Sur la politique
Suite des élections législatives : enseignements à tirer de la nomination de Barnier
Il demeure particulièrement extrêmement amusant de parler politique dans la période actuelle. Michel Barnier vient donc d’être désigné par le président de la république pour occuper le poste de premier ministre et désigner un gouvernement. Emmanuel Macron a ainsi choisi un premier ministre au sein du parti LR, un des plus petits groupes politiques au sein de l’Assemblée Nationale.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/09/05/les-reactions-a-la-nomination-de-michel-barnier-election-volee-pour-melenchon-tous-les-atouts-pour-reussir-selon-wauquiez_6304896_823448.html
Il y a une forme de continuité dans cette désignation, puisque son premier premier ministre, Edouard Philippe, était lui-aussi déjà issu de ce même parti politique, sauf que les candidats qu’il choisissait autrefois étaient systématiquement exclus de leurs partis politiques, mais plus maintenant.
Amusant parce que dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par Macron puis l’annonce des premiers résultats des élections législatives en juin 2024, j’avais pensé que les événements à venir allaient être extrêmement intéressants. Ce qui n’a pas manqué d’être depuis début juillet 2024.
Evidemment, pour l’instant, on n’a pas connaissance des futurs membres de son gouvernement. De qui Michel Barbier s’entourera-t-il pour gouverner ? Ou bien plus probablement, quels ministres lui seront-ils imposés par le président Macron ? Si je suis la logique d’une grande coalition, on devrait trouver dans ce gouvernement des membres des principaux groupes politiques appelés à participer à une éventuelle coalition, la plus large possible. Des membres du parti présidentiel, de ses alliés, de LIOT et des républicains. Probablement pas de ministres issus du groupe Rassemblement national puisque personne ne peut se mélanger à ce groupe sans risquer d’être catalogué d’extrême-droite.
Ces derniers jours, chaque jour amenait son lot d’articles et d’analyses politiques. De rumeurs également. D’ambitions et d’ambitieux qui se dévoilaient. De gens qui s’y voyaient, qui en rêvaient en se rasant (ou en s’épilant) ... Et ces gens-là doivent être aujourd’hui extrêmement déçus. «Ils s’y voyaient déjà, en haut de l’affiche…» dirons-nous.
La gauche, la CGT, veulent en appeler au peuple, aux manifestants, pour faire plier le président Macron afin qu’il les nomme, eux, au gouvernement. C’est particulièrement démocratique et respectueux des institutions de la cinquième république. Parce que la gauche, le nouveau front populaire, est persuadé qu’il a gagné les dernières élections législatives. Ils ont certes terminé devant en nombre de sièges de députés, devant tous les autres partis politiques. Mais uniquement si on parle du NFP de manière globale. Pas si on compte de manière séparée chaque composante du NFP prise individuellement.
Pour cette raison, ils estimaient depuis le début de l’été que la première ministre devait être issue de leur rang, à savoir Mme Castets. Ils avaient eu tant de difficultés à se mettre d’accord sur un nom commun qu’ils ne pouvaient pas comprendre que le président Macron ne la nomme pas immédiatement. Le nouveau front populaire perd donc apparemment la bataille de Matignon tout comme ils avaient déjà perdu la bataille du perchoir de l’Assemblée Nationale.
Ils vont donc tenter de mettre à feu et à sang la France pour faire fléchir, pour faire tomber Macron et Barnier. Puisque sans les voix des macronistes et ceux des députés du Rassemblement national, ils ne peuvent les faire tomber au parlement. Il leur reste donc le théâtre de la rue, l’instrumentalisation de tous ceux auxquels on va farcir le cerveau de mensonges sur une victoire aux élections législatives supposément confisquée. Les menaces de Mélanchon et les appels à la violence proférés par les uns et les autres sont gravissimes dans un État démocratique.
Selon moi, personne n’a gagné les dernières législatives de cet été. Ni la gauche, ni le RN, ni le président et ses alliés. Certains ont perdu, mais moins gravement que cela n’était anticipé. Je parle du parti du président. Les autres se sont maintenus ou bien ont progressé, sans toutefois l’emporter. Et dans une Assemblée Nationale ingouvernable, dans un pays ingouvernable, la seule probabilité d’un gouvernement stable passait par cette candidature. À partir du moment où le NFP n’était pas capable d’accepter la nomination d’un candidat issu de leur rang même si ce n’était pas leur candidat, il n’y avait pas beaucoup d’autre espoir. Mais même l’ancien dernier premier ministre de François Hollande n’avait pas beaucoup de chance de survivre à une potion de censure contre lui, sans l’appui des voix des députés macronistes, sans une alliance avec Macron, sans ministre macroniste. Et de toute façon, même le NFP et jusqu’aux socialistes auraient voté la censure ! Contre un socialiste !
