Quelques réflexions critiques sur quelques pays lointains
L’affaire de la plainte Rokhaya Diallo - ou l’Afrique est-elle un endroit merveilleux où il fait si bon vivre
Saint-Denis de La Réunion, dimanche 14 février 2021
Il ne fait pas bon s’exprimer dans un débat public lorsque l’on ne veut pas se cantonner à exprimer des platitudes et des phrases toutes faites. En octobre 2020, une auditrice de Sud Radio exprime une position, une idée, avec laquelle, malgré l’existence d’une liberté d’expression et une liberté de presse en France, il m‘est impossible et interdit d’être en accord. Il existe des sujets, touchant le féminisme, la trans-sexualité, l’islam, la judéité ou la couleur de peau, où toute forme d’humour ou de débat est impossible. On peut dire à un blanc de retourner dans sa campagne, mais pas l’inverse. On peut se moquer d’un homme blanc, mais pas d’un ou d’une trans-sexuel, ou d’une femme (cf. l’affaire Xavier Gorce) ...
Très chère liberté d’opinion. Voilà donc une scène se déroulant il y a quelques mois, lorsqu’une auditrice de Sud Radio ose s’en prendre à Rokhaya Diallo.
«Dimanche 20 décembre, la réalisatrice et militante antiraciste Rokhaya Diallo a relayé sur Twitter pour s'en indigner un extrait de l'émission "Les Vraies Voix", diffusé deux mois plus tôt sur Sud Radio mais qui lui avait jusqu'alors "échappé". Une auditrice y prend la parole, en réponse à un débat sur les indigénistes et les attentats.
"Attention (la députée LFI) Danièle Obono va vous tomber dessus", ironise alors le magistrat Philippe Bilger, présent en studio aux côtés de l'essayiste Céline Pina, du psychologue Jean Doridot et du présentateur Philippe Rossi, qui répond pour sa part : "il suffit de dire comme vous l'avez dit que Rokhaya Diallo a eu de la chance d'être en France et d'avoir une vraie liberté d'expression".»
Et la réaction sur Twitter de Mme Diallo ...
«Ces propos traduisent un mélange de mépris de «l’Afrique» (comme s’il s’agit d’un pays!) et de négation de la légitimité politique des non Blanc.he.s en France (+grossophobie).»
Un mois et demi plus tard, je ne trouve pas de suite à cette histoire. Mais cela ne fait qu’un mois et demi. Je crains que cette pauvre auditrice de Sud Radio ne soit retrouvée ou dénoncée et que l’on apprenne un jour qu’elle aura été lourdement condamnée, comme une pauvre gilet jaune qu’elle est vraisemblablement.
Je n’ai pour ma part aucune sympathie pour le mouvement qui se fait appeler les indigénistes de la République, et dont la proximité idéologique avec les mouvements islamiques me pose problème. J’estime pour ma part également qué ces indigénistes ont bien de la chance de vivre en France au sein de laquelle on tolère tant de critiques, à la différence de pays beaucoup moins tolérants comme la Chine ou la Russie (pour ne pas parler de pays africains).
Mais comme je ne peux résister à l’envie de vérifier les assertions de cette auditrice de Sud Radio, ou plutôt de corroborer ses affirmations, j’ai simplement noté quelques informations transmises par le journal Le Monde sur la situation sécuritaire de quelques pays africains.
Ainsi on peut parler du Mali, où, on le sait, la France entretient une force d’intervention intitulée Barkhane pour sécuriser cette région et y combattre, au prix du sang, les forces djihadistes. Le Mali où les envoyés spéciaux du Monde nous informent régulièrement des désordres ethniques qui y règnent, entre ethnies ennemies, milices armées ou groupes djihadistes. Et villages rasées et populations assassinées.
Vaut-il mieux par,er du Niger. Le Niger, et sa capitale Niamey, n’est guère plus sûre. Il suffit de se rappeler l’attaque terroriste qui conduisit à la mort de sept employés d’Acted et de leur guide.
Faut-il parler de la Guinée d’Alpha Condé ? Pas de guerre civile pour l’instant, simplement des arrestations et des emprisonnements arbitraires met des élections truquées. Mais après tout, ce n’est guère différent de la situation américaine et de la victoire de Joe Biden, ou de la situation électorale française. Simplement, en France et aux États-Unis, on a parfaitement compris qu’aucune accusation de triche ne peut être portée lorsque tous les médias sont dans la connivence et participent au vol electoral. Même les contestations populaires comme celles des Gilets jaunes ou des défenseurs de Donald Trump pourront être assimilés à des voyous ou à des groupuscules sans enjeu politique.
Peut-être peut-on aussi parler du Sud Soudan ou de l’Ethiope ? Là aussi, des conflits ethniques incessants entraînent meurtres de villageois et des villageoises et destruction de villages. Et contrairement aux apparences, les villages de Maikadra et de Benishangul-Gumuz ne sont pas du tout dans la même zone.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201013-ethiopie-violences-12-morts-region-benishangul-gumuz
http://french.xinhuanet.com/2019-05/23/c_138083744.htm
Mais tout ceci n’est qu’une fraction de la partie visible de l’iceberg, les quelques articles récemment sortis sur des massacres en Afrique. On pourrait aussi parler de la situation en Mauritanie, qui applique si tranquillement la charria, de la Casamance au sein même du si tranquille Sénégal, et de la Gambie qu’il enclave, de toute la zone Sahélienne dont le Mali n’est qu’une petite partie, des pays comme le Nigéria ou le Cameroun où le groupe djihadiste Boko Haram sévit, tue, assassine et enlève des jeunes et des enfants. Sans parler évidemment des massacres et de la guerre en Lybie.
Et au fond, même ce dossier spécial du Monde sur l’éducation des filles souligne l’extrême fragilité de la cause de La Défense des femmes en terre africaine.
Au fond, tout ceci ne sonne-t-il pas raison à cette auditrice de Sud Radio ? Evidemment, il ne faut pas le dire, pas l’exprimer, on a juste le droit de le penser ... il n’est pas encore interdit de penser ... mais surtout ne pas le dire, même quand nos interlocuteurs sont des indigénistes qui se croient persécutés et qui insultent la France et son racisme institutionnel.
Je crois qu’il faut tirer une conclusion de tout cela. Au titre de l’asile politique, on intègre et on protège des millions de personnes de ces pays en guerre, mais eux-mêmes ou leurs enfants nous conchient ou parfois nous assassinent au nom de leur religion ou de notre couleur de peau et de notre supposé racisme. Il y a un peu plus d’une décennie, un économiste américain, William Easterly, avait parlé du fardeau de l’homme blanc. Près de quinze ans plus tard, on ne peut que considérer que nous avons perdu.
Saucratès
Le débat sur Israël (2)
Réflexion onze (28 août 2012)
L'état israëlien jugé par la justice israëlienne non responsable de la mort de la jeune pacifiste américaine Rachel Corrie, assassinée en Palestine à Gaza par Israël le 16 mars 2003 à l'âge de 23 ans ... neuf ans après les faits ... après sept années de procès et d'enquêtes (ou de non-enquêtes) ...
Il y a un peu plus de neuf ans, le 16 mars 2003, une jeune étudiante américaine de l’université d’Olympia (Etat de Washington) qui militait pour la Paix, Rachel Corrie, née le 10 avril 1979, était assassinée par l'état israëlien, écrasée sous les chenilles d'un bulldozer de l'armée israëlienne. Avec le mouvement non-violent international de solidarité (ISM), elle participait à des actions pour bloquer les pelleteuses israeliennes qui d’abattaient les maisons des kamikazes et de leurs familles, en territoires palestiniens occupés (la bande de Gaza) pendant l'Intifada d'Al-Aqsa.
