www.lerevenu.com/bourse/la-plateforme-de-cryptomonnaies-ftx-en-faillite-aux-etats-unis-son-patron-demissionne

 

On apprend ainsi que FTX utilisait les dépôts de ses clients en collatéral pour financer les opérations d’Alameda Research (malgré les dénégations de SBF), dont la CEO est Caroline Ellison, largement responsable de la débâcle FTX (jeune fille de 28 ans, sans aucune expérience préliminaire à ce type de job).

 

Ce qui fait dire aux journalistes sur ces boîtes de cryptomonnaies : «les PDG ont tous des têtes d’adolescents, les sociétés n’ont pas dépassé 5 ans d’âge et ils se retrouvent avec des milliards en gestion».


Des victimes collaterales de la chute de FTX : la banque SOFTBANK, le fonds SÉQUOIA CAPITAL, le Fonds de Pension des enseignants de l’Ontario (qui avait investi 95 millions de dollars dans FTX)

 

De nombreuses autres cryptomonnaies résistent cependant encore à ce que les spécialistes appellent désormais l’hiver des cryptomonnaies, parmi lesquelles on trouve : l’UST de TETHER, BINANCE (et son charismatique patron Changpeng Zhao, surnommé «CZ»), et bien sûr le roi BITCOIN.


BINANCE est-il trop grand pour faire faillite (Too Big to Fail) ? C’est la question que se pose certains articles, et ce qui protège aujourd’hui l’univers des cryptomonnaies d’une faillite généralisée.

 

Quelque chose de tout à fait normal pour quelque chose qui ressemble à de la monnaie décentralisée

 

Mais les jeunes générations qui croient avoir réinventé la monnaie et la finance me font rire, ou bien les vieux loups qui croient avoir découverts la poule aux œufs d’or ou la réponse au règne de l’argent roi. Cet hiver des cryptomonnaies n’est rien d’autres que quelque chose de très normal, tout à fait naturel. Le dix-neuvième siècle occidental a été rempli de ses phases d’expansion et de crise des monnaies, avec des centaines de faillites d’établissements bancaires. 

Ce que l’on observe depuis les années 1980 est l’exception d’un système financier qui a plusieurs siècles d’histoire et des réglementations derrière lui. La banque aujourd’hui est une aberration, et elle conduit les acteurs de la finance, de la cryptomonnaie à se méprendre sur ce qu’est la monnaie et la banque. Pour échapper à cette succession de faillites et de bulles, les États et les banques ont organisé le système des banques centrales, des prêteurs en dernier ressort d’une puissance financière monstrueuse. Et pourtant parfois, même ses puissances ont pu être dépassées par la spéculation sur les marchés financiers, comme lors de la crise du système monétaire européen dans les années 1992-1993, lorsque Georges Sorros avait réussi à battre la Banque centrale d’Angleterre, l’obligeant à laisser la livre sterling être dévaluée. 

L’univers des cryptomonnaies n’a rien de tout cela pour combattre la spéculation, ni prêteurs en dernier ressort, ni SEC, ni ACPR, ni droit bancaire, ni même autorités crypto-monétaires. Les acteurs de ce monde des cryptomonnaies ne sont que des fonds spéculatifs qui cherchent l’enrichissement. 

https://www.jeuxvideo.com/news/1664646/cette-plateforme-crypto-prevoit-de-racheter-des-banques.htm

 

Tout ceci ne cherche ni à vous décourager d’investir dans ce domaine des cryptomonnaies, ni inversement à vous encourager à y investir. Des personnes ont certainement dû gagner de l’argent en y investissant, et de nombreuses personnes ont dû se faire arnaquer, ont dû perdre toutes leurs économies. 

Au fond, tout ceci n’est peut-être qu’une tentative de faire revenir un camarade sur sa décision de ne plus rien poster sur ZINFOS. 

 

 

Saucratès



https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/10/coinbase-licencie-en-masse-pour-se-tirer-du-naufrage-des-cryptomonnaies_6157349_3234.html

 

https://www.lerevenu.com/bourse/la-plateforme-de-cryptomonnaies-binance-renonce-racheter-ftx

 

https://www.lerevenu.com/bourse/cryptomonnaies-les-remous-de-la-faillite-de-ftx-frappent-dautres-plateformes

 

https://www.lerevenu.com/bourse/devises/dogecoin-une-blague-18-milliards-deuros

 

https://www.lerevenu.com/bourse/devises/binance-coin-gare-aux-pirates

 

https://www.lerevenu.com/bourse/devises/tether-le-dollar-comme-metre-etalon


29/01/2023
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Pandémie, panique boursière et politique monétaire européenne

Saint-Denis de La Réunion, samedi 14 mars 2020

 

Mon article précédent traitait déjà de l'existence de la pandémie de Covid 19 (ou coronavirus) et du déclenchement simultané d'une crise ou panique boursière d'une importance disproportionnée. C'était l'objet de mon précédent article. Après, il reste une inconnue : est-on véritablement dans le cas d'une crise ou d'une panique boursière ? Ou bien n'est-ce qu'un simple aléa des marchés ? La réponse n'est pas si simple.

 

Certes, les cours des bourses se sont en moyenne, dans pratiquement toutes les places boursières, effondrées de l'ordre de 33% sur les trois dernières semaines, ce qui traduit une diminution de l'ordre d'un tiers de la valeur de toutes les entreprises cotées sur ces marchés, en moyenne. Certaines actions ont diminué de plus d'un tiers, d'autres de moins. Par exemple, la fonciere Klépierre, qui porte les murs de moults centres commerciaux en Europe, s'est effondrée de 50% (de 34 euros à 17 euros). 

 

Mais il y a peu, au quatrième trimestre 2018, l'ensemble des places boursières mondiales s'étaient également effondrées de 20% entre septembre et décembre 2018. Là aussi, on pouvait craindre le début d'une crise boursière. Et puis, dès le début de l'année 2019, les bourses avaient effacé les pertes enregistrées avant de voler de records en records, jusqu'à dépasser les 6100 points pour l'indice CAC40. Il n'est ainsi pas simple de savoir quand commence une crise boursière, ou une crise financière, et quand il ne s'agit que d'une simple oscillation des marchés boursiers ; une de ces phases de baisse puis de hausse des indices et des cours des actions. Et la logique voudrait que, la crise de la pandémie de coronavirus ne devant pas s'installer durablement, les cours boursiers devraient se reprendre ; tout ceci ne devant être qu'une péripétie de la marche des marchés financiers. À moins que la crise boursière ne soit plus grave, qu'elle repose sur une surévaluation des cours boursiers début 2020, et que la panique boursière continue d'enfler jusqu'à ce que la baisse devienne si importante que le marché puisse enfin repartir à la hausse. 

 

Car le fonctionnement des marchés financiers et boursiers ne repose essentiellement que sur la psychologie des foules. Lorsque la foule croit que les marchés progressent, les cours du marché progressent, quitte à faire rentrer des clients moins qualifiés, moins habitués à la Finance et à ses pièges, comme les petits porteurs. Par contre, lorsque la foule craint que les marchés baissent, les cours du marché baissent, jusqu'à ce qu'ils atteignent un tel niveau de faiblesse que la majorité des acteurs cessent de jouer la baisse pour recommencer à croire majoritairement à une hausse des cours. Cette crise n'est pas différente des précédentes ni des prochaines crises qui se produiront évidemment dans les prochaines années. Pour le CAC40, le bas de ce cycle de baisse se trouve-t-il à 4000 points comme aujourd'hui, ou bien à 3000 points, ou bien vers 2500 points comme en 2008 ou en 1999 ? Seules les prochaines semaines boursières nous éclaireront sur la poursuite ou non de ce mouvement baissier. Certaines personnes vont parler d'effondrement generalisé des bourses puis des prix, car il est normal que ces moments d'angoisse réveillent les pires craintes et les pires imaginations de tous ceux qui se présentent comme des gourous, comme des maîtres à penser, comme des guides des boursicoteurs apeurés ou craintifs. 

 

Faut-il empêcher ou combattre ces crises boursières ? Non évidemment. Il n'existe pratiquement aucun outil qui permette une croissance régulière et ininterrompue des indices des places boursières. On ne peut pas empêcher la psychologie des marchés ni celle des foules. Par le biais de la politique monétaire, on peut juste tenter d'empêcher que des manipulateurs et des spéculateurs arrivent à s'enrichir opportunément sur le dos des autres intervenants des marchés, tout particulièrement les petits porteurs. C'est la raison pour laquelle il existe des outils que l'on range sous le vocable de politique monétaire. La crise financière de 2007-2009 avait vu l'apparition de nouveaux outils de cette politique monétaire, non pas pour combattre les spéculateurs et leurs spéculations, mais pour rassurer les marchés financiers et les intermédiaires. 

 

Ce sont pour l'instant les mêmes types d'outils qui sont mis en oeuvre par les autorités monétaires mondiales pour tenter de rassurer les marchés financiers et empêcher la survenue d'une crise financière plus large, qui toucherait les banques et les établissements financiers, puis les entreprises elles-mêmes à travers le canal de l'offre de crédit. 