Le cinéma de Macron n’aurait eu aucune chance de réussir si un parti politique avait remporté ces dernières législatives. Il n’aurait pas pu chercher un candidat au poste de premier ministre différent du leader du bloc politique l’ayant vaincu. Ce qu’avait dû concéder à deux reprises François Mitterrand au RPR de l’époque, en 1986 et en 1993, en acceptant de désigner d’abord Jacques Chirac puis Edouard Balladur lorsque Chirac n’avait pas voulu rempiler. Ce qu’avait dû également concéder Jacques Chirac en 1997 en acceptant de désigner Lionel Jospin, leader de la Gauche plurielle. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, dans une Assemblée Nationale partagée entre trois blocs de taille à peu près comparable.
L’argument d’une élection confisquée ne tient pas non plus la route. Personne n’a gagné lors de ces dernières élections législatives. Seuls, certains ont plus ou moins perdus. Le fait que tous les partis politiques qui se sont alliés dans les urnes pour battre le Rassemblement national n’aient pas réussi à se mettre d’accord pour gouverner ensemble constitue l’explication de la situation présente. Comment des gens ayant tous appelé à voter les uns pour les autres, du camp présidentiel jusqu’à LFI et parfois LR, n’ont-iIs pas été capables de se mettre tous d’accord sur un candidat unique et sur un programme de gouvernement ? Il est trop simple aujourd’hui de crier à la trahison lorsque l’intransigeance des uns et des autres à empêcher la constitution de toute alliance. Les difficultés du NFP simplement à se mettre d’accord sur le nom d’un candidat unique démontre à lui-seul la stupidité et la facticité du nouveau front populaire lui-même.
On va pouvoir désormais observer les actes du nouveau premier ministre. On va pouvoir le voir à l’œuvre. On va attendre la constitution de son gouvernement. Tout en sachant que la situation budgétaire de la France risque d’imposer des choix douloureux. Pas de hausse des rémunérations des fonctionnaires… Pas de retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans ou 60 ans… Pas de hausse de 15% du SMIC, et donc pas de faillites massives des entreprises françaises… Pas de grand soir fiscal… En somme, le désespoir pour tous ceux qui rêvent de la destruction de la France, notamment à LFI et au NFP.
J’étais néanmoins persuadé que Macron envisageait de laisser durer le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal bien plus longuement ; cette désignation de Michel Barnier me surprend ainsi. Tant pis. Heureusement, je n’avais rien parié. Et il y avait le risque d’alimenter le mécontentement populaire, et le problème de la présentation et du vote du budget 2025. En somme heureusement. Il reste donc les futures manifestations et blocages de la rue, par des manifestants déconfits, spoliés d’une victoire qu’ils avaient cru acquise, à laquelle leurs représentants leur ont fait rêver, même si je n’imagine pas que ces gens puissent être si bêtes pour avoir cru à ses mensonges, pour avoir cru qu’en disposant du tiers des sièges des députés, ils avaient gagné les législatives.
Saucratès
Post scriptum sur les poncifs utilisés par Le Monde
Évidemment, le journal Le Monde n’est pas satisfait du choix de Michel Barnier au poste de premier ministre, qui ne peut satisfaire que Le Figaro. Le Monde préférait évidemment Lucie Castets, dont ils nous ont narré les aventures et les bons mots durant tout l’été. Eux qui nous indiquent qu’elle se sentait en colère. Elle, la candidate parfaite de la rupture totale avec le patriarcat, jeune femme dans un milieu d’hommes, qui de plus est lesbienne pour satisfaire les féministes de LFI et des écologistes ou des socialistes. Ce symbole était-il supposé attirer Macron? Apparemment il a préféré nommer un ‘vieil homme’ de 76 ans (personnellement, je trouve ce choix particulièrement judicieux et heureux - voilà un politique en lequel j’ai toute confiance à la différence de tous ceux que Macron ou Hollande ont pu nommer à ce poste, mais cela n’engage que moi) !
