Critiques de notre temps

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Economie


Pour continuer dans ma critique de l’écologie

J’apprécie énormément les commentaires et les articles publiés par le médecin et écologiste Bruno Bourgeon, qui me fait parfois l’honneur et le plaisir de me répondre sur ce blog. Par rapport à moi, il a l’avantage de croire en ce qu’il défend, l’écologie, et dans les arguments qu’il développe. Pour ma part, je ne crois plus en l’écologie, minée par le féminisme et par ce que je considère comme le combat contre le patriarcat.

 

Pour ma part, je ne crois pas en l’existence du patriarcat. Il y a des femmes de pouvoir dans toutes nos organisations et elles sont bien souvent aussi pires, aussi carriéristes, aussi violentes que les dirigeants masculins. Le patriarcat n’existe pas en soi. Il existe une confiscation des postes au sein des élites par un nomenklatura issue d’un certain nombre d’écoles, de cercles d’influence sans que cela n’est rien à voir avec le patriarcat. Remplacez et éliminez les hommes de pouvoir et vous aurez à la place des femmes de pouvoir issues des mêmes cercles, défendant les mêmes idées, avec les mêmes méthodes. Et elles agresseront peut-être même tout autant les jeunes et jolies stagiaires … mais on ne pourra peut-être rien dire au nom de la lutte supérieure contre l’homophobie. Au fond, la lutte des féministes contre le patriarcat n’est qu’un combat politique pour prendre le pouvoir, pour renverser l’ordre. Elles ont juste investi le parti écologiste et LFI. 

 

Selon Bruno Bourgeon, l’écologie serait donc une science visant la recherche d’un équilibre durable pour notre planète et pour l’espèce humaine ainsi que toutes les autres espèces avec lesquelles nous vivons en symbiose ou en équilibre. En un moment quelconque de l’histoire de l’Humanité, quelque part entre aujourd’hui et il y a une dizaine de millénaires avant notre ère, l’Humanité a été capable de modifier l’ensemble des équilibres terrestres existant. À la différence des autres espèces animales ou végétales qui ne vivent en symbiose qu’avec un nombre restreint d’autres espèces, l’Humanité s’est révélée capable d’influer sur le cycle de vie et les symbioses entre tous les êtres vivants sur Terre. Quand ce moment est-il survenu ? Est-ce lorsque des peuples humains ont été capables d’anéantir la mégafaune des continents sur lesquels ils s’étaient implantés ? On suppose que cela s’est passé au cours des cinquante derniers milliers d’années en Australie après l’arrivée des humains, mais on suppose également que cela peut expliquer la disparition de la mégafaune américaine des mastodontes ou celles des mammouths de Sibérie et d’Europe du Nord. A moins que l’explication ne soit à chercher dans des changements climatiques extrêmes et violents sans que l’homme n’y soit pour rien.

 
Mais à un moment quelconque de notre passé, l’homme s’est révélé capable d’influer sur l’ensemble du cycle de la vie, changeant et domestiquant les espèces, et les répandant sur l’ensemble des continents et des terres émergées, changeant massivement les écosystèmes. Et aujourd’hui, l’homme est devenu potentiellement capable d’annihiler pratiquement toute vie sur notre Terre. 
 
L’écologie serait donc une science. Dans les années 1990, il y eut une guerre des sciences, où certains relativistes cognitifs remettaient en cause la prétention du scientifisme à tout expliquer, à tout déduire, à tout réduire. Toute explication scientifique des choses n’est valable que jusqu’à ce qu’une nouvelle explication scientifique émerge et explique mieux les faits que la précédente explication scientifique. C’est vrai en physique théorique, en paléo-anthropologie ou archéologie, en sciences de la vie ou en sciences humaines. Et pourtant, en attendant qu‘une nouvelle théorie apparaisse, la précédente théorie a force de dogmes, alors que, étant fausse, elle ne devrait pas pouvoir prétendre à ce dogmatisme. 
 

Rapporté au relativisme cognitif, les affirmations de l’écologie sur le réchauffement climatique devrait pouvoir être interrogées. Et ce n’est pas le cas. Sous l’argument que c’est démontré scientifiquement, le milieu scientifique rejette toute forme de critiques en le ravalant au stade de conspirationnisme et d’obscurantisme. Depuis ce conflit des sciences de 1990, la science a compris qu’elle devrait contrôler les médias et le politique. Toute remise en cause actuellement des dogmes scientifiques sont ainsi impossibles dans les médias. Et la collusion des scientifiques et du politique leur permet ainsi de bloquer toute autre explication des faits dans le champ médiatique, grâce à l’intervention des gendarmes des médias comme l’Arcep en France. 
 
Dans la période actuelle, les recherches de Jankelevitch sur les explications orbitales de l’évolution du climat n’auraient pas pu voir le jour ni avoir la moindre possibilité d’émergence dans la science actuelle. Sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique et de combat contre ceux que les scientifiques appellent des climato-sceptiques et des conspirationnistes, ils interdisent toute autre explication ou réflexion sur l’origine et les explications du réchauffement climatique, en imposant un même discours afin d’écraser toute contestation de toute manifestation contre les mesures impopulaires et liberticides que les écologistes, les politiques et les scientifiques du consensus appellent de leurs vœux et veulent promouvoir. Un conflit médiatique actuel se déroule entre les élites rassemblées et nos cerveaux. Ils ont toutes les armes, tous les médias, ils nous assomment de leurs certitudes, et pourtant nos cerveaux résistent. Et parfois ils se révoltent comme lors des épisodes des gilets jaunes ou la remise en cause des ZFE urbaines.