 

Mais la Banque centrale européenne n'a pas réussi depuis la fin de la crise financière de 2007-2009 à régulariser sa politique monétaire. Alors que la Réserve Fédérale Americaine avait réussi ses dernières années à remonter ses taux directeurs pour rétablir sa capacité à influer sur la survenue d'une nouvelle crise financiere, comme on vient de le voir, ce n'est pas le cas de la BCE. Les taux directeurs de la FED ont réussi été relevés à plusieurs reprises au cours des deux dernières années, même si cela avait suscité la colère et l'indignation de leur president Donald Trump, et avait entraîné le remplacement/limogeage de son gouverneur par un Donald Trump énervé. Celui-ci ne comprendra pas qu'en faisant cela, les membres de la Réserve Fédérale américaine lui ont permis de pouvoir agir pour combattre cette crise financière qui se profile. Les americains devraient les remercier pour leur clairvoyance. La gouverneure de la FED remerciée ne sera pas considérée comme le gourou de Wall Street, comme certains de ses prédécesseurs. Mais elle le mériterait pourtant.

 

En tout cas, elle a fait ce que les dirigeants de la Banque centrale européenne n'ont pas réussi ou n'ont pas voulu faire : rétablir la capacité de la politique monétaire européenne. Aussi, il était risible d'entendre les attentes des commentateurs journalistiques, qui anticipaient les réactions de la BCE et de sa gouverneure Christine Lagarde. Que pouvait-elle faire sachant que les taux directeurs de la Banque centrale européenne étaient toujours en territoire négatif, plus de 10 ans apres la précédente crise financière ! Il n'était pas venu à l'idée de ses prédécesseurs d'entamer, en même temps que la Réserve Fédérale américaine, la remontée de ses taux directeurs pour rétablir une capacité d'influence de la politique monétaire en Europe. Le conseils des gouverneurs a certainement préféré demeurer les servants préférés des décideurs politiques européens ou des patrons des grandes entreprises. Sauf que face à la survenue des prémices d'une nouvelle crise financière, la BCE est aujourd'hui totalement démunie, avec des taux directeurs déjà largement négatifs, des taux de financement des États européens aussi négatifs, qui leur permet de se refinancer à des taux extrêmement favorable, ou plutôt, des trouver des expédients budgétaires leur permettant de masquer une partie du déficit budgétaire étatique (en tout cas pour la France).

 

Aujourd'hui, la BCE et sa gouverneure n'ont pratiquement aucun outil pour influer sur la survenue de cette probable crise financière qui se prépare. Il n'y aura crise financière que si la crise boursière actuelle (ou plutôt la chute des cours boursiers) ne se diffuse au reste de l'économie par le biais du canal de l'offre du crédit, si les banques restreignent leurs financements, ou si une progression des défaillances des emprunteurs ne vient fragiliser les banques et les établissements financiers et les contraint à réduire leur offre de financements. Ou bien si le marché financier ne se grippe une nouvelle fois, comme en 2008-2009, parce que les établissements financiers auraient peur du risque de défaut de l'un d'entre eux. La BCE et sa gouverneure n'ont simplement comme derniers outils disponibles que l'octroi de facilités de financement toujours plus grandes aux banques de l'eurosystème. À moins qu'elles ne décident de mettre en œuvre de nouveaux outils jamais mis en œuvre, comme la monnaie hélicoptère. C'est-à-dire le déversement directement sur les ménages de tombereaux de financements, comme s'ils les déversaient depuis des hélicoptères sur la foule des badauds. Ce que Milton Friedman, le pape du monétarisme, avait imaginé et avait appelé «monnaie hélicoptère».

 

 

Saucratès


14/03/2020
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Pandémie et panique boursière

Saint-Denis de La Réunion, jeudi 12 mars 2020

 

Qu'y a-t-il de commun entre une épidémie ou une pandémie infectieuse, un effondrement des cours boursiers et une montée des populismes et une fermeture de toutes les frontières ? En ce mois de février et de mars 2020, la pandémie de coronavirus partie de Chine, de la région de Wuhan, a évidemment réussi à se répandre à la majeure partie des pays de la planète. Quelques dizaines de milliers de malades disséminés dans quelques dizaines de pays différents, quelques dizaines ou quelques centaines de morts également disséminés dans quelques dizaines ou centaines de pays ont suffit, en quelques semaines, pour gripper l'ensemble des relations internationales et l'ensemble de l'économie financière planétaire. Fermeture des frontières des Etats-Unis à la Chine et maintenant à l'Europe, enfermement des populations en Chine et en Italie, fermeture des écoles et des universités, il suffit de voir les scènes d'émeutes dans notre departement autour de l'accueil des croisiéristes des paquebots de croisière, depuis que ces bateaux avec des milliers de vacanciers et de membres d'équipage ont commencé à incuber le coronavirus en Asie. Et on en est encore qu'à quelques centaines ou quelques milliers de morts ! Si cette pandémie devait ressembler aux ravages de la peste au moyen-âge européen ou aux millions de morts de la grippe espagnole (nom faussement attribué), on peut se demander ce que feront et deviendront nos pays et nos institutions étatiques, et à quelles extrémités nous en arriverons pour nous protéger de la contamination, de la mort et des autres ?

 

Cette situation catastrophique dans laquelle se trouve plongé le monde trouve son origine dans le culte de la recherche du risque zéro. C'est ce culte du risque zéro qui explique les communications alarmistes qui tournent en boucle sur les réseaux d'information sur le coronavirus, sur la manière de se protéger, et sur les décomptes réguliers de la dissémination du coronavirus, des pays infectés, et des nombres de malades et de morts dus à la maladie. On nous expliquera dans quelques mois qu'une fraction de ces morts, le plus souvent des personnes âgés, seraient malgré tout décédés même sans le coronavirus. Mais aujourd'hui, comme s'il était nécessaire de nous affoler, on nous submerge de ces chiffres et de ces décomptes macabres. Et ce n'est même pas la décision d'un gouvernement qui tenté de nous manipuler, de nous démontrer que le Président de la République et ses ministres veillent sur nous au péril de leur vie ... même pas, puisque les mêmes informations affolantes sont diffusées de la même manière dans tous les pays de par le monde ! C'est juste un effet de notre société de l'information instantanée, de notre société de communication, de notre société de la globalité et de l'instantanéité ! Chaque gouvernement doit juste montrer qu'il agit pour prévenir les risques, pour rassurer leurs concitoyens qu'ils font le maximum pour les protéger et pour empêcher la propagation de la pandémie. Tout simplement. La culture du risque zéro. Donc il faut des capteurs dans les aéroports pour vérifier la fièvre des voyageurs. Il faut des zones de quarantaine pour les sujets à risques ou pour les gens venant de certains pays. On a de la chance, la France ou les Etats-Unis n'ont pas encore remis en marche des sortes de camps d'enfermement, comme dans les années 1940. Ces camps où les français avaient enfermé les réfugiés espagnols après la fin de la guerre d'Espagne, ou bien ces camps où les americains avaient enfermé les japonais vivant aux Etats-Unis après la déclaration de guerre avec l'empire du Japon. Rien de cela pour l'instant dans le Monde, à ma connaissance. Ni même de réouverture des lazarets dans notre département, où l'on enfermait autrefois les nouveaux arrivants, esclaves essentiellement, pour s'assurer qu'ils n'étaient pas porteurs de la lèpre ou d'autres maladies infectieuses. Ces camps où on n'est pas certain d'être malade lorsqu'on y rentre mais où on a de très forte chance d'attraper la maladie lorsqu'on y reste.

 

Le gouvernement français a ainsi appelé il y a deux semaines à rapatrier tous les élèves en voyages linguistiques dans l'ensemble du monde ! Le Président Trump appelle désormais tous les américains à ne plus quitter les Etats-Unis. Une petite épidémie d'un virus potentiellement dangereux, mais sans rapport pour l'instant avec les fléaux des temps passés, que ce soit Ebola, la grippe espagnole ou la peste bubonique, et le monde entier est devenu fou et nos dirigeants et leurs administrations décrètent que l'étranger est devenu l'ennemi, que l'épidémie vient des étrangers.

 

La montée des angoisses et la fermeture des frontières a évidemment un fort impact sur les échanges commerciaux internationaux, alors que la principale usine mondiale, la Chine, est fortement impactée par la pandémie. On parle assez communément de quelques dizièmes de point de ralentissement de la progression de l'activité économique dû à ce coronavirus, par rapport à ce qu'il aurait été en l'absence de cette pandémie. Mais tout ceci n'est pourtant pas si sérieux. Rien ne permet d'expliquer que les places boursières européennes et mondiales aient pu perdre le tiers de leur capitalisation en quelques semaines. -12,28%, c'est la baisse enregistrée par le CAC40 de la bourse parisienne aujourd'hui jeudi 12 mars 2020. C'est apparemment le pire décrochage de toute l'histoire du CAC40 depuis sa création, pire que la baisse du 19 octobre 1987, qui est restée dans les mémoires comme le lundi noir (Ou Black Monday). Le CAC40 avait alors perdu un peu moins de 10% alors que la bourse americaine avait alors décroché de -22,7%. L'histoire se répète d'une certaine manière puisqu'il existait déjà un jeudi noir (ou Black Thursday). Il s'agissait du 24 octobre 1929, première journée du krach de 1929 qui donna naissance à la grande dépression.

