Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Sur le principe même de civilisation

Qu’appelle-t-on «civilisation» ? C’est bien sûr avant tout un jeu où on cherche à faire évoluer un peuple, une societe, vers un niveau plus élevé d’organisation sociale et de technologie. Mais c’est bien sûr également le processus d’évolution d’une société, d’une organisation sociale. On parle de la civilisation des Incas ou des Mayas, de la civilisation chinoise ou occidentale, de la civilisation de la Vallée de l’Indus, ou de la civilisation égyptienne ou musulmane. Au fond, on parle d’un ensemble fini de peuples, et de ces différences avec les peuples qui ont pu émerger ailleurs ou à ses côtés. Les civilisations apparaissent, écloses, se développent, puis parfois meurent, écrasées par d’autres civilisations ou d’autres envahisseurs, par des barbares. Ou bien elles peuvent parfois juste s’éteindre lentement, disparaître dans les brumes du temps. Le plus souvent, elles sont envahies et colonisées par un envahisseur ou des envahisseurs. La Grèce antique, Rome, l’Egypte, Sumer puis l’Empire perse, les Incas, les Aztèques, ont toutes été détruites par des envahisseurs barbares, pour celles que l’on connaît. Sans compter toutes celles que l’on n’a pas connues. Pour d’autres comme la Civilisation de la Vallée de l’Indus ou pour les Mayas, on ignore ce qui a pu les faire disparaître ; catastrophes naturelles, envahisseurs, maladies ? 

 
Mais si ce discours était biaisé ? Si le discours parlant de l’émergence et du développement de la civilisation était biaisé, n’était qu’une vision partisane de la réalité historique ? Si le discours de l’apparition des premiers villages d’agriculteurs, de l’invention de l’agriculture, de la découverte des premières céréales, des premières légumineuses qui sont à la base de chaque grande aire civilisationnelle dans le monde, était non pas un mensonge, mais une vision alternative d’une autre réalité ?

 

On sait qu’il existe un certain nombre d’aires civilisationelles sur la planète. Toutes les civilisations ne se sont pas construites comme la civilisation égyptienne puis occidentale essentiellement sur la culture du blé, dont on fait le pain, et de l’orge. Mais toutes les civilisations se sont construites sur l’aire de diffusion d’une ou plusieurs céréales ou de tubercules. On parle du riz et du millet pour les civilisations chinoises et japonaises. On parle du mil, du sorgho et du millet pour les diverses civilisations africaines. On parle aussi du maïs, des fèves, des haricots, du manioc et des courges pour les civilisations amérindiennes.

 
Mais qu’est-ce que la civilisation du coup ? La découverte d’une nouvelle espèce de céréale ou de légumineuse qui permet de nourrir un plus grand nombre d’habitants, de villageois vivant ensemble ? Ou bien la constitution de villages regroupant un plus grand nombre d’habitants sur un seul endroit, imposant de mettre en culture une ou des espèces de céréales ou de légumineuses dans les champs environnants, afin de les nourrir et de le permettre de se sédentariser. À moins que la civilisation ne signifie rien d’autre que l’apparition d’un État, sous l’autorité d’un chef et de ses soldats, et la nécessité de disposer d’une culture de céréales ou de légumineuses afin de les nourrir, eux et les paysans nécessaires pour les cultures.

 
C’est à peu près ce que raconte l’autre versant de l’histoire de la civilisation, cette autre histoire alternative dont je vous parlais. Une histoire où les civilisations ne sont pas des îlots de prospérité et de stabilité dans un monde sauvage.

 

Comme l’écrit James C. Scott dans «Zomia ou l’art de ne pas être gouverné», 

 

« Les tout premiers États en Chine et en Égypte - et plus tard l’Inde de Chandragupta, la Grèce classique et la Rome républicaine - étaient, démographiquement parlant, insignifiants. Ils occupaient une portion minuscule de la planète et leurs sujets n’étaient que quantité négligeable.

 

(…) Ces centres miniatures clôturés et fortifiés, sortes de petits noeuds de hiérarchie et de pouvoir, et les villages alentour qui dépendaient d’eux étaient à la fois instables et géographiquement limités.

 

(…) Mais si ces centres étatiques étaient minuscules, ils disposaient d’un avantage stratégique et militaire singulier : leur capacité à concentrer en un seul lieu la main d’œuvre et les ressources alimentaires. La clé résidait dans la riziculture irriguée sur champs permanents. Forme politique inédite, l’Etat-rizière était un regroupement de populations auparavant sans État. Certains sujets étaient sans aucun doute attirés par les opportunités qu’offraient ces centres et les perspectives qu’ils ouvraient en matière commerciale, synonymes de prospérité et d’amélioration du statut, tandis que d’autres, certainement la majorité, étaient des prisonniers et des esclaves capturés lors de guerres ou achetés à des trafiquants d’esclaves. La vaste périphérie barbare de ces petits États était une ressource vitale pour au moins deux raisons. Premièrement, elle constituait la source de centaines de marchandises et de produits forestiers importants nécessaires à la prospérité de l’Etat-rizière, et deuxièmement, elle était la source de la marchandise la plus importante en circulation : les captifs, qui formaient le fonds de roulement de tout État fonctionnant avec succès. Ce que nous savons des États classiques tels que l’Egypte, la Grèce et Rome, tout autant que des première États khmers, thaïs et birmans, suggère que la plupart de leurs sujets - esclaves, captifs et leurs descendants - étaient statutairement non libres.