 
Cet épisode est intéressant parce qu‘une alliance de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche a eu raison des ZFE à l’hémicycle parlementaire. On ignore si la loi est définitivement passée ou si elle sera invalidée par le Conseil constitutionnel parce que celui-ci a une très surprenante définition de la constitutionnalité des lois. Il défend tout ce que le gouvernement veut et rejette tout ce qu’il ne veut pas. C’est un bon soldat obéissant à mille lieux de ce que le Général de Gaulle avait imaginé en le créant. Les ZFE, ces zones urbaines à faible émission de gaz à effet de serre qui restreignent les droits de circulation des véhicules un peu anciens polluant, sont bien évidemment des zones punissant les ménages pauvres incapables d’acheter les véhicules les plus récents et les moins polluants. Les ZFE sont pensées pour interdire aux prolétaires des banlieues de se rendre dans les grandes villes et dans les grands centres urbains, permettant un système généralisé de flicage des véhicules et des personnes. Les bonnes âmes se lamenteront parce que les ZFE étaient semblerait-il une proposition des Assemblées citoyennes sur le climat. Cette catégorie qui avait vu quelques dizaines de citoyens supposément tirés au sort être manipulés et noyautés par des spécialistes, des scientifiques, et des écologistes qui avaient réussi à faire promouvoir les idées les plus baroques et les plus extrémistes de l’idéologie écologiste. La fin des ZFE est une décision de justice sociale ; il est en effet inutile de faire porter une nouvelle crainte à tous ceux qui habitent loin des centre-villes mais qui ont besoin d’y venir pour des démarches administratives ou pour s’y faire soigner. Ils n’ont pas besoin de craintes ou d’inquiétudes supplémentaires.

 
Cette question est intéressante. On y retrouve le principe du passager clandestin. La transformation du parc automobile actuel avec la commercialisation croissante de véhicules électriques et hybrides permet de faire décroître l’inconfort de tous les usagers et de tous les riverains des axes routiers, qu’ils aient changé leurs véhicules automobiles ou non. Tout le monde bénéficie de la moindre pollution de l’air, même s’il ne participe pas à l’effort collectif, même s’il se comporte comme un passager clandestin. Sur la route, il vaut mieux suivre un véhicule électrique moderne qu’un vieux véhicule diesel relâchant un panache de fumée noire, bien évidemment.
 
Le problème est évidemment de vouloir aller plus vite que le rythme normal d’évolution des mentalités. Les écologistes pourraient attendre que le parc automobile mute avec un nombre plus important de véhicules électrique. Mais ils cherchent surtout à contraindre le plus vite possible tout le monde de jeter les vieux diesels et les vieilles voitures en les rendant impropre à circuler. L’argument du climat est d’ailleurs un faux argument parce que les vieux véhicules continueront à circuler sur Terre, ils continueront à rouler et à émettre des fumées polluantes, non plus en France, mais dans les pays en développement, en Afrique ou ailleurs. Cela ne change rien en fait pour le climat mais les extrémistes écologistes ont l’impression de faire quelque chose, ils ont l’impression d’agir et de contraindre, de gêner et d’empêcher les gens de vivre, ceux qui ne partagent pas leurs obsessions, leurs manières de vivre.

 

En un sens, on passe ici du combat autour du relativisme cognitif au relativisme moral. Ceux qui combattent au nom du climat ne peuvent accepter que d’autres citoyens ne se privent pas aussi des mêmes choses qu’eux, ne partagent pas leur obsession, ne se contraignent pas si eux-même se contraignent de respecter tel et tel principe ou idée. Nul relativisme moral chez les extrémistes écologistes ou collapsologues de tout crin ; seul importe pour eux que tout le monde respecte les règles qu’ils se fixent eux-mêmes, par la loi ou par la contrainte physique. Par principe. Ce sont les nouveaux inquisiteurs de cette nouvelle religion.

 
 
Saucratès


07/06/2025
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Utopie ou catastrophisme

Je lisais il y a quelques jours une tribune particulièrement pessimiste d’un sociologue, Éric Macé, publiée dans le média Le Monde et cette lecture a amené de ma part des envies de remise en cause de certains des arguments utilisés.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/24/eric-mace-sociologue-l-effondrement-de-notre-mode-de-developpement-est-programme_6608207_3232.html

 

Cette tribune vise à nous démontrer que l’économie mondiale que nous connaissons, que nous observons autour de nous, va s’effondrer inévitablement prochainement. 

… «Un mode de développement non durable ne dure pas : à un moment donné, il s’effondre. Il est maintenant bien établi que le mode de développement moderne déployé depuis plusieurs siècles, fondé sur un rapport extractiviste à la nature et sur un rapport inégalitaire entre les humains, n’est pas durable.

 

Ce mode de développement, qui a structuré la totalité de nos modes de vie, de production et de consommation, est la cause directe du réchauffement climatique, par l’intermédiaire de la production exponentielle de gaz à effet de serre, et d’un premier effondrement en cours, qui est celui de la biodiversité. Les équilibres planétaires connus depuis les 11 000 dernières années au sein de l’holocène sont en train de vriller à un rythme dont la rapidité rend de plus en plus certaines des menaces aux conséquences incalculables.»