 

Les bourses europeennes ont donc perdu entre 10% et 20% en une seule journée, en ce jeudi 12 mars 2020. En une semaine, entre le 6 et le 12 mars 2020, le CAC40 a ainsi perdu plus de 25% de sa capitalisation (il avait déjà chuté de -8,39% le 9 mars 2020), passant de 5139 points à 4044 points. Et le 21 février, il y a juste trois semaines, le CAC40 dépassait les 6000 points. Il a ainsi perdu 2000 points en l'espace de trois semaines, soit un tiers de sa capitalisation, comme presque la totalité des bourses mondiales un peu partout dans le monde.

 

L'épidémie de coronavirus suffit-elle à expliquer cette panique boursière ? En quoi les résultats escomptés par les grands groupes cotés sur les marchés pourraient-ils avoir reculés d'un tiers du fait du coronavirus ? Il s'agit d'un cas d'école de psychologie des marchés ; les places boursières se maintenaient à des niveaux de capitalisation exagérés depuis le début de l'année 2019, et l'épidémie de coronavirus n'a été qu'un déclencheur d'une correction boursière de grande ampleur. Comme dit un proverbe chinois, «les arbres ne montent pas au ciel». 

 

Néanmoins, ce qui est surprenant, c'est que ce n'est pas la première alerte épidémique qui nous tombe dessus. L'épisode du SRAS, également né en Chine, semblait beaucoup plus inquiétant. Des mesures de précaution avaient également été mises en œuvre. Et pourtant, je ne me rappelle pas de la même montée de protectionnisme et de la même crise d'affolement boursier. Le monde aurait changé, la Chine serait devenue le poumon, le centre du monde, Trump est désormais à la Maison Blanche, et les bourses mondiales avaient atteint des plus hauts historiques et n'attendaient qu'une occasion pour s'effondrer.

 

Si la pandémie continue de se répandre, et si les morts se comptent en millions de morts comme pendant la grippe espagnole de 1917-1918, on peut se demander ce que le monde deviendra, comment il pourra réussir à faire face à cette panique qui vient de démarrer, et si l'humanité saura ne pas retomber dans ses pires instincts ?

 

 

Saucratès

 


12/03/2020
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De la crise financière (18)

Réflexion cent-onze (27 décembre 2018)

2019 sera-t-elle une année de crise financière ?

 

Depuis 2015, j'anticipais à tord la survenue d'une nouvelle crise financière et une plongée des indices boursiers. Je m'étais trompé de près de trois ans, au minimum. La période d'euphorie des marchés boursiers a ainsi perduré trois années de plus, de 2009-2010 jusqu'à 2018. Mes précédents écrits sur la crise financière remontent également à très loin, à ces années 2008-2010 où le monde entier de la finance craignait pour la stabilité des marchés financiers et du système bancaire occidental. En cette fin de mois de décembre 2018, de plus en plus de commentateurs des marchés parlent désormais de la survenue d'une nouvelle crise financière, d'un nouvel effondrement des bourses pour certains. Depuis le début du mois de décembre 2018, les inquiétudes des marchés financiers semblent prendre de plus en plus d’ampleur. Même si quelques spécialistes rattachés à quelques grandes banques continuent de prédire que 2019 sera une belle année boursière ; après tout, les probabilités d'évolution des marchés financiers ne reposent pas sur des sciences exactes, et on peut très bien imaginer que les bourses se reprennent dans les prochains mois.

 

Malgré tout, je trouve que les alertes des gourous de la finance sont arrivés bien tard cette fois-ci. Ce n'est que depuis début décembre que l´inquiétude est devenue perceptible, et depuis la moitié du mois à peine que l'on peut lire des anticipations particulièrement moroses pour l'année 2019. Même le grand spécialiste des marchés boursiers, mon ami réunionnais Loïc Abadie, n'a commencé à faire état de risques baissiers que tout début décembre. D'une certaine façon, j'ai été plus réactif que lui en me tenant à l'écart des marchés boursiers depuis 2015-2016 en anticipant avec beaucoup trop d'avance la possibilité d'une crise financière !

http://www.objectifeco.com/bourse/trading/sentiment-de-marche/2019-et-au-dela-qu-en-attendre-pour-les-marches.html

 

Le CAC 40 a donc atteint son maximum le 28 septembre 2018 en touchant 5.547 points. Et il a clôturé aujourd'hui à 4.598 points, perdant ainsi près de 1.000 points (951 points pour être précis) en l'espace de trois mois, soit une baisse de 17% de cet indice. Le plus haut de ces dernières années avait néanmoins été atteint quelques mois auparavant, le 22 mai 2018, où l'indice CAC 40 avait clôturé à 5.657 points. Il s'agissait du plus haut point atteint depuis l'explosion de la crise financière début août 2007 (où le CAC 40 avait dépassé les 6.000 points).

Evolution 2018 du CAC 40.png
Il faut se rappeler qu'à deux reprises, en mars-avril 2003 et en mars-avril 2009, le CAC 40 avait touché à chaque fois un plus bas proche de 2.400 points, enregistrant ainsi des baisses cumulées de plus ou moins 4.000 à 4.500 points en l'espace d'un peu plus d'un an. Pour avoir vécu ses deux catastrophes boursières (sans oublier celle de 1987 à l'époque où je faisais des études en économie et en gestion), vous comprendrez mieux pourquoi j'ai préféré fuir la bourse avec autant d'anticipation !

 

Pour autant, actuellement, les probabilités de survenue d'une crise ne sont pas si certaines. Apres tout, on peut avoir assisté simplement à une correction des marchés boursiers. Je ne fais que citer le CAC 40 français mais la correction enregistrée ces trois derniers mois touche l'ensemble des places boursières occidentales, et peut être même mondiale.

 

Ainsi, le Nikkei dégringole de 24.400 points fin septembre 2018 à un peu moins de 20.100 points fin décembre 2018, soit une baisse de 4.300 points en trois mois (-17,6%), soit un niveau de baisse très proche de celle du CAC 40 français. Le Dow Jones était passé sur la même période de 26.952 points à 23.138 points hier soir, soit une baisse de -14,2% (avec un plus bas de 21.792 points atteint la veille de Noël). Le DAX allemand s'inscrit en recul pour sa part depuis les mois de mai-juin 2018, et est passé d'un peu plus de 13.000 points à un minimum de 10.382 points hier, soit une baisse de -20,1%. Les bourses chinoises s'inscrivent en recul depuis la fin du mois de janvier 2018, avec un recul qui dépasse -25% à -30%. La bourse de Shanhai est ainsi passée de 3.587 points fin janvier 2018 à 2.483 points fin décembre 2018, soit une baisse de -30,8%. La bourse de Londres est en baisse depuis fin mai 2018 voire début août 2018, avec une accélération à compter de fin septembre 2018. Le FTSE 100 est ainsi passé de 7.800 points début août 2018 à un minimum de 6.585 points hier, soit une baisse de -15,6% (soit pas un niveau pire que le reste des bourses européennes sans lien donc avec les soubresauts du Brexit).

 

Il est cependant tout à fait possible que pour les derniers jours du mois de décembre 2018 et début janvier 2019, les marchés boursiers se stabilisent et reprennent de la hauteur, même si cela me surprendrait néanmoins beaucoup. Wall Street s'est en effet fortement repris dans la nuit, effaçant 5% à 6% de perte.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/27/wall-street-signe-sa-meilleure-seance-depuis-2009_5402443_3234.html

 

Il faut également rappeler que des corrections boursières de l'ordre de 1.000 points en quelques mois ont déjà été observées par le passé, notamment entre décembre 2015 et février 2016, avec le CAC 40 passant de près de 4900-5000 points à 3.900 points en trois mois également (ce qui explique mon sombre diagnostic à l'époque). Sauf qu'à cette époque, fin 2015, les spécialistes que je lisais n'observaient pas de montée d'une aversion aux risques sur les marchés et qu'une crise boursière leur paraissait peu probable.

 

Aujourd'hui il me faut donc désormais parler de psychologie des marchés. Une crise boursière puis une crise économique puis financière devient de plus en plus probable dès lors que de plus en plus d'intervenants l'anticipent sur les marchés puis dans la réalité. Il n'y a crise que si l'ensemble ou une majorité des acteurs y croient. Et c'est parce que la crise boursière touche également les carnets de commandes des entreprises, donc les achats des consommateurs, que la baisse des cours de bourse influe sur la conjoncture économique nationale et internationale. Et lorsque ce ralentissement économique touche le système bancaire et monétaire, on observe alors la survenue d'une crise financière ... et tout ceci en l'espace de quelques trimestres !

