Sur la politique (6)
Réflexion cinquante-huit (31 mars 2014)
Les élections municipales : une claque pour le PS
Les élections municipales de ce dimanche 30 mars 2014 ont démontré un fort recul électoral du parti socialiste et de son implantation. Le Parti socialiste a ainsi perdu dans ces élections 68 villes de plus de 30.000 habitants et 87 villes de plus de 9.000 habitants (et moins de 30.000 habitants). A noter que selon Wikipédia, les villes de plus de 30.000 habitants en France sont au nombre de 260 au total, outre-mer compris.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_de_France_les_plus_peuplées
http://www.lemonde.fr/municipales/article/2014/03/31/la-chute-du-socialisme-municipal_4392563_1828682.html
Dans ces conditions, le chiffre de 68 villes ayant basculé représente une proportion énorme (26%) qui permet réellement de considérer ce recul électoral comme un séisme politique. Quelle proportion des villes de plus de 30.000 habitants demeurent dans le giron du Parti socialiste ? Alors que l'UMP de son côté claironne qu'il contrôle désormais plus de la moitié des villes de plus de 9.000 habitants.
Il a été également amusant lors de ces élections d'observer le jeu des hommes politiques. Au Parti socialiste, les représentants interrogés au cours des semaines passées parlaient d'élections purement locales sans lien avec le plan national. Selon eux, il était incompréhensible d'en tirer des conclusions nationales. Du côté des élus UMP par contre, ils s'évertuaient à chaque fois de resituer ces élections dans le contexte national. De manière amusante, lors des précédentes municipales (2008), les situations étaient inversées et les politiques socialistes, au premier rang desquels François Hollande, s'efforçaient de tirer un enseignement national de ces élections alors que les politiques UMP, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, limitaient ces élections municipales à un niveau purement local.
Qu'est-ce qui explique le fort recul du Parti socialiste ? Les positions sont diamétralement opposées entre le PS, l'UMP et le FN. De ce que j'ai pu entendre hier, au soir des élections et des réactions des personnes interrogées, le PS parlait d'un message de colère, d'un problème de chômage et d'un besoin de justice sociale. Pour le PS, il faut pouvoir inciter les entreprises à investir et à embaucher pour faire repartir l'emploi dans les entreprises. Pour l'UMP, le message n'est pas très différent. Il faut permettre aux entreprises de créer de l'emploi et diminuer les impôts, sur les entreprises et sur les ménages. Il n'y a que du côté du FN que le message semble différent : il faut arrêter le matraquage fiscal sur les classes moyennes, et relancer le pouvoir d'achat.
Les solutions préconisées divergent également. Pour certains, il faut mettre fin au pacte de responsabilité pour les entreprises qui n'est pas compris par les électeurs (FN ?). Pour le FN, il faut aussi sortir de l'Europe et de l'euro-monnaie, qui impose l'austérité fiscale et une monnaie surévaluée de 30% qui tue les entreprises françaises. Pour les autres, il faut autre chose ... Mais quoi ?
Ce qui me marque, c'est l'accord de l'UMP et du PS sur le diagnostic sur les entreprises. Défendre la compétitivité des entreprises, leur permettre d'investir et d'embaucher, sans lien avec un diagnostic social qui devrait être la préoccupation première des socialistes. C'est cela qui est le plus choquant. Que des socialistes développent l'idée de compétitivité, alors que l'on sait que la compétitivité vise en premier lieu l'abaissement du coût du travail ou l'accroissement du temps de travail ! Et il est certainement aberrant que tant d'électeurs aient voté pour des maires UMP qui défendront des idées encore plus extrêmistes sur des retours en arrière sociaux alors qu'au fond, tant d'électeurs sont en colère contre le discours socialiste qui a oublié ses accents sociaux.
Le plus grand problème du Parti socialiste ne sont pas les personnes au gouvernement ou bien le premier ministre. Ce n'est même pas forcément la politique menée. Le plus grand problème du Parti socialiste, c'est François Hollande. C'est lui qui devrait démissionner. Un homme comme le Général de Gaulle aurait entendu ce message mais Hollande n'est pas de Gaulle.
