Morale
Dur temps pour la démocratie
Le Conseil constitutionnel a donc censuré certaines dispositions de la loi Duplomb, notamment celle autorisant la réintroduction d’un herbicide contesté, l’acétamipride, dangereuse pour les abeilles. Faut-il s’en réjouir ? Les excités et excitées liant ces produits phytosanitaires et la survenue de cancers doivent forcément se réjouir même si je parie qu’ils appellent au rejet de loi dans son ensemble.
Le Conseil constitutionnel qui n’avait donc jamais jugé utile de censurer le gouvernement Macron sur les dispositions du confinement généralisé de tous les français, leur enfermement, sur les violations des libertés publiques vis-à-vis des vaccins et de l’obligation vaccinale, et sur la réforme des retraites, choisit donc aujourd’hui de censurer une loi votée par des parlementaires contre l’avis du gouvernement ? Et on veut qu’on se réjouisse ? Le Conseil constitutionnel semble plutôt toujours agir dans l’ombre du gouvernement, acceptant ce que celui-ci lui demande d’accepter, et censurant ce dont ce même gouvernement ne veut pas.
Ou alors, il faut croire que le Conseil constitutionnel accorde plus d’importance à la santé et au bien-être des abeilles qu’au traitement des êtres humains et des citoyens français ! Réjouissons-nous donc ! Ferrand est bien évidemment tout autant inféodé aux desiderata de Macron et de ses sbires que ne l’était Laurent Fabius ! Il ne fallait pas en douter. Quand on pense que le Général de Gaulle avait pensé ce Conseil constitutionnel comme le rempart de la démocratie française et de la Constitution de la cinquième République alors que celui-ci est désormais uniquement composé de séides des puissants.
Sur ces entrefaites, Le Monde publie ou nous pond un magnifique papier, un éditorial, sur le droit des africains à vivre en démocratie. Le Monde nous liste la situation des pays africains désormais gouvernés par des juntes militaires ou des dictatures militaires, comme si la situation en France ou en Europe était préférable.
Le Monde critique la France prompte à reconnaître un satrape pour peu que celui-ci avantage les intérêts de la France-Afrique. Mais Le Monde oublie bien facilement que Le Monde lui-même défend facilement les détournements et les manquements des dirigeants africains qu’il met en avant pour peu que celui-ci se drape dans l’illusion démocratique.
La grande question est donc de savoir ce que l’on entend par démocratie. Quand un Conseil constitutionnel africain au Cameroun, où Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat, rejette la candidature d’un candidat, Maurice Kamto, l’un des principaux challengers de Biya, il s’agit du signe d’un état de non-droit ! Par contre, quand la justice française fait interdire la candidature du principal adversaire de Macron à la présidentielle pour 2027, Marine Le Pen, en la déclarant inéligible, c’est le signe de la vigueur de la démocratie française. Idem en Roumanie où la Cour constitutionnelle a annulé un scrutin présidentiel parce qu’aucune des candidatures qualifiées pour le second tour ne satisfaisait l’aspiration européenne de la Roumanie, puis lorsque cette même Cour constitutionnelle a rejeté les candidatures de deux des principaux challengers, les démocrates européens ont là-aussi applaudi à tout rompre la vigueur démocratique de la Roumanie.
Les élections roumaines ont-elles été truquées pour permettre la victoire du candidat pro-européen ? En tout cas, la victoire inespérée de ce dernier a été largement fêtée. Le report et l’annulation de l’élection présidentielle a en tout cas permis au pouvoir et à l’Europe de prendre les mesures permettant de s’assurer de la victoire électorale.
Selon moi, l’idée même de démocratie et processus électoral démocratique n’existe pas. Seul compte la manière dont les médias européens ou occidentaux en rendent compte et les présentent. Le monde entier est partagé pour ces médias occidentaux entre les BONS et les MECHANTS. Quand ceux que les médias occidentaux appellent les BONS l’emportent, il y a victoire de la démocratie que les BONS démocrates peuvent fêter. Quand ce sont les MÉCHANTS qui l’emportent, les faits sont dépeints sous leur jour le plus sombre et on parle de violations et d’état de non-droit. Ou bien de déviance et d’anomalie comme dans le cas de la victoire de Trump, dans un système électoral américain que le système ne peut pas corrompre, sauf marginalement.
N’ayant pas peur de le penser : nous ne vivons pas en démocratie, juste dans l’illusion de la démocratie. Les forces de sécurité sont peut-être juste derrière ma porte, prêtes à intervenir pour me faire taire, comme dans un état de non-droit. Ou pas. De toute façon, on n’est pas interpellé comme opposant politique en France, cette notion n’existe pas, mais comme justiciable et délinquant. Comme pour Marine Le Pen. De la même manière que François Fillon fut éliminé en 2017 pour assurer la qualification et l’élection de Macron.
Nous savons tous que l’extrême-droite de Marine Le Pen ou de Bardella ne sera jamais élu en France ; le système s’en assurera. Les partisans des élites et de l’Europe l’emporteront forcément. Le système est désormais bien rodé. Et au besoin, le Conseil constitutionnel infeodé à Macron fera en sorte de trouver un prétexte pour annuler l’élection présidentielle si celle-ci n’était pas favorable aux intérêts des puissants qui nous gouverne ! Et Le Monde applaudira à tout rompre. Comme le disait George Lukas, «la République galactique s’effondre dans un tonnerre d’applaudissements».
