Les gilets jaunes - Populisme ou anarchisme - Bis
Réflexion quatre (lundi 10 décembre 2018)
Le spectre du racisme dans le mouvement des gilets jaunes réunionnais - Ou jusqu'où peut aller la haine des blancs !
Je n'ai encore à cette heure aucune idée de l'ampleur du mouvement des gilets jaunes réunionnais en ce lundi 10 décembre 2018. Notre département sort de deux semaines de blocages sur les routes, pris en otage par quelques centaines de représentants du peuple, crevant supposément de faim. L'un des principaux représentants de ces gilets jaunes, l'un de leurs principaux meneurs, l'un des plus actifs sur les réseaux sociaux, celui qui intervient régulièrement au niveau des médias, celui qui se présente comme un représentant des crèves la dalle représentants le peuple, roule en fait dans des véhicules automobiles de luxe (Porsche Macan et BMW X6) même si en fait ce n'est pas lui qui les a payé ! Et qu'il est apparemment apparenté à un homme politique éliminé de la vie politique réunionnaise ...
Il y a d'abord un premier niveau d'interrogation : comment des personnes peuvent-elles se présenter comme le peuple réunionnais ? Au nom de quel principe des quidams lambda peuvent-ils déclarer qu'ils sont le peuple, le peuple qui crève de faim, qui n'ont même pas de quoi offrir un cadeau à leurs petits enfants ? Comment peut-on prendre au sérieux des gens qui avancent de tels arguments, si ce n'est sous la contrainte de la peur, par crainte des exactions de ces mêmes personnes, dont on se sent obliger de se déclarer solidaire de leur combat, parce que sinon ils vous tabasseraient sur des barrages, dans la rue, sur internet ou sur les réseaux sociaux, qu'ils appelleraient à vous lyncher ... J'appartiens au peuple ; c'est une affirmation correcte. Comme de dire que j'appartiens (à tord ou à raison) à la classe moyenne. Mais de dire que je suis (ou nous sommes) le peuple, c'est une nouvelle prise en otage de la multitude des réunionnais par une fraction agissante, agressive, haineuse.
Deuxième niveau d'interrogation, comment un tel mouvement peut-il être ouvertement raciste sans réaction de personne, et surtout pas des forces de police, voire des spectateurs réunionnais ? Imagine-t-on des scènes de pogrom dans de le mouvement des gilets jaunes en France métropolitaine à l'encontre de tous ceux qui seraient un peu trop sombres de peau ??? Que dirait-on si les gilets jaunes arrêtaient les noirs (ou bien ceux parlant français avec un accent africain ou antillais) aux barrages, les caillassaient, ou les prenaient à partie, voire appeler à les lyncher ? La Réunion n'est pourtant pas sensée être une île de tolérance et un exemple de savoir vivre-ensemble ?
Revenons en donc à ces épisodes qui expliquent le titre de ce post. D'abord ces gilets jaunes du rond point de Gillot qui n'hésitent pas à agresser physiquement les zoreils qui leur tombent sous la main, surtout si le pauvre bougre à la mauvaise idée de vouloir prendre des photos du mouvement. Il a fallu l'intervention des gendarmes mobiles pour éviter que le pauvre bougre ne se fasse lyncher.
Deuxièmement, cet épisode dont tant de personnes parlent au sujet d'un métropolitain (ou zoreil) qui a utilisé une bombe insecticide sur un gilet jaune au bord de la route, au rond-point de Saint-Gilles. Une multitude d'internautes réunionnais condamnent son geste et je pense qu'ils auraient aimé pouvoir lyncher ce pauvre bougre, parce que selon eux, la vidéo réalisée de son geste montre que le barrage n'était pas bloquant, qu'il pouvait circuler librement. Une de mes collègues condamnait aussi cette personne. Je pense pour ma part juste que le pauvre bougre était juste super énervé par des semaines de blocage. Ou par les kilomètres ou les centaines de mètres de bouchon qu'il venait de subir. Moi même, j'ai des pensées assassines rien qu'en voyant un pauvre travailleur en gilet jaune au bord d'une route, même si en fait ce n'est même pas un gilet jaune, mais juste un ouvrier en train de travailler. Je comprends donc parfaitement son geste.
