Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Sur la politique (3)

Réflexion trente-six (23 novembre 2008)
La situation au Parti Socialiste Français ... Entre un parti politique pratiquement coupé en deux et l'une des adversaires jouant la carte de la victimisation pour s'imposer comme secrétaire fédérale ...


Aux dernières nouvelles, Martine Aubry, autour du nom de laquelle une forte majorité des éléphants du Parti Socialiste se sont rassemblés pour la préférer à Ségolène Royal, aurait remporté avec quelques voix d'avance (42 voix sur 140.000 adhérents) le scrutin la désignant comme la nouvelle secrétaire fédérale du Parti Socialiste française. Martine Aubry avait notamment reçu les appuis du maire de Paris, Bertrand Delanoé, un temps candidat à ce poste, et de Benoît Hamon, candidat battu à l'issue du premier tour de cette élection interne.

Le Parti Socialiste se trouve dans une situation sans issue. Face à deux blocs à peu près égaux, chacune des deux candidates pourrait être amenée à contester, même en cas d'un deuxième scrutin organisé la semaine prochaine, l'élection de sa rivale à la tête du parti. A ce jour, il est aberrant de voir Ségolène Royal et ses partisans médiatisés contestés une élection, mais si celle-ci lui retire toute légitimité à briguer dans quelques années l'investiture du parti pour la prochaine élection présidentielle. Tel Nicolas Sarkozy, il semble que cette dernière rêve également toute éveillée (mais vraisemblablement pas en se rasant tous les matins) de devenir Présidente de la République.

Pour cela, rien ne semble pouvoir l'arrêter, même pas la contestation d'un vote démocratique interne au parti qui lui est défavorable, même de quelques voix ... Il y a une grande incohérence à demander de recommencer un nouveau vote parce que l'on a été battu. Une incohérence et un gage d'illégitimité.

Il y a aussi les arguments utilisés qui posent problème. Lorsque vous entendez une femme politique de premier plan et des élus de la république normalement équilibrés mentalement jouer la carte de la victimisation et de la thèse du complot pour expliquer l'émimination de leur candidate ; on peut se demander si ces personnes sont capables de représenter la parti aux plus hautes fonctions de l'état ! Expliquer que les règles du jeu ont été trois fois changées pour éliminer Ségolène Royal est désagréable. Evidemment, on nous avait expliquer que la motion gagnante au congrès donnait une légitimité à sa chef de file. Mais uniquement parce que cette chef de file réussissait ensuite à rassembler autour de sa motion les autres motions ... ce que Ségolène Royal n'a pas réussi ou n'a pas souhaité réaliser. Ségolène Royal a aussi réalisé le meilleur score au premier tour de l'élection interne mais n'a pas réussi à mobiliser l'électorat du Parti Socialiste au-delà de ses électeurs.

Le scénario actuel de division du Parti Socialiste en deux blogs équivalents est-il le pire des scénarios envisageables ? Je crains que se développe désormais autour de la personne de Ségolène Royal une forme de paranoïa (ou shizophrénie), de théorie du complot contre sa personne ... Mais les adhérents du Parti Socialiste qui se reconnaissent dans sa personne veulent-ils vraiment être isolés, à l'écart du parti ou se lancer dans l'aventure d'une scission fratricide ? Ségolène Royal est-elle paranoïaque ou shizophrène, se croyant véritablement victime, ou est-elle simplement tellement ambitieuse qu'elle est prête à toutes les manipulations de la vérité pour atteindre son ambition de devenir Présidente de la République ? Est-elle folle ou malade de son ambition ?

Ce qui me semble le plus embettant dans cette histoire d'élection, ce n'est pas tant la contestation par Ségolène Royal d'un résultat (si elle estime que certains résultats sont susceptibles de contestations) que les arguments de victimisation qui sont employés. 50% des électeurs à quelques voix près ne veulent pas d'elle et 50% veulent d'elle comme secrétaire fédérale. Ou inversement pour Martine Aubry. Il n'y a pas de théorie du complot mais une mise en balance. Faire montre de paranoïa ou de shizophrénie me semble inversément extrêmement dangereux la privant de toute légitimité pour être élue demain aux plus hautes responsabilités ... une paranoïaque aux commandes de l'état serait extrêmement dangereux.

