Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Le Monde et la manipulation - 1

Ce titre est évidemment trompeur. Le Monde n’est pas plus coupable de manipuler l’opinion de ses lecteurs que les autres médias quelque soit leur nationalité, qu’ils soient français ou occidentaux. Ou non occidentaux. Mais au moins, les médias des états non occidentaux ne cherchent pas à s’afficher comme des parangons de vertu ; ils s’assument d’être la voix de leurs maîtres, de servir des intérêts, de manipuler leurs lecteurs. À la différence du Monde.

 
Mon premier point concernera évidemment le réchauffement climatique. Peut-on dire comme l’évoque cet article que la désinformation climatique prospère dans une partie des médias audiovisuels français ? 

« Ces associations ont recensé et analysé 128 cas de désinformation climatique au cours du premier trimestre 2025, soit une dizaine par semaine, en passant au crible les programmes d’information des dix-huit principales chaînes de télévision et de radio, à l’aide d’une intelligence artificielle. Il s’agit d’affirmations non étayées, scientifiquement contredites, manipulatrices par omission ou fondées sur des théories invalidées, précise le rapport. »

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/04/10/la-desinformation-climatique-prospere-dans-une-partie-des-medias-audiovisuels-francais_6593627_3244.html

 
Une telle affirmation me pose problème, même si je n’ai évidemment aucune idée des faits évoqués. Inversement, à mon sens, des affirmations gratuites de causalité entre catastrophes naturelles et réchauffement climatique sont systématiquement effectuées par les médias que j’écoute alors que le lien réel ou la réalité de ces affirmations est totalement péremptoire, non certaine, tout juste probable. Des étés plus chauds, des hivers plus froids, des hivers plus doux, rien de tout cela n’est forcément en lien avec le réchauffement climatique. Évidemment, le réchauffement climatique prévoit ces événements. Mais comme la théorie scientifique sur ce point prévoit toute chose et son contraire, ils auront forcément toujours raison. Plus de pluie dans certains endroits, plus d’inondations, plus de d’épisodes de sécheresse dans d’autres, des hivers plus chauds, des hivers plus froids, comment veut-on contredire de telles théories lorsque, quoiqu’il se passe, la théorie l’aura prévue ?

 
Prenons un exemple qui nous touche directement : les cyclones. Est-il normal de faire un lien de causalité avec le réchauffement climatique pour le cyclone Chido à Mayotte ou bien le cyclone Garance à la Réunion, le pire cyclone que certains disent n’avoir jamais connu ? La théorie du réchauffement climatique prévoit des cyclones plus puissants et plus dévastateurs.

 
Mais une telle explication élimine totalement l’idée de variabilité des systèmes météorologiques. La variabilité des mesures et des classements n’aide pas. J’ai souvenir que le pire cyclone que j’ai connu était le cyclone Dyna en 2002, avec un niveau de pression atmosphérique de 910 hectopascals lors de son passage au plus près de nos côtés et des vents en rafale de plus de 300 kilomètres heure. Mais depuis 2002, les classements des cyclones ont changé. Et Dyna a été rétrogradé. Les pires cyclones historiques remontent bien avant l’existence du phénomène de réchauffement climatique. Je ne parle évidemment pas de Dyna en 2002 mais des cyclones dévastateurs de 1948 et de 1932. Et il y en eut aussi dans un passé plus ancien de l’île de la Reunion, avec certains qui s’accompagnèrent de raz de marée qui détruisirent une partie du tracé de chemin de fer du côté de Sainte Suzanne. Puisque le réchauffement climatique ne peut être invoqué pour les cyclones historiques de 1932 et de 1948, comment les expliquer ? Le réchauffement climatique était déjà à l’œuvre, nous expliqueront vraisemblablement doctement les spécialistes et les écologistes. 
 
Au fond, la doctrine du réchauffement climatique n’est qu’une religion obligatoire pour les médias. Comme dans une religion comme le christianisme, quoiqu’il se passe, c’est la preuve de l’existence de Dieu. Quoiqu’il arrive !

 
Et si on se range sagement derrière l’idée que ces phénomènes météorologiques sont soumis à une variabilité qui expliquerait certains phénomènes extrêmes du passé, il faudrait alors nous expliquer pourquoi la variabilité des phénomènes climatiques explique le passé mais n’explique plus le présent. À une autre échelle, on a plus de connaissance historique de la météo concernant l’Europe occidentale et le Maghreb. Ces régions ont connu vers l’époque romaine un optimum climatique, tout comme plus tard vers l’an mille. Inversement, les périodes du petit âge glaciaire sont documentées pour l’Europe vers 1789. Mais c’est également le cas pour la période de la première guerre mondiale. Comment expliquer autant de variabilité climatique pour le passé et être en même temps aussi affirmatif pour les explications du temps présent en récusant toute explication qui ne reposerait pas mordicus sur le dogme religieux du réchauffement climatique ?