Le 16 mars 2003, à la frontière de Gaza, à Rafah, Rachel Corrie et d'autres militants pacifistes tentaient une nouvelle fois de s’opposer pacifiquement à des démolitions conduits par l'armée israëlienne. Alors qu'elle était assise dans la trajectoire d'un bulldozer, elle sera recouverte de terre puis écrasée par un bulldozer Caterpillar D9 de l'armée israélienne, devant ses camarades. Elle était âgée de 23 ans. La version de l'armée israëlienne de cet assassinat est différente, démentant la documentation photographique des témoins ... Selon l'armée israëlienne, le conducteur de l’engin ne l’aurait pas vue, car elle se trouvait dans un 'angle mort'. La BBC a produit un documentaire intitulé 'When killing is easy' qui soutient la version selon laquelle Rachel Corrie aurait été tuée volontairement par l'armée israélienne.
Se souvenir également que l'un des bateaux de la flotille de Gaza, parmi ceux qui voulaient défier le blocus israëlien des territoires palestiniens, portait son nom !
Neuf ans après les faits, sept ans après que ses parents aient porté plainte contre l'état d'Israël pour cet assassinat, un tribunal israëlien, présidé par le juge Oded Gershon, a rejeté mardi 28 août 2012 la plainte de ses parents. «Le juge a ainsi estimé que l'Etat israélien n'était pas responsable des dommages causés dans la mesure où ils s'étaient produits en temps de guerre. Je suis parvenu à la conclusion qu'il n'y a pas eu de négligence de la part du conducteur du bulldozer, a-t-il affirmé, en qualifiant la mort de Rachel Corrie d'incident regrettable».
Je ne sais pas ce qu'il faut à la justice israëlienne pour reconnaître qu'il y a eu assassinat volontaire. «... Habillée d'un gilet orange fluo et armée d'un haut-parleur, Rachel Corrie bataille pendant deux heures avec les autres volontaires pour tenter d'empêcher l'avancée d'un bulldozer. Rachel a tenu tête au bulldozer seule parce qu'elle connaissait cette famille et parce qu'elle pensait que son action était juste. S'approchant de plus en plus de Rachel, le bulldozer a commencé à pousser la terre sous ses pieds. A quatre pattes, elle essayait de rester au sommet de la pile qui ne cessait de monter. A un moment elle s'est retrouvée assez haut, presque sur la pelle. Suffisamment près pour que le conducteur puisse la regarder dans les yeux. Puis elle a commencé à s'enfoncer, avalée dans la terre sous la pelle du bulldozer. Le bulldozer n'a pas ralenti, ne s'est pas arrêté. Il a continué à avancer, pelle au niveau du sol, jusqu'à lui passer sur tout le corps. Alors il s'est mis en marche arrière, la pelle toujours au sol, et lui est repassé dessus, poursuit Dreg Sha.
Rachel gisait sur le sol, tordue de douleur et à moitié enterrée. Sa lèvre supérieure déchirée saignait abondamment. Elle ne put que dire 'je me suis cassé le dos'. Après ça elle n'arriva plus à dire son nom ni même à parler. (...) Mais on pouvait voir son état se détériorer rapidement. Des signes indiquant une hémorragie interne à la tête apparurent bientôt. Après environ un quart d'heure des brancardiers sont arrivés et l'ont emmenée à l'hôpital, raconte Dreg Sha. Rachel Corrie est morte des suites de ses blessures à l'hôpital». Manifestement, les bulldozers israëliens ont des angles morts à de drôles d'endroits, vraisemblablement pour éviter de regarder toutes les atrocités qu'ils commettent !
Cette histoire est atroce, infâme. Dire que ces gens vivent/dorment tranquillement malgré toutes ces morts, que ce militaire ne regrette même pas ce meurtre ! Par ailleurs, pour une américaine tuée pour laquelle ses parents leur font un procès, combien de palestiniens ont également été assassinés sans aucune publicité ? Et certains osent avancer qu'Israël est une démocratie ! Ce nouvel exemple démontre une nouvelle fois qu'Israël est bien au contraire plutôt un état militaire et policier pratiquant la discrimination raciale et l'assassinat de ceux qui ne sont pas juifs ou en opposition avec ses positions. Neuf années après ces faits, Israël continue toujours sa politique terroriste envers les palestiniens, niant les droits des palestiniens à avoir un état indépendant et souverain comme initialement prévu à la création d'Israël et de la Palestine ...
Lire également la très belle histoire racontée par Noami Klein, journaliste (canadienne sauf erreur de ma part), auteure de 'No Logo' et de 'La stratégie du choc', sur les histoires de Jessica Lynch, soldate américaine, et Rachel Corrie, pacifiste américaine au lien suivant ... Elle nous rappelle que d'autres occidentaux ou membres de l'ISM avaient également été assassinés après Rachel Corrie par l'armée israëlienne, comme Brian Avery (24 ans), le 5 avril 2008, Tom Hurndall, militant britannique d’ISM, le 11 avril 2008, ou James Miller, caméraman britannique.
Et enfin, le beau site in mémoriam de Rachel Corrie ... J'ai lu quelques-uns des mels qu'elle échangea avec sa famille tels qu'ils ont été publié par le Guardian ...
(j'ai déjà cité une partie de ces sources et cette histoire en octobre 2008)
https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2047528-aberrations__2_.html
Réflexion dix (22 janvier 2012)
La question de l'accès à l'eau pour Israël et pour l'état palestinien
Un rapport parlementaire français remis en décembre par le député socialiste Jean Glavany soulève un tollé en Israël, suite à sa traduction et à des articles de presse. Ce rapport d'information pour la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale décrit «la question de l'eau comme révélatrice d'un nouvel apartheid au Moyen-Orient».
L'article du Monde qui en rend compte décrit assez largement la problématique des restrictions mises par l'état d'Israël au libre accès et à l'utilisation des ressources aquifères pour les palestiniens. La majeure partie de l'enjeu de l'eau pour Israël concerne la Cisjordanie, puisque dans la bande de Gaza, l'enjeu concerne les palestiniens qui se situent en aval d'Israël. Le député Jean Glavany accuse ainsi Israël d'avoir délibérément visé les réserves palestiniennes en eau lors des bombardements de 2008-2009. Accusation contestée par Mark Zeitoun, chercheur universitaire anglais et Stéphanie Oudot, de l'Agence française de développement ... Cette dernière souligne «le fait que les bombardements ont épargné la digue de Betlaya qui retient un vaste lac d'eaux usées». Bonne vraisemblablement en financement de projets, mais qu'elle est sa valeur en matière de relations diplomatiques ? Ne faudrait-il pas plutôt dire qu'Israël a évité dans ce cas précis de polluer ses propres eaux territoriales par une marée d'eaux usées.