François Hollande est élu depuis bientôt deux ans, et il est extrêmement bas dans les sondages, en deça même de Nicolas Sarkozy. les politiques qu'il a mené depuis deux ans ont divisé les français irrémédiablement, encore plus que sous la précédente présidence. Ces politiques ne visent une nouvelle fois qu'à satisfaire les revendications de franges de l'électorat du PS, quelques groupes de pression comme les homosexuels par exemple. La politique éducative menée par le ministre de l'éducation, sur la réforme des rythmes scolaires par exemple ou sur les programmes, vise à faire quoi ? Arracher les enfants à leur famille ? Les arracher à l'idée de Nation ? Supprimer Jeanne d'Arc, Saint Louis ou Clovis du programme scolaire, qu'est-ce que cela veut dire ? «Arracher l'élève à tous les déterminismes familiaux, ethniques, sociaux ou intellectuels» ? J'ai appris l'histoire africaine en classes primaires en Afrique dans les années 1970, celles des grandes civilisations arabes et africaines. Cela n'a pas fait de moi un enfant déterminé, mais bien au contraire un enfant ouvert à d'autres réalités, à d'autres histoires. Ce qui pose problème, c'est le rejet de l'histoire de notre pays par certains jeunes et leurs familles, comme si elle était illégitime ... et l'écho que cette contestation reçoit chez les politiques et les pédagogues socialistes, qui appuient cette délégimitisation qui répond à leur volonté de sacrifier la Nation et ses racines chrétiennes.
Je me dis parfois que la colère actuelle subie par François Hollande et par le Parti socialiste doit trouver une ressemblance dans la France de François Miterrand. La politique de nationalisation et les hausses d'impôts (avec la création de l'impôt sur la richesse) ont dû faire naître également une profonde contestation politique à son encontre. Cette contestation conduisit même à la première cohabitation avec Jacques Chirac, le Parti socialiste ayant perdu les élections législatives de 1986.
En même temps, je pense que la France du début des années 1980 n'a à rien à voir avec la France des années 2010. En trente ans, une profonde mutation de la société française a pu être observée. En 1981, la France ouvrière existait encore alors qu'elle a presque disparu dans la France d'aujourd'hui. Le monde ouvrier a muté également en devenant plus un monde de techniciens. Plus même que le monde ouvrier, c'est le monde capitaliste qui a muté en cours de ces trente dernières années. Les capitalistes ont été remplacés par les managers. La démocratisation de la bourse fait que des millions de petits porteurs se croient détenteurs d'une fraction du capital et du pouvoir dans les entreprises et dans les banques, alors qu'il y a trente ans, la bourse était une abstraction et le pouvoir détenu par quelques grandes familles bourgeoises ou capitalistes. Les banques il y a trente ans étaient l'émanation de quelques grandes familles. Elles sont aujourd'hui devenues des entreprises comme les autres, mutualistes pour certaines d'entre elles. On ne parle plus des grandes familles qui les contrôlent mais de ces quelques managers qui les dirigent, payer à des salaires astronomiques.
Le monde a changé. Des dizaines de millions de français se considèrent comme appartenant aux classes moyennes, ce qui est d'ailleurs le cas, par construction statistique. Il n'y a plus d'opposition de classes entre les capitalistes et les ouvriers chacun de leur côté, et les employés au milieu. Les français des classes moyennes se sentent à la fois concernés, à tord ou à raison, par les hausses d'impôts décidés et par la montée des risques du chômage. Les managers des entreprises essaient de faire croire que les entreprises peuvent avoir des préoccupations sociales ou éthiques qui pourraient faire des entreprises des citoyens à part entière, non uniquement préoccupés par la recherche du profit. Mais ceci est faux. Les managers ne défendent qu'une idée : l'asservissement de leurs employés à l'intérêt de l'entreprise et une préoccupation d'image des entreprises pour faire joli, pour faire vendre. Les managers n'auront jamais de préoccupations purement sociales, même ceux qui se disent socialistes ou de gauche. Seul les intéressent la recherche du pouvoir et du profit !
Même si peu le savent, l'action législative de ce gouvernement de gauche a été une nouvelle fois de détricoter le droit du travail français et de répondre à toutes les revendications des patrons et des managers visant à plus de souplesse dans les relations de travail. Bientôt, le gouvernement prendra de nouvelles mesures pour unifier les instances représentatives du personnel dans les entreprises, ce qui est une préoccupation habituelle de la droite et non pas de la gauche.
Il y a ainsi une erreur stratégique insupportable des gouvernants socialistes.
--> En s'attaquant aux classes moyennes, ils s'attaquent à la majorité des français qui se sentent concernés.
--> En défendant les revendications de quelques groupes de pression ethniques ou d'identité sexuelle, ils ne touchent qu'une infime minorité de leurs électeurs, et ils agressent les sentiments d'une grande majorité d'entre eux.
