Sur la politique (4)
Réflexion quarante-huit (7 juillet 2010)
Tous pourris ! Après trois années de présidence de Nicolas Sarkozy, jamais l'opinion française n'avait eu une aussi piètre opinion de sa classe politique ...
Soixante-quatre pour cent des français jugent leur classe politique «plutôt corrompue» selon un sondage réalisé par Viavoice paru lundi dans le journal Libération. Ce sondage montre une forte hausse de ce sentiment de rejet de la classe politique française, puisqu'une question semblable, posée par l'institut de sondages Sofres depuis de nombreuses années, donnait des résultats bien moindres : 38 % en 1977, 46 % en 1990 et 58 % en 2002.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/05/les-francais-estiment-leurs-dirigeants-politiques-corrompus_1383173_823448.html
A ce train-là, dans trente ans, 95% de la population française considérera les politiques comme des pourris !
Les différents dérapages enregistrés depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République française ne semblent donc pas améliorer l'image que les français ont de la politique ; le contraire eut certes été surprenant ... L'histoire du Fouquet le soir de l'élection présidentielle ; le mariage bling-bling de Nicolas Sarkozy avec le mannequin et chanteuse Carla Bruni ; les vacances sur le yatch de son ami milliardaire français et les voyages en jet d'affaires privé ; les désignations controversées d'hommes proches de Nicolas Sarkozy à pratiquement tous les postes de responsabilité (radio, télévision, procureur, préfecture ...) ; les augmentations de salaire exponentielles octroyées à Nicolas Sarkozy par ses propres soins ; les interrogations sur les relations bizarres et à contre-emploi entre certains de ses proches politiques et des très grandes fortunes françaises ; les décorations de l'Ordre de la Légion d'honneur octroyées à des connaissances de milieu social très élevé (de Maistre, Citroen pour ceux que l'on connaît), dont le seul mérite semble d'avoir gagné beaucoup d'argent ... Toutes ces histoires ne doivent pas aider la France à avoir une meilleure image de la politique ...
On est très loin de la république vertueuse que nous avait promis le candidat Nicolas Sarkozy ... si quelqu'un y avait cru ... Il aurait mieux fallu entendre la promesse de l'instauration d'une République bonne avec les amis et les milliardaires, mais extrêmement dure avec l'immense majorité de ceux qui ne font pas parti des protégés du pouvoir et qui ne sont pas extrêmement riches !
Réflexion quarante-sept (13 janvier 2010)
Sur les politiques sociales en France ...
J'écoutais hier soir un secrétaire d'état du gouvernement français s'exprimer sur les politiques menées par l'Etat en faveur des personnes exclues en France. Ce membre du gouvernement assurait son auditoire que ce problème était géré et que le gouvernement y travaillait depuis des mois si ce n'est des années. Et pourtant, comme le rappelait le journaliste, on meurt toujours du froid dans la rue en France, alors qu'à titre de comparaison, on ne meurt pas en Allemagne.
De manière tout à fait anecdotique, mais extrêmement imbécile ou triste, ce membre du gouernement a réussi à placer dans son discours par deux fois, pendant le laps de temps où je l'ai écouté, l'expression favorite des sarkozistes ... «avec le président de la république» ... Cela ne loupe jamais, il semble que chaque ministre interviewé doit placer un certain nombre de fois cette expression fétiche dans son discours ; le gagnant semblant être celui qui réussit à en placer le plus grand nombre.
On meurt donc plus en France dans la rue qu'en Allemagne, où l'accueil des exclus et des sans-domiciles est organisé par des congrégations religieuses, qui bénéficient pour se faire d'un impôt religieux, correspondant à une fraction de l'impôt sur le revenu (comme en Suisse également). Le problème des politiques sociales en France correspond en fait au problème des associations laïques, à leur financement et à leur instrumentalisation.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/integration-dans-les-quartiers-les-associations-lancent-un-appel-au-secours_1290888_823448.html
Il est aberrant par exemple que sur l'accueil des personnes en difficulté ou exclues, on se trouve toujours aujourd'hui au même point de dénuement alors que l'Etat rencontre chaque année depuis le début des années 1980 les mêmes problèmes d'hébergement ou d'accueil. La seule chose qui ait été réglé, c'est le fait des restaurants du coeur lancés par Coluche, qui reposent sur le bénévolat, faisant pratiquement des restos du coeur une association religieuse. Comment l'Etat peut-il échouer si lamentablement dans tant de politiques sociales, pour les personnes âgées, pour les exclus ?...
