Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Du développement (3)

Réflexion trente (17 avril 2008)
La démocratie existe-t-elle réellement ... des liens entre développement économique et vol ... autrement dit, est-ce la démocratie qui expliquerait le développement ou est-ce la confiscation des ressources étrangères par le vol ?


La démocratie, bien qu'étant un critère imparfait pour expliquer le développement économique, au sujet duquel on peut s'interroger à raison sur sa pertinence, existe-t-elle réellement dans les faits ?

Parce que je vis en France et que je suis de nationalité française, j'aurais plutôt l'impression qu'il faudrait parler de démocratie formelle. La difficulté pour les citoyens d'un pays d'appréhender la réalité quotidienne d'une démocratie s'explique par les difficultés de la délégation du pouvoir vers nos représentants. On n'appréhende véritablement une démocratie, avec ses avantages, ses inconvénients et ses limites, que lorsque l'on en est un élu. Mais c'est plus facilement envisageable dans les petites communes rurales, avec peu d'habitants, que dans les grandes agglomérations regroupant une centaine de milliers d'habitants, où le nombre de postes d'élus est relativement limité par rapport à la population éligible.

Le problème des démocraties tiennent aussi dans la confiscation du pouvoir de désignation des candidats dans les principaux partis politiques par des groupes non représentatifs, par une nomenklatura issue de grandes écoles (telle l'ENA), ou encore par des organisations secrètes telles des loges maçonniques. Lorsque l'égalité de tous devant la possibilité de se présenter aux élections désignant les représentants du peuple n'est pas respectée, lorsque les choix des citoyens semblent biaisés grâce à la confiscation du dialogue au bénéfice de quelques leaders autoproclamés et charismatiques ... Alors ces citoyens cessent de se croire en démocratie, pour se croire dans une forme de sondage d'opinions où une petite partie des citoyens confisquent les pouvoirs et la prise de décision à leur profit.

Ainsi, il m'est difficile d'assurer que nous vivons en France dans une démocratie. Cela a la forme d'une démocratie, les règles d'une démocratie, il y a des élections libres régulières pour choisir nos représentants, le choix entre ceux-ci est parfaitement libre, les élections sont le plus souvent normales, sans bourrage d'urnes, même si les candidats choisis par d'autres (même si la mise en oeuvre de primaires au PS et à l'UMP donne l'impression que les adhérents participent au choix), avec l'aide des médias qui leur donnent la stature indispensable pour pouvoir être connu et être élu. Mais est-ce vraiment une démocratie ? La France n'est même pas véritablement un état de droit, en raison des 'libertés' prises par un certain nombre d'entre nous avec les règles sociales de fonctionnement de notre société française.

Peut-on dire que la démocratie n'existe vraiment nulle part ? Après tout, la France n'a peut-être pas inventé la démocratie, même pas la république (Platon l'avait inventé avant nous !), mais c'est l'une des premières démocraties de l'ère moderne, et si la France n'est pas une démocratie, il n'existe pas de démocratie véritable, et en tout cas il n'en existe pratiquement aucune dans le monde en développement.

En fait, il n'y a pas de démocratie en France pour une raison ... Le non respect des principes fondateurs de notre démocratie, de notre république, ces trois mots écrits aux frontispices de nos monuments publics, de nos maisons du peuple (devenus aujourd'hui des entreprises commerciales et des chasses gardées au profit de certains) ... Liberté, Egalité, Fraternité ... à ne pas confondre avec ceux du régime de Vichy ... Travail, Famille, Patrie ... que nos gouvernements libéraux successifs semblent préférer défendre et appliquer ...

C'est l'absence d'égalité réelle entre les citoyens français, égalité à l'égard des puissances de l'argent, du pouvoir, des études, du milieu de vie, qui détruit notre organisation sociale, et la démocratie ... Le simple fait que certains puissent, grâce à des réseaux occultes, contrôler la vie publique, les désignations, les élections, l'économie française dans son ensemble.

Evidemment, ce contrôle occulte n'est pas formellement visible en France, au travers du prisme des médias qui sont également soumis à ce même contrôle, tandis que dans de nombreux états en développement, les mêmes contrôles sont plus apparents, car s'appuyant sur des institutions voyantes, telle l'armée, la gendarmerie, des clans ou des ethnies ...

Mais au fond, où se situe la différence ? Nulle part ! Le plus souvent, la démocratie n'existe pas, n'est qu'apparence ... Même si, ailleurs dans le monde, son absence peut prendre des formes beaucoup plus coercitive qu'en France ...


Réflexion vingt-neuf (15 avril 2008)
Des relations entre le développement économique et les principes de l'état de droit ...


L'un des critères considérés comme important en matière de théorie de développement est le respect des principes démocratiques. Ce point fait cependant débat, car un certain nombre d'états asiatiques, notamment, ont réussi leur décollage économique malgré le fait qu'ils ne respectaient les règles de la démocratie (le cas de la Chine mais également de quelques dragons ou tigres asiatiques) ...

