La crise des années 1847-1848
La crise de 1847 est considérée comme la dernière crise frumentaire européenne, due à des récoltes de blé très mauvaises en 1846 (une famine touche également l'Irlande dès 1845). La soudure entre 1846 et 1847 est extrêmement difficile, avec avec une forte augmentation du prix du pain, des contestations naissantes en France, vivement réprimées (déportations au bagne). Par ailleurs, l'Europe entre aussi dans la Révolution industrielle, et cette crise est également considérée comme la première crise industrielle de notre histoire.
Les conséquences de cette crise seront plus graves en Europe que la précédente crise de 1836. Dans les années précédant la crise, on observe en effet la constitution d'une nouvelle bulle spéculative boursière sur les actions des compagnies de chemin de fer. En Angleterre et en France, l’engouement pour ces sociétés et la sous-estimation du coût des travaux d'investissement ont fait monter les actions à des cours démesurés. La baisse des cours de bourse enregistrée depuis 1845 et leur effondrement en 1847, due pour partie à de nouveaux appels de fonds qui ont mis fin à la confiance (les banques centrales anglaises et françaises procèdent également à un relèvement parallèle de leurs taux d'escompte de 3% à 5% pour lutter contre des dérèglements des échanges d'or entre les économies ...), révèle une crise du crédit qui provoque une panique bancaire et la faillite de nombreuses banques ainsi que la suspension de l'activité de plusieurs compagnies de chemin de fer. Cette crise financière, boursière et bancaire, sera suivie peu après en France par une révolution politique (journée du 22 février 1848), entraînant l'abdiquation du roi des français Louis-Philippe, qui règnait depuis 1830, la déclaration de la seconde république, et l'éclatement d'une commune à Paris (juin-juillet 1848). Cette nouvelle révolution engendre une nouvelle panique boursière qui entraîne une nouvelle vague de faillites.
Il doit être noté que bien que cette crise soit d'origine agricole, l'installation de la dépression économique est largement liée aux mouvements boursiers spéculatifs, aux conséquences de la réduction des dépenses publiques sur les programmes de grands travaux (ferrovières) et sur la métallurgie, et à des politiques monétaires restrictives, dues à l'application de règles strictes de gestion monétaire encadrées par la convertibilité en or des monnaies (et par le banking act de 1844 en Angleterre). La contraction du crédit qui en découle favorise la généralisation de la crise. Elle se transmet ensuite à l'étranger via les marchés des changes et du commerce. Les monnaies étant convertibles en or, les difficultés d'un pays se traduisent par des mouvements d'or qui déstabilisent les marchés. («Analyse économique et historique des sociétés contemporaines» de Marc Montoussé).
A cette occasion, la Banque de France fera une avance de 50 millions de francs-or à la Banque d'Angleterre pour lui permettre de faire face à ses engagements. De son côté, en février 1848, le gouvernement français impose le cours forcé des billets de la Banque de France, dont la convertibilité en or est suspendue, permettant à la Banque de France de secourir plus facilement les banques et les industriels (politique monétaire expansive).
La crise de 1847-1848 sera également notamment étudiée attentivement par Marx et Engels. Elle marque le début des mouvements ouvriers et de ses rapports conflictuels avec le patronat (même si le droit de grève n'est pas reconnu et si les syndicats ouvriers sont interdits et combattus en France mais également aux Etats-Unis).
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 45 autres membres