Une scission du Parti Socialiste serait-il grave ? Avec à terme une alliance de l'une des deux parties exclues à l'hyper-gauche avec le nouveau parti anticapitaliste issu de la LCR ... et de l'autre une alliance avec le Centre de François Bayrou ... offrant une véritable possibilité d'alternance à Nicolas Sarkozy et à sa politique favorable au patronat et au monde de l'argent. Vive la scission en somme !


Réflexion trente-cinq (21 septembre 2008)
Une société française fichée ... Edvige et le complexe de Big Brother ...


La société française est-elle une société du fichage ? Par exemple, nos écrits et nos opinions exprimées en tant qu'internaute anonyme sur Nouvelobs.com sont-elles fichées et recensées pour nourrir un fichier tel Edvige ou autre ? Sommes-nous tracés ?

Lorsque le Nouvelobs cite les différents fichiers qui nous surveillent en permanence, il est possible de se croire brutalement immergé dans la société imaginée il y a quelques décennies (1931) par Aldous Huxley ayant pour nom Big Brother ...

1) Cristina (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et les intérêts nationaux) qui surveille nos appels téléphoniques, nos mails et nos SMS ...
2) Ariane, base de données de la gendarmerie et de la police sur nos écarts de conduite ...
3) Elsa (Engin léger de surveillance aérienne) qui surveille du ciel nos agissements ...
4) Eloi (Etrangers faisant l'objet d'une mesure d'éloignement) pour faire le compte des personnes expulsables ...
5) Le Fnaeg (fichier national automatisé des empreintes génétiques) créé en 2001 à partir du fichier des délinquants sexuels, qui disposerait de 700.000 traces ADN ...
6) Le Stic (système de traitement des infractions constatées), créé par les socialistes en 2001 où 18 millions de personnes sont fichées ...
7) Et maintenant Edvige (exploitation documentaire et valorisation de l'information générale), qui répertorie les personnes publiques (délégués syndicaux, personnalités politiques ou religieuses, acteurs économiques ou sociaux) mais également toute personne susceptible de porter atteinte à l'ordre public âgée de plus de 13 ans ...

Et ceux-ci ne sont qu'une fraction des 37 fichiers de police existant au niveau de la France ... A quoi sert donc la CNIL (commission nationale de l'informatique et des libertés) si nous pouvons être à un tel point surveillés par des fichiers qui contrôlent nos moindres faits et gestes, nos moindres habitudes de consommation, nos moindres communications ? Dans quelle société vivons-nous ?

Mais ce qui fait le plus peur dans un tel régime de surveillance et de flicage généralisés, où le moindre de nos gestes, la moindre de nos habitudes peuvent être épiés ... C'est d'imaginer quelle utilisation pourra en être faite dans le cadre d'une société qui basculerait dans un totalitarisme tels que ceux que l'Europe a connu au cours du vingtième siècle.

Parce qu'il serait idiot de penser que nos sociétés européennes ne basculeront plus jamais; dorénavant, dans des régimes totalitaires, militaires, policiers ou politiques, tel le nazisme, le communisme ou l'islamisme ... Et qu'il serait criminel de le croire ... De tels régimes trouveraient dans ces outils informatisés de surveillance les armes pour éliminer toute résistance à leur emprise et à leur domination sur nos sociétés. Pour ma part, le risque d'un tel basculement dans le totalitarisme ne me semble pas particulièrement éloigné ... Nicolas Sarkozy sera-t-il capable d'accepter le verdict des urnes en 2012 ou en 2017 ? Cet homme qui a rêvé d'être le premier et le plus puissant des français pourra-t-il accepter de retomber dans l'anonymat le plus complet à l'issue de son mandat ?

Le combat contre le totalitarisme et le fascisme qui a été conduit en 1940-1945 par la résistance française me semblera presque impossible dans une société désormais aussi moderne et surveillée que notre société française actuelle ... Comment ferons-nous pour résister le jour peut-être pas si lointain où un nouveau totalitarisme, un nouveau fascisme, un nouveau tyranisme, s'étendra sur notre société de liberté apparente et de démocratie limitée, mais également de surveillance sans relachement ? Ne faut-il pas combattre dès maintenant ?...


