Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Où je me replonge dans des articles de presse datant de 2004

Saint-Denis de La Réunion, samedi 24 août 2019

 

Il est parfois amusant, surprenant, drolatique, de se replonger dans des articles de presse datant de dix ou quinze ans. Hier soir, je tombais sur des articles de pages du Journal Le Monde datant du 26 juin 2004. On y lisait d'abord que M. Jean-Pierre Raffarin contredisait son ministre de l'écologie, M. Serge Lepeltier, qui avait annoncé quelques jours auparavant la mise en place d'un système de bonus-malus à l'achat de voitures neuves. Il indique que «cette mesure qui vise à pénaliser les vehicules les plus polluants n'engage pas le gouvernement, et (que) le dossier n'est qu'à l'étude.» (Le Monde du samedi 26 juin 2004, page 10).

 

C'est amusant parce que cette mesure aujourd'hui semble très ancienne. On n'imagine plus  que cette mesure puisse n'avoir qu'un peu plus d'une dizaine d'années, et qu'elle ait pu être à l'origine d'une bronca des députés de la majorité UMP de l'époque.

 

Il y a un deuxième enseignement surprenant à observer qui concerne la façon de se comporter de la majorité au pouvoir. On lit dans cet article que :

 

«Lors de la réunion hebdomadaire du bureau du groupe UMP de l'Assemblée nationale, le député de Paris Pierre Lelouche, appuyé par l'ensemble du bureau, ne décolère pas. La charge porte sur la forme. Les députés du Parti Chiraquien sont ulcérés d'avoir découvert les mesures de M. Lepeltier à la télévision, dans les médias. M. Lelouche relève que l'initiative de M. Lepeltier n'a donné lieu à aucune discussion préalable à l'UMP, alors qu'il existe un groupe de travail santé-environnement au sein du groupe de l'Assemblée nationale. Les députés sont d'autant plus courroucés qu'ils pensaient que leur souhait de ne plus être mis devant le fait accompli et de devoir se contenter d'assurer l'après-vente des mesures gouvernementales avait été entendu par M. Raffarin.» (Le Monde du 26 juin 2004, page 10).

 

À l'heure actuelle où le groupe de parlementaires de La République en Marche semble complètement muet, qu'on a l'impression qu'ils découvrent comme tout le monde les annonces gouvernementales dans la presse, dans les discours de M. Macron, que les députés que Macron a fait élire n'ont aucune stature, qu'il n'y en a pas un seul qui dépasse de la ligne, on rêve en découvrant qu'en d'autres temps, à d'autres époques, les députés d'une majorité gouvernementale n'étaient pas uniquement présents pour jouer les girouettes et encenser et applaudir le président de La République et son gouvernement. 

 

Aujourd'hui, ils ne sont même plus capables d'assurer le service après-vente des mesures gouvernementales tellement ils ont peur de leurs administrés, de leurs électeurs. Et on peut mieux comprendre du coup les mises à sac et les attaques de leur permanence parlementaire. Les électeurs n'ont pas véritablement d'élus présents à l'Assemblée nationale. Ils ne font plus les lois. Ils sont juste là pour voter comme on leur demande de voter, non pas au nom de leurs électeurs, mais juste au nom d'un homme. Il ne sert à rien de condamner la violence inadmissible et exceptionnelle dont les députés de La République en Marche sont victimes, qui porterait atteinte au bon fonctionnement de la démocratie. C'est le comportement même de ces élus impotents, incapables, qui est un danger pour la démocratie ! Là est le danger.

 

Le deuxième article de cette page qui m'a fait sourire parlait de M. Ernest-Antoine Seilliere, alors président du MEDEF, qui s'exprimait au sujet du projet de charte de l'environnement, et de l'inscription du principe de précaution dans la Constitution. «Affirmant s'exprimer au nom de ses quelques 700.000 adhérents, le patron des patrons a d'abord tenu à écarter l'idée que le MEDEF chercherait uniquement à préserver un hypothétique droit à polluer.» Amusant de se rappeler l'existence de ce personnage qui a représenté l'archétype du patron des patrons, des employeurs hautains, qui a représenté le summum de la lutte des patrons contre la Gauche et contre l'existence des trente-cinq heures !

 

un dernier article a attiré mon attention sur cette page. Ca a même été le premier article qui a attiré mon regard. Cet article traitait de M. Claude Bartolone et de M. François Hollande. Le Journal Le Monde citait M. Claude Bartolone :

 

«François Hollande a changé de statut. Il est désormais le premier secrétaire de la première force politique du pays. Il bénéficie de son travail patient accompli pour faire travailler ensemble tous les socialistes.» Toutefois, «Hollande pâtit du handicap de n'avoir jamais été membre d'un gouvernement».

 

«Le choix du candidat PS à l'election présidentielle de 2007 se fera dans un contexte de crise, à un moment où il sera plus aisé de voir qui a l'étoffe d'un homme d'état, qui sera le mieux à même de représenter les socialistes et toute la gauche pour les mener à la victoire.»

 

Quinze ans apres cela, ou plutôt treize plus tard, après les cinq années de la présidence ratée de M. François Hollande, le Parti socialiste n'est plus que l'ombre de lui-même, moribond, tombé à peine à un peu plus de 6% des suffrages lors de la présidentielle de 2017 et lors des élections européennes de 2019. Le contraste entre ces deux époques, séparées par à peine quinze ans, me semble à peine croyable, envisageable. Comment le parti politique qui depuis les années 1970-1980 occupait les premières places en France a pu tomber aussi profondement et aussi dramatiquement bas. Cinq années pendant lesquelles, sous l'impulsion de M. Francois Hollande, mais également de nombreux autres socialistes, dont certains sont aujourd'hui partis poursuivre leur carrière politique en Espagne, en Catalogne, le Parti socialiste a mis en œuvre une politique pas très différente de celle de son prédécesseur Nicolas Sarkozy ou de son successeur (et élève) Emmanuel Macron. 

 

En 1981, en 1988, en 1997, le Parti socialiste a mis en œuvre une politique économique et sociale de gauche, axée autour des salariés, des syndicats, de l'économique. Nationalisation en 1981, accroissement du rôle des salariés et des IRP dans les entreprises en 1981 puis en 1988, mise en place des trente-cinq heures en 1997. Mais également des mesures sociales pour combattre l'exclusion et la relegation sociale : RMI à partir de 1988, CMU, CMU complémentaire et emplois-jeunes à partir de 1997-1999 ; tout ceci correspondait à des politiques d'inspiration socialiste, ouvrière. 2012 et les années suivantes furent des erreurs : La Défense d'intérêts particuliers avec le mariage pour tous, la mise en œuvre d'une politique ouvertement favorable aux entreprise, pro-MEDEF avec le CICE, la loi Travail ... etc ...

 

Extraordinaire de se rappeler tout le chemin parcouru, ou plutôt tout le précipice parcouru en une petite quinzaine d'années.

 

 

Saucratès



24/08/2019
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