 

Actuellement, j'ai l'impression que la psychologie des marchés se dégrade sensiblement et que la crainte d'une forte baisse des cours boursiers puisse avoir un effet auto-réalisateur. Les prochaines semaines nous éclaireront sur l'évolution des marchés boursiers et l'on pourra savoir si oui ou non, on va assister une nouvelle fois à une nouvelle crise boursière puis financière et économique ... ou bien si ce n'est encore qu'une fausse alerte.

 

Au niveau national et international, les sombres prévisions des commentateurs s'appuient sur la guerre économique que se livrent depuis quelques mois les Etats-Unis et la Chine, sur la crise du Brexit et ses conséquences sur le Royaume Uni et la construction Européenne. Sans oublier la fin des politiques de Quantitative Easing des banques centrales occidentales et les remontées des taux directeurs, et les ralentissements de la croissance européenne et mondiale qui en découlent (ou non) ainsi que les fortes croissances des endettements des entreprises et des états. Et au niveau français, cela se conjugue de manière particulièrement surprenante avec le mouvement des gilets jaunes et son impact sur la croissance française. Gageons que dans quelques années, on liera la survenue de cette crise et le mouvement des gilets jaunes (signe avant-coureur ou responsabilité).

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/l-economie-mondiale-va-ralentir-en-2019-mais-pas-forcement-s-effondrer_5401708_3234.html

 

Dans cette attente, il me semblerait plus sage de ne pas prendre trop de risques inconsidérés sur les marchés boursiers.

 

  

Saucratès
 

Mes précédents écrits sur la crise financière :
1.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-1
2.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-2
3.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-3
4.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-4
5.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-5
6.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-6

7.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-7

8.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-8

9.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-9

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27/12/2018
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De la crise financière (17)

Réflexion cent-dix (25 octobre 2017)

La crise financière - Plus de dix ans plus tard

 

Il y a dix ans que le monde de la finance ne nous a pas concocté une bonne petite crise. Qu'est-ce qui se passe ? Les déséquilibres mondiaux dont se nourrissent les crises financières se seraient-ils résorbés tous seuls ces dernières années ? Le monde de la finance serait-il devenu sage et propre ? L'économie aurait-elle cessée de ne penser qu'aux profits et aux bénéfices pour s'intéresser plutôt aux humains et au bien commun ? La réponse à ces questions est : Evidemment que non ! Le monde n'a pas changé mais nous connaissons une paix financière relative depuis quelques années, avec notamment une stabilisation de la crise de la zone euro.

 

C'est une situation surprenante ! J'étais notamment persuadé depuis deux ans qu'une crise financiere nous affecterait courant 2016 puis courant 2017. Mais j'ai eu tord. Ma seule mesure de protection avait cependant seulement été de sortir des placements en actions. Les conséquences n'en sont donc pas trop graves. Mes principaux arguments étaient la régularité cyclique des crises : 1992-1993 / 1999-2000 / 2007-2009. Qu'il n'y ait toujours aucune prémisse de crise en 2017 est une incohérence devant cette régularité mécanique. Peut-être un signe que certaines mesures prises par les autorités monétaires ou politiques ont été efficaces.

 

En même temps, les signaux inquiétants ne manquent pas, mois après mois, années après années. L'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, le régionalisme catalan, la crise avec la Corée du Nord ou avec l'Iran, la sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne, le scandale du dieselgate, une présence massive de députés d'extrême droite en Allemagne au Bundestag, la fragilité de la situation de la dette de la Grèce mais aussi de l'Italie, l'afflux des migrants vers l'Europe au travers de la Méditerranée ... Et j'en oublie certainement beaucoup. Et pourtant les indices boursiers continuent de progresser régulièrement. Bizarrement. Ils atteignent actuellement un niveau proche de leur maxima de 2007 (le CAC 40 avait alors approché les 6.000 points) au dessus de 5.400 points après être tombés proche de 2.500 points en début d'année 2009, au pire de la crise financière.

http://www.boursorama.com/bourse/cours/graphiques/popup.phtml?mo=0&form=OUI&code=FR0003500008&symbole=1rPCAC&choix_bourse_graf=country3A33&tc=line&duree=120&pe=0&is=0&mm1=50&mm2=&mm3=&comp=0&indiceComp=1rPCAC&codeComp=&i1=4&i2=no&i3=no&grap=1&type=1&st=3&nomenu=yes

 

S'agit-il d'un signe rassurant pour autant, que les indices boursiers progressent ? Pour l'existence ou non de crise economique ou financière, il s'agit effectivement d'un signe rassurant. Pas de crise sans effondrement des indices boursiers. Pour le devenir de l'économie, pour les chomeurs, pour les jeunes qui sortent des écoles dans le monde du travail, c'est aussi un signe positif ; rien n'est pire que de sortir d'une école au cours d'une période de crise, lorsque les entreprises n'embauchent pratiquement plus par manque de débouchés. Donc effectivement, une progression des indices boursiers malgré les inquiétudes européennes ou internationales est un signal rassurant, signe que tout va encore à peu près bien sur terre, dans les pays occidentaux ... Evidemment, à nos portes, tout ne va pas aussi bien. Guerre en Syrie. Misère en Afrique qui jette sur les routes et les mers des millions de migrants. Peste à Madagascar.

 

Au fond, que représentent ces crises financières et les outils financiers mis en œuvre par les banques centrales à l'aune des difficultés de la majeure partie des habitants du monde, hors Etats occidentaux ? Se rendent-ils véritablement compte que des crises financières éclatent ou au contraire n'éclatent pas. Et les moyens financiers faramineux mis en œuvre pour résorber ces crises ou pour calmer la situation ne pourraient-ils être mieux utilisés ou servir à d'autres fins ?

 

A lire aussi des articles du Monde sur les années 2007-2017 ...

http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/07/07/2007-2017-au-coeur-de-la-crise-qui-a-change-le-monde_5157226_3234.html

 

 

Réflexion cent-neuf - 25 octobre 2015

Une nouvelle crise financière à l’horizon ?

 

Essayons d’oublier la politique et revenons-en à l’économie ! En même temps, il me faut convenir que ces deux sujets sont étroitement liés ; que deviendraient les calculs électoralistes de François Hollande en vue de la présidentielle de 2017 si la croissance disparaît en cas de ralentissement économique mondial ? Après avoir parié sur l’inflexion à la baisse du chômage lorsqu’il avait été élu, quelle image garderait-on de lui si la croissance disparaissait aussi ?

 

Nous sommes en 2015 et la précédente crise financière date de 2007-2009. L’économie française n’a même pas réussi à redémarrer et le chômage n’a même pas commencer à baisser qu’il semble que l’on arrive déjà à la fin de ce cycle de croissance des bourses mondiales. Sept ou huit ans, c’est la bonne durée s’étirant entre deux périodes de crise économique et financière.

 

On peut remonter dans notre passé et on vérifiera assez facilement l’existence d’un tel cycle. Dans notre mémoire collective, on se rappelle de la crise des années 1971-1974, démarré avec les désordres monétaires de l’inconvertibilité du dollar en or (fin du système dit de Bretton-Woods) et qui est suivi par le premier choc pétrolier de 1974, considéré comme marquant la fin de la période des trente glorieuses.

 

On se rappelle aussi dans notre mémoire collective de la récession des années 1980-1982, marqué en France par l’élection de François Mitterand à la Présidence de la République et l’impossibilité pour la France de tenir une politique économique séparée de celle du reste du monde.

 

On se rappelle peut-être moins du krach financier d’octobre 1987, qui a donné naissance à ce que l’on a appelé le ‘Black Monday’ (ou lundi noir) pour le 19 octobre 1987, en référence au célèbre Black Thursday (ou jeudi noir) qui désigne le 24 octobre 1929, première journée du krach de 1929. En octobre 1987, il faut imaginer que la place boursière de Hong Kong perdra 45,8% de sa capitalisation, celle d’Australie 41,8%, celles du Royaume-Uni 26,4% et celles du Canada 22,5%. L’indice Dow Jones avait pour sa part perdu 22,6% la seule journée du 19 octobre 1987.

 

Notre mémoire collective garde aussi souvenir de la crise économique et financière des années 1992-1993, marquée par une profonde récession, des faillites de plusieurs établissements financiers en France, avec un CAC 40 qui était passé de 2.000 points à un peu plus de 1.000 points pendant cette période de crise. Cette crise se doublera aussi d’une crise aigüe des changes, avec des attaques spéculatives contre les monnaies européennes et notamment le franc, qui conduira à des niveaux de taux directeurs extrêmement élevés (dépassant 10% plusieurs mois durant).

 

La phase haussière suivante prendra fin en 2000, juste avant l’explosion des dot.com, aussi appelée bulle spéculative des valeurs technologiques. Dans cette période 1994-2000 d’euphorie boursière, l’indice CAC40 s’envolera néanmoins à des niveaux inégalés, jusqu’à atteindre près de 7.000 points à l’été 2000.