Réflexion trente-quatre (10 décembre 2007)
Quel mouvement étudiant ?


On en est le mouvement étudiant ? Il a disparu quelques jours après l'éclatement de la coordination nationale étudiante. Et les leaders étudiants démocratiques sont retombés dans leur anonymat et j'espère dans les études, mais pour cela, il ne faut être sûr de rien ... Ils rêvent peut-être encore de ces quelques jours où ils tenaient la France et les journaux télévisés en haleine ...

C'était le premier test de la politique intérieur de Nicolas Sarkozy, confronté à des revendications concordantes des fonctionnaires, des étudiants, des lycéens et des salariés des entreprises à régime spécial de retraites. Et tous ces mouvements se sont essoufflés dans l'indifférence de ces deux dernières semaines. Un dégonflement causé par les annonces de Sarkozy sur le pouvoir d'achat ? Cette baudruche qui a accouché d'une souris ? J'espère bien que non. Mais en tout cas, le test est réussi ... Révolte des banlieues, grève générale ... et le gouvernement Sarkozy/Fillon est toujours là, droit dans ses bottes ...


Réflexion trente-trois (25 novembre 2007)
L'explosion du mouvement étudiant ?


Le départ de l'UNEF de la coordination nationale étudiante pour protester contre le climat de tension qui y règne du fait de la décision de l'UNEF de négocier avec le gouvernement Sarkozy sur la loi Pécresse ressemble à s'y méprendre à l'éclatement du dynamisme de ce mouvement étudiant. Ce sont ses idéaux qui font la force de ce mouvement ; idéaux éloignés de la lutte de pouvoir. C'est notamment la démocratie et le respect affiché des idées de l'autre, même si tout le monde sait la virtualité de cet idéal lorsqu'il repose sur des idées préconçues et dogmatiques.


Réflexion trente-deux (15 novembre 2007)
Le retour de la 'chienlit' (en hommage au Général de Gaulle)


Le mouvement contre la Loi Pécresse sur l'autonomie des universités, votée cet été, a pris de l'ampleur au cours de la semaine précédente, en lien avec les manifestations des salariés contre la réforme des régimes spéciaux. La coordination nationale étudiante appelle à plusieurs manifestations la semaine prochaine en liaison avec les mouvements organisés par les syndicats de salariés. Des représentants de 56 universités se sont en effet réunis à Tours ce dimanche 18 novembre 2007 pour définir leurs futurs actions concertées.

Mercredi 14 novembre après-midi, on enregistrait des blocages ou des barrages filtrants dans 32 universités (sur un total de 85), plus l'IUT de Tarbes. Par ailleurs, 4 universités faisaient l'objet d'une fermeture décidée par l'administration (Aix-Marseille, Grenoble III, Paris IV Sorbonne, et Rennes II, bloqué par un groupe d'étudiants malgré le fait qu'une majorité d'étudiants s'étaient prononcé contre le blocage au cours d'un scrutin organisé lundi 12 novembre).

Vendredi 16 novembre, 5 universités faisaient désormais l'objet d'une fermeture administrative (Aix-Marseille, Brest, Grenoble III, Lyon II et Paris IV Sorbonne) et 32 universités faisaient toujours l'objet de blocages, d'appel à la grève ou de barrages filtrant, malgré l'évacuation par les forces de l'ordre des étudiants dans 2 universités (Nantes et Montpellier II) et la reprise des cours à Rennes II.

Liste des universités concernées :
01 Aix-Marseille (fermeture administrative) - 02 Amiens - 03 Angers
04 Besançon - 05 Bordeaux II - 06 Bordeaux III
07 Brest (fermeture administrative) - 08 Caen - 09 Chambéry
10 Dijon - 11 Grenoble III (fermeture administrative) - 12 Lille I
13 Lille II (15/11/07) - 14 Lille III - 15 La Rochelle - 16 Le Havre
17 Limoges - 18 Lyon II (fermeture administrative) - 19 Metz
20 Montpellier II - 21 Nancy II (15/11/07)
22 Orléans (15/11/07) - 23 Paris I-Tolbiac - 24 Paris III
25 Paris IV-Sorbonne (fermeture administrative) - 26 Paris VIII
27 Paris XIII - 28 Paris XII-Créteil - 29 Pau - 30 Perpignan
31 Reims (15/11/07) - 32 Rennes I (15/11/07) - 33 Rouen
34 Toulouse II-le Mirail - 35 Toulouse III - 36 Tours
37 Valenciennes - 38 l'IUT de Tarbes