 
Au fond, interdire toute autre explication, tout autre argument médiatique sur les événements climatiques ne va pas terrifier et embrigader les foules terrifiées comme le pense les imams du réchauffement climatique. Si les médias ne se font plus l’écho d’une autre explication possible, si docilement ils ne donnent plus la parole à d’autres hypothèses, la masse des citoyens cherchera des explications ailleurs, se défiant de la parole médiatique ou gouvernementale pour laisser se répandre des rumeurs de musellement de la presse et des médias, comme autrefois, lorsque les médias n’existaient pas, quand la télévision n’existait pas. La rumeur servira à répandre les autres explications non officielles.

 
Aussi, faire état que les médias sont replis «d’affirmations non étayées, scientifiquement contredites, manipulatrices par omission ou fondées sur des théories invalidées» me pose problème. Alors que les médias sont à la merci des condamnations ou des mises en garde des autorités comme l’ARCOM comme le prouve la condamnation de Sud Radio de juin 2024 pour des propos climatosceptiques. J’ai plus l’impression que c’est l’inverse qui soit vrai ; l’absence d’interrogations ou de mise en perspective des oukazes des imams du réchauffement climatique.

 

https://www.liberation.fr/environnement/climat/larcom-met-en-garde-sud-radio-pour-des-propos-climatosceptiques-une-premiere-20240626_2UV2TPHY6VAHHILI4ENJC43HYU/

 
Oui pour ma part, je crois évidemment en une responsabilité humaine dans un réchauffement climatique d’ensemble. Mais je ne crois pas que ce réchauffement climatique explique tous les événements climatiques désastreux, et certains d’entre eux ne sont d’ailleurs pas forcement problématique comme par exemple le retour d’un Sahara humide si ce n’est vert.

 
Ces désastres s’expliquent plutôt par la stupidité et l’imprévoyance humaine, ainsi que par la croissance de la population et l’avidité et la cupidité des promoteurs immobiliers et des habitants qui ne respectent pas la sagesse et la prévoyance de ceux qui nous ont précédés. C’est pour cette raison que des maisons ou des villages sont emportés ou submergés par les flots, les rivières ou les torrents parce qu’on ne peut impunément ignorer dame Nature ou croire que l’on peut la canaliser. La hausse des conséquences des catastrophes climatiques ne s’explique que par l’incurie des hommes. 
 
Un deuxième exemple de manipulation médiatique peut être trouvé dans cet autre article du Monde sur le gouvernement Trump. Qu’est-ce qu’un récit mensonger de l’histoire sachant que toute histoire est une construction, une réécriture de la réalité ? 

 

https://www.lemonde.fr/videos/video/2025/04/20/guerre-culturelle-comment-trump-essaye-d-imposer-un-recit-mensonger-de-l-histoire_6598187_1669088.html 

 

Cet article veut nous faire croire qu’il existe une bonne histoire, l’histoire dont Le Monde, dont les médias autorisés seraient les gardiens vigilants, et une mauvaise histoire qui serait mensongère, parce que réécrite par Trump et ses acolytes. Parce que premièrement, Trump n’est pas seul. Il ne s’est pas cloné pour appliquer sa politique partout. L’administration Trump, c’est une moitié du peuple américain, qui a un degré ou un autre, se reconnaît dans sa politique. Le Monde donne uniquement la parole à ceux qui le combattent, et regroupé sous l’appellation Trump tous ceux qui sont de son avis. Mais il s’agit bien d’une manipulation de l’opinion française, de son lectorat, probablement parce qu’une majoeité du lectorat du Monde se reconnaît dans cette détestation de Trump et de sa politique. 

 
C’est effectivement une guerre culturelle entre les idéaux du Monde et ceux de l’administration Trump. Une guerre dans laquelle Le Monde veut nous faire croire qu’il existe des gens qui sont autorisés à interpréter et à interroger l’histoire, les journalistes du Monde entre autres, et qui veillent à sa sauvegarde, et d’un autre côté, ceux qui n’ont pas ce droit, le gouvernement Trump, les complotistes, les populistes, etc… 

 

Il n’existe pas une version mensongère de l’histoire puisque toute histoire est une construction subjective. Il existe des groupes de pression identitaires, féministes, extrémistes, idéologiques qui cherchent perpétuellement à modifier l’histoire et son enseignement afin qu’elle respecte leurs idées. Trump a simplement les mêmes droits que les autres à vouloir imposer sa vision et celle de son camp, et plus de pouvoir que quiconque pour y parvenir. De mon côté, je salue son geste car rien ne m’énerve  plus que ces abrutis qui veulent faire condamner un homme illustre et abattre des statues pour des positions ou des actes remontant à plusieurs siècles.

 

 
Saucratès 

 

 

Articles précédents sur le même thème :

https://saucrates.blog4ever.com/pensees-rapides-sur-la-manipulation-mediatique


21/04/2025
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Regard pessimiste sur l’état des finances publiques françaises

Quel est l’état de l’économie française ? Question compliquée s’il s’en faut. La lecture d’un éditorial de Marc Touati dans le média Capital en donne une certaine idée. En un mot, la situation de l’économie française est catastrophique.

 

https://actu.capital.fr/economie-politique/la-france-seffondre-bienvenue-dans-lhorreur-economique-1506919

 

M. Marc Touati est à mon sens un ultra-libéral pur et dur, économiste, président du cabinet ACDEFI, conseiller économique d'eToro. Le cabinet ACDEFI («Aux commandes de l’économie et de la finance») est un cabinet de conseil économique et financier indépendant que Marc Touati a créé en 2007. Avant 2007, Marc Touati était le directeur de la recherche économique financière du groupe des Banques Populaires et de Natixis. 