 

Après deux années de crise, la bourse redémarrera en 2002 pour exploser une nouvelle fois finalement avec la bulle spéculative des crédits subprime américains en 2007. Les années 2007-2009 enregistreront notamment de nombreuses faillites bancaires, surtout dans les pays anglo-saxons, mais aussi en Islande. Et en 2015, il semble une nouvelle fois que les bourses mondiales soient confrontées à une nouvelle phase de baisse, qui contaminera l’activité réelle des entreprises, le financement bancaire et l’emploi.

 

Evidemment, certains pourront contester cette contamination ? Pour quelle raison l’économie réelle serait-elle affectée par des mouvements boursiers essentiellement spéculatifs ? Le plus simple pour expliquer cette contamination consiste à imaginer que l’activité industrielle réelle dépend énormément à la fois des financements qui lui sont consentis, sur les marchés et par les banques, mais également de la demande de ses produits qui émane de ses clients et du marché, et qui est fortement corrélé à l’ambiance économique d’ensemble. Des séismes boursiers comme on les observe ces dernières semaines auront forcément un impact sur le moral des entreprises et des consommateurs, à la longue.

 

Même au-delà de ces évènements de ces dernières semaines, il faut avoir en tête que l’on s’approche forcément, maintenant, dans 6 mois ou même dans un an, d’un plus haut des capitalisations boursières internationales, qui se traduiront forcément par une nouvelle correction de grande ampleur, comme en 2001 ou en 2008. Le fait que les indices boursiers français, notamment le CAC 40, soit actuellement très loin de ses maximums de 2000 (où il avait atteint près de 7.000 points) ou 2007 (6.000 points) ne résout rien ou ne nous met pas à l’abri de ce mouvement de correction. Une vision à plus long terme nous rappelle que la précédente crise financière, avant 2000, remontait aux années 1992-1993, époque à laquelle le CAC ne s’élevait qu’à 2.000 points et où il était retombé à tout juste 1.000 à 1.500 points. Actuellement, l’indice Dow Jones tout comme les bourses chinoises se situent très au-dessus de leur plus haut historique, et les phases de correction boursière n’épargnent jamais aucune place boursière.

 

Y a-t-il des raisons qui pourraient faire qu’une crise économique et financière n’éclate pas ces prochains mois et que ces éventuels mouvements boursiers n’affectent pas l’économie réelle ? Il n’existe qu’une seule crise boursière qui n’a pas eu d’impact sur l’activité réelle. Il ne s’agit évidemment pas de la crise de 1929, dont les effets se firent sentir jusqu’à l’explosion de la seconde guerre mondiale ! Il s’agit du krach d’octobre 1987 qui n’a pas eu pour conséquence une crise économique. Mais on se situait au démarrage de la période de libéralisation mondiale des marchés financiers, tandis qu’en France c’était la période des grandes privatisations.

 

Je ne veux pas être considéré comme un oiseau de mauvais augure, ni jouer au Cassandre, mais la fin de l’année 2015 et le début de l’année 2016 devraient se traduire par la dégringolade plus ou moins lente ou plus ou moins rapide des bourses mondiales (et française) et s’accompagner d’un mouvement de ralentissement économique, n’en déplaisent aux éminents économistes socialistes du gouvernement. C’est en tout cas ce que l’histoire économique des crises boursières peut nous enseigner, même si chacune de ces crises trouve un ensemble d’explications au-delà de la simple reproduction d’un cycle graphique : le pétrole et les guerres israélo-arabes en 1974, les dot.com en 2000, les crédits subprime en 2007-2009. 

 

 

Réflexion cent-huit (6 août 2012)
La crise financière - Cinq ans déjà - Retour sur un peu d'histoire

 

Il y a exactement cinq ans, dans les premiers jours d'août 2007, la crise des crédits subprimes américains explosait sur les marchés financiers, prélude de ce qui allait devenir la pire crise financière que le monde ait connu depuis les années 1930.

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1985888-de_la_crise_financiere__1_.html

 

Cette crise a connu des moments successifs d'amélioration et de dégradation des opinions, d'optimisme exubérant et de pessimisme excessif des marchés. Et les marchés, de trimestres en trimestres, d'années en années, ont continué à dégringoler depuis maintenant cinq ans. Les principaux indices boursiers ont commencé à dégringoler à la mi-2007, en vagues successives. Le CAC 40 est ainsi passé de plus de 6.100 points en juillet 2007 à un minimum historique d'à peine 2.500 points en mars 2009. On pouvait avoir depuis cette date l'impression que les bourses et les économies mondiales se redressaient petit à petit, mais c'était avant qu'éclate en 2010-2011 la crise de la dette souveraine en zone euro, et les nouveaux plus bas atteints à cette époque.

 

De cette époque là, on se rappelle tous quelques évènements qui ont marqué l'histoire.

- Janvier 2008 : annonce d'une perte de 4,9 milliards d'euros par la Société Générale suite au débouclage d'opérations à risques. 

- Septembre 2008 : faillite aux Etats-Unis de Lehman-Brothers et prise de contrôle par l'état fédéral américain d'AIG.

- Mars 2009 : annonce par AIG de la pire perte historique pour une société américaine (61,7 milliards USD pour le quatrième trimestre 2008 et 99,3 milliards USD pour toute l'année 2008).

 

Qui ne se rappelle pas non plus les sigles qui ont rythmé nos lectures de cette période (d'ajourd'hui encore) et que l'on a découvert à cette occasion : les CDS («credit default swap»), le 'private equity' (ou «leverage buy out») les CDO ((«Collateralized Debt Obligations» ou titres de créances hypothécaires), le 'subprime mortgage' ou crédits à risque hypothécaires, les monoliners (ou réhausseurs de crédits) ...

 

Qui se rappelle d'ailleurs des monoliners comme AMBAC Financial, MBIA, ACA Financial (filiale de Crédit Agricole), FSA (filiale de Dexia) ou CIFG (filiale de Natixis) ? Ces sociétés qui réhaussaient et garantissaient des milliards de dettes et de titres, cotés AAA par les principales agences de notation internationales avant la crise, et dont la valeur boursière et de notation ne vaut actuellement plus rien ! Monoliners qui ont couler ou ont fait perdre des milliards de capitalisation boursière à leurs actionnaires bancaires français.

 

Et maintenant, en ce mois d'août 2012, cinq ans après la médiatisation de la crise financière, que se passe-t-il ? Après une crise financière (toujours pas finie), puis une crise économique (toujours en cours), puis une crise des dettes souveraines (en cours), on assiste petit à petit à une montée des protectionnismes, même au sein de la zone euro avec des états comme la Belgique qui expulse les chômeurs d'autres nationalités de leur territoire, ce qui amène les instances européennes à s'alarmer de la montée des tensions entre états européens. Et les banques européennes (grecques, espagnoles, maltaises après celles anglaises, irlandaises et islandaises) qui continuent à avoir besoin de l'aide de leurs états européens, sans que l'on sache jusqu'où ira la crise, jusqu'aux banques de quels pays impactera-t-elle ?

 

Pour finir, un article intéressant des Echos sur les pertes des principales banques européennes :

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/diaporama/DIAP160312580_4A29B1-banques-europeennes-les-plus-grosses-pertes-302837.php

- Fortis : pertes de 28 milliards d'euros en 2008

- RBS (Royal Bank of Scotland) : pertes de 27 milliards d'euros en 2008 (nouvelles pertes en 2011 - ses difficultés ont valu à son ancien patron Fred Goodwin de perdre cette année son titre de chevalier).

- UBS : pertes de 13 milliards d'euros en 2008

- Hypo Real Estate : pertes de 5,5 milliards d'euros en 2008

- Commerzbank : pertes de 6,6 milliards d'euros en 2008

- Anglo Irish Bank : pertes de 12,7 milliards d'euros en 2009 et de 17,7 milliards d'euros en 2010

- LLoyds Banking Group (nationalisée après la crise financière de 2008) : perte de 7 milliards d'euros en 2009

- Allied Irish Bank : pertes de 10,4 milliards d'euros en 2010

- Dexia : pertes de 11,6 milliards d'euros en 2011

- Unicredit (première banque italienne) : pertes de 9,2 milliards d'euros en 2011

- Intesa Sanpaolo : pertes de 8,2 milliards d'euros en 2011

 

 

Réflexion cent-sept (20 juillet 2012)
De quoi le dernier sommet européen avait-il accouché ? S'agit-il d'une union bancaire européenne ?

