Pensées rapides sur la manipulation médiatique
Puis-je dire que le célèbre journal Le Monde manipule les consciences et les opinions de ses lecteurs ? Peut-on dire quelque chose d’aussi gravissime de ce vénérable journal qu’est Le Monde ? Je crains que ce soit le cas. Je crains que dans l’optique de son combat viscérale contre Donald Trump, contre l’illibéralisme, contre ce qu’ils estiment être la montée des périls fascistes, Le Monde et ses journalistes, ses élites, ne participent à une campagne méthodique pour contester en permanence les méthodes de Trump, de Vance, de Musk, de Poutine et de tous ceux qui incarnent ce péril à leurs yeux.
Ou jusqu’où peut-on informer sans être en risque de manipuler ses lecteurs et l’opinion publique ? Le Monde se pose-t-il d’ailleurs seulement la question de savoir s’il a tord ?
Le résultat en devient cependant évidemment inaudible. Trump est accusé de toutes les horreurs envisageables. Il semble s’attaquer à tout, à lire Le Monde. Il s’attaque peut-être réellement à tous et à tout. Des droits de douane prohibitifs sur toute sorte de pays, des remises en cause de toute une série de politiques comme notamment l’aide internationale américaine. À la justice donc également.
Mais en fait s’attaquer à des étudiants violemment pro-palestiniens et contestant Israël est-il réellement incompréhensible de la part d’un gouvernement ayant érigé la défense d’Israël au rang de priorité nationale ? Le prédécesseur de Donald Trump à la Maison Blanche n’était guère plus à l’aise avec le mouvement de ces activistes pro-palestiniens dans les universités américaines. Et pourquoi laisse-t-on des réfugiés ou des exilés palestiniens agiter les universités américaines ou européennes ou bien être élues au parlement européen pour y représenter la France ?
L’affaire du canal de Panama est à cet égard également extraordinairement intéressant. Voilà une accusation de Donald Trump contre l’emprise chinoise sur le canal du Panama qui a été brocardé par Le Monde comme une abomination et une aberration sans nom. Et pourtant, les attaques de Trump ont conduit le conglomérat CK Hutchison de Hong-Kong à revendre l’ensemble de ses actifs portuaires, dont ceux des deux côtés du canal du Panama, Balboa et Cristobal, au fond de pension américain Black Rock, bras armé du pouvoir américain.
Au fond, voilà un homme dont les discours sont apparemment suivis d’effets ! Cela nous change de nos politiques qui ne prononcent que des discours creux, grandiloquents mais creux… Évidemment, les idées nationalistes de Trump sont le MAL pour Le Monde. Défendre une industrie nationale ou la sécurité énergétique d’une nation est contre-nature, MAL. Ce n’est acceptable que sous la plume du gentil Macron.
Cela conduit surtout Le Monde à attaquer sans relâche les positions d’un gouvernement étranger ami, jusqu’à en perdre toute objectivité, toute forme de justesse, juste par souci d’opposition et de contestation, et à se transformer en comptable des renoncements et des défaites intellectuelles de ceux qui selon Le Monde représentent le combat contre Trump, le combat pour les bonnes idées approuvées par Le Monde. Ainsi l’idéologie Woke et la défense des personnes transgenre.
Ainsi le gouverneur démocrate de la Californie, Gavin Newsom, a-t-il osé considérer que la participation d’athlètes transgenre dans les sports féminins est «profondément injuste» ! Comment peut-il oser ! Les positions du Monde ne sont pas réfléchies ; juste idéologiques et Woke. Newsom a bien évidemment raison. S’il suffisait de changer de sexe pour devenir championne de France, d’Europe ou du Monde, ce serait effectivement profondément injuste.
Voilà donc Le Monde contraint de se faire le témoin des renoncements des uns ou des autres comme pour en tenir le compte, comme pour menacer ceux qui renoncent, ceux qui reculent, de leur demander des comptes ultérieurement. Et là aussi, lorsque c’est Trump qui parle de faire payer ceux qui se sont attaqués à lui, c’est MAL. Mais si c’est Le Monde, c’est probablement BIEN. Autre recul sur un sujet important pour Le Monde : le climat. Et Le Monde avale couleuvre sur couleuvre en faisant le compte des renoncements.
À partir de quand un amoncèlement d’opinions convergentes systématiquement négatives deviennent-elles de la manipulation des esprits ? Un peu comme dans le cas des réseaux sociaux où des algorithmes enferment leurs lecteurs dans des boucles virtuelles ?
Saucratès
Les plantes des Amériques
Que serait le monde sans la découverte de l’Amérique ? Dernier continent découvert à partir de 1492, si on excepte la découverte du grand continent blanc de l’Antarctique dont on doit vraisemblablement considéré qu’il a dû être decouvert après l’Amérique, après 1492, une grande partie de notre alimentation actuelle repose sur des plantes découvertes après 1492, sur le continent américain, des plantes aculturées et domestiquées par ceux justement que nous avons exterminé, eradiqué, auxquels nous avons volé leurs terres, leurs cultures, leur continent, leur or et leur argent.
La première plante à laquelle on pense est évidemment la pomme de terre, sans laquelle il n’existerait pas de culture belge, sans laquelle nos repas de fête seraient bien tristes pour les enfants, sans laquelle l’Irlande et les Etats-Unis ne seraient pas ce qu’ils sont. Sans laquelle l’Europe n’aurait jamais pu conquérir et coloniser le reste du monde.
- Ainsi la pomme de terre est originaire de la cordillère des Andes dans l’ouest de l’Amérique du Sud où son utilisation et sa domestication remonte à environ 8 000 ans. Elle a été Introduite en Europe vers la fin du XVIè siècle. La pomme de terre sauva notamment de la famine le peuple irlandais avant de conduire des années plus tard à une autre famine qui les contraint à émigrer massivement en Amérique.