Saucratès
Histoire de la Laïcité
Parlons Histoire. Parlons de ce monument extraordinaire qu’est censée être la «loi de séparation de l’Etat et de l’Eglise» de décembre 1905, socle de ce que l’on sanctifie comme étant la pierre angulaire de la sainte et très laïque Laïcité !
«La loi, adoptée et promulguée en décembre 1905, qui prononçait la séparation de l'État d'avec les Églises – le pluriel, souvent oublié, est d'importance – est considérée comme un des grands textes de la IIIe République qui ont modelé la société moderne, tant par sa portée symbolique que par ses propres dispositions.»
https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/40036#
Dans les faits, cette loi nait dans un climat beaucoup moins apaisé qu’il n’y parait, ou que l’on voudrait nous le faire croire aujourd’hui. Cette loi nait du conflit séculaire entre les monarchistes et les républicains, entre la Droite et la Gauche.
Nous sommes en effet en pleine période des soubresauts de l’affaire Dreyfus, alors que la Gauche est convaincue que la République est en danger en l’année 1899. La tentative de renversement du gouvernement par le dirigeant de la Ligue des Patriotes, Paul Déroulède, misant sur les sentiments antirépublicains de l'armée, qui tente sans succès d'entraîner les troupes du général Georges-Gabriel de Pellieux puis du général Roget à marcher sur le palais de l'Élysée lors des funérailles de Félix Faure, le , fait craindre le pire.
Aussi, le gouvernement de Défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau puis le cabinet Émile Combes cherchent à assurer le régime en procédant à une épuration contre les institutions considérées comme antidreyfusardes, au premier rang desquelles figure l'armée.
Carte postale satirique dépeignant la décapitation de l'Église catholique par Émile Combes
À noter qu’en parallèle des retombées de l'affaire Dreyfus, le cabinet Combes est déjà à l’époque largement influencé par la franc-maçonnerie et notamment par la loge du Grand-Orient de France. Ce projet de séparation de l’Etat et des Églises est d’ailleurs intimement lié à une autre affaire de cette époque dite des fiches : les convictions religieuses des officiers catholiques sont directement tenues comme une preuve d'hostilité à la République et le cabinet Combes veut pouvoir bloquer la carrière de ces officiers, quelque soit leur mérite et leurs compétences. Ces fiches sont élaborées et transmises au ministère de la guerre directement par les loges provinciales des francs-maçons du Grand Orient de France.
Émile Combes, ex-séminariste devenu athée et adversaire déterminé de la religion catholique, aux convictions anticatholiques affirmées, est porté au gouvernement par une poussée radicale, au terme des élections de 1904 qui se sont faites sur le thème : pour ou contre le fait d’appliquer la loi de 1901 (sur les association) avec une vigueur accrue ?
Combes ne cache pas dès son investiture sa volonté de mener une politique «énergique de laïcité». Cette déclaration est suivie d’un durcissement des dispositions prises précédemment par Waldeck-Rousseau : les demandes d’autorisations des congregations religieuses sont refusées en bloc, pour assurer définitivement la victoire du laïcisme anticlérical sur le catholicisme. De fait, religieux et religieuses sont expulsés de France. Ceux qui résistent en prétendant au droit de rester dans leurs couvents sont expulsés manu militari, tels les chartreux, que des gendarmes viennent tirer de leur retraite pour appliquer la loi d’interdiction. C’est ainsi que des milliers de religieux trouvent refuge dans des terres plus hospitalières.
A noter également que le grand Georges Clémenceau se fera encore plus radical en réclamant la suppression pure et simple des congrégations, considérées comme prolongements du «gouvernement romain» en France. Émile Combes interdit l’enseignement aux congrégations par la loi du 7 juillet 1904 et leur enlève ainsi également la possibilité de prêcher, de commercer, étant entendu que les congrégations enseignantes doivent disparaître sous un délai de dix ans. Combes prépare ainsi une laïcisation complète de l’éducation.
L’interdiction de l’enseignement aux congrégations provoque un conflit avec le pape qui entraîne la rupture des liens diplomatiques entre le gouvernement français et la papauté.
La fin des relations entre la République et la papauté rend le régime concordataire de 1802 caduc : la séparation est donc inévitable, et Combes s’y rallie, puis Aristide Briand.
La tâche d’Aristide Briand s’annonce complexe : il va devoir convaincre une partie de la droite catholique que cette loi n’est pas une loi de persécution de l’Église, sans toutefois se montrer trop conciliant aux yeux d’une gauche radicale ou d’une extrême gauche qui voudrait éradiquer le «bloc romain».
La loi fut votée le 3 juillet 1905 par 341 voix contre 233 à la Chambre, et le 6 décembre 1905 par 181 voix pour contre 102 au Sénat. Elle est promulguée le 9 décembre 1905 (publiée au Journal officiel le 11 décembre 1905) et entrée en vigueur le 1 janvier 1906. Elle met fin à la notion de «culte reconnu» et fait des Églises des associations de droit privé. De plus l’article 4 organise la dévolution des biens des établissements publics du culte à des associations cultuelles.