A tous les échelons de l'Etat se rencontre un seul et même problème ; l'instrumentalisation des associations d'aide et de leur financement. Les pouvoirs politiques d'un bord ou de l'autre, à tous les échelons territoriaux, de la commune à la région en passant par le département ou l'état, essaient le plus souvent de mettre en avant ou de favoriser telles ou telles associations dans tel ou tel domaine, parce que les hommes politiques ou leurs administratifs apprécient untel ou untel ou veulent la 'peau' de tel autre. Et au gré des changements politiques, des modifications d'alliance ou des transferts de compétences, telles ou telles associations naissent et telles autres disparaissent, privées de financements et d'appui.
Mais à chaque fois, on repart à zéro. La meilleure façon de détruire une association est de lui retirer ses financements publics, ses subventions dont sa survie dépend. Le plus souvent, cette association et les bénévoles la faisant vivre sont remplacés par des proches du nouveau pouvoir municipal ou départemental, dont les objectifs ne sont pas toujours désintéressés, allant de l'emploi salarié d'autres proches de la mairie ou autre, au noyautage de quartiers, jusqu'à des volontés d'enrichissement personnel. Ces associations sont parfois des lieux d'envol pour des politiques populistes pas très regardant sur les moyens utilisés ...
Même sans décisions politiques, les associations sont aussi victimes des erreurs ou de l'incompétence de leurs dirigeants. Ce ne sont souvent que des hommes avec leurs faiblesses, leurs aspirations et leurs envies, leurs fragilités, leurs appétîts et parfois leur manque de compétence ou leur incapacité à s'entourer de personnes compétentes ou sûres.
Le résultat au final est le même : le tissu associatif vit et meurt, victimes des erreurs des uns, des envies et des trahisons des autres, mais sans réussir à régler les problèmes qu'il devrait résoudre. La solution allemande est beaucoup plus pertinente, reposant notamment sur les congrégations religieuses, maîtres de leurs financements publics qui leur sont directement confiés sur ressources publiques par les contribuables. Les congrégations religieuses sont beaucoup moins sensibles aux appétits humains que les associations françaises, et sur elles reposent de grands pans des politiques sociales d'Etat. Evidemment, cela laisse beaucoup moins de lattitude aux politiques allemands ou à leurs adminsitratifs pour favoriser untel ou mettre en avant tel ou tel camarade ou soutien.
Mais est-ce l'objet des politiques sociales ? Favoriser untel ou untel ?
Réflexion quarante-six (20 décembre 2009)
Sur la démocratie française (suite) ...
Je continue mes réflexions sur l'état de la démocratie française en cette deuxième année du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Après Marie NDaye, écrivain de nationalité française, prix Goncourt 2009, ayant choisi de fuir en Allemagne, patrie de Goethe, de Kant et d'Hitler après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française, je vais parler d'un autre écrivain courageux, Serge Portelli, accessoirement président de la douzième chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Il a écrit plusieurs livres sur la politique conduit par Nicolas Sarkozy, dont «Ruptures» et «Le sarkozysme sans Sarkozy».
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2350/articles/a413084-.html
Cet écrivain considère que la France est en train de vivre un grand bon en arrière par rapport aux Lumières et aux années précédentes. Selon Serge Portelli, le sarkozysme est la conjonction d'une conception managériale, entreprenariale, comme dans les grandes multinationales, appliquée à tous les échelons de l'administration française, et d'une conception archaïque de l'identité française, aux relents vichystes, où toute discussion de l'ordre établi est criminalisée. La France est désormais entrée dans une zone grise d'Etat limite, où les libertés individuelles sont de plus en plus menacées, de plus en plus inquiétées. Serge Portelli voit poindre une catastrophe démocratique ; cela faisait également quelques années que l'ascension de Nicolas Sarkozy m'interpelait et que les combats, les personnes l'entourant et les méthodes employées par l'homme m'inquiétaient.
A lire également son blog violemment politique où il prend à partie la politique sécuritaire et liberticide du gouvernement de Nicolas Sarkozy et de ses séides. J'ai néanmoins sur un certain nombre de sujets défendu des positions assez opposées aux siennes, notamment sur l'usage du terme de 'monstres' en traitant des délinquants sexuels ...
http://chroniquedelhumaniteordinaire.blogs.nouvelobs.com/
Réflexion quarante-cinq (17 novembre 2009)
Sur la démocratie française ...
