Economie
Les fonds souverains, un débat oublié
Aujourd’hui, les médias ne parlent plus véritablement de finances. On ne parle plus du tout de l’influence des fonds de pension, des fonds souverains, et de leur possibilité d’influence sur l’économie et les grandes multinationales occidentales. Leur influence a-t-elle disparu depuis les années 2007-2009, dernières années où les médias français publiaient des informations sur ces derniers ?
Le problème du Monde, c’est qu’à tout vouloir expliquer par le biais du politique et par une vision dichotomique du Bien et du Mal, ils ne savent plus rien expliquer dans le monde actuel. Quelle est l’influence réelle des fonds de pension et des fonds souverains dans le système financier occidental à l’heure actuelle ? Quelle est leur puissance réelle ? Et pourquoi les médias actuels comme Le Monde se taisent sur leur influence réelle actuelle, n’en rendent pas compte ? Ne comprennent-ils rien au monde actuel dans lequel nous vivons ? Le fait que l’idéologie plutôt que la réalité règne dans la description de la situation économique et politique mondiale nous aveugle autant qu’elle aveugle Le Monde et ses journalistes.
Reprenons donc. En 2007-2008, les fonds souverains font l’objet d’un champ de réflexion médiatique important. Leur importance et leur multiplication interpellent à cette époque-là : la revue Futurible en dénombrait 40 en 2008 représentant 3.000 milliards de dollars d’actifs. Surtout, on plongeait en pleine recession financière, l’une des pires crises que le monde avait connu depuis 1929, voire pire que 1929, et les bourses occidentales comme celles de toute la planète se sont effondrées, avant et après ce recensement.
Les autres principaux acteurs recensés de la finance mondiale étaient les fonds de pension, les hedge funds et les fonds d’investissement, ou private equity. Toujours fin 2007, on dénombrait 10.000 hedge funds dans le monde gérant environ 1.700 milliards de dollars d’actifs.
1 - Déjà en 2008, le système financier français paraissait perdu devant la puissance financière organisée du reste du monde.
Les acteurs financiers organisés dans la finance mondiale étaient constitués d’une part aux Etats-Unis d’un grand nombre de fonds de pension et de hedge funds qui constituaient une sorte de bras armés de la finance américaine. De l’autre, de grands pays émergents disposaient de puissants fonds souverains capables de racheter et de relocaliser de puissantes entreprises françaises ou européennes.
Et au milieu de tout cela, la France n’avait pas à l’époque de bras armé suffisamment puissants pour protéger son industrie. La CDC et la Banque de France ne pouvaient rivaliser ou bien ne pouvaient racheter les fleurons industriels français, et les banques françaises, les compagnies d’assurance et les SICAV et FCP se focalisaient sur les fonds obligataires et le financement de la dette de l’Etat français.
Aujourd’hui, la situation n’a pas vraiment changé même si il a existé un fonds stratégique susceptible d’intervenir pour sécuriser l’actionnariat d’un fleuron industriel. Celui-ci a fusionné depuis pour donner naissance à BpiFrance. Mais les moyens de la France ne sont toujours pas à la hauteur de la puissance des autres fonds souverains étrangers. Et les grands capitalistes français ne seront pas intéressés à prendre le contrôle de fleurons industriels si leur contrôle était menacé.
Évidemment, les expériences de certaines prises de contrôle hostiles ces derniers temps ont montré que les États occidentaux pouvaient les bloquer en refusant des rachats considérés comme hostiles, en imposant aux vendeurs ou aux acheteurs de sélectionner un autre acheteur ou en découpant ces entreprises en préservant certaines activités stratégiques.
La situation de contrôle financier de notre économie s’est-elle malgré tout améliorée depuis 2008 ? La puissance financière et l’influence des fonds souverains et hedge funds étrangers ne représentent-ils plus une menace pour l’indépendance et l’autonomie de l’industrie française et européenne ? Ou bien nos médias ont-ils cessé de s’intéresser aux enjeux financiers et économiques actuels pour ne plus se focaliser que sur des enjeux idéologiques dichotomiques, le BIEN contre le MAL ?
2 - Qu’est-ce que les fonds souverains et quels sont les plus puissants ?
Un fond souverain est un fond créé le plus souvent par un Etat émergent ou non, qui l’alimente le plus souvent à partir de ses réserves et de ses excédents en devises. Leur but est avant tout de placer et de gérer de manière rentable des liquidités publiques qui ne font ou ne peuvent pas faire l’objet d’investissement dans leur pays d’origine. Ce sont ainsi des véhicules financiers publics qui possèdent, gèrent ou administrent des fonds publics et qui les investissent librement dans un grand nombre d’actifs.
On estime que deux événements financiers notamment ont conduit les pays émergents à créer des fonds souverains : le premier choc pétrolier de 1973, en faisant apparaître des excédents importants de pétrodollars détenus par les pays exportateurs de pétrole. Le deuxième événement est la crise financière de 1997 des pays asiatiques, qui les a poussé à accumuler par la suite des réserves de change importantes pour éviter de se retrouver à nouveau dans la situation qu’ils ont connu en 1997, sous la coupe des plans d’ajustement structurels du Fonds monétaire international (FMI).
