La crise des années 1836-1839
En 1836, l'Angleterre connait un nouveau krach boursier, de nouveau lié aux investissements américains. A l'origine, on trouve une décision du président américain Andrew Jackson de subordonner la vente de terres de l'état américain à un paiement en métaux précieux (et non plus en monnaie papier). Cette décision donne un brusque coup d'arrêt à la spéculation foncière en Amérique. Les banques américaines ayant contracté des emprunts à Londres (les banques anglaises prêtaient également régulièrement aux Etats américains pour le financement par exemple du canal Erié), la crise financière touche durement le Royaume-Uni et aura des répercutions jusqu'en Allemagne et en France. Elle ne conduit pas néanmoins à une véritable panique bancaire en Angleterre. L'activité industrielle française sera ainsi nettement affectée par cette crise jusqu'en 1839.
Toutefois, la crise sera beaucoup plus sévère aux Etats-Unis d'Amérique. Le 10 mai 1837, une bulle spéculative formée sur les marchés boursiers éclate aux États-Unis lorsque les banques américaines suspendent leurs paiements en espèces (monnaies d'or ou d'argent). La panique fut suivie d'une longue dépression économique de cinq années, accompagnée de faillites bancaires et d'un taux record de chômage. Cette crise fut en outre agravée par la décision du président Andrew Jackson (puis de Martin Van Buren) de refuser le renouvellement de la charte de la Second Bank of the United States, ce qui se traduisit par le retrait des fonds gouvernementaux de cette banque. Sur les 850 banques que comptaient les États-Unis avant la crise, 343 fermèrent leurs portes et 62 firent partiellement faillite.
L'économiste monétariste (récent) Milton Friedman donne l'analyse suivante de cette crise :
« La panique bancaire de 1837 fut suivie de conditions économiques particulièrement perturbées et d'une longue contraction jusqu'en 1843 qui ne fut interrompue que par une brève amélioration de 1838 à 1839. Cette grande dépression est particulièrement intéressante pour notre propos. Elle est la seule dépression enregistrée comparable de par sa sévérité et son étendue avec la Grande Dépression des années 1930 et ses évènements monétaires concomitants reproduisent largement ceux de la crise ultérieure. Dans ces deux cas, une fraction importante des banques aux États-Unis cessèrent leurs activités soit par suspension, soit par fusion --environ un quart lors de la première et un tiers lors de la dernière contraction-- et la masse monétaire diminua d'environ un tiers. Aucune autre contraction n'approche, même de loin, ce lugubre record. Dans ces deux cas, une politique monétaire gouvernemental erratique ou imprudente jouèrent un rôle important. »
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 45 autres membres