- On a aussi l’exemple du maïs. Cette plante est originaire du Mexique et elle constituait l'aliment de base des Méso-américains et de nombreux groupes autochtones d'Amérique avant l'arrivée en Amérique de Christophe Colomb. La plante était cultivée avec la courge et le haricot en utilisant la technique dite des trois sœurs. Elle a été introduite en Europe également au XVIè siècle, et elle est aujourd’hui la première céréale cultivée dans le monde devant le riz et le blé. Que serait aujourd’hui la culture du bétail sans là culture du maïs ?
- Évidemment, on trouve donc aussi la courge et les haricots. Si l’introduction de la courge en Europe remonte à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, on connaissait déjà des cucurbitacées en Europe et en terre d’Islam sous l’appellation des calebasses, même si les cucurbitacées ne représentent pas une aussi grande importance pour l’alimentation humaine que le maïs ou la pomme de terre.
- Les haricots également ne furent introduits en Occident et dans le reste de la planète qu’après la découverte de l’Amérique. Ils sont également originaire de Mésoamérique. Ils s’étaient également disséminés avant la conquête espagnole dans la région sud des Andes.
- On ne parle bien sûr pas du tabac et du chocolat. Originaire du bassin amazonien, le cacaoyer, produisant les fèves de cacao utilisées pour la fabrication du chocolat, était cultivé depuis plus de 3500 ans dans la région amazonienne et au Mexique. Même le nom de ‘chocolat’ est probablement originaire des langues maya ou nahuatl. Les fèves de chocolat servaient également de monnaie d’échange en Amazonie.
- Il en va de même donc du tabac, que les espagnols rencontrèrent dès leur arrivée, et dont l'usage remonterait apparemment à au moins 12 300 ans.
- Ouf, le café par contre n’est pas originaire d’Amérique mais d’Éthiopie et il avait conquis l’Europe bien avant la découverte de Christophe Colomb.
- L’arachide est également une plante originaire du nord-ouest de l’Argentine et de Bolivie. Que seraient nos apéritifs et nos bars sans nos cacahouètes !
- Le manioc, la patate-douce et les poivrons-piments sont aussi originaires d’Amérique et diffusés dans le monde et tout particulièrement en Afrique après la découverte de l’Amérique.
- Par contre, la canne à sucre n’est pas originaire des Amériques mais elle est originaire de la Nouvelle-Guinée ou d’Indochine avant de gagner l’Inde et la Chine au Néolithique.
- Parmi les autres plantes ou espèces originaires d’Amérique du Sud et disséminées dans le monde entier, on a également la papaye, la vanille, la noix de cajou, la sapotille et l’ananas.
- Par contre, une fois encore, ni la banane, ni le cannabis ne sont originaire d’Amérique. On a trouvé les traces les plus anciennes de cannabis au Japon 8.000 avant notre ère et le bananier avec le tarot sont des cultivars des peuples polynésiens.
Au fond, que serait notre monde et notre cuisine si nous n’avions pas découvert les Amériques, ou bien si le continent américain n’avait jamais existé ? Nous nous nourririons de céréales, de riz et de choux. Le plus frappant est évidemment la cuisine africaine qui n’aurait pas non plus grand chose de commun avec celle que l’on connaît. De quoi serait constitué nos repas si tous ces aliments n’existaient pas, n’avaient pas été découverts ?
Et j’en oublie certainement. Je remercie d’avance ceux qui voudront bien compléter ma liste à la Prévert.
Saucratès
Du renouveau du concept de contrat social
Le concept de contrat social redevient actuellement un concept opérationnel. On le retrouve évoqué sous plusieurs formes à la fois par Le Monde dans plusieurs articles traitant des finances publiques ou de l’éducation des enfants, mais également sous la plume de nombreuses organisations s’intéressant à l’environnement et à la lutte contre la surconsommation.
Partie 1
Principes et limites du contrat social selon Rousseau
L’idée de l’existence d’un contrat social est évidemment inséparable du philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau. On ne peut plus se référer au principe du contrat social sans se référer à ses écrits fondamentaux. Le contrat social est ainsi un instrument qui permet d’expliquer le passage d’un état de nature, où les hommes vivaient libres, séparément les uns des autres, à un état de société où les hommes choisissent d’abdiquer une partie de leurs libertés pour sécuriser ce qui en restera. Cette idée rousseauiste du contrat social s’accompagne également d’une philosophie du Bien et du Mal. L’homme est bon à l’état de nature et c’est le passage à l’état de société qui le pervertit.
Evidemment, cette philosophie du contrat social est en complète contradiction avec les faits préhistoriques. L’homme préhistorique a de tout temps vécu en société, en groupe, au sein de rapports sociaux ou de domination. Probablement qu‘avant même le processus d’hominisation, nos ancêtres hominidés communs aux autres branches des grands singes vivaient déjà en bandes organisées, en groupe. Le processus d’hominisation puis le processus de construction des sociétés humaines a probablement été insensible, sans changer grand chose aux relations sociales existantes au sein des groupes puis des sociétés, jusqu’à l’invention de la démocratie assyrienne puis grecque, des royautés sumériennes, égyptiennes, sacrées africaines ou romaines, des tyrannies ici ou ailleurs.
L’idée d’imaginer qu’à un moment quelconque de l’histoire, les hommes se sont réunis pour fonder une société et se mettre d’accord sur un contrat social est une hypothèse irréaliste. Évidemment, parfois, extrêmement rarement, à certains moments de l’histoire, on peut penser que des peuples se sont réunis pour fonder un contrat social pour se mettre en société, pour désigner les règles du jeu, les obligations des uns et des autres, pour permettre la désignation d’un chef. Le moment athénien sous le législateur Solon, autour du huitième siècle avant notre ère, fut peut-être un de ces moments-là. La littérature trouve trace de quelques autres moments de la sorte, comme lors de naufrages au cours des siècles passés, comme par exemple ceux du Doddington en juillet 1755 ou du Grafton en janvier 1864.
