Compléments sur questions sur l’histoire des premières sociétés humaines
Pourquoi toute remise en cause de l’histoire officielle, c’est-à-dire de l’histoire officiellement acceptée par les principaux archéologues reconnus, est-elle systématiquement attaquée sans répit par ceux-là mêmes que sont sensés comprendre le passé des sociétés humaines ? Parce qu’ils veulent protéger la science de tout complotisme, de toute forme d’affabulation, des fables et des théories fumeuses ?
Lorsque le site de Gobekli Tepe fut découvert et fouillé dans les années 1990, les datations découvertes furent d’abord violemment rejetées et contestées, puisqu’une telle construction mégalithique ne pouvait pas avoir été réalisée plus de 5.000 ans avant les premières constructions mégalithiques connues, à une époque où on pensait que seules des bandes de chasseurs-cueilleurs de quelques dizaines de membres pouvaient vivre misérablement.
Pour quelles raisons donc certaines découvertes archéologiques sont-elles niées ou ignorées ? Comme je l’ai indiqué précédemment, les autorités académiques reconnaissent donc désormais qu’il existe des traces d’une ancienne civilisation amérindienne remontant à avant notre ère dans le bassin amazonien de l’Equateur, dans la vallée de l’Upano. Plusieurs publications officielles rendent compte de cette découverte.
Et pourtant, à mille ou mille cinq cent kilomètres de là, toujours dans le bassin amazonien, mais au Brésil, dans la région de l’Acre, de semblables traces d’une ancienne civilisation amazonienne datant environ de la même époque ont également été trouvées par d’autres archéologues comme Alceu Ranzi, sans qu’aucun lien ne soit rappelé par la publication sur la vallée de l’Upano. Et pourtant, en 2008, cette même découverte avait également fait l’objet d’une publication dans Sciences.
https://www.loisellelab.org/wp-content/uploads/2015/08/MannAncientEarthmoversAmazon2008-1.pdf
J’en viens ainsi aux critiques virulentes adressées à une série Netflix comme «A l’aube de notre histoire» de Graham Hancock. Pseudo-science, charlatanisme, grand n’importe quoi, les violentes critiques contre cette série documentaire me semblent sans concession. Pourquoi Netflix diffuse-t-elle un grand n’importe quoi ?… alors qu’il y a certainement tant de magnifiques documentaires scientifiques sérieux officiels que Netflix devrait plutôt diffuser !
Même Jean-Loic Le Quellec, auteur dont j’apprécie pourtant les ouvrages sur l’histoire des mythes de l’humanité, considère que cette série est de la rêverie et non pas de la science. Mais Jean-Loic Le Quellec applique des méthodes scientifiques basées sur des outils de la science linguistique pour étudier l’évolution des mythes en découpant chaque mythe en mythèmes (ou éléments ou variations d’un mythe). La science est tout pour lui.
Certes, nulle science réellement dans cette série documentaire sur Netflix, dans cette présentation mise bout à bout de mystères tous plus passionnant que les autres. Mais ce documentaire ne mérite pas tant de haines et de critiques acharnées puisqu’il popularise certaines découvertes archéologiques. On peut être en désaccord sur l’interprétation retenue sans un tel acharnement. Qu’est-ce que cela cache ?L’archéologie est par essence une matière de conflits et de désaccords. On a beau avoir fouillé les neuf couches de Troie depuis la fin du dix-neuvième siècle, tout le monde n’est toujours pas persuadé qu’il s’agit bien de la Troie dont parlait Homère dans l’Illiade et l’Odyssée. Ni que Troie a bien existé et que la guerre de Troie a bien eu lieu. L’existence de désaccords est donc normal en archéologie. Pourquoi donc une telle peur de ce documentaire de Graham Hancock ?
https://www.courrierinternational.com/article/netflix-a-l-aube-de-notre-histoire-faut-il-croire-ce-que-raconte-graham-hancock
Soyons clair, les théories présentées par Graham Hancock dans ce documentaire «ne sont pas toutes le fait de charlatans dont les pseudo-découvertes sont le plus souvent remises en cause et contestées». Dans la deuxième saison, il nous parle ainsi de cette civilisation antique amazonienne dans l’état brésilien de l’Acre qui a déjà été publiée en 2008 dans Sciences et à laquelle le CNRS s’intéresse également dans l’état de l’Equateur, dans la vallée de l’Upano.
https://lejournal.cnrs.fr/articles/des-cites-antiques-en-amazonie
Une telle civilisation a bien existé alors qu’aujourd’hui, l’Amazonie ne compte plus que des peuples de chasseurs-cueilleurs isolés. Et elle s’étendait vraisemblablement sur plusieurs milliers de kilomètres ou bien ces cités étaient probablement en relation les unes avec les autres, comme le prouve les routes qui s’enfoncent dans la forêt vierge citées par le CNRS.
De la même manière, toujours dans cette deuxième saison, Graham Hancock nous parle des empreintes d’humains à White Sands.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/24/des-empreintes-humaines-vieilles-de-23-000-ans-reecrivent-l-histoire-du-peuplement-de-l-amerique_6095815_1650684.html
Et dans la première saison de «À l’aube de notre histoire», il nous parle aussi du site de Gunung Padang en Indonésie, dans la province de Java occidental. Même si dans cette saison une, ils ne parlent pas d’une date aussi ancienne que 25.000 ans. Ce qu’il décrit dans cet épisode me semble en tout cas aujourd’hui avoir mérité une publication, même si ce n’est pas dans une publication archéologique officielle et prestigieuse.
Au fond, l’archéologie n’accepte pas d’être médiatisée ; il est ainsi tellement plus simple de ne se parler qu’entre sachants. Ainsi le CNRS peut ignorer doctement les travaux d’Alceu Ranzi et le reste de la profession des archéologues le traiter de charlatan. Ce qui déplaît probablement dans le documentaire de Graham Hancock, ce qui le rend passible d’un acharnement de toute la profession et des médias affidés, c’est potentiellement qu’il donne la parole à des gens que la profession officielle et reconnue ignore et exclut. Comment ose-t-il leur donner la parole, donner un écho à des personnes rejetées par l’honorable profession et leurs doctes représentants ?
Conclusion : un documentaire à voir de toute urgence : «A l’aube de notre histoire».
Saucratès
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