Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Nouvelles réflexions morales


Éthique et modernité

Work in progress

 
On pourrait croire que notre époque moderne est morale et éthique. À l’heure de #metoo, de #metoo-garçon désormais, à l’heure des condamnations et des plaintes incessantes pour antisémitisme ou pour islamophobie, à l’heure des multiples codes de déontologie ou de chartes éthiques que les salariés se voient imposer de respecter dans les entreprises ou les administrations, à l’heure de la nomination de déontologues dans tout ce que la France compte de grandes entreprises, de grandes administrations, jusqu’à l’Assemblée nationale ou le Sénat, on pourrait penser que notre époque est hautement morale et éthique, que l’ensemble de nos comportements sont normés, encadrés par des normes éthiques et morales inaltérables et inattaquables. 

Et pourtant, il n’en est rien. Notre monde n’a jamais été aussi loin de l’éthique. Notre monde est fracassé de partout par les jugements, par les condamnations intempestives, par l’émotivité des uns ou des autres à laquelle on nous impose d’adhérer, de donner suite, de relayer inlassablement. Il faut condamner ci ou ça. Les journaux et les médias comme Le Monde ont cessé de vouloir éclairer sur le monde qui nous entoure et se contentent, comme tout un chacun, de manipuler les plus instinct des uns ou des autres et nous enjoindre de condamner, juger, déformer les faits pour répandre la bonne parole et la sainte colère. Le gouvernement n’est pas plus en reste avec les excommunications que prononcent tels ou tels ministres à l’encontre de tels ou tels partis politiques ou homme public parfois. Tel syndicat a affiché son mur des cons. Tel spectacle d’un humoriste est antisémite. Tel geste est antisémite. Tel mot utilisé comme ‘résistant’ pour décrire un peuple comme les palestiniens est un crime antisémite. Et ainsi de suite…

 

Il peut être utile de relire le philosophe et logicien Ludwig Wittgenstein, l’auteur du Tractatus, pour se rappeler de ce qu’il écrivait sur l’éthique. 

«Or, ce que je veux dire est qu’un état d’esprit, si l’on entend par là un fait que nous pouvons decrire, n’est, au sens éthique, ni bon ni mauvais. Par exemple, si nous lisons dans notre livre du monde la description d’un meurtre avec tous ses détails physiques et psychologiques, la simple description de ces faits ne contiendra rien que nous pourrions nommer une proposition éthique. Le meurtre se trouvera exactement sur le même planque tout autre événement, la chute d’une pierre par exemple. Assurément, il se pourrait que la lecture de cette description provoque en nous de l’affliction, de la colère ou toute autre émotion, ou que nous soyons informés de l’affliction ou de la rage que ce meurtre a suscité chez d’autres personnes qui en ont entendu parler, mais il n’y aura là que des faits, de simples faits, et seulement des faits, mais non l’Ethique. Aussi dois-je dire que, si je me représente ce que devrait être vraiment l’Ethique, à supposer qu’une telle science existe, le résultat me semble tout à fait évident. Il me semble en effet évident que rien de ce que nous pouvons jamais penser ou dire ne pourrait être l’Ethique même.»

 

Conférence sur l’éthique, Ludwig Wittgenstein, 17 novembre 1929

 

En lisant la comparaison faite par Ludwig Wittgenstein entre un horrible meurtre et la simple chute d’une pierre, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec l’attaque du Hamas du 7 novembre 2023 et l’injonction impérative faite à tout un chacun de condamner cette abominable attaque terroriste. Mais en terme éthique, il eusse fallu qu’un philosophe ose rappeler à nos dirigeants outrés, à nos médias guerriers, que la description de cette attaque terroriste n’était pas differente de la description d’une simple chute de pierre. 

Evidemment, en disant cela, je me condamne à l’excommunication, aux poursuites judiciaires et pénales, comme l’aurait été le pauvre Luwig Wittgenstein si il avait osé commettre une telle déclaration en notre époque. Parce que notre époque se croit éthique. Nous sommes tenus en permanence de condamner et de juger les comportements et les actes que l’on nous désigne comme déviants, mauvais, condamnables. Un témoignage est à peine publié sur #meetoo ou désormais #metoo-garçon que le prédateur est immédiatement soumis à l’ostracisme, condamné médiatiquement, exclut de la sphère des vivants. Au delà même de la réalité des accusations, on se trouve d’abord confronté à l’interprétation des accusations. «Il a pris ma main et il m’a dit : tu me troubles !» Harcèlement sexuel évidemment ! 

https://www.lefigaro.fr/cinema/metoo-garcons-ouverture-d-une-enquete-apres-une-plainte-pour-harcelement-sexuel-contre-le-cineaste-andre-techine-20240303

 

Aujourd’hui, il ne faut surtout plus penser ! Il faut condamner ce que l’on nous dit de condamner, juger ce que l’on nous dit de juger, dénoncer ce qu’on nous dit de dénoncer. Penser par soi-même deviendra bientôt un crime. Comment laisser circuler des personnes qui pensent par elles-mêmes, des personnes qui ne condamnent pas ce qu’on leur demande de condamner, mettre à l’index ceux qu’on leur demande de mettre à l’index, huer ceux qu’on leur demande de huer ?