Existe-t-il une démonstration plus avancée de cet idéal ? Plus que le respect des règles démocratiques, il faudrait parler de respect des règles d'un état de droit. Cette distinction n'est toutefois pas parfaite. L'état de droit détermine les règles de fonctionnement d'un pays ; la démocratie détermine le mode de partage du pouvoir au sommet de l'état. On pourrait imaginer une démocratie qui n'est pas un état de droit ... la France est partiellement dans ce cas ... Mais on pourrait aussi imaginer un état de droit qui ne serait pas une démocratie.

Le respect des règles d'un état de droit implique principalement une sécurité des investisseurs dans un état, c'est-à-dire l'existence d'une justice indépendante et intègre, le respect des droits individuels de chacun, la neutralité de l'état central ou local et des fonctionnaires qui le représente et une absence de surcoûts tels ceux liés aux versements de pots-de-vins à des intermédiaires privés ou étatiques. Le respect des règles d'un état de droit implique aussi pour ses habitants l'absence de perception de ces mêmes pots-de-vin, le respect des lois et des règlements, l'éloignement des divers trafics lucratifs le plus souvent contraires à l'ordre public. Le respect des règles d'un état de droit implique aussi la discussion de manière collégiale et transparente de ce que doit être l'ordre public.

Un état de droit est un ensemble indivisible. Lorsque les citoyens d'un pays ne respectent pas les règles d'un état de droit dans leurs vies quotidiennes et dans leurs échanges avec les autres (corruption, trafic, agressions), pourquoi leurs dirigeants respecteraient-ils ces mêmes règles ... Il leur sera en effet impossible de réclamer que l'état agisse avec eux dans le respect de règles qu'eux-mêmes ne respectent pas. Aberration ... une telle attente n'est possible que dans un état de droit telle la France, où les forces de police, la justice, le fisc, la sécurité sociale doivent traiter les fraudeurs ou les délinquants de la même manière que tous les autres citoyens, avec les mêmes droits ... Mais en même temps, plus il se trouve de personnes à ne plus respecter les règles d'un état de droit, plus le risque que certaines de ces personnes accèdent au pouvoir devient élevé, et plus le risque est important que ces personnes essaient de se maintenir au pouvoir par tous les moyens, même de manière contraire aux règles d'un état de droit, ou essaient de s'enrichir au détriment des autres, en violation des règles de l'état de droit.

C'est dans une certaine mesure le cas de la France, où une proportion relativement élevée de nos concitoyens trichent avec les règles régissant notre société, à leur avantage personnel, sans s'interroger sur les conséquences d'une généralisation à tous de leurs pratiques (corruption de certains fonctionnaires dans la passation des marchés ou de certains élus locaux, de salariés responsables des achats dans les entreprises privées voire de syndicalistes - travail non déclaré - bénéfice indu des minimas sociaux ou de la CMU - non déclaration des impôts ...). Ces comportements de passagers-clandestins sont évidemment communs à toute démocratie ... Le problème de sa généralisation en France ... Dans quelle mesure ne peut-on pas dire que les français n'ont pas compris le fonctionnement d'un état de droit et les obligations qui leur incombent, en contrepartie des avantages qu'ils en retirent ? Plus que du caractère frondeur des français, ne faudrait-il pas parler d'un rejet des règles d'un état de droit par les français, sans que l'on sache si ces derniers sont prêts à en payer le prix en terme de dictature, eux qui sont aussi les premiers à manifester violemment leur attachement à une démocratie idéalisée et idéaliste.

C'est très précisément le cas de nombreux états sous-développés d'Afrique, où la 'débrouille' est devenue l'occupation privilégiée de leurs habitants, où la corruption et la prévarication sont générales, chez la majorité des personnes qui détiennent une parcelle de pouvoir sur les autres (gendarmes, soldats, douaniers, fonctionnaires, élus ...) et où les possibilités d'enrichissement lorsque l'on atteint les plus hautes responsabilités politiques sont tellement tentantes que peu de dirigeants politiques n'ont pas détourné des fonds publics ou ne se sont pas maintenus au pouvoir en violation des règles constitutionnelles et en violation des droits individuels de certains de leurs concitoyens (intimidation ou disparition d'opposants politiques ...).

De là à penser qu'il existerait un lien entre état de droit et développement ! Le rétablissement des principes constitutifs d'un état de droit repose le plus souvent sur la remise en état de marche de l'état. Rétablir une fonction publique et une justice non corrmpue implique de rétablir les finances de l'état pour rémunérer correctement les fonctionnaires qui y travaillent. Rétablir les finances de l'état implique de faire cesser les trafics et soumettre à imposition tous les revenus, toutes les richesses et tous les échanges commerciaux, qui sont pour l'instant non déclarés. Les deux pôles, sphère publique et sphère privée, sont ainsi effectivement liés ... Ce que nul ne sait pour l'instant, c'est comment rétablir un état de droit lorsqu'il a disparu sous les combines des uns et des autres ... et à partir de quand un état de droit disparaît lorsqu'une majorité des citoyens qui le composent n'en appliquent plus les règles.


