Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Sur le colonialisme

Réflexion treize (22 avril 2009)
La place des africains dans l'histoire et le pardon demandé par Ségolène Royal aux africains ...


Rappelons-nous, c'était il y a un peu plus d'un an, presque deux ans, Nicolas Sarkozy, dans un discours prononcé à Dakar le 27 juillet 2007, disait que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire (…) » ... S'ensuivit des réactions extrêmement hostiles de nombre d'intellectuels africains jugeant ces paroles et ces mots offensants, de même qu'un important débat franco-français entre thuriféraires du chef de l'état et nombre de ses contradicteurs. Le discours avait été écrit par la 'plume' de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino ...

Le 7 avril 2009, Ségolène Royal demandait pardon au nom des français pour ses humiliantes paroles de Nicolas Sarkozy, assurant ses interlocuteurs sénégalais que ces paroles n'engageaient ni la France, ni les français ... paroles qui avaient donné naissance à une bronca des parlementaires de l'UMP s'en prenant alors personnellement à Ségolène Royal, accusée d'infantilisme par ses détracteurs UMP ...

On peut évidemment attaquer Ségolène Royal, contester son droit à s'exprimer au nom des français (plus particulièrement depuis qu'elle a remis cela avec le premier ministre espagnol), mais, sur le fond, Nicolas Sarkozy et Henri Guaino avaient-ils tord de dire cela ? Que signifie parler d'une place dans l'histoire ?

D'abord de quelle histoire Nicolas Sarkozy parle-t-il ? J'ai été enfant en Afrique, j'y suis allé à l'école (comme Ségolène Royal ...), et j'y ai appris une histoire africaine, histoire des empires qui s'y sont succédés, des conquérants qui ont marqué l'histoire du continent, des vastes royaumes qui se sont partagés la terre africaine. De mes nombreux condisciples sénégalais, bien peu vraisemblablement n'ont pas entendu parler à l'école et au cours de leurs études de l'histoire de France, de ses rois, de l'histoire du vase de Soisson, ou des conquêtes de Napoléon (je me rappelle d'une enseignante en sociologie, à l'université en France, ayant porté un jugement désobligeant sur l'inculture d'une étudiante malgache en matière d'histoire de France, qui oubliait que ce que l'on nomme culture est affaire de nation (de troupeau devrais-je dire pour copier Connaissance ... expression qui m'a particulièrement marqué), en que notre inculture en matière d'histoire africaine est bien pire).

Nicolas Sarkozy et Henri Guaino ont oublié une chose. Une histoire traite essentiellement des évènements qui la touchent directement, de la chronologie des contacts observés avec d'autres peuples, et de l'évolution de ces rapports guerriers ou de colonisation. En parlant d'une place insuffisante de l'homme africain dans l'histoire, Nicolas Sarkozy a fait un contre-sens. L'Afrique a marqué son histoire. Elle n'a simplement pas marqué l'histoire des autres peuples. Seule l'Europe a décidé, à compter du quinzième siècle de notre histoire, de marquer l'histoire des autres peuples, de mettre le monde à feu et à sang, de coloniser et de marquer de son empreinte le reste du monde (ainsi que le sol de notre satellite lunaire) ...

Si c'est cela que Nicolas Sarkozy et Henri Guaino voulaient dire ; ils sont bien maladroits ... Si ce n'est pas cela qu'ils voulaient dire, il ne faut peut-être pas tant s'excuser de leurs paroles malheureuses ; il faut surtout les plaindre et nous plaindre de leur incompétence en matière d'histoire. L'histoire est une affaire éminemment politique et nationale ; et elle est écrite par les vainqueurs ... Et c'est encore plus vrai quand l'histoire bénéficie en plus de la puissance d'une industrie médiatique comme celle du cinéma occidental, qui utilise son histoire pour réécrire l'histoire du monde.

Dans un sens, Nicolas Sarkozy aurait pu dire la même chose aux chinois ou aux japonais (même si ceux-ci ont gagné une place dans l'histoire en attaquant Pearl Harbour puis en se faisant atomiser) ... Son discours n'aurait pas été plus faux ou moins à propos, même si la civilisation chinoise remonte à plusieurs millénaires, lorsque les ancêtres de Nicolas Sarkozy, et les miens, vivaient encore dans des huttes, et chiaient encore récemment sous les escaliers de Versailles ... Les européens sont la première civilisation barbare à avoir réussi à conquérir pratiquement toute la Terre et à marquer de leur empreinte et de leur domination guerrière pratiquement toutes les autres cultures terrestres ...


Réflexion douze (24 juin 2008)
Quelle comparaison entre les aventures coloniales européennes et les guerres de conquête conduite en Europe ?


Y a-t-il une différence de nature entre la colonisation de l'Irlande menée par l'Angleterre entre 1485 et 1921 et les différentes guerres de conquête qui ont conduit à la constitution des états nations européennes, tout au long du moyen-âge européen et jusqu'au milieu du vingtième siècle ? Et, par la suite, est-il possible de comparer ces guerres de conquête territoriales conduites en Europe avec la colonisation de l'Afrique, des Amériques et de l'Asie par ces mêmes états européens entre le quinzième siècle et le vingtième siècle ?

En d'autres termes, la colonisation est-elle de nature différente des autres guerres de conquête qui ont conduit à la création de la majeure partie des états nations actuels, en Europe, en Amérique ou en Asie ? La colonisation avait-elle une nature différente, pire ...

D'une certaine façon, on peut déjà rappeler que les guerres de conquête territoriale visant à accroître la taille d'une nation, s'accompagnent souvent d'une tentative d'intégration des peuples soumis, auxquels sont souvent accordés des droits comparables à ceux des nationaux. Lorsque ces droits ne sont pas octroyés immédiatement, ils sont souvent accordés aux descendants du peuple soumis. Pour mémoire, l'égalité de droits ne fut jamais accordée par l'Angleterre aux irlandais catholiques, de même qu'elle ne fut jamais non plus octroyée aux descendants des indigènes dans les empires français et anglais (même si une fraction de leur population en bénéficia, puisque Léopold Sédar Senghor fut ainsi un député français de la Quatrième République).

On peut aussi noter, qu'en liaison avec cette notion d'égalité de droit, les peuples soumis dans une guerre de conquête territoriale fûrent rarement considérés comme des sous-êtres voire comme de la main d'oeuvre servile ou corvéable, comme ce fut le cas dans les empires coloniaux africains, américains ou asiatiques. Dans une moindre mesure, la situation faîte aux irlandais ne fut guère meilleure, que ce soit en Irlande, ou aux Etats-Unis lorsqu'ils y émigrèrent, puisqu'ils y travaillaient ensuite comme serviteurs non libres.