 
Je voudrais terminer cet article sur les dernières phrases de Ludwig Wittgenstein de sa conférence sur l’éthique :

 

«Je vois clairement et immédiatement, comme en un éclair, non seulement qu’aucune des descriptions auxquelles je pourrais penser ne décrirait vraiment ce que j’entends par valeur absolue, mais encore que je rejetterais toutes les descriptions signifiantes que quiconque pourrait suggérer ab initio, en arguant de leur sens. En d’autres termes, je vois maintenant que ces expressions absurdes ne sont pas absurdes parce que je n’ai pas encore trouvé la manière correcte de les exprimer, mais parce que leur essence même est d’être des non-sens. Car tout ce que je voulais, en les mettant en avant, était précisément aller au-delà du monde, c’est-à-dire au-delà du langage signifiant. 

 

Mon penchant, qui est aussi, à ce que je crois, celui de tous les hommes qui ont jamais essayé d’écrire sur l’Ethique ou la religion, ou d’en parler, était de buter contre les limites du langage. Buter ainsi contre les murs de notre cage est entièrement, absolument, sans espoir. L’Ethique, pour autant qu’elle provient du désir de dire quelque chose du sens ultime de la vie, du bien absolu, de la valeur absolue, ne peut être une science. Ce qu’elle dit n’ajoute rien, en quelque sens que ce soit, à notre savoir. Mais elle porte témoignage d’un penchant de l’esprit humain que, pour ma part, je ne puis m’empêcher de respecter profondément et que je ne ridiculiserais à aucun prix.»

 

Ludwig Wittgenstein - Conférence sur l’éthique - 17 novembre 1929 - Pages 18-19

 
Ce sont surtout les derniers mots de cette citation, de cette conclusion de cette conférence, prononcé par Wittgenstein il y a bientôt un siècle, que je trouve admirable. Le fait de buter contre les limites du langage lorsque l’on veut parler sur l’Ethique, le fait que l’Ethique ne puisse être dès lors qu’elle voudrait parler du Bien absolu. Et enfin de ce penchant de l’esprit humain qui cherche à trouver ce Bien absolu, ce sens ultime de la vie. Ce penchant né en Grèce antique, il y a deux millénaires et demi.

 
 
Saucratès


04/03/2024
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Rapport entre l’histoire de la folie et de l’internement de Foucault et les normes de l’époque actuelle

Rapport entre l’histoire de la folie et de l’internement de Foucault et les normes de l’époque actuelle

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 10 juin 2023

 

Au cours des siècles passés, nous vivions dans un monde de la conformité. Gare à ceux qui déviaient de la conformité, de ceux que l’on attendait d’eux. Certes, il s’agissait d’un monde qui nous paraît désormais archaïque, dans lequel nous n’aimerions pas vivre. Seigneurs et paysans, norme du mariage hétérosexuel avec cérémonie religieuse, dimanche à la messe sauf pour les socialistes, les communistes et les hussards noirs de la république, les femmes aux fourneaux et à faire et à élever les gosses, et les hommes aux champs, puis à l’usine. 

 

Notre société occidentale a inventé l’asile et la prison pour interner les personnalités déviantes, au propre comme au figuré. C’est du moins la lecture qu’en avait le philosophe Michel Foucault dans les années 1970-1980 dans ses ouvrages et dans ses cours au Collège de France qui nous ont été légués. 

Mais selon moi, les années 1980-1990 et 2000 ont vu un basculement progressif du mode de fonctionnement de notre société. Les déviants ne sont désormais plus les fous, les inadaptés sociaux, mais à l’inverse ceux qui sont dans le moule d’avant, ceux qui étaient comme normaux jusqu’à présent. Les normaux, ceux correspondant à l’ancienne norme, hommes hétérosexuels, quinquagénaires ou sexagénaires, ceux qui ont accepté le monde, la société telle qu’elle fonctionnait dans leur jeunesse, ceux-là sont désormais considérés comme les inadaptés qu’il faut éliminer, cantonner, interner. 

Notre monde occidental est construit par des médias qui véhiculent une pensée unique, une pensée majoritaire. L’idéal de la société est également l’idéal véhiculé par les médias, et mis en œuvre par le milieu journalistique, qui ne peut décrire que ce qui correspond à ses valeurs, à ses idéaux. Mixité, métissage, féminisme sont les maîtres principes de cette époque. L’homosexualité impliquait enfermement et internement (même pour un mathématicien de génie comme Alan Turing, inventeur de l’informatique et sauveur des alliés lors de la seconde guerre mondiale) à la pire époque des années 1950-1960.