Le Monde nous narre également le ressenti d’électeurs qui estiment qu’on leur a volé leur vote. « Si c’est pour aller voter et ne pas être respecté …», disent-ils … monsieur le commissaire.
Sentiment qui est au fond totalement stupide. Dans une élection, on a d’abord une grande probabilité de ne pas voter pour la personne qui passera le premier tour et sera qualifiée pour le second tour. Ensuite, on a encore de fortes chances de voter pour la personne qui sera battue, sauf à systématiquement voter pour le favori du scrutin en se basant sur les résultats des sondages … En conséquence, une majorité d’électeurs pourraient estimer qu’il ne sert à rien de continuer à voter puisque leur candidat n’est pas élu et que leur vote n’est pas respecté ! Après, il faudrait encore que leur candidat soit choisi pour un poste de premier ministre ou de ministre pour que leur vote soit vraiment respecté, si on suit le raisonnement du Monde. Si celui-ci a raison, cela explique probablement le taux d’abstention particulièrement élevé que l’on observe en France. Qui est le plus stupide dans cette affaire, du Monde qui publie cette ânerie, du journaliste du Monde qui livre ce genre d’article ou des électeurs qui le pensent peut-être, si tout ceci n’est pas inventé, mitonné ou sollicité ?
Second post scriptum :
On entend souvent parler d’un pouvoir de vie et de mort donné au Rassemblement National auquel on a conféré le pouvoir de censurer ou de ne pas censurer le futur gouvernement. Je pense que cette vision, avancée par LFI, par Bompard, par Mélenchon, est stupide. Primo, vis-à-vis d’un gouvernement de cohabitation, le rôle pivot des élus du parti Ensemble du président de la République, et de Attal, est tout aussi primordial que celui du Rassemblement national. L’un ou l’autre peuvent faire tomber le gouvernement Barnier, tout comme les autres petites formations autour d’eux. L’article des décodeurs du Monde souligne parfaitement les équilibres actuels de l’Assemblée nationale. Il existe évidemment une majorité associant LR, Ensemble, Horizon et un appui du Rassemblement National et son allié, mais il existe une alternative allant du Parti socialiste à LR en passant par le groupe LIOT.
C’est bien l’incapacité de trouver et de chercher un compromis de la part du Nouveau front populaire qui explique l’impossibilité d’un gouvernement de gauche. Il leur fallait s’allier avec le parti présidentiel et cohabiter avec Macron, voire avec les LR, et cela, ils n’en étaient pas capables. Ils préfèrent donc aujourd’hui parler d’un hold-up démocratique plutôt que d’assumer leur intransigeance.
Un vertige me saisit
Etes-vous, tout comme moi, régulièrement saisit d’effarement et d’effroi à la lecture de la presse écrite quotidienne ?
Oublions donc un instant les soubresauts de l’actualité politique, les combats de chefs stériles auxquels s’abandonnent les différents partis politiques supposément alliésdans le Nouveau front populaire, en pure perte, les attaques, calomnies et avanies incessantes que doivent supporter les représentants du plus grand parti politique de France, celui qui cumula de onze à douze millions d’électeurs lors de ces élections législatives.
Oublions les tentatives désespérées du président Macron pour conserver la main sur le gouvernement. Oublions le maintien de la Macronie à la présidence de l’Assemblée Nationale et demain probablement au gouvernement. Tout ceci n’est que spectacle. Oublions la volonté d’exclure de toute responsabilité les représentants d’un parti pour lesquels plus de 30% des électeurs ont porté leurs suffrages ? Oublions ces histoires de front républicain, de cordon sanitaire contre l’Extrême-Droite. Tout ceci semble bien trop commode et dangereux. Mais tout ceci n’est que cuisine électorale.
Intéressons-nous plutôt par exemple au procès à venir des islamistes qui ont participé et organisé l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Samuel Paty, cet enseignant d’histoire-géographie assassiné par des islamistes pour avoir parlé de laïcité et d’avoir montré des caricatures de Mahomet à des collégiens. Assassiné à cause des mensonges d’une collégienne de treize ans islamisée. Assassiné parce qu’il a été dénoncé à son assassin islamiste par de jeunes collégiens de ce lycée pour quelques billets. Assassiné parce qu’un père assassin a cru les mensonges de sa fille. Assassiné parce que ce père l’a condamné à mort par ses appels à la haine sur les réseaux sociaux.
