Critiques de notre temps

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Les gilets jaunes - Populisme ou anarchisme

Réflexion deux (lundi 26 novembre 2018)

Quelle réponse citoyenne au mouvement des gilets jaunes ?

 

La mobilisation des gilets jaunes se poursuit, en France métropolitaine mais surtout et aussi à La Réunion. On observe néanmoins une surprenante tolérance aux nuisances de ces personnes, de ces manifestants, de ces gêneurs, de ces empêcheurs de rouler en paix ... Aujourd'hui, j'étais même prêt à assassiner l'un de ces insupportables gilets jaunes si l'un d'eux me bloquait ou bien se mettait en travers de mon chemin ... Ou plutôt j'en mourrais d'envie mais évidemment, je n'aurais jamais laissé libre cours à mon envie de meurtre si je m'étais trouvé dans cette situation ! Je ne suis pas un fou furieux ! En tout cas, je ne me suis pas trouvé face à ce choix, heureusement pour moi. J'ai bien été longuement bloqué sur la route en rentrant chez moi en sortant de mon travail, mais aucun gilet jaune n'a tenté de m'arrêter lorsque je passais. Pas plus que ce matin d'ailleurs ... Juste quelques automobilistes excédés qui forçaient le passage à des feux ou à des stops.

 

On peut se poser la question de savoir jusqu'à quand les usagers de la route supporteront-ils cette situation et ces blocages ? Et surtout pour quelle raison les pouvoirs publics laissent perdurer ce genre de barrages, de blocages, comme s'ils espéraient le pourrissement de la situation, la dégradation des relations, l'explosion sociale ? Le gouvernement attend-il que les automobilistes se fassent justice eux-mêmes, fassent déguerpir eux-mêmes les manifestants et les blocages routiers ? Veut-il des dérapages, des morts, des automobilistes excédés qui tuent des manifestants, comme lors du premier samedi ? Pour que les automobilistes fassent le sale boulot et partent en prison ?

 

Evidemment, les gilets jaunes français ou réunionnais estiment être dans leur bon droit, que la démocratie les autorise à manifester leur opposition au gouvernement en bloquant les routes et les autres automobilistes sous prétexte qu'ils veulent se faire entendre du gouvernement. Imaginons un instant qu'un groupe d'automobilistes énervés décident de faire un carnage sur un barrage quelconque, et ces mêmes gilets jaunes survivants se lamenteront sur les médias en se plaignant que la police et la gendarmerie ne les ont pas protégés et ne sont pas intervenus ! Ce serait l'ironie de l'histoire ou de la situation. Les forces de police et de gendarmerie que les gilets jaunes combattent depuis une semaine seraient appelés au secours par ces mêmes gilets jaunes !

 

Qu'attend donc le préfet pour faire évacuer les barrages routiers aux quatre coins de l'île ? Attend-il le chaos ou les premiers incidents graves ?

 

Quelle réponse faut-il donner aux manifestants ? Premièrement, les réponses seront différentes en France métropolitaine et dans le département. Autant aucun changement de politique n'est à attendre en France métropolitaine, autant la situation réunionnaise conduira ce gouvernement à prendre des décisions politiques. Non pas des décisions qui nous intéresserons ... mais la poursuite de toutes les politiques ultra libérales récentes, toutes les idées qu'ils n'ont pas encore pu mettre en œuvre ces dernières années. Je pense notamment à la suppression de l'abattement fiscal pour les DOM, la suppression de la sur-rémunération des fonctionnaires et assimilés ; tout ce qui permettra au gouvernement de faire des économies budgétaires sur les dépenses publiques, tout en promettant de réaffecter ces sommes en faveur du département, de l'économie et des aides sociales.