 

Elle vaut désormais comme un idéal de coolitude, un brevet de bonne conduite. Les tarés, les fous sont désormais les hommes hétérosexuels qui osent regarder ou apostropher une femme, des pervers qu’il faut enfermer. Ces hommes qui osent par exemple revendiquer de pisser debout. Ce monde prône la mixité mais exclut tous les hommes dépassant les 45 ou 50 ans, qui doivent cesser de vivre, qui doivent se cacher loin des regards, surtout ne pas dévier de la norme qui les rend invisibles et indésirables sexuellement et professionnellement. Gare à ceux qui transgressent cette norme, poursuivis judiciairement et éliminés socialement par celles qui se dénomment et se considèrent elles-mêmes comme des chiennes de garde. 

Quelles nouvelles institutions sont-elles aujourd’hui créées pour défendre cette nouvelle norme sociale ? C’est ce que décrivait en son temps, à son époque, Michel Foucault, avec sa description de l’asile et de la folie. Et c’est ce que je n’ai pas. Le conformisme des médias ne fait pas une institution, pas plus que la rumeur des églises par le passé ne faisait pas l’asile ou la prison. Les médias ne sont que le canal de diffusion de l’information, du modèle de nouvelle société idéalisée.

 

Ce modèle est parfois violemment attaqué par les citoyens ou les électeurs, comme lors de l’élection de Donald Trump, parangon de tous ce que les médias libéraux abhorrent. D’où la fureur et la rage des médias ‘éclairés’ lors de son mandat présidentiel ; les médias progressistes ne pouvaient pas laisser perdurer une telle verrue aux yeux de leurs idéaux de mixité et de métissage. D’où l’acharnement judiciaire actuel contre Trump. Et accessoirement contre son vainqueur démocrate, attaqué au nom de sa sénilité. Une femme démocrate noire, ce serait quand même vachement plus conforme aux principes canons du temps présent qu’un homme vieillard de 80 ans !

Institutions de contrôle ? La publicité pourra-t-elle devenir cette institution, ou bien est-ce tout simplement la norme qui est l’institution ? Cette publicité qui a véhiculé si longtemps l’image de la femme objet, de la femme idéale, jeune, belle, blonde, désirable. Le futur verra-t-il également l’invisibilité des hommes hétérosexuels de plus de trente ans dans la publicité, comme cela a été le cas pour les femmes par le passé ? Très vraisemblable, il faut bien que cette génération tue le père, dans notre monde qui a inventé l’homoparentalité pour mieux tuer la figure paternelle. 

 

À moins qu’il ne s’avère pas nécessaire de changer les institutions de contrôle social de cette société, que l’hospice, l´hôpital psychiatrique et la prison demeurent en place mais qu’on en change les règles d’enfermement. Ce seront les hommes hétérosexuels, blancs, âgés de plus de 40 ans, les inadaptés qui refusent de pisser assis, qui refusent d’arrêter de pisser debout, qu’il faudra réadapter socialement, enfermer, castrer psychiquement, éliminer de la société définitivement ou temporairement, s’ils acceptent de changer, de s’adapter au monde. Ils ne pourront pas changer de couleur de peau, mais peut-être de sexe, ou d’orientation sexuelle. Rien de mieux que la prison ou l’asile pour cela. 

 

https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2023/06/10/gare-au-retrosplash-faire-pipi-debout-ca-fait-partie-des-privileges-que-les-mecs-ne-veulent-pas-abandonner_6176997_4497916.html

Les prochaines dizaines d’années verront se matérialiser ce monde tel qu’il est aujourd’hui en germes. Les institutions de contrôle de ces nouvelles normalités et de ces déviances seront vraisemblablement pleinement visibles. Ce n’est encore que des germes mais les hommes au pouvoir croient encore possible de contrôler cette évolution, que les chiennes de garde, que les ultra-féministes, se contenteront d’un partage du pouvoir, des miettes qu’ils leur donneront, qu’ils leur jetteront, des victimes expiatoires qu’ils leur accordent … Ils croient encore qu’ils arriveront à canaliser toute cette merde. Mais ils se trompent. C’est une guerre qui se prépare.

 

Et accessoirement, l’espoir viendra peut-être d’Afrique et des pays musulmans, dans leur combat contre le développement de cette nouvelle normalité que l’Occident croit devoir moralement imposer à l’ensemble du reste du monde actuel. 

 

(Soit un peu de la même manière qu’ils estiment normal de vouloir faire arrêter un dirigeant étranger en exercice lors d’un déplacement international, Vladimir Poutine, en vertu d’un mandat d’amener international. Et si la Russie faisait pareil avec les dirigeants français ou américains lorsqu’ils se déplacent dans des pays étrangers ? Mais je suis bête, on n’en saurait rien puisque nos médias ne nous informent pas de ce qui se passe dans le monde, mais seulement de ce qu‘ils estiment pouvoir nous concerner)

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/09/nouvelle-confrontation-a-l-onu-autour-des-droits-lgbtq_6176962_3210.html

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/03/07/debat-houleux-au-conseil-des-droits-de-l-homme-sur-l-homosexualite_1653437_3224.html

 