Mais il s’agit d’exceptions. On ne peut pas imaginer par exemple que la libération de la France puis la reconstruction de la société francaise qui a suivi la seconde guerre mondiale s’apparente à un tel moment. Le contrat social doit regrouper tous les membres de la société et ils doivent tous accepter de négocier puis de se soumettre aux résultats et aux règles arrêtées en commun. On ne peut pas plus estimer que la Révolution française de 1789 ou des années suivantes appartienne également à ce genre-là. Il s’agit de nouveaux régimes et d’assemblées constitutionnelles dans lesquels le peuple n’a droit d’être représenté que par des représentants, par des notables, des nobles ou des bourgeois. En aucun cas les français n’ont eu le choix d‘adherer ou non à un tel nouveau contrat social. Les représentants du peuple ont juste mis en place de manière majoritaire un régime politique et social accordant quelques droits au peuple du dehors, en échange d’autres compromis.
L’un des défauts du contrat social de Rousseau est évidemment que dans une telle négociation, si elle avait eu lieu, le contrat social sur lequel on débouche est forcément le plus mauvais compromis entre les intérêts opposés des uns et des autres. Qu'est-ce que les propriétaires, les nobles et les industriels sont-ils prêts à lâcher ou à accorder aux pauvres et aux autres membres de la société en échange du maintien de leurs avantages, de leurs richesses, de leur puissance ?
Le concept même de contrat social pose un autre problème fondamental. Même si on pouvait imaginer qu’à un moment quelconque de l’histoire passée, une telle négociation ait eu lieu et un tel contrat social ait pu être passé au temps de nos parents ou de nos grands-parents, comment un tel contrat social pourrait-il encore s’appliquer à leurs enfants ou à leurs petits-enfants ? Ceux-ci se retrouveraient à vivre dans une société et dans un contrat social auxquels ils n’auraient pas individuellement adhéré et qui s’imposerait automatiquement à eux. Et au bout de quelques générations, que resterait-il d’un tel contrat social et qu’est-ce qui le différencierait de lois imposées par un fondateur, un tyran ou un despote ? Comment pourrait-on être forcé à accepter notre place dans la société imposée par un contrat social à la négociation duquel nous n’avons jamais participé, pour lequel on ne nous a jamais demandé notre avis ou notre adhésion.
Au fond, on peut penser qu’à chaque génération il faudrait refonder ce contrat social et cette société. À défaut, il ne s’agirait plus d’un contrat social pour les jeunes générations nées après son établissement ou en âge d’y adhérer. Ce problème du renouvellement du pacte pour les générations suivantes a forcément été abordé par Jean-Jacques Rousseau mais au-delà du fait que ce principe du contrat social n’est pas applicable, son renouvellement est encore moins applicable.
Partie 2
Quelques exemples de contrat social
Le principe du contrat social ne me semble pas applicable même si des mouvements récents pensent pouvoir parler de l’existence de tels pactes dans la démocratie française récente, avec par exemple un pacte autour du système de sécurité sociale ou de sécurité des gens.
A-t-il donc existé des sociétés basées sur un véritable contrat social, explicite ou implicite. Je pense avant tout à une société antique comme la Grèce et la cité athénienne, exemple de démocratie directe où l’ensemble des citoyens constitués l’Agora et pouvaient voter les lois et désigner leurs dirigeants. C’est du moins l’idéal promu par la cité athénienne telle que décrite par les lois de Solon en -594 avant notre ère. Je pense que l’on peut parler d’une société fondée sur un contrat social dans son cas, même si tous les citoyens ne pouvaient pas accéder aux charges de magistrats et si tous les habitants d’Athènes n’étaient pas tous des citoyens (les esclaves, les étrangers et les femmes).
Quelques autres sociétés archaïques devaient également fonctionner de manière suffisamment démocratique pour pouvoir considérer qu’elles étaient basées sur un contrat social. Je pense notamment à la confédération des Iroquois, de leur vrai nom les Haudenosaunee (ou peuple de la longue maison). Chez un peuple où chaque homme et chaque femme participent à la moindre prise de décision, et où chaque décision se doit d’être unanime, je pense que l’on peut parler de l’existence d’un contrat social.
Neanmoins, je pense que la société constituée entre les naufragés du Grafton constitue le meilleur exemple d’une organisation sociale fondée autour d’un contrat social. Le Grafton était une goélette qui a sombré début janvier 1864 dans les îles d’Aukland, dans le Sud antarctique de la Nouvelle-Zélande. L’équipage était constitué de 5 marins : le capitaine américain Thomas Musgrave, le français François Edouard Rayan, l’anglais George Harris, le norvégien Alice McLaren et le cuisinier portugais Henry Folgee. Ces cinq hommes écrivirent une constitution formelle de 6 articles de la ‘famille’ des cinq hommes, qui permettaient notamment aux membres de déposer le chef de la famille s’il abusait de sa position.
«6-The community reserves to itself the right of deposing the chief of the family, and electing another, if at any time he shall abuse his authority, or employ it for personal and manifestly selfish purposes.»
Ces hommes se nourrirent notamment de phoques qu’ils chassaient. Au bout d’un an, ils décidèrent de construire un bateau pour rejoindre la Nouvelle-Zélande. Trois d’entre eux tentèrent la traversée pour chercher des secours (Musgrave, Raynal et McLaren) et ceux-ci réussirent à renvoyer un navire, le Flying Scud, chercher les deux naufragés qui étaient restés. Tous survécurent. La même année, en 1864, deux mois plus tard, un autre navire, l’Invercauld, sombrait aussi sur l’autre côté de cette île, rejetant 25 naufragés sur cette île d’Auckland. Mais ceux-ci ne survécurent pas aussi facilement. Apparemment, trois d’entre eux seulement furent sauvés par un navire espagnol. Apparemment, les deux groupes de naufragés ne se croisèrent jamais.
La survie des naufragés du Grafton en comparaison de celle de l’Invercauld tient-elle au fait des denrées et des matériaux sauvés du naufrage, ou bien de la mise en place du contrat social qu’ils avaient passé entre eux, tandis que les naufragés de l’Invercauld s’éparpillèrent chacun œuvrant à sa propre survie sans constituer de société ?