 

Le dernier sommet européen remonte à un peu moins d'un mois. Selon les médias, ce sommet avait accouché d'une réforme majeure avec l'instauration d'un soi-disante 'union bancaire européenne' et avait vu une révolte des pays du sud de l'Europe, arrachant à la clancelière allemande des concessions majeures : l'extension du rôle du Mécanisme européen de stabilité pour la recapitalisation directe des banques en difficulté (sans passer par les Etats) et l'adoption des 'projects bonds' pour financer des dépenses en infrastructures ...

http://www.agefi.fr/fiche-blogs-wikifinance/crise-de-la-dette-l-europe-peut-et-doit-mieux-faire-1849.html

 

Il y a néanmoins une forme de théatralisation dans ce compte-rendu de ce sommet européen. Une avancée dans la mise en oeuvre d'une union bancaire était demandée par un certain nombre d'intervenants, au premier rang desquels le fonds monétaire international (FMI) et la banque des règlements internationaux (BRI). «La création d'une union bancaire pour la zone euro permettrait de desserrer l'étau de la crise de la dette et laisserait un peu plus de temps aux Etats pour poser les bases d'une stabilité durable de l'Union économique et monétaire (UEM)», déclarait cette dernière dimanche 24 juin.

http://www.euractiv.fr/fmi-appelle-europe-achever-union-bancaire-article

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120625trib000705609/l-union-bancaire-europeenne-permettrait-aux-banques-de-souffler.html

 

Clairement, il n'y avait rien de très nouveau dans ce projet d'union bancaire européenne, dont la présentation au cours de ce sommet européen était présumée depuis fin mai 2012 (article d'Easybourse) mi-juin 2012 (La Tribune). Et il était connu que cette union bancaire ne pouvait être acceptée par l'Allemagne que si le contrôle des banques était assuré de manière centrale par la BCE.

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120615trib000704108/le-projet-d-union-bancaire-europeenne-pourrait-etre-presente-le-28-juin.html

http://www.easybourse.com/bourse/financieres/article/23005/la-bce-appelle-a-une-reforme-du-secteur-bancaire-en-europe-pour-resoudre-la-crise.html

 

Toutefois, derrière ces annonces extraordinaires qui n'en sont peut-être pas, il nous faut nous interroger sur ce qui va réellement changer et sur ce qui reste à faire et à penser.

 

Au sujet de la supervision centrale des banques par un organisme européen unique, il y a la difficulté des normes comptables et fiscales divergentes en Europe. Cela veut faire croire que la surveillance des banques est beaucoup plus laxiste dans certains pays que dans d'autres. Cela consiste surtout à minimiser la barrière des langues (des contrôleurs parlant anglais ou allemand dans les services comptables des banques françaises, italiennes ou espagnoles). Et l'on oublie carrément que la supervision des banques implique d'avoir une connaissance de proximité des risques, de la conjoncture économique et des entreprises, qui conduit le plus souvent les équipes de contrôle à s'adjoindre le renfort de participants issus de succursales de la région (en France). Une supervision des banques menée depuis Francfort, par des euro-fonctionnaires germanophiles, ne sera pas plus efficace (inversement) que les contrôles actuels des autorités bancaires de chaque pays de la zone euro.

 

Un fond européen unique capable de renflouer directement les banques en difficulté, sans impacter les dettes des états, est évidemment une bonne chose dans l'idée d'une union bancaire, notamment parce que la crise des années 2008-2012 a suffisamment démontré que les sommes en jeu pouvaient être astronomiques et qu'elles excédaient parfois les capacités des états pris séparément. Néanmoins, encore faut-il que le Mécanisme européen de stabilité est les moyens financiers nécessaires pour recapitaliser toutes les banques qui pourraient en avoir besoin. Puisque l'on voit bien que la seule recapitalisation des banques espagnoles va peser 100 milliards d'euros et qu'il semble que le MES n'aurait pas les moyens d'effectuer une telle recapitalisation des banques françaises ou allemandes.

 

Néanmoins, ces quelques mesures masquent mal l'absence de toute réflexion sur les causes de cette crise financière et sur les mesures à mettre en place. Ce qui pose problème, c'est le modèle de la banque universelle qui existe en Europe mais également aux Etats-Unis. A l'origine, cette crise des dettes souveraines provient de l'explosion de la crise financière en 2007, et de la contamination de l'ensemble des banques occidentales par les dérivés de crédits subprime américains. Ce sont notamment les mesures de soutien aux systèmes bancaires, de relance de l'activité économique, et l'envol des dépenses sociales qui expliquent l'explosion des déficits étatiques et l'emballement des dettes souveraines. Le ralentissement de l'activité économique et son corrolaire (la diminution des rentrées fiscales) a simplement accentué ce phénomène, en même temps qu'il impactait également les bilans des établissements bancaires, auxquels les pouvoirs publics demandaient par ailleurs de continuer à financer l'économie.

 

La solution pour éviter la répétition d'une telle catastrophe, c'est d'interdire aux banques les activités de marché, de banques d'affaires, pour les limiter à la seule activité de banque de dépôts et de crédits, comme cela a longtemps été leur seul métier et leur seule occupation. C'est rétablir la séparation de ces activités, dans la droite ligne de la loi américaine de 1933 dite Glass-Steagall Act, partiellement remise en oeuvre par le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010. C'est aussi l'option retenue par l'Angleterre, même si ces derniers ne visent qu'à cantonner ces activités au sein des banques (insuffisant selon moi). Le Glass-Steagall Act avait été abrogé en 1999 sous la présidence Clinton. En France, cette séparation entre ces divers métiers de banques existait également, mais elle avait été abrogée beaucoup plus tôt, avec l'adoption de la nouvelle loi bancaire de 1984.

 

Il ne faut pas croire néanmoins qu'une telle loi éliminera tout risque de cataclysme bancaire à l'avenir en Europe ou en Occident. Les banques de dépôts peuvent toujours être confrontées au risque de crédit, lié aux faillites de leur clientèle. C'est par exemple l'origine des difficultés des banques espagnoles, confrontées à l'explosion d'une bulle immobilière et aux faillites de très nombreuses entreprises. Les crises financières du dix-neuvième siècle avaient toutes pour origine de telles difficultés, notamment aux Etats-Unis, avec des faillites en cascade des banques. Mais un tel risque de crédit est beaucoup plus facile à surveiller et contrôler que les risques financiers actuels, où l'on peut voir des pertes de plusieurs milliards d'euros survenir en quelques heures sur les marchés financiers, sur des produits dérivés.

 

Au-delà même des banques, c'est également le métier de l'assurance qu'il faut reréglementer, pour éviter que des catastrophes n'y surviennent dans les prochains mois ou années. Ce sont des métiers désormais aussi dangereux que le marché du crédit subprime américain, avec le développement de la banque-assurance, qui conduit des banques à sélectionner la clientèle des assureurs, comme si l'assurance était sans risque. Sans oublier les risques des assurances-emprunteurs et des CDS (credits default swap).

 

Ces quelques points ont conduit certains à faire état que les banques européennes étaient les grandes gagnantes de ce sommet européen, puisqu'il évitait toute mesure de contrainte à leurs égards, et notamment la séparation de leurs activités. Evidemment, ces dernières (et leurs actionnaires) seraient les grandes perdantes de telles réformes. Leur rentabilité future (et leur capitalisation boursière) serait très fortement limitée par une telle séparation. Mais il ne faut pas oublier que les cours de bourse des banques occidentales ne peuvent pas intégrer leur risque de défaut, puisque celui-ci est au final pris en charge par la collectivité. Ce que l'on appelle «la privatisation des profits et la collectivisation des pertes».

http://finance.blog.lemonde.fr/2012/06/09/lunion-bancaire-europeenne-est-elle-un-defi-ou-une-utopie/

 

 

Réflexion cent-six (29 juin 2012)
Actualité de la crise financière et de la contagion bancaire ...

 

Les mois de mai et juin 2012 ont été marqué par une nouvelle dégradation de la situation financière européenne. Les élections grecques ont d'abord enregistré la percée des votes contestataires des électeurs grecs, portant au pouvoir en Grèce des partis anti-européens extrêmistes, de droite ou de gauche. Le Crédit Agricole, implanté en Grèce dans la banque Emporikiri, a enregistré en quelques mois une nouvelle diminition par deux de sa capitalisation boursière (elle ne vaut plus que 8 milliards d'euros), soit une division par dix depuis ses plus hauts historiques avant le déclenchement de la crise financière.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/10/enlise-en-grece-avec-sa-filiale-emporiki-le-credit-agricole-voit-monter-la-facture_1698921_3234.html

 

Le mois de juin 2012 a également enregistré les demandes espagnoles et chypriotes de recapitalisation de leurs systèmes bancaires : entre 50 et 100 milliards d'euros pour l'Espagne et une dizaine de milliards d'euros pour Chypre, toutes deux devant être versées par le FESF (Fonds européen de stabilité financière).

http://www.boursier.com/actualites/reuters/l-eurogroupe-detaille-les-plans-d-aide-a-l-espagne-et-chypre-113955.html

 

Ces nouvelles sont inquiétantes à plusieurs titres. Elles montrent d'une part que les systèmes bancaires et financiers européens continuent d'être les hommes malades des économies européennes, au lieu d'en constituer les rouages essentiels de relance et de financement des entreprises. Il y a notamment les craintes de voir peu à peu se généraliser les demandes d'aides étatiques pour les systèmes bancaires : quels états après l'Espagne et Chypre ? Quels systèmes bancaires demeurent fragiles en Europe ? L'Italie ou le Portugal ou encore la France ? La faiblesse des capitalisations boursières des grandes banques françaises, du Crédit Agricole (8 milliards d'euros pour des fonds propres de 49 milliards d'euros), de la Société Générale (13 milliards d'euros pour des fonds propres de 47 milliards d'euros), de la BNP Paribas (34,5 milliards d'euros pour des fonds propres de 85,6 milliards d'euros) ou de Natixis (5,9 milliards d'euros pour des fonds propres de 21 milliards d'euros), ne constitue-t-il pas un signe des anticipations des marchés sur sa fragilité ?