En 2007,
- Le premier fonds souverain au monde était le «Abu Dhabi Investment Authority» (ADIA) des Émirats Arabes unis, créé en 1976, dont le montant des actifs détenus s‘élevait à 875 milliards de dollars.
- Le second fonds souverain était le «Gouvernment of Singapour Investment Corporation» (GIC) de Singapour créé en 1981 dont les actifs s’élevaient à 330 milliards de dollars.
- Le troisième fonds était norvégien, le «Gouvernment Pension Fund Global» (GPFG), créé en 1990 et dont les actifs s’élevaient à 322 milliards de dollars.
- Le quatrième fonds était d’Arabie Saoudite avec des actifs détenus à hauteur de 300 milliards de dollars.
- Le quatrième fonds était koweïtien (KIA-Kuwait Investment Authority), créé en 1953, avec des actifs de 250 milliards de dollars.
- Enfin, à la sixième place, on trouvait la Chine, avec un fonds souverain créé en 2007 avec 200 milliards de dollars.
Aujourd’hui, dix-sept ou dix-huit ans plus tard, pourquoi ce sujet ne paraît-il plus représenter un sujet d’importance ? N’est-ce qu’en période de crise financière majeure que les médias s’intéressent à ces questions financières ? Le reste du temps, évitent-ils de s’y intéresser ou d’y intéresser leurs lecteurs parce qu’il serait problématique d’inquiéter leur lectorat, leur public ou la population ? Les premiers à se plaindre de la pauvreté des débats entre les hommes ou femmes politiques sont-ils les premiers à enfouir les sujets problématiques sous les tapis ?
«On estime au début des années 2020 qu’il existe désormais une centaine de fonds souverains dans le monde. Le Sovereign Wealth Fund Institute estime le montant global des actifs gérés par les fonds souverains à plus de 8.200 milliards de dollars. Les cinq plus gros pèsent plus de 4.000 milliards. À titre de comparaison, cela représente un encours global plus important que celui des hedge funds (autour de 3.000 milliards aujourd’hui). Cependant, c’est bien plus faible que les investissements des fonds de pension (32.000 milliards de dollars à fin 2019, source OCDE).»
https://www.epargnant30.fr/fonds-souverains/
Le fonds souverain le plus puissant au monde serait désormais le fonds souverain norvégien qui pèserait 1.200 à 1.300 milliards de dollars d’actifs. On trouverait à la deuxième place le fonds souverain chinois (le VIC) avec 1.000 milliards de dollars d’actifs.
À la troisième place, on trouve le fonds souverain de Hong Kong, qui gère 586 milliards de dollars alors que celui-ci pointait à la septième place fin 2007 avec des actifs détenus de 140 milliards de dollars. À la quatrième place, on retrouve ADIA, le fonds souverain d’Abu Dhabi, qui pèserait 580 milliards de dollars. Pour rappel, fin 2007, il trustait la première place avec des actifs de 875 milliards de dollars. Mais selon le Sovereign Wealth Fund Institute, le fonds gérerait en 2024 un montant de 998 milliards de dollars d'actifs.
Il en va de même pour le fonds souverain de Singapour, le GIC, à la sixième place en 2020 avec 453 milliards de dollars d’actifs, classé fin 2007 à la seconde place du classement avec des actifs de 330 milliards de dollars.
3 - La pauvreté des débats actuels autour des fonds souverains en France implique-t-il que ceux-ci ne font désormais plus peur ? Ou que leur capacité d’influence s’est affaiblie depuis 2007 ?
Quand je parle de pauvreté des débats, je ne pense pas qu’aux analyses du Monde mais aussi aux magazines financiers comme Les Échos que ne s’en émeuvent plus guère non plus. Nous sommes apparemment rentrés dans une époque où l’enjeu est de rechercher les investissements des fonds souverains étrangers comme les sommets «Choose France» de Macron où celui-ci les courtise et cherche à attirer les investisseurs étrangers.
Jusqu’à la prochaine crise financière de grande ampleur ou bien jusqu’au prochain danger touchant un de nos derniers grands fleurons industriels ? Mais en reste-t-il encore à défendre ? N’est-il pas surprenant d’observer l’alignement des médias sur la position gouvernementale ? Que Macron défende ses sommets «Choose France» c’est probablement normal pour un ancien banquier de chez Rothschild. Que Le Monde et les autres médias ne se posent plus de questions, c’est peut-être par contre plus inquiétant.
Si les fonds souverains ne font plus peur, c’est peut-être d’ailleurs que leur influence a diminué. Il y a peut-être une acceptation du monde de la finance par une partie du champ politique libéral français et par les journalistes composant la sphère médiatique. C’est dans l’ordre de la finance qu’il y existe des fonds activistes, des hedge funds et des fonds souverains. Il est peut-être désormais accepté que les entreprises mal gérées ou défaillantes même françaises soient attaquées par ces fonds et que ceux-ci forcent leurs dirigeants à se réformer ou à partir. C’est probablement vrai pour des libéraux au gouvernement ou dans les médias. C’est aussi vrai tant que la France y trouve à y gagner. Le jour où les usines Peugeot ou Citroën de Stellantis basculeront sous actionnariat étranger et que des licenciements massifs seront décidés en France, on en reparlera. Et lorsqu‘un Donald Trump français se saisira de ce sujet, cela donnera des velléités protectionnistes comme on l’observe outre-Atlantique.