Marie NDaye, prix Goncourt 2009 pour son roman «Trois femmes puissantes», paru chez Gallimard, a eu le courage de ses opinions en fuyant la France dès l'élection à la Présidence de la République de Nicolas Sarkozy et en se réfugiant à Berlin, et en l'exprimant bien fort dans une interview accordée cet été aux Inrockuptibles, avant sa consécration par les jurés du prix Goncourt.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/11/11/marie-ndiaye-tente-de-desamorcer-la-polemique-nee-de-son-entretien-aux-inrockuptibles_1265610_3246.html
Elle n'est évidemment pas la seule française à en avoir eu envie à cette époque ou depuis. «Nous sommes partis [à Berlin] juste après l'élection [présidentielle] en grande partie à cause de Sarkozy (...). Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité (...)». Il est notamment amusant qu'elle se soit réfugiée à Berlin, image cruelle en souvenir de tous ceux qui fuirent l'Allemagne nazie dans les années 1930 pour se réfugier en France.
Comment comprendre l'intervention du député UMP Eric Raoult et le prétendu 'devoir de réserve' des écrivains que ce dernier a évoqué ? La France semble prendre parfois le chemin du totalitarisme dès lors que des aboyeurs publics s'attaquent à toute personne critiquant la personne du chef de l'état. Il semble ainsi impossible de critiquer un mec à côté de ses pompes et abusivement agressif et adepte du bling-bling ... Alors qu'un autre de ses séides, Eric Besson, met en avant un débat sur l'identité nationale qu'il serait tentant de transformer en un débat sur la patriotisme, les membres de l'UMP semblent confondre patriotisme et culte nord-coréen de la personnalité. A quand l'appellation de 'cher leader' (±èÁ¤ÀÏ à ne pas confondre avec 'cheerleader') pour notre président bien-aimé ?
A noter l'intervention de Bernard Pivot, l'un des dix membres du jury du Goncourt (les autres membres en sont Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun, Patrick Rambaud, Michel Tournier, Edmonde Charles-Roux, Robert Sabatier, Jorge Semprun, Françoise Mallet-Joris, et Didier Decoin), qui « a qualifié sur France Info d'erreur ou de bourde la prise de position d'Eric Raoult, en estimant que le député UMP de Seine-Saint-Denis ne connaissait rien au milieu littéraire. Le devoir de réserve qu'il invoque n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais, pas plus pour le lauréat du prix Goncourt que pour le lauréat du prix Nobel de littérature, a-t-il dit ».
A noter enfin et surtout l'appel des écrivains en faveur de Marie NDaye, signé par un certain nombre d'entre eux ... (cf. l'article du Monde en traitant)
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/11/16/l-appel-des-ecrivains-en-faveur-de-marie-ndiaye_1267606_823448.html
En matière de politique encore, et de l'UMP toujours, il faut également noter les positions extrêmement intelligentes de l'ex-judoka David Douillet, nouveau député UMP brillamment élu récemment, normalement pressenti pour remplacer Rama Yade au secrétariat d'état aux sports (selon ce que l'on peut lire parfois lire dans la presse). Comme quoi on peut être un brillant champion, un grand judoka, un homme politique brillamment élu, et un sinistre imbécile. Mais l'UMP, le parti d'en rire comme un internaute l'a intelligemment nommé, nous en avait déjà souvent présenté quelques exemplaires. L'ancien préféré de Mme Bernadette Chirac, ex-première dame de France, ne brille pas, en tout cas, par son ouverture d'esprit à l'égard de la gente féminine et de l'égalité des sexes. Comme David Douillet le disait si brillamment (dans ses mémoires publiés en 1998) : « On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes ! ». Une internaute du Monde avait répondu fort à propos : « Comment appelle-t-on un homme qui n'assume pas sa médiocrité spirituelle ? Une douillette ! ».
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/11/04/douillet-tous-les-hommes-sont-misogynes-sauf-les-tapettes_1262858_823448.html
Réflexion quarante-quatre (8 août 2009)
Le procès de Clotilde Reiss en Iran ...