La Sacrée Pénitencerie du Vatican confirme en 1908 que les députés et sénateurs ayant voté la loi encourent l’excommunication.
La loi est violemment critiquée par le pape Pie X dans sa lettre encyclique Vehementer nos du 11 février 1906, qui condamne la rupture unilatérale du concordat de 1801 ; proteste contre les nouvelles spoliations ; refuse catégoriquement la mise en place des associations cultuelles, incompatibles avec l’organisation hiérarchique canonique catholique et les fonctions ministérielles respectives de l’évêque et du curé qui en découlent (Gravissimo officii munere, août 1906).
Les juifs et les protestants, quant à eux, font bon accueil à une loi qui correspond à leur mode d’organisation traditionnel de type presbytérien, le président de la commission ayant préparé la loi, Ferdinand Buisson, étant lui-même un protestant libéral.
Les inventaires et la confiscation des biens de l’Église suscitent des résistances dans certaines régions traditionalistes et catholiques, notamment l’Ouest de la France (Bretagne, Vendée), la Flandre et une partie du Massif central. Le 3 mars 1906, lors de la tentative d’inventaire faite dans la commune de Montregard, un homme, André Régis, est grièvement blessé ; il mourra le 24 mars. Le 6 mars 1906, à Boeschepe (Nord), lors d’un autre inventaire, un paroissien, Géry Ghysel, est abattu dans l’église.
Devenu ministre de l’Intérieur, Clemenceau, notoirement anticlérical, joue néanmoins l’apaisement, mettant fin à la querelle des Inventaires par une circulaire de mars 1906 invitant les préfets à suspendre les opérations d’inventaire dans les cas où elles doivent se faire par la force alors qu’il ne reste plus que 5 000 sanctuaires, sur 68 000, à inventorier.
C’est à l’occasion de la Première Guerre mondiale que la question religieuse est reléguée au second plan et que l’«Union sacrée» rassemble une France unie sous la bannière tricolore.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, le , Louis Malvy, ministre de l’Intérieur, envoie une circulaire aux préfets demandant que les congrégations catholiques, expulsées, soient de nouveaux tolérées. Toutes les mises à l’écart du catholicisme sont révoquées et une ouverture appréciable est faite vers le monde catholique, qui n’est plus au ban de la République».
Et en mai 1921, les relations diplomatiques sont rétablies avec le Vatican, le pape Benoît XV se montrant bien plus conciliant que Pie X, notamment en promettant de consulter Paris avant la nomination des évêques. Le dialogue avec le Vatican aboutit, en 1924, au compromis des associations diocésaines. Autrement dit, l’organisation de type épiscopal de l’Église catholique est considérée conforme à la loi ce qui permet de sortir du blocage provoqué par l’absence, depuis 1905, de création des associations cultuelles catholiques prévues par la loi.
Enfin l’Alsace et la Lorraine rattachées à nouveau à la France sont maintenues dans le statut concordataire qu’elles avaient en 1870, lors de l’annexion à l’Empire allemand, sachant que le Reich leur avait conservé ce statut sans le modifier.
La querelle religieuse menace de se rallumer après le succès du Cartel des gauches aux législatives du dernier avait promis d’étendre la loi de 1905 à l’Alsace-Lorraine, malgré la promesse contraire faite lors du rattachement de 1919. Les élus des trois départements concernés s’y opposent. Des manifestations massives sont organisées et le gouvernement d’Édouard Herriot renonce finalement à remettre en cause les arrangements antérieurs.
Cette question est néanmoins revenu récemment (en 2013) dans l’actualité, à l'occasion de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative au concordat en Alsace-Moselle. Le Conseil constitutionnel a statué en février 2013 en reprenant dans ses attendus de larges passages de la loi du , intégrant de facto cette loi au bloc de constitutionnalité. Le conseil constitutionnel y avait confirmé la validité de cette exception du concordat en Alsace-Moselle.
Quelle conclusion ? Loin d’être un merveilleux moment de paix et de tolérance, la laïcité et la loi de 1905 de séparation de l’Etat et des Églises est avant tout une guerre opposants la haine des laïcards au peuple des catholiques français. A cette occasion, il faut se rappeler que longtemps durant, la France et les laïcards se sont acharnés à l’encontre des catholiques français et des associations catholiques qu’ils sont allés jusqu’à les placer au ban de la République.
https://www.vie-publique.fr/fiches/271400-la-loi-du-9-decembre-1905-de-separation-des-eglises-et-de-letat#
Je veux bien qu’on nous raconte plein de conneries sur la laicité, qu’on nous en fasse des panégyriques et des caisses, mais il ne faudrait pas qu’on oublie que c’est d’abord et avant tout une loi d’exclusion et de haine, cette haine des laïcards qui ne peuvent toujours pas tolérer la liberté de penser et de croire de ceux qui ne sont pas de leur avis, de ceux qui ne se positionnent pas comme athées. Tout en sachant que les francs-maçons oeuvrent toujours partout au sein du monde politique, et qu’eux n’ont jamais été inquiétés et agissent toujours dans l’ombre.