 

(…) Le récit civilisationnel classique ignore cependant deux faits essentiels. Premièrement, comme nous l’avons relevé, il apparaît qu’une bonne partie sinon la majorité de la population des premiers États n’étaient pas libres ; les sujets vivaient sous la contrainte. Le second aspect, qui est le plus incompatible avec le récit civilisationnel classique, est le fait qu’il était très courant que les sujets de l’Etat s’enfuient. Vivre à l’intérieur de l’Etat était, quasiment par définition, synonyme de taxes, de conscription, de travaux forcés, et pour la plupart des sujets, de servitude ; ces conditions constituaient le cœur des atouts stratégiques et militaires de l’Etat. Lorsque ces fardeaux devenaient écrasants, les sujets fuyaient à la hâte vers la périphérie ou vers un autre État.
 
(…) Notons que cette vision de la périphérie est aux antipodes de l’histoire officielle que la plupart des civilisations entretiennent à leur sujet. Selon ce récit, une population arriérée, naïve, et peut-être barbare, est progressivement intégrée dans une société et une culture avancées, supérieures et plus prospères. » 

 

James C. Scott, «Zomia ou l’art de ne pas être gouverné», 2009, pages 32-37

 

L’histoire des civilisations peut ainsi être racontée du côté de ceux qui en habitaient les franges, la périphérie, l’histoire non pas de la civilisation et de la colonisation de la nature et de l’intégration des barbares, mais l’histoire des peuples captifs, réduits en esclavage, intégrés de force et réduits en servitude, ou qui fuyaient l’avancée des États organisés.

 
Le discours alternatif ne nous parle plus des barbares et des sauvages s’attaquant aux premiers villages d’agriculteurs devant se protéger derrière des palissades et des enceintes fortifiées pour sauver leur vie. Ce discours alternatif nous parle des enceintes construites pour empêcher les captifs de retourner vers la périphérie, vers la liberté et une vie naturelle, sans chefs ni leaders ni classe possédante. Les barbares et les sauvages ne sont plus les monstres détruisant la civilisation, mais l’histoire de ceux qui préféraient vivre libres hors des États. 

 
En creux, l’histoire de la civilisation nous raconte la mise en coupe réglée de la planète et de la nature par les États civilisés, et l’uniformisation en cours du monde.

 
 
Saucratès


02/09/2025
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L’avis de la CIJ sur le réchauffement climatique

Que faut-il penser de l’avis de la Cour de justice internationale de l’ONU traitant de justice climatique internationale et des différents articles de presse en rendant compte ?

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/07/23/le-changement-climatique-est-une-menace-urgente-et-existentielle-declare-la-cij-dans-un-avis-historique_6623222_3244.html

 

1. Pourquoi cette résistance populaire aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique ?

 

Je me suis souvent opposé aux arguments et aux velléités liberticides des écologistes et collapsologistes de tout crin, de toute espèce, en France et en Europe. Je ne rejoins pas leurs arguments, leurs alertes, leurs appels à agir de toute urgence. 

 
Je combats aussi et surtout l’activisme médiatique à tout crin de tous les journaux et médias bien-pensants qui martèlent leurs discours alarmistes sur tous les tons, obéissant en cela au gouvernement français et à son bras armé, l’ARCOM, qui impose de lier toute information sur le climat aux conséquences du réchauffement climatique. Je ne sais pas si l’effet observé de cet acharnement médiatique ne sera pas l’inverse de l’effet escompté ou recherché. À force d’entendre tout lier au réchauffement climatique à longueur de JT et à longueur de pages, j’en viens à douter de tout ce discours. Évidemment, j’ai plutôt un esprit d’opposition. Mais la crise des gilets jaunes m’a démontré une chose : je suis loin d’être le seul à avoir un esprit d’opposition. L’immense majorité des citoyens français ne sont pas des citoyens moutons lambdas qui avalent tout ce que les médias et les JT leur vendent. Ce qui pouvait marcher en 2007 pour la violence et l’insécurité ne fonctionne pas pour un mensonge de spécialistes comme le réchauffement climatique. 
 
Il faudrait en faire un sujet d’étude à part entière, qui doit d’ailleurs exister. Pourquoi ce qui fonctionne pour la violence et l’insécurité ne fonctionne probablement pas pour le réchauffement climatique. Le discours sur la violence et l’insécurité répondait à un sentiment de vécu par la population et par les électeurs. Ces mêmes électeurs et citoyens ressentent deja que la lutte contre le réchauffement climatique est une arnaque pour imposer des mesures liberticides et les faire payer toujours plus. Tout ce battage médiatique ne sert ainsi à rien si ce n’est à les persuader que le gouvernement, les écologistes, les élites veulent les priver un peu plus des maigres libertés qui leur reste, les imposer un peu plus, leur faire payer toujours plus, les priver toujours plus de libertés. 
 
Cet acharnement médiatique est contre-productif, mais si les gens qui nous dirigent nous reconnaissaient quelques bribes d’intelligence, quelques bribes de compétences, ils ne seraient plus là. Ils vont donc continuer, et avec eux les juges administratifs, les fonctionnaires de toute sorte, les spécialistes du climat, de la biodiversité … à force de considérer le peuple comme un troupeau de gens stupides, ils se préparent une révolution d’envergure, comme l’exemple américain nous le démontre parfaitement. 
 
Dans un système idéologique reposant sur l’idéal du peuple souverain, il est d’ailleurs surprenant que ces mêmes élites puissent être autant aveugles et arrogantes, persuadées de la stupidité de la masse des citoyens lambdas.

 

2. L’avis de la CIJ est important mais présente un risque financier catastrophique pour les États occidentaux

 
Et pourtant, il nous faut prendre en compte cet avis marquant en matière de justice climatique internationale de la part de la Cour de justice internationale de l’ONU. 