 

La manière dont tout ceci est présenté repose sur l’idée qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer, que le bon sens, que l’idéologie, que l’observation du monde qui nous entoure, suffit à démontrer la véracité de ces propos, et en rend inutile toute forme de démonstration, voire suffit à rendre illégitime toute forme de négation ou de contestation. 
 
L’affirmation qui précède est idéologique voire religieuse. Elle n’est scientifique ni sensée. Et cette transformation de la lutte contre le réchauffement climatique en religion d’état est un problème catastrophique. Pour une poignée de leaders des soulèvements de la Terre ou autres ONG environnementalistes qui s’expriment posément dans les médias ou à l’occasion d’événements internationaux, il existe des centaines de fanatiques de leur cause qui s’imaginent tel Don Quichotte combattre des géants cuirassés en agressant des bouchers, ou des particuliers roulant en SUV ou allumant un barbecue dans leur jardin. Bientôt ou déjà, ces fous furieux se sentiront légitimes à agresser des quidams sur la route ou dans leur jardin parce qu’ils contreviendront à leur idée de l’ordre légitime des choses. Des hordes de jeunes fanatisés par ces discours parcourront peut-être un jour les rues de nos villes et les routes de nos campagnes pour mettre fin aux agissements qu’ils estimeront contraires à leur religion et punir les mécréants qui osent désobéir aux saints préceptes de sainte Greta Thunberg. 
 
Il se prépare en effet, il me semble, l’équivalent de l’Inquisition espagnole autour de cette religion du réchauffement climatique. Ce ne sera bientôt plus que chasses aux sorcières â l’encontre de tout ceux qui participeront au réchauffement climatique. Les interventions ahurissantes de Greta Thunberg ou de ses séides et clones, des soulèvements de la Terre et autres inepties, participent à l’irruption de cette pseudo-religion et pseudo-science dans notre réalité. 

 
Et les positions du sociologue Eric Macé participent à cette surenchère aberrante et à cette imposture économique. De toute façon, il n’est pas économiste mais sociologue. Et un sociologue politisé, non pas d’extrême gauche puisque le communisme repose lui aussi sur l’extractivisme à l’égard de la nature, mais d’extrême écologie. 
 
Je ne nie évidemment pas que le capitalisme occidental est dangereusement extractiviste, comme le communisme chinois ou soviétique ou les avatars qui leur ont succédé. Je ne nie pas que le capitalisme occidental est porteur de déséquilibres de richesses et d’inégalités importantes. Je ne nie pas enfin que le système Terre soit en train de sortir d’un cycle d’interactions correspondant aux différentes phases d’équilibre entre périodes glaciaires et périodes interglaciaires du Quaternaire, c’est-à-dire en s’éloignant des évolutions cycliques régulières du climat terrestre observées au cours du dernier million d’années. 
 
Je nie le reste, tout ce qui n’est pas observable ou documentable. Le capitalisme débridé actuel est peut-être à l’origine de ce phénomène de réchauffement climatique, à moins qu’il ne s’explique par l’ensemble des idéologies politiques qui ont tenté de le singer et de le combattre, comme le communisme soviétique ou le collectivisme chinois ou indien. Mais nul ne peut dire si les inégalités de richesse que tous ces systèmes politiques et économiques favorisent n’apporteront pas justement la réponse aux dérèglements climatiques actuels. Les inégalités de richesse sont peut-être la solution. Si le monde était parfaitement égalitaire, nul ne pourrait intervenir autrement que collectivement. Mais l’inégalité crée des agents qui ont un pouvoir économique et qui peuvent potentiellement agir et inventer la solution qui sauvera le monde. Encore faut-il qu’il s’agisse des bonnes personnes !

 
En fait la religion des extrémistes écologistes ne repose sur rien de concret. Comme une religion, elle repose sur des dogmes et des exhortations. La science elle-même devrait pouvoir être discutée, et non pas être simplifiée à l’extrême afin de pouvoir être vulgarisée et prônée au titre de préceptes religieux dont toute déviation serait assimilée à une hérésie. 
 
La science nous a historiquement permis d’échapper aux interdits et aux hérésies religieuses mais celles-ci semblent être une constance de l’esprit humain et de la société humaine. Et quelques siècles plus tard, la science se transforme en religion pour nous imposer ses croyances. Cette science persuadée de son bon droit, des extrémistes religieux membres de l’Eglise des écologistes et des collapsogistes, nous ramènent à l’ère de la religion et de l’anathème. Les scientifiques ont ainsi juste remplacé les croyances non scientifiques des religions pour se transmuter eux-mêmes en paradigmes religieux. 
 
L’homme ne peut se passer de religion. Les extrémistes et fanatiques de toute race et de toute croyance ne peuvent absolument pas se passer de dieux, de gourous et de victimes ou de sorcières à brûler. Peu leur importe le dieu qu’ils prieront et pour lequel ils tueront ! Seul compte pour ces fanatiques d’avoir des personnes à persécuter, des croisades à mener. Cela commence par crever des pneus, condamner des comportements à leurs yeux criminels pour la planète, mais on peut être sûr qu’ils finiront par lancer un djihad butlérien pour éradiquer tout ceux qui ne penseront pas comme eux.