Saucratès
À tous ceux qui pensent qu’on doit tout accepter
C’est un message adressé à tous ceux qui pensent qu’on doit tous accepter en matière d’évolution des mœurs : suicide assisté, mariage homosexuel, transidentité, gestion pour le compte d’autrui, etc …
Les changements dans les opinions majoritaires des sociétés dans lesquelles nous vivons, les misères sociales, affectives ou les douleurs dans lesquelles certains disent vivre, estiment vivre, estiment ne plus pouvoir vivre, ce que certains estiment leur droit à vivre comme ils le veulent ou à mourir comme ils le veulent, tout ceci peut-il s’imposer à nous tous sans que nous n’ayons rien à dire contre, rien le droit de dire contre ?
Au fond, tout ceci heurte les morales religieuses, et tout particulièrement la morale catholique. Pour la plus grande partie de ces évolutions sociétales, le mal est déjà fait, portées par des partis politiques qui se trouvent historiquement en marge de la morale catholique, des partis politiques athées qui revendiquent leur athéisme. C’est au fond un clivage droite-gauche autour de la religion et de la morale que plus personne ne reconnaît en tant que tel, et bien plus prenant que l’opposition entre les riches et les pauvres. Opposition oubliée, écrasée dans le cadre de la recomposition entre la droite, le centre et la gauche orchestrée par Macron en cherchant à prendre le pouvoir.
On declare souvent que l’écologie est l’impensé du discours de la Droite. L‘existence de Dieu et de la morale chrétienne est également l’impensé du discours de LFI et des écologistes, ainsi qu’en partie du Parti socialiste. Il est évident qu’ils sont tous athées ; on ne peut être extrémiste et féministe en se reconnaissant dans la morale catholique.
Le drame de la France, c’est son basculement dans une ère post morale catholique, post réseaux sociaux 2.0, où une supposée morale républicaine, une supposée déontologie financière décidée dans les entreprises et dans les administrations remplacent les valeurs de morale catholique. Sommes-nous arrivés au terme de l’affrontement initié à la fin du dix-neuvième siècle et au debut du vingtième siècle entre la République, les laïcards, et les prêtres et notables, le peuple des catholiques pratiqusants ? Non parce qu’entre temps, la religion catholique elle-même a changé de place et loin d’être désormais l’ennemi, elle est devenue une philosophie morale parmi d’autres, qui aspirent juste à l’universalisme. Elle ne peut plus aspirer, et elle ne cherche plus, à diriger la société et à imposer sa volonté, sauf sur certains principes comme les sacrements, du mariage, du baptême, ou la mort. Et encore, ce n’est pas tant elle qui est en cause qu’une idée supérieure à l’humanité, propre à la nature, qui interdit ces choses-là.
On dit souvent que l’Homme s’est construit dans la Culture par opposition à la Nature, s’est arraché à la Nature. Cette opposition entre la Culture et la Nature se retrouve-t-elle dans le mariage homosexuel ? Évidemment que non puisque le mariage lui-même ne se retrouve probablement pas en dehors de la culture humaine ; il n’existe pas de cérémonies de mariage ailleurs dans le règne animal, mis à part dans le Roi Lion de Walt Disney. Le mariage homosexuel ne peut pas plus appartenir à la Culture que le mariage entre un homme et une femme à la Nature. Tous deux relèvent de la Culture. Et le premier de la Culture européenne dépravée.
Après le mariage homosexuel, on veut donc imposer à la société française la légalisation de l’Euthanasie et du suicide médicalement assisté ? Comme dans d’autres pays européens.
Comme tant d’autres personnes vraisemblablement, comme j’imagine de nombreux hommes d’Eglise et de croyants, j’ai un problème avec cela. Légiférer sur un droit à mourir dans la dignité est-il moralement et religieusement entendable ? Au fond, je n’ai pas de problème éthique avec cette question, à laquelle je serais peut-être confronté, ne pas finir comme une loque, comme un fardeau pour mes proches, sans toutes mes facultés. Je suis d’accord avec l’idée que nul ne devrait endurer cela. Perdre le sens de la réalité et cesser peu à peu d’être soi-même.
Je suis évidemment d’accord avec bon nombre de ces arguments, mais est-ce que cela rend légitime le fait même de se suicider volontairement, de mettre fin à ses jours, aux yeux de Dieu lui-même et des saintes écritures ? C’est là pour moi le principal problème. Et c’est là pour moi le problème éthique supérieur qui se pose à chaque député qui sera appelé à se prononcer sur ce texte. Pourra-t-il, en son âme et conscience, voter favorablement sur un tel texte, même si cela correspond à une évolution sociétale reconnue dans la société, sur un besoin de mourir dans la dignité. Cela ne risque-t-il pas demain de lui être reproché à l’heure de son propre jugement dernier ? Comment ne pourrait-il pas y penser ?
Le Paradis et l’Enfer existent-ils ? Les lois humaines peuvent-elles imaginer qu’elles contraignent les Lois divines ? Au fond, quelques puissent être les lois humaines et ce qu’elles autorisent et ce qu’elles condamnent, cela peut-il avoir le moindre effet sur les Lois Divines édictées par Dieu lui-même. Encore faut-il évidemment croire à Dieu pour croire cela.