Selon Le Monde, «Il s’agit d’un avis certes consultatif mais inédit, destiné à influencer la jurisprudence mondiale. Les Etats qui violent leurs obligations climatiques commettent un acte illicite et pourraient se voir réclamer des réparations par les pays les plus affectés, a conclu, mercredi 23 juillet, la Cour internationale de justice (CIJ).

La plus haute juridiction de l’ONU, basée à La Haye, établit à l’unanimité dans cet avis, initialement demandé par des étudiants sur l’archipel de Vanuatu, une interprétation juridique du droit international, dont des législateurs, avocats et juges du monde entier peuvent désormais se saisir pour changer les lois ou attaquer en justice les Etats pour leur inaction climatique.

 

(…) La partie la plus conséquente de l’avis, et qui suscitera le plus de résistance chez les pays riches, découle selon la Cour de ces obligations : les compensations dues aux pays ravagés par le climat. La violation des obligations climatiques par un Etat constitue un fait internationalement illicite engageant sa responsabilité, a déclaré Yuji Iwasawa. Les conséquences juridiques résultant de la commission d’un fait internationalement illicite peuvent inclure (…) la réparation intégrale du préjudice subi par les Etats lésés sous forme de restitution, de compensation et de satisfaction, a également dit le président de la CIJ.»

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/07/23/le-changement-climatique-est-une-menace-urgente-et-existentielle-declare-la-cij-dans-un-avis-historique_6623222_3244.html

 

Je suis bien obligé de noter le caractère exceptionnel de cet avis de la CIJ et de son impact potentiel phénoménal sur les futures décisions de justice qui seront rendues en matière climatique. Il s’agit quand même de la plus haute Cour de justice du monde, et à ce titre, cet avis, certes consultatif, pris à l’unanimité, est exceptionnellement important. 
 
Les conséquences de cet avis de la CIJ seront probablement terribles pour les finances publiques de nombreux États de part le monde, et notamment pour la France. Parce qu’avec des juges administratifs qui ne réfléchissent en aucun cas aux conséquences financières funestres de leur décision de justice, la France a toute raison de craindre la prise de jugements catastrophiques pour ces finances publiques. Aux Etats-Unis également, avec le conflit politique actuellement en cours, où des juges fédéraux démocrates pourraient être tentés de ruiner l’Etat fédéral dans leur conflit politique, des risques existent. Mais leur Cour Suprême veille chez eux. Pas chez nous, inféodée aux intérêts de nos élites, de ceux qui les ont nommés.

Imaginons la Chine condamner l’Etat chinois pour inaction climatique ou donner raison à un groupe d’activistes antipatriotiques ? Même une entreprise étrangère perd ses procès en Chine même quand le droit lui donne raison. C’est au fond normal ; c’est ce que l’on appelle à tord ou à raison le patriotisme. Rien de cela en France ou en Europe. On estime être des États de droit, où l’indépendance de la Justice est naturelle et normale, inscrit dans la Constitution. Tout justiciable est égal, qu’il soit riche, puissant ou pauvre. Et donc, quelque soit sa nationalité et sa raison pour laquelle il attaque l’Etat ou une entreprise. 
 
Dans une planète où la justice est partout patriotique, il est stupide et dangereux d’avoir une justice anti-patriotique en France ou en Europe. Suicidaire pour l’exprimer simplement, L’Etat français pourrait donc être le premier Etat au monde à tomber en faillite du fait des jugements de sa propre justice interne. Ou si ce n’est pas la France, très probablement, cela pourra être dans un autre pays européen. Le problème, c’est que la faillite de la France impactera l’ensemble des contribuables français. Ceux qui paieront au final, ce seront les contribuables qui n’auront pas réussi à fuir la France.

 

3. Quelles alternatives aux législations coercitives écologiques ?

 
Il n’en reste pas moins que cette décision de la CIJ est une immense victoire pour la justice climatique ou environnementale. Parce que si je ne rejoins pas les législations coercitives et liberticides bien-pensantes de nos libéraux et écologistes français, qui cherchent à nous interdire tout ce qu’ils estiment individuellement mauvais (par exemple les barbecues masculins selon l’écologiste Sandrine Rousseau…), je reste persuadé que les atteintes à l’environnement et au climat par les grands pollueurs doivent être réglementées et interdites.
 
Mais il reste à se mettre d’accord sur ce qu’est un grand pollueur, sur ce qui est une atteinte ou non à l’environnement ou au climat, et à quel niveau doit se situer la responsabilité ?

 

  • Est-on individuellement coupable d’atteinte à l’environnement du fait de sa consommation ?

 

  • L’utilisateur lambda d’un véhicule à moteur pour se déplacer ou aller travailler est-il coupable d’atteinte à l’environnement ? 

 

  • Celui qui trafiquerait son véhicule à moteur thermique pour qu’il soit plus puissant, et plus polluant, est-il coupable ?

 

  • Comment faire la part entre les différentes types d’atteintes à l’environnement ou au climat ? L’écologiste qui se déplacerait en avion pour voyager ou se rendre à un colloque est-il plus ou moins coupable que l‘automobiliste lambda qui utilise son véhicule pour faire ses courses ou aller à son travail ?

 

  • Et qui décide surtout de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas ? Qui est juge et partie ? L’écologiste polluant qui donne des leçons à tout le monde sur leurs graves atteintes au climat est-il légitime à édicter ce qui est bon ou mauvais pour le reste de la planète et pour le reste de ces concitoyens, pour les autres ?

 

Toutes ces interrogations ne remettent pas en cause l’importance de ce jugement rendu par cette importante instance de justice internationale. Elle interroge surtout la légitimité des politiques prises pour combattre le réchauffement climatique. Mais elle interroge aussi la légitimité de ceux qui décident et votent les lois pour nous. 
 