D'une certaine façon, on doit donc différencier les politiques de conquête lorsque les peuples vaincus sont assimilés aux vainqueurs, des guerres de colonisation lorsque celles-ci reposent sur une différenciation des peuples vaincus d'avec le peuple vainqueur, que cette différenciation repose sur une culture ou sur une apparence raciale différente, ou lorsque les peuples vaincus refusent d'être assimiler à leurs vainqueurs en tentant de maintenir leur culture et en se rebellant contre le peuple envahisseur.


Réflexion onze (23 juin 2008)
Y a-t-il une comparaison possible entre le colonialisme subi par l’Irlande ou la Bretagne, du fait de l’angleterre et de la France, et le colonialisme subi par les autres peuples du monde du fait de cette même Angleterre et de cette même France … Une telle comparaison est-elle possible et tolérable ?


Avant de s’interroger véritablement sur la possibilité et la vraisemblance d’une telle comparaison, il serait préalablement préférable de visionner l’histoire de l’Irlande et de sa colonisation par le royaume voisin d’Angleterre (cf. histoire de l'Irlande selon www.herodote.net)

La suzeraineté de l’Angleterre sur l' Irlande remonte à l’année 1155 et à une décision du pape Adrien IV, seul pape anglais jamais désigné dans l’histoire de la Chrétienté (précédemment cardinal Nicolas, évèque d’Albane). Cette suzeraineté demeurera longtemps plus ou moins formelle, l'Irlande conservant ses traditions, ses coutumes et sa langue (le gaélique). Jusqu'à la fin du Moyen Âge, les Anglais s'en tiennent à l'occupation de la région littorale, autour de Dublin. Quelques barons anglais en profitent pour s'approprier des terres mais ils ne tardent pas à s'assimiler et à devenir plus irlandais que quiconque !

Craignant de voir s'éroder la fidélité de leurs vassaux, le roi Édouard III tente, en 1366, par les «statuts de Kilkenny», d'interdire aux Anglais de l'île d'épouser des Irlandaises, de parler le gaélique, d'entretenir des bardes ou des musiciens irlandais. C'est un apartheid avant l'heure qui montre combien fut précoce l'hostilité des Anglais à l'égard des Irlandais et intense leur crainte d'être subvertis par la culture indigène. Soulignons que la question religieuse n'y a aucune part puisqu'au Moyen Âge, les uns et les autres sont de fervents catholiques.

Tout bascule sous la dynastie des Tudors, au pouvoir à partir de 1485. L'Angleterre est en rivalité quasi-permanente avec la France et d'autres puissances du Continent. Elle désire assurer ses arrières et prévenir tout risque d'invasion par l'Irlande. En 1494, sous le règne d'Henri VII, Poynings, vice-roi d'Irlande, aligne la législation irlandaise sur celle de Londres : toute loi votée par le Parlement de Dublin devra désormais être ratifiée par celui de Westminster et porter le sceau du roi d'Angleterre. C'est la fin de l'autonomie irlandaise.

Sous le règne de Marie Tudor, fille d'Henri VIII, se met en place la «politique des Plantations». Il s'agit de confisquer les terres des Irlandais et de les remettre à des colons venus de Grande-Bretagne. Poursuivie et intensifiée au siècle suivant, cette politique dépossède les Irlandais de la quasi-totalité de leurs terres et les transforme en tenanciers, autrement dit en fermiers révocables à merci, au service de grands propriétaires absentéistes, le plus souvent établis en Angleterre ! Elle conduit aussi à l'installation de fortes minorités de colons en provenance d'Angleterre et d'Écosse. C'est le début de tensions encore brûlantes dans le nord de l'Ulster.

Les Irlandais et les nobles anglo-irlandais en partie celtisés ne restent pas sans réagir. Ils se soulèvent à partir de 1559, sous le règne d'Elizabeth 1ère, pour la «défense de l'Irlande et de la Foi». (l’Angleterre a en effet rompu avec la papauté et le catholicisme). La reine, en butte à la menace espagnole, craint que l'Irlande catholique ne serve de tête de pont aux armées du roi Philippe II d'Espagne. Après avoir défait en 1588 l'Invincible Armada espagnole, elle décide d'en finir avec les rebelles irlandais, notamment les comtes Hugh O'Donnel et Hugh O'Neil qui, en Ulster, ont levé l'étendard de la révolte.

Les forces royales anglaises, commandées par Mountjoy, ravage avec méthode le pays et organise la famine. Les insurgés doivent déposer les armes. La répression aboutit en 1607 à la «Fuite des Comtes», autrement dit à l'exil des chefs nobles. Dès lors, la «politique des Plantations» s'intensifie avec l'arrivée au nord de l'île, en Ulster, de petits paysans écossais de confession presbytérienne (une confession proche du calvinisme).

Livré à lui-même, le peuple irlandais se révolte en 1641. Plus de 10.000 colons écossais ou anglais sont massacrés. Pendant ce temps, l'Angleterre, au terme d'une dramatique guerre civile, tombe sous la dictature républicaine d'Oliver Cromwell. Celui-ci prend la tête d'un corps expéditionnaire, débarque en Irlande et réprime sans état d'âme la jacquerie. Le point d'orgue est le massacre de la garnison de Drogheda, au nord de Dublin, le 10 septembre 1649. Le pieux Cromwell se justifie en y voyant le jugement de Dieu et en ajoutant que «cette amertume épargnera d'autres effusions de sang». Le dictateur publie un nouveau règlement territorial qui octroie les bonnes terres aux Anglais et confine les anciens propriétaires dans les landes du Connaught.

La dernière rébellion armée survient à la chute de Jacques II Stuart, dernier roi catholique d'Angleterre. Réfugié en France auprès du roi Louis XIV, le roi déchu convainc ce dernier de l'aider à reprendre son trône. Comme Jacques Stuart est assuré de la fidélité du vice-roi d'Irlande, le comte de Tyrconnell (un Anglais catholique), c'est par là qu'il décide d'entamer la reconquête de son trône. Il réoccupe presque toute l'île mais se heurte à la résistance énergique des protestants de l'Ulster.

Finalement, l'armée des Irlandais et des «Jacobites» est écrasée sur les rives de La Boyne, non loin de Drogheda, le 12 juillet 1690. Tandis que le prétendant Stuart s'en retourne finir ses jours en France, le reste de l'armée irlandaise est battue à Aughrim en juillet 1691. La dernière résistance militaire des Irlandais prend fin avec la reddition de Limerick et le traité signé le 3 octobre 1691 dans la même ville, qui promet la liberté religieuse aux Irlandais et des garanties concernant leurs terres.