Je n’ai bien évidemment rien contre l’homosexualité ou le droit à mourir dans la dignité, et je serais probablement attiré par l’un ou l’autre avant ma mort. Mais je crois aussi que le suicide, l’homosexualité, la masturbation, le vol, l’envie, sont des péchés capitaux. Nombre d’entre nous croient qu’ils ne peuvent plus croire en la religion catholique parce qu’elle interdit tout ceci. Mais il n’en est rien. Que le Pape leur donne sa bénédiction ou non ne changera rien au fait que ce sont probablement des péchés capitaux et que la justice Divine nous les reprochera le jour du Jugement dernier.
C’est pour cette raison que je condamne toute la polémique autour de l’abbé Pierre, même si il a fait souffrir des femmes et des enfants. Nous sommes tous confrontés à nos pulsions et nous cherchons tous plus ou moins à les contenir, à les contrôler, à correspondre à ceux que nous croyons être les attentes de Dieu nous concernant. Nous faisons tous du mieux que nous pouvons, avec nos pulsions. Certains d’entre nous ont probablement la chance de ne pas avoir de pulsions, ou de les contrôler parfaitement, les oublier, croire en l’amour de Dieu. D’autres n‘ont pas cette chance, dévorés par des pulsions qui les poussent à faire encore plus le Bien, être encore plus dévoué à Dieu pour tenter de racheter le plus possible leurs péchés, leurs manquements, l’abomination de leur lucre et de leurs pulsions. Au fond, cela rend ces personnes encore plus méritantes. Je ne sais pas si leurs bonnes actions compenseront leurs péchés, s‘ils se trouvent en Enfer ou au Paradis.
Saucratès
Cinéma, agressions et #metoo
La question du viol, de l’agression sexuelle, des relations hommes-femmes, des relations humaines et de tout ce qu’elles charrient comme fantasmes, comme rêves, comme envies, comme désirs, comme risques et comme dangers, mériteraient un article intelligent. Ce ne sera pas mon essai.
Les procès intentés contre des monstres sacrés du monde du cinéma peuvent s’expliquer comme une volonté de nettoyer ce monde … ce qui pourrait ressembler à un des douze travaux d’Hercule : Nettoyer les écuries d’Augias. Mais je ne rejoins pas cet acharnement à l’encontre de monstres autrefois sacrés. Comment peut-on brûler aujourd’hui nos idoles d’hier ? Parce que le monde a changé ? Ou parce qu’une nouvelle horreur se répand sur notre monde ? L’horreur de la pensée féministe intransigeante, extrémiste, qui prône l’énucléation et l’émasculation de tous ceux qui ne sont pas des femmes, coupables simplement d’être des hommes.
Alors effectivement, le milieu du cinéma est un milieu abominable, un milieu où l’on peut devenir une star, un phénomène, où l’on peut gagner des cachets invraisemblables en faisant un métier incroyable, en jouant la comédie, en se mettant en scène … Mais c’est un monde extrêmement dangereux, et tout le monde le sait. Aussi dangereux si ce n’est pire que le monde carcéral, le monde de la prison.
Personne n’a envie d’aller en prison pour cette raison. Tout le monde est au courant. Seuls les voyous n’y craignent rien. Par contre le monde du cinéma fait rêver, des jeunes rêveurs et des jeunes rêveuses se laissent hypnotiser par ses lumières. Et ils ou elles se font dévorer et voient leurs rêves s’envoler, s’écrouler.
C’est un monde où il n’y a que très peu d’élus. Et où les échecs sont légions. Sommes-nous responsables de l’effondrement des rêves de gloire des ingénues ? Et pourtant certaines ont décidé de s’attaquer à l’horreur qui y règne. La ruine des rêves des rêveurs et des rêveuses ne doit pas rester impunie aux yeux de ces justiciers.
Derrière le procès contre Depardieu, on ne parle pas d’un prédateur, mais de milliers de prédateurs qui y règnent. Depardieu n’est ainsi qu’une victime expiatoire, un bouc émissaire commode pour ceux et celles qui cherchent à y faire un exemple. Évidemment, Depardieu est présenté comme le monstre ultime, l’horrible abominable qui transgresse toutes les règles. Je n’y crois pas. On reconnaît la puissance d’un homme au nombre et à la puissance de ses ennemis. À ce décompte-là, Depardieu était véritablement un géant … Et non pas un de ces quelconques minables qui l’attaquent et qui cherchent une notoriété facilement acquise. L’histoire oubliera leur nom ; nul n’oubliera Depardieu !