 
Au fond, mon écrit est aussi pessimiste que celui de ce sociologue colapsologiste. Ma croyance en la capacité de la science et du capitalisme à trouver une solution technologique au réchauffement climatique est tout aussi utopique, même si certaines de ces solutions entraineront peut-être l’humanité vers son extinction si ces solutions inversent drastiquement la capture du carbone (certaines formes de géo-ingénierie présentent potentiellement des risques inverses de glaciation de la Terre).

 
Et il demeurera toujours le problème de la croissance exponentielle de l’humanité. Cette Terre qui abritait 1,6 milliard d’habitants au début du vingtième siècle et 2,6 milliards d’habitants au milieu du vingtième siècle peut-elle en abriter et en nourrir 9 ou 10 milliards voire bien plus ? Nous n’étions encore que 6 milliards en 2000, et c’était déjà beaucoup trop. La Terre peut-elle encore absorber les centaines de millions ou milliards d’habitants supplémentaires à naître notamment en Afrique et les guerres et les migrations qui en découlent ? L’exemple de la démographie galopante des comoriens à Mayotte et des mahorais et comoriens à la Réunion et en métropole ne suffit-il pas à nous démontrer l’inapplication ou l’inadéquation de la transition démographique au cas de l’Afrique ? Mais évidemment, ce sujet-là n’est pas audible. Il faut parler d’égalité des niveaux de vie entre nations et nullement du problème de la bombe démographique du dernier continent n’ayant pas encore amorcé sa transition démographique. Surtout pas …

 

 

Saucratès


01/06/2025
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Regard pessimiste sur l’état des finances publiques françaises

Quel est l’état de l’économie française ? Question compliquée s’il s’en faut. La lecture d’un éditorial de Marc Touati dans le média Capital en donne une certaine idée. En un mot, la situation de l’économie française est catastrophique.

 

https://actu.capital.fr/economie-politique/la-france-seffondre-bienvenue-dans-lhorreur-economique-1506919

 

M. Marc Touati est à mon sens un ultra-libéral pur et dur, économiste, président du cabinet ACDEFI, conseiller économique d'eToro. Le cabinet ACDEFI («Aux commandes de l’économie et de la finance») est un cabinet de conseil économique et financier indépendant que Marc Touati a créé en 2007. Avant 2007, Marc Touati était le directeur de la recherche économique financière du groupe des Banques Populaires et de Natixis. 

 
L’analyse de la situation catastrophique de l’économie française par M. Marc Touati est-elle excessive ? Dans un sens, cette analyse est exagérée pour l’instant. Certes, le déficit public est inquiétant, se positionnant depuis plusieurs années autour de -6% du PIB. Le niveau de la dette française à près de 130% du PIB est tout autant problématique, surtout dans un climat de renchérissement des taux d’intérêt de la dette publique. 

Mais le couplet sur les comparaisons internationales pose problème. Il y a peu, une dizaine de pays européens faisaient l’objet d’une procédure pour déficit excessif, et là, M. Touati nous indique que seule la France est désormais poursuivie. Pourquoi pas. Mais ce sont les comparaisons en terme d’écarts de taux (encore appelés spreads de taux) avec la Grèce ou avec l’Allemagne qui interroge. Le spread de taux avec la date allemande a toujours dépassé un demi-point de taux. À ce jour, un spread de taux de 0,8 à 0,9 point avec l’Allemagne est donc à peine plus important que son niveau historique moyen. Certes, ce spread de taux à tendance à progresser légèrement, mais son évolution n’est pas aussi cataclysmique que M. Touati voudrait nous le faire croire. 

 

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On découvre ainsi que la situation a été bien pire en 2012-2013 ainsi qu’en 2007. La comparaison qu’il effectue avec la Grèce ou le Portugal est tout aussi problématique. Il fait comme si la Grèce ou le Portugal étaient toujours dans une situation aussi catastrophique qu’en 2012-2013 lorsqu’ils ne trouvaient plus à emprunter qu’à des taux dépassant 20%. Si le spread de taux de la France s’approche voire dépasse le spread de taux de la Grèce ou du Portugal, c’est d’abord le signe d’une bonne santé des économies grecque ou portugaise plus qu’un mauvais indicateur pour la France !

 

Il n’en demeure pas moins que l’impasse politique française pose problème. Ce n’est pas tant l’impopularité des uns ou des autres qui pose problème ; M. Macron demeure la moins pire possibilité de l’équation politique française, pour l’instant. S’il pouvait se représenter en 2027, il aurait des chances de pouvoir être réélu face aux extrêmes lui faisant face.

 

Non, le souci de la France est l’impasse politique actuelle. Le parlement est partagé entre trois camps inconciliables. La seule solution actuelle est l’immobilisme et cette situation est catastrophique avec une situation économique atone et un déficit s’élevant déjà à 6% du PIB. Un des trois camps, à gauche, veut mordicus des dépenses publiques croissantes et une hausse des prélèvements publics. Ce camp souhaite aussi un âge de départ à la retraite ramené à 62 ou à 60 ans. Les deux autres camps souhaitent des coupes dans les dépenses publiques et une baisse des prélèvements publics, mais ils sont incapables de se mettre d’accord.  Et un des deux camps veut rétablir la retraite à 60 ans lorsque l’autre camp veut encore augmenter l’âge de départ à la retraite au-delà de 64 ans. 
 