 

Ces nouvelles montrent également que la situation financière commence à redevenir aussi dangereuse qu'aux pires moments de la crise financière des années 2007-2009, époque où les systèmes bancaires des principaux états occidentaux (Etats-Unis, Allemagne, Angleterre, France, Irlande, Lettonie, Islande ...) avaient rencontré de graves problèmes financiers et avaient nécessité des aides massives soit de leurs propres états nationaux (Etats-Unis, Allemagne, Angleterre, France) soit des prêteurs internationaux tels le Fonds monétaire international (Lettonie, Islande) ou l'Europe.

 

Mais ce rappel pourrait aussi permettre de relativiser la situation grecque, espagnole et chypriote actuelle, en démontrant que des évènements similaires ont déjà été observés dans un passé récent et qu'ils sont surmontables, dès lors que les peuples de ces états acceptent quelques sacrifices financiers indispensables à leur redressement. En 2009, Riga, capitale de la Lettonie, demande une aide de 7,5 milliards d'euros après la nationalisation de la deuxième banque du pays (Parex) et une chute de son PIB de 28,7% au premier trimestre 2009.

http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-confrontee-a-l-austerite-les-lettons-y-sont-passes-aussi-c835d5b4285c3b9b36f23e1ed85ad1bd

 

De son côté, l'Irlande avait dû prêter 50 milliards d'euros à son système bancaire, faisant grimper son déficit budgétaire à 32% du PIB en 2010, puis faire appel à hauteur de 90 milliards d'euros à une aide de l'Union européenne, principalement pour aider les banques irlandaises en crise.

http://www.lepoint.fr/economie/apres-la-grece-l-europe-aide-l-irlande-22-11-2010-1265241_28.php

 

En France, en 2008, le plan de soutien au secteur bancaire français avait atteint 360 milliards d'euros.

http://lci.tf1.fr/economie/conjoncture/2008-10/l-aide-aux-banques-aucun-cout-pour-le-contribuable-4879611.html

 

Toujours en 2008, l'Angleterre mettra en oeuvre un plan de 384 milliards d'euros, l'Allemagne un plan de soutien de 480 milliards d'euros, la Suisse un plan de 44 milliards d'euros (essentiellement pour recapitaliser UBS) et jusqu'à Singapour qui mettra en place un fonds de 75 milliards d'euros de garantie des dépôts.

 

Cela sans compter les milliers de milliards de dollars que l'état fédéral américain et la Réserve fédérale auront injecté dans leur système bancaire américain pour le recapitaliser et le renflouer (200 milliards de dollars pour recapitaliser Fanny Mae et Freddy Mac, 85 milliards de dollars pour sauver AIG, 700 milliards de dollars pour le plan Paulson en septembre 2008, 185 milliards d'euros de prise de participations dans le capital de neuf banques américaines dont Citigroup, Wells Fargo, JP Morgan Chase et Bank of America, 2.000 milliards de dollars en février 2009 pour le plan de stabilité financière ...).

 

Pour sa part, l'Islande a fait appel à une aide du FMI et des autres pays scandinaves de l'ordre de 5 milliards d'euros à l'automne 2008 pour faire face à une crise financière née de l'effondrement de ses trois plus grandes banques (Glitnir, Landsbanki et Kaupthing). Des problèmes non encore résolus à ce jour sont également nés de la faillite de la banque en ligne Icesave (filiale de la banque Landsbanki), dont les 340.000 épargnants, pour la plupart étrangers, britanniques ou hollandais, seront indemnisés par les gouvernements de ces deux pays, qui demanderont ensuite à l'Islande le remboursement des aides consentis.

http://www.lepoint.fr/debats/l-islande-une-nouvelle-utopia-26-02-2012-1435208_34.php

http://www.20minutes.fr/economie/819230-lecons-crise-islandaise-laisser-banques-faire-faillite

 

A noter enfin que les dirigeants de la zone euro sont arrivés à un accord cette nuit pour une possibilité de recapitalisation directe par l'Europe des banques des différents états, sans que cette aide n'impacte les dettes des états souverains. Le début d'une union monétaire et bancaire plus large que ce qu'elle est aujourd'hui, conduisant à une surveillance renforcée des banques au niveau européen.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/29/accord-de-la-zone-euro-pour-une-recapitalisation-bancaire_1726720_3234.html

 

 

Réflexion cent-cinq (4 juin 2012)
Quelle probabilité pour la survenance d'un cataclysme financier majeur ?

 

La crise financière peut-elle s'aggraver à un tel point que notre système bancaire puisse s'écrouler ? C'est la question qui m'interpelle depuis une conversation avec des amis il y a quelques soirs, qui croient dur comme fer que la pire crise financière que l'on puisse imaginer approche, qui verra disparaître les banques, nos placements et la valeur de la monnaie. Ils sont ainsi persuadés que seul un placement en or véritable permettra de préserver une partie de leur épargne.

 

Le problème, c'est qu'ils sont loin d'être les seuls à y croire et à anticiper une telle catastrophe ; je lisais que les vendeurs de coffres-forts faisaient ainsi fortune grâce aux craintes croissantes des particuliers envers les banques.

 

La question n'est pas de savoir s'il peut être rationnel d'avoir de telles craintes, car les crises financières échappent à toute forme de rationalité, comme l'ont prouvé à la fois la crise financière de 2007 mais également la bulle spéculative de crédit qui l'avait précédée. Si de telles craintes se généralisaient dans l'économie française ou dans l'économie mondiale, le fait qu'elles soient irrationnelles n'y changeraient rien ; ces craintes s'auto-alimenteraient pour engendrer la catastrophe même qu'elles anticiperaient.

 

La question est plutôt de savoir si une telle catastrophe est possible et si les banques françaises (ou plutôt européennes) seraient capables de résister à une telle catastrophe ?

 

Nous nous trouvons actuellement devant le cas d'école d'une crise auto-entretenue. La crise financière actuelle s'explique essentiellement par des attaques spéculatives contre les dettes d'un certain nombre d'états européens considérés comme fragilisés par la crise financière de 2007, appartenant à la région méditérannéenne de la zone euro, France comprise. Il n'y a évidemment rien d'auto-entretenu dans cette crise, qui s'explique plutôt par les mécanismes de la spéculation financière. Cette spéculation se nourrit des dettes publiques importantes, des faibles perspectives de croissance des économies européennes et des craintes planant sur les places boursières mondiales. Néanmoins, les chutes des actions sur les bourses mondiales que l'on observe par voie de conséquence amplifient la réception des thèses des pseudo-économistes alarmistes, qui sont persuadés depuis maintenant cinq à six ans que l'économie mondiale va voir exploser la plus gigantesque bulle de crédit que le monde n'a jamais connue. Leurs conseils : ne pas rester propriétaire mais au contraire vendre pour racheter dans quelques années, privilégier l'or physique comme placement, et se méfier des banques en surveillant leur santé, en sélectionnant les plus solides (Banque Postale) et en partageant ses placements.

 

Cas d'école d'une crise auto-entretenue, plus le nombre de gens partageant cette opinion augmente, plus leurs comportements s'additionnent et viennent amplifier les problèmes de l'immobilier, l'excédent de l'offre sur la demande, ainsi que l'absence de confiance dans le système bancaire. Par définition même, l'absence de confiance entraîne la survenue de la crise !

 

Evidemment, en économie, tous les acteurs ne partagent pas toujours la même opinion sur l'économie, de même que chacun ne prend pas les mêmes décisions, ni ne consomme en même temps ni n'investit au même moment (contrairement à ce que la théorie économique libérale pourrait laisser penser avec son homo oeconomicus). Il y a toujours des acteurs qui sont optimistes et d'autres pessimistes, dépensiers ou épargnants. Toutefois, le fait que le nombre de pessimistes progresse fortement pourrait enclencher un cercle vicieux pessimiste auto-entretenu.

 

Ma deuxième réflexion concerne le principe même d'une catastrophe bancaire, même dans le cas où le pessimisme ambiant viendrait dégrader fortement les marchés immobiliers et financiers. Une catastrophe bancaire ne me semble pas envisageable, même si au début de la crise financière, en 2008, les faillites de Lehman Brother et de l'assureur américain AIG auraient pu avoir des conséquences préjudiciables sur la stabilité de l'ensemble du système financier mondial, si l'état américain n'avait pas eu la capacité d'intervenir pour sauver son système bancaire.