Ce n’est évidemment pas que je défends les sanctions contre l’homosexualité ou les personnes transgenres, ni que je me retrouve dans les sanctions prises à l’encontre des personnes homosexuelles par le passé en Europe (comme contre le mathématicien anglais Alan Touring) ou actuellement dans certaines parties du monde. Simplement, ce sont des zones à éviter si vous êtes homosexuel … La majeure partie des migrants se disent d’ailleurs homosexuels pour obtenir l’asile politique en Europe, même les terroristes islamistes. Je conteste simplement le nouvel idéal de haine de l’homme hétérosexuel (bizarrement, il n’existe pas de terme en ‘phobe’ le concernant, ce qui permet aux chiennes de garde, aux féministes et aux bonnes âmes de s’acharner contre lui, contre son pouvoir, contre sa domination de la société, sans crainte d’être caractérisé comme homme-hétérosexuel-d'âge-moyen-phobes.

 
Je finirais en citant un philosophe et penseur catholique 

 

«La lutte (des minorités, des invisibles, des dominés) n’a de sens que si elle évite de reproduire elle-même, par aveuglement, les mécanismes de pouvoir et d’oppression qu’elle dénonce ; ce qu’elle a toutes les chances de faire si on n’a pas étayé avec précision les conditions existentielles profondes qui garderont à l’écart la violence.

 

C’est malheureusement à cet aveuglement que se condamnent souvent ceux qui, avec les meilleures intentions, prônent la ‘libération’. En effet, les mécanismes d’oppression et de pouvoir sont des mécanismes auxquels cèdent volontiers certains parmi les concepteurs mêmes de telles luttes sociales (intellectuels organiques, penseurs pragmatiques et promoteurs de l’éducation populaire). Ils y cèdent au nom d’un ‘décisionnisme’ dont le cynisme politique et le ressentiment (propulsé par un bien étrange ‘c’est eux ou nous’)  trahissent l’immaturité et, surtout, montrent l’ambition dévorante - et en l’absence de réflexion sincère sur le désir, non éradiquée et proprement inconsciente - qui transformera tôt ou tard la lutte de libération en triste cruauté. Qu’on nous permettent cependant une remarque théologique et ecclésiologique : opposer à ces dérives du pragmatisme une dérive dogmatique conservatrice au nom de l’amour évangélique et de la liberté, ce n’est pas moins se fourvoyer, tant il est vrai que les misères du désir dévorant et infantile de reconnaissance n’épargnent pas non plus les instances doctrinales. Il faut une plongée plus profonde dans ce qui fonde l’êtres humain désirant, et dans ce qui peut défaire à la fois la violence économique et la violence anti-économique - ce qu’il est présentement le thème que le présent travail entend développer quelque peu.»

 

Christian Arnsperger, «Échange, besoin, désir», Revue d’éthique et de théologie morale n°213 de juin 2000.

 

 

  Saucratès 


10/06/2023
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Éthique et Économie

Éthique et Économie 

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 6 mai 2023

 

Est-il utile ici d’introduire préalablement chacun de ces termes, chacune de ces deux branches de la connaissance humaine, de la connaissance de l’homme vivant en société ?
https://saucrates.blog4ever.com/ethique-1

 

Face à une matière qui traite des enjeux éthiques de la vie de l’homme dans la société, est-il utile ou nécessaire de définir les concepts d’homme, de société, d’économie et d’éthique, ou bien suffit-il de se contenter de mentionner, de rappeler, que ces diverses notions sont interdépendantes ? Parce que nous allons parler ici d’éthique économique, c’est-à-dire d’éthique appliquée au champ de l’économie.

 

L’Éthique en elle-même est au fond très simple. L’étude du Bien et du Mal, du Juste et de l’Injuste, et de la place de l’Homme au milieu de tout cela. En face de cela, qu’est-ce que l’Économie ?

 

Deux thèses opposées au minimum s’affrontent ? Dans l’une de ces thèses, l’Économie apparaît comme un lieu a priori, apparemment, où règne l’argent-roi, le culte du plus fort, de la puissance. En un mot, un lieu sans éthique, sans règles, sans loi, si ce n’est la seule loi de la jungle. Un lieu où les plus forts seuls survivent. Au fond, il s’agit de la thèse communiste, marxiste.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/08/la-crise-du-politique-se-nourrit-du-sentiment-que-l-economie-echappe-aux-principes-republicains_6168756_3232.html


En face, à l’opposé, une deuxième thèse adverse postule que ceci n’est pas véritablement vrai. Si c’est le cas, s’il s’agissait réellement d’une jungle, d’un lieu sans foi ni loi, comment pourrait-on parler d’éthique, de règles éthiques valables au niveau de chaque individu membre de la société humaine, si le champ entier de l’économie échappait totalement aux principes et aux interactions éthiques des individus entre eux ? L’éthique ne s’arrête pas aux portes du monde économique, mais le pénètre évidemment. L’idée d’un monde sans règle, sans foi, sans loi, n’est en fait qu’une vue de l’esprit sans prise directe sur la réalité des actes et des échanges économiques.