Las, le roi Guillaume III et la reine Anne qui lui succède en 1702 bafouent sans attendre le traité de Limerick, preuve s'il en est du mépris quasiment «raciste» dans lequel les Anglais et eux-mêmes tiennent les Irlandais catholiques. Tout simplement, le gouvernement anglais prend le parti d'ignorer les Irlandais catholiques (80% de la population de l'île), n'acceptant d'autre interlocuteur que les protestants de souche britannique. Deux mois après le traité de Limerick, celui-ci est une première fois violé par une loi qui ne permet l'accès au Parlement de Dublin qu'aux seuls protestants. Ensuite viennent les «lois pénales» qui parachèvent la mise au ban des catholiques : interdiction de porter l'épée ou d'avoir un cheval, d'envoyer les enfants s'instruire à l'étranger, d'entrer dans l'armée ou la marine etc. Les prêtres qui refusent de jurer fidélité au roi protestant sont bannis ou pendus. Qui plus est, les exportations vers l'Angleterre sont soumises à des taxes exorbitantes.

Écrasés et réduits à la misère, les catholiques sont hors d'état de se révolter... Et c'est des protestants que montent, dans un premier temps, les revendications politiques car ils sont eux-mêmes affectés par le mauvais sort qui est fait à leur île (freins au développement,...). C'est une situation que l'on retrouvera en Amérique où les colons se soulèveront contre la métropole cependant que les indigènes (Indiens) et les esclaves noirs s'en tiendront à la résignation.

En 1775, un jeune élu au Parlement de Dublin, Henry Grattan, demande l'abrogation des «lois pénales» et même de la loi Poynings de 1494. Il va être favorisé par le soulèvement au même moment des colons des Treize Colonies d'Amérique du Nord et l'entrée en guerre de la France, l'ennemie héréditaire, à leurs côtés. Londres, qui manque de troupes, accepte la formation d'une armée irlandaise de 80.000 hommes, les «Irish Volunteers» (en grande majorité protestants) et Henry Grattan se prévaudra de la loyauté de ces troupes pour faire enfin abroger la loi Poynings en 1782 et accorder l'autonomie législative à l'Irlande l'année suivante.

Arrive la Révolution française. Les libéraux irlandais, sensibles à ses idéaux d'égalité, se font les champions de l'égalité des droits entre catholiques et protestants. Le jeune avocat Theobald Wolfe Tone, fils d'un protestant et d'une catholique, fonde à Belfast en octobre 1791 la société des «Irlandais Unis», révolutionnaire et pluriconfessionnelle. Il obtient des améliorations juridiques pour les catholiques. Ainsi, en 1793, le Premier ministre William Pitt accorde aux catholiques le droit de vote. Mais dès 1794, les dérapages de la Révolution française (Terreur, guerres) entraînent en Irlande la défaveur des libéraux et un raidissement des extrémistes protestants.

Les «pogroms» contre les catholiques se multiplient. Une rixe meurtrière en Ulster débouche en 1795 sur la fondation de l'Ordre d'Orange, une franc-maçonnerie protestante ainsi nommée en souvenir de Guillaume III, le vainqueur de La Boyne.

Wolfe Tone, exilé en France, pousse le Directoire à intervenir. Le général Hoche tente un débarquement le 23 décembre 1796 avec 15.000 hommes et 42 vaisseaux. Mais il échoue, victime de la tempête. Le 23 mai 1798, les «Irlandais Unis» déclenchent une insurrection générale. Ils s'emparent quelques jours plus tard de Wexford. L'île s'embrase. On ne compte pas les incendies et les massacres des deux côtés. Mais dès le 21 juin 1798, les Anglais reprennent le dessus et contraignent à la reddition les rebelles, pour la plupart de misérables paysans sans armes ni discipline. La répression par l'Ordre d'Orange sera impitoyable. Le Directoire tente un deuxième débarquement le 22 août 1798. Mais, sur place, il n'y a plus guère de rebelles pour soutenir le contingent français et celui-ci doit se rendre aux Anglais. Wolfe Tone est capturé et condamné à la pendaison comme un vulgaire criminel. Il se tranche la gorge en prison.

Pour le Premier ministre anglais, William Pitt le Jeune, il est temps d'en finir avec le statut d'autonomie de l'île qui menace la sécurité du royaume. Il convainc le Parlement de Dublin de s'autodissoudre le 7 juin 1800. L'Acte d'Union proclame l'avènement à compter du 1er janvier 1801 du «Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande», qui est encore aujourd'hui l'appellation officielle du pays.

Ce n'est finalement qu’en décembre 1921, après une insurrection militaire déclenchée le 21 juin 1919, que les irlandais obtiendront la reconnaissance de l'indépendance de l’Irlande (mais seulement pour la partie Sud de l’île), qui demeurera toutefois dans un dominion britannique, membre du Commonwealth. Et les irlandais devront attendre le 18 avril 1949 pour obtenir la proclamation de la république d’Irlande. Tandis que la partie Nord de l’Irlande demeure toujours dans le Royaume-Uni …

Au final, que faut-il en penser ? Peut-on rapprocher la colonisation de l’Irlande par l’Angleterre, voire celle de la Bretagne celtique par la France, avec les entreprises coloniales menées par l’Angleterre, la France et les autres pays européens à l’égard des peuples africains, américains et asiatiques ? Cette comparaison est-elle véritablement choquante, inacceptable ?

Je ne le pense pas. Ce qui rapproche ces différentes colonisations, c’est le fait que malgré le passage de plusieurs siècles de colonialisme, ces différents peuples, qu’ils soient africains, indiens américains, asiatiques ou irlandais, n’ont jamais été assimilés par la culture du peuple envahisseur. Ils ne se sont pas mélangés à l’envahisseur mais sont restés différents et nationalistes. Bien que d’origine ethnique et de religion proches, les irlandais ont toujours refusé d’être assimilés aux anglais, malgré la violence de la colonisation dont ils firent l’objet.

Ce qui fait le colonialisme, c’est la résistance de la culture envahie.


Réflexion dix (22 juin 2008)
Les débuts du colonialisme ... Une histoire des différents colonialismes européens ...

« ... Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos moeurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu'il l'a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert ... » Extrait d'une des versions du discours attribué au grand chef indien Seattle des tribus Dumawish et Suquamish (1854)

Le colonialisme européen n'est pas une seule et unique entreprise de colonisation du monde. Il s'est agit d'une course entre grandes puissances commerciales, maritimes, et militaires européennes, pour contrôler et envahir le monde entier. Il ne s'agissait pas d'une volonté de civiliser les peuples du monde entier (ce que d'aucun appelle aujourd'hui "apporter la civilisation"). Non, il s'agissait d'une entreprise de conquête, d'une entreprise commerciale, par des peuples avide d'or, de métaux précieux et d'enrichissement personnel. Cette entreprise rentrait dans le cadre d'une lutte militaire entre quelques grandes puissances européennes, qui se battaient pour la suprématie militaire en Europe, et qui recherchèrent dans cette colonisation du monde entier des moyens d'enrichissement supplémentaire pour remporter la seule guerre qui leur importait ... le contrôle de l'Europe ...