Cela se passe en ce moment même en Iran. Des procès d'opposants modérés jugés par un pouvoir politique aux abois, condamnés pour avoir manifesté (ou ne pas avoir condamné suffisamment fort ces manifestations) leur opposition à un coup d'état politique. Des aveux extorqués par la force et la violence, des condamnés qui s'accusent eux-mêmes de crimes imaginaires ou peut-être réels, dans le plus pur style des procès staliniens du printemps de Prague ou des purges staliniennes ...
Clotilde Reiss, une jeune française de 24 ans, est jugée aujourd'hui par un tribunal de Téhéran. Elle est détenue dans une prison d'Evine depuis le 1er juillet pour espionnage. La jeune universitaire française, passionnée de lecture perse, lectrice à l'université d'Ispahan, aurait reconnu ce matin avoir participé aux manifestations de protestation à la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier, pour des motifs personnels, et aurait également avoué avoir rendu un rapport concernant les manifestations à Ispahan à l'ambassade de France à Téhéran. Elle risque 5 ans de prison voire la peine de mort.
Il est terrible de se voir rappeler que des pays et des régimes politiques déniant tout droit à leurs opposants politiques, pratiquant la torture et les aveux extorqués par la force, pour de telles balivernes, puissent exister si près de chez nous, et que de jeunes de nos nationaux puissent s'y trouver enfermer et juger, sans que l'on puisse rien pour eux, face à des farces judiciaires et juridiques.
Ne pas oublier Clotilde Reiss ... Ne pas oublier les jeunes manifestants qui risquent la mort et la prison en manifestant contre un régime politique et contre un président iranien qui veut être réélu pour conserver l'Iran sous sa coupe. Ne pas oublier que manifester librement n'est pas un droit reconnu dans la majeure partie du monde. Ne pas oublier que la démocratie est fragile et rare, et que rares sont les habitants de la Terre à pouvoir choisir librement leurs dirigeants ... Même si cela paraît si peu important à tant d'entre nous, à tant de critiques de nos démocraties ...
Réflexion quarante-trois (9 juillet 2009)
Et pendant ce temps-là , en France, sous le règne de l'UMP ... est-ce une première alerte sur les ambitions réelles de Nicolas Sarkozy ...
Pendant que les foules iraniennes combattent au péril de leurs vies et de leurs libertés les gardiens de la révolution iranienne, que l'Iran arrête des collaborateurs de l'ambassade britannique ou des chercheuses françaises, et que Nicolas Sarkozy condamne ce qui se passe en Iran et l'absence d'état de droit, je n'ai pu m'empêcher de lire un article du Monde parlant du même Nicolas Sarkozy, et je n'ai pu m'empêcher d'y lire un risque pour ce même état de droit français, et pour notre propre démocratie.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/07/08/nicolas-sarkozy-aux-elus-ump-au-pire-ou-au-mieux-encore-sept-ans-et-demi-avec-moi_1216644_823448.html
Il faut dire que l'article du Monde susnommé était volontairement accrocheur : « au pire ou au mieux encore sept ans et demi avec moi » ... A la lecture de cet article, histoire d'un buffet déjeunatoire à l'Elysée réservé aux seuls parlementaires du parti majoritaire, il en ressort que Nicolas Sarkozy n'a pas tellement changé que cela, entre vantardise et autocongratulation.
Simplement, on découvre que tout ce qu'il fait ou entreprend ne semble être que manipulation : l'ouverture de son gouvernement à des personnalités des courants politiques concurrents, les interviews qu'il donne à un journal tel le Nouvel Observateur (« Mais quand je vois comment ça fait débat chez eux, ça me fait rigoler ») ... et ainsi de suite ...
Pourtant, à la lecture, ce qui m'a inquiété, c'est cette phrase qui m'avait initialement attirée. Non pas tant qu'elle souligne la vantardise du personnage, déjà persuadé de l'emporter dans deux ans et demi, en 2012 ... Ce n'est pas cela ... C'est le « au pire ou au mieux » ... Qu'est-ce que cela signifie donc, dans la bouche d'un type toutefois qui ne manie pas la langue de Molière de manière aussi brillante que ses prédécesseurs ou ses concurrents ...
Ce que j'y lis, c'est la négation d'un état de droit, la probabilité non nulle que cet homme ne se satisfasse pas d'abandonner le pouvoir suprême dans sept ans et demi, de la même manière que tous ceux avant lui qui ont aspiré à se maintenir au pouvoir malgré des constitutions qui les en empêchaient ... Abdelaziz Bouteflika en Algérie, Vladimir Poutine en Russie, Hugo Chavez au Vénézuéla ... Ce que j'y vois, c'est le risque d'une dérive totalitariste de la république française sous les coups de cet homme politique qui ne ressemble à aucun des autres chefs d'état français qui l'ont précédé, qui avaient tous une grande dimension et se situaient malgré tout au dessus des partis ...
