Quel programme en matière de compétitivité des entreprises
Réflexion une (8 octobre 2012)
Les entreprises françaises ont-elles un problème de compétitivité des salaires ?
Le débat actuel sur la compétitivité des salaires en France tel qu'il est relayé par la presse et les médias me pose problème. Je comprends la position des industriels français sur la question, leur inclinaison à chercher d'autres boucs émissaires aux problèmes économiques que nous traversons. La raison expliquant les difficultés des entreprises françaises serait le coût des salaires des travailleurs français. Qu'ils réussissent à obtenir cela d'un gouvernement socialiste serait particulièrement savoureux pour eux ; le comble de l'ironie pour tous ces patrons qui n'ont jamais voté socialiste ! Mais cela ne les empêchera même pas de continuer à se plaindre des socialistes qui n'aiment pas l'argent et ceux qui réussissent, et à continuer à s'éxiler fiscalement ! Le comble de l'ironie étant que nous électeurs socialistes, nous serons les perdants, les dindons de la farce !
Le comble de l'ironie, c'est bien qu'un gouvernement socialiste se propose de transférer des charges patronales pour les faire payer par les salariés. Il n'existe pas de solutions miracles en économie : si les charges prélevées ne diminuent pas mais sont juste transférées sur d'autres formes de prélèvement, si les patrons/les entreprises enregistrent une baisse de leurs charges, c'est forcément que quelqu'un d'autre va payer, qu'il va enregistrer une hausse de ses prélèvements ! Les salariés ! Et le pire, c'est justement que cette évidence n'est même pas avouée/reconnue par les socialistes, par le gouvernement !
Alors évidemment, par rapport à des états comme la Chine, l'Europe de l'Est ou du Sud, on a effectivement des coûts salariaux supérieurs. Il pourrait alors peut-être paraître très intelligent de proposer de baisser les salaires en france, de non pas donner un coup de pouce au Smic mais au contraire un (gros) coup de rabot pour aider à restaurer la compétitivité des entreprises françaises ! Ne nous y trompons pas, sous une autre forme, c'est exactement ce que le gouvernement socialiste français prévoit de faire, à la grande satisfaction du patronat !
Si je ne suis pas d'accord avec la solution proposée par le gouvernement, suis-je au moins d'accord avec le diagnostic sur le problème de compétitivité ? Je suis d'accord sur un seul fait : le fait que les coûts salariaux soient effectivement élevés en France. Mais pas plus qu'en Allemagne dont les produits ne souffrent pourtant pas d'un manque de compétitivité ! Le problème est donc selon moi ailleurs ! Des problèmes de positionnement des entreprises françaises et de leurs produits ! Les coûts salariaux sont un faux problème, qui n'ont par exemple rien à voir avec les problèmes de Peugeot. Le coût des salaires représentent ainsi une proportion faible du coût de fabrication d'une voiture, et ne pourrait pas être impacté par une baisse minime des salaires français.
Mais, quant à proposer de diminuer les coûts salariaux, pourquoi ne pas agir sur les plus gros salaires de ces entreprises affichant des problèmes de compétitivité. Pourquoi ne pas limiter les plus gros salaires des cadres dirigeants en les plafonnant à un certain multiple des plus bas salaires de leurs employés, par exemple entre 5 et 10 fois ? Une telle mesure aurait un impact certain sur leur masse salariale et leur permettrait d'économiser des dizaines de millions d'euros, diminuant d'autant leurs coûts salariaux !
Nota : Enfin, il y a une dernière chose qui m'interpelle dans cette réflexion gouvernementale, et notamment dans le rapport Gallois qui est censé nourrir cette réflexion, c'est son incompétence en matière de droit social ... Mais que peut-on attendre d'autre d'un patron de grande entreprise qui a largement dépassé son âge de péremption ? Selon le rapport Gallois en effet, «pour faire accepter ces mesures par les syndicats, Louis Gallois suggérerait de leur donner une voix délibérative dans les conseils d'administration des entreprises» ... Mais il y a déjà des représentants des salariés ... et donc des syndicats ... dans les conseils d'administration de toutes les entreprises de plus de 50 salariés qui ont un comité d'entreprise, avec voix délibérative, même si le patronat fait en sorte de limiter leur droits et leurs pouvoirs pour les cantonner à servir de porte-paroles des salariés ... La proposition de Louis Gallois est donc au mieux vide, au pire sans intérêt. Ce n'est pas cela que j'échangerais mais bien la co-gestion à l'allemande, c'est-à-dire l'octroi aux représentants des syndicats des salariés de la moitié des postes au conseil d'administration, ainsi que le partage des postes de direction des entreprises ... Cela, ce serait une véritable avancée !
Saucratès
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