Mais ce n'est pas là le pire. Le pire se trouve à la fin de cette vidéo. Le meneur du barrage (parce que les barrages des gilets jaunes ont des meneurs autoproclamés) interdit que l'on tabasse l'horrible et criminel 'zoreil'. Mais il l'interroge (entravé et bousculé - un gendarme qui aurait ce genre de méthode d'interrogatoire irait directement en prison) pour savoir si c'est un zoreil, s'il habite sur l'île ou si c'est un vacancier, puis sachant qu'il habite sur l'île, fait faire un gros plan du visage du bougre pour ensuite appeler à lyncher l'horrible zoreil et que les reunionnais lui fassent comprendre qu'il n'a rien à faire à La Réunion! Comme l'écrit le site d'information Zinfos974, ils ne peuvent diffuser la vidéo complète de cet épisode parce qu'ils ne peuvent pas cautionner un appel au lynchage public ! Vu la profession de ce monsieur, serment d'Hypocrate ou non, j'espère que les racistes qui l'ont interpelé, l'ont molesté et ont appelé à le lyncher n'auront pas besoin de cette personne au cours de leur vie !
Des épisodes à vous dégoûter de cette île admirable, mais dans laquelle des irresponsables et des racistes essaient de pourrir l'atmosphère pour je ne sais quels enjeux politico-politiciens, ou juste pour avoir un peu de pouvoir ou de reconnaissance.
Réflexion trois (jeudi 6 décembre 2018)
Le mouvement des gilets jaunes est-il conforme à la morale ou à l'éthique ?
En d'autres termes, le fait de bloquer la circulation automobile, les autres automobilistes et les autres usagers de la route, de la circulation, pour défendre des idées individuelles ou pour contester une réforme, des taxes ou une politique est-il moralement et éthiquement acceptable et normal ? Evidemment, dans cette interrogation, il me faudra déterminer ce que j'entends par «éthique», «morale», «moralement» ou «éthiquement». Heureusement qu'il ne me faudra pas définir ce que l'on peut entendre par «mouvement» ou par «gilets jaunes».
Pourquoi cette interrogation ? Parce que ces mêmes gilets jaunes revendiquent le droit de manifester, de bloquer pacifiquement (selon eux) la circulation automobile pour faire entendre leur voix ! Parce qu'ils estiment que c'est cela la démocratie, un droit à s'exprimer par tous les moyens qu'ils souhaitent, quelque soit la forme de cette expression ! Et parce que selon eux, l'intervention des forces de police pour les empêcher de bloquer des axes routiers, pour les déloger des barrages qu'ils ont érigé au milieu des voies de circulation, sont une atteinte à leur droit de s'exprimer, de faire entendre leurs revendications, une atteinte à leur liberté !
Ont-ils donc raison ? Est-ce cela la démocratie ? Le droit pour chacun de faire ce qu'il veut, d'exprimer comme il veut ses revendications, sans s'intéresser le moins du monde à ce que pensent les autres ou bien sans prendre en compte la gêne qui en résulte pour les autres ? Si leur combat est juste, si les objectifs, les buts de leurs actions sont éthiques et morales, si les formes de leurs actions sont conformes à l'éthique et à la morale, alors effectivement, ils auraient absolument raison ! Ils pourraient agir de cette manière, bloquer leurs concitoyens, les emmerder autant qu'ils le souhaitent, appeler à la révolution et à la guerre civile, rançonner les autres usagers et piller demeures et commerces autant qu'ils le souhaitent pour leurs intérêts personnels, parce qu'ils le peuvent, parce que leur nombre le leur permet ! Et la réponse répressive de l'Etat serait alors effectivement disproportionnée si leurs mobiles, leurs moyens, leurs actes étaient moralement et éthiquement acceptables !