La puissance relative des fonds souverains a probablement également diminué par rapport à 2007. Lorsque Nvidia, la première capitalisation boursière au monde atteint 4.000 milliards, elle demeure largement plus puissante que les plus puissants fonds souverains. Même si, pendant le même temps, la richesse de certains des plus gros fonds souverains a également quadruplé ou quintuplé. En 2007, on estimait que le fonds souverain d’Abu Dhabi aurait pu s’acheter Total, Axa, Bnp Paribas, Crédit Agricole, Bouygues, L’Oréal, Michelin, Danone et LVMH réunis. C’est peut-être encore plus ou moins le cas, chacune de ces entreprises françaises pesant environ une centaine de milliards d’euros de capitalisation boursière, à l’exception de L’Oréal et de LVMH dépassant désormais chacune 200 milliards d’euros. Mais les plus puissantes entreprises mondiales leur échappent comme Apple, FaceBook, Amazone et autres.
4 - L’émergence d’un nouvel ennemi ?
Au fond, les fonds souverains et les fonds de pension ou autres hedge funds ne nous paraissent peut-être plus être les principales menaces pesant sur la finance mondiale et sur les bourses mondiales parce que le nouvel ennemi n’est plus ces fonds très puissants, dont la France est toujours dépourvu, mais les majors de la Technologie, à savoir Nvidia, FaceBook, Amazone, X et Tesla, et demain BYD. La finance mondiale a changé d’ennemis et de geants à combattre. Mais ce n’est pourtant pour cette raison que le comportement des fonds souverains ne demeure pas un danger en permettant à des états étrangers d’accaparer des ressources et de racheter des actifs et des entreprises pour asseoir leur puissance.
Ce sujet des fonds souverains ne devraient pas être oublié par nos politiques et par les médias. Les GAFAM ou les 7 merveillous ne sont pas les seuls risques risquant d’affecter la finance mondiale.
Saucratès
Fatigue économique
Thomas Piketty me fatigue. C’est évidemment un très grand et très connu économiste, auteur d’un livre magistral dont la lecture m’a été conseillée, mais que je n’ai toujours pas réussir à lire, ou plutôt, dont la lecture n’a pas réussi à m’intéresser : «Le capital au 21ème siècle».
Le Sénat français a donc refusé le vote d’une taxe de 2% sur les plus hauts patrimoines. Certes c’est problématique et cela s’oppose aux idées que suggère ou véhicule Thomas Piketty. Mais c’est conforme à la doxa de la Droite et des macronistes : cette opposition à toute forme d’imposition sur la fortune.
Ce qui me gêne sous la plume de Thomas Piketty, c’est qu’il puisse présenter ses idées et ses préconisations d’intellectuel comme un acquis, comme une réalité. L’idée que les expatriés fiscaux qui choisiraient de s’installer et de se déclarer contribuables d’un autre pays se verront astreints à continuer à payer leurs impôts en France. Le problème, c’est que ce n’est pas le cas. On ne peut pas se présenter comme un économiste et faire de la politique fiction. Si on propose des idées, ces idées doivent pouvoir être déclinées dans le monde réel, et non dans le monde de politique-fiction de l’auteur.
Pour ma part, évidemment, je serais favorable à ce que les règles fiscales américaines soient déclinées en France et plus largement en Europe (mais quelle importance pour l’Europe, puisque chaque pays y défend son propre intérêt et que l’Irlande a pu combattre les jugements qui lui imposaient de percevoir des impôts des majors américaines. Je suis favorable à l’idée que tout expatrié français doivent continuer à payer ses impôts sur le revenu et sur la fortune en France quelque soit le pays où il s’est installé. La généralisation des règles fiscales américaines qui font de tous citoyens américains, même ceux qui l’ignorent et qui n’y ont jamais vécu, des contribuables à vie devant payer et déclarer leurs impôts aux Etats-Unis. Il faut imaginer que chaque banque dans le monde est sensée recenser les ‘US persons‘ pour pouvoir remonter les informations les concernant au fisc américain.
La question posée par le Sénat français, ainsi que par Thomas Piketty et la Gauche française, c’est évidemment de se demander comme faire face à la dégradation des comptes publics francais, à l’explosion des dépenses publiques et de la dette publique. Comment peut-on concilier la réduction des déficits publics, une meilleure couverture des besoins sociaux des citoyens français, tout en conservant une pression fiscale supportable pour les contribuables que nous sommes ? Vaste débat.
Mais de là à faire comme si les propositions de Thomas Piketty étaient déjà des faits avérés, des vérités indiscutables, sur lesquelles on pouvait se baser pour extrapoler toujours plus loin, il y a un monde, il y a un détroit, il y a un océan !
Les certitudes inébranlables de Thomas Piketty (de sa propre grandeur) ne sont pas les seules aberrations économiques de notre actualité. Il y avait également les prises de position du patron du MEDEF autour des pistes d’économie pour la Sécurité sociale postées en avril 2025. Son idée de priver de remboursement ou de prise en charge les personnes refusant de se faire vacciner me semble évidemment problématique. Sans savoir exactement de quelle vaccination il parle (grippe ? Chikungunya ? Coronavirus ?), je pense qu’il est dangereux d’user de cet expédient, justement parce qu’il est probable qu’il existe des vaccins contre à peu près tout et que si on prive de remboursement et de couverture sociale tous ceux qui n’auront pas utilisé tels ou tels vaccins expérimentaux, on risque de ne plus avoir aucune couverture pour personne, mis à part ceux auxquels on ne peut refuser la prise en charge (les sans-papiers).