En somme des positions inconciliables qui interdisent toute prise de décisions pouvant nous tirer du précipice. Parce qu’au bout de quelques années avec un tel niveau de déficits publics, on va effectivement avoir de sérieux problèmes de légitimité et de crédibilité sur les marchés financiers. Très probablement lors d’une prochaine alternance politique si cette alternance politique fait arriver au pouvoir l’un des deux extrêmes aux responsabilités.

 
Il n’y a d’ailleurs que très peu de solutions envisageables pour se sortir de la situation de déficit public actuel. Si la situation économique s’améliorait au cours des prochaines années, on pourrait résorber ce niveau de déficit public en bloquant les dépenses publiques sans trop de casse sociale, et la hausse des recettes permettrait de réduire le niveau de déficit. Mais cette solution semble bien hasardeuse. L’inverse semble bien plus probable dans l’état actuel des tensions commerciales internationales. 

Il va ainsi bien falloir baisser les dépenses publiques. Mais là aussi, les positions des camps en place divergent sur les dépenses publiques que l’on doit réduire. Les libéraux voudraient s’attaquer aux fonctionnaires, au poids des administrations et aux dépenses bénéficiant aux ménages, et ne surtout pas toucher aux nombreuses aides bénéficiant aux entreprises, comme notamment les milliards affectés au CICE. Pour préserver une supposée compétitivité des entreprises françaises même si on devine que le CICE ou son remplaçant sert avant tout aux dirigeants et aux actionnaires à se verser des confortables dividendes.

 

Le seul espoir de la France serait aujourd’hui la victoire d’un des trois camps en place. Au moins ce camp-là pourrait mettre en œuvre son programme, si tenter que ce programme puisse aider à rétablir la situation ! Après tout, M. Macron eut les pleins pouvoirs de 2017 à 2024 et on voit bien l’absence de résultats qui en a résulté. Tout comme sous les socialistes entre 2012 à 2017.
 
Il en irait d’ailleurs tout autant en cas de victoire électorale d’un deux camps des extrêmes. Par ailleurs, une majorité électorale aurait toutes les chances d’exploser devant les difficultés qui s’accumuleraient et les sacrifices à consentir. Avec une fraude d’une partie de la majorité comme cela a pu être observé entre 2012 et 2022.

 
En un mot, suis-je pessimiste sur les possibilités de la France de redresser ses finances publiques ? Pessimiste ou sans aucun espoir ? Merci de vos analyses personnelles, mes chers lecteurs et lectrices. À vous de m’éclairer.

 

 
Saucratès


17/04/2025
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Une problématique autour de quelques modèles économiques

Parlons d’économie. Quelle est la problématique à laquelle je souhaite m’attaquer dans cet article ?
 
La problématique porte sur la détermination du modèle économique qui peut permettre le développement d’un État comme la France, une zone géographique comme l’Europe ou les États-Unis d’Amérique. Faut-il privilégier le modèle ultra-libéral anglo-saxon, dans lequel c’est le régime de la libre-entreprise et du profit libre de toute entrave qui prime pour permettre le meilleur développement économique ? Faut-il privilégier le modèle semi-dirigiste de la planification à la française qui avait accompagné le développement de la France au cours des trente glorieuses ? Faut-il privilégier le système dirigiste communiste russe ou chinois ? Et enfin, on peut s’interroger sur ce qu’est le modèle de l’Union européenne actuel, normatif.


Des mutations économiques rapides 

Pour débuter mon argumentation, je rappellerais les mutations extraordinaires de l’économie au cours des dernières décennies. C’est valable pour la France mais plus largement, c’est valable pour le monde entier. Je n’invente évidemment rien. Ces mutations ont été démontrées par de multiples auteurs et économistes. 


En 1984, il y a quarante ans, la micro-informatique était encore balbutiante. Notre monde hyper connecté où chacun dispose chez soi d’un ordinateur, de téléphones portables plus puissants que les super-calculateurs du siècle dernier, n’existait pas il y a à peine quarante ans. En 1984, on utilisait des cassettes audio pour enregistrer des programmes et des jeux. On programmait soi-même ou on essayait de programmer ses propres jeux. On a commencé à y inventer les disquettes pour copier les données, puis les disques durs. Mais leur contenance se comptait en en dizaines ou en centaines de kilo-octets alors que l’on parle aujourd’hui de téraoctets (un milliard de kilo-octets). 

En 1990, il y a plus de trente ans, l’internet était lui aussi balbutiant en regard de son essor actuel. Évidemment, il existait déjà sommairement entre les universités américaines. Mais on pouvait difficilement s’y connecter depuis la Réunion. Dans les entreprises, on ne disposait ni d’internet, ni de messagerie, mais on utilisait des fax, des télex et des courriers postaux. Il n’existait ni réseaux sociaux, ni médias en ligne, ni sites internet, ni même de télétravail. Et avant la généralisation de la bureautique, pas de micro-informatique, mais des machines à écrire. 
 
En quarante ans, nous avons ainsi totalement changé d’époque. L’époque de la dématérialisation de toutes les opérations, des réseaux sociaux, du virtuel généralisé. 