 
L’analyse de la situation catastrophique de l’économie française par M. Marc Touati est-elle excessive ? Dans un sens, cette analyse est exagérée pour l’instant. Certes, le déficit public est inquiétant, se positionnant depuis plusieurs années autour de -6% du PIB. Le niveau de la dette française à près de 130% du PIB est tout autant problématique, surtout dans un climat de renchérissement des taux d’intérêt de la dette publique. 

Mais le couplet sur les comparaisons internationales pose problème. Il y a peu, une dizaine de pays européens faisaient l’objet d’une procédure pour déficit excessif, et là, M. Touati nous indique que seule la France est désormais poursuivie. Pourquoi pas. Mais ce sont les comparaisons en terme d’écarts de taux (encore appelés spreads de taux) avec la Grèce ou avec l’Allemagne qui interroge. Le spread de taux avec la date allemande a toujours dépassé un demi-point de taux. À ce jour, un spread de taux de 0,8 à 0,9 point avec l’Allemagne est donc à peine plus important que son niveau historique moyen. Certes, ce spread de taux à tendance à progresser légèrement, mais son évolution n’est pas aussi cataclysmique que M. Touati voudrait nous le faire croire. 

 

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On découvre ainsi que la situation a été bien pire en 2012-2013 ainsi qu’en 2007. La comparaison qu’il effectue avec la Grèce ou le Portugal est tout aussi problématique. Il fait comme si la Grèce ou le Portugal étaient toujours dans une situation aussi catastrophique qu’en 2012-2013 lorsqu’ils ne trouvaient plus à emprunter qu’à des taux dépassant 20%. Si le spread de taux de la France s’approche voire dépasse le spread de taux de la Grèce ou du Portugal, c’est d’abord le signe d’une bonne santé des économies grecque ou portugaise plus qu’un mauvais indicateur pour la France !

 

Il n’en demeure pas moins que l’impasse politique française pose problème. Ce n’est pas tant l’impopularité des uns ou des autres qui pose problème ; M. Macron demeure la moins pire possibilité de l’équation politique française, pour l’instant. S’il pouvait se représenter en 2027, il aurait des chances de pouvoir être réélu face aux extrêmes lui faisant face.

 

Non, le souci de la France est l’impasse politique actuelle. Le parlement est partagé entre trois camps inconciliables. La seule solution actuelle est l’immobilisme et cette situation est catastrophique avec une situation économique atone et un déficit s’élevant déjà à 6% du PIB. Un des trois camps, à gauche, veut mordicus des dépenses publiques croissantes et une hausse des prélèvements publics. Ce camp souhaite aussi un âge de départ à la retraite ramené à 62 ou à 60 ans. Les deux autres camps souhaitent des coupes dans les dépenses publiques et une baisse des prélèvements publics, mais ils sont incapables de se mettre d’accord.  Et un des deux camps veut rétablir la retraite à 60 ans lorsque l’autre camp veut encore augmenter l’âge de départ à la retraite au-delà de 64 ans. 
 
En somme des positions inconciliables qui interdisent toute prise de décisions pouvant nous tirer du précipice. Parce qu’au bout de quelques années avec un tel niveau de déficits publics, on va effectivement avoir de sérieux problèmes de légitimité et de crédibilité sur les marchés financiers. Très probablement lors d’une prochaine alternance politique si cette alternance politique fait arriver au pouvoir l’un des deux extrêmes aux responsabilités.

 
Il n’y a d’ailleurs que très peu de solutions envisageables pour se sortir de la situation de déficit public actuel. Si la situation économique s’améliorait au cours des prochaines années, on pourrait résorber ce niveau de déficit public en bloquant les dépenses publiques sans trop de casse sociale, et la hausse des recettes permettrait de réduire le niveau de déficit. Mais cette solution semble bien hasardeuse. L’inverse semble bien plus probable dans l’état actuel des tensions commerciales internationales. 

Il va ainsi bien falloir baisser les dépenses publiques. Mais là aussi, les positions des camps en place divergent sur les dépenses publiques que l’on doit réduire. Les libéraux voudraient s’attaquer aux fonctionnaires, au poids des administrations et aux dépenses bénéficiant aux ménages, et ne surtout pas toucher aux nombreuses aides bénéficiant aux entreprises, comme notamment les milliards affectés au CICE. Pour préserver une supposée compétitivité des entreprises françaises même si on devine que le CICE ou son remplaçant sert avant tout aux dirigeants et aux actionnaires à se verser des confortables dividendes.

 

Le seul espoir de la France serait aujourd’hui la victoire d’un des trois camps en place. Au moins ce camp-là pourrait mettre en œuvre son programme, si tenter que ce programme puisse aider à rétablir la situation ! Après tout, M. Macron eut les pleins pouvoirs de 2017 à 2024 et on voit bien l’absence de résultats qui en a résulté. Tout comme sous les socialistes entre 2012 à 2017.
 