Non, ce qui, je pense, est une aberration, est l’idée (à laquelle il semble d’ailleurs opposé) de priver de couverture sociale les contribuables les plus riches ou les plus aisés. Évidemment, cela semble normal qu’il y soit opposé. Il représente tous ceux qui en seraient exclus. Mais il est indéniable que la Sécurité sociale a été créée au sortir de la seconde guerre mondiale pour couvrir tout le monde, sans exception. Par souci de principe éthique, on ne peut pas commencer aujourd’hui à exclure certaines personnes parce qu’elles sont riches, alors qu’on trouve normal d’en faire bénéficier ceux qui n’y ont jamais cotisé, comme les sans-papiers ou les exclus. Les plus riches contribuables ont éthiquement autant droit que les autres d’en bénéficier.
Cette idée, à laquelle il devrait d’ailleurs être favorable, si on réfléchit bien, porte en germe la fin du régime de la Sécurité sociale tél qu’on le connaît. Cette idéologie porte en germe la possibilité de choisir, pour les plus riches contribuables, un régime privé de sécurité sociale en lieu et place du régime public et unique. Cette ideologie porte en germe la fin de notre sécurité sociale dès lors que les salariés les plus riches pourraient décider de rejoindre un système privé. Soyons clair, la Sécurité sociale traite également tous les patients, sans s’intéresser à leur capacité contributive.
Si les contributeurs les plus riches pouvaient choisir le régime privé de leur choix, parce qu’ils en seraient exclus, ils pourraient faire d’énormes économies en échange de prestations bien plus intéressantes, même si le modèle américain nous démontre qu’il est problématique de laisser des mutuelles décider des traitements médicamenteux auxquels nous aurons le droit. Mais éliminons ce problème. À la base, il y a évidemment des niveaux de salaire à partir desquels il sera plus avantageux de rejoindre un régime privé, qui n’aura à payer pour aucun sans-papiers ou sans-revenus. Parce que les cotisations salariales et patronales qu’ils payent excèdent largement le coût immédiat de leurs dépenses de santé. Et chacune de ces sorties de contribuables ou salariés aisés vers un régime privé appauvrira encore un peu plus le régime de la sécurité sociale publique. Jusqu’à son effondrement financier ou du moins jusqu’à la réduction au modèle américain ou anglais.
Que ce genre d’idées ou d’idéologies puissent être réfléchies et véhiculées pose problème. Soit ceux qui nous dirigent cherchent à faire le jeu d’une idéologie mortifère et non démocratique, soit ils sont stupides. Soit les deux à la fois …
Saucratès
Pour continuer dans ma critique de l’écologie
J’apprécie énormément les commentaires et les articles publiés par le médecin et écologiste Bruno Bourgeon, qui me fait parfois l’honneur et le plaisir de me répondre sur ce blog. Par rapport à moi, il a l’avantage de croire en ce qu’il défend, l’écologie, et dans les arguments qu’il développe. Pour ma part, je ne crois plus en l’écologie, minée par le féminisme et par ce que je considère comme le combat contre le patriarcat.
Pour ma part, je ne crois pas en l’existence du patriarcat. Il y a des femmes de pouvoir dans toutes nos organisations et elles sont bien souvent aussi pires, aussi carriéristes, aussi violentes que les dirigeants masculins. Le patriarcat n’existe pas en soi. Il existe une confiscation des postes au sein des élites par un nomenklatura issue d’un certain nombre d’écoles, de cercles d’influence sans que cela n’est rien à voir avec le patriarcat. Remplacez et éliminez les hommes de pouvoir et vous aurez à la place des femmes de pouvoir issues des mêmes cercles, défendant les mêmes idées, avec les mêmes méthodes. Et elles agresseront peut-être même tout autant les jeunes et jolies stagiaires … mais on ne pourra peut-être rien dire au nom de la lutte supérieure contre l’homophobie. Au fond, la lutte des féministes contre le patriarcat n’est qu’un combat politique pour prendre le pouvoir, pour renverser l’ordre. Elles ont juste investi le parti écologiste et LFI.
Selon Bruno Bourgeon, l’écologie serait donc une science visant la recherche d’un équilibre durable pour notre planète et pour l’espèce humaine ainsi que toutes les autres espèces avec lesquelles nous vivons en symbiose ou en équilibre. En un moment quelconque de l’histoire de l’Humanité, quelque part entre aujourd’hui et il y a une dizaine de millénaires avant notre ère, l’Humanité a été capable de modifier l’ensemble des équilibres terrestres existant. À la différence des autres espèces animales ou végétales qui ne vivent en symbiose qu’avec un nombre restreint d’autres espèces, l’Humanité s’est révélée capable d’influer sur le cycle de vie et les symbioses entre tous les êtres vivants sur Terre. Quand ce moment est-il survenu ? Est-ce lorsque des peuples humains ont été capables d’anéantir la mégafaune des continents sur lesquels ils s’étaient implantés ? On suppose que cela s’est passé au cours des cinquante derniers milliers d’années en Australie après l’arrivée des humains, mais on suppose également que cela peut expliquer la disparition de la mégafaune américaine des mastodontes ou celles des mammouths de Sibérie et d’Europe du Nord. A moins que l’explication ne soit à chercher dans des changements climatiques extrêmes et violents sans que l’homme n’y soit pour rien.