 

Saucratès 


30/08/2025
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Sur l’octroi de mer

> Une taxe d’ancien régime


Le débat réunionnais sur l’octroi de mer est intéressant pour de multiples raisons. Cette taxe est l’une des dernières survivances de ces anciennes taxes d’ancien régime que l’on appelait octrois. Sous l’ancien régime (terme générique qui n’est plus très usité qui parle du régime monarchique existant avant la République et avant la Révolution française … l’arrivée de Macron au pouvoir l’a incité à considérer le monde d’avant 2017 comme l’ancien monde ou l’ancien régime), il existait une multitude d’octrois pour faire rentrer des marchandises dans des villes, pour passer des rivières, des fleuves ou des ponts. 

L’octroi de mer est ainsi une survivance de ces taxes. Et son objet semble être resté le même que les anciens octrois aux portes des villes. Permettre d’enrichir le seigneur de la ville avec le produit de cet octroi sur les marchandises y entrant, et avantager les corporations d’artisans installés dans cette ville en faisant en sorte que les produits de ces artisans soient protégés et qu’ils puissent les vendre plus chers en renchérissant la concurrence.

 

Dit de cette manière, l’octroi de mer pourrait sembler être une survivance dépassée. Les artisans des villes françaises ne sont plus protégés par des octrois et ils ont appris à faire face à la concurrence intérieure. Dans les faits ces multitudes de corporations d’artisans ont disparu avec le développement du capitalisme et de l’industrie. Et la protection se trouve désormais instaurée aux frontières avec l’instauration de droits de douane sur les produits étrangers. Mais cela ne vaut que pour un État comme la France. Pas pour une simple région française.

> Mais qui garde tout son sens outre-mer

 

L’existence de l’octroi de mer conserve ainsi tout son sens pour un département d’outre-mer comme la Réunion. Impossible de considérer que des industries nationales seraient absolument légitimes à écouler sans contraintes ni taxes leur production à la Réunion, puisque cela voudrait dire que la Réunion ne serait plus qu’une vaste zone de consommation dépendant de la solidarité nationale. Parce qu’il y a peu de chance qu’une entreprise installée sur notre caillou puisse être concurrentielle au plan national ou mondial, ou bien, dit autrement, il y a peu de chances qu’une industrie nationale décide de s’installer à la Reunion pour produire, avec un marché intérieur aussi petit, des coûts de main d’oeuvre aussi faible dans les îles environnantes, et des coûts d’approche aussi important pour envoyer sa production ou grevant ces intrants.

 

La production et la fabrication à la Réunion présentant des surcoûts manifestes, il est légitime qu’il existe une taxe différentielle, comme un droit de douane, portant sur les produits provenant de l’extérieur et concurrençant ou non la production locale. L’existence d’accords régissant les relations entre les pays ACP ou en développement qui nous entourent et l’Union européenne est un deuxième argument validant l’existence de cet octroi de mer. Ces accords permettant aux produits des pays ACP de rentrer sans aucune taxe sur notre géographie concurrencent frontalement et de manière inéquitable nos propres productions et nos propres industries. Il est ainsi normal que l’octroi de mer existe !

 
> Un impact sur les prix comme observé avec la TVA

 

L’octroi de mer renchérit forcément les prix à la Réunion. Bien évidemment. Tout comme la TVA, même avec des taux minorés comme elle existe à la Reunion. Et comme en France, si on supprimait la TVA, les prix des produits baisseraient, mais l’Etat disparaitrait par la même occasion.

 
La suppression de l’octroi de mer et son remplacement par la TVA aux taux métropolitains renchérirait également les prix à la Réunion. Pas forcément tous les prix évidemment. Les prix des voitures diminueraient probablement, ainsi que celui des alcools de luxe. Mais tous les produits consommés par les ménages les plus fragiles seraient fortement renchéris. Notamment les produits de première nécessité comme par exemple le riz. Et tous les services verraient également leur taux de TVA faire plus que doubler de 9,6% à 20%. 
 
Ceux qui militent pour la suppression de l’octroi de mer et son remplacement par la TVA n’ont pas de bonnes intentions ! Ne vous y trompez pas ! Au mieux ce sont des imbéciles qui veulent avoir tout comme la France, quelqu’en soit le coût humain et social. Au pire ce sont des incendiaires qui se réjouiraient de voir la misère frapper les réunionnais. 

 
> Deux hypothèses opposées sur les conséquences d’une disparition potentielle de l’octroi de mer, correspondant à deux visions opposées  
 
Ceci étant démontré (CQFD), il existe plusieurs interprétations d’une situation où l’octroi de mer viendrait à disparaître. Une première interprétation, ou une première hypothèse, voudrait que la disparition de cet octroi de mer, et son remplacement ou non par la TVA aux taux métropolitains, entrainerait la disparition de toute l’industrie d’import-export dans notre département.
 
La disparition de ce tissu industriel entraînerait aussi selon cette interprétation la disparition d’une grande partie des agriculteurs et des éleveurs dont cette industrie constitue l’un des principal débouché. Il devrait demeurer les agriculteurs fournissant les ménages (enfin ceux qui garderont leur travail après les faillites des entreprises du secteur d’import-substitution et toutes les entreprises qui en dépendaient - commissaires aux comptes, experts-comptables, fournisseurs …) et ceux travaillant pour l’exportation. Au final, après de nombreuses années et de nombreuses faillites, on en reviendrait à un nouvel équilibre où la masse des emplois disponibles et donc des revenus distribués aurait très fortement diminué par rapport à aujourd’hui, avec des prix qui se seraient soit renchéris soit auraient baissé en fonction du nouveau niveau de taxation retenu.