Il en irait d’ailleurs tout autant en cas de victoire électorale d’un deux camps des extrêmes. Par ailleurs, une majorité électorale aurait toutes les chances d’exploser devant les difficultés qui s’accumuleraient et les sacrifices à consentir. Avec une fraude d’une partie de la majorité comme cela a pu être observé entre 2012 et 2022.

 
En un mot, suis-je pessimiste sur les possibilités de la France de redresser ses finances publiques ? Pessimiste ou sans aucun espoir ? Merci de vos analyses personnelles, mes chers lecteurs et lectrices. À vous de m’éclairer.

 

 
Saucratès


17/04/2025
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Une Histoire de l’Afrique

Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy de 2007, image du regard européen sur l’histoire africaine ?

 

Quelle est l’histoire de l’Afrique ? L’Afrique a-t-elle eu une histoire ? L’Afrique a-t-elle eu des civilisations extraordinaires qui ont marqué les mémoires de ces habitants, qui ont marqué l’histoire de leur empreinte ?

 

Il est trop souvent raconté que l’Afrique n’a pas eu d’histoire, que l’Afrique n’a pas eu de grandes civilisations. C’est évidemment totalement faux. Et dans cet ordre des choses, le discours de Dakar du président de la République française Nicolas Sarkozy est une abomination ou plutôt relève d’une stupidité abyssale. Pour ceux qui l’ont oublié, voici la partie du discours du président Nicolas Sarkozy incriminé :

 

«Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.»

 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2007/11/09/le-discours-de-dakar_976786_3212.html

 

Le reste du discours de Nicolas Sarkozy pouvait être à peu près acceptable ; le drame de Nicolas Sarkozy, le drame de ce discours, c’est ce passage. La rencontre de la petite et de la grande histoire. Le paysan africain tout comme le paysan européen ont toujours vécu au fil des saisons et vivent probablement encore aujourd’hui, probablement même dans les fermes industrielles, au fil des saisons. L’harmonie avec la nature et l’éternel recommencement des tâches, c’est le propre de la vie agricole, de la vie à la campagne, et cela correspond tout autant au paysan africain qu’au paysan européen ou au paysan chinois. Il s’agit même désormais de l’idéal de tout citadin voulant revenir vivre à la campagne en communion avec la nature.

 
L’idée de ne pas être suffisamment rentré dans l’histoire énoncée par Nicolas Sarkozy a probablement trait à la faible présence de traces de grandes civilisations en Afrique. De l’absence de murs ou de constructions cyclopéennes probablement, à l’exception de la civilisation égyptienne. Mais le plus humoristique dans cette vision européenne de l’histoire africaine, c’est que la mémoire de la grande civilisation grecque, fondement de la culture européenne, et des écrits de ces grands philosophes et penseurs, n’est pas un héritage européen. L’Europe doit d’avoir retrouvé cette mémoire et cette connaissance à la civilisation islamique et à ses penseurs arabes et africains le plus souvent. 
 
Les autres traces ou constructions cyclopéennes européennes ne sont d’ailleurs pas considérées comme des traces de civilisations. Les mégalithes celtes, les tumulus, les menhirs dressés ou couchés, le site de Göbekli Tepe, ne constituent probablement pas, aux yeux de Nicolas Sarkozy comme aux yeux de tous ceux qui pensent comme lui, de traces de grandes civilisations ayant marqué l’histoire. Au fond, à leurs yeux, seules la Grèce antique et Rome ont marqué l’histoire, et sans la civilisation musulmane, sans l’Arabie, sans l’Afrique, sa signification réelle et la connaissance de son écriture et de son histoire aurait disparu. Seuls des ruines de châteaux-forts, des hautes murailles encerclant des villes et des citadelles représentent la civilisation. Le reste n’est rien à leurs yeux.
 
Ainsi, au fond, qu’est-ce que l’histoire européenne ? Quelques grandes constructions datant du sixieme et du cinquième siècle avant notre ère, il y a 2.500 à 2.600 ans, et qui a perduré quelques siècles ? L’histoire de l’Europe se serait-elle éteinte après le milieu du sixième siècle après notre ère, avant cette période obscure dont ne subsiste que des châteaux forts et des murailles ? L’histoire construite par l’Europe, c’est une histoire officielle construite par des gouvernements successifs depuis le dix-huitième ou le dix-neuvième siècle, dans un but d’abord scolaire et patriotique. Si l’Afrique n’a pu le construire, c’est d’abord à cause de ceux qui l’ont colonisé et qui ont cherché à détruire le souvenir de leur passé. De la même manière que les européens ont détruit la mémoire et le souvenir des peuples américains, mayas, incas, aztèques …

 

Pour échapper à cette vision restrictive sur l’histoire africaine, il serait bon de rappeler la véritable histoire africaine, pour ce que l’on en connaît. Mes sources se baseront sur les huit volumes de l’Histoire générale de l’Afrique, publié par le Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l'Afrique, sous l’égide de l’UNESCO.