Quatorze personnes dont six collégiens et collégiennes sont ainsi poursuivis pour le meurtre de Samuel Paty. Les collégiens et collégiennes ont été jugés et ‘condamnés’ en décembre 2023 tandis que le procès du père, des islamistes et des autres adultes se déroulera en décembre prochain. Les peines prononcées paraissent démesurément insuffisantes dans ce premier procès à l’encontre de ces six jeunes gens.
Ainsi Mlle Z. Chnina s’est vue «infliger une peine de 18 mois de sursis probatoire au regard de la gravité des faits et de sa personnalité ainsi que d'une mesure éducative de trois ans, avec exécution provisoire».
Un seul des cinq jeunes garçons a «écopé d’une peine de deux ans de prison dont 6 mois ferme sous bracelet électronique, ainsi qu'une mesure éducative de trois ans». Les quatre autres garçons «ont été condamnés de 14 à 20 mois de prison avec sursis probatoire de trois ans et de mesures éducatives».
On ne peut que faire sien les mots de l’avocat des parties civiles, Francis Szpiner, lorsqu’il exprime son émotion :
«Sans cette élève qui a menti et qui a continué à longuement mentir, Samuel Paty ne serait pas mort. Sans ces élèves qui l'ont guetté, ont montré sa photo, sont restés deux heures avec le terroriste et l'ont désigné, Samuel Paty ne serait pas mort. Je laisse apprécier à chacun la décision du tribunal et l'on peut s'étonner que même le ministère public ne soit pas allé au maximum de la peine, lui qui porte la voix de la République. Un seul sort avec six mois mais sous bracelet électronique. La décision est loin d'être exemplaire face aux crimes de terrorisme».
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/assassinat-de-samuel-paty-prison-avec-sursis-et-peine-de-prison-amenageable-pour-les-six-collegiens-20231208
Et comme si la honte de ce jugement trop clément ne suffisait pas, ces monstres ont aussi été protégés par l’institution judiciaire, éloignés en province pour certains, tandis que certains de ses jeunes prévenus ont même bénéficié d’un changement d’identité ! Quel dommage que la France n’applique pas la Charia comme Z. Chnina, son père Brahim Chnina et ces jeunes le souhaiteraient !
Autre effarement, sur le comportement des forces de l’ordre républicaines dans le cadre de la répression des manifestations contre les intérêts privés du Macronisme, que ce soit pour les mégabassines ou l’autoroute A69. Nous sommes sensés être en démocratie, en République, et le gouvernement qui en appelle au front républicain contre le danger de l’extrême-droite appliquent des méthodes de gestion des manifestations relevant des crimes de guerre : privation de sommeil, de nourriture, de secours. Et c’est ce même Macron, ce même Attal, ce même gouvernement qui en appellent au front républicain ? Et la Gauche de tomber dans le panneau ?
Les élections de demain, et après ?
Demain aura lieu le deuxième tour des élections législatives de juin-juillet 2024. Grand moment clef de notre histoire politique ou bien simplement une histoire en perpétuel recommencement ? En une seule semaine d’intervalle, les estimations en sièges du Rassemblement National en nombre de députés élus sont passées de la fourchette de 250 à 300 sièges de députés, la semaine dernière, à une fourchette de 175 à 205 sièges aujourd’hui.
Le parti présidentiel, moribond en début de semaine, est désormais crédité de 118 à 148 sièges de députés.
Heureusement, le second tour de demain dimanche nous permettra de vérifier ce sondage réalisé par «Ipsos Talan pour Le Monde, Radio France et France Télévisions, réalisée du mercredi 3 au jeudi 4 juillet auprès d’un échantillon représentatif de 10 101 personnes, selon la méthode des quotas». J’ai hâte de vérifier demain ces pronostics.
Si ces résultats se confirment, on pourra en déduire que la peur a gagné, que l’acharnement médiatique contre l’extrême-droite conduite par les médias mainstream et la coalition des partis de l’arc républicain aura réussi à faire suffisamment peur à l’électorat populaire (ou autre) séduit par le discours du Rassemblement National. Diaboliser un parti politique, ses candidats, les idées qu’on lui prête, les idées qu’on le soupçonne de viser, son électorat, est-ce une solution pérenne ? Interdire un vote, interdire un parti, peut-il conduire à faire reculer le vote de ceux qui se reconnaissent en ses idées ? Non.
