L’Espagne, la France, la Catalogne, Carles Puigdemont et les gilets jaunes
L’Espagne, la France, la Catalogne, Carles Puigdemont et les gilets jaunes
Histoire d’une fin de la démocratie en Europe
Par Saucratès
Saint-Denis de la Réunion, dimanche 11 août 2024
En novembre 2017, j’avais écrit deux papiers sur la Catalogne et sur l’Espagne. À cette époque-là, j’écrivais que la France et l’Europe avait à sa porte un pays qui n’était pas encore une démocratie, un État qui s’acharnait sur des opposants politiques. J’y écrivais ainsi :
«Venant de France et d'Europe, on ne peut être que choquer de ce qui se passe en Espagne et en Catalogne. L'appareil répressif espagnol à l'encontre des catalans et des dirigeants politiques catalans qui osent vouloir mettre en oeuvre des processus politiques légaux et non violents pour permettre au peuple catalan de s'exprimer laisse pantois. C'est une guerre idéologique et des procès politiques qui sont organisés par l'Espagne contre ses opposants catalans, et cette guerre est condamnable. Il n'y a guere de différences entre les purges staliniennes du passé, les purges du president turc Erdogan, et celle du premier ministre espagnol Rajoy. C'est un pays encore fascisant et non démocratique que nous avons à nos portes, à l'intérieur de l'Europe. Et ce pays n'a rien à faire en Europe, à la différence de la Catalogne, qui elle, a toute sa place en Europe.»
https://saucrates.blog4ever.com/l-europe-et-la-catalogne
En relisant mes écrits, je me suis rendu compte que j’avais écrit cela il y a très longtemps, à une toute autre époque, en 2017, avant la répression organisée par la France à l’égard des gilets jaunes, avant la répression des manifestations de la loi travail. À cette époque, l’acharnement du pouvoir politique espagnol et de la justice espagnole à l’encontre des indépendantistes catalans semblait appartenir à une autre époque. À une époque où la France était encore une démocratie où le pouvoir politique et la justice française ne s’acharnaient pas à l’encontre de leurs adversaires. Mais c’était avant l’avènement de Macron, de Hollande, de ceux qui aujourd’hui se présentent justement comme les remparts de la démocratie contre le Rassemblement national.
Aujourd’hui, l’exemple de la répression espagnole à l’encontre des indépendantistes ne parait plus aussi incompréhensible. Difficile d’accuser l’Espagne d’être encore un état fasciste si l’ensemble de l’Europe, et tout particulièrement la France, l’est également.
En 2024, le pouvoir politique et judiciaire espagnol continue de s’acharner sur Carles Puigdemont. Ainsi une gigantesque traque à l’homme a été lancée début août 2024 pour tenter de capturer (ou d’assassiner ?) Carles Puigdemont alors qu’un accord politique avait été passé entre le premier ministre et le parti autonomiste catalan pour permettre l’élection d’un premier ministre socialiste en Espagne. Accord immédiatement bafoué par les magistrats espagnols et par la plus haute juridiction espagnole qui fait de la capture et de la condamnation des leaders autonomistes catalans un enjeu personnel.
Cette situation est évidemment ubuesque. Parce que l’indépendantiste ou autonomiste Carles Puigdemont n’est pas poursuivi pour un crime politique ; personne en Europe, dans des Etats supposés democratiques, ne sont emprisonnés ou poursuivis pour des crimes politiques, mais uniquement pour des délits de droit commun. Carles Puigdemont était ainsi poursuivi pour terrorisme (des manifestations pour l’indépendance de la Catalogne, c’est évidemment du terrorisme) et pour un délit financier de detournement de fonds !
L’Europe, la France, l’Espagne sont ses drôles de pays démocratiques dans lesquels les puissants ont tous les droits et ne sont jamais poursuivis … par exemple le ministre de la justice peut prendre des sanctions et s’acharner contre des juges qui l’ont gêné et ennuyé lorsqu’il était avocat mais cela ne constitue pas un délit selon un Cour de justice de la République française … par contre, des partis politiques sont poursuivis pour des emplois d’assistants parlementaires que la justice considère comme fictif, ou des deputes comme Carles Puigdemont sont poursuivis et font l’objet de mandat d’arrêt internationaux pour de supposés détournements de fonds.
La démocratie européenne s’enfonce dans l’aberration et dans la tartufferie jusqu’à un point que j’estime de non-retour. Ceux qui croient encore dans les explications ubuesques des gens qui nous dirigent, des partis qui nous gouvernent, des groupes notamment journalistiques qui cherchent à faire coïncider leurs discours ubuesques et la realité que nous sommes bien obligés de discerner derrière leur écran de fumée tient de moins en moins la route.
La démocratie en Europe existe de moins en moins pour tous ceux qui cherchent à s’opposer, à combattre, à se révolter. La démocratie existe plus ou moins pour tous ceux qui ferment les yeux, qui se suivent leur bonhomme de chemin, qui ne s’opposent pas, sauf à ce que la machine judiciaire hystérique ne les broient parce qu’une plainte ubuesque les aura frappé … parce qu’un puissant envieux aura jeté son dévolu sur telle chose ou telle chose qui leur appartient (terrain, maison, femme, mari) … Mais pour les autres, ceux qui se révoltent, ceux qui s’opposent politiquement, ceux qui comme Carles Puigdemont vont au bout de leurs idées, la justice, la police, l’Etat sont sans merci. Comme les gilets jaunes arrêtés et condamnés à tour de bras par la justice française pour s’être révoltés contre UBU ROI. Il faut relire l’article dont j’avais parlé dans mes articles de novembre 2017 sur l’histoire de la Catalogne intitulé : «L'intransigeance de Madrid nourrit le séparatisme catalan».
https://www.enbata.info/articles/lintransigeance-de-madrid-nourrit-le-separatisme-catalan/
Saucratès
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