Mais à un moment quelconque de notre passé, l’homme s’est révélé capable d’influer sur l’ensemble du cycle de la vie, changeant et domestiquant les espèces, et les répandant sur l’ensemble des continents et des terres émergées, changeant massivement les écosystèmes. Et aujourd’hui, l’homme est devenu potentiellement capable d’annihiler pratiquement toute vie sur notre Terre.
L’écologie serait donc une science. Dans les années 1990, il y eut une guerre des sciences, où certains relativistes cognitifs remettaient en cause la prétention du scientifisme à tout expliquer, à tout déduire, à tout réduire. Toute explication scientifique des choses n’est valable que jusqu’à ce qu’une nouvelle explication scientifique émerge et explique mieux les faits que la précédente explication scientifique. C’est vrai en physique théorique, en paléo-anthropologie ou archéologie, en sciences de la vie ou en sciences humaines. Et pourtant, en attendant qu‘une nouvelle théorie apparaisse, la précédente théorie a force de dogmes, alors que, étant fausse, elle ne devrait pas pouvoir prétendre à ce dogmatisme.
Rapporté au relativisme cognitif, les affirmations de l’écologie sur le réchauffement climatique devrait pouvoir être interrogées. Et ce n’est pas le cas. Sous l’argument que c’est démontré scientifiquement, le milieu scientifique rejette toute forme de critiques en le ravalant au stade de conspirationnisme et d’obscurantisme. Depuis ce conflit des sciences de 1990, la science a compris qu’elle devrait contrôler les médias et le politique. Toute remise en cause actuellement des dogmes scientifiques sont ainsi impossibles dans les médias. Et la collusion des scientifiques et du politique leur permet ainsi de bloquer toute autre explication des faits dans le champ médiatique, grâce à l’intervention des gendarmes des médias comme l’Arcep en France.
Dans la période actuelle, les recherches de Jankelevitch sur les explications orbitales de l’évolution du climat n’auraient pas pu voir le jour ni avoir la moindre possibilité d’émergence dans la science actuelle. Sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique et de combat contre ceux que les scientifiques appellent des climato-sceptiques et des conspirationnistes, ils interdisent toute autre explication ou réflexion sur l’origine et les explications du réchauffement climatique, en imposant un même discours afin d’écraser toute contestation de toute manifestation contre les mesures impopulaires et liberticides que les écologistes, les politiques et les scientifiques du consensus appellent de leurs vœux et veulent promouvoir. Un conflit médiatique actuel se déroule entre les élites rassemblées et nos cerveaux. Ils ont toutes les armes, tous les médias, ils nous assomment de leurs certitudes, et pourtant nos cerveaux résistent. Et parfois ils se révoltent comme lors des épisodes des gilets jaunes ou la remise en cause des ZFE urbaines.
Cet épisode est intéressant parce qu‘une alliance de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche a eu raison des ZFE à l’hémicycle parlementaire. On ignore si la loi est définitivement passée ou si elle sera invalidée par le Conseil constitutionnel parce que celui-ci a une très surprenante définition de la constitutionnalité des lois. Il défend tout ce que le gouvernement veut et rejette tout ce qu’il ne veut pas. C’est un bon soldat obéissant à mille lieux de ce que le Général de Gaulle avait imaginé en le créant. Les ZFE, ces zones urbaines à faible émission de gaz à effet de serre qui restreignent les droits de circulation des véhicules un peu anciens polluant, sont bien évidemment des zones punissant les ménages pauvres incapables d’acheter les véhicules les plus récents et les moins polluants. Les ZFE sont pensées pour interdire aux prolétaires des banlieues de se rendre dans les grandes villes et dans les grands centres urbains, permettant un système généralisé de flicage des véhicules et des personnes. Les bonnes âmes se lamenteront parce que les ZFE étaient semblerait-il une proposition des Assemblées citoyennes sur le climat. Cette catégorie qui avait vu quelques dizaines de citoyens supposément tirés au sort être manipulés et noyautés par des spécialistes, des scientifiques, et des écologistes qui avaient réussi à faire promouvoir les idées les plus baroques et les plus extrémistes de l’idéologie écologiste. La fin des ZFE est une décision de justice sociale ; il est en effet inutile de faire porter une nouvelle crainte à tous ceux qui habitent loin des centre-villes mais qui ont besoin d’y venir pour des démarches administratives ou pour s’y faire soigner. Ils n’ont pas besoin de craintes ou d’inquiétudes supplémentaires.
Cette question est intéressante. On y retrouve le principe du passager clandestin. La transformation du parc automobile actuel avec la commercialisation croissante de véhicules électriques et hybrides permet de faire décroître l’inconfort de tous les usagers et de tous les riverains des axes routiers, qu’ils aient changé leurs véhicules automobiles ou non. Tout le monde bénéficie de la moindre pollution de l’air, même s’il ne participe pas à l’effort collectif, même s’il se comporte comme un passager clandestin. Sur la route, il vaut mieux suivre un véhicule électrique moderne qu’un vieux véhicule diesel relâchant un panache de fumée noire, bien évidemment.