--> Ils s'aliènent la classe d'âge des plus jeunes qui dans huit-dix ans, disposeront du droit de vote et n'oubliront pas la réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon.
--> En défendant les entreprises et leurs managers et en oubliant la mantra socialiste de défense des travailleurs, ils s'aliènent le peuple de gauche, le peuple des travailleurs, qui n'aura bientôt plus comme seule solution pour être entendu que de se tourner vers les extrêmes, et notamment vers le Front National qui présente l'avantage de ne pas être moribond.
--> Surtout, ils oublient qu'ils ne sont plus en 1980. Il n'y aura pas de législative intermédiaire qui leur permettra d'être oublié par les électeurs, ni à François Hollande d'apparaître comme un arbitre au dessus des partis !
Réflexion cinquante-sept (7 janvier 2014)
Les voeux 2014 aux Français de François Hollande : comment y croire ?
Ce que j'ai pu lire ou voir en racourci des voeux de François Hollande m'a largement suffi pour conforter mon opinion négative de ce personnage. «Des voeux de combat et de confiance dans l'avenir» ? A d'autres ! Derrière une image pompeuse que l'Elysée veut promouvoir pour les voeux 2014, il y a le même personnage grotesque et le même gouvernement d'incompétents et d'apprentis sorciers que les mois précédents. Rien à attendre de bon de ces ministres socialistes, même si ceux-ci ont normalement le monopole de la parole publique pour les prochaines années. Et j'ai lu qu'une proportion très importante des français ne lui faisait absolument pas confiance pour cette année 2014. «Depuis janvier 2013, le chef de l’Etat est [ainsi] passé de 46 % à 31 % de jugements positifs sur sa compétence». Et «de 48 % à 26 % sur sa capacité à prendre des décisions qui s’imposent». Seuls «27% des Français ont une bonne opinion de lui». «L’image du capitaine de pédalo inventée par Jean-Luc Mélenchon lui [colle] à la peau comme un sparadrap».
Des voeux de combat ! Comment peut-on croire aux grandes idées, aux grands enjeux que François Hollande met en avant ? La lutte pour inverser la courbe du chômage, pour relancer l'emploi ? Promesse oubliée du même personnage pour cette fin d'année 2013 ! Evidemment, à force de faire cette promesse, avec un peu de chance, il arrivera à la tenir avant la fin de son mandat en 2017. En l'absence d'une nouvelle crise économique, cette promesse ne devrait pas être trop difficile à tenir. Mais même en l'absence de gouvernement et de président de la république, cette promesse aurait été tenue. L'emploi devrait repartir avant 2017 !
Ce qui pose problème dans ces voeux sur ce sujet, c'est plus simplement que François Hollande et son gouvernement n'ont absolument rien fait pour relancer l'économie et l'emploi depuis l'élection présidentielle de 2012. Rien du tout, si ce n'est une cacophonie sur quelques emplois aidés qui n'arrivent même pas à se mettre en place. Comment créer de l'emploi, comment consommer lorsque l'on a aucune confiance dans la politique qui va être menée par un gouvernement ? Investir, embaucher, consommer, s'endetter lorsque l'on ne sait pas combien d'impôts on va se voir prélever, qu'une équipe d'incompétents parle de pause fiscale en même temps que de création de nouveaux impôts, voire de réforme de la fiscalité ! Il ne faut pas être devin pour comprendre que lorsqu'un gouvernement incompétent parle uniquement de baisser les impôts sur les plus ménages les plus modestes (et surtout les plus assistés) ainsi que sur les entreprises, les classes moyennes ainsi que les plus hauts revenus vont être encore plus matraquées fiscalement qu'ils ne l'étaient par le passé. En effet, ce gouvernement est incapable de baisser les dépenses pour permettre d'abaisser le niveau des prélèvements fiscaux ! En matière de niveau d'imposition, de consommation et d'investissement, la science économique a totalement raison : la confiance est indispensable à leur redémarrage. L'absence de confiance des agents économiques dans le niveau des prélèvements futurs les conduit à bloquer la consommation et l'investissement, et interdit à la machine économique de repartir.
La promesse de baisser les impôts des français ? Vaine promesse également puisqu'il est évident que les baisses qui seront consentis à certains seront obligatoirement prélevées sur d'autres français, les classes moyennes que François Hollande semble haïr depuis 2007 et ses diverses sorties contre les classes moyennes ou sa politique anti-familiale ou pro-homosexuels depuis son élection de 2012 ... Moins d'impôts pour certains, les assistés que le parti socialiste ne cesse de défendre depuis le début des années 1990 ... et plus d'impôts pour d'autres, les classes moyennes en général qui seront les plus faciles à matraquer fiscalement !