 
Il existe une autre interprétation de cette potentielle disparition de l’octroi de mer. La transformation de la Réunion en une sorte de Suisse de l’Océan indien ou de Japon indien-océanien est pronostiqué ou espéré par d’autres. La suppression de l’octroi de mer selon certains pourraient non pas faire disparaître toutes les industries et les emplois, mais permettre une hausse des salaires et des prix et le maintien de toutes ces industries. 
 
D’une certaine manière, il existe donc deux visions opposées possibles chez les décideurs et les acteurs économiques et politiques sur les conséquences de la disparition de l’octroi de mer et son possible remplacement par la TVA aux taux métropolitains. Une vision pessimiste et une vision optimiste. La réalité n’est probablement pas au milieu de ces deux hypothèses. 

Je ne pense pas que cette vision optimiste ait la moindre possibilité de réalisation dans notre cas. Ce serait possible si tous les prix étaient affectés de la même manière et si, comme en Suisse ou au Japon, les produits étrangers pouvaient être frappés de droits de douane élevés, et si nous disposions aussi d’une industrie puissante (horlogère ou financière comme en Suisse et industrielle et robotique comme au Japon). Ce qui n’est pas le cas de la Réunion où nous ne disposons d’aucun avantage concurrentiel industriel. 
 
> Conséquence probable : une crise économique et sociale durable et un nouvel équilibre sous-optimal
 
Dans le cas de la Réunion, la suppression de l’octroi de mer, son remplacement par la TVA ou la suppression du différentiel de taxation entre les produits fabriqués localement et les produits importés, n’affectera pratiquement pas les produits importés mais uniquement les produits fabriqués localement. On ne se trouvera pas ainsi face à une évolution affectant tous les prix uniformément. Les entreprises réunionnaises produisant localement seront forcément confrontées à une baisse de leur marge potentielle en comparaison du prix des produits importés concurrents. La suppression du différentiel de taxation impliquera probablement une baisse de la demande de produits fabriqués localement. Les produits équivalents importés   devraient devenir plus concurrentiels au détriment de la population locale. Une partie de la population réunionnaise continuera probablement à privilégier des produits locaux de telle sorte que la théorie pessimiste extrémiste de l’effondrement total du secteur de l’import-substitution ne se produira pas. La demande et les marges des producteurs locaux baisseront tandis que les marges des importateurs auront probablement aussi tendance à s’accroître. Une baisse de l’emploi local s’observera vraisemblablement, pas très différemment de ce qui avait pu être observé par le passé lors des précédentes crises.

 
La suppression éventuelle de l’octroi de mer que certains appellent de leurs vœux, qu’ils soient à Paris, dans la bureaucratie parisienne, dans les ministères, ou bien localement, parce qu’ils pourraient avoir à y gagner en tant qu’importateurs, ou en tant qu’adorateurs du «tout comme en France», ou en tant que contempteurs de la misère humaine, ou bien simplement par souci court-termiste de gains de pouvoir d’achat, se traduirait probablement par une nouvelle crise économique durable et par une nouvelle montée du chômage, jusqu'à ce qu’un nouveau processus de croissance endogène ou exogène ne vienne se substituer à lui. Nouveau processus de croissance qui peut tout autant se produire sans remise en cause de l’octroi de mer, avec un potentiel de croissance plus important puisqu’on partira d’une situation économique plus haute.

 

> Crise économique et sociale amplifiée par la perte des ressources fiscales de l’octroi de mer et la baisse des dépenses publiques des collectivités locales, Région et communes.

 

Dans toute cette analyse, je n’ai parlé que de l’économie. J’ai totalement évité de penser emplois et dépenses publiques des collectivités locales sur la base des recettes fiscales de l’octroi de mer, et de leurs effets d’entraînement sur l’activité économique. Ce que l’on appelle le multiplicateur keynésien ! Il est peu probable que les recettes de la nouvelle TVA en remplacement de l’octroi de mer    soient exactement affectées à nos collectivités territoriales doriennes dans les mêmes montants, et avec les mêmes potentiels d’évolution. Je doute même que dans la situation budgétaire actuelle, les moyens affectés aux Régions et communes domiennes puissent progresser, et notre nouvelle TVA servira juste à éponger le déficit fiscal de la France, se traduisant par des pertes de 400 millions d’euros pour notre département (proche d’un milliard pour l’ensemble des DOM).
 
Les impacts économiques de l’affaiblissement du secteur d’activité de l’import-substitution se verront ainsi amplifier par la baisse des dépenses publiques territoriales de plusieurs centaines de millions d’euros, en terme de salaires et de dépenses publiques en moins. Loin d’une évolution optimiste à la Suisse ou à la japonaise, avec des prix et des revenus en hausse, c’est un cercle vicieux de baisses des dépenses publiques, des emplois industriels et des marges auquel  nous serons très probablement confrontés. Un nouvel équilibre économique très inférieur à l’équilibre actuel, beaucoup moins satisfaisant, même si nombre de personnes trouvent déjà l’équilibre atteint actuellement comme très insatisfaisant, avec des prix trop chers et des revenus trop faibles.
 
Ce sera juste bien pire dans ce futur hypothétique si l’alliance des bureaucrates parisiens, de l’Europe, des insatisfaits et des court-termistes réussissaient à faire disparaître l’octroi de mer. Ai-je réussi à le démontrer ? N’hésitez pas en tout cas à lire les publications du CESER de la Réunion sur le sujet de l’octroi de mer.
 
 
Saucratès


20/08/2025
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Les fonds souverains, un débat oublié

Aujourd’hui, les médias ne parlent plus véritablement de finances. On ne parle plus du tout de l’influence des fonds de pension, des fonds souverains, et de leur possibilité d’influence sur l’économie et les grandes multinationales occidentales. Leur influence a-t-elle disparu depuis les années 2007-2009, dernières années où les médias français publiaient des informations sur ces derniers ?