Mais reconnaissons-le, c’est aussi ce que fait C8 et l’extrême-droite avec le Nouveau Front Populaire et LFI. La diabolisation d’un parti politique et de ses candidats.
Macron va donc se retrouver avec une Assemblée Nationale aussi ingouvernable que la précédente. Il va probablement maintenir un gouvernement encore plus minoritaire que son précédent gouvernement, mais qu’aucune majorité parlementaire ne pourra faire tomber, aucun des deux blocs irréconciliables d’extrême-gauche et d’extrême-droite n’étant prêts à se rejoindre.
Pour ma part, je suis fatigué de ces perpétuels appels incantatoires à une supposée compromission avec l’extrême-droite, qu’elle émane du gouvernement vis-à-vis de LFI prête à rejoindre une motion de censure déposée par l’extrême-droite, vis-à-vis de LFI prête à accepter les votes de l’extrême-droite, ou bien du futur Nouveau Front Populaire si le gouvernement bénéficie du vote de l’extrême-droite.
Quel que puisse être demain le résultat du second tour des législatives, les prochains jours risquent d’être éreintants, les articles médiatiques alarmistes des uns se mêlant aux tractations politiciennes des autres pour permettre le maintien de l’entreprise de prédation et de destruction de la France conduite par Macron, sa clique et ses nouveaux alliés de la gauche, sa famille d’origine, cette gauche qui l’a fait éclore, cette gauche qui couvait en son sein le serpent qui l’a finalement assassiné.
Vous l’avez compris, je suis face à un choix cornélien. Quelle victoire électorale dois-je souhaiter ? De quel bloc politique dois-je souhaiter la victoire ?
• Celle de l’extrême-droite, du Rassemblement National, qui représente un saut dans l’inconnu politique, qui présente peut-être réellement un risque politique ou en matière de libertés publiques ? Mais nous sommes déjà tombés tellement bas sous Hollande ou Macron, pendant les répressions des manifestations contre la loi travail de Hollande-Macron, pendant les répressions des manifestations des gilets jaunes sous Macron ou bien celles contre la réforme des retraites, qu’il me semble difficile de croire que l’on pourrait tomber encore plus bas, sauf à penser que sous le RN, on pourrait faire tirer à balles réelles sur la foule. Le RN n’en aura aucun besoin ; il lui suffira de réactiver l’attirail répressif de ces prédécesseurs si républicains !
• Celle du Nouveau Front Populaire, qui nous promet certes le rétablissement de la retraite à 62 ans voire à 60 ans mais qui nous promet aussi le désarmement ou la dissolution de la police, et l’explosion de la fiscalité pour les classes moyennes et hautes ? Ce même Nouveau Front Populaire qui sera représenté à l’Assemblée Nationale, voire au gouvernement par Rousseau, Obono et Hollande, et quelques autres joyeux lurons et joyeuses luronnes. À côté de mille autres promesses électorales toutes aussi déjantées les unes que les autres.
• Celle de Macron et de sa clique, de la majorité présidentielle qui ne sera plus majorité, qui nous prévoyait déjà pour les prochaines semaines toute une série de réformes toutes aussi iniques et injustes les unes que les autres ? La réforme et la disparition de l’octroi de mer pour combattre supposément la cherté des prix dans les DOM, la réforme du statut de la Fonction publique pour la rendre plus corvéable et plus injuste, quelques autres fusions d’institutions pour être supposément plus efficaces, pour mieux placer ou récompenser des pions de la Macronie. Me faut-il souhaiter la victoire de celui qui a dissous les instances représentatives du personnel et les syndicats, qui déréglemente à tout va, qui a réformé à la hussarde les retraites et m’impose de travailler sans espoir deux ans de plus, qui restreint les droits des chômeurs ? Et qui a violé mes libertés publiques pendant la pandémie du coronavirus et celles de millions de mes compatriotes ?
Ce qui est clair, c’est qu’une possible défaite du Rassemblement National ne fera que repousser de quelques années l’inévitable arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en France, à l’image de ce qui s’est produit ses dernières années dans d’autres pays européens. Et pourtant, ces pays n’ont pas encore sombré apparemment dans la barbarie de la dictature ou bien sous le joug des Nazis ? Un parti politique dominant durablement le paysage politique avec plus de 30% des suffrages, cela faisait bien longtemps que ce n’était plus arrivé !