Partie 3
Le contrat social selon Rawls
John Rawls apporte une amélioration au concept de contrat social de Rousseau en inventant le concept de voile d’ignorance. Selon lui, la seule manière de permettre de créer une société équilibrée entre les droits, les devoirs et les positions sociales de tous et de chacun, c’est de fonder une société sur des règles décidées sans que personne ne connaisse préalablement sa position dans cette société, qu’il y soit esclave, maître, ouvrier, riche propriétaire ou roi. Derrière ce voile d’ignorance, chacun ignorant la manière dont il risque d’être traité dans cette société, fera en sorte qu’elle soit la plus juste et la plus équilibrée possible.
Cette théorie est évidemment féconde. Le voile d’ignorance inventé par John Rawls permet d’offrir une réalité tangible au moment de négociation de ce contrat social de Rousseau. Chez Rousseau, on devait imaginer le moment où l’homme basculait de l’état de nature à l’état social et on se rendait bien compte que cet instant ne s’était jamais produit au cours des derniers millions d’années. Cette négociation du contrat social était ainsi un instant impossible. Aucun nouveau contrat ne pouvait être passé pour fonder une nouvelle société. L’invention de John Rawls permet ainsi de sortir de la conflictualité inhérente à cet instant entre des membres d’un groupe qui cherchent tous à améliorer leur situation ou à ne pas l’empirer. Le voile d’ignorance résout cette potentielle conflictualité en privant chacun de l’envie de défendre sa propre situation. Comment chercher à défendre sa propre situation si on ignore totalement sa place dans la société ? On se trouve alors chacun confronté au besoin de limiter les pouvoirs des puissants et des plus forts et à maximiser la situation des plus pauvres, des moins bien pourvus, des plus faibles, car on ne sait alors nullement si l’on fait partie des plus pauvres ou des plus puissants.
Le problème néanmoins avec cette approche, c’est qu’elle ne soit pas plus applicable. On ne peut ignorer ce que l’on sait de sa position sociale. Et là aussi, même si une génération peut décider de règles, ce contrat social ne pourra être revisité ni modifié à chaque fois qu’un nouveau membre vient au monde ou arrivera à l’âge de citoyen.
La lecture de John Rawls ne m’a pas persuadé du caractère applicable de sa philosophie. Évidement, une société rawlsienne serait foncièrement juste. Mais s’il est impossible de décider de l’organisation d’une société humaine derrière ce voile d’ignorance, si nul ne peut oublier sa propre position sociale et sa propre situation de santé, alors aucune théorie de justice et aucun contrat social ne peut être mis en œuvre de manière juste et équilibrée.
Partie 4
Que représentent les pactes que certains groupes peuvent mettre en œuvre ?
Je suis arrivé au bout de ma réflexion autour de l’idée d’un contrat social. Le principe même d’un contrat social est selon moi incompatible avec le principe même majoritaire démocratique. Ce système majoritaire est d’ailleurs une aberration intellectuelle. Quelques centaines d’hommes et de femmes font en vrai passer leurs propres idées et leurs propres pulsions comme des décisions collectives. Tel député antispéciste tentera de faire passer ses priorités au nom de l’intérêt général. Le prix des whiskys et alcools forts à la Réunion a ainsi été doublé du jour au lendemain parce qu’une parlementaire réunionnaise combat les méfaits de l’alcoolisme et les violences contre les femmes dans le département. Idem pour les boissons sucrées au nom de la lutte contre l’obésité.
Au nom de l’intérêt collectif, l’idée même de la loi perd toute unité et toute mesure sous les assauts des intérêts individuels de quelques oligarques qui s’imaginent en sauveurs ou en destructeurs de monde. Nul n’est sensé ignorer la loi mais comment faire quand la loi ne cesse de changer au gré des envies de tel ou tel.
L’idée même d’un contrat social se heurte également aux sentiments d’abandon de ceux qui croyaient en un tel contrat social passé entre eux et la république et qui découvrent que la République ne remplit ses promesses, ne les protègent comme le contrat social qu’ils croyaient avoir passé avec elle le prévoyait selon eux. Au fond, parce qu’il n’existe pas de contrat social réellement conclu entre la République et chaque citoyen, parce que les lois changent si souvent au gré et aux envies de parlementaires et des hauts fonctionnaires qui fabriquent la loi, on se retrouve du jour au lendemain sans les protections et les libertés dont on croyait pouvoir disposer. On se retrouve sans droit, sans aide, sans appui, sans protection, sans liberté, comme notamment l’épidémie de coronavirus nous l’a démontré. Les organisations comme le conseil constitutionnel qui était sensé nous protéger se sont brutalement montrés comme étant à la solde du gouvernement de Macron.
On peut parler d’un sentiment d’abandon et de tromperie de la part des citoyens qui découvrent que les contrats sociaux qu’ils croyaient avoir passés avec le gouvernement n’existent pas au fond. Aujourd’hui, pour conjurer la crise démocratique qui en est née, la crise écologique et climatique qui pointe, on veut nous faire croire que la société, le gouvernement, peut mettre en œuvre, peut discuter d’un nouveau contrat social passé avec les différentes classes de citoyens. Mais c’est évidemment aussi faux et aussi factice que les contrats et les pactes que nous croyions avoir passés avec la république française.
On ne peut pas imaginer un nouveau contrat ou pacte passé entre les citoyens et les associations, parlementaires et gouvernements qui garantiraient des droits et des garanties aux citoyens que nous sommes. Loin d’être un nouveau pacte, ce ne seront que de nouvelles obligations, de nouveaux devoirs, de nouvelles interdictions, de nouvelles contraintes que nous imposerons tous ceux qui cherchent à restreindre toujours plus les droits des citoyens et à imposer une nouvelle forme de contrôle des orientations de la société dans son ensemble, à leur bénéfice sous couvert de l’intérêt général.