L'article met en évidence que l'occupation militaire par Israël des territoires palestiniens se double d'un contrôle total qui va jusqu'à la main mise sur les ressources aquafères. Ainsi, selon les accords d'Oslo, «en Cisjordanie, tout forage doit faire l'objet d'une autorisation du 'Joint Water Committee', un comité mixte, composé d'israëliens et de palestiniens». Par ailleurs, en zone C, «les autorisations doivent en outre être approuvées par l'armée israélienne, encore plus réticente à les accorder». Il faut savoir que la zone C correspond à environ 60% des territoires palestiniens (les territoires palestiniens sont découpés en trois zones : la zone A regroupe depuis 1994, Gaza ainsi que les villes de Jéricho, Jénine, Qalqilya, Ramallah, Tulkarem, Naplouse, Bethléem (et Hébron depuis 1997), sur laquelle l’Autorité palestinienne exerce une juridiction civile incluant les pouvoirs de police ; la zone B regroupe les autres bourgades et camps de réfugiés de Cisjordanie, dans laquelle l’Autorité palestinienne exerce des compétences civiles, la sécurité intérieure étant exercée conjointement avec l’armée israélienne).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Territoires_palestiniens_occupés
«Le rapport parlementaire évoque la destruction systématique par l'armée israélienne des puits construits spontanément par les Palestiniens», lorsqu'il n'y a pas eu de permission accordées. Ainsi, «450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau (222 millions de m3 d'eau) que 2,3 millions de Palestiniens qui consomment 70 millions de m3 d'eau)», selon Mark Zeitoun. Pour sa part, Stéphanie Oudot parle de «piscines et des jardins arrosés du côté des colons, tandis qu'à côté, les Palestiniens se rendent au puits avec un seau».
Il est évident que les palestiniens sont les victimes d'une injustice gravissime de la part du peuple israëlien : terres volées, état nation volé, hommes, femmes et enfants assassinés par une armée occupante, eau dérobée ... Tout cela pour construire un état juif batti sur le sang des innocents et sur l'injustice institutionnalisée ... Un jour, Israël paiera pour tout cela !
Réflexion neuf (4 juin 2010)
L'assault d'Israël contre la flotille au large de Gaza
La preuve attendue qu'Israël n'est pas une démocratie ...
Des tensions internationales ayant suivi l'attaque par les forces armées israëliennes de la flotille de la paix devant rallier et casser le blocus de la zone de Gaza ; je ne m'étais pas fait l'écho. Des neuf morts, huit citoyens turcs et un citoyen américain, ayant perdu la vie au cours de l'assault contre le bateau turc Mavi Marmara, je n'ai pas plus parlé.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article_interactif/2010/06/02/flottille-pour-gaza-retour-sur-une-semaine-de-crise_1366899_3218.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/03/les-neuf-morts-de-la-flottille-tous-tues-par-balles_1367098_3218.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/01/selon-des-rescapes-allemands-il-n-y-avait-pas-d-armes-a-bord-du-bateau-turc_1366251_3218.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/02/le-rachel-corrie-vient-defier-le-blocus-naval-de-gaza_1366434_3218.html
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/06/01/triple-fiasco-pour-les-israeliens_1366016_3232.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/03/une-deputee-arabe-israelienne-enflamme-la-knesset_1367543_3218.html
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/03/flottille-trois-nouveaux-francais-arrivent-a-paris_1367460_3218.html
Des manifestations ayant éclaté dans de nombreux pays arabes ou européens, je n'ai pas non plus parlé ... Tout juste ai-je observé, en mon for intérieur, qu'hormis en Norvège, les rassemblements semblaient ne regrouper essentiellement que des personnes issues de l'immigration, arabes à Paris, turques ailleurs. Pour ma défense, il faut rappeler que les foules des pays arabes, et les musulmans de France, se réunissent bien trop souvent pour contester à tord et à travers des propos innocents du pape ou des publications de journaux conformes à la liberté de la presse ... et que des énièmes manifestations d'allumés du bocal, de femmes voilées et de barbus islamistes ne m'enflamment plus ...
De même, on peut ne pas être d'accord avec l'opération elle-même, estimer que les personnes qui s'y lancent ne représentent pas la population française, mais uniquement sa minorité arabe et musulmane ... comme pourraient le laisser entendre les noms des français participants à cette opération navale destinée à lever le bouclage de la zone de Gaza : Salah Berbagui, Mounia Cherif, Miloud Zenasni, Ahmed Oumimoun, Youssef Benderbal ou Mouloud Bouzidi ... appartenant tous au Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP).
Néanmoins, Israël une nouvelle fois dépasse les limites acceptables en attaquant des navires étrangers dans les eaux internationales, et déroge à toutes les règles démocratiques par l'usage illégitime de la force et par la violation des droits de l'homme à l'encontre de citoyens étrangers ... Meurtres, enfermement, passage à tabac, violation des droits dans une démocratie, absence d'avocats ou de traducteurs ... Ces violations des droits de l'homme, Israël s'en était fait une spécialité à l'égard de sa minorité israëlo-palestinienne ainsi que de la population palestinienne ... Quelques citoyens étrangers, telle l'américaine Rachel Corrie (un bateau briseur de blocus porte son nom et approche désormais des forces navales israëliennes), assassinée par l'armée israëlienne le 16 mars 2003 sous les chaines d'un bulldozer alors qu'elle s'opposait avec d'autres activistes à la destruction de maisons palestiniennes ... en avaient pourtant déjà fait les frais ... Mais jamais Israël, sûre de sa totale impunité, ne s'était dévoilée de la sorte comme un état non démocratique et violent ...
C'est aujourd'hui le cas. Israël ne fait plus partie du camp des démocraties. On n'est pas une démocratie parce qu'une partie de ses citoyens a le droit d'élire librement des députés ou un président de la république ... comme voudraient le faire croire certains ... On est une démocratie lorsque l'on respecte les droits de tous dans toutes les circonstances, lorsque l'on essaie de respecter en toutes circonstances une mesure dans ses actions. Israël n'est aujourd'hui qu'un abject état de non-droit, une dictature militaire ne reconnaissant ni justice internationale, ni justice interne ... Rien ne la sépare des pires dictatures birmanes ou nord-coréennes de la planète ... Ce n'est pas parce que quelques millions de juifs y vivent fort confortablement, sans mourir de faim, que leur régime politique n'est pas une infâme dictature !
Condamner Israël ne sert à rien selon certains ? Mais renverser militairement une dictature me semblait être un devoir des démocraties, comme l'exemple irakien voulait apparemment le démontrer !
Réflexion huit (1er février 2009)
Une guerre d'indépendance peut-elle être gagnée par une puissance militaire occupante ?
Israël peut-elle continuer à occuper militairement une partie de la Cisjordanie ou les territoires palestiniens et à interdire la création d'un état palestinien pendant un temps indéterminé ?
Il y a pourtant une chose d'absolument certaine. Aucun état n'a jamais gagné durablement une guerre d'indépendance lancée par un peuple se révoltant contre un envahisseur étranger. Ni la France, ni l'Angleterre, ni l'Allemagne, ni même les Etats-Unis, quelque soit pourtant leur puissance militaire et leur supériorité technologique, n'ont réussi à gagner les guerres d'indépendance auxquelles ils ont été confrontées. La France a été en guerre en Indochine, en Algérie, et à Madagascar. L'Angleterre a été en guerre dans ses colonies américaines, puis en Inde ... Les Etats-Unis ont été en guerre en Indochine ... Ils ont tous été vaincu militairement par des armées de bric et de broc, mais qui bénéficiaient du soutien de l'ensemble de la population civile de ces pays envahis.
Seuls les états ayant exterminé leurs adversaires, les occupants initiaux et 'légitimes' des régions envahies, ont gagné de telles guerres. En disant cela, je pense notamment aux Etats-Unis qui se sont constitués en exterminant les populations indiennes qui occupaient autrefois les immenses plaines d'Amérique du Nord ... Evidemment, cela vaut aussi pour toutes les nations actuelles ou passées qui sont issues presque toujours de migrations récentes ou anciennes de populations ... que ce soit les francs ou les germains, les slaves ou les saxons, les populations indiennes d'amérique ou les hans en Chine ... Les occupants légitimes d'une région actuellement ne sont souvent en fait que les envahisseurs victorieux d'autrefois !