Vivement demain dimanche !
Saucratès
Nota : Francois Hollande, celui qui disait qu’il n’aimait pas les riches en 2012, que la richesse commençait à partir de 4.000 euros par mois, et on apprend qu’il touche pourtant aujourd’hui 15.000 euros de retraite cumulée par mois ! Il vaut mieux en rire. La finance est mon ennemie disait-il ! Il n’aimait pas plus les pauvres, ceux qu’il appelait les sans-dents, après tout. Et des citoyens français vont le réélire malgré tout !
https://actu.capital.fr/economie-politique/legislatives-2024-en-cas-d-election-l-ex-president-francois-hollande-pourra-t-il-cumuler-ses-indemnites
Divorce entre les visions des élites et des classes populaires sur notre réalité sociale
Préambule et avertissement
Je ne dis pas qu’il n’existe pas selon moi de régimes autoritaires ou de non-droit. Il existe des états où la liberté d’opinion est impossible et où l’arbitraire règne. Je souhaite cependant surtout souligner qu’il n’y a qu’une différence de degrés entre nombre de ces états que nos élites nous présentent comme foulant aux pieds les principes démocratiques et nos propres démocraties que ces derniers érigent en modèle. Si des peuples de tout horizon, de tout pays, de tout continent, se réjouissent de coups d’état renversant des gouvernements considérés par nos élites comme étant légitimes, il faut s’interroger sur ce que l’on entend par le terme de légitimité.
Nous entendons en Occident par légitimité l’onction du suffrage universel. Mais on peut aussi remarquer que les quelques pour-cent de la population française qui appartiennent à l’élite économico-politico-médiatique ne sont pas plus, voire probablement moins, légitimes à diriger nos états que les foules et les militaires qui soutiennent les hommes-forts issus des coups d’état en Afrique ou ailleurs. Cette idée de légitimité issue de l’onction du suffrage universel n’a peut-être pas la même valeur pour l’ensemble des peuples. Et il serait peut-être temps de cesser de vouloir exporter partout, sur tous les continents, les valeurs de la démocratie si celles-ci ne font qu’avantager une simple fraction de la population dont la legitimité à diriger des états n’est pas démontrer. Et il faut cesser de nommer dérive totalitaire toute organisation de l’état qui ne vénère pas les sacro-saintes valeurs démocratiques occidentales.
Y a-t-il un divorce entre la vision des journalistes et des hommes politiques occidentaux sur la démocratie et les réalités respectives des classes populaires en Occident, en Afrique ou ailleurs ? Se rendent-ils compte du fossé grandissant qui se creuse entre leur regard sur la démocratie et la réalité qu’ils donnent à voir.
Qu’est-ce qu’une démocratie pour ces gens-là ? Qu’est-ce qu’une dictature ? En matière de démocratie, on parle de pays où les organes de presse sont détenus par des puissants magnats de la presse ou par des milliardaires, et qui favorisent l’entre-soi et une prise de parole et une expression standardisée, aseptisée. Où les rares journaux ou milliardaires qui s’échappent hors des codes autorisés, hors des opinions aseptisées comme Twitter de Elon Musk ou les médias du groupe Bolloré, semblent faire l’objet d’une chasse à l’homme et d’un acharnement médiatique ou politique.
Voilà ce que l’on appelle une démocratie. Voilà la réalité des démocraties occidentales. Cela peut aussi être un régime où toute opinion divergente est judiciarisée, comme on le voit lors de mouvements de contestation comme les gilets jaunes ou les manifestations sociales en France. Une démocratie peut aussi être un état comme Israël qui mène une guerre de l’ombre permanente, de manière souterraine, masquée, contre la CPI et les instances internationales comme l’ONU, au mépris du droit international.