 

«L’Histoire générale de l’Afrique (HGA) est un projet en deux temps entrepris dès 1964 et qui se poursuit aujourd’hui. Durant sa treizième session, la Conférence générale de l’UNESCO a appelé l’institution à entreprendre cette initiative à la suite du vif besoin ressenti par les États membres africains récemment indépendants de reconquérir leur identité culturelle, de remédier à l’ignorance généralisée sur le passé du continent africain et enfin de se libérer de la lecture coloniale de leur histoire.» Source Wikipédia 

 

Une approche de l’histoire africaine, afin que l’on cesse de dire de l’Afrique qu’elle n’eut pas d’histoire avant sa colonisation par l’Europe

Il faut lire ce post sur l’histoire africaine de cette manière, comme une tentative de contredire, de prendre le contrepied de tous ceux qui disent, pensent et écrivent que l’histoire africaine est en jachère, que l’Afrique n’a pas eu d’histoire. Bien sûr, on peut rappeler que l’Europe n’eut guère plus d’histoire que l’Afrique et le reste du monde, si on excepte la permanence des grandes civilisations chinoises, indiennes et japonaises. De toutes ces cultures, seule la civilisation japonaise et dans une moindre mesure la civilisation chinoise, échappèrent à la colonisation européenne. Le reste du monde fut conquis et leur population parfois totalement remplacée par la population descendante des européens (Australie, Amérique, Océan Indien…).

 

L’histoire européenne est inséparable des temps obscurs, médiévaux où la barbarie semble régner en maître. L’histoire de l’Europe se perd elle-aussi dans une brume historique où émergent ici et là quelques dates et événements probablement reconstruits. Elle n’est pas différente de l’histoire africaine à cette différence près que des états africains ne surent pas reconstruire cette histoire nationale autour du dix-neuvième siècle puisqu’ils n’existaient plus, colonisés qu’ils étaient. 
 

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1. La Nubie, l’Egypte et l’Ethiopie

Evidemment, nul historien ne nie l’importance de l’Egypte pharaonique dans l’histoire du monde, avec les traces gigantesques des tombeaux de ses pharaons, où les merveilles de la ville d’Alexandrie comme son phare ou sa bibliothèque qui ont malheureusement disparu. On parle moins de la Nubie, autre versant de la culture monumentale égyptienne, de cette Nubie qui conquit l’Egypte et qui gouverna pendant plus d’un siècle l’Égypte et qui donna naissance à une dynastie de pharaons nubiens. La civilisation nubienne apparut dès -3100 avant notre ère et se perpétua jusqu’à notre ère avec l’empire de Koush puis le royaume de Méroé. 
 
A partir des premiers siècles de notre ère, le royaume nubien de Méroé s’effondre mais son histoire rejoint alors l’histoire du royaume chrétien d’Axoum en Éthiopie, dont l’histoire s’étend du premier siècle jusqu’au septième siècle. Mais l’effondrement du royaume d’Axoum ne signifie pas la fin d’un royaume chrétien en Afrique noire puisque le royaume d’Ethiopie des Salomonites lui succéderont jusqu’à notre époque. 

2. Carthage puis Rome

Carthage est fondée en -814 avant notre ère. Il s’agit d’abord d’un comptoir phénicien, à l’égal de Cadix ou d’Utique. Elle devient autonome à partir du quatrième siècle avant notre ère. D’abord en conflit avec les cités grecques de Sparte et de Syracuse, Carthage deviendra l’ennemi de Rome au cours des guerres puniques. Elle sera rasée et son site sera déclaré maudit aux alentours de -146 avant notre ère. Principal adversaire de Rome et de la Grèce, ces deux cultures feront tout leur possible pour éliminer toute trace de Carthage et la présenteront de la pire manière. 

Le Maghreb sera par la suite conquis par l’empire romain ainsi que l’intérieur des terres, où les romains construiront aqueducs, théâtres et thermes, et municipalités. Cette occupation durera quatre ou cinq siècles, soit autant de temps qu’en Gaule romaine. En 429 de notre ère, les Vandales, peuple germanique, installés en Espagne, traversent le détroit de Gibraltar et conquièrent les provinces romaines du Constantinois, de Carthage, puis des îles de Méditerranée occidentale. À partir de +533, l’empire byzantin éliminera en trois mois l’autorité vandale, puis rétablira les structures administratives romaines, au prix d’une insécurité chronique et de schismes dogmatiques religieux. L’occupation byzantine de l’Afrique romaine tiendra un siècle et demi, avant la conquête musulmane.

 
3. Les masques de la culture Nok

La culture Nok est essentiellement connue pour ses gigantesques masques en terre cuite retrouvés au cours de fouilles. Cette culture apparaît dans le centre du Nigéria vers -1500 ans avant notre ère et disparaît juste avant notre ère. Elle decouvre la céramique dès -1500 et entre dans l’âge du fer à partir de -1000 ou -800 avant notre ère. Elle constitue la première culture agricole sur les marges de la forêt vierge de l'Ouest africain. Cette culture n’a pas laissé de grandes constructions urbaines, semblant vivre en petits villages familiaux. 