Mais il n'en demeure pas moins vrai que, dans l'état actuel de la couverture de l'information par les médias et de sa simultanéité, de telles exterminations seraient aujourd'hui difficilement envisageables sans condamnation internationale. Les Etats-Unis, par exemple, ne pourraient plus mener les mêmes campagnes d'extermination aujourd'hui à l'encontre des populations indiennes qui occupaient les plaines d'Amérique du Nord ...
La seule solution pour qu'Israël l'emporte en Palestine et puisse y demeurer en paix, c'est l'extermination du peuple palestinien. A défaut, Israël perdra sa guerre en Palestine. Les diverses attaques lancées par l'armée israëlienne contre les palestiniens ces dernières années visent-elles à l'extermination du peuple palestinien ?
En disant cela, je ne cautionnerais pas de tels actes. Bien au contraire. Simplement, Israël ne peut gagner sa guerre en Palestine, pas plus que la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis ne pouvaient l'emporter dans les guerres coloniales dans lesquelles ils se sont embourbés en Indochine, en Algérie, en Amérique ou en Inde ... L'histoire de cette guerre d'Israël en Palestine est déjà écrite. Ce n'est qu'une question d'années ou de décennies. Elle s'achèvera par une défaite militaire, comme celles subies par la France, l'Angleterre, les Etats-Unis ou la Belgique dans d'uatres endroits du monde. Seule une paix courageuse avec leurs voisins arabes, permettant la création d'un état palestinien viable, permettra à l'état d'Israël de rester ad vitam eternam dans cette région dans laquelle il a tout autant le droit que ces voisins d'exister. Aujourd'hui, plus le temps passe, plus la haine grossit, obscurcissant la raison et la pensée des uns et des autres ...
Saucratès
Note précédente :
1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2292269-le_debat_sur_israel.html
Le cas réunionnais (2)
Réflexion treize (22 mars 2012)
Débats populo-économiques réunionnais - Du danger des positions populistes de certains leaders autoproclamés de la populace
Il y a tout juste un mois, quelques quartiers urbains à quatre coins de l'île de la Réunion explosaient socialement. Des jeunes réunionnais s'attaquaient à quelques symboles de la consommation de masse, au mobilier urbain et aux feux de circulation de leurs propres quartiers, puis affrontaient les forces de l'ordre. L'origine de cette explosion avait été un mouvement de colère des transporteurs routiers contestant la chèreté des carburants, mouvement qui a fait tâche d'huile dans la population qui contestait plus largement la chèreté de la vie et les différences de prix avec les produits métropolitains.
A noter une invraisemblable incompréhension entre la masse de la population, qui conteste la chèreté des prix et l'impute à l'absence de réelle concurrence dans le département, à une économie de prédation dans laquelle les patrons réunionnais sont supposés pratiquer des marges excessives pour financer leur train de vie dispendieux, et les milieux patronaux réunionnais qui ne visent qu'à obtenir toujours plus de spécificités et d'exonérations fiscales. Dans une ambiance médiatique où il est demandé par la population réunionnaise toujours plus de contrôles des prix pratiqués par le commerce, où il est demandé au gouvernement d'aller vers des prix administrés, les milieux patronaux réunionnais de leur côté tentent de faire pression sur le gouvernement pour ne plus payer d'impôt sur les sociétés, et de conserver les avantages du régime de la défiscalisation, seules solutions seon eux pour appuyer les entreprises et redresser la situation sociale du département.
Une très nette dichotomie entre les aspirations de la population d'un département et celles de ses élites économiques ... Une population qui attaque la richesse des élites patronales, administratives et politiques ... et un patronat qui cherche à s'enrichir toujours plus, à être toujours moins imposés fiscalement ...
Des aspirations en très nette dichotomie qui ne sont même pas vraisemblablement considérées par les uns et par les autres comme antagonistes ni opposées ... Il est vraisemblable que les gens du peuple et du patronat considèrent les deux aspirations comme toutes deux légitimes, et qu'ils attendent que l'Etat y réponde favorablement, sans s'intéresser au prix à payer.
Il y a, je pense, une véritable shizophrénie dans le débat actuellement en cours à la Réunion et plus largement dans les DOM. Toutes les parties veulent payer toujours moins d'impôts et percevoir toujours plus d'aides (subventions ou allocations) ...
Mais plus largement, le débat autour de la cherté des prix conduit à des positions et à des revendications aberrantes. Les leaders populistes représentant la populace réclament ainsi la disparition de tous les mécanismes de protection de la production locale (TVA et octroi de mer) pour que les prix des biens importés diminuent et coûtent moins chers à acquérir, pour accroître leur pouvoir d'achat (ou les politiques publiques comme les taxes sur les produits polluants : alcools, cigarettes, essence) sans qu'ils comprennent que ces mécanismes permettent à la fois de financer des emplois publics dans les communes (dont la population bénéficie largement), permettent de financer des infrastructures routières (grâce aux taxes sur les carburants) dont la réalisation offre des marchés aux entreprises de BTP et du travail à leurs salariés, et permettent enfin également de protéger la production locale de ces biens et créent donc de l'emploi pour les réunionnais.
Le souci donc de faire diminuer les prix par tous les moyens qu'agitent les leaders populistes réunionnais mais aussi quelques partis politiques extrêmistes pourraient avoir pour conséquence de faire disparaître de très nombreux emplois pour de très nombreux réunionnais, et donc pourraient créer une très grande misère et un chômage encore plus massif.
Réflexion douze (27 février 2012)
Pour quelles raisons les départements d'outre-mer explosent ?
Il y a trois ans, les Antilles, et surtout la Guadeloupe, avaient été mises à feu et à sang par quelques dizaines de milliers de manifestants du LKP (Lianaj Kont Profitazion) sur des slogans contre la vie chère mais surtout contre la main mise économique des békés (riches familles créoles blanches contrôlant l'économie antillaise). Un mort, des barrages dans toute la Guadeloupe et la Martinique, un racisme exacerbé contre les blancs, plusieurs mois de grève continue, des centaines d'entreprises en difficulté par la suite et des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires.
L'année dernière, juste avant Noël, c'était Mayotte, qui venait juste de devenir département d'outre-mer, qui était également mise à feu et à sang par les manifestants mahorais, qui eux aussi contestaient les hausses des prix des produits de première nécessité, au premier rang desquels les ailes de poulet congelées. Emeutes, barrages, racisme exacerbé, un mois de manifestations et de blocage économique : et vraisemblablement une situation économique qui a dû empirer au sortir de cette crise.
Et maintenant la Réunion ! Emeutes, manifestants, violences urbaines, incendies ... Aussi, je peux comprendre le sentiment désormais dominant en France métropolitaine conduisant à s'interroger sur le devenir des départements d'outre-mer au sein de la République. Ces formes de contestations extrêmement violentes contre tout un ensemble de choses, de la cherté de la vie jusqu'à la main mise française, peuvent conduire l'opinion publique française à souhaiter voir accorder l'indépendance à ces confettis de l'empire.
Ainsi, l'image donnée de la Réunion par quelques centaines de transporteurs manifestants et quelques milliers de 'jeunes' casseurs présente-t-elle une image extrêmement négative et contre-productive de notre île, venant réveiller un racisme métropolitain dormant qui ne demande qu'à pouvoir s'exprimer librement.