(IDDRI : institut de développement durable et de relations internationales)
Saucratès
Trump, Zelensky et l’illibéralisme
Que penser du combat idéologique qui se développe aujourd'hui dans les médias européens et sphères néolibérales européennes, épris de justice, de respect des droits, d'idéologie pro-ukrainienne, anti-dictatures pourvu que ces dictatures ne soient ni africaines, ni féministes, ni écologistes et ni musulmanes ? Que penser de l’illibéralisme versus la démocratie représentative ?
Des principales idées à la mode, je ne contesterai pas l'idée que les Etats-Unis sont effectivement devenus désormais un régime autocratique. Mais une surprenante autocratie : non pas l'autocratie d'un homme mais celle d'une multitude d'hommes, comme le président Trump, le vice-président Vance, le milliardaire Musk parmi des milliers d’autres. Une autocratie également issue du vote populaire, majoritairement masculin, majoritairement blanc, mais pas complètement. Trump et son colistier ont été élus par le peuple américain, avec bien plus de voix en proportion que Macron. Une autocratie enfin qui n'est considérée comme autocratique que parce qu'elle attaque frontalement les fondements mêmes de la pensée néolibérale épris de diversité, de mixité, pro-ukrainienne, anti-russe, dont l'ennemi archétypal est justement l'homme blanc hétérosexuel d'âge mûr représenté par Trump, Vance, Musk, Zuckerberg ou Bezos.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/02/les-debuts-de-la-presidence-trump-ont-suffi-pour-donner-au-cauchemar-de-l-amerique-virant-au-fascisme-un-amer-parfum-d-actualite_6572578_3232.html
Dès lors que quelques individus peuvent décider des choix d'un Etat, on peut au fond accepter la définition que nous sommes face à une autocratie.
S'agit-il néanmoins d'un régime de type fasciste comme le développe tant de journalistes ? Le problème c'est qu'il n'en existe pas une définition applicable au cas américain. Le problème, c'est que cette appellation est le mot 'rebutoire', repoussoir, pour éliminer toute argumentation qui ne répond pas à quelques principes fondateurs du néolibéralisme bien-pensant. Un mot repoussoir pour rendre illégitime tout argument défendant cet homme et son mouvement MAGA. Un mot repoussoir pour manipuler ses électeurs, pour leur faire changer d’avis, pour espérer pouvoir le vaincre.
Si on reprend la définition qu'en donne Wikipédia :
«Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement d'extrême droite révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l'individualisme codifié par la pensée philosophique des Lumières».
Quant au terme de totalitarisme qui sert à qualifier le fascisme, Wikipédia en donne la définition suivante:
«Le totalitarisme est un régime ou système politique où n’existe plus qu’un parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, et où l'État tend à exercer une mainmise sur la totalité des activités de la société. Un tel système restreint l'opposition individuelle à l'État. Il exerce ainsi un degré extrêmement élevé de contrôle sur la vie publique et privée.»
On ne peut raccourcir le fascisme à sa seule composante de régime d’extrême-droite ! Contrairement aux raccourcis simplistes des médias et des militants de gauche, on ne peut traiter de fasciste tout mouvement ou gouvernement d’extrême-droite sans opérer un hold-up intellectuel et criminel.
Pour moi, le Trumpisme n'a aucun des attributs du fascisme, si ce n'est de chercher à utiliser ce terme pour disqualifier ce mouvement et terroriser, faire peur, alerter les électeurs américains afin qu'ils ne votent surtout pas pour lui. Avec le résultat que l'on connait aujourd'hui. Le mouvement de Macron de 2017 était bien plus totalitaire que Trump en 2025, avec la soif de Macron et des siens de faire disparaître l'ancien monde politique, avec le succès que l'on observe aujourd'hui, et de disqualifier toute pensée contestataire au parlement et plus largement dans la société française, avec la réussite éclatante que l'on a connu par la suite avec notamment le mouvement des gilets jaunes.
Au plan international, il faut également remettre en cause le regard manichéen des médias européens (ou français) sur la politique américaine de Trump et Vance. Il n'y a pas d'un côté le camp du BIEN et le camp du MAL. L'Europe ne défend pas le BIEN et Trump le MAL. L'Europe change tout autant les orientations de sa politique étrangère internationale que l'Amérique ! L'administration Trump/Vince a une politique pro-israélienne affichée à l'instant même où l'Europe se détache d'Israël, probablement par opposition à la politique américaine. Et en même temps, Trump a réussi à imposer un cessez le feu à Israël et au Hamas, ce que son prédécesseur avait échoué à obtenir. De qu’elle manière Trump a-t-il pu imposer aux israéliens et au Hamas une trêve dont ils ne voulaient pas tout en appuyant aussi vigoureusement Israël ?
Et inversement, l'administration Trump joue un dialogue avec les russes et Poutine sur le conflit ukrainien lorsque l'Europe promeut l'extension du conflit avec la Russie et l’intervention des troupes européennes en soutien de Kiev. Mais l'ex-communion de Poutine et des russes est le mantra de la politique internationale européenne car toute la construction de l'effort financier pour aider l'Ukraine et Zelensky repose sur la confiscation des biens et des avoirs russes. Autant les Etats-Unis veulent se faire payer en minerais ukrainiens, autant les européens et les ukrainiens veulent se faire payer avec les avoirs russes confisqués.
L'un serait-il plus recommandable que l'autre, serait-il plus juste que l'autre ? Question de point de vue selon moi. Le remboursement de la dette coloniale colossale de la France vis-à-vis de Haïti, de ses ex-colonies africaines ou asiatiques pourraient donc être réalisées en confisquant l'ensemble des avoirs des entreprises et des oligarques français et des réserves de change de la France au niveau international, sans que cela ne nous pose problème ? C'est une vision des choses reposant comme d'habitude sur le simple droit du plus fort. Nul n’oserait confisquer les avoirs étrangers de la France et des oligarques français alors que cela semble naturel s’agissant de la Russie ! Simple question de droit du plus fort, avantage d’appartenir au club des pays occidentaux qui ne permettraient jamais que cela se produise.