L'entreprise de colonisation du monde démarre sous l'impulsion du Portugal, qui conquiert Tanger dès 1419. Mais les Portugais créent un empire essentiellement commercial. Ils s'installent et n'exploitent que les côtes des territoires où ils s'implantent (Brésil, Afrique ...). Ils installent essentiellement des comptoirs qui cherchent à drainer l'or et les épices, avant de se livrer à la traite des esclaves.

De son côté, l'Espagne attendra la fin du XVe siècle pour entreprendre son expansion maritime. Les Espagnols mettent sur pied une administration forte sous l'autorité de vice-rois et du Conseil des Indes. Fournisseurs d'énormes quantités d'or et d'argent puis de sucre, ces territoires nouvellement conquis attirent rapidement des colons, grâce auxquels se crée une Nouvelle-Espagne fondée sur l'esclavage. Les colonies espagnoles les plus évoluées deviennent des sociétés mixtes, où des minorités de créoles blancs et métis dominent les populations indigènes. En 1493, une bulle du pape Alexandre VI, puis le traité de Tordesillas (1494) prononcent le partage du monde entre les deux royaumes ibériques, mais les autres puissances refusent de le reconnaître.

Les hollandais (Provinces-Unies), émancipés de la tutelle espagnole et disposant de marins audacieux et de commerçants dynamiques, se lancent également dans l'entreprise de colonisation. En 1621 est créée la Compagnie hollandaise des Indes occidentales. En 1648, celle-ci possède des colonies agricoles et commerciales en Amérique du Nord (Nouvelle-Amsterdam), sur les côtes du Brésil, dans les Antilles et en Afrique. Les Néerlandais s'installeront aussi au cap de Bonne-Espérance (noyau de la colonie boer d'Afrique du Sud), en Inde, en Malaisie et dans les îles de la Sonde. À Java, Batavia devient le centre d'une colonisation essentiellement commerciale, qui laisse systématiquement subsister les pouvoirs locaux. Même si le peuplement européen reste faible, la colonisation néerlandaise favorise la création de grandes plantations aux mains des Européens.

La France et l'Angleterre se lanceront un peu plus tardivement dans l'entreprise de colonisation, aux XVIIe et XVIIIe siècles. La France crée d'abord des comptoirs en Afrique (Saint-Louis du Sénégal) et en Inde, mais ses principales entreprises ont lieu en Amérique. Comme les comptoirs portugais, les colonies françaises d'Afrique et d'Inde ne contrôlent que le bord des côtes, comme si l'intérieur de ces rivages faisait peur. Des colons français s'établissent également dans la vallée du Saint-Laurent (Canada) et, de là, descendent le Mississippi jusqu'en Louisiane. La France occupera aussi plusieurs îles aux Antilles au début du XVIIe siècle, qui joueront un rôle plus important, alimentant la métropole en sucre et en tabac. La société, très hiérarchisée, y est formée d'une minorité de créoles blancs et d'une majorité d'esclaves ou d'affranchis, métis ou descendants d'Africains. Sauf à l'époque de Colbert, la métropole n'accorde à ses colonies qu'une attention limitée. L'abandon du Canada et de l'Inde aux Britanniques (1763) marque le premier recul de la colonisation française. La Louisiane sera vendue aux Etats-Unis ultérieurement. La Révolution et les guerres napoléoniennes scellent la fin du premier empire colonial français ; en 1817, ce dernier est réduit aux Antilles, à la Guyane et à Saint-Louis du Sénégal.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'Angleterre devient une grande puissance maritime et se dote d'un immense empire. Un siècle après l'arrivée des premiers migrants du Mayflower (1620), les colonies d'Amérique sont limitées à la côte est et à la Jamaïque et ne comptent encore que 400 000 habitants. Les progrès décisifs ont lieu au XVIIIe siècle, avec la pénétration au cœur du continent américain, et, d'autre part, l'occupation d'une partie de l'Inde à partir de 1764. Les colonies britanniques sont gouvernées suivant les principes du mercantilisme : spécialisation dans les matières premières agricoles, destinées à être transformées dans la métropole, interdiction du commerce sauf avec la métropole (système de l'Exclusif). La Grande-Bretagne est donc beaucoup plus intéressée par les colonies de plantations à main-d'œuvre servile (Antilles, Virginie, Caroline, Géorgie) que par les colonies de peuplement.

La révolte des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord, de 1773 à 1776, est le signe de l'apparition d'un nationalisme colon, qui se propage rapidement dans toute l'Amérique. La guerre d'Indépendance des États-Unis (1776-1784) est suivie par la libération des colonies espagnoles vers 1820, et par la séparation du Brésil et du Portugal en 1822.

Mais ce ne sera pas la fin du colonialisme ... Viendront ensuite la constitution des empires coloniaux français et anglais en Afrique et en Asie ...


Réflexion neuf (18 juin 2008)
Quelle comparaison possible entre le colonialisme anglais et le colonialisme français ?


Cela a-t-il un sens de comparer les legs des colonialismes anglais et français ? D'une certaine façon, ne serait-ce pas comme tenter de rechercher le moins mauvais des deux colonialismes, ou d'en comparer les bienfaits ? Il n'est pas sûr que cela ait un sens.

A première vue toutefois, les anciennes colonies anglaises semblent mieux s'en tirer économiquement et socialement parlant aujourd'hui que les anciennes colonies françaises. Un certain nombre d'anciennes colonies anglaises sont de toute façon des pays dits occidentaux, pour certains appartenant au G8 ... Etats-Unis, Canada, Australie, Afrique du Sud ... Aucune ancienne colonie française n'a eu ce développement. En même temps, ces anciennes colonies se sont libérées très anciennement de la tutelle anglaise, et sont pratiquement de peuplement européen, grâce à une immigration massive qui s'est accompagnée du transfert de compétences et de techniques industrielles ...

En excluant ces cas particuliers, l'exemple principalement de l'Inde ou de Maurice laisse également apparaître que l'Angleterre a su laisser ces colonies mieux que nous, sans apparition de troubles après son départ. Mais il est difficile d'ignorer la part d'hommes exceptionnels tel Ghandi ou Nérou dans cette situation historique. L'histoire du Sénégal de Léopold Sedar Senghor est tout aussi exceptionnel ... une ancienne colonie française qui a connu la démocratie depuis son indépendance (à quelques incidents près puisqu'un certain nombre d'opposants politiques sont morts dans les prisons sénégalaises sous la présidence de Senghor) ... L'influence de grands hommes dans une transition tranquille de l'indépendance vers la démocratie me semble fondamentale.

A l'inverse, les anciennes colonies anglaises d'Afrique (Rhodésie, Kénya ...) connaissent encore aujourd'hui une transition vers la démocratie tout aussi difficile que les anciennes colonies françaises d'Afrique ... De même, Madagascar, en coupant toutes relations avec la France sous Didier Ratsiraka pour se rapprocher de l'URSS, n'a pas échappé aux séquelles du colonialisme ... Seules quelques anciennes colonies d'Afrique, où un grand homme politique disposant d'une grande légitimité et qui a su privilégier le bien de son pays libéré et non son seul intérêt financier, ont pu connaître l'implantation d'une véritable démocratie.