Cette liste n'est évidemment pas prête de s'arrêter. Il faut aussi se rappeler (pour l'avoir déjà vécu) que dans ces universités occupées par des groupes d'étudiants rêvant de la Révolution, chaque annonce d'une nouvelle université votant l'occupation des locaux est saluée par des manifestations de joie des étudiants présents. D'une certaine façon, il faut bien entretenir la flamme de l'engagement révolutionnaire parmi les occupationnistes. Il faut aussi occuper les troupes. D'un côté les meneurs et les leaders, de l'autre les exécutants, et au milieu ceux qui transmettent les ordres des leaders et organisent les actions.

D'une certaine façon, bien mieux que les cours magistraux, les mouvements d'occupation universitaires préparent les étudiants à l'entrée dans la vie active et aux rapports de pouvoir du monde de l'entreprise. Les meneurs et les leaders s'habituent à diriger les autres ... ceux qui transmettent et organisent les ordres des meneurs feront demain de bons cadres, et ceux qui exécutent les ordres, la masse des étudiants qui suivent ces mouvements, seront demain les exécutants dans les entreprises. Ces mouvements de contestation permettent ainsi à chacun d'accepter inconsciemment le rôle qui leur sera plus tard dévolu dans le monde de l'entreprise, selon leur capacité de leadership au sein d'un groupe en formation. Et le fait que ces mouvements soient démocratiques, par différence avec le monde de l'entreprise, n'enlève rien à cet argumentaire.


Réflexion trente-et-une (12 novembre 2007)
Le gouvernement et les mouvements estudiantins


Une nouvelle fois, un nouveau rapport de force s'installe entre la jeunesse étudiante et un gouvernement de droite, avec un risque de généralisation de la contestation sociale contre la politique de Nicolas Sarkozy et les réformes qu'il s'est engagé à conduire. Le gouvernement va être confronté à la grogne des salariés des grandes entreprises publiques dont il veut réformer les régimes spéciaux de retraite, à la grogne des syndicats de fonctionnaires qui réclament une augmentation générale des traitements et contestent la diminution des effectifs, et enfin à la grogne des étudiants qui contestent une énième réforme des universités et une nouvelle tentative de les privatiser (ou de les autonomiser).

Les mouvements de contestation estudiantine sont pratiquement un rite de passage des nouvelles générations d'étudiants et de lycéens, qui remontent à l'ancêtre des mouvements sociaux, au mai 68 où la jeunesse française faillit renverser l'état et la société bourgeoise de l'époque. Il y eut octobre 86 et une première loi d'autonomisation des universités (dite loi Devaquet) puis avril-mai 2006 et le Contrat Première Embauche du gouvernement Villepin. Et aujourd'hui, à peine un an et demi plus tard, nous avons la loi Pecresse.

Evidemment, le problème de ces contestations estudiantines consiste dans la mesure de la légitimité des mouvements de blocage des universités. Les assemblées générales des étudiants, ont toutes les actions sont censées être votées démocratiquement, rassemblent rarement une majorité des étudiants inscrits. Mais appeler l'ensemble des étudiants à se rendre dans ces assemblées générales présente un risque que ne mesurent pas les responsables qui contestent le noyautage de ces assemblées générales. Ils oublient que présents, la masse des étudiants pourraient être entraînés par l'effet de foule, par la capacité d'empathie vis-à-vis de ces leaders autoproclamés, et qu'ils pourraient avoir sur les bras des dizaines de milliers d'étudiants en grève au lieu de quelques centaines d'irréductibles.