Sauf que l'Europe est-elle vraiment plus forte que la Russie, les Etats-Unis et la Chine associés ? On peut nous parler de risques accrus de guerre en Europe, mais ne sont-ce pas justement nos gouvernements qui nous y précipitent sachant qu'ils n'en paieront jamais l'addition ? Que ce seront nos enfants et nos jeunes qui en paieront le prix fort ! Comme Zelensky, eux continueront gaiement à se pavaner de capitales en capitales et suspendront les élections démocratiques chez eux pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir.
L'analyse qui nous est donné des échanges entre Trump, Vance et Zelensky me semble également interprétable de différente manière. Ce n'est évidemment pas la lecture que Le Monde ou les dirigeants européens en ont fait. Bien évidemment. Ils parlent de tension inouie, d'agression subie par le courageux dictateur ukrainien. Chacun se fera sa propre opinion. L’affrontement a d’ailleurs plutôt lieu entre Vance et Zelensky plutôt qu’avec Trump, et Zelensky y sous-entend quand même que l‘armée américaine ou les américains pourraient souffrir de problèmes dans le futur. Osé et téméraire lorsque la menace émane d’un nain politique reçu à la Maison Blanche dans le Bureau Ovale.
https://www.lemonde.fr/international/video/2025/02/28/video-une-scene-d-une-tension-inouie-entre-donald-trump-et-volodymyr-zelensky_6570247_3210.html
La dernière des interrogations que l'on peut avoir, porte sur ce que l'on appelle l'illibéralisme. Qu'est-ce que l'illibéralisme ? Le Monde, d'une certaine façon, en donne une excellente présentation plutôt qu'une définition :
«On peut le résumer ainsi : la souveraineté de l’Etat-nation est primordiale et ne peut être limitée par des lois ou des institutions supranationales ; la société ne peut fonctionner sans autorité morale, et cette autorité peut conduire à des formes d’autoritarisme à l’encontre des institutions démocratiques si celles-ci sont jugées dysfonctionnelles ou capturées par les élites woke ; les lois doivent être faites pour la majorité, non pour les minorités ; les sociétés doivent être culturellement homogènes, les étrangers peuvent s’y intégrer en acceptant l’assimilation, mais non en demandant le multiculturalisme ; les individus ne sont pas des cartes blanches en termes d’identité, mais sont pétris d’histoire et de géographie, des marqueurs identitaires qui doivent être protégés et valorisés ; les normes culturelles en matière de famille, de sexe et de genre ne peuvent évoluer rapidement.»
Au fond, je suis totalement d'accord ; voilà une excellente définition de ce que devrait être une Nation plutôt que l’illibéralisme. C'était d'ailleurs probablement une très bonne définition de la France des années 1960-1970 sous le général de Gaulle, d'une France patriarcale même si en terme d'égalité des sexes, cette France passéiste serait aujourd'hui choquante. Et pourtant, on ne disait pas autrefois de la France qu'elle était illibérale, que le général de Gaulle était un autocrate ou un dictateur. Ou bien si, mais du seul côté d’une minorité de la gauche de cette époque-là, du côté de Miterrand après qu'il est basculé du soutien aux vichyistes au socialisme. Son livre sur le coup d’état permanent qu’il oubliera totalement une fois installé au pouvoir, entre 1981 et 1995. La France était pourtant considérée comme une démocratie.
Comme quoi, les interprétations médiatiques autour de l'autocratie, de l'illibéralisme de certains régimes politiques, n'ont rien de dogmatique, de stable, de gravé dans le marbre. Ces interprétations évoluent en fonction des personnes qui font l'opinion publique, de ceux qui écrivent dans les médias, de ceux qui décident de l'orientation idéologique des principaux médias. Soyons bien d'accord, ces interprétations ne varient pas en fonction de l'opinion publique, mais seulement en fonction de ceux qui cherchent à fabriquer cette opinion publique. Aux Etats-Unis, une large fraction de l'opinion publique est du côté de Trump même si les médias chercheront à nouveau à les influencer dans un autre sens. L'opinion publique française est de son côté partagée en trois blocs presque égaux (quatre en comptant les abstentionnistes). Et notre regard sur l'illibéralisme de l’Italie ou la Hongrie nous est donné par des médias occidentaux et libéraux.
Alors effectivement, je me retrouve véritablement dans cette présentation de la politique, de l'idée d'une Nation. Bien plus que dans un régime comme le libéralisme politique actuel, où tout est accessoire, et tout ce qui est nouveau est célébré, présenté comme extraordinaire, phénoménal, novateur, enrichissant. Où les valeurs traditionnelles de la famille, du père et de la mère et du catholicisme, de la France fille aînée de l’Eglise catholique, sont foulées au pied par des barbares sans foi ni loi.
Par opposition, en inversant la définition donnée par Le Monde, on peut esquisser ce qu’est sensé être une démocratie libérale, représentative, démocratique :
- la souveraineté de l’Etat-nation est accessoire et les lois de l'Europe prime sur toute souveraineté
- la société doit fonctionner sans aucune autorité morale,
- il est merveilleux que les institutions démocratiques soient capturées par les élites woke,
- les lois doivent être faites pour les minorités et surtout pas pour les hommes hétérosexuels blancs qui doivent rendre des comptes aux membres des minorités de genre ou de couleur qu’ils ont discriminées,
- la société ne doit surtout pas être culturellement homogène, et les étrangers doivent y bénéficier de plus de droits que les nationaux,
- les individus doivent avoir carte blanche en termes d’identité et de genre,
- les normes culturelles en matière de famille, de sexe et de genre doivent évoluer le plus vite possible, tant qu'elles s'opposent aux valeurs traditionnelles
Au fond, Le Monde permet dans cet article de resituer un combat de civilisation entre deux visions du monde absolument opposées : un monde moral que représente pour eux l'illibéralisme, et un monde où toute atteinte à la célébration des idées progressistes est criminalisée, où l'idéal de la démocratie autorise toutes les compromissions et les renoncements dès lors que ces renoncements visent à permettre au système progressiste de se maintenir au pouvoir, de l'emporter démocratiquement.
