Critiques de notre temps

Dans un certain nombre de précédents articles, je me suis posé un certain nombre de questions autour de problèmes d’astrophysiques, m’intéressant notamment à la manière dont ils ont été traités au travers de la littérature. 

 
Dans mon premier article sur ce sujet, je m’intéressais d’abord à l’existence ou non d’une limite de masse à notre planète Terre, dans le cadre de l’utilisation probable à venir de matériaux issus du système planétaire et du système d’astéroïdes du système solaire. 

https://saucrates.blog4ever.com/problemes-dastrophysique-existe-t-il-une-limite-de-masse-de-la-terre

Dans un deuxième article, je m’intéressais au concept de forêt sombre développé par l’auteur de science-fiction chinois Liu Cixin dans son livre «Le problème à trois corps» et sa suite.

«L'Univers est-il une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil». Si l’univers est une forêt sombre dans laquelle se cachent des civilisations mortes de peur d’être découvertes et anéanties par d’autres civilisations, n’est-il pas dangereux et potentiellement mortel d’émettre des communications radios vers des étoiles ou des galaxies lointaines ? Le concept de forêt sombre de Liu Cixin est ainsi une réponse au paradoxe de Fermi.

https://saucrates.blog4ever.com/de-la-foret-sombre-en-astrophysique

Enfin, dans un troisième article, je m’intéressais au problème du potentiel respect des droits des femmes, et donc par extension des droits de l’Homme, dans le futur de l’Aventure spatiale et tout particulièrement dans le cadre de l’implantation d’une nouvelle colonie. J’abordais essentiellement ce problème au travers un auteur de science-fiction, Léo, qui a pris en compte ce questionnement dans le futur proche de l’expansion spatiale, à travers ces séries de bandes dessinées «Aldebaran», «Beltegeuse» et «Antarès».

 
https://saucrates.blog4ever.com/les-pires-instincts-de-lhomme-dans-la-colonisation-du-cosmos

Le sujet que je souhaite désormais aborder dans ce quatrieme article porte sur la possibilité même de la colonisation de futures colonies extraterrestres. La colonisation elle-même d‘autes mondes planétaires extra-terrestres est-elle techniquement possible ? 

Aujourd’hui, on est d’accord, l’humanité n’a encore colonisé aucune planète extraterrestre dans notre système solaire ou hors de notre système solaire. Nous ne sommes même pas encore capables de voyager rapidement à l’intérieur de notre propre système solaire au-delà des astres les plus proches de nous comme la Lune ou Mars. Seule la littérature de science-fiction peut donc nous éclairer sur ce concept de colonisation de mondes extraterrestres. 
 
La littérature de science-fiction nous enseignant que la colonisation de mondes extraterrestres est possible est extrêmement nombreuse et fournie. De Dune de Franck Herbert, à Fondation de Isaac Azimov, des bandes dessinées de Léo à La Guerre des Etoiles de Lukas, du «dit d’Akka» de Ursula K. Le Guin au cycle de «la Culture» de Iain M. Banks, toutes ces œuvres de science-fiction partent du principe que l’homme dans un futur très lointain, ou un futur beaucoup plus proche, a réussi à essaimer dans l’ensemble du cosmos. Chez Herbert, chez Azimov, chez Le Guin, chez Banks ou chez Lukas, l’expansion de l’humanité ou de toute autre race a eu lieu dans un passé extrêmement lointain, un passé  le plus souvent oublié appartenant à la nuit des temps ou légendaire. Chez Léo, l’expansion de l’humanité est récent mais ne pose pas de problème particulier si ce n’est en terme de survie de colonies abandonnées, de perte de vaisseaux spatiaux et de cheminement à travers l’espace-temps, ou de rencontres avec des peuples ou des espèces extraterrestres.

Mais rares sont les auteurs de science-fiction qui se sont interrogés sur la possibilité même de la colonisation de mondes extraterrestres. L’un de ces auteurs est Kim Stanley Robinson dans son livre «Aurora». L’auteur ou l’autrice de très nombreux livres sur la colonisation de Mars change ici de perspectives pour évoquer la possibilité que l’humanité ne pourra coloniser aucun monde vivant, c’est-à-dire abritant une vie extra-terrestre. Dans Aurora, elle explique que tout monde vivant disposera de microbes, virus ou prions (dans son exemple) capable d’exterminer toute population extraterrestre qui voudrait l’envahir. Dans son livre, elle semble penser ou faire dire que seul un monde totalement stérile pourrait permettre d’être ensemencé pour y apporter la vie. Et encore faudrait-il être certain qu’on ne risque pas d’y réveiller un virus dormant capable d‘etre réveillé et d’exterminer l’humanité ! Dans Aurora, les colons partis coloniser Aurora reviennent sur leurs pas pour retrouver l’humanité, et n’hésitent pas à éliminer les colons contaminés qui cherchaient à revenir dans le vaisseau pour essayer de survivre loin de cette planete mortelle. 

Kim Stanley Robinson n’est pas la seule à avoir écrit autour de cette idée que la colonisation de mondes extraterrestres est impossible. L‘un des premiers des auteurs de science-fiction l’a aussi évoqué. Non pas Jules Verne, mais je pense H. G. Wells dans son livre «La guerre des mondes». Après tout, l’extermination des martiens et la sauvegarde de l’humanité ne s’explique dans son livre que grâce aux microbes et bactéries qui éliminent les martiens. Pour Kim Stanley Robinson, c’est un prion qui élimine les humains venus s’installer et coloniser Aurora.

Évidemment, à ce jour, il est impossible de répondre à cette question. On le saura lorsque l’humanité sera capable de voyager et de coloniser une autre planète dans le système solaire puis hors de notre système solaire.
 
Au fond, les problèmes éthiques qui vont en découler devraient être évoqués dès maintenant, tant qu’il est encore temps, tant que rien n’est encore possible, tant que l’on peut encore fixer des règles afin que tout le monde soit obligé de les suivre et de les respecter, avant qu’il ne soit trop tard.

 
 
Saucratès