Est-ce le signe que nous aussi, français et françaises, nous allons de nouveau devoir nous battre prochainement pour défendre notre démocratie, notre république française, face à une autre forme de fascisme, comme il y a de cela un demi-siècle ou plutôt quelques siècles (car on ne peut dire que nous nous batîmes tous contre le fascisme, ou le pétainisme, entre 1940 et 1944 ...) ? Une première alerte sur les ambitions réelles de Nicolas Sarkozy ?
Réflexion quarante-deux (21 juin 2009)
La situation iranienne ...
Il faut avoir du courage pour combattre, au péril de sa vie, au péril de sa liberté, un gouvernement tyranique et son armée et ses forces de police ... La jeunesse iranienne, qui défie dans la rue la réléection du président Mahmoud Ahmadinejad, nous donne une immense leçon de courage. L'Iran nous donne en fait une leçon de démocratie et de courage ; le courage de se battre pour la démocratie, quelles qu'en soient les conséquences et les risques ... La jeunesse occidentale serait-elle capable du même sursaut démocratique ? Vraisemblablement pas. La jeunesse chinoise, à l'époque des évènements de la place Tien-An-Men, nous avait donné la même image de courage, même si leur aventure s'était terminée dans la répression.
Rien n'est néanmoins jamais écrit à l'avance. La situation iranienne peut basculer dans un sens ou un autre, rien n'y est joué d'avance, et toutes les manipulations électorales n'y sont pas faisables, surtout dans un pays ayant une telle expérience démocratique que l'Iran. Et le courage de cette jeunesse iranienne insuffle une énergie nouvelle au candidat Mirhossein Moussavi, désormais prêt au martyr.
Dans une telle situation, on se trouve comme d'habitude confronté à la question de savoir qui, du chef de gouvernement, Mahmoud Ahmadinejad, soit-disant réélu largement par le peuple, ou de Mirhossein Moussavi, a raison en revendiquant la victoire électorale ? C'est une situation régulièrement observée, que ce soit dans le passé à Madagascar, jusq'aux Etats-Unis d'Amérique, en Floride, il y a plus de huit ans ...
Réflexion quarante-et-une (13 mai 2009)
Les dépenses somptuaires des politiques en France ou au Royaume-Uni et les interrogations auxquelles cela devrait nous conduire ...
Nous apprenions hier qu'au Royaume-Uni, les parlementaires anglais se permettaient de se faire rembourser leurs dépenses personnelles sur les fonds publics. Jusqu'au premier ministre britannique, Gordon Brown qui était concerné par ses remboursements de frais, mais également de simples parlementaires, du parti travailliste ou du parti conservateur ...
http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/05/11/notes-de-frais-gordon-brown-demande-pardon_1191727_3214.html
Aujourd'hui, des informations de même nature nous sont données sur les dépenses en communication, en déplacement, en frais divers, des différents ministères français. Il en ressort des niveaux de dépenses particulièrement élevés ... un ministère comme celui de la justice, sous Rachida Dati, dépense ainsi 416.370 euros en frais de déplacements aériens, 269.012 euros en frais de représentation, ou encore 3,177 millions d'euros en dépenses de communication, d'études et de sondages.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/05/12/un-ministre-combien-ca-depense_1191962_823448.html
Les rémunérations et les frais remboursés pour les parlementaires français sont également mirobolants. De manière assez triste toutefois, ce qui est tout particulièrement regrettable, c'est que ces derniers n'utilisent pas ces moyens financiers conséquents pour leurs tâches de représentation de la collectivité, mais souvent au bénéfice de leur seul intérêt personnel, ou pour leurs proches. On est loin ainsi du système parlementaire américain où chaque représentant dispose d'une équipe lui offrant une capacité de réflexion et de proposition de loi ... En France, le fait d'être parlementaire est plutôt vécu comme une synécure, comme une manne financière, comme une consécration, comme une occasion de fréquenter le beau monde, et non comme la haute responsabilité que cela devrait être ... Une preuve : les bancs le plus souvent clairsemés de l'Assemblée Nationale, visibles notamment lorsque certains textes passent au vote ...