 

Il existe bien sûr des thèses encore plus rationalistes, favorables au monde de l’Economie. Des thèses qui postuleront que l’ensemble de la sphère éthique, de chacun de nos actes quelqu’en soit l’objet, la famille, l’amitié, le sens de l’honneur, de la patrie, repose par extension sur des mêmes principes utilitaires, conséquentialistes. Et ainsi que l’Economie est le plus pur, le plus parfait des lieux où cette éthique s’applique. 

Au fond, l’Economie ressemble au monde lui-même, dans son ensemble, à la société. Certains philosophes ont imaginé qu’avant l’invention de la vie en société, la Nature était un monde sans règle, où l’homme était un loup pour l’homme. C’est une position qui est défendue par nombre d‘ecrivains, lorsqu’ils imaginent une société humaine post-apocalyptique, où un homme ou une femme seule serait à la merci de clans violents, où chaque rencontre serait dangereuse, inquietante, conduirait à la capture ou à la mort. Au fond, on imagine assez facilement que c’était cela le monde préhistorique, le monde de la rencontre entre homo sapiens et homo neandertalis. Mais au fond, c’est aussi le monde de la forêt vierge amazonienne ou de la Nouvelle-Guinée. Un monde où la nature est ultra-violente et où un homme seul est un homme mort.

 

D’autres philosophes ont imaginé que c’était la vie en société qui avait transformé un homme naturellement bon en un psychopathe. Que la violence était née de la société, et que l’homme était naturellement bon. 

Vous me demanderez peut-être en quoi tout ceci peut-il s’appliquer à l’Economie ? Le monde de l’Economie est-il une jungle ultra-violente. ou un monde policé, un monde de règles, un monde normé ? L’Economie est dans la pratique un endroit où les relations inter-individuelles sont régulées par des intermédiaires. Les consommateurs dans les relations entre entreprises, entre producteurs. C’est le consommateur qui décide si au final, il préfère acheter, utiliser, tel bien produit par une énorme multinationale, ou celui produit par le petit producteur artisanal à côté de chez lui. S,il préfère utiliser tel navigateur internet plutôt qu’un autre. Si l’économie fonctionnait comme la théorie le pensait, il y aurait des marges zéro et une multitude de producteurs tous sans aucun pouvoir sur le marché. Mais la théorie de la concurrence pure et parfaite ne fonctionne nulle part. Partout, on trouve des mastodontes qui contrôlent des marchés. Partout, on trouve des profits colossaux, et juste à côté, la pauvreté la plus criarde. 

Dans les relations entre employeurs et salariés, autre niveau de l’Economie, on trouve également des intermédiaires. Les États et leur réglementation en matière de travail ou les syndicats. On trouve ainsi des situations pratiquement de travail forcé, d’enfermement des travailleurs dans certains pays en développement, encore pires a moins que ce ne soit proches des conditions salariales qui existaient en Europe au XIXème siècle, telles qu’elles ont été décrites par Zola, Stendhal ou Flaubert. Existe-t-il des écrivains nationaux ayant retracé la situation en Chine, au Vietnam ou en Indonésie dans les années 1980-2000 ? Les lira-t-on un jour comme on peut encore lire Zola, Flaubert ou Stendhal ? 

 
Qu’est-ce donc que cette éthique que l’on pourrait appeler ‘minimale’ et qui fait que l’économie, le monde, n’est pas un endroit sans foi ni loi mais un endroit où le BIEN côtoie le MAL, où des entreprises peuvent appliquer des normes minimales en faveur de leurs salariés, de leurs clients ou de leurs fournisseurs ? Ou de la nature en général et des générations futures. N’est-il pas abusif d’appeler du terme ‘éthique’ ce genre de comportements minimaux, d’affichage de bonnes pratiques favorables aux entreprises, favorables aux affaires, parce que les marchés n’aiment pas ce qui nuit à l’image lissée des entreprises ? 

Ne serait-il pas plus correct de considérer que l’Economie en général, malgré les guides de bonnes pratiques, les chartes éthiques, les codes de déontologie, les chartes multiples et variées, est un monde amoral, qu’il est impossible de considérer comme éthique, comme prônant et défendant le BIEN et le BON. Parce que la recherche du profit, et le transfert vers la responsabilité de la communauté, est le principe de fonctionnement basique de l’Economie, à mille lieux des engagements moraux et éthiques qui devraient être ceux d’acteurs défendant le BIEN et le BON. 

 

 

Saucratès


06/05/2023
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Loi divine vs opinion publique : et si les médias mainstream se trompaient

Loi divine vs opinion publique : et si les médias mainstream se trompaient

 

Par Saucratès 

 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 2 juillet 2022

 

Ne peut-il y avoir qu’un seul sens au progrès ? Et qui décide de ce qui est le bon sens, et de ce qui est le mauvais sens ? Qui est juge de ce qui est progrès, et de ce qui est retour en arrière ?