Cet article permet au moins de relativiser ses actes parce qu’ils sont des milliers à agir de la même manière. Un inventaire à la Prévert des milliers de comportements pour certains stupides, innocents, qui ne font réagir que les féministes extrémistes, d’autres évidemment problématiques, mais le cinéma n’est pas un monde de bisounours, ce n’est pas la forêt des rêves bleus, c’est un monde de requins où des forts dévorent les faibles, et cela le restera …
- «Qu’il s’agisse de ce professeur en classe préparatoire cinéma qui qualifie une scène de viol de “plus belle scène d’amour jamais vue” ;
- du directeur de production qui lance à un réalisateur, à propos d’une scripte : “tu peux l’engager, elle, elle est pas chiante !” ;
- du réalisateur qui indique à la scripte un matin : “je préférais comme t’étais habillée hier” ;
- du second assistant caméra qui répond à la scripte qui lui demande une information technique : “je te donne le nombre de gigas si tu me suces” ;
- du scénariste césarisé qui propose des conseils à une étudiante de la Fémis en échange d’une fellation ;
- du directeur de collection qui demande à un jeune scénariste : “quand est-ce que tu me suces ?” ;
- du chef opérateur qui demande à la scripte ses positions sexuelles préférées ;
- de celui qui demande à une actrice racisée si elle “[couche] aussi avec des Blancs” ;
- de la cheffe décoratrice qui répond à une régisseuse harcelée moralement que “le harcèlement, ça n’existe pas, c’est comme MeToo, c’est un effet de mode” ;
- du producteur qui refuse de recourir à un coiffeur formé pour un acteur racisé, qui devra donc s’occuper lui-même de ses cheveux pendant le tournage ;
- de cette maquilleuse qui proposera à cette actrice racisée un fond de teint qui doit lui aller puisque c’est “le même que celui de Firmine Richard” ;
- du critique de cinéma qui lance à sa jeune collègue : “tu ressembles à une actrice porno […] assise comme ça au milieu de la pièce, tu pourrais te faire gang bang par tout le monde” ;
- du rôle principal qui plaque une stagiaire contre un mur et essaye de la toucher ;
- du réalisateur qui demande à une actrice de passer un casting en utilisant son vibromasseur ;
- du directeur de casting qui invite de jeunes comédiens au théâtre dans la perspective d’un possible rôle et leur touche par surprise le sexe pendant la pièce ;
- de celui qui met au défi une jeune actrice de se mettre un œuf dans le vagin pour démontrer son talent ;
- du réalisateur qui attrape les seins de “sa” scripte ;
- du directeur d’un célèbre festival de musique qui demande à l’oreille d’une jeune artiste qui vient de se produire, sans lui avoir jamais parlé, en lui caressant la main, “tu as mouillé ta culotte, avant de monter sur scène ?” ;
- du comédien qui embrasse par surprise une comédienne pendant une scène, puis regardera au “combo” la scène intime qu’elle tourne ensuite, alors qu’il n’a rien à faire à ce poste ;
- de la professeure de théâtre qui demande à une élève de mimer une fellation ;
- du réalisateur qui lance, à la cantonade, que “tout le monde veut toucher [le] beau cul” de telle actrice ;
- de l’acteur principal d’un film qui n’interpelle une actrice qu’en faisant référence à ses seins ;
- du milliardaire qui, avec la complicité d’un réalisateur connu dont il finance les films, harcèle une jeune mannequin rêvant de devenir actrice ;
- de cet écrivain et réalisateur qui lance publiquement à l’actrice qui a refusé ses avances sexuelles plus qu’insistantes : “t’es une merde, une petite pute ; je les connais, les salopes dans ton genre qui veulent réussir, tu ne t’approches plus de moi et de mes amis”;
- de ce réalisateur qui invite une actrice à venir dessiner dans sa chambre, puis la harcèle ensuite pendant toute la durée du tournage, en lui enjoignant notamment, en public, d’aller se “laver la chatte” ;
- du professeur de flûte d’une école de musique qui incite une élève à jouer “un peu plus pute, comme si de la confiture dégoulinait de [son]décolleté” ;
- du comédien qui convoque l’assistante à la réalisation sous de fausses raisons, et la reçoit dans sa loge le pantalon baissé ;
- de cet autre comédien qui a pour habitude de se promener nu sur le plateau ;
- de l’animateur star d’une matinale radio qui demande à sa coanimatrice si elle a “déjà mis ses gros doigts dans son gros cul” et si elle a la “chatte acide” ;
- de ce producteur qui harcèle une jeune technicienne en étant sous l’emprise de toxiques à un pot de tournage ;
- de ce réalisateur qui caste toutes les actrices de Paris sur une scène où il doit leur embrasser les seins, dont il insiste pour filmer l’aréole ;
- du comédien qui plaque une jeune assistante contre un mur dans un couloir désert pour l’embrasser de force ;
- du figurant qui profite d’une scène de danse maintes fois répétée pour toucher sa partenaire, qui ne demande pas à en changer de peur que la scène ne soit plus “raccord” ;
- du réalisateur qui appose ses mains sur les seins de la scripte ;
- du réalisateur qui filme la vulve d’une comédienne après son refus exprès, et utilise les images dans la bande-annonce du film ;
- du comédien qui soulève le haut d’une maquilleuse ;
- de ce professeur de danse qui lance des chaises sur ses élèves lorsque ses consignes ne sont pas appliquées ;
- du directeur de production qui continue d’embaucher son ami technicien suspecté de viol ;
- du comédien qui, sous le couvert d’improvisation, met son pouce dans la bouche de l’actrice en la traitant de “salope” ;