La politique est un monde malade ; les gens qui y sont élus ne devraient pas, le plus souvent, y sévir ou y disposer d'un mandat de représentation ; et les gens qui auraient à apporter quelque chose, qui auraient envie d'apporter quelque chose ne seront jamais élus ... Evidemment, comme dans toute chose, comme chaque fois qu'il est question d'élection et d'électorat, se pose le problème de déterminer ceux qui devraient être élus ... Chacun aura alors son opinion sur la légitimité d'une personne à être élue, ou l'illégitimité d'une autre à cette même tâche ...
Et la politique est un monde corrompu, par l'argent, par le pouvoir dont ces personnes disposent, par les réseaux souterrains auxquels ces personnes appartiennent, et par toutes les tentations que font naître ce grand pouvoir ... Il n'y ait le plus souvent nullement question de responsabilité envers l'électorat, envers la collectivité ... Il n'y est le plus souvent uniquement question que de se servir soi-même et ses proches, un peu de la manière dont agit la présidence de la république, dans sa volonté de contrôler tous les rouages de l'état et de la société ...
Réflexion quarante (7 mai 2009)
Un deuxième anniversaire bien morne ...
Deux ans que Nicolas Sarkozy a été élu à la présidence de la république française par une majorité de l'électorat français s'étant déplacé ... Evidemment, je ne vais pas écrire des choses très différentes de ce que d'autres blogueurs écrivent, que ce soit Anna ou Claude Gisselbrecht. Je n'ai même pas pour objectif d'écrire quelque chose de nouveau ... Juste celui de marquer un jalon, de laisser une trace dans des archives. Deux années qui sont passées à imaginer chaque jour de nouvelles réformes, défaisant le plus souvent les acquis des salariés ou des fonctionnaires. Il nous reste encore trois ans à tenir, avant les prochaines élections. Deux années passées à voir Nicolas Sarkozy se pavanner dans les médias, à entendre parler dans la presse des vacances luxueuses qui lui sont régulièrement offertes par ses amis milliardaires, jusqu'à pendant son séjour au Mexique ... Deux années à voir des collaborateurs (au sens vichyste) et des proches de Nicolas Sarkozy ou de ses collaborateurs ministres (Devedjian qui place son fils, Alliot-Marie qui place son principal collaborateur) se voir confier des responsabilités importantes dans l'Etat ou dans des entreprises publiques, dans une optique de contrôler la France et de se servir. Trois ans de futures réformes à attendre, de futurs copinages, de manipulations des médias ...
Car nous n'avons pas encore tout vu. Nicolas Sarkozy est tout à fait capable de nous lancer dans une guerre quelques mois avant la prochaine élection présidentielle pour être réélu en comptant sur un sursaut national, pour qu'un consensus se fasse autour de sa personne, que l'électorat oublie ses divisions, un peu à la manière de Thatcher en Angleterre à l'époque de la guerre des Malouines, de Bush plus récemment avec le conflit irakien (le père ou le fils) ou des israëliens avec le conflit de Gaza ...
Et c'est vrai que comme Anna, je crains aussi que cette élection présidentielle de 2012 ne soit pas évidente à gagner par un quelconque adversaire de Nicolas Sarkozy, parce qu'aucune personne d'envergure n'est encore investie au Parti Socialiste, aucun programme électoral n'y est encore défini, et que je vois très mal Ségolène Royal, cette Ovni de la politique, fédérait autour de sa personne la majorité du corps électoral français. Il faut espérer qu'un leader apparaisse au Parti Socialiste français, ou qu'une alliance autour de François Bayrou réussisse à prendre corps, avec une certitude sur la politique sociale et antilibérale qu'il pourrait conduire avec l'appui du Parti Socialiste (mais n'est-il pas avant tout un libéral ?).
Bon anniversaire Nicolas. Que peut-on espérer pour toi ? Un bon embrasement social comme cadeau et comme signe qu'il est temps que tu quittes le pouvoir ... Le peuple qui descend dans la rue, comme en 1789, en 1832, en 1848 ou en 1871, et nous refasse la révolution française ou la commune de Paris ... Et qu'il crie : Bon anniversaire !
Réflexion trente-neuf (1er mai 2009)
Que peut-il y avoir après la politique ?