 

Les diverses décisions récentes de la Cour Suprême américaine nous offrent une saisissante mise en persoective de ce questionnement. Je l’ai abordé au sens de la présentation médiatique qui en était faite par les médias mainstream, pour lesquels seule une vision libérale de la société, permissive en matière de mœurs, attentatoire en matière de droits, est acceptable et digne d’éloges. À l’inverse, les visions conservatrices de la société sont elles intolérables et ardemment combattues. 

 

Coup sur coup, la Cour Suprême américaine s’est ainsi prononcée pour supprimer la protection fédérale dont bénéficiait de droit les femmes d’avorter librement aux Etats-Unis, pour défendre le droit constitutionnel des américains de porter des armes et de les utiliser librement, et très récemment pour remettre en cause le droit de pénaliser les activités de production d’électricité fortement émettrices de carbone. Elle s’est ainsi prononcé sur trois sujets majeurs d’affrontement entre les conservateurs et les libéraux : avortement, armes et réchauffement climatique. Trois sujets majeurs sur lesquels les médias mainstream sont arc-boutés, persuadés d’avoir l’opinion de leurs lecteurs de leur côté, persuadés que l’opinion publique en général, celle à laquelle ils s’intéressent, sont vent debout contre l’aberration de ces décisions. 

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/06/25/droit-a-l-avortement-de-nombreuses-manifestations-attendues-samedi-dans-les-villes-americaines_6131915_3210.html

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/06/29/aux-etats-unis-la-cour-supreme-n-ecoute-plus-la-voix-de-la-majorite_6132532_3232.html


https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/30/etats-unis-la-cour-supreme-limite-le-pouvoir-de-l-etat-federal-pour-lutter-contre-le-changement-climatique_6132775_3210.html

 

Et le plus amusant, c’est que tout ce qui compte de partis politiques libéraux en matière de mœurs sociales de part le monde se sentent également heurtés par ces décisions de la Cour Suprême américaine ! Il s’agit ainsi selon les Insoumis français de sanctuariser dans la Constitution de la Cinquième République française le droit d’avorter. Ignorent-ils qu’une décision de la Cour Suprême américaine, à l’égale d’une décision du Conseil Constitutionnel français, ont pratiquement une valeur constitutionnelle ? 

Et je parle pas du sujet de la décision sur le réchauffement climatique, qui va elle-aussi, dans les prochaines semaines, entraîner des levées de bouclier chez tous les écolos-collapsolgues du monde entier.

 

La question est donc de déterminer le cours de l’histoire, le cours de l’humanité, des droits des gens, le cours des lois. Et il y a bien au moins deux visions antagonistes des choses dans la tradition occidentale. La première est celle de ces médias mainstream, des courants libéraux sociaux, où il ne s’agit que d’accorder des nouveaux droits aux gens, aux personnes, dans le but de remettre en cause l’ordre naturel des choses : égalité des sexes voire supériorité de la femme sur l’homme, mariage pour les homosexuel.les, adoption pour tous les couples, lutte contre les discriminations sauf si ces dernières visent les blancs. Tout ceci sont des droits sur lesquels il faut avancer et où toute remise en cause constitue un retour en arrière. L’objectif final de ce cours de l’histoire, ce serait un Occident dans lequel il n’y aurait plus que des homosexuels, noirs, musulmans, et où les hommes blancs, hétérosexuels, seraient privés de droit, discriminés, expulsés (pour aller où ? Mystère).

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/02/deconstruire-l-imaginaire-colonial-et-revivifier-les-memoires-douloureuses-qui-concernent-l-empire-francais_6133074_3232.html

 

Un monde parfait où la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le sexe, ne serait plus un critère discriminant. Au fond un beau monde certes, mais les moyens pour y arriver ne sont pas de supprimer les discriminations, mais d’écraser ceux que l’on imagine profiter du système, à savoir les hommes, les blanc.hes, les hétérosexuel.les, sommé.es de choisir leur camp.

 

Mais il y a une autre vision antagoniste du monde. Une vision du monde où le droit humain doit se rapprocher de la Loi divine, de la Loi de Dieu. Les supposés avancées défendues par les libéraux sociaux ne sont ainsi en fait que des déviations malines vis-à-vis des préceptes divins que tout bon croyant doit corriger. On le retrouve à l’oeuvre aussi bien du côté catholique que du côté musulman. Sauf que les médias mainstream n’ont qu’un et unique ennemi : le catholicisme et les conservateurs catholiques. 

Vous avez compris ma position. Je crois en l’égalité des sexes, des peaux, des orientations sexuelles dès lors qu’elles ne me sont pas imposées, dès lors qu’on ne travestit pas la présentation du monde pour y placer des quotas de noirs ou d’homosexuels à la télévision ou au cinéma. Je ne demande pas que dans le cinéma africain, on trouve des quotas de 50% de blancs ou dans le cinéma homosexuel des quotas d’hétérosexuels et des histoires ou des délires hétérosexuels. 