Evidemment, nous qui vivons dans le département, nous savons que les émeutes des derniers jours n'ont rien à voir avec les évènements guadeloupéens ou mahorais. Quelques violences dans quelques quartiers chauds populaires de quelques-unes de nos villes, extrêmement localisées ... Grâce au travail des forces de police et de gendarmerie qui ont permis d'empêcher que cela dégénère ... Des magasins mis à sac ... Quelques voitures brûlées ... Le reste de la Réunion a vécu ces évènements de très loin, comme si cela se passait dans les cités parisiennes. Et surtout, peu de slogans racistes ... Pas de mort aux blancs ou aux békés, même si vraisemblblement il n'était pas conseillé de sortir se promener en plein Chaudron la nuit, sans risquer d'être pris à partie par l'un ou l'autre des groupes en présence ...
Nous savons aussi que cette image de confettis de l'empire sous perfusion des aides sociales françaises est un faux problème. Bien sûr, la Réunion consomme plus de prestations sociales qu'elle ne collecte d'impôts au budget de la France. Mais la situation de la Réunion n'est pas différente de nombreuses autres régions françaises qui n'accueillent pas d'importantes industries d'exportation, comme le Limousin ou le Massif Central. Ces régions n'ont simplement pas une démographie aussi galopante que la nôtre. Et il ne faut pas non plus oublier que ces prestations sociales sont majoritairement consommées en produits commercialisés par des firmes françaises, et contribuent à l'activité de l'industrie française.
Se pose enfin le problème de la sur-rémunération des fonctionnaires et de certains cadres du privé. Voilà néanmoins une revendication qui m'interpelle. Je comprendrais si celle-ci venait du gouvernement, qui pourrait être intéressé à moins payer ses fonctionnaires. Mais non, cette revendication émane des réunionnais eux-mêmes, qui estiment que les prix sont chers pour tous, et qu'il n'est pas normal que certains soient sur-rémunérés et pas eux ! Il faut savoir que la sur-rémunération concerne les trois fonctions publiques, où les postes à la Réunion sont très majoritairement occupés par des réunionnais de souche ; les métropolitains ne doivent pas en représenter plus de 25%. Voilà donc une revendication qui touchera donc majoritairement des réunionnais, portée par des réunionnais. En sachant que dans le privé et les plus hautes fonctions de l'administration, les expatriés continueront à se voir proposer des indemnités d'éloignement pour les inciter à venir. D'une certaine façon, cette revendication est une pure forme de jalousie de certains réunionnais pour obtenir la même chose que leur voisin ...
Pour conclure, il me faut regretter que ces évènements aient pu avoir lieu, et espérer qu'ils s'oublieront, qu'ils sortiront de la mémoire collective. La rage des jeunes de se sentir exclus du système économique peut se comprendre, mais ils ne s'en prennent pas aux bons motifs. Ce n'est pas la société qui ne veut pas les accueillir et les intégrer ; ce sont eux qui n'ont pas essayé de s'intégrer grâce à l'école. A eux maintenant de se prendre en charge, de s'imposer de s'intégrer, de se former par le biais de la formation professionnelle, afin d'obtenir des diplômes ou une qualification qui leur permettent d'entrer dans la vie, sans accuser la société, les riches de leurs échecs, de leur manque d'espoir.
Réflexion onze (24 février 2012)
Violences urbaines !
La situation se dégrade à l'île de la Réunion, où les principaux bastions communistes ou socialistes s'enflamment, d'abord le quartier du Chaudron et la ville du Port, puis les quartiers de Saint Benoît, Saint Louis et Saint André. Comment en est-on arrivé là ?
Certains avancent comme explication le taux de chômage extrêmement élevé des jeunes de moins de 25 ans dans le département de la Réunion, dépassant les 50%. C'est en effet beaucoup plus facile de se sentir désespéré lorsque l'on n'a pas de travail ni d'espoir d'en avoir. D'autres, très nombreux, dont beaucoup de politiques incendiaires, du modem aux écologistes, en passant par les communistes, pointent du doigt les différences de richesse énormes entre les nantis et les jeunes et les pauvres de ces quartiers. Mais selon moi, il s'agit d'excuses bidons et beaucoup trop simplistes.
1) Un certain nombre d'incendiaires portent une lourde responsabilité dans cette violence, la clique des transporteurs, comme les Caroupaye et compagnie, qui ont en toute connaissance de cause appelé la population à mettre le feu pour appuyer leur revendication abracadabrantesque de baisse du prix des carburants. Les discours d'incitation à la haine de ces fauteurs de troubles devraient être lourdement sanctionnés au plan pénal pour que cela serve de leçons aux futurs irresponsables populistes.
2) Sont également responsables tous ces réunionnais qui prennent en exemple leurs frères guadeloupéens et mahorais, en critiquant l'incapacité des réunionnais à suivre leur exemple. Il y a quelques jours, mardi matin à 7 heures, j'entendais au point presse du Rallye un pompier en uniforme qui préparait ses grilles de PMU, critiquer les transporteurs qui se retiraient de devant la SRPP en prenant l'exemple des guadeloupéens qui eux ne s'étaient pas dégonflés ! Un pompier incendiaire ! Des centaines de réunionnais tiennent ce langage, comme si la Guadeloupe était un exemple ! Comme si détruire toutes les infrastructures et les entreprises d'un département allait permettre de faire baisser le chômage.
3) Pour quelles raisons les incendies s'allument-ils dans les principaux bastions communistes et socialistes du département ? Ces villes sont-elles moins bien gérées, moins propres, moins agréables à vivre, ou bien la jeunesse y est-elle plus facilement influençable et endoctrinable ? Les jeunes y ont-il moins d'espoir ? Ou bien n'est-ce que l'effet de manipulations politiques ?
4) L'absence d'éducation et d'exemple familial chez nombre de ces jeunes explique enfin ces évènements. C'est facile d'accuser la société et les différences de richesse lorsque ces mêmes jeunes se refusent à apprendre et à accepter l'éducation à l'école, au collège ou au lycée, parce que leur seul modèle parental se résume à l'obtention du RMI, à l'alcool, à l'achat d'une voiture, au vol, aux dépradations et au travail au noir ... et parce que leur entourage leur a seriné que l'école ne sert à rien ! Evidemment, il y a des jeunes délinquants dans des familles insérées socialement, qui ont un travail, payent leurs impôts, et tentent d'éduquer convenablement leurs enfants et se battent pour eux. Evidemment aussi, il y a des jeunes qui ont tenté de travailler à l'école, ont fait des études après le bac, parfois dans des secteurs sans aucun débouchés, et qui se retrouvent au chômage et dans la misère, sans espoir de s'en sortir. Mais ils sont minoritaires dans les trajectoires de ces jeunes casseurs réunionnais. L'immense majorité de ces jeunes casseurs font peser sur la société leurs propres échecs alors qu'ils devraient plutôt s'auto-interpeller et interpeller leurs parents sur les modèles qui leur ont été donnés ! Mais pour cela, encore faut-il un minimum d'éducation et d'intelligence morale. C'est tellement plus simple d'accuser les autres et la société !
Le problème de la Réunion n'est pas seulement lié aux différences de richesse ! Elle est liée au pourrissement des coeurs d'une partie de ces habitants, corrompus par l'argent facile des allocations, de l'argent braguette, de l'économie souterraine, ainsi que par l'envie et la jalousie !