 

Le problème du Monde, c’est qu’à tout vouloir expliquer par le biais du politique et par une vision dichotomique du Bien et du Mal, ils ne savent plus rien expliquer dans le monde actuel. Quelle est l’influence réelle des fonds de pension et des fonds souverains dans le système financier occidental à l’heure actuelle ? Quelle est leur puissance réelle ? Et pourquoi les médias actuels comme Le Monde se taisent sur leur influence réelle actuelle, n’en rendent pas compte ? Ne comprennent-ils rien au monde actuel dans lequel nous vivons ? Le fait que l’idéologie plutôt que la réalité règne dans la description de la situation économique et politique mondiale nous aveugle autant qu’elle aveugle Le Monde et ses journalistes.
 
Reprenons donc. En 2007-2008, les fonds souverains font l’objet d’un champ de réflexion médiatique important. Leur importance et leur multiplication interpellent à cette époque-là : la revue Futurible en dénombrait 40 en 2008 représentant 3.000 milliards de dollars d’actifs. Surtout, on plongeait en pleine recession financière, l’une des pires crises que le monde avait connu depuis 1929, voire pire que 1929, et les bourses occidentales comme celles de toute la planète se sont effondrées, avant et après ce recensement.

 

Les autres principaux acteurs recensés de la finance mondiale étaient les fonds de pension, les hedge funds et les fonds d’investissement, ou private equity. Toujours fin 2007, on dénombrait 10.000 hedge funds dans le monde gérant environ 1.700 milliards de dollars d’actifs.

 
1 - Déjà en 2008, le système financier français paraissait perdu devant la puissance financière organisée du reste du monde

 

Les acteurs financiers organisés dans la finance mondiale étaient constitués d’une part aux Etats-Unis d’un grand nombre de fonds de pension et de hedge funds qui constituaient une sorte de bras armés de la finance américaine. De l’autre, de grands pays émergents disposaient de puissants fonds souverains capables de racheter et de relocaliser de puissantes entreprises françaises ou européennes.

 
Et au milieu de tout cela, la France n’avait pas à l’époque de bras armé suffisamment puissants pour protéger son industrie. La CDC et la Banque de France ne pouvaient rivaliser ou bien ne pouvaient racheter les fleurons industriels français, et les banques françaises, les compagnies d’assurance et les SICAV et FCP se focalisaient sur les fonds obligataires et le financement de la dette de l’Etat français.

 
Aujourd’hui, la situation n’a pas vraiment changé même si il a existé un fonds stratégique susceptible d’intervenir pour sécuriser l’actionnariat d’un fleuron industriel. Celui-ci a fusionné depuis pour donner naissance à BpiFrance. Mais les moyens de la France ne sont toujours pas à la hauteur de la puissance des autres fonds souverains étrangers. Et les grands capitalistes français ne seront pas intéressés à prendre le contrôle de fleurons industriels si leur contrôle était menacé.

 
Évidemment, les expériences de certaines prises de contrôle hostiles ces derniers temps ont montré que les États occidentaux pouvaient les bloquer en refusant des rachats considérés comme hostiles, en imposant aux vendeurs ou aux acheteurs de sélectionner un autre acheteur ou en découpant ces entreprises en préservant certaines activités stratégiques.
 
La situation de contrôle financier de notre économie s’est-elle malgré tout améliorée depuis 2008 ? La puissance financière et l’influence des fonds souverains et hedge funds étrangers ne représentent-ils plus une menace pour l’indépendance et l’autonomie de l’industrie française et européenne ? Ou bien nos médias ont-ils cessé de s’intéresser aux enjeux financiers et économiques actuels pour ne plus se focaliser que sur des enjeux idéologiques dichotomiques, le BIEN contre le MAL ?

 

2 - Qu’est-ce que les fonds souverains et quels sont les plus puissants ?

 

Un fond souverain est un fond créé le plus souvent par un Etat émergent ou non, qui l’alimente le plus souvent à partir de ses réserves et de ses excédents en devises. Leur but est avant tout de placer et de gérer de manière rentable des liquidités publiques qui ne font ou ne peuvent pas faire l’objet d’investissement dans leur pays d’origine. Ce sont ainsi des véhicules financiers publics qui possèdent, gèrent ou administrent des fonds publics et qui les investissent librement dans un grand nombre d’actifs.

 
On estime que deux événements financiers notamment ont conduit les pays émergents à créer des fonds souverains : le premier choc pétrolier de 1973, en faisant apparaître des excédents importants de pétrodollars détenus par les pays exportateurs de pétrole. Le deuxième événement est la crise financière de 1997 des pays asiatiques, qui les a poussé à accumuler par la suite des réserves de change importantes pour éviter de se retrouver à nouveau dans la situation qu’ils ont connu en 1997, sous la coupe des plans d’ajustement structurels du Fonds monétaire international (FMI).

 
En 2007,

 

  1. Le premier fonds souverain au monde était le «Abu Dhabi  Investment Authority» (ADIA) des Émirats Arabes unis, créé en 1976, dont le montant des actifs détenus s‘élevait à 875 milliards de dollars.
  2. Le second fonds souverain était le «Gouvernment of Singapour Investment Corporation» (GIC) de Singapour créé en 1981 dont les actifs s’élevaient à 330 milliards de dollars.
  3. Le troisième fonds était norvégien, le «Gouvernment Pension Fund Global» (GPFG), créé en 1990 et dont les actifs s’élevaient à 322 milliards de dollars.
  4. Le quatrième fonds était d’Arabie Saoudite avec des actifs détenus à hauteur de 300 milliards de dollars.
  5. Le quatrième fonds était koweïtien (KIA-Kuwait Investment Authority), créé en 1953, avec des actifs de 250 milliards de dollars.
  6. Enfin, à la sixième place, on trouvait la Chine, avec un fonds souverain créé en 2007 avec 200 milliards de dollars.