Mais je crois aussi en l’existence d’une morale divine chrétienne, d’une Loi de Dieu qui s’impose aux lois des hommes. Je crois que l’Europe est une Terre de chrétienté, et que la présence de musulmans sur cette Terre, et de minarets, est une offense à Dieu, et la même manière que la présence de clochers chrétiens sur la Terre sacrée de l’Islam est considérée comme une insulte à leurs croyances, à leur Dieu. 

 

La confrontation entre cette Loi divine, supérieure aux lois humaines qui dependent des périodes, des opinions, des moments, et certains droits que l’on peut estimer comme importants, comme le droit à pouvoir avorter dans certaines conditions pour les femmes, le droit à disposer de leurs corps, peuvent parfois poser des problemes éthiques importants à certains d’entre nous. Mais le problème de la Loi divine est qu’elle ne dépend pas des hommes, qu’elle ne varie pas au gré des vents. Elle est immuable. Et surtout, on ignore si elle a été véritablement édicté par Dieu, ou si c’est une création d’hommes ou d’un homme à une certaine époque. Et pourtant, elle constitue un phare dans la nuit du mal, un phare dans la nuit des opinions médiatiques. 

Au fond, tout ceci est un combat, une confrontation entre l’opinion d’une multitude, opinion publique relayée par les médias sociaux, agée des moins de trente ans, idées des journalistes tous formés dans les mêmes écoles, tous adeptes des mêmes théories libérales et sociales, et une Loi divine supérieure, pratiquement immuable, et dont les défenseurs, les représentants, sont adeptes d’une certaine forme de sagesse, de réflexion éthique. Peu importe au fond que cette Loi divine ait été écrite par des hommes lors d’un quelconque concile extrêmement ancien.

 

Tout ceci pour dire que ceux que les médias présentent comme d’horribles et abominables méchants, gâteux, abjects conservateurs, fermés aux évolutions de l’opinion publique, défendent en fait des normes qu’ils estiment supérieures aux basses contingences de leur époque perdue. 

 

Saucratès


02/07/2022
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Ethique et entreprises

Éthique et entreprises

 

Par Saucratès

 

Saint-Denis de la Reunion, samedi 26 mars 2022

 

1) Justification éthique

 

La question de l’éthique a-t-elle la moindre justification dans le monde de l’entreprise ? Je ne parle pas de la place de la loi, de la justice, du respect de normes légales dans les entreprises. On sait tous que les entreprises sont bien obligées appliquer les lois et les règlements, que ce soit en matière de respect des droits des consommateurs, en matière de respect du code du travail à l’égard de leurs salariés ou de leurs sous-traitants, en matière de respect de la législation en matière d’hygiene et de securité … Non, je parle de morale et d’éthique, tout en sachant que l’on peut tout mettre et ne rien mettre sous ces deux vocables !

 

Je ne vais donc parler que de morale et d’éthique et m’interroger sur la place qui leur ai dévolue dans le monde de l’entreprise, de la finance, de l’assurance, et plus largement, même dans le monde des administrations publiques. Le simple fait de faire des affaires, de gagner de l’argent, sans voler, sans tuer, est-il suffisant pour pouvoir parler de respect de la morale et de l’éthique ? 

2) De la nécessité d’écarter les chartes éthiques et codes de déontologie de cette réflexion

 

On va peut-être très vite écarter l’argument des chartes éthiques et des codes de déontologie qui sont exhibés, qui sont affichés comme des trophées, comme des preuves de vertu par nombre de grandes entreprises et d’administrations.

 

Dans l’abécédaire du bon dirigeant moderne d’une grande entreprise ou d’une administration publique, c’est l’arme absolue pour ressouder les équipes, couper les têtes qui dépassent, entretenir la peur et la motivation des troupes, pour faire moderne. Sous ce vocable, on voit apparaître l’ensemble des bons comportements qui sont prescrits aux subordonnés, on y chante les bienfaits de la loyauté, cette idée que le salarié ou le fonctionnaire représente dans tous les actes de sa vie l’entreprise ou l’administration qui l’emploie. Les chartes éthiques et les codes de déontologie sont remplis des obligations attendues de la part des salariés, qui excèdent bien souvent très largement les simples obligations qui découlent du seul code du travail. Et leur caractère hybride, ni code du travail, ni règlement intérieur, crée un vide juridique qui suffit néanmoins à terroriser ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’image qui est attendue d’eux.

 

Ces mêmes chartes éthiques et codes de déontologie sont étrangement beaucoup plus silencieuses sur les obligations des entreprises elles-memes. Au mieux ils sont évasifs sur les obligations des entreprises ou des administrations, «donner les moyens de…», «faire en sorte que…», le plus souvent, ces codes ou chartes ne visent qu’à réglementer ce qui est attendu des salariés ou des fonctionnaires concernés. Ou bien ils se limitent à ahaner les dispositions prévues dans le code du travail (paiement du salaire, absence de discrimination, droit à la formation….).