Toutefois, dans ce rite de passage de l'adolescence vers l'âge adulte, dans ces derniers soubressauts de ces adulescents contre le monde marchand qui va les aspirer, les broyer, il est clair que les raisons de la contestation sociale importent bien moins que le seul fait de se révolter une dernière fois ou une première fois contre la société. La loi Pecresse représente-t-elle tout le mal qui en est dit dans les assemblées générales estudiantines (et bientôt lycéennes) ? La loi Pécresse n'est évidemment qu'une des raisons qui poussent ces étudiants à la manifestation et à l'occupation de leur campus universitaire. La loi Pécresse est l'alibi de la contestation estudiantine. Une bonne partie des arguments opposés aux mesures de cette loi repose sur des fantasmes estudiantins, une antième entendue à chaque mouvement étudiant depuis mai 68 ... la privatisation de l'enseignement supérieur, la sélection par le fric ... avec quelques nouveautés comme la peur d'être formatée pour correspondre aux besoins (forcément malsains) des entreprises qui financeraient les universités (par le biais de la taxe professionnelle ?). Madame Pécresse aura le redoutable privilège de laisser peut-être son nom à une réforme, réussie ou alors ratée, suivant alors l'exemple de Devaquet.


Réflexion trente (25 novembre 2007)
Quelle différence entre la taxe carbone et la TVA sociale ?


Je pense que la TVA sociale tout comme la taxe carbone sont de bonnes mesures, même si elles doivent conduire à une élévation de l'inflation monétaire.

Mais je déteste tout autant la manipulation politique !

Le projet du gouvernement de Nicolas Sarkozy de mettre en oeuvre une taxe climat-énergie en contrepartie d'un allègement de la fiscalité du travail pour préserver le pouvoir d'achat et la compétitivité me semble être exactement la même idée que la TVA sociale, avortée à l'époque du second tour des élections législatives françaises de juin 2007.

La taxe carbone est une bonne idée si elle est mise en oeuvre à l'échelle du monde, pas vraiment si c'est au niveau d'un seul pays. C'est également une bonne idée si elle sert à financer des programmes d'aides au développement international, ou des projets écologiques ou environnementaux.

Mais dans la pratique, dans cette mesure, de quelle façon le gouvernement Sarkozy financera-t-il l'allègement de la fiscalité du travail pour les entreprises ? Comment compensera-t-il la baisse des cotisations et des rentrées financières des régimes sociaux français, si ce n'est en réaffectant les sommes provenant de la taxe carbone. Cette dernière n'est donc guère différente de la TVA sociale abandonnée au printemps 2007. Elle a simplement une apparence un peu plus aguichante, un peu plus tendance !

Autre point, il est à craindre que la diminution de la fiscalité du travail ne concerne essentiellement que les cotisations employeurs, alors que pour mémoire, lorsque les gouvernements précédents mettaient en oeuvre de nouveaux prélèvements sociaux (taxes, CSG, RDS ...), ou augmentaient les taux de cotisation, la plus forte part de ces augmentations concernaient toujours (au moins au cours des quinze dernières années) les cotisations des salariés (même si ces dernières ne pèsent que 20% des salaires bruts contre 50% pour les cotisations patronales).



Réflexion vingt-neuf (24 juillet 2007)
Quelles bonnes critiques contre la méthode Sarkozy


Nicolas Sarkozy est président depuis un peu moins de trois mois, et ce n'est pourtant pas aussi terrible que l'on pouvait le craindre. Nicolas Sarkozy semble s'amuser, apprécier son nouveau rôle, le plus important que la France peut lui offrir, qui lui permet d'être pratiquement un puissant parmi des puissants. Il ne semble pas apparemment avoir décidé de se venger de tous ceux qu'il n'a pas aimé ou qui l'ont gêné par le passé, hormis peut-être de Villepin que la machine judiciaire française cerne désormais de plus en plus près. Mais Nicolas Sarkozy a-t-il la moindre chose à voir avec les rebondissements récents dans cette histoire ? Ce n'est même pas sûr.

Est-il intelligent de l'attaquer sur la réussite de ses ouvertures diplomatiques avec la Lybie de Kadafhi et sur la libération des infirmières bulgares ? Je ne le crois pas, même si les interventions d'une personne étrangère au monde diplomatique (Cécilia Sarkozy) peuvent agacer. Mais cet agacement n'est-il pas surtout le signe d'une certaine forme de jalousie ?

Cela ne fera en fait que conforter une large majorité de la population française dans son appui à sa présidence, notamment parce que jusqu'à présent Sarkozy n'a rien fait de particulièrement ennuyeux, et qu'il nourrit par ailleurs le sentiment patriotique d'une frange de la population française, qui se sent française, et pas uniquement pendant le mondial, lorsque son équipe de football gagne.