La baisse des charges des entreprises pour celles qui respecteraient le pacte de responsabilité ? Encore une fois, ce sont encore les salariés (appartenant à la classe moyenne) qui subiront les baisses des charges patronales promises par le gouvernement aux entreprises françaises, pacte de responsabilité ou non ! Ce sont nos salaires qui baisseront à hauteur de la hausse de la CSG pour permettre de baisser les charges patronales payées par les entreprises. On s'amuse à nous faire croire que les cadeaux aux entreprises seront favorables à l'emploi ou neutres pour les salariés, mais si on touche à la CSG, on touche aux salaires des salariés !
Je ne peux finir cet article sans reprendre cet excellent article de Paris Match, qui retranscrit si admirablement ce que j'ai tant de peine à exprimer. J'y retrouve exprimer la majeure partie des points de crispation qui ne me conduisent plus désormais à me dire socialiste ...
http://www.parismatch.com/Actu/Societe/La-France-au-bord-de-la-crise-de-nerfs-541989
Réflexion cinquante-six (24 juin 2013)
La législative partielle de Villeneuve-sur-Lot : face à un Parti socialiste désavoué, le Front National fait jeu égal avec l'UMP
Ce qui s'est passé ce week-end (et les semaines précédentes) lors de la législative partielle du Lot-et-Garonne (à Villeneuve-sur-Lot) devrait être considéré comme extrêmement préoccupant. Le candidat du Front National, Etienne Bousquet-Cassagne, âgé de 23 ans, a recueilli 46,24% des suffrages (après 26,04% au premier tour) derrière le candidat de l'UMP, Jean-Louis Costes, qui a lui recueilli 53,76% des suffrages.
Cette victoire du candidat de l'UMP ne doit pas masquer l'ampleur de la progression du vote Front National. Face à l'ensemble des partis de gouvernement et aux appels au vote républicain, le Front National fait pratiquement jeu égal avec son adversaire politique.
Consternation. D'un côté, nous avons un parti socialiste qui perd des milliers de voix lors des huit dernières législatives partielles enclenchées depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la république, et qui perd ces huit dernières législatives ... Et de l'autre, nous avons un parti frontiste qui progresse inexorablement dans l'électorat.
A chaque fois, évidemment, les commentateurs et les hommes politiques trouvent des explications à ce qui est en train de se passer dans l'électorat. L'élimination au premier tour de Villeneuve-sur-Lot s'expliquerait par les séquelles de l'affaire Cahuzac, ou par la désunion des forces de gauche ! Ceux qui se réfugient derrière ces arguments misérables, en premier lieu le président de la république et le chef du gouvernement, devraient avoir le courage de regarder la vérité en face : c'est la politique menée depuis un an par le gouvernement socialistes qui est à l'origine du désaveu de l'électorat de la gauche ! Et il ne s'agit pas d'un désaveu temporaire, mais d'une rupture.
Le gouvernement socialiste a attaqué les valeurs dans lesquelles croyaient une partie de son électorat de gauche. Des valeurs humanistes et religieuses qui n'empêchaient pas ces électeurs de voter socialiste parce qu'ils croyaient en une justice sociale, en des valeurs de partage et de respect des autres. Mais l'affaire du mariage des homosexuels/homosexuelles et les attaques de François Hollande vis-à-vis de la religion catholique, orchestrée depuis son élection, ont créé un fossé croissant entre cet électorat modéré et le parti socialiste.
Et se pose aujourd'hui de façon drastique la question de la récupération de cet électorat, qui est perdu à la fois pour le Parti socialiste et pour l'UMP. Cet électorat pourra-t-il trouver ses représentants au sein d'un parti centriste dans lequel cet électorat modéré et croyant devrait pouvoir être recueilli (mais encore faudrait-il qu'un tel parti émerge de la multitude de factions qui croient représenter le centre) ? Mais cette possibilité est empêchée par tous ceux qui croyant bien faire s'échinent à défendre l'idée d'un parti UMP unitaire regroupant la Droite et le Centre (voir par exemple les interventions de Jean-Pierre Raffarin).
Ou bien cet électorat échouera-t-il auprès du Front national dont l'une des composantes est justement constituée par une aile catholique intégriste ... mais dont la dirigeante réussit à tenir un discours extrêmement fédérateur, asseptisé ... Le vote Front national n'est aujourd'hui plus un vote repoussoir, ou bien de moins en moins, et il n'en est que plus dangereux !