 

Je ne crois pas en la possibilité de faillites bancaires en cascade en France, même si une ou deux faillites pourraient éventuellement avoir lieu (par exemple Dexia s'est bien montrée incapable de résister à la crise financière). Je pense par contre possible que la crise financière se poursuive encore plusieurs années, comme lors de la longue dépression, dans les dernières années du dix-neuvième siècle, entre 1870 et 1895, ou lors de la grande dépression, dans les années 1930. Nous allons peut-être connaître une décennie de crise en ce début de vingt-et-unième siècle, avec des périodes où la crise va s'amplifier et d'autres où elle va sembler s'éloigner, jusqu'à ce que de nouvelles technologies relancent le moteur de l'économie mondiale.

 

Mais je ne crois pas en la grande catastrophe bancaire, dans le cataclysme financier qui entraînera la fin de l'euro, des banques, de l'immobilier et de nos économies.

 

 

Réflexion cent-quatre (6 mai 2012)
Quelles conclusions tirer de la crise ?


La crise financière est loin d'être terminée à ce jour, mais il ne me semble pas idiot de revenir sur son déclenchement et sur les leçons que l'on pourrait en tirer. Pour suivre l'analyse de Stiglitz, la manière dont les banques ont été sauvées pose problème, même si à cette époque, je croyais que leur sauvetage était indispensable et leur faillite inenvisageable !

 

Il faut que je m'explique. En effet, Stiglitz a une approche un peu différente de la mienne en ce qui concerne le fonctionnement du système financier, approche qui ne me semble pas dénuée de valeur. Le fonctionnement capitaliste repose selon lui sur la possibilité de la faillite des entreprises, sur les risques de perte des actionnaires et sur leur remplacement par les obligataires (dont les dettes sont converties en capital). Une faillite d'une banque doit ainsi selon lui être envisageable pour que le système capitaliste et financier demeure éthique.

 

«En tant que système, le capitalisme peut admettre de fortes inégalités, et il y a un argument qui explique leur existence : elles servent à motiver les gens. Lorsqu'on rémunère chacun à proportion de sa contribution à la société, on a une économie plus efficace. Mais ceux qui ont été si largement rétribués pendant la bulle immobilière n'ont pas rendu la société plus efficace. Ils ont peut-être accru un moment les profits des banques, mais ceux-ci n’étaient qu'un mirage. En fin de compte, ils ont imposé des coûts gigantesques aux populations du monde entier.» (Joseph E. Stiglitz - «Le triomphe de la cupidité» - page 212)

 

Le sauvetage des banques organisé par le gouvernement des Etats-Unis et par la Réserve fédérale américaine pose selon lui problème en raison de son coût gigantesque pour le contribuable américain, se chiffrant en milliers de milliards de dollars pour un résultat économique microscopique. Et ce débat n'est d'ailleurs pas aujourd'hui terminé, puisqu'il se pose à nouveau en Espagne avec un nouveau plan de sauvetage des banques en cours.

 

Faut-il sauver à tout prix un système bancaire, ou faut-il laisser faire faillite les banques ayant pris des risques trop importants tout en veillant à préserver les autres établissements bien gérés des effets de contagion systémique ? C'est l'interrogation que pose Stiglitz. Les dizaines de milliers de milliards de dollars des plans de secours au secteur bancaire et financier américain n'auraient-ils pas été mieux utilisés s'ils avaient servi à relancer la machine du crédit américaine en direction des ménages et des entreprises ? Hypothèse qui en soi pose aussi question puisqu'il reconnaît lui-même que le problème principal des Etats-Unis est un problème d'endettement excessif.

 

«Le succès d’un système financier se mesure en dernière analyse par le bien-être quil apporte aux simples citoyens, parce que lallocation des capitaux est meilleure ou le risque mieuxré. Or, malgré limmense fierté que sa propre inventivité inspire à notre secteur financier surdimensionné, on  ne voit pas que la plupart de ses innovations aient beaucoup contribué, dans les faits, au succès léconomie américaine ou à lamélioration du niveau de vie de la grande majorité des américains.» (page 216)

 

Il s'agit d'une autre critique présentée par Stiglitz à l'encontre du fonctionnement des grandes banques américaines ; le fait qu'elles n'aient pas construit des outils protégeant les emprunteurs et leur permettant de gérer leurs risques, mais qu'elles n'aient pensé qu'à leur seul intérêt, qu'à leur seul bénéfice à court terme.

 

Pour condenser, selon Stiglitz, les grandes banques américaines ont non seulement une responsabilité écrasante dans l'éclatement de la crise financière de 2007 par leur recherche effrénée du profit à court terme et par la dillution du risque, mais elles sont aussi responsables du processus de dérèglementation des dix ou vingt dernières années, qui selon elles allaient ouvrir au monde une ère de développement ininterrompue, mais qui s'est conclue par la pire crise financière depuis les années 1930.

 

Il faut selon lui rétablir les règles mises en oeuvre à la suite de la crise financières des années 1930, et notamment la séparation des activités de banques de dépôt et d'affaire (en fait rétablir le Glass-Steagall Act de 1933 qui avait été abrogé en 1999 par le Gramm-Leach-Bliley Act pour permettre la fusion de Citigroup), découper les établissements financiers considérées comme 'too big to fail' en établissements de taille plus petite, moins dangereux pour la préservation de la stabilité financière internationale, mettre fin au processus d'innovation financière, dont le seul intérêt est de fabriquer des commissions pour le profit des banques, et enfin interdire les rémunérations incitatives du système financier pour éliminer les risques de dérives du système.

 

Tout au long de son livre («Le triomphe de la cupidité»), Joseph E. Stiglitz remet aussi en cause le principe de l'indépendance des banques centrales des pouvoirs politiques, l'une des hypothèses de base du monétarisme cher à Friedmann, à l'origine lui-même de toutes les dérives de la déréglementation qui ont conduit à la crise financière que nous observons aujourd'hui.

 

«Les dirigeants de banque centrale du monde entier ont répandu une doctrine : les banques centrales doivent être indépendantes des processus politiques. Cest un principe que de nombreux pays en développement,  indépendants depuis peu, ont eu vraiment du mal à accepter : on leur explique lénorme importance de la démocratie, mais, quand il sagit de la politique macroéconomique et monétaire, celle qui a le plus dimpact sur la vie de leur population, on leur dit que ces sujets-là sont trop importants pour qu'on les laisse aux procédures démocratiques ordinaires. Largument qui plaide pour l'indépendance, c'est qu'elle accroît la crédibilité de la banque centrale : elle ne cèdera pas à des exigences populistes en faveur d'une politique d'expansion, ce qui veut dire quil y aura moins dinflation et plus de stabilité.» (page 267)

 

Cette indépendance était sensée protéger les systèmes financiers des interférences politiques vers plus d'inflation. Mais elles conduisent en fait à organiser la protection endogène du système financier par ses propres dirigeants, sans avoir de comptes à rendre à la moindre personne, alors que le coût financier ultime en sera en fait supporté par le contribuable, dans le cas de cette crise financière majeure.

 

Et cette interrogation me parle particulièrement puisque j'adhère aujourd'hui largement aux thèses monétaristes alors que je les avais combattues avec acharnement lors de mes études en économie dans les années 1980.

 

Enfin, on ne peut oublier l'une des autres thèses développées par Stiglitz, sur l'aléa moral que causent les plans de sauvetage des systèmes bancaires et financiers, aléa moral qui est à la base du capitalisme, et qui est pourtant appliqué avec la plus extrême rigueur par ces mêmes établissements bancaires vis-à-vis de leurs emprunteurs (et qui explique ainsi notamment les positions extrêmement hostiles des banques aux procédures de rétablissement personnel et à l'abandon de dettes). L'aléa moral doit également s'appliquer aux banques, mais à celles 'too big to fail' que l'on doit laisser faire faillite tout en évitant la contagion au reste du système financier.

 

Dernière bonne nouvelle de cette crise financière : la contestation croissante des salaires mirobolants des dirigeants des plus grandes sociétés. 

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/08/pousse-par-ses-actionnaires-le-directeur-general-d-aviva-demissionne_1697611_3234.html

 

  

Saucratès
 

Mes autres écrits sur la crise financière :
1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1985888-de_la_crise_financiere_1.html
2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1985907-de_la_crise_financiere_2.html
3.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1986317-de_la_crise_financiere_3.html
4.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1988042-de_la_crise_financiere_4.html
5.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1988064-de_la_crise_financiere_5.html
6.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1988067-de_la_crise_financiere_6.html

7.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1991164-de_la_crise_financiere_7.html

8.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1991178-de_la_crise_financiere_8.html

9.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992408-de_la_crise_financiere_9.html

10.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992422-de_la_crise_financiere 10.html

11.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992436-de_la_crise_financiere_11.html

12.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992440-de_la_crise_financiere_12.html
13.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992951-de_la_crise_financiere_13.html

14.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1992974-de_la_crise_financiere_14.html

15.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2533109-de_la_crise_financiere_15.html

16.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-3374320-de_la_crise_financiere_16.html


09/05/2012
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