 

4. Les ruines du Grand Zimbabwé

Le Grand Zimbabwe fut bâti au cours d'une période se situant entre le onzième et le quinzième siècle de notre ère, par le peuple bantou ou shona, capitale d’un royaume s’étendant sur le Zimbabwé actuel et le Mozambique. Lorsque les portugais le visitent les premiers, au seizième siècle, le Grand Zimbabwé n’est déjà plus que ruines. Ruines de murailles et de tours de pierre inscrites aujourd’hui au patrimoine mondial de l’humanité. 

Le terme Zimbabwé serait notamment la contraction de «dzimba dza mabwe» qui signifie «grandes demeures de pierre» en langue Shona. À noter que les européens chercheront d’abord à prouver que ces ruines ne peuvaient être d’origine africaine mais que ces ruines provenaient forcément de peuples du pourtour européen, phéniciens ou juifs.

 

5. L’empire des Almoravides

Si un peuple africain a marqué l’histoire de l’Europe, c’est bien l’empire des Almoravides (de l’Arabe ‘al-morabitoun’), né de tribus berbères sahariennes qui nomadisaient entre le sud du Maroc et le fleuve Sénégal. Partis du Sénégal et de la Mauritanie, ils conquirent la plus grande partie du Maghreb à partir de 1040 jusqu’en Andalousie en Espagne. L’empire des Almoravides s’effondrera en 1144 remplacé par celui des Almohades, qui s’effondrera lui-aussi à son tour au treizième siècle.
 
Accessoirement, la carte affichée au début de cet article ne mentionne aucun de ces deux empires qui représentent pourtant la conquête par des peuples berbères du Maghreb et d’une partie de l’Espagne. L’empire des Almoravides est surtout un souvenir encore présent en Afrique occidentale, et notamment à Dakar. Mon enfance scolaire y a notamment été rythmé par le récit de leurs prouesses guerrières et de leurs guerriers et dirigeants. 

 
6. Les empires du Mali, Songhaï et du Ghana

L’empire du Ghana a existé entre le troisième et le treizième siècle de notre ère. Il s’effondrera à partir du onzième siècle, d’abord envahi par les Almoravides, et finalement par l’empire du Mali. L’empire du Ghana comme celui du Mali auront pour capitale Ouagadougou puis Tombouctou. En 1324, l’empereur du Mali, Mansa Moussa, fera un pèlerinage fastueux jusqu’à La Mecque, soit un périple de près de 6400 kilomètres pendant deux ans, pendant lequel il distribuera plus d’une dizaine de tonnes d’or, dont l’histoire se rappelle encore. À son retour, il fera notamment construire la grande mosquée de Djingareyber à Tombouctou. Mais il s’agit de constructions en terre, nécessitant un entretien et un ravalement permanent, plus fragiles que des constructions en pierres cyclopéennes. 

 
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/afrique-mémoires-d-un-continent/20240830-en-1324-le-fastueux-pèlerinage-à-la-mecque-de-mansa-moussa

 

  

Saucratès


14/04/2025
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Réflexions politiques 1

J’aime opposer l’illibéralisme de Trump, Vance et Musk à l’idéologie Woke du Monde et de leurs homologues démocrates occidentaux.

 

Selon moi, Le Monde avait parfaitement dépeint le débat en cours actuellement entre l'illibéralisme et les valeurs libérales et progressives dans un article du 24 février dernier : 

 
«On peut le résumer ainsi : la souveraineté de l’Etat-nation est primordiale et ne peut être limitée par des lois ou des institutions supranationales ; la société ne peut fonctionner sans autorité morale, et cette autorité peut conduire à des formes d’autoritarisme à l’encontre des institutions démocratiques si celles-ci sont jugées dysfonctionnelles ou capturées par les élites woke ; les lois doivent être faites pour la majorité, non pour les minorités ; les sociétés doivent être culturellement homogènes, les étrangers peuvent s’y intégrer en acceptant l’assimilation, mais non en demandant le multiculturalisme ; les individus ne sont pas des cartes blanches en termes d’identité, mais sont pétris d’histoire et de géographie, des marqueurs identitaires qui doivent être protégés et valorisés ; les normes culturelles en matière de famille, de sexe et de genre ne peuvent évoluer rapidement.»

 
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/24/l-illiberalisme-de-j-d-vance-ne-se-contente-pas-de-critiquer-les-valeurs-liberales-et-progressives-il-avance-un-projet-politique-reel_6561493_3232.html

 
J’y indiquais que Le Monde décrivait parfaitement et tout simplement une Nation telle qu’elle devrait être, normalement nationaliste, une image d’un peuple fier d’être une Nation et d’appartenir à une Nation. Un peuple faisant Nation ne se reconnaissant pas uniquement dans sa diversité mais d’abord dans tout ce qui les rapprochent. 

 

Mais comme Bruno Bourgeon me l’a rappelé, mon analyse est trop partielle comme celle du Monde probablement.

 
https://saucrates.blog4ever.com/trump-zelensky-et-lilliberalisme#message_1936511878
 
Nous n’assistons pas seulement au combat entre deux uniques visions du monde, l’illibéralisme contre les valeurs libérales et progressives, mais à une opposition entre une multitude de visions du monde. Parce que l’illibéralisme de Trump et compagnie et les valeurs libérales et progressives de Macron et consorts sont en fait en accord sur l’essentiel du libéralisme et de l’ultra-libéralisme. Ils ne s’opposent que sur ce qui fait ou représente la Nation, le Peuple, sans qu’aucun des deux côtés n’en fasse partie.
 