 

Le modèle ultra-libéral anglo-saxon

Ces modifications s’expliquent par des innovations inventées notamment par des multinationales anglo-saxonnes, comme Google, Amazon, FaceBook ou Apple. Derrière ces multinationales, à chaque fois, il y a un homme, un inventeur, devenu milliardaire par la suite. Steve Job, Mark Zuckerberg, Bezos, Bill Gates ou Elon Musk. Ce sont eux qui ont révolutionné notre monde, mais peut-être que si cela n’avait pas été eux, s’ils n’avaient pas existé ou inventé ces choses, quelqu’un d’autre aurait inventé leur invention : les iPhone, les réseaux sociaux, le commerce en ligne, les navigateurs internet … Parmi ces inventions et innovations, rappelons l’arrivée de Google en 1998 et de Wikipédia en 2001, comparables à l’époque à l’arrivée de ChatGPT et des autres artefacts génératifs en 2022.

 

Etait-ce leurs inventions qui ont révolutionné le monde, autorisé par un système ultra-libéral qui valorise et encourage la richesse extrême et la réussite sociale, ou bien était-ce la société qui avait suffisamment évolué, une société qui était prête à accepter toute sorte d’innovations majeures. Cela a été leur réussite, leur coup de génie (comment faire gagner des milliards de dollars avec un navigateur qui te propose des réponses, ou avec un réseau social sur lequel tu marques tes centres d’intérêt et ton histoire ?), mais quelqu’un d’autre aurait pu inventer plus ou moins la même chose. On ne parlerait pas des GAFAM mais des XBRLU ; ça sonnerait juste moins bien aux oreilles.

 
Cette réussite aurait-elle été possible avec un autre système économique que le modèle ultra-libéral anglo-saxon, comme par exemple avec le modèle dirigiste français ? De manière surprenante, comme pour répondre à cette question, on peut noter que la Chine communiste a également réussi à développer de grandes multinationales autour d’une commerce en ligne (Alibaba), de la voiture électrique (BYD) ou de la téléphonie mobile (Huawei). Mais loin des principes et des canons de l’économie dirigiste communiste, on trouve aussi des milliardaires derrière chacune de ces inventions, chacune de ces entreprises tentaculaires. Comme si seul le profit réussissait aujourd’hui à révolutionner notre époque.

 

Le modèle de la planification à la française

Le modèle de la planification a permis à la France de découvrir et de développer le nucléaire civil, à égalité avec les plus grandes puissances mondiales. Elle a permis l’invention du train à grande vitesse, la mise au point du Concorde, de Airbus et Ariane Espace en partenariat avec des entreprises d’autres pays européens. Cette alliance de l’administration et de grands groupes industriels a fonctionné tout au long des années 1950 à 1970, permettant à la France de créer des champions industriels et des produits technologiques novateurs. Mais cela n’a duré que tant que durèrent les trente glorieuses.

 
Le projet planificateur s’est effondré, au choix, avec les crises pétrolières, la fin de l’empire colonial français, la présence puis la disparition de grands hommes politiques visionnaires, l’apparition de politique ultra-libéral en France, sous Giscard d’Estaing puis sous Chirac, Balladur puis Sarkozy, ou dans le monde (Ronald Reagan ou Margareth Thatcher). 
 

La disparition du concept même de planification à la française explique probablement son échec actuel. Il n’existe plus depuis les années 1990 de commissariat au plan et de réflexions purement industrielles. Le commissariat au plan a été remplacé par un organisme nommé France Stratégie mais son objectif n’est plus de monter des plans industriels à grande échelle, sur des décennies. Son objectif depuis des décennies n’est plus que de mesurer l’efficacité des politiques publiques, d’effectuer des calculs socio-économiques, dans un objectif de rationaliser l’action publique, les politiques publiques pour les rendre plus efficaces. Résultat, depuis les années 1970, la France s’enfonce dans les crises, dans la dette publique et nos champions industriels disparaissent (Thomson) ou se font racheter ou bien se développent à l’international et cessent de produire en France et d’être français (Arcelor, Saint-Gobain…). 
 

Existe-t-il des exemples de grandes réussites industriels françaises ? Quelques grands groupes internationaux sont encore français, comme les constructeurs automobiles Peugeot et Renault, dans le luxe (Pinault-Printemps ou LVMH), dans la beauté (Loréal) ou dans les services. Mais de réussites technologiques ou industrielles, à l’image du TGV, du Concorde, du nucléaire civil et militaire ? Un désert.

 

L’Allemagne semble s’en sortir mieux dans l’industrie, mais pour combien de temps face à la concurrence japonaise ou chinoise ? L’échec du modèle dirigiste français mais aussi communiste s’explique-t-il par l’abandon du principe même de la planification industrielle à grande échelle comme il a pu exister tout au long des années 1950, 1960 et 1970, ou bien s’explique-t-il par la suprématie économique du modèle ultra-libéral anglo-saxon, par la suprématie de l’attrait du profit sur celui de la régulation, sur la supériorité d’un modèle supposant qu’un génie saura découvrir et développer  l’invention miracle ?