Ce ne sont pas ses interventions internationales, européennes ou médiatiques qu'il faut attaquer ou comptabiliser. C'est son programme politique qu'il faut attaquer et critiquer. Que représente le paquet fiscal qui est actuellement débattu au parlement ?
- Remettre quelques personnes èrémistes au travail en leur proposant quelques centaines d'euros de plus.
- Détaxer les quelques heures supplémentaires que les salariés se verront dans l'obligation de réaliser, à la demande de leur supérieur hiérarchique ... mais qui ne concerneront pas ceux qui ont le plus besoin ... les femmes employées à mi-temps dans la grande distribution, avec des horaires pires que si elles travaillaient à plein temps ...
- Et enfin et surtout diminuer l'imposition des plus gros et des plus contribuables français, conformément aux promesses électorales de Nicolas Sarkozy, et pour lesquelles une petite majorité de français certainement non concernés l'ont élu ...

C'est l'injustice du paquet fiscal de Sarkozy qu'il faut combattre et non la forme de libération des infirmières bulgares, qui étaient quand même sous la menace d'une condamnation à mort en Lybie. A ce sujet, j'ai apprécié qu'elles soient (elles et le docteur palestinien naturalisé) immédiatement graciées à leur arrivée en Bulgarie, pied de nez manifeste à la justice d'un autre âge de la Lybie, elles qui avaient à plusieurs reprises été condamnées à mort pour avoir soit disant contaminé volontairement des enfants, parce qu'occidentales.
(http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-938621@51-915550,0.html)

Ce sont ces cadeaux fiscaux accordés à quelques privilégiés, aux entreprises au sujet de la détaxation des heures supplémentaires, qu'il faut combattre ... un peu à la manière de Jean Arthuis, ancien ministre des finances et aujourd'hui sénateur, qui rappelle que des mesures aussi coûteuses (et injustes) ne sont pas nécessaires lorsque les finances publiques sont à ce point dégradées ... ou de Manuel Valls, député PS de l'Essonne ... "13 milliards d'un côté pour les plus fortunés, quelques dizaines de millions pour expérimenter le RSA, il y a une inversion des priorités et des valeurs dans une société où les inégalités se sont creusées."

Il y a certainement d'autres réformes beaucoup plus importantes, plus justes, qui pourraient être prises à la place.


Réflexion vingt-huit (5 juillet 2007)
Le déficit récurrent de la Sécurité Sociale


Malgré tous les plans de réformes de l'assurance maladie concoctés par les récents gouvernements de droite, la Sécurité Sociale continue de présenter des comptes déficitaires. Pour l'exercice 2007, les milieux autorisés (à quoi nous dirait Colluche) savent déjà que le déficit atteindra 12 milliards d'euros. De plans en plans, la couverture maladie des français continue de s'amenuiser, les déremboursements s'accumulent et les contraintes s'accroissent.

Curieusement, ce dossier m'avait semblé pratiquement absent des programmes politiques des présidentiables. Dans l'optique de juguler un déficit qui atteindrait 6,4 milliards d'euros pour la branche maladie en 2007 (contre 3,9 milliards d'euros initialement prévu) et 4,7 milliards d'euros pour la branche vieillesse, un nouveau plan de réduction des dépenses a été présenté par le gouvernement Fillon, pour économiser 1,455 milliard d'euros en matière de dépenses de maladie.

Ce nouveau plan va une nouvelle fois prendre pour cible ces malades qui osent consulter des spécialistes sans avoir demandé l'autorisation (et la bénédiction) à leur médecin traitant généraliste. Mais ce qui est invraisemblable, c'est que ces réformes accumulées de la sécurité sociale ne sont jamais analysées. Le fait d'imposer le passage par une consultation payante d'un médecin traitant généraliste pour accéder à un spécialiste a-t-il réellement eu un effet positif sur le déficit de la sécurité sociale ? J'aimerais le savoir.

Le fait d'augmenter régulièrement le tarif des consultations des médecins généralistes et spécialistes (même s'ils ne seront jamais satisfaits des tarifs obtenus) dans l'objectif de les responsabiliser dans la délivrance de médicaments génériques et d'arrêts de travail a-t-il également eu un effet positif sur le déficit de la sécurité sociale ?