Ils sont même d’accord sur les principes et les méthodes, sur l’idée que l’administration ‘coûte un pognon de dingue’, ne sert à rien. Ils ne s’opposent que sur la manière de le dire, sur la manière dont ils l’affichent : un affichage aux yeux de tous pour les illibéraux, comme pour la remise en cause de l’USAID, l’éducation ou la santé, ou de manière masquée et par la manipulation pour Macron et ses sbires, comme pour la remise en cause du CESE, des CESER ou des agences gouvernementales, ou dans les coupes budgétaires. Une même méthode, la même idéologie, mais une façon différente de l’afficher, avec une intervention différente de la presse d’état macroniste : dénonciation vigoureuse lorsque cela vient des illibéraux - aveuglement veule et complice pour les agissements des démocrates libéraux.

 
Comment donc définir les choix et les combats qui s’offrent à nous ? Et comment savoir qui défend ces diverses autres options ? Les libéraux comme les illibéraux ultra-libéraux défendent en effet une seule et même vision du monde, extractiviste, illimitiste, capitaliste ou communiste, puisque ces deux philosophies politiques se rejoignent aussi sur ce plan. La course au profit maximal, illimité, sans fin, dans une planète considérée comme infinie, aux ressources intarissables, avec une population de consommateurs et de producteurs aussi considérés comme une ressource infinie.

 
Quelles sont donc les autres options ou alternatives ? Qui les représente ? Ceux qui comme Greta Thunberg défendent la fin de la course en avant ? N’est-il pas extraordinaire que cette jeune femme ait réussi à personnaliser à elle toute seule cette option, alors qu’elle a commencé en faisant seule la grève de son école les vendredis alors qu’elle avait quinze ans, pour une durée indéterminée jusqu’à ce que la Suède respecte ses engagements pris lors des Accords de Paris ? «Fridays for futures». 
 
Peut-on se retrouver dans une écologie politique qui ne diffère en aucun cas de la posture Woke des socialistes libéraux, qui prônent l’abolition des racines chrétiennes de notre civilisation occidentale pour récupérer les voix de l’électorat de la diversité ? Des partisans d’une écologie punitive cherchant plus à exclure le peuple de France qu’à l’inclure ? S’attaquant aux pauvres des campagnes et aux classes moyennes, aux hommes dès lors qu’ils appartiennent aux classes moyennes blanches ?

 
Je rejoins effectivement l’analyse de Bruno Bourgeon mais je ne vois rien ni personne susceptible de personnaliser cet espoir, si ce n’est quelques ultra-féministes écologistes haineuses abhorrant les hommes et leurs barbecues, des jeunes militantes chevronnées galvanisées par les discours de leur égérie suédoise prônant la fin du monde. Et je me sens tout autant étranger aux quelques extrémistes écologistes ou associatifs qui croient connaitre la seule vraie réponse à tous nos problèmes. Pourquoi faut-il que tous ces personnes soient des extrémistes exaltés persuadés d’être les seuls à avoir les vraies réponses ? 
 
Au fond, les moins pires, les plus rassurants ne sont-ils pas soit les libéraux progressistes comme Macron et consorts, qui nous promettent la tranquillité, soit les illibéraux qui nous fournissent une réponse simple et un bouc émissaire commode à tous nos problèmes ?

 
Même si je rejoins partiellement Bruno Bourgeon lorsqu’il appelle de ses vœux  :

 

  • une autre démocratie plus participative et plus directe dans laquelle tous les citoyens pourraient participer et se reconnaître

 

  • un système plus juste économiquement où quelques ploutocrates ne détiendraient pas l’essentiel de la richesse et du pouvoir, contrôlant les gouvernements, les médias et les politiques publiques

 

  • un meilleur partage des richesses même si je crains qu’une telle politique prendra d’abord aux classes moyennement riches pour servir encore et toujours plus les parasites du système, ceux cherchant à vivre aux crochets de la société sans travailler, en reproduisant leurs modes de vie extérieurs (même si ceux-ci sont peut-être moins énergivores que les nôtres) …

 
Au fond, les dérives potentielles du système que Bruno Bourgeon appelle de ses vœux, celui d’un fascisme écologiste intégral pour nous protéger de l’abîme qui nous attend dans le futur, résultats de nos dérives actuelles, ne craint-il pas tout autant pour la démocratie que les réponses toutes simples et faciles des illibéraux ou que les promesses anesthésiantes des libéraux progressistes ? 

 

 
Saucratès


03/04/2025
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Le mystère de l’écriture pascuane

Le mystère de l’écriture pascuane

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, mercredi 2 avril 2025

 

L’écriture pascuane, ou écriture de l’Ile de Pâques, aussi dénommée Rongorongo, est un mystère, pour son déchiffrement tout comme pour son origine.

 

  • Date-t-elle de son peuplement par un peuple polynésien du 4e siècle apr. JC. ou bien du 11e siècle ?