Inversement, si les mobiles, si les buts, si les objectifs, si les moyens d'action utilisés, si les formes de leurs actions, si leurs actions elles-mêmes ne sont pas conformes à la morale et à l'éthique, alors l'ensemble du mouvement des gilets jaunes ne correspondrait pas à l'usage normal de la démocratie et ce mouvement serait une vaste fumisterie, une énorme violation du droit et de la morale, une agression contre la pensée, contre les droits des autres usagers, contre les principes mêmes de ce qui devrait régler les relations entre des personnes civilisées, humaines et éthiques ! Il va de soi que j'ai déjà mon idée de la réponse à apporter à ces événements. Je ne vois rien d'éthique ou de morale dans les actes que j'ai vu se perpétrer, dans les comportements des personnes que j'ai pu observer dans la réalité, dans les médias ou que j'ai entendu être rapportés par des amis ou des connaissances. Si la règle de l'emmerdement maximal était éthiquement et moralement acceptable, cela ferait longtemps qu'on le saurait !
Evidemment, les gilets jaunes n'ont pas inventé les blocages de la circulation ! Cette arme de blocage a été régulièrement utilisée par des professionnels de la route comme les transporteurs routiers et les chauffeurs routiers, que ce soit en France métropolitaine ou à la Réunion, par le passé. Le fait d'investir des centres-villes ou la circulation autour de préfectures a également régulièrement été observée par le passé, notamment par les agriculteurs, qui n'aiment rien d'autres que de déverser des tonnes de lisier ou de pommes de terre, chou-fleurs ou autres légumes ou fruits devant les entrées ou les places des préfectures. Je pense même que le déversement de lisier (déjections des oiseaux) ou de purin (déjection des animaux porcins) marque beaucoup plus les esprits et les narines des préfets et des représentants de l'Etat que toute autre forme d'actions ! Les mouvements estudiantins ou lycéens ont également régulièrement utilisé l'arme de l'occupation de la voie publique pour faire entendre leurs revendications ou leur colère. Le mouvement des gilets jaunes n'est donc pas si novateur dans ses méthodes et ses moyens d'action.
S'il est novateur, c'est plus par le fait de son inorganisation apparente, par son surgissement à l'écart de toute organisation pensée, comme s'il s'agissait d'un mouvement pratiquement révolutionnaire, spontané, à l'image des grandes révolutions qui ont parsemé l'histoire de notre pays, de la France, comme la révolution mère de toutes les révolutions suivantes, celle de 1789, et celles qui l'ont suivi comme celles des années 1848 et 1870, et au final 1968.
Mais en disant cela, je n'ai encore rien démontré.
Cette forme d'actions, les buts et les objectifs de ces actions, sont-ils conformes à l'éthique ou à la morale ? D'abord, il est d'usage en philosophie morale de ne pas faire de différence entre l'éthique et la morale. Ces deux termes sont considérés comme strictement équivalents. Une seule petite différence concerne l'aspect parfois plus restrictif du concept d'éthique en matière professionnelle. On ne parlera pas de la morale du médecin ou de l'avocat ; on parlera d'une éthique, de chartes éthiques, avec la même acceptation que lorsque l'on passe de déontologie, de charte déontologique. Il n'y a donc pas dans mon acceptation de ces deux termes d'éthique et de morale de différences entre eux. De la même manière, je pourrais parler de déontologie, même si dans ce cas, il existe des différences puisque la déontologie est plus centrée sur des professions particulières, sur des cas concrets, et se rapportent à des ensembles de règles, de lois, d'attitudes obligatoirement et précisément prescrites et auxquelles il faut se référer et auxquelles il faut obéir absolument !
Ce serait ainsi appréciable qu'il y ait une éthique ou une déontologie du manifestant, du gilet jaune, du casseur, du pilleur !!! Ce qui n'est évidemment pas le cas.