 

Pour finir, une fois encore, aux informations, on a eu la démonstration de la duplicité de cette mobilisation des gilets jaunes. Nous avons une porte-parole des gilets jaunes qui conteste toute possibilité d'interroger la légitimité des représentants des gilets jaunes. «Vous n'avez rien compris disait-elle, vous êtes encore dans l'ancien Monde dont nous ne voulons plus, nous sommes les représentants des 40 barrages et barricades qui bloquent le département ...». Sous-entendu que «nous n'avons pas à nous expliquer sur notre légitimité à porter la parole des manifestants». Des chefs autoproclamés représentants d'un peuple qui souffre, du peuple réunionnais qui crève de faim ... 

 

Comme quoi 4.000 pèquenots peuvent bloquer toute La Réunion et exprimer leur haine et leur rage. Et la préfecture et le gouvernement leur déroulera le tapis rouge, pour écouter les revendications des chefs autoproclamés de ces pèquenots ! Chefs autoproclamés qui veulent faire croire qu'ils ne sont chefs de rien, simplement des membres du peuple qui souffre ! À chacun son petit quart d'heure de gloire ... et avec peut-être cachés dans l'ombre les véritables marionnettistes qui tirent les ficelles ! Et qui se garderont peut-être bien d'apparaitre au grand jour !

 

Cet épisode est intéressant pour comprendre le fonctionnement des groupes informels, tels les soviets des années 1917, la révolte populaire des années 1789, ou le mouvement de mai 1968. Sans oublier les évènements de Guadeloupe avec le LKP en 2009. Et pour observer de quelle manière des leaders apparaissent dans de tels mouvements, tels les Robespierre, les Marat, les Lénine et les Staline ou les Cohn-Bendit. Cette mobilisation est aussi intéressante pour comprendre comme de tels mouvements de foule disparaissent, s'effondrent, s'essoufflent. Pourquoi un beau jour, des groupes qui occupaient des croisements cessent d'y venir et d'y foutre le bordel. 

 

 

Réflexion une (dimanche 25 novembre 2018)

Que peut-on penser du mouvement des gilets jaunes ?

 

En préambule, en un seul mot, il me faut dire que je suis à 100% avec le mouvement des gilets jaunes. À 100% parce que comme eux, je suis rempli de haine et de rage vis-à-vis de Macron, de son gouvernement et de sa politique ... Même si au fond, évidemment, il n'y a eu presque aucune différence avec les politiques menées par les gouvernements précédents qui se sont succédés ces dernières décennies, qu'ils soient de droite ou de gauche. Pas vraiment de différences, ou plutôt des politiques juste pires, encore plus libérales, avec encore plus d'arrogance et de morgue !

 

Donc oui, le mouvement des gilets jaunes me parle, même si je n'ai pas envie de m'emmerder pendant des journées complètes à bloquer des routes et des carrefours, à subir la colère des uns, la violence des autres et les charges et les tirs de bombes lacrymogènes des gendarmes et de la police. Je suis bien trop craintif pour cela, ou bien pas assez énervé. Je recherche juste avant tout le minimum d'emmerdements.

 

Evidemment aussi, je suis contre la violence, la haine, les débordements et les exagérations que l'on observe dans ces attroupements et dans ces mouvements de rue. Je ne cautionne pas cette violence. Je cautionne l'expression de la colère du peuple, je condamne la réponse qui en est faite par le gouvernement, mais j'aimerais d'autres formes d'actions, qu'il s'agisse de manifestations pacifistes ou d'occupations légitimes de sites emblématiques, comme l'Elysée par exemple ou comme les préfectures. Et surtout je voudrais d'autres sortes de gilets jaunes, non pas les excités et les haineux qui passent à la télévision, qui s'acharnent sur les uns ou les autres ou qui pensent pouvoir décider qui doit passer ou non, quels magasins doivent ouvrir, quels magasins doivent brûler ou non.