Evidemment, il existe de nombreuses causes expliquant le creusement du déficit de la sécurité sociale.
1. Il y a d'abord les multiples exonérations de charges décidées par le gouvernement français qui réduisent les produits de la sécurité sociale.
2. Il y a également le comportement de nombreux français qui se font prescrire des arrêts maladies de complaisance, sans en avoir véritablement besoin ni être malade, pour accroître leur nombre de jours de vacances, pour pouvoir rester certains jours sans travailler, pour faire quelques courses ou pour garder leurs enfants.
3. Il y a le progrès thérapeutique et l'accroissement de la durée moyenne de la vie, qui ont un coût financier croissant.
4. Il y a le fait que les dépenses de la sécurité sociale correspondent essentiellement aux revenus des médecins et des personnels soignants et des laboratoires pharmaceutiques, et que ceux-ci sont les seuls à ne pas être ponctionnés pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, alors que ce sont principalement eux qui sont à l'origine du déficit.
5. Il y a enfin ceux qui préférent dépendre des minimas sociaux plutôt que de survivre difficilement avec le revenu d'une activité salariée payée au Smic (toutes les personnes bénéficiant de la CMU ne sont pas de pauvres malheureux exclus ou rejetés du monde du travail ... il faut arrêter l'angélisme)

Le gouvernement et les gestionnaires de la sécurité sociale ne savent vraisemblablement plus quoi inventer pour pervertir encore plus notre système d'assurance sociale, mais tout en évitant de s'attaquer au véritable problème des tricheurs, qu'ils soient médecins, employeurs, malades imaginaires, faux malades ou faux pauvres, que seuls des contrôles renforcés permettront de limiter.


Réflexion vingt-sept (24 juin 2007)
Le Traité simplifié sur la Constitution Européenne


La relance de la Construction politique européenne est saluée par de nombreuses personnalités politiques. C'était également l'une des idées défendues par Nicolas Sarkozy dans son programme présidentiel. Je suis toujours un peu surpris que l'ensemble des chaînes de télévision françaises, qu'elles soient publiques ou privées, présentent régulièrement les avancées obtenues par le président français, comme s'il y avait pris une part particulièrement active.

Je note toutefois qu'il est à craindre que ce mini-Traité Constitutionnel ne soit pas proposé pour adoption par référendum, mais plus vraisemblablement par Congrès, où il sera tout aussi vraisemblablement adopté à une très large majorité, si ce n'est à l'unanimité des voix des sénateurs et des députés. Mais cela n'entraînera même pas les politiques à s'interroger sur cette invraisemblance. Comment un texte pourrait-il être adopté à l'unanimité des parlementaires français alors que ce même texte ne pourrait vraisemblablement pas recueillir une majorité des votants lors d'un référendum ? Comment expliquer cette divergence d'opinion ? Comment expliquer cette absence de corrélation entre le vote des parlementaires et celui de leurs mandants ?

Le Traité simplifié me pose un autre problème. Il changera les règles de majorité sur la majeure partie des sujets, en instituant une majorité qualifiée (un certain poucentage du nombre d'états représentant un certain pourcentage du total des habitants) qui se substituera à l'unanimité régulièrement requise, sauf dans deux domaines qui sont le SOCIAL et la FISCALITE. Ce maintien des règles de majorité pour ces deux domaines constitue-t-il une bonne ou une mauvaise chose ? Cela maintiendra d'abord les divergences existantes en matière sociale et fiscale entre les différents partenaires européens. Cela protégera peut-être les pays les plus avancés socialement des véléités libérales de la Commission Européenne, qui sans cette règle de l'unanimité, pourrait imposer une réduction des droits sociaux à toute l'Europe. Mais cela protège surtout les pays les plus libéraux de toute législation sociale européenne un peu contraignante.


Réflexion vingt-six (23 juin 2007)
Que penser de la TVA sociale ?


La TVA sociale pourrait ne pas constituer forcément un recul pour les salariés. Elle apporte un début de réponse au poids des charges sociales sur les salaires, qui fait qu'aujourd'hui, pour 1.000 euros versé à un salarié, hors exonération de charges, le coût réel pour l'entreprise de ce salarié est proche de 2.000 euros.