Réflexion cinquante-cinq (22 décembre 2012)
Le MEDEF, les exilés fiscaux et 1789
Laurence Parisot, la patrone du MEDEF, a eu quelques mots extrêmement révélateurs d'un certain état d'esprit. Que voulait-elle dire lorsqu'elle a déclaré : «On est en train de recréer un climat de guerre civile, qui s'apparente à 1789».
1789, moment emblématique de l'histoire française, qui voit la fin des privilèges d'une classe de nobles, la fin de l'esclavage dont était victime l'immense majorité de la population, dont la servitude à l'égard de leurs suzerains pouvait toujours être rétablie, qui était de temps à autre rétabli par quelques seigneurs violents ... La fin d'une justice seigneuriale possiblement injuste ... La fin des privilèges de quelques uns ... et la fin de la royauté.
1789 fut aussi le temps de l'exil des nobles vers l'Angleterre toute proche, mais également vers les empires voisins (Autriche-Hongrie, le Saint empire romain germanique ...).
Et enfin 1789 et les années suivantes furent aussi l'époque de la guillotine, d'abord pour les nobles, puis pour la famille royale, et enfin pour tous ceux considérés comme ennemis du peuple, jusqu'à Robespierre lui-même.
De quel 1789 nous parle Laurence Parisot. Auquel pense-t-elle en nous en parlant. De cette société de privilèges pour les puissants que la France est devenue depuis les années 1970-1980 sous les coups de boutoir du libéralisme, où la richesse est désormais considérée comme un but ultime ? On ne peut s'empêcher de penser à cette France des privilèges et des privilégiés lorsqu'elle nous parle de 1789 ; elle, la représentante de ce monde des puissants et des privilégiés !
On ne peut s'empêcher lorsqu'elle nous parle de 1789 de faire ce rapprochement entre les exilés fiscaux actuels et les exilés nobles de l'époque. Mais aujourd'hui leur fuite est beaucoup moins difficile, beaucoup moins dangereuse, mais plus simple. Ils partent avec toutes leurs richesses non pas parce qu'ils craignent pour leur vie, mais simplement parce qu'ils veulent économiser de l'argent, payer moins d'impôts ... Il ne s'agit plus de fuir en callèche en évitant les ornières et en fuyant des bandes de paysans assoifés de sang ... Ils prennent simplement l'avion au vu et au sus de tous, en se gaussant de ceux qui restent, des pauvres qu'ils mettent au chômage, juste dans un but politique, pour faire pression sur le gouvernement ...
Laurence Parisot nous parle de guerre civile mais ne craint-elle pas une révolte de tous ceux qui n'ont rien vis-à-vis de tous ceux qui ont tout, qui possèdent tout, jusqu'à la vie des pauvres, comme aux pires moments qui précédèrent 1789 ?
Il y a des discours qui vous trahissent. Celui de Laurence Parisot en fait partie ... Le discours d'une représentante de la nouvelle classe des nobles de notre temps, qui ont reconstruit la même domination de classe que celle qui avait existé jusqu'avant 1789. Une forme d'aveu !
Réflexion cinquante-quatre (16 décembre 2012)
Le gouvernement, l'exil fiscal de Depardieu et les impôts ...
Quelques mois se sont écoulés depuis les dernières élections présidentielles et législatives ... Depuis lors, les cotes de popularité de François Hollande et de son premier ministre se sont effondrées, de nombreux français semblent particulièrement insatisfaits de la politique gouvernementale, et les plus récentes élections législatives partielles montrent un recul du parti socialiste, qui n'a pas réussi à rassembler ses électeurs selon ses dirigeants, ou qui plutôt fait déjà l'objet d'un vote sanction des élections plus probabablement. De mon côté, si c'était à refaire, je ne revoterais plus pour François Hollande à la présidentielle.