La réalité d’une démocratie, ce peut être une guerre menée contre sa propre jeunesse toujours comme en France. Par rapport à ceux que ces médias considèrent comme des dictatures ou des autocraties, les opinions qui seront interdites concerneront la critique du régime, la manifestation et la publicité donnée à des opinions contradictoires. Dans nos beaux pays occidentaux, les opinions judiciarisées ne toucheront pas le plus souvent au politique (ils s’en foutent le plus souvent) mais au domaine de l’intime. Les gens seront poursuivis pour des faits de simple police, des faits d’outrage à une personne dépositaire d’une autorité publique. En fonction de dossiers secrets amassés patiemment par des concurrents politiques, par des médias comme Médiapart, par des services de renseignement. De cette façon, impossible d’appeler ces condamnations des condamnations politiques ; en régime démocratique, les condamnés sont toujours des condamnés de droit commun. Mais des condamnés éliminés pour leurs opinions politiques ou parce qu’ils ont dérangé le puissant qu’il ne fallait pas se mettre à dos.
Et l’argument le plus parfait utilisé par les journalistes, les hommes politiques et les gens bien-pensants, de nos pays occidentaux, à l’encontre de leurs critiques et opposants, c’est : «je voudrais vous voir vivre dans une vraie dictature. Vous découvririez ce qu’est une véritable dictature». Et Le Monde n’y fait pas exception. Comme l’écrit Le Monde, les jeunes ne savent ainsi pas ce que c’est de vivre dans un Etat totalitaire. Ou peut-être que si. Peut-être vit-on dans un état totalitaire ayant l’apparence et les formes d’une démocratie ?
Aujourd’hui, nos élites ont idéalisé ce qu’ils appellent ‘démocratie’ mais également ce qu’ils appellent ‘état totalitaire’. Peu importe le ressenti des gens qui vivent réellement dans leur démocratie ou bien dans les états totalitaires. Eux appartiennent à une élite culturelle ou financière qui ne bénéficierait pas des mêmes droits que les leurs dans un autre régime que l’on peut dire ‘totalitaire’. Et cette différence constitue pour eux la frontière entre démocraties et régimes totalitaires.
Mais dans ces régimes qu’ils appellent totalitaires, qui ne reconnaissent pas la liberté de changement de sexe, l’absence de discrimination entre les diverses formes de sexualité, la protection des élites en leur propre sein, il y a aussi des gens qui adhèrent aux croyances de ces supposés régimes totalitaires, qui y sont choyés, qui y bénéficient d’avantages et de passe-droits, ou qui simplement s’y reconnaissent et qui ne voudraient probablement pas changer de régime.
Ainsi, en Afrique francophone, le peuple et la rue s’opposent violemment à leur ancienne puissance coloniale, qu’ils rendent responsable de leur non-développement, à tord ou à raison, et de leurs déboires économiques ou financiers. Nos élites, nos dirigeants, nos diplomates semblent paralyser devant ce non-sens. Comment des peuples peuvent-ils préférer des dictatures militaires à la démocratie ?
Mais ne peut-on pas dire également que ce virage anti-démocratique a aussi été pris en France et en Occident ? Que les réformes ultra-libérales assénées depuis des années s’étaient aussi accompagnées d’un recul des droits et de la démocratie. Même si nos dirigeants, les élites, sont eux sincèrement persuadés de vivre dans une démocratie, de permettre un fonctionnement démocratique de la société ?
Mais si tout ceci n’était qu’une divergence d’opinions ? Quelle différence y a-t-il au fond entre un militaire qui prend le pouvoir par les armes dans un état d’Afrique, et de l’autre, un président Macron qui prend le pouvoir grâce à un battage médiatique, l’élimination médiatique et judiciaire d’un de ses concurrents, une manipulation des masses, via un réseau de journaux et de médias inféodés aux intérêts d’une groupe de milliardaires ? L’un est un coup d’Etat, l’autre une élection démocratique ? D’autres ne semblent y voir, non pas une différence de régimes politiques, mais une simple différence d’armes et de moyens.
Et se pose alors le problèmes de nos jeunes et des moins jeunes dans nos démocraties qui se rendent bien compte de l’inanité des règles et des dysfonctionnements de notre démocratie, et qui ne s’y retrouvent pas, mais qui ne peuvent ni s’y opposer, ni contester, ni combattre, ni se rabattre sur les votes contestataires sans être étiquetés comme racistes, xénophobes, antisémites ou terroristes islamistes ?
Lorsque les termes mêmes qu’utilisent les gens du peuple et les élites pour désigner régimes politiques ne correspondent plus, comment pourraient-ils encore se comprendre et communiquer ?