 

Au fond l’échec du modèle de planification française s’explique par son abandon face à l’idéologie ultra-libérale. La France aurait-elle pu avoir les moyens de défendre et de créer de nouveaux champions industriels ou technologiques ? On l’ignore. Les multinationales ont désormais une puissance financière qui les rend égale aux grands états occidentaux, avec une agilité que les budgets de l’Etat ne possèdent pas, corsetés par des dépenses de fonctionnement rigides pour assurer les diverses missions de service public que ces états assurent, et une capacité d’endettement étranglée. 
 

Quel modèle européen ?

L’Europe a pu permettre la réussite d’un certain nombre de grands projets : Airbus, Ariane Espace, Eurofighter … essentiellement dans le domaine aérien, militaire ou spatial. Mais là aussi, ce modèle a vécu, remontant aux années 1970 et 1980. Rien de nouveau.

 

L’Europe aujourd’hui, c’est l’ouverture des marchés au sein de l’Europe, c’est la privatisation et le démantèlement de tous les champions industriels publics pour permettre la constitution de groupes privés charognards (le groupe du tchèque Daniel Kretínsky…) qui profitent des ouvertures des marchés nationaux imposés par Bruxelles, des normes édictées, comme le marché de l’électricité, le marché des réseaux ferrés. Voilà ce qu’est l’Europe aujourd’hui. Un zélote du modèle ultra-libéral anglo-saxon qu’elle impose dans chaque compartiment du marché européen qu’elle cherche à ouvrir et à démanteler. Un zélote de la conclusion d’accords commerciaux avec chaque zone commerciale étrangère (Canada, Mercosur, états ACP) avec cette idéologie mortifère pour les industries européennes que ce qui est bon pour le consommateur européen est bon pour l’Europe, quelqu’en soit les conséquences industrielles. Un modèle reposant sur l’édiction de règles et de normes impératives (jusqu’à libéraliser la notion de chocolat !) et sur l’ouverture tout azimut des marchés. 
 

La réussite américaine ne tient peut-être pas tant à la supériorité de son modèle ultra-libéral que dans l’abandon de la planification réfléchie à la française et au déploiement de l’idéologie mortifère de l’Union européenne et des ultra-libéraux qui la servent probablement de manière intéressée.

 

 

Saucratès 

 

 

Nota bene : Le commissariat général au plan existe de 1946 à 2006 mais son rôle est remis en cause dès 1986 lors de la première cohabitation et les plans quinquennaux sont abandonnés en 1993.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commissariat_général_du_Plan


20/11/2024
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Lundi noir sur les marchés financiers, notamment asiatiques

Lundi noir sur les marchés financiers, notamment asiatiques

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, jeudi 8 août 2024

 

Selon Reuters, « les places boursières asiatiques ont accusé lundi 5 août 2024 l'une de leur pire séance depuis plusieurs années, voire décennies pour certains indices, dans le sillage d'un mouvement généralisé de vente provoqué par des craintes d'une récession économique aux Etats-Unis après de mauvais chiffres sur l'activité manufacturière et l'emploi. A Tokyo, l'indice Nikkei 225 a plongé de 12,4% le lundi 5 août 2024, à 31.458 points, soit sa plus forte baisse journalière en pourcentage depuis le 20 octobre 1987. Mais son repli en points (de - 4,451.28 points) dépasse la baisse accusée lors de cette précédente séance et constitue le recul journalier en points le plus important jamais enregistré. L'indice japonais affiche ainsi un repli de 27% depuis son pic du 11 juillet dernier, ce qui le place désormais en territoire baissier (le Nikkei 225 a néanmoins progressé de +10,23% le lendemain mardi 6 août 2024.

 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/08/05/les-bourses-redoutent-une-recession-et-plongent_6268577_3234.html

De son côté, la Bourse de Taïwan (TWII) a chuté de 8,4%, son plus fort repli en une séance depuis le 20 novembre 2000, selon des données de LSEG. En Corée du Sud, l'indice Kospi (KS11) a perdu 8,8%, sa plus forte baisse depuis octobre 2008 et la crise financière mondiale. Le plongeon a été tel - l'indice a perdu jusqu'à 10,8% - que cela a déclenché une restriction des échanges pour la première fois depuis quatre ans. En Asie du Sud, la Bourse de Singapour (STI) perd 4,4% pour se diriger vers sa plus mauvaise séance en quatre ans tandis que les places boursières en Indonésie (JKSE) et aux Philippines (PSI) perdent 3,3% et 2,6% respectivement.

On découvre aussi chaque jour de nouvelles règles et de nouvelles théories explicatives et prédictives des comportements des marchés financiers, comme la règle de Sahm, du nom de l'ancienne économiste de la Fed Claudia Sahm, qui a élaboré cette règle. Actuellement, Mme Claudia Sahm est économiste en chef chez New Century Advisors.

 
La règle dite de Sahm serait un indicateur précoce de récession historiquement précis. La règle de Sahm signale le début d'une récession lorsque la moyenne mobile sur trois mois des taux de chômage nationaux augmente de 0,5 point de pourcentage ou plus, par rapport au minimum des moyennes sur trois mois des douze mois précédents.

L'ancienne économiste de la Fed Claudia Sahm, qui a élaboré cette règle, explique que cette fois-ci, elle ne signale peut-être pas exactement une récession, mais qu'elle voit de nombreuses raisons de s'inquiéter de la trajectoire de l'économie.