 

Je pense que le problème se situe ailleurs. Comme de nombreux manifestants, je pense que c'est une colère légitime due à des années de violences subies, d'absence de prise en compte des vrais gens, de la vraie France. La rage que traduit ce mouvement social n'est pas née avec Macron. Elle est bien plus ancienne ; elle a été nourrie des résultats des politiques libérales menées ces dernières années, sous Hollande, sous Sarkozy et avant elles sous les présidences Chirac et surtout Mitterand. C'est la négation de la vie des vrais gens, tout ce qu'on leur prend, toutes ces taxes qu'on nous prélève et dont sont exonérés une large frange de la population, que ce soit les plus pauvres ou les plus riches. Cela fait évidemment belle lurette que les plus riches ne vivent plus avec nous, qu'ils se sont mondialisés, qu'ils ont fui sous d'autres latitudes, sous d'autres contrées fiscalement plus intéressantes, qu'ils ne paient plus d'impôts et de taxes à la hauteur de leur utilisation des biens publics dont ils sont les principaux utilisateurs.

 

C'est donc cette immense classe moyenne, toutes ces personnes qui estiment en faire partie, qui se retrouvent dans un même sentiment d'être les laissés pour compte de la société moderne, libérale, exclue des prises de décisions politiques, surtaxée et surimposée. Une partie de cette immense classe moyenne a peut-être cru trouver un espoir de changement dans Emmanuel Macron et dans son mouvement des Marcheurs de la République en Marche, dans sa recherche de non-personnalités de la société civile, pour les permettre d'être désigné comme députés. Mais comme moi, ils ont finalement compris qu'ils avaient été floués, volés. Les députés de la République en Marche ne sont que des femmes ou des hommes politiques recyclés venant d'autres partis, des amis ou amies d'amis à des puissants ou d'Emmanuel Macron ou de son épouse Brigitte Macron. Mais tout cela avait été habillé de couleurs chatoyantes, d'un mouvement citoyen, et la déception est à la hauteur de l'immensité de l'espoir qui avait habité certains.

 

Il se trouve par ailleurs que l'envolée du prix de l'essence est le plus parfait de tous les prétextes pour alimenter une explosion sociale, à tord ou à raison. C'est l'étincelle parfaite pour alimenter une jacquerie, une révolution. C'est la mère de toutes les guerres civiles pour les français. Et de manière absolument inconsciente, ce gouvernement Macron-Philippe a allumé la mèche explosive en décidant l'envol des prix de l'essence et du diesel en augmentant les taxes ! Et j'espère que ce gouvernement, ce président arrogant et autiste n'y survivront pas !

 

Après, on peut comprendre les causes de ce mouvement, on peut se réjouir des conséquences de cette révolte, tout en ne comprenant pas, en n'adhérant pas à la violence et aux modes de combat retenus par ces gilets jaunes, et surtout en ne partageant pas l'expression de cette révolte, les porte-paroles choisis ou les individus qui s'expriment en leur nom, sur les barrages ou dans les manifestations. Ce sont rarement les plus modérés, les plus réfléchis, les plus posés qui s'expriment. Ce sont toujours les plus éructants, les plus haineux, les plus abrutis, les plus cons qui sont interviewés par les médias, ou bien simplement ceux qui pensent comme les journalistes ou les présentateurs qui les interviewent. 

 

Je pense qu'il faut séparer le mouvement des gilets jaunes métropolitains, des gilets jaunes réunionnais. D'un côté des francais en colère, plus ou moins posés, plus ou moins intelligents, et de l'autre une masse d'abrutis et d'enragés, qui estiment représenter le «peuple» réunionnais, le peuple qui souffre dans son ensemble. D'un côté des travailleurs qui ne comprennent plus la politique liberaliste menée depuis des décennies par les gouvernements qui se succèdent. De l'autre, une foule majoritairement d'assistés et d'exclus qui ont trouvé là une façon d'être entendu. Ils trouvent dans un tel mouvement, dans cette situation d'anarchie née des barages, la possibilité de prendre la place qu'ils n'ont pas réussi à obtenir dans la société. Dans cette anarchie, ce sont ceux qui crient les plus forts qui sont les maîtres. Nul besoin d'être intelligent ou réfléchi. Il suffit d'afficher comme un étendard sa rage et sa haine des autres.