Le problème est évidemment de vouloir aller plus vite que le rythme normal d’évolution des mentalités. Les écologistes pourraient attendre que le parc automobile mute avec un nombre plus important de véhicules électrique. Mais ils cherchent surtout à contraindre le plus vite possible tout le monde de jeter les vieux diesels et les vieilles voitures en les rendant impropre à circuler. L’argument du climat est d’ailleurs un faux argument parce que les vieux véhicules continueront à circuler sur Terre, ils continueront à rouler et à émettre des fumées polluantes, non plus en France, mais dans les pays en développement, en Afrique ou ailleurs. Cela ne change rien en fait pour le climat mais les extrémistes écologistes ont l’impression de faire quelque chose, ils ont l’impression d’agir et de contraindre, de gêner et d’empêcher les gens de vivre, ceux qui ne partagent pas leurs obsessions, leurs manières de vivre.
En un sens, on passe ici du combat autour du relativisme cognitif au relativisme moral. Ceux qui combattent au nom du climat ne peuvent accepter que d’autres citoyens ne se privent pas aussi des mêmes choses qu’eux, ne partagent pas leur obsession, ne se contraignent pas si eux-même se contraignent de respecter tel et tel principe ou idée. Nul relativisme moral chez les extrémistes écologistes ou collapsologues de tout crin ; seul importe pour eux que tout le monde respecte les règles qu’ils se fixent eux-mêmes, par la loi ou par la contrainte physique. Par principe. Ce sont les nouveaux inquisiteurs de cette nouvelle religion.
Saucratès
Utopie ou catastrophisme
Je lisais il y a quelques jours une tribune particulièrement pessimiste d’un sociologue, Éric Macé, publiée dans le média Le Monde et cette lecture a amené de ma part des envies de remise en cause de certains des arguments utilisés.
Cette tribune vise à nous démontrer que l’économie mondiale que nous connaissons, que nous observons autour de nous, va s’effondrer inévitablement prochainement.
… «Un mode de développement non durable ne dure pas : à un moment donné, il s’effondre. Il est maintenant bien établi que le mode de développement moderne déployé depuis plusieurs siècles, fondé sur un rapport extractiviste à la nature et sur un rapport inégalitaire entre les humains, n’est pas durable.
Ce mode de développement, qui a structuré la totalité de nos modes de vie, de production et de consommation, est la cause directe du réchauffement climatique, par l’intermédiaire de la production exponentielle de gaz à effet de serre, et d’un premier effondrement en cours, qui est celui de la biodiversité. Les équilibres planétaires connus depuis les 11 000 dernières années au sein de l’holocène sont en train de vriller à un rythme dont la rapidité rend de plus en plus certaines des menaces aux conséquences incalculables.»
La manière dont tout ceci est présenté repose sur l’idée qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer, que le bon sens, que l’idéologie, que l’observation du monde qui nous entoure, suffit à démontrer la véracité de ces propos, et en rend inutile toute forme de démonstration, voire suffit à rendre illégitime toute forme de négation ou de contestation.
L’affirmation qui précède est idéologique voire religieuse. Elle n’est scientifique ni sensée. Et cette transformation de la lutte contre le réchauffement climatique en religion d’état est un problème catastrophique. Pour une poignée de leaders des soulèvements de la Terre ou autres ONG environnementalistes qui s’expriment posément dans les médias ou à l’occasion d’événements internationaux, il existe des centaines de fanatiques de leur cause qui s’imaginent tel Don Quichotte combattre des géants cuirassés en agressant des bouchers, ou des particuliers roulant en SUV ou allumant un barbecue dans leur jardin. Bientôt ou déjà, ces fous furieux se sentiront légitimes à agresser des quidams sur la route ou dans leur jardin parce qu’ils contreviendront à leur idée de l’ordre légitime des choses. Des hordes de jeunes fanatisés par ces discours parcourront peut-être un jour les rues de nos villes et les routes de nos campagnes pour mettre fin aux agissements qu’ils estimeront contraires à leur religion et punir les mécréants qui osent désobéir aux saints préceptes de sainte Greta Thunberg.
Il se prépare en effet, il me semble, l’équivalent de l’Inquisition espagnole autour de cette religion du réchauffement climatique. Ce ne sera bientôt plus que chasses aux sorcières â l’encontre de tout ceux qui participeront au réchauffement climatique. Les interventions ahurissantes de Greta Thunberg ou de ses séides et clones, des soulèvements de la Terre et autres inepties, participent à l’irruption de cette pseudo-religion et pseudo-science dans notre réalité.
Et les positions du sociologue Eric Macé participent à cette surenchère aberrante et à cette imposture économique. De toute façon, il n’est pas économiste mais sociologue. Et un sociologue politisé, non pas d’extrême gauche puisque le communisme repose lui aussi sur l’extractivisme à l’égard de la nature, mais d’extrême écologie.