Pour un homme qui a si peu agi depuis l'élection présidentielle, comment expliquer ce désamour dont il fait désormais l'objet ? Comment expliquer ce mécontentement diffus de tant de millions d'électeurs ? J'ai de la peine personnellement à m'expliquer ma propre déception. C'est une accumulation de petites déceptions, de petites décisions plus ou moins déjà actées mais soi-disant non encore arrêtées, qui avantagent on ne sait quels groupes de pression mais qui ne servent aucunement l'intérêt de tous, prises par quelques uns des sbires qu'il a placé au gouvernement. C'est le débat sans aucune réelle concertation autour de l'école, autour de l'idée hollandaise arrêtée au cours de la campagne de faire travailler les enfants cinq jours par semaine. C'est le mariage pour les homosexuels, faisant par la même disparaïtre les notions de père et de mère. C'est la découverte que la laïcité socialiste est un dogmatisme anti-clérical scélorosé et haineux, me permettant de comprendre que les croyants catholiques ne devraient pas voter socialiste, mais rejoindre la droite ou le centre-droit. C'est aussi cette impression que ce gouvernement élu par des électeurs socialistes mène une politique purement libérale, tournée autour de la préservation de la compétitivité des entreprises par le biais de la baisse des salaires, et qui a un jour envisagé sereinement de remettre en cause l'acquis social des trente-cinq heures.
Les socialistes pourront-ils tenir encore quatre ans et demi de cette manière, menant une politique appelée à devenir de plus en plus impopulaire, de plus en plus éloignée des aspirations de ceux qui les ont élus ? A moins que l'appui des seuls homosexuels ne leur suffise !
Le débat autour de la fiscalité que l'exil fiscal de Gérard Depardieu en Belgique a déclenché présente un certain nombre d'autres points intéressants. Des hommes politiques de premier plan comme le premier ministre et des députés ou sénateurs devraient-ils émettre des opinions plus mesurées, plus respectueuses lorsqu'ils parlent d'autres français, dont le seul crime est de vouloir quitter la France ? Le premier ministre pouvait-il traiter le départ de Gérard Depardieu de minable ?
Au-delà de ce point rhétorique, la politique fiscale de la France pose de véritables questions. L'impôt peut-il reposer principalement sur quelques hauts revenus très lourdement imposés sans risque ? La pression fiscale n'est-elle pas trop importante sur ceux qui restent, avec le risque que le nombre de ceux lourdement imposés ne croissent à proportion de la fuite des plus riches d'entre eux ? Le fait de devoir verser au fisc 85% des revenus d'une année n'est-il pas exagéré, même lorsque l'on est immensément riche ?
La réponse à toutes ces questions me semble évidente. Il me semble que le système fiscal français devrait être revu pour imposer de manière beaucoup plus générale tous les contribuables français, quelque soit leur niveau de revenu. Il n'est pas normal qu'une si forte proportion de français ne paient pas d'impôt sur le revenu, voire que tant bénéficient de remboursement d'impôts (la prime à l'emploi). Le nombre de contribuables imposés tend ainsi à diminuer d'années en années, et la base fiscale à se rétrécir au fur et à mesure de l'exil des plus riches ... Un impôt vraisemblablement moins élevé mais concernant tout le monde, contrepoint à une citoyenneté désormais vécue comme ouvrant des droits et non des devoirs. La fuite des français devant l'impôt n'est pas normale, qu'elle concerne l'exil et les triches des plus riches ou les triches des moins riches ! Il ne s'agit pas simplement de prendre aux pauvres pour donner aux riches, mais de reconnaître que la politique fiscale française va désormais dans le mur. Il s'agit de remettre en cause non seulement les niches fiscales des plus riches, mais aussi celles qui permettent à tous les pauvres et les fraudeurs sociaux d'échapper à l'impôt.
Concernant enfin les exilés fiscaux et la politique à conduire à leur égard, c'est d'abord aux français de réagir. Si les français continuent à acheter les disques de Johny Halliday ou ceux de Florent Pagny, s'ils continuent à affluer à leurs spectacles, si les français continuent d'aller voir les films de Gérard Depardieu, alors ces riches fuyards ont tout à fait raison de s'enfuir à l'étranger pour payer moins d'impôt et échapper à la justice française. Les français n'ont qu'à être eux-mêmes citoyens, refuser de regarder les émissions de variété qui invitent ces exilés fiscaux, refuser que des exilés fiscaux puissent être capitaine d'une équipe de France de coupe Davis, ou les représentent dans une compétition internationale. C'est aux français de les punir ! Tant qu'il ne sera pas possible au sein de l'Europe de disposer de dispositions fiscales qui imposent à nos ressortissants exilés de payer les impôts qu'ils auraient dû acquitter en France !
Saucratès
Mes précédents écrits sur la Politique :
1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2002350-sur_la_politique__1_.html
2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2002365-sur_la_politique__2_.html
3.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2002377-sur_la_politique__3_.html
4.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2002564-sur_la_politique__4_.html
5.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2291860-sur_la_politique__5_.html
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