Saucratès
Qu’est-ce que l’accord CETA
Qu’est-ce que l’accord CETA
Par Saucratès
Saint-Denis de la Réunion, jeudi 21 mars 2024
L’accord CETA a fortement occupé l’actualité médiatique il y a quelques années de cela, notamment en 2016, à l’époque de sa négociation entre le Canada et l’Union européenne et des débats autour de sa ratification par les États membres européens. Il avait pratiquement totalement disparu des radars médiatiques depuis lors. Qu’est-ce que ce signe signifie donc ? On parle ainsi du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) ou du TAFTA (Accord de libre-échange Transatlantique).
Oú l’on découvre donc que malgré le fait que le Royaume Uni a quitté définitivement l’Union européenne du fait du Brexit, l’anglais demeure malgré tout la principale langue de communication de l’Union européenne, ce qui est une totale aberration. Comment une langue qui n’est plus la langue officielle d’aucun État de l’Union européenne peut-elle demeurer l’une des langues utilisées dans les documents et dans les instances de l’Union ?
Le choix des sénateurs communistes de présenter la ratification de l’accord CETA au Sénat, dans le cadre de leur créneau législatif, a ainsi ramené l’accord CETA au centre de l’attention médiatique. Ce choix à quelques semaines de l’élection du parlement européen par les électeurs européen, et quelques jours après les grandes contestations des agriculteurs français, est particulièrement intéressant. Il met en lumière au-delà des paroles et des postures des personnes la réalité des risques encourus par les États et les citoyens européens et des enjeux de cette élection européenne.
Le Sénat a heureusement rejeté cette ratification et l’accord CETA devrait repasser devant l’Assemblée nationale, probablement dans quelques mois ou années le temps que Macron dispose à nouveau d’une majorité parlementaire. À moins que les députés communistes n’imposent à nouveau le vote de la ratification de l’accord CETA à l’Assemblée nationale, avec un vote probablement une nouvelle fois négatif à la clef, et un rejet de ce texte. Mais il reviendra encore dans quelques mois ou années pour un réexamen.
En 2016, Le Monde était particulièrement en pointe dans la contestation de cet accord et dans l’explication des enjeux de ce texte. C’était en 2016, avant l’élection présidentielle de Macron, à une époque où Le Monde avait encore une politique éditoriale indépendante de ses actionnaires, à mille lieux du journal Le Monde actuel, qui n’est plus que l’antichambre du gouvernement sur de multiples sujets.
En France, on a déjà connu les dangers d’un tribunal arbitral. C’était sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à la demande de la ministre de l’économie de l’époque, actuellement présidente de la Banque centrale européenne (après avoir été directrice générale du FMI), qui avait octroyé à Bernard Tapie le versement de centaines de millions d’euros suite à un arbitrage où les arbitres et le gouvernement avait été acheté au bénéfice de l’homme d’affaires, depuis décédé.
Les instances arbitrales du CETA permettront aussi à toutes les grandes entreprises anglo-saxonnes ou européennes de pouvoir attaquer les politiques publiques et les lois nouvelles qui contrecarreront leurs ambitions et leurs bénéfices et de faire condamner les États à leur propre bénéfice. C’est, il me semble, le principal risque que cet accord nous fait courir et c’est pour cette raison que tous les milliardaires français qui possèdent des médias sont intéressés à la ratification de cet accord. Les propriétaires de centrales à charbon pourront faire condamner les États qui les interdisent, et il est vraisemblable que ces dispositions s’appliquent déjà malgré l’absence de ratification actuelle de cet accord.
Il est incompréhensible que les gouvernements cherchent par tous les moyens législatifs et par tous les expédients procéduraux à faire adopter ces textes. J’ai également été gêné de voir la chaîne C8 de Bolloré faire la promotion de cet accord devant un ministre macroniste lambda qui en chantait éhonteusement les louanges et les acquis fallacieux. L’absence de liberté éditoriale de C8 était à cet instant-là criante et la compromission des journalistes de C8 était attristante.
L’action politique des sénateurs communistes suffira-t-elle à faire échouer la ratification européenne de l’accord CETA. Non évidemment. Tant que le parlement européen ne sera pas capable de faire reculer la technocratie européenne et l’action insidieuse des lobbys patronaux européens, l’Europe continuera d’être cette machinerie qui écrase les peuples au bénéfice de leurs élites et des multinationales.
Saucratès