Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

La question de savoir si une démocratie peut survivre à un conflit est déjà tranchée

«Parce que vous revendiquez la liberté de pensée, d’expression et d’engagement politique»

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, dimanche 5 mai 2024

 


Lorsqu’une ancienne prisonnière du régime islamiste iranien soutient des étudiants et des chercheurs grévistes militant pour le Hamas, organisation soutenue par l’Iran, militant pour la Palestine et pour Gaza, on se dit qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre monde. Si même une victime du régime des Mollahs iraniens, et par extension du Hezbollah et du Hamas, soutient ceux qui défendent la Palestine, Gaza et le Hamas, c’est le signe qu’il faut nous aussi nous poser des questions sur ce qui se passe en France et plus largement dans le monde occidental. 
 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/04/fariba-adelkhah-chercheuse-a-sciences-po-et-ancienne-prisonniere-en-iran-votre-combat-est-le-mien-le-notre_6231579_3232.html

 
Et je me retrouve totalement dans ce qu’elle écrit pour expliquer son soutien à ce mouvement pour Gaza. 

 

« Votre combat est le mien. Votre combat est le nôtre, chercheurs. Parce que vous revendiquez la liberté de pensée, d’expression et d’engagement politique en faveur de la paix et du droit international.

 


https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/04/fariba-adelkhah-chercheuse-a-sciences-po-et-ancienne-prisonniere-en-iran-votre-combat-est-le-mien-le-notre_6231579_3232.html

Au fond, c’est exactement pour cette raison que je trouve aberrante l’aberration médiatique qui règne en France et en Occident autour de ces conflits qui ne nous concernent que par ricochets. À savoir le conflit ukrainien et le conflit palestinien. Il ne s’agit pas d’Etats que nous ont envahi, qui nous attaquent. Il n’est pas question ici de soutiens patriotiques. Mais il est terrible que même si ces conflits sont lointains et concernent d’autres États, la liberté d’expression est déjà moribonde dans notre pays, dans nos médias, dans le champ médiatique, dans le monde occidental. Mais si seulement l’attaque visait notre patrie, il n’y aurait plus aucune démocratie, en 2024. 

On se dit que les événements des années 1939-1945 s’expliquaient par d’autres causes, les privations de liberté de presse, les camps d’internement en France pour les républicains espagnols, les camps d’internement aux Etats-Unis pour les américains d’origine japonaise, mais on assiste déjà aujourd’hui aux prémices des mêmes aberrations, aux memes détournements et contournements des lois et des libertés démocratiques. La question de savoir si une démocratie peut survivre à un conflit est déjà tranchée. La réponse est non. La démocratie s’éteint avec la guerre, qu’il y ait occupation ou non.

 

Comme l’écrit Fariba Adelkhah : «Parce que vous revendiquez la liberté de pensée, d’expression et d’engagement politique en faveur de la paix et du droit international». Ce devrait être notre combat à tous. Accepter de débattre de ce qui se passe sans accusation de soumission à la Russie si on critique l’Ukraine, sans accusation d’antisemitisme si on critique Israël ou si on défend les palestiniens ou le Hamas, sans accusation de conspirationnisme si on conteste la politique de gestion de la Pandémie de coronavirus et de confinement par le gouvernement. Vivons-nous dans une démocratie ?

 

Lorsqu’un État supposément démocratique comme l’Allemagne peut faire interdire d’accès à l’espace Schengen un médecin dont le principal crime est d’être palestinien, d’avoir apporté des soins à Gaza, et de témoigner des atrocités de l’armée israélienne, on plonge également dans cette même consternation. Comment peut-on avoir si peur de certaines opinions que l’on interdit à ces témoins le droit de s’exprimer et de débattre. 

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/04/le-medecin-palestinien-ghassan-abu-sitta-temoin-de-l-enfer-de-gaza-interdit-d-entree-sur-le-territoire-francais_6231555_3210.html

 
Lorsque la grogne et le soutien étudiant à Gaza s’étend peu à peu au monde entier et de facultés en universités, ne faut-il pas se demander si la réponse officielle occidentale de soutien sans condition à Israël et à son annihilation de la bande de Gaza et de l’ensemble des territoires palestiniens n’est pas problématique, n’est pas inacceptable pour tous ceux qui estiment que les vies palestiniennes comptent aussi. Il est bien trop commode et beaucoup trop dangereux de poursuivre chaque mouvement de soutien au Hamas et à Gaza pour apologie du terrorisme et pour antisémitisme. 

Et que vont faire demain la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Occident tout entier, lorsque, si, la Cour pénale internationale lance des mandats d’arrêt contre les principaux dirigeants israéliens ?

 
https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/04/en-reaction-aux-man-uvres-d-israel-le-procureur-de-la-cpi-met-en-garde-contre-toute-entrave-a-la-justice_6231536_3210.html

 

Là où Benjamin Nétanyahou demande aux pays occidentaux de faire pression sur la Cour Pénale Internationale pour bloquer l’émission de mandats d’arrêt le visant lui ou ses generaux pour perpetuation d’actes de génocides, on peut se demander qu’elle pourra être la réaction des principaux soutiens occidentaux d’Israel, et d’Israel elle-même, dans ce cas-là. Israël livrera-t-elle ses propres dirigeants à la CPI comme elle devrait y être obligée ? Les Etats-Unis, la France, l’Europe occidentale livrera-t-elle ces personnes si elles se trouvent sur leur sol, comme elles le feraient avec délectation si c’était le cas de Vladimir Poutine ? 

Et surtout, peut-on poursuivre des personnes en France pour avoir soutenu publiquement ou pas le Hamas ou la Palestine, qui sont pratiquement une seule et même chose, de la même manière que la Palestine et Yasser Arafat était une seule et même chose, alors que la Cour Pénal Internationale elle-même considère que les événements se déroulant à Gaza sont des actes de génocide ? 

L’Omerta médiatique doit cesser pour que nos banlieues, pour que nos universités cessent d’être mises à feu et à sang. Il faut que cesse l’uniformité médiatique pour que le débat puisse avoir lieu ailleurs que dans la rue et dans nos amphithéâtres. Et c’est CNews qui est mise en cause pour une couverture tendancieuse de l’actualité ? N’importe quoi ! C’est toute la presse française et tous les médias français qu’il faudrait interdire d’émission et de publication. Nous n’avons nul besoin de relais serviles du gouvernement français et des oligarques qui manipulent le gouvernement !

 

On doit pouvoir dire qu’Israel combat effectivement le même terrorisme qui nous frappe aveuglément mais que l’extermination d’un peuple retranché à Gaza est un crime aussi abominable que l’était la solution finale nazie. On doit pouvoir dire qu’Israel défend aujourd’hui une vision messianique de son combat contre la Palestine  qui est indéfendable et que les soldats de Tsahal qui obéissent aux ordres de tuer ne sont pas meilleurs que ne l’était Eichmann. On doit pouvoir dire qu’Israel est devenu la banalité du mal, comme peuvent l’être les soldats russes ou ukrainiens, ou les journalistes occidentaux qui couvrent et applaudissent les actes des uns.

 
 
Saucratès



05/05/2024
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