Les français ou les anglais sont-ils responsables de l'incurie des dirigeants qui ont pris le pouvoir dans leurs anciennes colonies ? Sont-ils responsables du fait qu'une classe politique n'aie pas su maintenir une démocratie après leur départ ? Je crains que cela ne soit pas possible. Pourquoi des personnes se transforment-elles en dictateurs une fois arrivées au pouvoir, et pas les autres ? De la même manière que dans le monde de l'entreprise, pour quelles raisons de bons exécutants font-il de mauvais managers ? Le pouvoir corrompt le plus souvent. Rares sont les personnes insensibles à l'attrait du pouvoir et de la richesse.


Réflexion huit (15 juin 2008)
Pour conclure sur le colonialisme ...


«Et puisque vous parlez d'usines et d'industries, ne voyez-vous pas, hystérique, en plein coeur de nos forêts ou de nos brousses, crachant ses escarbilles, la formidable usine, mais à larbins, la prodigieuse mécanisation, mais de l'homme, le gigantesque viol de ce que l'humanité de spoliés a su encore préserver d'intime, d'intact, de non souillé, la machine, oui, jamais vue, la machine, mais à écraser, à broyer, à abrutir les peuples ?» Aimé Césaire (1955)

Qu'est-ce donc que le colonialisme ... L'exploitation d'une race par une autre ... Sous le couvert d'une apparente bonne conscience de la race colonisatrice qui vise à travestir cette exploitation d'une race autre en un apport de civilisation et de culture ... en un développement de l'autre race ... un faux développement ...

La charge menée en 1955 par Aimé Césaire contre le colonialisme est tout simplement toujours d'actualité, un demi-siècle plus tard. Evidemment, le colonialisme a changé d'habits, de méthodes et d'apparence. Les égalités de droits sociaux et civiques dans les extensions territoriales tropicales de la France et les indépendances des colonies africaines, américaines et asiatiques ont pu faire croire à la disparition des pratiques colonisatrices françaises et plus largement européennes. Mais les européens colonisent toujours le monde entier avec leur tourisme et leurs attentes de touristes fortunés ... leurs multinationales et leurs cadres expatriés ethnocentristes, persuadés d'être indispensables à leur entreprise pour apprendre leur travail à la nuée de salariés incultes et incapables embauchés localement ... leur aide au développement rachitique et leurs idées brillantes sur le 'développement' durable, la gestion de l'eau ainsi que toute idée médiatisée (comme hier le réchauffement climatique ou aujourd'hui l'autosuffisance alimentaire) ...

Le colonialisme aujourd'hui est simplement plus caché, plus masqué derrière le bon sens économique ou l'évidence entrepreunariale ...

1. Le fait de réserver tous les postes d'encadrement à des expatriés dans la majeure partie des entreprises ou administrations européennes implantées dans les anciennes colonies correspond simplement selon ces expatriés à la logique entrepreunariale ...

2. De même, le tourisme est censé être un avantage, une source de devises, une bénédiction pour le pays qui reçoit de nombreux touristes ... A ces pays d'apprendre à recevoir ... Il ne faudrait quand même pas imposer à nos touristes de savoir demeurer humbles alors que tant d'autres pays les attendent ... eux et leur pouvoir d'achat ...

3. L'aide au développement est une denrée rare et limitée ... Il est donc normal qu'elle serve à financer des entreprises nationales ... Les pays en développement sont par ailleurs demandeurs des conseils éclairés de ces organismes de développement qui ont déjà financé des projets rapprochant et qui interviennent partout dans le monde, et non uniquement dans un seul pays en développement comme ses décideurs ...

4. Les politiques économiques budgétaires et monétaires de rigueur imposées par les instances internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) sont indispensables, reposant sur les préceptes économiques prouvés ... plus fiables que les politiques jusqu'à lors menées par les autorités nationales qui ont conduit à demander l'intervention de ces instances internationales ...

5. La spoliation des ressources naturelles des pays en développement par les multinationales occidentales repose sur les règles du commerce international, sur des contrats écrits, et ces dernières disposent d'instances d'arbitrage internationales, mais créées en Occident par l'Occident aux bénéfices des multinationales ...

C'est aussi cela le colonialisme ... un colonialisme non plus passé, mais actuel, conditionnant le futur de l'humanité ...

 

 

Réflexion sept (7 juin 2008)
... Mais en écrivant cela, je me suis éloigné de mon objet premier dans cet article, à savoir interroger l'actualité du colonialisme et son caractère descriptif de notre époque actuelle, moderne ... actualité qui n'a rien à voir dans un quelconque nouveau barbare, même si ce nouveau barbare semble particulièrement actuel, et si les écrits d'Aimé Césaire d'il y a cinquante ans permettent d'annoncer sa survenue ...


... Les barbares ne se suivent-ils pas et ne ressemblent-ils pas ... Francs, Goths, Vandales, Huns ... Arabes, Normands, Angles, Vikings ... Espagnols, Portugais, Anglais, Français ... Nazis, Fascistes, Japonais ... Américains, Russes, Chinois, Intégristes ... Notre histoire européenne n'est-elle pas remplie de barbares et d'invasions barbares, depuis deux millénaires ? Et n'avons-nous pas, nous européens, pris largement notre part dans les invasions qui touchèrent les autres peuples sur le reste de la planète ? En somme, ne suis-je pas en train de chercher dans un livre écrit il y a cinquante ans une caution gratuite pour une de mes analyses ... En assimilant les nouveaux barbares pronostiqués par Aimé Césaire à l'intégrisme musulman, ne suis-je pas en train de lui attribuer une idée à laquelle il ne pensait pas ... Tous les barbares de tout temps ont toujours méprisé la vie ... C'est justement l'image que les peuples conquis d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie ont conservé des envahisseurs européens du quinzième au dix-neuvième siècle ...

Et de ces invasions et de ces conquêtes, demeure le fait du colonialisme ... à savoir ... la croyance en l'existence des races et en la suprématie d'une race sur les autres races ... la croyance en la domination d'une civilisation sur d'autres ... la croyance en la légitimité d'une occupation de terres étrangères ou de mers éloignées ... la croyance en la légitimité de l'intervention d'européens ou d'occidentaux dans les affaires du monde et dans la gestion des entreprises disséminées dans le monde entier ... la croyance en l'importance de l'argent et en sa capacité à nous permettre de tout acheter, à nous permettre de tout nous offrir ...