Nous sommes entrés depuis quelques années dans une nouvelle ère de turbulences, et nous sommes nombreux à nous demander si l'histoire peut bégayer ... Sommes-nous au début d'une nouvelle grande dépression, comme en cette fin des années 1920 et en ce début des années 1930 que, pour la plupart d'entre nous, nos grands-parents ou nos arrières grands-parents ont vécu. Et allons-nous observer la même montée des extrêmismes et des haines que ces derniers avaient vécu, débouchant au final sur un gigantesque conflit mondial, dans notre cas une troisième guerre mondiale ?
La question peut paraître déplacée pour de nombreux observateurs et lecteurs. Et pourtant, les fascismes qui avaient prospéré en Europe dans le terreau de la grande dépression sont-ils si éloignés de nous ? Chaque peuple réagit différemment à la misère et aux temps difficiles. L'Amérique des années 1930, où la Grande dépression était née (comme la crise actuelle des subprimes et la bulle de crédit), avait élit un président au programme social courageux, le président Roosevelt ... L'Amérique des années 2008 a élit Barak Obama, un président qui semble offrir la même espérance aux américains de toutes couleurs ... La France des années 1930 avait porté au gouvernement le Front populaire et réformé le capitalisme, en instaurant les congés payés et d'autres avancées sociales ... Avant de basculer dans le fascisme après la débâcle militaire de 1940. Aujourd'hui, la même fièvre sociale semble agiter les français, même si pour l'instant ils ont placé au gouvernement des représentants du grand patronat. L'Allemagne et l'Italie par contre avaient porté à leur tête, au tournant des années 1930, des mouvements fascistes qui avaient prospéré sur la misère et le mécontentement des masses. Cette situation semble écarter pour l'instant, même si on pourrait éventuellement trouver quelques ressemblances entre le Duce et Silvio Berlusconi.
En écoutant des personnes autour de moi, j'aperçois toutefois un même rejet de l'ensemble des institutions, qu'elles soient politiques, gouvernementales, syndicales, voire religieuses ... Il suffit d'écouter autour de soi pour entendre une même défiance contre toutes les institutions, contre la politique, contre la démocratie en fait. C'est tout particulièrement vrai chez les jeunes ... Les hommes politiques sont considérés par nombre de français, et ceci depuis de très nombreuses années, comme une caste fermée, issue d'un unique moule (l'ENA) ou bien appartenant à des réseaux fermés comme les loges de la franc-maçonnerie. Les affaires de détournement d'argent public, impliquant des hommes politiques, ont généralisé l'idée que les politiques étaient tous pourris (repris par un parti politique comme le Front National). Les syndicats sont de plus en plus considérés comme des marionnettes dans la main du gouvernement ou du patronat, sans capacité d'influer sur le débat public ou social. Les églises sont désormais vides et les institutions religieuses (en premier lieu le pape) ne sont plus en prise avec la réalité.
Que pourra-t-il sortir de tout cela ? Nous n'en sommes qu'aux prémices d'une grave crise économique, au tout début d'une dépression économique, dont tout le monde espère que l'on approche du point le plus bas. Rien n'est pourtant moins sûr. Vers qui toutes ces personnes désoeuvrées et sans espoir, sans croyance dans les institutions démocratiques, vont-elles se tourner au cours des prochaines années si la reprise économique n'est pas au rendez-vous ? Je n'ose imaginer que le pire puisse se reproduire, que les fascismes puissent revenir, que les haines puissent refleurir. Et pourtant, nous en sommes déjà à rechercher des coupables, parmi les financiers ou parmi les dirigeants des groupes ... Sur les haines fleurissent les totalitarismes puis les guerres ... Ce fut un enseignement de cette première moitié du vingtième siècle, ces années qui nous entrainèrent dans deux conflits mondiaux et causèrent des dizaines de millions de morts !
Réflexion trente-huit (12 décembre 2008)
Référendum irlandais - Ils ont osé !!!
Nicolas Sarkozy et l'Europe ont osé remettre en cause le NON irlandais au Traité de Lisbonne. Pour quelles raisons le NON des irlandais au Traité de Lisbonne aurait-il moins de valeur que le NON français au Traité Constitutionnel Européen ? Evidemment, on fait semblant que l'honneur est sauf, puisque quelques concessions sont accordées au gouvernement de Dublin, censées répondre aux critiques des électeurs irlandais (comme le maintien du commissaire irlandais à Bruxelles). L'Irlande devra organiser un nouveau référendum sur le traité d'ici à novembre 2009.