 

Certains s'érigent donc en contrôleur des uns ou des autres, tous s'érigent en gendarmes ou en policiers, décidant de qui peut vendre des produits et à quel prix ils peuvent vendre. Un mouvement social peut très vite se transformer en une organisation de soviets ! Mais qui décide, comment ou sous quelle forme ? C'est là que l'on redécouvre l'existence de leaders naturels, de personnes qui naturellement arrivent à se faire obéir par les autres, par on ne sait quels mécanismes inconscients, inconscients pour eux-mêmes et pour les autres qui leur obeissent, qui les suivent, qui les écoutent.

 

Pour finir, je suis donc favorable à l'esprit de ce mouvement, mais absolument pas aux gilets jaunes eux-mêmes qui les représentent, qui les constituent !

 

Il me faudrait aussi parler de la réponse politique donnée par le gouvernement, que ce soit en France métropolitaine, ou bien dans le département de La Réunion. Ou ferai-je mieux de parler d'une absence de reponse politique donnée par ce gouvernement ? Ce qui est amusant, c'est que c'est directement la démission de Macron qui est demandée par les manifestants, pas celle de l'un ou l'autre des pantins ou des incompétents qui l'entourent, mais directement de l'homme providentiel qu'il était censé incarner. «Macron démission» scandent les manifestants ! Le contraste est egalement invraisemblable avec les députés de «La République en Marche». Tous ceux qui ont voté les yeux fermés pour des gigolos inconnus, simplement parce qu'ils portaient une étiquette de macronistes, doivent aujourd'hui pouvoir admirer ces mêmes inconnus totalement inconnus, incapables d'aller sur un terrain qu'ils ne connaissent meme pas, qui croient être les salariés du Palais Bourbon et etre capable de faire des lois, incapables de représenter ces mêmes francais qui les ont élus et qu'ils devraient pouvoir écouter. Le mouvement des gilets jaunes démontrent par l'absurde l'incongruité de l'idée de désigner des représentants de la société civile pour nous représenter. 

 

Dernière chose en terme de politiques, c'est l´antienne des manifestants qui s'expriment dans les médias de ne pas vouloir voir leur mouvement être récupéré par des hommes ou des femmes politiques, de ne pas vouloir être instrumentaliser. Mais là encore, comment se fait-il que quelques poignées de manifestants ou d'excités puissent s'arroger le droit de penser pour les autres ou pour tout le monde. Ces excités refusent que d'autres puissent les représenter mais ils s'arrogent le droit eux-mêmes de représenter les autres, de s'exprimer au nom des autres ? Comment peut-on être aussi abrutis et cons ? Comment est-il possible de ne pas comprendre que ce que l'on dit n'a aucun sens ? Que les porteurs de paroles auto-proclamés n'ont même pas la légitimité des politiques qui au moins ont bénéficié à un moment où un autre du vote de leur concitoyens !

 

Ce mouvement est en fait le défouloir de tous ceux qui n'ont pas réussi dans leur vie, qui se rêvaient en politiques et qui ont échoué, qui se rêvaient en travailleurs et qui ont échoué, qui se rêvaient en riches mais qui ont échoué, qui se rêvaient même en parents mais qui ont aussi échoué, laissant leurs marmailles brûler et piller des magasins ou des commerces.

 

Triste mouvement, mais quelle joie si ce gouvernement d'autistes et d'incompétents tombait ! Nul doute qu'un nouveau gouvernement et un nouveau président naîtrait d'un tel désordre ! À moins que ce soit les gilets jaunes qui prendraient le pouvoir, qui joueraient à la police et aux gendarmes. Que Dieu nous protège ! La chien-lit !

 

Le plus triste, c'est que tant de journalistes, tant de personnes interviewés, jusqu'aux représentants syndicaux des policiers, ne se sentent obligés/contraints de dire qu'ils sont favorables au mouvement des gilets jaunes. Comme moi pour commencer cet article. Est-ce par peur ?

 

 

Saucratès 



26/11/2018
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