- de cet acteur qui profite d’une scène d’intimité pour mettre le sein de l’actrice dans sa bouche ;
- de l’animateur radio qui mord jusqu’au sang les fesses d’une collègue au travers de ses habits ;
- de l’animateur télé qui mord jusqu’au sang la bouche de sa collègue ;
- du producteur d’une émission de radio qui, sous le couvert d’incarner un satyre, se frotte lascivement, de force, contre une collaboratrice, sous le regard médusé de ses collègues ;
- de ce musicien qui tente de violer une fan dans le bus de tournée, celle-ci étant sauvée in extremis par le chauffeur qui la dépose sur une aire d’autoroute ;
- du réalisateur qui tente de violer une jeune stagiaire en lui faisant miroiter des essais avec un directeur de casting influent ;
- du producteur qui tente de violer l’assistante mise en scène dans les locaux de la production ;
- du machiniste qui s’introduit dans la chambre de l’assistante scripte et tente de la violer ;
- de l’acteur de théâtre qui viole une stagiaire en l’attirant à son domicile, où sa femme et ses enfants sont supposés l’attendre ;
- de l’assistant réalisateur qui prétexte un rendez-vous pour des essais et impose une fellation à un jeune acteur ;
- du chef opérateur qui viole la jeune technicienne qu’il héberge lors d’un tournage ;
- du journaliste qui viole le jeune pigiste qu’il héberge à son arrivée à Paris ;
- de l’acteur qui, lors d’une scène d’intimité sous un drap, viole sa partenaire ;
- de la jeune critique de cinéma violée par un critique d’âge mûr, lors d’une soirée en marge du Festival de Cannes,
- etc, etc, etc»
Au fond tout ceci est très naturel. Certaines de ces assertions sont sans intérêt, démontrant juste la susceptibilité excessive de certains ou certaines. Mettre sur un même plan des viols et le refus de fournir un coiffeur spécialisé pour des acteurs racisés !!! D’autres assertions démontrent juste que sous couvert de #metoo, certains ou certaines sont outrageusement naïfs ou naïves et n’ont simplement pas eu de chance … Tout ceci ne démontre qu’une chose : les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes fantasmes, les mêmes rêves … Cela démontre un changement d’époque. Autrefois, les artistes en devenir étaient prêts à tout pour percer, pour être remarqués, pour émerger. Avec des milliers de victimes jetées en pâture à tous les pervers et sadiques prospérant dans ce milieu là. Désormais, ils cherchent à changer les règles du jeu. Le grand mélange de tout, c’est leur truc. Mais réussiront-ils pour autant à percer ? Et s’ils ou elles échouent, qui rendront-ils responsables de leur échec ?
Saucratès
Justice et État de droit
Les médias, la Droite conservatrice et la Justice
Par Saucratès
Saint-Denis de la Réunion, dimanche 27 avril 2025
Le débat passionné qui se déroule autour de Trump, de l’extrême-droite française, de Sarkozy et de leur remise en cause de la justice, est un très vieux débat autour du principe du Droit. Mais le positionnement même des médias autour de cette question, de ces remises en cause, est également un élément important de ce débat.
Au fond, comme sur tous les sujets, la majorité des médias occidentaux sont des partisans d’un libéralisme politique qui les conduit à prendre partie de manière systématique dans ces débats. La remise en cause d’une décision de la Cour Suprême américaine par un président démocrate comme Biden n’est absolument pas couverte n’est pas absolument pas couverte de la même manière qu’une remise en cause de la justice par Trump. La tentative d’influencer la désignation du prochain pape par les dirigeants européens afin de favoriser le choix d’un pape réformateur ne sera pas non plus présenté de la même manière qu’une tentative des chrétiens conservateurs comme Vance pour favoriser l’élection d’un pape conservateur.
Il y a désormais un combat qui fait rage autour de la Justice. Ce débat est ancien entre une justice se limitant à la stricte application de la Loi, et une justice engagée dépassant l’application simple de la Loi pour interpréter la Loi et l’esprit de la Loi. Lorsqu’une juge américaine est arrêtée par le FBI pour avoir tenté d’empêcher l’arrestation d’un migrant illégal aux Etats-Unis, les médias prennent faits et causes pour cette pauvre juge et reprennent les arguments de ses défenseurs.
La question n’est plus de savoir si un juge quelconque peut braver la Loi pour s’opposer à une règle qu’il considérerait comme inique et injuste. Pour les médias, c’est le combat entre la Justice libre et indépendante et l’arbitraire du pouvoir d’un homme qu’ils considèrent comme indigne d’occuper ce poste de président des États-Unis d’Amérique. Ce n’est plus à ce niveau-là un problème d’idées et d’idéologie. C’est le combat du Bien contre le Mal. C’est le combat contre le Mal. Il n’existe de toute façon plus de sujet d’éthique journalistique ; lorsqu’on arrive au stade du combat contre le Mal, tous les combats sont permis ; l’éthique ne compte plus.
Le combat n’est même pas inégal, malgré l’importance du camp des médias libéraux. Une moitié des électeurs ne croient plus dans ce qu’ils lisent ou voient dans les médias, qui cachent selon eux la majeure partie des faits qui n’iraient pas dans leur sens. Une moitié des électeurs ne croient plus en les médias. Il ne faut les lire et les comprendre que comme la vision partisane et déformée des faits d’une presse cherchant à manipuler les opinions de leurs lecteurs.