Je ne nie évidemment pas que le capitalisme occidental est dangereusement extractiviste, comme le communisme chinois ou soviétique ou les avatars qui leur ont succédé. Je ne nie pas que le capitalisme occidental est porteur de déséquilibres de richesses et d’inégalités importantes. Je ne nie pas enfin que le système Terre soit en train de sortir d’un cycle d’interactions correspondant aux différentes phases d’équilibre entre périodes glaciaires et périodes interglaciaires du Quaternaire, c’est-à-dire en s’éloignant des évolutions cycliques régulières du climat terrestre observées au cours du dernier million d’années.
Je nie le reste, tout ce qui n’est pas observable ou documentable. Le capitalisme débridé actuel est peut-être à l’origine de ce phénomène de réchauffement climatique, à moins qu’il ne s’explique par l’ensemble des idéologies politiques qui ont tenté de le singer et de le combattre, comme le communisme soviétique ou le collectivisme chinois ou indien. Mais nul ne peut dire si les inégalités de richesse que tous ces systèmes politiques et économiques favorisent n’apporteront pas justement la réponse aux dérèglements climatiques actuels. Les inégalités de richesse sont peut-être la solution. Si le monde était parfaitement égalitaire, nul ne pourrait intervenir autrement que collectivement. Mais l’inégalité crée des agents qui ont un pouvoir économique et qui peuvent potentiellement agir et inventer la solution qui sauvera le monde. Encore faut-il qu’il s’agisse des bonnes personnes !
En fait la religion des extrémistes écologistes ne repose sur rien de concret. Comme une religion, elle repose sur des dogmes et des exhortations. La science elle-même devrait pouvoir être discutée, et non pas être simplifiée à l’extrême afin de pouvoir être vulgarisée et prônée au titre de préceptes religieux dont toute déviation serait assimilée à une hérésie.
La science nous a historiquement permis d’échapper aux interdits et aux hérésies religieuses mais celles-ci semblent être une constance de l’esprit humain et de la société humaine. Et quelques siècles plus tard, la science se transforme en religion pour nous imposer ses croyances. Cette science persuadée de son bon droit, des extrémistes religieux membres de l’Eglise des écologistes et des collapsogistes, nous ramènent à l’ère de la religion et de l’anathème. Les scientifiques ont ainsi juste remplacé les croyances non scientifiques des religions pour se transmuter eux-mêmes en paradigmes religieux.
L’homme ne peut se passer de religion. Les extrémistes et fanatiques de toute race et de toute croyance ne peuvent absolument pas se passer de dieux, de gourous et de victimes ou de sorcières à brûler. Peu leur importe le dieu qu’ils prieront et pour lequel ils tueront ! Seul compte pour ces fanatiques d’avoir des personnes à persécuter, des croisades à mener. Cela commence par crever des pneus, condamner des comportements à leurs yeux criminels pour la planète, mais on peut être sûr qu’ils finiront par lancer un djihad butlérien pour éradiquer tout ceux qui ne penseront pas comme eux.
Au fond, mon écrit est aussi pessimiste que celui de ce sociologue colapsologiste. Ma croyance en la capacité de la science et du capitalisme à trouver une solution technologique au réchauffement climatique est tout aussi utopique, même si certaines de ces solutions entraineront peut-être l’humanité vers son extinction si ces solutions inversent drastiquement la capture du carbone (certaines formes de géo-ingénierie présentent potentiellement des risques inverses de glaciation de la Terre).
Et il demeurera toujours le problème de la croissance exponentielle de l’humanité. Cette Terre qui abritait 1,6 milliard d’habitants au début du vingtième siècle et 2,6 milliards d’habitants au milieu du vingtième siècle peut-elle en abriter et en nourrir 9 ou 10 milliards voire bien plus ? Nous n’étions encore que 6 milliards en 2000, et c’était déjà beaucoup trop. La Terre peut-elle encore absorber les centaines de millions ou milliards d’habitants supplémentaires à naître notamment en Afrique et les guerres et les migrations qui en découlent ? L’exemple de la démographie galopante des comoriens à Mayotte et des mahorais et comoriens à la Réunion et en métropole ne suffit-il pas à nous démontrer l’inapplication ou l’inadéquation de la transition démographique au cas de l’Afrique ? Mais évidemment, ce sujet-là n’est pas audible. Il faut parler d’égalité des niveaux de vie entre nations et nullement du problème de la bombe démographique du dernier continent n’ayant pas encore amorcé sa transition démographique. Surtout pas …
Saucratès
Regard pessimiste sur l’état des finances publiques françaises
Quel est l’état de l’économie française ? Question compliquée s’il s’en faut. La lecture d’un éditorial de Marc Touati dans le média Capital en donne une certaine idée. En un mot, la situation de l’économie française est catastrophique.
M. Marc Touati est à mon sens un ultra-libéral pur et dur, économiste, président du cabinet ACDEFI, conseiller économique d'eToro. Le cabinet ACDEFI («Aux commandes de l’économie et de la finance») est un cabinet de conseil économique et financier indépendant que Marc Touati a créé en 2007. Avant 2007, Marc Touati était le directeur de la recherche économique financière du groupe des Banques Populaires et de Natixis.