 

Nota : par hasard, j’ai pris l’exemple de la charte éthique du groupe AFD, qui correspond parfaitement à ma démonstration. Des engagements de l’employeur inexistants, reprenant les obligations légales imposées aux employeurs, tandis que les obligations des salariés du groupe AFD excèdent largement les obligations imposées par le code du travail à des salariés lambda.

 

https://www.afd.fr/fr/ressources/charte-ethique-du-groupe-afd

 

Les premières professions à s’être vues imposer un code de déontologie ont été les professions médicales, à l’image du serment d’Hippocrate que tous les médecins du monde sont sensés apprendre et respecter depuis la nuit des temps. À cet égard, il est intéressant de se rappeler que le premier code de déontologie des médecins a été promulgué en 1941, sous le régime de Vichy. Bizarrement, le régime de Vichy est d’ailleurs également à l’origine de la première Loi bancaire. Et dans les deux cas, de nouvelles lois ont été repromulguées entre 1946 et 1947, comme s’il fallait faire disparaître toute trace de Vichy, comme s’il fallait faire comme si Vichy n’avait jamais existé. Mais de même que le serment d’Hippocrate n’a pas de sens en dehors de la profession des médecins, un code de déontologie n’a pas de sens en dehors de ces professions médicales qui ont entre leurs mains la vie de leurs patients. 

Alors, en dehors des énarques et autres hauts dirigeants qui cherchent des outils modernes d’asservissement des salariés de leurs entreprises, il se pourrait que pour certaines personnes, pour certains groupes, comme la Congrégation pour la doctrine de la Foi de l’Eglise Catholique, le principe des chartes éthiques et des codes de déontologie puisse paraître comme une sorte de panacée pour insérer de la morale dans le monde de l’entreprise. Mais sachant ce que représentent aujourd’hui ces chartes éthiques et ces codes de déontologie, il n’y a rien à en attendre !

 

Pour cela, il faudrait une morale des affaires !

 

3) Quelques définitions

 

Le premier point est évidemment de savoir s’il y a la moindre différence entre éthique, morale et déontologie. Le nom «éthique» vient du mot grec «ethos» qui signifiait à l’origine coutumes ou usages, d’un groupe se rapportant à un autre. Pour sa part, le mot «morale» est basé le mot latin «mores» qui signifiait également à l’origine les notions de coutumes, usages ou mœurs. 

«Les mots que nous utilisons - bon, mauvais, bien, mal - ne conviennent sans doute pas à ce contexte ancien, mais l’attitude face à des conduites contraires aux coutumes était la même que la nôtre.»


«Éthique» par John Dewey et James Hayden Tufts - 1932

 

S’agissant du mot «déontologie», celui-ci se réfère à l’une des principales branches historiques de la philosophie morale, dont l’un des principaux représentants est le philosophe allemand Emmanuel Kant. Par opposition, l’une des deux autres grandes branches historiques de la philosophie morale est nommée «conséquentialisme». L’utilitarisme de Jeremy Bentham, de John Stuart Mill et de George Edward Moore en sont les principaux courants, ou représentants. Enfin, l’éthique des vertus est aussi un autre courant important de la philosophie morale.

 

Tout en sachant qu’il est quelque peu difficile de rattacher à ces différents courants les philosophes américains récents comme le théoricien du contrat social moderne John Rawls, même si on le rattache habituellement au courant contractualiste, par conséquent au courant déontologique, ou son adversaire Michael Walzer, qui a théorisé le concept de sphères de justice, revendiquant une conception plus pluraliste de la justice.

 

Dit autrement,

«La philosophie morale (…) peut être subdivisée en trois branches, qui correspondent à autant de théories ou de méthodes fondamentales : le conséquentialisme, qui soutient qu’est moral ce qui promeut le bien, celui-ci étant, bien entendu, défini au préalable ; le déontologisme, qui affirme qu’est morale une action accomplie en honorant des principes absolus s’appliquant quelles que soient les conséquences ; l’éthique des vertus, qui défend pour sa part l’idée selon laquelle ce qui compte avant tout, c’est le perfectionnement de l’être humain en tant qu’agent moral vertueux. Bref, la première méthode s’intéresse aux conséquences de nos actes ou des règles de ceux-ci, la seconde à la façon selon laquelle nos actes peuvent suivre des règles, la troisième au perfectionnement vertueux de l’agent moral lui-même.»

 

Jean-Cassien Billier, «Introduction à l’éthique», 2014, page 1

  

4) Première conclusion partielle à mon interrogation sur la morale des affaires

 

Existe-t-il donc une morale de l’entreprise ou une morale des affaires ? Et de la même manière qu’il existe de très nombreuses interprétations ou explications de la morale et de l’éthique, on comprendra qu’il pourra exister de très nombreuses définitions ou acceptations autour du concept de morale des affaires. Pour certaines d’entre elles, «la loi du plus fort» est à la fois la morale de la nature et la morale du monde des affaires. Car pour certains, le terme de morale ne fait que recouvrir, correspondre, habiller la simple réalité du monde.

 

 

Saucratès 


26/03/2022
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