 

Aujourd’hui, dix-sept ou dix-huit ans plus tard, pourquoi ce sujet ne paraît-il plus représenter un sujet d’importance ? N’est-ce qu’en période de crise financière majeure que les médias s’intéressent à ces questions financières ? Le reste du temps, évitent-ils de s’y intéresser ou d’y intéresser leurs lecteurs parce qu’il serait problématique d’inquiéter leur lectorat, leur public ou la population ? Les premiers à se plaindre de la pauvreté des débats entre les hommes ou femmes politiques sont-ils les premiers à enfouir les sujets problématiques sous les tapis ?

 

«On estime au début des années 2020 qu’il existe désormais une centaine de fonds souverains dans le monde. Le Sovereign Wealth Fund Institute estime le montant global des actifs gérés par les fonds souverains à plus de 8.200 milliards de dollars. Les cinq plus gros pèsent plus de 4.000 milliards. À titre de comparaison, cela représente un encours global plus important que celui des hedge funds (autour de 3.000 milliards aujourd’hui). Cependant, c’est bien plus faible que les investissements des fonds de pension (32.000 milliards de dollars à fin 2019, source OCDE).»

 

https://www.epargnant30.fr/fonds-souverains/

 

Le fonds souverain le plus puissant au monde serait désormais le fonds souverain norvégien qui pèserait 1.200 à 1.300 milliards de dollars d’actifs. On trouverait à la deuxième place le fonds souverain chinois (le VIC) avec 1.000 milliards de dollars d’actifs.

 

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À la troisième place, on trouve le fonds souverain de Hong Kong, qui gère 586 milliards de dollars alors que celui-ci pointait à la septième place fin 2007 avec des actifs détenus de 140 milliards de dollars. À la quatrième place, on retrouve ADIA, le fonds souverain d’Abu Dhabi, qui pèserait 580 milliards de dollars. Pour rappel, fin 2007, il trustait la première place avec des actifs de 875 milliards de dollars. Mais selon le Sovereign Wealth Fund Institute, le fonds gérerait en 2024 un montant de 998 milliards de dollars d'actifs.

 

Il en va de même pour le fonds souverain de Singapour, le GIC, à la sixième place en 2020 avec 453 milliards de dollars d’actifs, classé fin 2007 à la seconde place du classement avec des actifs de 330 milliards de dollars.

 
3 - La pauvreté des débats actuels autour des fonds souverains en France implique-t-il que ceux-ci ne font désormais plus peur ? Ou que leur capacité d’influence s’est affaiblie depuis 2007 ?

 

Quand je parle de pauvreté des débats, je ne pense pas qu’aux analyses du Monde mais aussi aux magazines financiers comme Les Échos que ne s’en émeuvent plus guère non plus. Nous sommes apparemment rentrés dans une époque où l’enjeu est de rechercher les investissements des fonds souverains étrangers comme les sommets «Choose France» de Macron où celui-ci les courtise et cherche à attirer les investisseurs étrangers.
 
Jusqu’à la prochaine crise financière de grande ampleur ou bien jusqu’au prochain danger touchant un de nos derniers grands fleurons industriels ? Mais en reste-t-il encore à défendre ? N’est-il pas surprenant d’observer l’alignement des médias sur la position gouvernementale ? Que Macron défende ses sommets «Choose France» c’est probablement normal pour un ancien banquier de chez Rothschild. Que Le Monde et les autres médias ne se posent plus de questions, c’est peut-être par contre plus inquiétant. 

 

Si les fonds souverains ne font plus peur, c’est peut-être d’ailleurs que leur influence a diminué. Il y a peut-être une acceptation du monde de la finance par une partie du champ politique libéral français et par les journalistes composant la sphère médiatique. C’est dans l’ordre de la finance qu’il y existe des fonds activistes, des hedge funds et des fonds souverains. Il est peut-être désormais accepté que les entreprises mal gérées ou défaillantes même françaises soient attaquées par ces fonds et que ceux-ci forcent leurs dirigeants à se réformer ou à partir. C’est probablement vrai pour des libéraux au gouvernement ou dans les médias. C’est aussi vrai tant que la France y trouve à y gagner. Le jour où les usines Peugeot ou Citroën de Stellantis basculeront sous actionnariat étranger et que des licenciements massifs seront décidés en France, on en reparlera. Et lorsqu‘un Donald Trump français se saisira de ce sujet, cela donnera des velléités protectionnistes comme on l’observe outre-Atlantique. 
 
La puissance relative des fonds souverains a probablement également diminué par rapport à 2007. Lorsque Nvidia, la première capitalisation boursière au monde atteint 4.000 milliards, elle demeure largement plus puissante que les plus puissants fonds souverains. Même si, pendant le même temps, la richesse de certains des plus gros fonds souverains a également quadruplé ou quintuplé. En 2007, on estimait que le fonds souverain d’Abu Dhabi aurait pu s’acheter Total, Axa, Bnp Paribas, Crédit Agricole, Bouygues, L’Oréal, Michelin, Danone et LVMH réunis. C’est peut-être encore plus ou moins le cas, chacune de ces entreprises françaises pesant environ une centaine de milliards d’euros de capitalisation boursière, à l’exception de L’Oréal et de LVMH dépassant désormais chacune 200 milliards d’euros. Mais les plus puissantes entreprises mondiales leur échappent comme Apple, FaceBook, Amazone et autres. 