Réflexion dix (20 février 2012)
Sujet d'une discussion d'un soir avec un fonctionnaire réunionnais : la responsabilité des français métropolitains (les blancs de métropole) dans les difficultés sociales et économiques de leur île !
Conversation qui eut pour effet de m'énerver. Les blancs de métropole sont-ils responsables des 120.000 chômeurs de la Réunion ? Ces 120.000 chômeurs sont-ils le résultat d'erreurs de développement économique imprimés au département au cours des cinquante dernières années, dont seraient responsables les blancs de métropole ? Et enfin les réunionnais ne se voient-ils pas reconnaître les mêmes droits et les mêmes devoirs que leurs compatriotes blancs de métropole ? Telles étaient les thèses développées par ce fonctionnaire réunionnais, pour lesquels les blancs de métropole étaient à peu près responsables de tous les problèmes de la Réunion !
Ma thèse était différente. Il est ahurissant de considérer que les blancs portent cette responsabilité ... que sans les blancs de métropole, la Réunion serait devenue le phare de l'Océan Indien, le Singapour réunionnais !Les blancs portent une responsabilité dans les réussites et les échecs de l'île, évidemment. La Réunion a été construite pour partie par de jeunes métropolitains (et pour partie par de très nombreux réunionnais), arrivés comme volontaires de l'aide technique (VAT), notamment dans le domaine de la coopération agricole, et qui ont mis en place avec les agriculteurs réunionnais des structures coopératives pour organiser des filières de production végétales ou animales. Le résultat de leur labeur, ce sont aujourd'hui des filières agricoles modernes et productives, une plus ou moins grande indépendance alimentaire dans ces filières, des industries modernes, dans un système coopératif qui demeure de taille humaine et de fonctionnement plus ou moins démocratique.
Y avait-il dans les années 1970 ou 1980 (c'est la facilité des thèses indépendantistes, ils parlent d'un passé hypothétique non daté, d'une histoire idéalisée, fantasmée, sans que celle-ci ne puisse être confrontée à la réalité !) d'autres pistes de développement que celles qui ont été mises en oeuvre, et qui aurait permis aujourd'hui d'avoir un emploi à proposer aux 120.000 chômeurs de la Réunion. Peut-être que ce fonctionnaire réunionnais pensait-il en fait tout simplement à la piste de l'indépendance, en imaginant que la Réunion pourrait aujourd'hui être dans la situation de leurs frères mauriciens ? Je n'y ai pas pensé sur le coup !
Selon moi, le chômage réunionnais est la conséquence de deux éléments : une natalité explosive, qui a fait passer la population réunionnais de 250.000 habitants en 1946 à plus de 800.000 habitants aujourd'hui, soixante-six ans plus tard ... et la mise en place du régime des minimums sociaux français, qui permettent aux salaires de se maintenir à des niveaux 'relativement' élevés ... Le SMIC français et le revenu minimum d'insertion (devenu aujourd'hui le RSA) ne permettent pas de créer les emplois mal payés suffisants pour occuper l'ensemble de la population réunionnaise. Sans minimums sociaux, les salaires à la Réunion seraient vraisemblablement beaucoup plus bas, le chômage beaucoup plus faible, et les prix beaucoup plus bas ... Mais je ne suis pas sûr que les réunionnais concernés seraient beaucoup plus heureux et plus riches ! Simplement, les riches y seraient relativement beaucoup plus riches et puissants !
Je ne pense pas que la mesure du chômage soit un bon indicateur de la réussite ou non des politiques de développement économique et social de ce département, comme de tous les départements d'outre-mer ! Le chômage y est la conséquence de déséquilibres sociaux, démographiques et économiques, qui ne me semblent pas prêts de devoir se résorber. Evidemment, si la Réunion pouvait devenir la Silicone Valley de l'océan indien, si nous pouvions exporter vers le monde entier des produits que le monde entier nous envierait, alors évidemment nous n'aurions plus de chômage et nous observerions un afflux de main d'oeuvre pour venir travailler chez nous. Afflux qui créerait un boom immobilier ... etc ... Le développement est un cercle vertueux ! Et le sous-développement une trappe à la pauvreté !
Evidemment, les blancs de métropole ont quand même quelques responsabilités dans des erreurs de développement, comme les politiques et industriels réunionnais ... La première des erreurs auxquelles je pense concerne l'abandon du réseau ferré réunionnais pour développer les réseaux routiers, qui apparaît avec le recul comme une mauvaise idée ... Et je crains que cette décision n'ait été essentiellement un choix pris par quelques fonctionnaires métropolitains, que nous payons aujourd'hui au prix fort ...
Pour conclure sur cette discussion abracadabrante, cela m'a conduit à revisiter les concepts libéraux de l'économie. Ce qui peut expliquer l'absence de développement économique de la Réunion, malgré les réussites des politiques d'import-substitution menées dans les années 1970-1980, c'est la captation des richesses réunionnaises par une classe de petits fonctionnaires, de petits possesseurs terriens, dont l'unique objectif et l'unique mesure de la ruichesse est dans la possession de terrains, de maisons, de véhicules de luxe, dans l'encaissement de loyers ... Sans aucune prise de risque capitaliste et donc sans aucune possibilité de développement de l'économie réelle.
Et il ne faut pas non plus oublier que la Réunion doit son développement à compter des années 1960-1970 à l'indépendance de Madagascar et au reflux des investissements français vers l'île. Dans les années 1960-1970, les réunionnais partaient se faire soigner à Madagascar qui disposait des installations hospitalières les plus modernes ! D'une certaine façon, les réunionnais peuvent remercier les malgaches d'avoir choisi la voie de l'indépendance à leur place !
Saucratès
Précédent écrit sur le même sujet :
a.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2086945-la_situation_antillaise__2_.html
b.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2109975-la_situation_malgache.html
d.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-3060681-la_situation_mahoraise.html
La situation mahoraise
Réflexion une (17 octobre 2011)
La folle équipée des révolutionnaires mahorais
Mayotte est devenue récemment le plus récent département français et le cinquième département d'outre-mer, après la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane française et la Réunion. Elle était précédemment une collectivité territoriale (territoire d'outre-mer). Ce choix avait été validée par la population locale, consultée au titre du référendum local. Les mahorais, de peuplement différent des autres départements d'outre-mer français (blancs et esclaves africains, engagisme indien ou chinois), avec des migrations venant des régions musulmanes d'Afrique de l'Est, de la péninsule arabique et de Madagascar, sont majoritairement de religion musulmane, sont polygames, et reconnaissent une justice de droit coutumier islamique (autour du personnage du cadi).
Pour quelles raisons un peuple aussi différent de la société française a-t-il choisi le rattachement à la France, à la différence des autres îles constituant l'archipel des Comores, et aujourd'hui le statut de département français ? On peut penser que c'est essentiellement pour des motifs financiers, pour l'alignement des prestations familliales et des minimums sociaux, dans une île bénéficiant d'une fécondité encore extrêmement forte.
Quelques milliers de mahorais manifestent désormais depuis plusieurs semaines pour contester la cherté des prix, selon un modèle de contestation inventé en Guadeloupe par le LKP et déjà repris en Martinique, à la Guyane et à la Réunion. Les syndicalistes mahorais se sont également lancés dans la surenchère contestataire, avec une population pressée d'avoir plus de prestations, des salaires plus élevés, et des prix moins chers, tout cela de préférence payés par les contribuables français (auxquels les mahorais font la chasse lorsqu'ils s'aventurent dans leur propre île ... ce qu'ils appellent la chasse aux m'zungus) ...