C'est pour cette raison qu'il ne faut pas oublier que le tourisme lui-même est l'un des principaux vecteurs du colonialisme ... à chaque fois que l'un d'entre nous, dans un pays étranger en développement, se permet un comportement incorrect, parce qu'il attend d'être traité avec certains égards, parce qu'il a payé son séjour à un certain tarif avant de partir ... et parce qu'en tant que consommateur, il attend certaines prestations touristiques, et notamment d'avoir des personnes à ses pieds ... pour se venger de tous ces mois passés dans son pays développé, où il a dû obéir aux oukazes de ses supérieurs, de ses responsables, de ses clients, où il a dû s'écraser et ronger son frein ...

Le colonialisme n'est ainsi que la transposition des comportements propres à l'occident, au capitalisme, transférés dans des pays en développement ou des anciennes colonies, à l'encontre de populations autres, encore plus faibles et stigmatisées parce que différentes des populations européennes ... Comme le rappelait Aimé Césaire, le colonialisme n'est ainsi que la transposition de la domination de la bourgeoisie sur la classe ouvrière européenne ... Et c'est encore plus vrai aujourd'hui que cela ne l'était en 1955, lorsque Aimé Césaire le rédigea ... avec le développement actuel du tourisme de masse ...


Réflexion six (1er juin 2008)
Aimé Césaire comme prophète de la barbarie des temps actuels ...


« ... si je détourne les yeux de l'homme pour regarder les nations, je constate qu'ici encore, le péril est grand ; que l'entreprise coloniale est, au monde moderne, ce que l'impérialisme romain fut au monde antique : préparateur du Désastre et fourrier de la Catastrophe : Eh quoi ? Les indiens massacrés, le monde musulman vidé de lui-même, le monde chinois pendant un bon siècle souillé et dénaturé ; le monde nègre disqualifié ; d'immenses voix à tout jamais éteintes ; des foyers dispersés au vent ; tout ce bousillage, tout ce gaspillage, l'humanité réduite au monologue et vous croyez que tout cela ne se paie pas ? La vérité est que, dans cette politique, la perte de l'Europe elle-même est inscrite, et que l'Europe, si elle n'y prend garde, périra du vide qu'elle a fait autour d'elle.

... Et alors, je le demande : qu'a-t-elle fait d'autre, l'Europe bourgeoise ? Elle a sapé les civilisations, détruit les patries, ruiné les nationalités, extirpé la racine de diversité. Plus de digue. Plus de boulevard. L'heure est arrivé du Barbare. Du Barbare moderne ... »
Aimé Césaire (1955)

Par le biais d'un parallèle entre le monde occidental moderne et la fin du monde antique, Aimé Césaire, dans sa critique du colonialisme occidental, prophétisait en 1955 le retour de l'ère du Barbare, celui qui détruisit Rome et le monde antique ... Parce que Rome, dans sa quête éperdue d'annexion de nouveaux territoires, dans sa quête impérialiste de domination du monde, en détruisant et en conquérant l'ensemble de ses peuples voisins, ouvrit ses frontières aux peuples barbares qui déferlèrent dans l'Empire et détruisirent le monde antique. Et Aimé Césaire pronostiqua en 1955 que l'impérialisme occidental, en annexant toutes les terres où l'homme blanc européen pouvait s'installer, allait détruire l'ensemble des digues qui finalement protégeaient notre civilisation et lui permettaient de dialoguer avec d'autres cultures que la sienne ... et allait donner naissance, comme autrefois Rome, à de nouveaux peuples barbares, à des barbares modernes, qui eux aussi, détruiraient le monde occidental, comme les barbares antiques détruisirent Rome et le monde antique.

A quels barbares pensait Aimé Césaire ? Vraisemblablement à la puissance de l'argent, de la finance et du commerce, au peuple américain ... « L'américaine, la seule domination dont on ne réchappe pas. Je veux dire dont on ne réchappe pas tout à fait indemne ... » Mais ne pensait-il pas également à la barbarie nazie que l'Europe avait créé et qui venait d'être vaincue, après avoir mis l'Europe à feu et à sang ?

Mais il est une chose qu'il avait parfaitement pronostiquée ... Le fait que l'Occident allait se trouver confronter au retour de la Barbarie ... Même s'il ne désigna pas les bons Barbares, puisque les américains ne sont guère différents des européens ... Mais il avait pensé la naissance d'une nouvelle Barbarie ... Celle des Ayatollah et des terroristes islamistes, du barbare pour lequel aucune vie n'est sacrée ... Une Barbarie contre laquelle nous ne disposerons bientôt plus d'aucune protection, comme à l'époque de la fin de l'ère antique, lorsque Rome avait tenté d'intégrer tous les peuples barbares (germains) auxquels elle avait été confrontés, mais qui disparut le jour où ces peuples se retournèrent contre elle (Goths, Francs ...), se partagèrent sa dépouille, se divisèrent son empire ... Le même pronostic vaut aujourd'hui pour l'Occident ... Diagnostic que l'on peut retrouver sous la plume d'Aimé Césaire, pour expliquer ce parallèle entre la prochaine fin du monde occidental tel que nous le connaissons, qui commence à voir surgir à ses frontières et à l'intérieur de ses cités, un nouveau barbarisme pour lequel ni la vie ni la liberté n'ont aucune valeur, et la fin de l'ancien monde antique, anéanti par les barbares qui avaient été attirés par le vide créé à ses frontières par l'empire romain antique.


Réflexion cinq (30 mai 2008)
Idée que le colonialisme ne concerne pas uniquement l'histoire passé mais doit aussi être conjugué au présent, en raison d'un biais ethnocentriste de la civilisation européenne et notamment française, et de l'influence du biais centralisateur de l'état français ...

« Car enfin, il faut en prendre son parti et se dire une fois pour toutes, que la bourgeoisie est condamnée à être chaque jour plus hargneuse, plus ouvertement féroce, plus dénuée de pudeur, plus sommairement barbare ; que c'est une loi implacable que toute classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux sales de l'histoire ; que c'est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement, et que c'est enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant du cygne. » Aimé Césaire (1955)

Dans mon idée initiale, il me paraissait important de parler de l'immédiateté de la réflexion sur le colonialisme en France (plus précisément que dans le monde occidental). En m'appuyant sur Aimé Césaire, il me paraissait fondamental de faire observer qu'un discours tenu dans les années 1950 n'avait absolument perdu de son actualité un demi-siècle plus tard, même si, entre temps, le quotidien des anciennes colonies françaises a été totalement modifié par des déclarations et des guerres d'indépendance, voire par des modifications institutionnelles et par une égalité sociale.

En ce début de vingt-et-unième siècle, il est clair que le discours colonialiste n'existe pratiquement plus en France, que ce soit dans la bouche des français, qu'ils habitent en France métropolitaine, qu'ils appartiennent au gouvernement, ou bien qu'ils résident quelque part en Outre-mer, ou dans les anciennes colonies devenues aujourd'hui des états indépendants. Rares en effet sont les français qui affichent encore un discours ouvertement raciste ou colonialiste, comme ceux que l'on pouvait entendre par le passé (lire les posts de Kamile).