Puisque j'ai expliqué ce que j'entends par «conformité à la morale ou à l'éthique», puisque j'ai même posé que selon moi, les manifestants, les casseurs et les gilets jaunes n'avaient pas de codes d'éthique ou de déontologie, il me reste à expliquer ce qui selon moi est contraire à la morale ou à l'éthique dans leurs actions, dans leurs buts, dans leurs objectifs et dans les modes d'actions.
Avant d'indiquer ce que j'indique comme «loi morale» ou «loi éthique», je me permettrais de prendre un exemple a contrario. Si les moyens d'actions, les buts et les objectifs des gilets jaunes étaient conformes à la morale et à l'éthique, il serait alors normal que moi ou d'autres usagers de la route, excédés par les barrages érigés par ces gilets jaunes, nous décidions maintenant de venir bloquer leurs propres domiciles pour les empêcher de sortir de chez eux, pour les emmerder, pour les bloquer deux semaines durant à leur domicile. Juste pour les emmerder ! Si leur mode d'actions était conforme à l'éthique et à la morale, alors ce même mode d'actions à leur égard serait tout également conforme à l'éthique et à la morale, et ils n'auraient aucun droit de le contester ou de s'énerver ! On ne ferait que leur faire ce qu'ils auraient fait de la même manière !
On est bien d'accord ? A l'inverse, si le fait de bloquer maintenant des gilets jaunes pour les empêcher de sortir de chez eux, pour les emmerder, n'était pas conforme à l'éthique et à la morale, s'ils avaient le droit d'appeler les forces de police et de gendarmerie pour nous faire dégager, ou s'ils avaient le droit de nous attaquer et de nous faire déguerpir par la force, alors leur propre mouvement est tout aussi contraire à la morale et à l'éthique.
Et il n'y avait dans le mouvement absolument rien de démocratique, rien de conforme au droit de s'exprimer et d'afficher librement une opinion ! Ce n'était qu'une violation des droits des autres usagers de la route, une prise en otages du reste de la population du département de la Réunion, et plus largement de l'ensemble des français au plan national ! Un usage illégitime de la force et d'une soit-disant liberté d'expression !
Je citerais Emmanuel Kant pour expliciter ce que j'entends par le terme de morale ou d'éthique.
« Mais quelle peut donc bien être cette loi dont la représentation (...) doit déterminer la volonté pour que celle-ci puisse être appelée bonne absolument et sans restriction ? (...) En d'autres termes, je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle ».
Cette citation est tirée des «Fondements de la métaphysique des moeurs» (éditions Vrin page 68), ouvrage initialement publié en 1785. Une autre citation un peu plus loin explicite légèrement cette loi universelle :
« Donc, pour ce que j'ai à faire afin que ma volonté soit moralement bonne, je n'ai pas précisément besoin d'une subtilité poussée très loin. Sans expérience quant au cours du monde, incapable de parer à tous les événements qui s'y produisent, il suffit que je demande : Si tu ne le peux pas, la maxime est à rejeter, et cela en vérité non pas à cause d'un dommage qui peut en résulter pour toi ou même pour d'autres, mais parce qu'elle ne peut pas trouver place comme principe dans une législation universelle possible (...) ».
Je pense que cette définition de ce qui peut être «bon» ou «pas bon», «moral» ou conforme à l'«éthique» est suffisamment claire et suffisamment universellement valable. De multiples formes d'actions, de formes de manifestations sont conformes à la légalité. Les personnes doivent le droit de manifester leur désaccord, leur opposition à une politique, leur colère devant un gouvernement ou des politiques, contre des réformes injustes ou inéquitables, ils doivent avoir le droit de manifester physiquement, mais les modes d'actions du mouvement des gilets jaunes à la Réunion, comme dans d'autres départements d'outre-mer dans d'autres occasions (je pense à Mayotte, à la Guyane avec le mouvement des 100 frères ou à la Guadeloupe à l'époque du LKP), où prime la volonté de prendre en otages la population et de causer le maximum d'emmerdement, tout ceci afin d'exprimer une haine et une rage in-maitrisées et in-maitrisables, ne sont ni «bonnes», ni «morales», ni conformes à l'«éthique» !
Saucratès
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