Ces manifestations, les arguments des manifestants et des syndicalistes, et les désordres et débordements qui en résultent, posent un certain nombre de problèmes et d'interrogations.
1) Premièrement, ces manifestations sont le signe du délitement d'une société autrefois hiérarchisée autour de certains personnages comme les cadis mais aussi les femmes, et qui bascule aujourd'hui dans la modernité. La disparition de la justice cadiale est vraisemblablement une erreur, de même que la mise en place d'un modèle du droit pénal et civil français, en opposition à l'organisation sociale mahoraise ... Plaquer sur une société de droit coranique, organisée autour de juges coutumiers, dont l'instauration remonte au quatorzième et au quinzième siècle, un droit beaucoup plus récent et totalement différent me semble une complète aberration.
2) Deuxièmement, ces manifestations font apparaître une population incapable de comprendre les enjeux de l'économie moderne actuelle, incapable de faire des choix difficiles et d'être patient, qui aspirent uniquement au tout et tout de suite ... La majeure partie conteste l'augmentation du prix du poulet ou du riz ... C'est un peu si en France, des responsables syndicaux et des centaines de milliers de manifestants contestaient l'augmentation du prix de la bguette de pain, réclamant le retour de la baguette à 3 francs des années 1990.
Ces histoires mahoraises ou antillaises témoignent de ce qui peut arriver quand des syndicalistes populistes et mal intentionnés lancent leurs adhérents et la population dans un combat raciste et indépendantiste, contre le patronat et le gouvernement considéré comme des colonisateurs.
3) Il est utile de rappeler que la France ou les autres départements d'outre-mer ont lancé des politiques industrielles sur de longues périodes de temps pour atteindre des objectifs. La Réunion (comme de nombreux autres états en développement) a ainsi mené depuis les années 1970 des politiques d'import substitution pour disposer d'une industrie locale et ne pas dépendre uniquement des biens importés ... Mais de telles politiues demandent des décennies pour porter leurs fruits (même si elles peuvent être défaites très rapidement) et ne se mettent pas en oeuvre du jour au lendemain, en baissant unilatéralement les prix ou autres mesurettes ...
4) Enfin, le discours de manifestants pose problème. A les entendre, il faut retirer les gendarmes mobiles car cela exite les manifestants ... Pareil pour l'absence de propositions de la ministre de l'outre-mer qui a donné lieu à des pillages. Je pense personnellement que les mahorais, sous couvert d'une contestation sociale, se lancent dans une économie de prédation parce qu'ils n'ont pas compris les enjeux de la départementalisation qu'ils ont choisi à une immense majorité.
Ils ont vraisemblablement choisi la voie de la départementalisation pour de mauvaises raisons sans en intégrer les conséquences financières. On ne peut pas avoir à la fois un niveau de vie moyen en augmentation, des salaires en hausse du fait du rattrapage du Smic, des obligations sociales et sanitaires accrues (pour imposition d'une législation extérieure), sans devoir supporter des hausses des prix et un alignement des prélèvements sociaux et fiscaux. Nous ne sommes vraisemblablement qu'au début d'une prise de conscience douloureuse des conséquences du choix de la départementalisation pour les mahorais.
Pour conclure, il faut rappeler que la France est régulièrement attaquée, notamment devant l'organisation de l'unité africaine, pour avoir conservé Mayotte à l'issue du processus d'indépendance des Comorres (même s'il s'agissait du choix majoritaire des mahorais de l'époque). Cela a-t-il un sens de conserver dans la république française un peuple qui n'accepte pas les règles du jeu démocratique ? Ne ferait-on pas mieux de rendre Mayotte à l'état comorien, résolvant du même coup les problèmes d'immigration clandestine monstrueux liés à cette possession française ?
Saucratès
Autre article sur un sujet proche :
La situation politique dans les pays arabes
Réflexion quatre (22 février 2011)
Répression en Libye, au Bahrein ...
Après la Tunisie et l'Egypte, les révolutions ont donc gagné la Libye de Mouammar Kadhafi, le Bahrein, le Yémen ainsi que le Maroc. Le pouvoir dictatorial du colonel libyen Mouammar Kadhafi est celui qui semble vacciller le plus rapidement, malgré l'usage d'une répression sauvage envers les manifestants. Tirs à balles réelles sur les manifestants, utilisations de mercenaires étrangers de pays africains pour tuer, utilisation d'avions et d'hélicoptères de combat pour tirer sur la foule dans la capitale libyenne de Tripoli ... 166 personnes auraient été tuées parmi les manifestants à Tripoli lundi 21 février ... et plus de 400 personnes auraient été abattues au cours des cinq jours précédents selon la FIDH ...
Mais malgré tout, les manifestations se poursuivent, des mercenaires étrangers sont capturés par la foule et lynchés ... Plusieurs villes libyennes seraient tombées aux mains des manifestants à la suite de défections dans l'armée : Benghazi, Syrte, Tobrouk, Misrata, Khoms, Tarhounah, Zeiten, Zaouia et Zouara ... Et des dignitaires musulmans, du réseau des oulémas libres de Lybie, ont rejoint la contestation, appelant tous les musulmans à se soulever contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Un fatwa a même été lancée par le très influent théologien qatari d'origine égyptienne cheikh Youssef Al-Qardaoui, appelant l'armée libyenne à assassiner Mouammar Kadhafi : «Que quiconque de l'armée libyenne peut tirer une balle sur Mouammar Kadhafi pour en débarrasser la Libye, le fasse».
Que la Lybie bascule aussi radicalement dans la violence et dans la contestation est évidemment une surprise, à la fois parce que la Libye est le pays d'Afrique le plus riche, avec une paix sociale achetée grâce à la rente pétrolière, mais également parce qu'il s'agit du pays arabe le plus dictatorial, le moins démocratique qui soit, même pas de façade, tenu par des comités révolutionnaires omni-présents, et où la constitution de groupements ou d'organisations interdits par la loi est puni de la peine de mort.
Réflexion trois (13 février 2011)
Après l'Egypte, à qui le tour ?
Après la Tunisie, la rue a donc également gagné en Egypte ! Le président Moubarak a donc abandonné face à la contestation de la rue, et la neutralité de l'armée égyptienne ... Comme son homologue tunisien, le président égyptien aurait amassé pendant ses décennies de présidence une fortune immense se comptant apparemment en milliards de dollars. Ce qui légitimise a posteriori le combat de leurs opposants politiques et émeutiers ...
Après ces deux pays, c'est à l'Algérie de commencer à enregistrer des manifestations d'opposants réclamant le départ du président Bouteflika. Celui-ci n'est pas au pouvoir depuis trente ans comme ses homologues tunisien et égyptien, mais son parti contrôle la vie politique algérienne depuis l'indépendance. Comment ne pas voir également derrière ses manifestants l'influence croissante des partis islamistes tunisiens, égyptiens et maintenant algériens ? Le futur de ces pays nous renseignera sur le devenir des pays de l'arc méditérannéen et sur la place qu'y occuperont les partis islamistes ... Verra-t-on une islamisation forcée de ces pays au cours des prochains mois et années, comme en Iran il y a maintenant plus de trois décennies ... Et quelle place laissera-t-elle aux laïcs ?
Algérie, Syrie, Iran, Lybie ; sont-ce les pays qui pourraient risquer de basculer dans la contestation au cours des prochaines semaines ou mois, au fur et à mesure d'une gigantesque partie de dominos causée par la fuite du président tunisien, et avant cela par le suicide d'un pauvre homme victime d'une injustice de la part de la police tunisienne ...