Plus dérangeant que cette remise en cause sélective selon la nationalité des états européens, il y a une absence de respect de la voix des citoyens européens par l'Europe et par ses dirigeants. Pour quelles raisons un vote négatif à un référendum sur l'Europe doit-il conduire à un nouveau vote, alors que l'on ne remet jamais en cause les votes positifs à un référendum, comme à l'époque de Maastricht ? Aberrant et incompréhensible ... Et il faut que l'on soit reconnaissant de vivre dans des démocraties représentatives ?
Ce nouveau référendum organisé en Irlande est une violation du droit et du respect de l'expression des citoyens irlandais. Espérons que les irlandais voteront encore plus massivement contre le OUI lors de ce référendum, pour protester pour cette violation de leurs droits et de l'expression de leur volonté manifesté lors du précédent référendum !
Honteux de la part de Nicolas Sarkozy et de la France !
Réflexion trente-sept (24 novembre 2008)
Pour quelles raisons ces réformes de l'enseignement primaire et secondaire en France et en Italie sous l'égide de gouvernements de droite libérale ? Quels objectifs ces gouvernements visent-ils en s'attaquant à l'enseignement en direction de la jeunesse ?
Cela me paraît bizarre. Pourquoi deux gouvernements, que l'on peut qualifier appartenant à la droite libérale dure, en France et en Italie, s'attaquent-ils à l'enseignement primaire et secondaire ? Le simple fait que les deux gouvernements les plus libéraux d'Europe occidentale s'attaquent à ce sujet devrait déjà la puce à l'oreille. Quand je dis 'nous', évidemment, la jeunesse italienne n'a pas attendu que je m'en aperçoive.
Mais quel peut être l'objectif de nos gouvernements sur ce sujet. Ces deux gouvernements sont des représentants du patronat. Nicolas Sarkozy est l'ami de nombreux grands patrons français, et il ne s'en est pas caché dès qu'il a été élu (il s'en cachait un peu plus auparavant ... mais il a tombé le masque dès son élection assurée ... il serait intéressant de s'intéresser au silence complice de l'immense majorité de la presse française à ce sujet, le journal Le Monde y compris ... aujourd'hui, cela semble désormais quelque chose de normal, mais cette collusion entre le gouvernement et les plus grandes fortunes de ce pays est carrément inacceptable ...) ... De son côté, Silvio Berlusconi est à la fois le chef du gouvernement italien et un grand entrepreneur, qui gère l'Italie comme une grande entreprise.
Il peut ainsi tout à fait être envisagé que ces deux personnages aient pour volonté de modifier les enseignements à l'école, au collège et au lycée pour mieux préparer (formater) nos enfants à intégrer le monde des entreprises que ces personnages représentent et incarnent. Les réformes des enseignements que leur gouvernement mettent en oeuvre seraient ainsi des entreprises de formatage des cerveaux de nos enfants, pour les rendre mieux assimilables dans le monde de l'entreprise.
Il n'y a de toute façon aucune autre explication plausible de la concommitance de ces révisions des enseignements dans justement les deux gouvernements les plus favorables au monde de l'entreprise qui existent en Europe occidentale. Mais ces entreprises de formatage des cerveaux de nos jeunes pourra-t-il réussir, lorsque l'on connaît la capacité de réactions et de rejets des règles propres à la jeunesse ? L'objectif de ces deux gouvernements italiens et français est peut-être de préparer ce formatage dès le plus jeune âge, de commencer le conditionnement mental de nos enfants dès l'école maternelle, lorsque ceux-ci sont facilement influençables et lorsqu'ils apprennent à développer leur sens critique ... Un peu à la mode de l'enseignement japonais où l'on apprend l'esprit de compétition aux jeunes enfants dès leur plus jeune âge.
Les réformes des modes d'enseignement à l'école, au collège, au lycée et à l'université menées en Italie et en France ne sont pas ainsi anecdotiques ... Elles proviennent vraisemblablement de visées ultra-libérales afin de rendre ces enseignements plus conformes à l'intérêt du monde de l'entreprise, et de mieux formater nos jeunes pour les rendre compatibles avec le monde de l'entreprise et le monde de la surveillance dont notre futur sera fait. Et pour cela, elles visent avant tout à casser le monde enseignant et scolaire qui est le principal représentant du socialisme et des valeurs frondeuses et contestataires pour des gouvernements libéraux de droite.
Saucratès
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 49 autres membres