«La règle de Sahm est un peu en avance sur elle-même parce qu'elle ne saisit pas ce pour quoi elle a été conçue», a-t-elle déclaré, citant les changements survenus dans l'économie après la pandémie de grippe aviaire et l'augmentation de l'immigration à la suite de pénuries de main-d'œuvre, qui perturbent les données.

Néanmoins, selon Mme Sahm, «Je ne pense pas que nous soyons en récession, mais la dynamique est en train de s'installer dans la mauvaise direction.» La raison invoquée par Mme Sahm est le retard pris par la Réserve fédérale américaine pour assouplir sa politique monétaire. «Étant donné que la FED a tardé à réduire ses taux d'intérêt, un rattrapage en septembre pourrait s'avérer très judicieux» (les marchés tablent sur une baisse des taux de 50 points de base lors de la réunion de septembre de la Fed, alors même que les inquiétudes liées à la récession ont ébranlé les marchés mondiaux lundi). «La Fed pourrait manquer de marge de manœuvre si elle n'agit pas rapidement, compte tenu du temps nécessaire pour que les baisses de taux aient un impact sur l'économie réelle.»

Les évolutions enregistrées par les marchés financiers américains et européens ont été beaucoup moins violents pour ce lundi 5 août 2024, avec une baisse de l’indice phare de la bourse de Paris (CAC40) de seulement -1,42% et de -2,60% seulement pour le Dow Jones Industrial Average, -3,00% pour le Standard and Poors 500, malgré le fait que Reuters titre sur la semaine de ‘la peur au ventre’ pour les actions américaines.

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Et pourtant, graphiquement, les évolutions enregistrées par les marchés financiers ne font pas apparaître de situation anormales pour l’instant. Ci-dessus l’évolution du CAC 40 sur les 20 dernières années (2004-2024) avec une figure sur les derniers mois qui n’est guère différent des mouvements de 2021-2022 et 2023.

 
Le recul de ces dernières séances de bourse ressemblent aux mouvements ou oscillations enregistrées régulièrement au cours des derniers semestres. Par ailleurs, les marchés de New York ou de Tokyo n’avaient jamais atteint de tels niveaux jusqu’au mois dernier, avec un Nikkei 225 a plus de 40.000 points. A son plus haut niveau avant la crise financière de 2007, le Nikkei 225 avait à peine dépassé les 18.000 points, soit son plus haut niveau depuis 1945.


Le Dow Jones a quant à lui aussi dépassé les 41.000 points éphémèrement en juillet 2024 alors qu’il dépassait à peine les 14.000 en octobre 2007. Pour mémoire, le Dow Jones était tombé à l'issue de la crise financière des subprimes à un minimum de 6.547 points en mars 2009. Les valorisations boursières américaines ou japonaises atteignent ainsi actuellement des niveaux jamais observés par le passé, largement supérieures au double des maximums précédents lors des précédentes bulles de valorisation boursière.  

 

Ceci peut ainsi expliquer l’extrême nervosité des marchés financiers. Une étincelle suffirait pour conduire à une explosion.

En 2007, les commentateurs des marchés financiers rappelaient une évidence. «Les arbres ne montent pas au ciel !» Aujourd’hui, les marchés financiers semblent avoir oublié cette évidence. On croyait aussi à cette époque avoir changé de logiciel, avoir changé d’époque. Mais ce n’était pas plus le cas en 2007 que ce n’était le cas lors de la bulle des valeurs internet de 1999-2000. Et il est peu probable que ce soit le cas le cas aujourd’hui, en 2024. Toute hausse a vraisemblablement une fin. La panique de ce lundi 5 août 2024 vient en somme nous rappeler une évidence. La moindre information alarmante dans un marché monstrueusement survalorisé se traduit mécaniquement par une chute vertigineuse des cours de bourse. Même si les cours boursiers de Tokyo ou de New York étaient divisés par deux, ils resteraient encore largement supérieurs aux plus hauts de 2007.

C’est un peu moins sensible pour la bourse de Paris et pour l’indice CAC40 qui a clôturé hier mardi 6 août 2024 à un peu plus de 7.100 points après avoir dépassé les 8.200 points en mai-juin 2024. Les précédents plus hauts de juillet 2007 s’élevaient à 6.000 points, avant que le CAC40 ne descendre à son plus bas niveau en mars 2009 à 2.569 points. A noter que son précédent plus haut niveau historique avait été atteint le 4 septembre 2000 avec 6.922,33 points. Soit pratiquement son niveau actuel d’août 2024.
 
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Cela n’empêche néanmoins pas de se rappeler que malgré le fait que la bourse parisienne semble moins survalorisée que les marchés américains ou japonais, elle demeure proche de ses plus hauts niveaux historiques. Et que cela n’avait pas empêché la bourse parisienne de s’effondrer comme ses consœurs japonaises ou américaines en 2001-2002 pendant la crise des dot.com ou en 2007-2009 lors des crises des subprimes.

 

 
Saucratès

 

 

Post scriptum : cet épiphénomène du lundi noir 5 août 2024 peut aussi n’avoir aucune conséquence et le mouvement de croissance des places boursières mondiales peut tout à fait se poursuivre encore quelques années. Cela fait des années, depuis 2018 ou 2019, que je pronostique une nouvelle crise financière qui n’arrive pas. 


08/08/2024
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