Et tant pis si pour cela, l'Europe viole ses idéaux démocratiques puisque la démocratie n'existe à leurs yeux que pour permettre l'élection de dirigeants néolibéraux qui appliqueront les mêmes politiques partout en Europe. Peu importe que les gouvernements soient de droite, du centre ou de gauche pourvu qu'ils appliquent tous et partout le même programme politique.
Mis à part une minorité de jeunes ou moins jeunes barbares, de féministes et d’extrémistes, nous sommes tous au fond des illibéraux!
Saucratès
Pensées énièmes sur la démocratie
Nous sommes encore un samedi soir sur notre Terre. Et je vais encore vous parler de démocratie. Réfugié sur ma terrasse au milieu de mes arbres, dans quelques flaques de lumière venant de quelques lampadaires éloignés, avec pas très loin quelques flammes de mon barbecue, vous pouvez vous demander à raison comment je pourrais valablement vous parler de la démocratie. Ma seule fenêtre sur le monde provient de ma lecture de quelques articles de presse, essentiellement du Monde envers lequel je suis d’ailleurs méfiant et critique.
Mais au fond, je ne me distingue pas vraiment de la plupart des commentateurs politiques ou sociaux qui nous entourent, dont la connaissance des Trump et des Poutine ne provient le plus souvent que de la lecture de quelques livres et quelques centaines d’articles de presse, et de l’opinion toute aussi relative de ceux qui les entourent. Au fond, rares sont ceux que nous entendons parler du monde qui nous entoure qui le connaissent autrement que par ouï-dire.
Simplement, il semble qu’il y ait le bon ouï-dire, celui qui représente le bon côté de la démocratie, et le mauvais ouï-dire, celui qui émane du côté obscur, manipulé, du spectre politique. Et on peut à raison s’interroger sur l’identité et la légitimité de ceux qui vont s’arroger le droit de décider du bon et du mauvais ouï-dire.
Ma première réflexion portera sur le scandale du lycée Betharram et de la polémique visant François Bayrou. Je me sens concerné parce qu’il est aussi poursuivi parce que sa femme y enseignait supposément la catéchèse. Pour tout parent qui a fréquenté des écoles privées d’enseignement catholique et s’y est investi, on sait que des parents d’élèves peuvent participer au cours de catéchèse pour les enfants et les jeunes sans être des enseignants, et sans participer et avoir à connaître au fonctionnement de l’école, du collège ou du lycée.
J’ai lu des articles du Monde relatant la souffrance des personnes ayant été agressé sexuellement, et qui exposent encore la souffrance alors qu’ils sont âgé de cinquante ou soixante ans. Et je n’ai que mépris pour ce genre d’articles. Si à cinquante ou soixante ans, une personne, un homme, n’a pas encore réussi à dépasser sa souffrance d’enfant pour des mains aux fesses, c’est qu’il a un problème autrement plus grave à régler avec lui-même. Certains penseront que je n’ai certainement pas été une victime pour penser cela, mais se morfondre dans sa souffrance est selon moi une aberration et nul n’en est responsable.
Cette affaire démontre une nouvelle fois que notre democratie Est malade, avec des araignées au milieu de leur toile qui détiennent et dévoilent des informations sur pratiquement tous les hommes et toutes les femmes politiques dès lors que ceux-ci arrivent au pouvoir. Il y a eu l’affaire Fillon ; il y a désormais l’affaire Bayrou. Et au centre de cette toile d’araignée, toujours les mêmes médias qui distillent leurs mêmes informations venimeuses.
Plus intéressante, l’affaire Bayou avec le classement sans suite par la justice de la plainte de son ex-campagne Anais Leleux. Sur les simples allégations d’une femme, il avait été condamné immédiatement irrévocablement par tous ceux qui pensent droit et bien. Les Écologistes ont beau assurer qu’ils respectent la présomption d’innocence, ce n’est clairement pas le cas. Évidemment, la députée écologiste Sandrine Rousseau persiste et signe en se tenant aux côtés des victimes. Évidemment encore, cette affaire ne sera pas finie pour Julien Bayou, sans vouloir lui faire de la peine. Le classement sans suite sera contesté par ceux et celles qui estiment que la parole d’une femme, ou d’une victime, doit être respectée, crue.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/21/julien-bayou-dit-ne-plus-rien-attendre-des-ecologistes-apres-le-classement-sans-suite-de-la-plainte-de-son-ex-compagne-anais-leleux_6557617_823448.html
Au final, la seule conclusion que l’on peut tirer de cette affaire abominable, c’est que nul homme ne devrait épouser ou se mettre en couple avec une ecologiste, une féministe ou une insoumise. Et je pense qu’on peut y inclure également les communistes et les socialistes par excès de prudence. Il faut être totalement fou pour imaginer qu’une histoire avec ces femmes-là ne se transformera pas en histoire judiciaire à la première difficulté venue !
Autre histoire intéressante, cet article du Monde au sujet des listes d’exclusion de certaines entreprises dans lesquelles les fonds d’investissement refusent d’investir.
Extrêmement amusant parce que Le Monde lui-même et les mêmes associations de défense de l’environnement militent justement inlassablement pour que la Finance mondiale sélectionne ces risques et ces octrois de financement afin d’éliminer toutes les entreprises qui mettent en danger les sociétés ou la planète. Et là, Le Monde nous sort un article dans lequel il semble s’étonner que des entreprises françaises en fassent partie. De deux ou trois choses l’une. Soit cet article est faussement candide et vise à médiatiser l’existence de listes d’exclusion d’institutions financières de manière à faire peur, à terroriser les entreprises qui refuseraient de changer leur modèle économique pour le rendre climatiquement responsable. Soit le média Le Monde est schizophrène et combat ici ce qu’il défend ailleurs inlassablement. Soit enfin le média n’a même pas compris les implications financières réelles des combats qu’il mène pour interdire les financements aux entreprises non vertueuses écologiquement.
Comment enfin ne pas conclure cette réflexion par cette extraordinaire analyse du Monde du discours de l’extraordinaire vice-président J. D. Vance sur la démocratie européenne.