Tout ceci s’explique probablement parce que la justice a été instrumentalisée par ceux qui sont sensés l’appliquer et la mettre en œuvre. Le gouvernement des juges n’est pas propre à la France. La Justice est politisée et utilisée pour influencer ou combattre les décisions de l’Etat, que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Lorsque cette justice remet en cause le droit des femmes à l’avortement aux Etats-Unis, les médias ne défendent pas cette Justice contrôlée par des juges réactionnaires. On appelle le président Biden à modifier la composition de la Cour suprême pour y nommer de nouveaux juges pour rééquilibrer la Cour Suprême. Lorsque la Justice est attaquée par les hommes de Trump, changement de décor : la Justice défend le droit du peuple.
Il en va de même en France. Les juges rendent bien trop souvent une Justice politisée bien plus qu’une justice équitable ou objective. Au fond, c’est bien là le souci ; la Justice se devrait d’être objective et non politisée, mais ce ne sont que des hommes ou des femmes qui la constituent, et ces hommes et ces femmes sont contrôlés par leurs opinions politiques. D’où les multiples condamnations de l’Etat pour inaction climatique, pour ces procès du siècle en matière d’écologie, ou afin de libérer le plus possible de criminels ou de sans-papiers en fonction d’une idéologie gauchiste extrémiste. La Justice ne pourra être une Justice équitable que lorsqu’elle ne sera plus rendue par des hommes ou des femmes possiblement victimes de leurs passions.
L’influence des médias joue ici également. Les médias ne communiquent qu’autour des jugements respectant leur idéologie et attaqués par le camp des conservateurs, ou inversement, par les décisions s’opposant à leur idéologie comme la remise en cause d’un jugement légitimant le droit à l’avortement. Les médias ignorent l’immense majorité des décisions judiciaires qui ne permettent aucune polémique.
La situation française avec les affaires des condamnations de Nicolas Sarkozy ou de Marine Le Pen et du Rassemblement National est tout aussi intéressante. La condamnation de Marine Le Pen constitue-t-elle véritablement une victoire de l’Etat de droit ? En quoi la condamnation pour détournement de fonds publics de la dirigeante d’un parti politique ayant construit sa progression électorale sur le ‘tous pourris’ pourrait-elle être une victoire de l’Etat de droit ?
Les médias comme Le Monde se gargarisent de cette condamnation et de la levée de boucliers au Rassemblement National sur la justice aux ordres. S’agit-il d’un acharnement policier ou judiciaire ou de celui du gouvernement ? Sinon, pourquoi les poursuites comparables conduites pour des emplois fictifs d’assistants parlementaires au parlement européen ne se soldent-elles pas par des peines aussi lourdes prononcées contre les autres partis politiques ou les amis de Macron ? Pourquoi Marine Le Pen est-elle lourdement condamnée et pas François Bayrou ? Parce que ce dernier ne constitue pas une menace pour une réélection potentielle de Macron ou d’une de ses marionnettes, à la différence de Marine Le Pen ?
Bizarrement, les attaques de Marine Le Pen ou du Rassemblement National entraînent une levée de bouclier de la part de presque tous. Quelle grandiloquence ! «Attaquer l’institution judiciaire, c’est porter atteinte aux fondements de notre démocratie».
Alors évidemment, certains personnages importants de la Macronie et du système judiciaire comme Rémy Heitz peuvent bien marteler que cette condamnation n’est pas politique, que la justice francaise n’est pas politique :
« La justice n’est pas politique, cette décision n’est pas une décision politique mais judiciaire, rendue par trois juges indépendants, impartiaux », a déclaré l’un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz, en réaction aux critiques contre la condamnation, la veille, de Marine Le Pen.
Malgré tout, une décision qui n’avantage qu’un clan, qui, si on suit l’exemple roumain, va s’étendre peu à peu à l’ensemble des principaux candidats du parti d’extrême-droite, n’est-il pas par définition politique ? Si la justice n’est pas véritablement politique, même si Remy Heitz semble être un pur produit de la Macronie et a occupé les principaux postes d’appui à Emmanuel Macron, les juges qui prennent les décisions de condamnation ne peuvent-ils être politisés ? Jugent-ils ou jugent-elles en fonction des lois et des preuves étayées ou en fonction de ce que leur dicte leur conscience, en fonction de ceux qu’ils ou elles ont en face d’eux et du parti politique auquel les prévenus appartiennent?
De tout temps, on a mis en cause et critiqué une république des juges. Le problème du monde d’aujourd’hui est que la justice est surtout désormais une des armes utilisées par les opposants aux partis conservateurs, d’extrême-droite ou populistes afin de les éliminer judiciairement ou de les bloquer institutionnellement lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir. Roumanie, Etats-Unis, France désormais, Allemagne, Bulgarie, Brésil… La liste est longue. La Justice n’est ainsi plus une composante de l’Etat de droit, mais une des armes utilisées par les opposants de ces partis populistes. Et le risque en politisant la justice, en démontrant que la Justice n’est pas indépendante, impartiale, c’est de détruire un deuxième pilier de l’Etat de droit occidental après celui du politique.
Saucratès