Par contre, le colonialisme existe toujours dans le cadre des justifications apportées à certaines situations, que ce soit en matière de développement, par des organismes tel l'Agence Française de Développement, en matière de contrôle de la France sur de nombreuses infrastructures ou sociétés africaines ... ou en matière de verrouillage des principaux postes d'encadrement dans les administrations publiques ou les entreprises des régions d'outre-mer.

Combien de soi-disant 'développeurs' (à l'Agence Française de Développement, au ministère de la coopération, à l'Assemblée Nationale ... ou ailleurs ...) estiment toujours que le sous-développement des pays africains est atavique et que la France ou les peuples européens n'y ont aucune responsabilité (et que bien au contraire, la France s'est ruinée pour tenter de leur apporter la civilisation ...). C'est exactement le discours que citait Aimé Césaire, et c'est toujours une pensée dominante chez les européens qui s'occupent de l'Afrique, soi-disant pour l'aider à se développer.

De même, dans toutes les antennes d'entreprises ou d'administrations françaises installées à l'étranger ou dans les régions ou pays d'outre-mer, on trouve cette même justification pour expliquer que leur encadrement soit réservé à des expatriés français. Est-ce un relens de colonialisme, est-ce une conséquence du centralisme bureaucratique français (ou du jacobinisme français) ... En tout état de cause, même si un constat approchant peut être effectué en province en France, où la main mise de Paris sur la province fait également grincer des dents, une différence fondamentale existe. En outre-mer, les responsables d'administration, les cadres expatriés constituent une petite caste refermée sur elle-même, même si elle accepte de s'ouvrir à quelques personnalités d'outre-mer (maires, députés, sénateurs ou riches industriels et commerçants). Pour l'avoir de nombreuses fois observées, il existe un atavisme propre à l'expatriation, qui pousse les expatriés à se réunir, à se recevoir, à se reconnaître, alors que ces mêmes personnes en France métropolitaine s'isolent les uns des autres. Comme si le fait de ne pas habiter chez soi, mais dans des maisons de fonction, poussait ces personnes à ne plus protéger aussi strictement leur intimité (je l'ai observé chez mes parents ainsi que chez tous les expatriés que j'ai pu observer). Que représente un directeur de l'équipement ou du travail dans un département français ? Un petit fonctionnaire assez obscur ... Dans un département d'outre-mer, ils se prendront pour des stars, invités à tous les cocktails, à toutes les réunions ... Je dirais presque ... pour Dieu lui-même ... Il en va de même pour les petits fonctionnaires ou cadres de grosses entreprises, ayant un peu de pouvoir et beaucoup de besoin de reconnaissance. Alors que son homologue local sera considéré par les mêmes personnes comme moins que rien, une sorte de profiteur ou d'incompétent que l'on tolère parfois à la rigueur, pour prouver ...

Et pourtant, la situation s'est améliorée par rapport à il y a cinquante ans !...

Nota : Qu'appelle-t-on ethnocentrisme ? C'est la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient » En d'autres termes, l'ethnocentrisme amène à « surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples ». Juger toutes les autres cultures que l'on découvre à l'aune de sa propre culture, en la considérant comme la référence absolue et supérieure à toutes les autres cultures ... Syndrôme dont les européens ont longuement souffert, à l'époque où ils sont rentrés en contact avec de nombreuses autres cultures ... et dont aujourd'hui encore, ils continuent de souffrir, de manière même agravée car ils estiment même aujourd'hui que même leur système politique est supérieur à celui de tous les autres peuples, et qu'il n'a jamais rien existé de mieux ...


Réflexion quatre (28 mai 2008)
Le colonialisme et l'occident (suite 3)

« Pour ma part, si j’ai rappelé quelques détails de ces hideuses boucheries, ce n’est point par délectation morose, c’est parce que je pense que ces têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ces maisons brûlées. ces invasions gothiques, ce sang qui fume, ces villes qui s’évaporent au tranchant du glaive, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. C’est cette action, ce choc en retour de la colonisation qu’il importait de signaler. » Aimé Césaire (1955)

Ce qui me semble extraordinaire dans ce discours engagé d'Aimé Césaire, 'malgré' ses prises de positions sur la négritude, c'est qu'il n'impute pas à l'ensemble de la race blanche européenne les crimes perpétrés au nom du colonialisme ... Il ne fait que parler des colonisateurs, des bourgeois, et de l'ensemble de ceux qui se taisent ... Mais il ne traite pas des européens en général en tant que bénéficiaires de la colonisation ... seulement en tant que spectateurs muets de crimes abominables ...

Je reprendrais ci-après le texte d'un de mes commentaires ... Il est vrai que la condamnation de l'esclavage, du colonialisme et par voie de conséquence celle éventuelle des européens dans leur ensemble pose le problème du prolétariat ouvrier et de la misère paysanne, qui représentaient vraisemblablement 90% de la population européenne urbaine ou rurale au XVIIIe et XIXe siècles (et pratiquement 70% à 80% de la population blanche dans les colonies américaines ou antillaises) ...

Ces personnes n'ont évidemment pas profité de l'esclavage et de ses richesses ... Pourquoi devraient-ils payer pour les crimes d'une minorité bourgeoise enrichie, ou pourquoi devraient-ils se sentir coupables d'un ethnocide perpétré au nom de la race blanche ?

Peut-être pour ne pas l'avoir condamné à l'époque, comme les allemands furent condamnés après la guerre pour ne pas s'être soulevés contre les abominations nazies, ou certains mis en accusation pour avoir su pour l'extermination des juifs mais n'avoir rien fait ... Dans leur misère, les pauvres paysans et ouvriers européens savaient malgré tout qu'il y avait plus malheureux qu'eux, moins humains qu'eux ...

Il faut aussi relativiser ... il semble qu'en Amérique, le pouvoir politique était obligé de criminaliser tous rapports, toutes relations (sexuelles ou sociales) entre pauvres blancs et esclaves ... ce qui signifiait qu'il y avait connivence naturelle entre blancs et esclaves et que le pouvoir en avait peur ...

Il est clair que ce sujet demeure extraordinairement sensible. Il semble que l'on peut dire que les crimes d'une infime minorité de la race blanche (une poignée d'aventuriers, quelques négociants et banquiers, quelques milliers de planteurs, souvent riches à l'origine ou issus de familles nobles) sont parmi les plus graves jamais enregistrés au cours de l'histoire, à l'égard des populations africaines et indiennes américaines. Ces faits sont un crime contre l'humanité. Maintenant, à savoir si les européens dans leur ensemble peuvent en être considérés comme coupables ? C'est un autre problème ... Coupables de s'être tus, d'avoir laissé faire, de ne pas avoir condamné ou protesté ... A une époque où les médias de masse n'existaient pas ...