Il me semble qu’il faut lire ce décryptage du Monde de ce discours parce que pour l’une des premières fois dans Le Monde, on y trouve l’in extenso d’un discours qu’ils condamnent (néanmoins traduit en français), au lieu comme d’habitude, de la simple interprétation et condamnation de ce discours.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/21/les-etats-unis-de-trump-menace-pour-la-democratie-en-europe_6557361_3232.html
Derrière le décryptage que Le Monde propose de ce discours, probablement parce qu’ils pensent que tout le monde sera consterné par les idées exposées dans ce discours, on ne peut que constater l’ampleur du gouffre qui sépare les deux fractions du peuple qui constituent la démocratie occidentale ou européenne. J. D. Vince a-t-il été désinformé ou plutôt mésinformé ? Ou bien n’assiste-t-on pas plus simplement à deux regards différents sur ce qu’est la démocratie, des deux côtés du spectre démocratique ?
L’annulation d’élections présidentielles en Roumanie parce qu’elles ont enregistré la victoire d’un candidat pro-Russie me choque tout autant que le vice-président J. D. Vince. De la même manière qu’il s’attaque à toutes les atteintes à la liberté d’expression en Europe dès lors qu’elles visent des chrétiens, des extrémistes de droite ou des opposants au féminisme. Ce discours de Vince rejoint totalement mon opinion sur la démocratie européenne, ou plutôt l’absence de démocratie en Europe, dès lors que les personnes ne rejoignent pas la doxa en vigueur pro-immigration, pro-islamisation, pro-effondrement-écologique et pro-ultra-féminisme de l’organisation européenne.
Jamais Donald Trump, Vince ou Musk qui l’entourent et le soutiennent n’auraient pu remporter une élection présidentielle en Europe. Ce qu’une démocratie comme l’Amérique permet, jamais l’Europe ne l’aurait permis. On peut penser en Europe que l’élection de Trump est une aberration. On peut penser que la pensée européenne aurait été validée par Biden et son administration démocrate. Sauf que Biden a perdu. Que le peuple américain a élu Trump. Et qu’il faut espérer que celui-ci n’aura de cesse de faire en sorte que la démocratie européenne soit restaurée et le libre choix et vote du peuple y sera autorisé et respecté dans le futur, quelque soit le candidat en lice, conforme à la doxa médiatique ou non. Pour quelles raisons l’élection présidentielle française de 2017 n’a-t-elle pas été invalidée pour cause d’ingérence médiatique de milliardaires ayant favorisé l’élection de Macron, alors que l’élection présidentielle roumaine a elle été invalidée en Roumanie en raison d’une ingérence russe ?
On se doute que la raison est politique. Que l’élection de Macron satisfaisait les censeurs démocratiques et que l’élection roumaine leur déplaisait. Comme l’écrit si justement Le Monde dans son décryptage en parlant d’un «pays pourtant foncièrement pro-européen». Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que chaque fois que les citoyens d’un État de l’Union européenne voteront mal, des censeurs les priveront de leurs droits d’élire leurs représentants ou leur président ? Aujourd’hui la Roumanie. Demain qui ? L’Allemagne si les électeurs allemands portent au pouvoir l’AFD ? Et après qui ? Et quid des citoyens américains qui ont osé revoter pour Donald Trump alors qu’ils en connaissaient pourtant les conséquences prévisibles ? Je partage les idées développées par le vice-président américain Vince sur la remise en cause de tous les principes occidentaux démocratiques défendus lors de la guerre froide par les combattants de la liberté. Combien de processus démocratiques européens devront être remis en cause par des censeurs illégitimement élus ou désignés pour que l’on accepte de se rendre compte que la supposée démocratie européenne n’est plus une démocratie mais la dictature d’une minorité technocratique ?
Une démocratie qui n’a plus rien de démocratique peut-elle encore se croire une démocratie sans sombrer dans le grotesque ? C’est évidemment compliqué à appréhender car, pour nous européens, elle ressemble tant à une démocratie : liberté apparemment réelle seulement limitée par des normes et des lois kafkaïennes, absence de censure visible et de soldats restreignant nos libertés …
Il va nous falloir inventer une nouvelle forme de dictature qui aurait beaucoup des apparences d’une démocratie tant que les citoyens ne s’écartent pas de ce qu’ils ont le droit de faire, une dictature où ces citoyens ne seraient plus libres de voter pour ceux qu’ils veulent mais dont les dirigeants doivent être validés par des censeurs mis en place par le système. En fait, ce système existe depuis l’origine de la démocratie européenne et française (il suffit de se rappeler le choc de l’élection de l’aventurier Louis-Napoléon Bonaparte en 1848 élu lors du premier suffrage universel de la seconde république face à tant d’hommes politiques respectables et cette découverte choquante que les citoyens français ne savaient pas voter puisqu’ils préféraient voter pour un illustre inconnu neveu de l’Empereur) ; il se trouve juste aujourd’hui que le système de contrôle mis en place par les censeurs s’est remis à craquer de partout, peu à peu dans toute l’Europe, et que les censeurs qui nous dirigent n’ont pas encore réussi à mettre en œuvre un nouveau système de contrôle apte à contrôler l’influence des réseaux sociaux. Lorsqu’ils servent à faire élire Macron ou Obama, ces réseaux sociaux sont magiques. S’ils servent à faire élire un candidat pro-russe ou Donald Trump, tout va mal ! C’est une guerre idéologique dans laquelle chacun des deux camps est persuadé avoir raison, mais où les censeurs européens cherchent juste à défendre leur privilège en estimant défendre la démocratie !
Saucratès
Nota : Évidemment, les médias européens comme Le Monde et les politiques européens appartenant à ce système de censure véhiculent l’opinion strictement contraire. Les Etats-Unis sont ainsi à leurs yeux désormais une menace pour la démocratie européenne et pour «l’Etat de droit, sur lequel la paix et la construction européenne ont reposé depuis la victoire sur le nazisme».