Y a-t-il une moindre possibilité que ce mouvement de contestation politique et urbain gagne la vieille Europe ? Car la Tunisie et l'Egypte étaient certes des dictatures, mais des dictatures qui respectaient plus ou moins les principes démocratiques d'élections 'régulières' apparemment libres ... La France et surtout l'Italie sont-elles véritablement différentes de la Tunisie et de l'Egypte ? Plus de liberté et une absence de torture, certes ... Un respect des règles de l'état de droit ... Mais dans ces deux pays, des présidents qui ne distinguent pas la sphère privée et leurs obligations de chef d'état, avec lesquels on peut s'interroger sur notre respectabilité internationale ... Après l'Algérie donc, après la Syrie, après la Lybie, après l'Iran, il ne serait pas invraisemblable de penser que la rue pourrait se soulever en Italie contre Berlusconi ... Et Berlusconi parti, ce serait alors au tour de la rue française de demander le départ de son pseudo-dictateur ... Mais tant que l'Italie ne bougera pas, il paraît peu vraisemblable que ce mouvement de contagion touche la France de Nicolas Sarkozy ...
Dans toutes ces contestations et ces émeutes, ce qui comptera sera la prise de position de l'armée, que ce soit en Algérie, en Syrie, en Lybie ou en Iran. Puis en Italie et en France ... Tout continuera de dépendre de l'armée ...
Belle démonstration en tout cas de l'effet domino ; ces pays qui les uns après les autres basculent dans la contestation puis arrivent à faire partir leurs dirigeants, dirigeants qui n'ont plus d'autres solutions que le départ face à une rue sûre de sa victoire devant l'exemple tunisien. Evidemment, nul ne sait si le futur sera mieux que le passé pour les minorités et pour les femmes ... Mais cela a-t-il la moindre importance aux yeux des hommes qui recherchent le pouvoir ?
Réflexion deux (29 janvier 2010)
La notion élastique de peuple chez les émeutiers égyptiens et chez les cordonniers (qui sont, comme tout le monde le sait, les plus mal chaussés) ...
Les évènements de contestation du pouvoir égyptien et de son chef d'état, sur le même modèle que les évènements tunisiens qui avaient conduit à la fuite de leur président à vie Ben Ali, se transforment en des scènes d'émeutes indescriptibles. Le président égyptien pourra-t-il se maintenir au pouvoir et juguler les scènes d'émeutes qui frappent la capitale égyptienne ? Ces scènes d'émeutes montrent qu'aucun pouvoir étatique, aussi dictatorial soit-il, aussi coercitif soit-il (mais tout pouvoir étatique est coercitif), ne peut se maintenir face à la rue déchaînée dans les états arabes, et très vraisemblablement quelque soit le pays, même en Europe ou aux Etats-Unis.
Un certain nombre de blogueurs appuient vigoureusement la lutte de leurs frères tunisiens ou égyptiens. Pour ma part, je suis gêné. Les évènements tunisiens et plus encore égyptiens ne risquent très vraisemblablement que de conduire à l'avènement au pouvoir des partis islamistes tunisiens ou égyptiens (les frères musulmans) et je ne sais si je ne préfère pas une dictature infâme (surtout si je n'y vis pas) à un régime islamiste supplémentaire dans le monde, qui aura pour obectif l'asservissement de l'Occident, la mort des infidèles (nous-mêmes chrétiens) et le djihad ...
Une deuxième chose me gêne. A la suite des évènements tunisiens, des groupes de miliciens nettoient la Tunisie des militaires, gendarmes et policiers de l'ancien régime honni ! Ces scènes pour la plupart cachées par les médias conduisent à des atrocités, qui n'ont guère à envier aux scènes antérieures du régime dictatorial de Ben Ali. Ce ne sont que scènes de lynchage où seule la mort attend ceux qui sont soupçonnés d'être d'anciens gendarmes ou policiers ... Il suffit qu'une personne dans une foule désigne une personne d'en être, et la foule en délire se jette sur le malheureux, sur l'infortunée victime ... Combien de morts dans ces scènes d'émeutes et de lynchages en Tunisie ? Et combien d'innocentes victimes, victimes de règlement de compte ou autres ...
Enfin, une dernière chose. Qui expliquera d'ailleurs le titre de cet article ... J'entends des émeutiers égyptiens déclaraient que le peuple veut le départ du président Moubarak. Mais ils ne sont que quelques centaines de milliers de manifestants et d'émeutiers et ils considèrent qu'ils parlent au nom du peuple dans son entier ! Cette généralisation me gêne énormément. Que des émeutiers activistes puissent se croire investis d'un pouvoir les dépassant, représentant le peuple dans son entier !
Mais il y a quelque chose de plus risible (ou consternant) encore ... Lorsque j'entends le gouvernement français de Nicolas Sarkozy reconnaître, au détour d'une déclaration sur la situation égyptienne, qu'il faut respecter la décision du peuple, en parlant de quelques centaines de milliers d'émeutiers ... Mais il y a quelques mois, lorsque la rue française revendiquait contre la réforme des retraites, pourquoi le président français et ce même gouvernement n'ont-ils pas respecté le souhait du 'peuple' français et de ses quelques millions de manifestants ?
Réflexion une (26 janvier 2010)
La contagion des évènements tunisiens
On assiste à une situation intéressante dans les divers états méditérannéens, avec la propagation contagieuse de la chute du régime dictatorial tunisien de Ben Ali à la fois à l'Algérie de Bouteflika et à l'Egypte de Moubarak. Dans ces deux pays, ces dictatures qui ont tout l'air de démocraties organisant des élections régulières (mais aux scrutins manipulés) combattent violamment les manifestations des contestataires en nombre grandissant ... Ce qu'avait fait avant eux le régime de Ben Ali avant de s'écrouler. Pour mémoire, tous les renversements de régime reposent sur de tels événements, de l'affrontement de manifestants et des forces de l'ordre, avant que les premiers ne l'emportent. Cela a été vrai de la révolution orange en Ukraine, aux évènement de Madagascar d'il y a quelques années, jusqu'à leur ancêtre à tous, la révolution française de 1789.
Jusqu'où cette contagion peut-elle gagner ? Car les pays arabes de la zone méditérannéenne (et plus loin) sont presque tous des dictatures, à quelques exceptions près (notamment le Liban et l'Irak maintenant). Rien ne s'oppose ainsi à ce que la contagion ne gagne le Maroc (même si la légitimité de son souverain royal est beaucoup plus assurée que celle de ses voisins), la Lybie, la Syrie ou l'Iran (qui a connu une situation aussi conflictuelle il y a quelques mois, situation qui semble s'être calmée aujourd'hui, avec une opposition vraisemblablement muselée par un régime militaro-religieux) ... sans oublier les états monarchiques du Golfe.
On peut même se demander si ce vent de révolte ne pourrait pas traverser la Méditérannée pour gagner les supposées démocraties de la vieille Europe, comme la France et l'Italie, dont les dirigeants politiques contestés mènent des politiques économiques ou sociales ouvertement partisanes et gèrent nos pays comme s'ils en étaient les roitelets. Dans ces pays où la contestation et les manifestations sont une sorte d'héritage, de legs historique, où des mouvements sociaux de grande ampleur ont régulièrement lieu, ne peut-on imaginer que la jeunesse désoeuvrée des cités et les jeunes contestataires des universités ne se lancent à l'assault de pouvoirs corrompus et de présidents rejetés ?
Saucratès