Mais l'expérience rappelle que plus les gens sont incultes et miséreux, plus ils sont friands de boucs émissaires ... il suffit de voir le succès des thèses xénophobes du Front National dans le milieu ouvrier en France ... il faut aussi se rappeler la peur du maure qui a existé en France au Moyen-Age ...

Ne condamnons pas la race européenne pour ces crimes ... Comme Momo et d'autres personnes, je hais tous les racismes, d'où qu'ils viennent ...

Mais condamnons les crimes !... et laissons notre système capitaliste payer pour des crimes qu'il a laissé commettre et qui l'ont enrichi ...


Réflexion trois (26 mai 2008)
Le colonialisme et l'occident (suite 2)

« Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que chaque fois qu'il y a au Viêt-nam une tête coupée et un oeil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillée dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.

Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s'affairent, les prisons s'emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.

On s'étonne, on s'indigne. On dit : comme c'est curieux ! Mais bah ! C'est le nazisme, ça passera ! Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c'est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c'est du nazisme, oui, mais qu'avant d'en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l'a supporté avant de le subir, qu'on l'a absous, on a fermé l'oeil là-dessus, on l'a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s'était appliqué qu'à des peuples non européens ... »
Aimé Césaire (1955)

Il peut paraître formidable de rapprocher les violences colonialistes de l'Europe au dix-neuvième et au vingtième siècles et les crimes nazis en Europe lors de la seconde guerre mondiale ... Mais la thèse de la banalisation de la violence est une thèse trop facilement vérifiable (et démontrable) pour pouvoir être contestée. Pourquoi des peuples se plaindraient-ils de subir des crimes qu'ils ont fait subir à d'autres peuples à maintes reprises par le passé, même s'ils n'étaient pas blancs (africains, indiens, asiatiques, nord africains, aztèques ...) ? Les allemands se sont-ils plaints du traitement qui leur a été appliqué à la fin de la seconde guerre mondiale, en punition des crimes de leurs dirigeants, de leurs forces armées, et de leurs pères ?... Evidemment, les allemands furent vaincus militairement ... tandis que la race blanche européenne n'a jamais été vaincue totalement depuis le dix-huitième siècle, sauf de manière partielle lors de certaines guerres récentes ... Viêt-nam, Algérie ... demain Afghanistan et Irak ... Ce ne sera que vaincue que la race blanche occidentale se verra obligée de rendre compte de ses crimes et de ceux de ses aieux ... Justice de vainqueur, encore et toujours ... Justice à l'encontre des vaincus ... uniquement ...


Réflexion deux (24 mai 2008)
Le colonialisme et l'occident (suite)

« ... Cela revient à dire que l'essentiel est ici de ... répondre clair à l'innocente question initiale : qu'est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu'elle n'est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l'ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d'admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l'aventurier et du pirate, de l'épicier en grand et de l'armateur, du chercheur d'or du marchand, de l'appétit et de la force, avec, derrière, l'ombre portée, maléfique, d'une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d'étendre à l'échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes ... » Aimé Césaire (1955)

En quelques mots, tout est dit sur l'Europe, sur le colonialisme et sur sa bonne conscience, qui, même un demi-siècle plus tard, continue encore de se pavanner dans l'histoire ... comme ce passage sur les bienfaits du colonialisme que certains parlementaires et le gouvernement voulaient intégrer dans la loi et dans les livres d'école. Je ne sais même plus si ce passage ne se retrouve pas dans les livres d'école de nos bambins.

Certains me diront que la notion de colonialisme est dépassée, qu'elle a disparu de l'histoire, et qu'il n'existe plus aujourd'hui que des états indépendants et des territoires et départements d'outre-mer (dans le cadre de l'ancien empire français) qui ont fait le choix de demeurer dans le giron de la République française ... Et que ce discours d'Aimé Césaire avait peut-être une valeur lors de son édition en 1955, quelques années à peine après la transformation des anciennes colonies françaises d'Amérique (et de l'Océan Indien) en départements d'outre-mer ... mais que ce discours n'a plus de pertinence aujourd'hui, au début du vingt-et-unième siècle, alors que les Antilles, la Réunion et la Guyane (sans parler des autre territoires et collectivités d'outre-mer) bénéficient des effets positifs d'un rattrapage économique et social avec la France métropolitaine.

Mais ces personnes se trompent. La notion même de colonialisme continue d'être le fondement des rapports sociaux et économiques dans l'outre-mer français, même si l'incidence réelle du colonialisme s'est estompée par rapport à l'époque où ce discours fut écrit par Aimé Césaire.

L'outre-mer français, tout comme l'ensemble des anciennes colonies françaises d'Afrique (et d'Asie), a évolué au cours de ce dernier demi-siècle. Mais il y a des comportements et des rapports sociaux qui ne varient pas. Le colonialisme est toujours une notion pertinente pour dépeindre le comportement de la France et des français à l'égard du reste du monde, sur la base des fondamentaux du colonialisme tels qu'Aimé Césaire les rappelait : piraterie, accaparement des ressources minières ou naturelles, commerce ...

Et cela se retrouve même dans les principes d'octrois de l'Aide au Développement que la France, comme tous les pays développés, est tenue de consentir aux pays en développement ... et dans la manière dont le bras armé du gouvernement français en matière de développement (l'Agence française de développement) intervient dans les pays en développement et dans l'outre-mer français et dans la manière dont elle traite son personnel non recruté à Paris (qu'elle affuble du sobriquet 'personnel local', aux droits sociaux limités et aux perspectives de carrière inexistantes) ... ou dans une opération telle celle préparée par l'association 'Arche de Zoé' ... aux objectifs inconnus mais tout à fait conforme à une opinion colonialiste où l'Afrique est un ramassis de pays attardés dont il faut sauver les enfants adoptables ...

La France ne serait plus un état colonialiste ? Faux ! Les français sont toujours des colonialistes en puissance, qu'ils soient marchands, vacanciers, ou expatriés, persuadés qu'ils vont amener la lumière et la connaissance chez des peuples attardés, jaloux de leurs prérogatives, de leurs droits et de leur niveau de vie ...


Réflexion une (23 mai 2008)
Le colonialisme et l'occident


Je voudrais rendre hommage à un des livres de Aimé Césaire ... Discours sur le colonialisme ... par quelques passages de ce texte et quelques unes des réflexions que le colonialisme m'inspire ... Je répondrais ultérieurement à la question de l'actualité de cette notion de colonialisme, que certains pourraient croire dépasser ... Hommage au poète, qui vient de décéder en Martinique, et auquel les martiniquais ont rendu hommage comme s'il était leur conscience ... lui qui leur avait permis de prendre conscience de leur fierté d'être nègres ... comme me disait une amie martiniquaise.

« Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.

Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.

Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.

Le fait est que la civilisation dite européenne, la civilisation occidentale, telle que l'on façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ... »
Aimé Césaire (1955)

Ainsi commence le discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire ...


Saucratès



12/12/2010
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