 

  • Ces peuples seraient-ils arrivés sur cette île avec ce système d’écriture déjà établi comme certaines légendes de Rapa Nui le racontent ? Mais pourtant aucune autre trace d’une quelconque langue écrite n’a été trouvé ailleurs sur les autres îles polynésiennes.

 

  • Comment une île isolée de tous aurait-elle pu donner naissance à une écriture en à peine un millénaire voire moins ?

 

  • Enfin, certains ont imaginé que les habitants de Rama Nui auraient inventé cette écriture après le premier contact avec des Espagnols arrivés sur l’île en 1770. Cela suppose qu’en un siècle seulement, jusqu’aux années 1870, l’écriture aurait franchi toutes les phases, de sa naissance à sa mort. Le signe n°680 qui représente l’image d’un oiseau à deux têtes est interprété par S. Fisher comme un signe inspiré de l’aigle bicéphale de la Russie, vu sur les drapeaux d’un bateau russe au début du 19e siècle.

 

https://essentiels.bnf.fr/fr/focus/ccedf656-ee2e-4569-aaa0-596236964263-mystere-ecriture-ile-paques-1

 
Mais cette dernière hypothèse est contredite par la découverte que l’une de ces tablettes de bois utilisées a été daté en 2024 du quinzième siècle, provenant d'une espèce d'arbre non native de Rapa Nui, le Podocarpus latifolia, plutôt originaire du sud-est de l'Afrique. Cette tablette aurait ainsi inscrite sur un bois flotté porté par l’océan jusqu’à Rapa Nui.

 

Géo conclut sur une affirmation de Rafal Wieczorek, chimiste de l'université de Varsovie (Pologne) : «Je crois vraiment que le rongorongo est l'une des très rares inventions indépendantes de l'écriture dans l'histoire de l'humanité, comme l'écriture des Sumériens, des Égyptiens et des Chinois.»

 

https://www.geo.fr/histoire/ile-de-paques-revelations-sur-ecriture-encore-tres-secrete-de-ile-rongorongo-tablette-bois-glyphes-218773

 

En l’absence de la découverte d’une pierre de Rosette, de systèmes d’écritures apparentés et d’autres éléments qui pourraient servir de clé directe au déchiffrement, l’analyse statistique devient l’instrument le plus efficace. 

 

Que sait-on de l’écriture pascuane ?

Le corpus disponible comprend vingt-cinq (ou vingt-six) textes contenant à peu près 17 000 signes. La plupart des textes sont gravés sur des tablettes en bois avec une technique de boustrophédon renversé. Un des textes est gravé sur un bâton.

 

Ecriture en boustrophédon inversé : pour le lire, commencez en bas à droite et progressez vers la gauche ; en fin de ligne, tournez le texte de 180 degrés et lisez la ligne suivante, en continuant de cette façon jusqu'en haut.

 

Nota : L’écriture en Boustrophédon a concerné quelques langues antiques anciennes comme le grec et le latin avant le quatrième siècle avant notre ère. On trouve d’ailleurs quelques textes écrits en Boustrophédon inversé en latin comme le Lapis Niger. 

Les anciens textes en guèzelangue liturgique de l'Église éthiopienne orthodoxe, de l'Église érythréenne orthodoxe et de la communauté Beta Israël, étaient également écrits en boustrophédon.

 

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Selon Konstantin Pozdniakov, le répertoire des signes est très limité : 55 signes, sans compter ceux qui n’apparaissent qu’une seule fois dans le corpus. Dans la norme ISO 15924, ces signes occupent les emplacements 600 à 699, qui correspondent aux  écritures non encore déchiffrées (de classification encore inconnue, telles l’indus et le rongorongo).

 

Thomas Barthel estime de son côté que le répertoire de signes s’élève à 600 signes et est vraisemblablement limité à une cinquantaine de signes d’usage courant, ce qui ne permet pas de penser qu’un signe codifie un mot. Ce nombre limité de signes est plutôt l’indice d’une écriture syllabique. Toutefois, il faut remarquer que les caractéristiques de quelques signes ne correspondent pas aux paramètres statistiques des syllabes dans la langue rapanui. Il n’est pas exclu que ces signes indiquent des mots ou bien représentent des signes déterminatifs.

Le corpus des textes contient notamment une soixantaine de mini-textes (suites de trente à cent cinquante signes) qui se retrouvent dans plusieurs textes avec des combinaisons différentes. Chaque texte représente une mosaïque d’une quinzaine de ces mini-textes.

Selon Konstantin Pozdniakov, cette structure interdit de penser qu’il s’agit de vrais textes (par exemple des mythes, des légendes, etc.). Ce sont plus probablement des listes : des généalogies ou autres listes de noms, des unités de calendrier, des noms de figures de kaikai (figures de ficelle), etc. L’écriture de l’île de Pâques doit ainsi être classée selon lui (comme selon beaucoup d’autres) comme une écriture non encore déchiffrée. 

 

Nota : Partie de l’inventaire basique proposé par Pozdniakov

01020304050607080910141516
222527a28343841444647505253
59606162636667697071747691
9599200240280380400530660700720730901

 

Exemple de courts extraits des tablettes H, P et Q étudiées par des étudiants russes et conservées au misée de Saint-Petersbourg.

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02/04/2025
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