Il ne faut pas oublier que la présidente du MEDEF a envisagé récemment de proposer de déclarer aux salariés le salaire brut toutes charges patronales et salariales incluses, et de faire apparaître la totalité des prélévements sociaux supportés par l'entreprise. Cette proposition intégrait un risque élevé pour le salarié : geler les charges sociales patronales à leur niveau actuel. Toute nouvelle hausse des charges sociales patronales ou salariales décidée par le gouvernement ou les organismes sociaux aurait impliqué une diminution du salaire net restant aux salariés (alors qu'actuellement, seules les hausses des cotisations sociales salariales s'imputent sur le salaire net du salarié). Mais cette proposition serait extrêmement favorable au salarié en cas de mise en oeuvre d'une TVA sociale puisque les baisses des charges sociales qui en découleraient ne bénéficieraient qu'aux seuls salariés et non aux entreprises qui devraient continuer à payer le même salaire brut, par réciprocité.

De manière plus générale, la TVA sociale pourrait être globalement indolore pour le salarié français, dans le cas où :
- l'inflation pourrait être globalement faible sur les produits fabriqués en France,
- si les entreprises jouaient le jeu en abaissant leur niveau de marge,
- et si le gouvernement partageait les abaissements de charges sociales de manière équitable entre les cotisations salariales et les cotisations patronales ...

Par contre, si la mise en oeuvre de la TVA sociale n'intervenait pas de cette manière, si elle profitait essentiellement aux entreprises françaises en leur permettant d'augmenter leurs marges et sans relance du pouvoir d'achat des ménages par un abaissement des cotisations sociales salariales, alors la TVA sociale pourrait être une catastrophe pour l'économie française et pour les salariés.


Réflexion vingt-cinq (22 juin 2007)
De la TVA sociale


Il s'agit par contre d'un point sur lequel je ne suis pas véritablement en désaccord avec l'approche du gouvernement Fillon, même s'il s'agit justement pour la Droite du point d'achoppement de la dernière élection législative.

L'idée de transférer une partie de la charge du financement des organismes sociaux des cotisations sociales vers une imposition supplémentaire de la consommation me semble a priori pertinente. Evidemment, les prix à la consommation de certains produits risquent de progresser sensiblement en raison de cette hausse de la TVA, notamment pour les biens importés. Mais cette hausse aura peut-être pour conséquence de diminuer la consommation de ces biens, au bénéfice de biens produits en France, et donc de redresser la balance commerciale française. Pour les produits fabriqués en France, cette hausse du taux de TVA sera compensée par une diminution des charges sociales payées sur les salaires, ce qui permettra éventuellement aux entreprises françaises de diminuer leurs taux de marge. L'assise de la TVA étant plus large que les seules entreprises françaises employant de la main d'oeuvre, le produit de cette TVA sociale sera peut-être plus important que les taxes sur les salaires, entraînant une diminution de la ponction sur les entreprises françaises. On peut ainsi imaginer que les prix des biens fabriqués en France puissent baisser avec la TVA sociale.

La diminution des prélèvements sociaux liée à la TVA sociale pourra aussi concerner à la fois les cotisations patronales et les cotisations salariales, et ainsi s'accompagner d'une revalorisation des rémunérations nettes perçues (en sens inverse des derniers mouvements enregistrés, où les taxes salariales augmentaient à chaque fois, diminuant les rémunérations nettes perçues).

Il faut tout de même rappeler que pour 100 euros de salaire brut d'un salarié correspondant à 80 euros de salaire net réglé, le coût pour l'employeur approche avec les cotisations patronales de 150 à 160 euros, soit le double du montant versé au salarié.

La réduction du coût du travail pour les entreprises permettra peut-être ainsi de relancer l'embauche en France et de diminuer le chômage, améliorant la situation financière des comptes sociaux.

Evidemment, il existe un risque certain de voir les entreprises ne pas jouer le jeu et laisser leurs prix hors taxe inchangés, ce qui se traduira alors mécaniquement par une hausse des prix pratiqués, même sur des biens produits en France, et par une résurgence de l'inflation ... Mais j'avais cru comprendre qu'un tel retour de l'inflation était souhaité par de nombreuses personnes.


Saucratès



21/11/2010
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