 
4 - L’émergence d’un nouvel ennemi ?

 
Au fond, les fonds souverains et les fonds de pension ou autres hedge funds ne nous paraissent peut-être plus être les principales menaces pesant sur la finance mondiale et sur les bourses mondiales parce que le nouvel ennemi n’est plus ces fonds très puissants, dont la France est toujours dépourvu, mais les majors de la Technologie, à savoir Nvidia, FaceBook, Amazone, X et Tesla, et demain BYD. La finance mondiale a changé d’ennemis et de geants à combattre. Mais ce n’est pourtant pour cette raison que le comportement des fonds souverains ne demeure pas un danger en permettant à des états étrangers d’accaparer des ressources et de racheter des actifs et des entreprises pour asseoir leur puissance.

 

Ce sujet des fonds souverains ne devraient pas être oublié par nos politiques et par les médias. Les GAFAM ou les 7 merveillous ne sont pas les seuls risques risquant d’affecter la finance mondiale.

 
 
Saucratès


17/08/2025
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L’hypothèse de l’impact cosmique du Dryas récent

Quelques articles ont attiré mon attention ces derniers temps. Ils recouvrent ce que je pense être l’origine de nos sociétés, l’hypothèse de l’impact cosmique du Dryas récent, à 13.000 à 12.800 ans.

 

https://www.msn.com/fr-fr/sante/other/un-nouvel-indice-sous-marin-alimente-l-hypothèse-d-une-explosion-cosmique-il-y-a-13-000-ans/ar-AA1K8iha

 

La question n’est pas de savoir pourquoi cette hypothèse m’intéresse ou en quoi cette hypothèse m’intéresse. Il y a 13.000 ans de cela, au Dryas récent, nous étions peu à peu sortis du dernier âge glaciaire, une époque où les terres émergées de l’Europe et de l’Austronésie, tout comme au détroit de Béring se trouvaient 100 mètres à 150 mètres plus bas sous le niveau actuel des océans. La Grande-Bretagne était relié au continent européen, l’Australie et la Nouvelle-Guinée étaient pratiquement reliées à l’Asie, et l’Amérique et l’Asie communiquaient via le pont émergé du détroit de Béring. Le continent européen était couvert de glaciers tout comme le nord de l’Asie. L’Arctique était couverte de glace jusqu’à la Grande-Bretagne.  Mais les températures se sont mises à se réchauffer peu à peu au sortir de cet âge glaciaire, le niveau des océans remontaient, un peu comme aujourd’hui mais une échelle bien plus importante, mais sur des millénaires … puis il y eut un refroidissement planétaire que l’on appelle le Dryas récent. Et on en ignore la cause. Le déversement massif des eaux douces issues de la fonte des glaciers en sont une des explications plausibles, ou avancées, ce déversement d’eau douce aurait en effet pu influer sur la circulation thermoaline des océans à cette époque. Mais un impact météorique pourrait tout autant expliqu un tel evenement, et l’existence dans le monde entier de couches noires, correspondant à la disparition de toute vie et la destruction de l’écosystème, à cette période.

 

https://www.geo.fr/environnement/une-explosion-cosmique-a-t-elle-precede-avenement-agriculture-au-levant-abu-hureyra-comete-clovis-216946

 

Evidemment, cette théorie est contestée. L’hypothèse de l’impact cosmique du Dryas récent est rejetée par nombre de spécialistes. Je tiens cette hypothèse de la lecture de Graham Hancock, qui croit qu’une civilisation relativement avancée existait à cette époque, une époque à l’existence de toute forme de civilisation est niée par l’archéologie moderne. À cette époque-là, l’homme était censé vivre de chasse et de cueillette en petits groupes isolés, chasser le renne et le mammouth et se réfugier dans des grottes obscures. Et même l’existence du site de Göbekli Tepe, daté de 12.800 ans avant le présent est une aberration historique, puisque la construction d’un tel site n’aurait pas dû être possible à une époque aussi reculée, avant l’invention supposée de l’agriculture. 

Et pourtant le site de Göbekli Tepe existe. L’existence du refroidissement planétaire dit du Dryas récent datant de quelques centaines d’années antérieurement existe également. L’absence de la découverte d’un cratère météoritique ne suffit pas à invalider l’existence d’une telle hypothèse. Et l’absence de traces écrites prouvant l’existence d’une civilisation antérieure à cet événement cosmologique ne suffit pas non plus à invalider la possibilité de cette existence …

 

Tout simplement parce que quelques traces écrites semblent exister malgré tout en fait … Dans les écrits de Platon relatant la guerre entre Athènes et l’Atlantide se déroulant 9.000 ans avant sa propre époque, soit il y a à peu près 12.500 ans. Dans les écrits sanskrits du Râmâyana ou du Mahâbhârata où on trouve une trace d’un conflit majeur dantesque entre deux civilisations où sont utilisées des armes terribles … remontant à des dizaines de millénaires avant notre ère … 

 

Évidemment, tout ceci ne cadre pas avec l’histoire officielle d’une humanité préhistorique se réfugiant dans des cavernes et écrivant et dessinant des animaux et des scènes de chasse sur des parois. Mais l’existence même de Göbekli Tepe à cette même période de notre histoire ne colle pas non plus avec la théorie préhistorique officielle. Sauf que Göbekli Tepe existe réellement et qu’il faut bien en rendre compte et la prendre en compte. 

 
Il est tellement plus simple d’accepter une théorie en préhistoire ou en histoire lorsque celle-ci cadre parfaitement avec ce qui nous semble évident !

 
 
Saucratès


09/08/2025
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