L’analyse de la situation catastrophique de l’économie française par M. Marc Touati est-elle excessive ? Dans un sens, cette analyse est exagérée pour l’instant. Certes, le déficit public est inquiétant, se positionnant depuis plusieurs années autour de -6% du PIB. Le niveau de la dette française à près de 130% du PIB est tout autant problématique, surtout dans un climat de renchérissement des taux d’intérêt de la dette publique.
Mais le couplet sur les comparaisons internationales pose problème. Il y a peu, une dizaine de pays européens faisaient l’objet d’une procédure pour déficit excessif, et là, M. Touati nous indique que seule la France est désormais poursuivie. Pourquoi pas. Mais ce sont les comparaisons en terme d’écarts de taux (encore appelés spreads de taux) avec la Grèce ou avec l’Allemagne qui interroge. Le spread de taux avec la date allemande a toujours dépassé un demi-point de taux. À ce jour, un spread de taux de 0,8 à 0,9 point avec l’Allemagne est donc à peine plus important que son niveau historique moyen. Certes, ce spread de taux à tendance à progresser légèrement, mais son évolution n’est pas aussi cataclysmique que M. Touati voudrait nous le faire croire.
On découvre ainsi que la situation a été bien pire en 2012-2013 ainsi qu’en 2007. La comparaison qu’il effectue avec la Grèce ou le Portugal est tout aussi problématique. Il fait comme si la Grèce ou le Portugal étaient toujours dans une situation aussi catastrophique qu’en 2012-2013 lorsqu’ils ne trouvaient plus à emprunter qu’à des taux dépassant 20%. Si le spread de taux de la France s’approche voire dépasse le spread de taux de la Grèce ou du Portugal, c’est d’abord le signe d’une bonne santé des économies grecque ou portugaise plus qu’un mauvais indicateur pour la France !
Il n’en demeure pas moins que l’impasse politique française pose problème. Ce n’est pas tant l’impopularité des uns ou des autres qui pose problème ; M. Macron demeure la moins pire possibilité de l’équation politique française, pour l’instant. S’il pouvait se représenter en 2027, il aurait des chances de pouvoir être réélu face aux extrêmes lui faisant face.
Non, le souci de la France est l’impasse politique actuelle. Le parlement est partagé entre trois camps inconciliables. La seule solution actuelle est l’immobilisme et cette situation est catastrophique avec une situation économique atone et un déficit s’élevant déjà à 6% du PIB. Un des trois camps, à gauche, veut mordicus des dépenses publiques croissantes et une hausse des prélèvements publics. Ce camp souhaite aussi un âge de départ à la retraite ramené à 62 ou à 60 ans. Les deux autres camps souhaitent des coupes dans les dépenses publiques et une baisse des prélèvements publics, mais ils sont incapables de se mettre d’accord. Et un des deux camps veut rétablir la retraite à 60 ans lorsque l’autre camp veut encore augmenter l’âge de départ à la retraite au-delà de 64 ans.
En somme des positions inconciliables qui interdisent toute prise de décisions pouvant nous tirer du précipice. Parce qu’au bout de quelques années avec un tel niveau de déficits publics, on va effectivement avoir de sérieux problèmes de légitimité et de crédibilité sur les marchés financiers. Très probablement lors d’une prochaine alternance politique si cette alternance politique fait arriver au pouvoir l’un des deux extrêmes aux responsabilités.
Il n’y a d’ailleurs que très peu de solutions envisageables pour se sortir de la situation de déficit public actuel. Si la situation économique s’améliorait au cours des prochaines années, on pourrait résorber ce niveau de déficit public en bloquant les dépenses publiques sans trop de casse sociale, et la hausse des recettes permettrait de réduire le niveau de déficit. Mais cette solution semble bien hasardeuse. L’inverse semble bien plus probable dans l’état actuel des tensions commerciales internationales.
Il va ainsi bien falloir baisser les dépenses publiques. Mais là aussi, les positions des camps en place divergent sur les dépenses publiques que l’on doit réduire. Les libéraux voudraient s’attaquer aux fonctionnaires, au poids des administrations et aux dépenses bénéficiant aux ménages, et ne surtout pas toucher aux nombreuses aides bénéficiant aux entreprises, comme notamment les milliards affectés au CICE. Pour préserver une supposée compétitivité des entreprises françaises même si on devine que le CICE ou son remplaçant sert avant tout aux dirigeants et aux actionnaires à se verser des confortables dividendes.
Le seul espoir de la France serait aujourd’hui la victoire d’un des trois camps en place. Au moins ce camp-là pourrait mettre en œuvre son programme, si tenter que ce programme puisse aider à rétablir la situation ! Après tout, M. Macron eut les pleins pouvoirs de 2017 à 2024 et on voit bien l’absence de résultats qui en a résulté. Tout comme sous les socialistes entre 2012 à 2017.
Il en irait d’ailleurs tout autant en cas de victoire électorale d’un deux camps des extrêmes. Par ailleurs, une majorité électorale aurait toutes les chances d’exploser devant les difficultés qui s’accumuleraient et les sacrifices à consentir. Avec une fraude d’une partie de la majorité comme cela a pu être observé entre 2012 et 2022.
En un mot, suis-je pessimiste sur les possibilités de la France de redresser ses finances publiques ? Pessimiste ou sans aucun espoir ? Merci de vos analyses personnelles, mes chers lecteurs et lectrices. À vous de m’éclairer.
Saucratès