Réflexion vingt-huit (14 avril 2008)
Des conséquences du retour de la faim en matière de politique de développement ...


La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International s'inquiètent du renchérissement des denrées alimentaires pour les populations des pays en développement, et des émeutes de la faim qui se produisent ici ou là, un peu partout dans le Tiers-Monde.

En Egypte, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, en Ethiopie, à Madagascar, aux Philippines, en Indonésie, à Haïti, de violentes manifestations ont eu lieu dans ces pays, opposant des milliers de pauvres affamés aux forces de police nationales ... D'après un rapport de la Banque mondiale publié la semaine dernière, la hausse des prix du blé atteignait 181% à l'échelle mondiale en février sur les 36 derniers mois, et la hausse mondiale des prix alimentaires s'élevait à 83% sur la même période.

Selon les Nations Unies, il est prévisible d'envisager que près d'un milliard de personnes soient gravement sous-alimentées du fait du renchérissement actuel, ce qui constituerait un terreau particulièrement favorable à une montée des émeutes et à une déstabilisation de pays fragilisés.

Pour Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, il est temps de proposer une nouvelle politique alimentaire ambitieuse. Le Programme alimentaire mondial a besoin d'au moins 500 millions de dollars pour faire face à la crise. La Banque mondiale prévoit de doubler ses prêts agricoles en Afrique en les portant à 800 millions de dollars.
http://www.lemonde.fr/organisations-internationales/article/2008/04/14/emeutes-de-la-faim-la-banque-mondiale-tire-la-sonnette-d-alarme_1034143_3220.html#ens_id=1031034

Quelles réponses peuvent apporter les organismes bilatéraux de développement européens, comme l'Agence française de développement, perdue dans sa production intellectuelle, au lieu d'aider les états en développement d'Afrique, leurs populations affamées, et d'apporter des réponses à leurs gouvernements respectifs ?


Réflexion vingt-sept (13 avril 2008)
Le retour de la faim dans le Tiers-Monde ou les échecs des politiques de développement, de lutte contre la pauvreté, et des processus d'urbanisation ... Autrement dit, les grands discours des développeurs ne servent une fois encore à rien, même lorsque leurs objectifs visent simplement à être personnellement reconnus internationalement comme de grands visionnaires du développement ...


Lire cet article intéressant d'Eric Le Boucher sur le retour des affamés ...
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/04/12/le-retour-des-ventres-creux-par-eric-le-boucher_1033942_3232.html

Les institutions de développement occidentales essaient de produire de plus en plus d'études ardues sur le développement, sur l'eau, sur le changement climatique, sur la biodiversité ... ce que le directeur général de l'AFD appelle 'la Production Intellectuelle' ... Mais cela ne résoudra pas les problèmes des personnes que de telles institutions devraient aider et qui meurent de plus en plus de faim, en raison du renchérissement sur les marchés mondiaux des céréales alimentaires et de la nourriture. Comme d'habitude, les dirigeants et les hauts cadres de ces organismes de développement cherchent à être reconnus internationalement pour obtenir un poste plus prestigieux par la suite, ou simplement demeurer appréciés par leurs supérieurs hiérarchiques ou leurs tutelles ...

Où se jouera donc le développement demain ... dans les villes comme le pensaient en juin 2007 Thoraya Ahmed Obaid (secrétaire générale adjointe de l'ONU) et Jean-Michel Severino (directeur général de l'Agence française de développement) ... ou dans les campagnes du Tiers-Monde, pour s'adapter à une nouvelle agriculture et l'adapter aux méthodes africaines de contrôle du sol ?

Comme quoi, un simple renchérissement des denrées agricoles, parfaitement prévisible, remet complètement en question un schéma de développement sans que personne n'y ait préalablement songé ... malgré les milliers de grands penseurs en développement qui sont censés y réfléchir à longueur de journées ...


Réflexion vingt-six (28 juin 2007)
Urbanisation et développement


A la une du Monde en ce 28 juin 2007, deux articles sur l'urbanisation croissante de la population mondiale. Ces deux articles se basent sur le rapport annuel du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) consacré à la question urbaine.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-928572@51-928704,0.html

Le premier article écrit par Hervé Kempf, journaliste au Monde, rappelle qu'en 2007, pour la première fois, il y aura sur notre Terre plus de citadins que de ruraux. Et selon le rapport du FNUAP, les villes devraient regrouper près de 5 milliards d'habitants en 2030, soit 60% de la population mondiale. Cette croissance se produira essentiellement dans les pays du Tiers-Monde, particulièrement en Asie et en Afrique, et accroîtra les problèmes d'insalubrité, de pauvreté et environnementaux liés aux bidonvilles. Selon ce rapport, les bidonvilles regrouperaient déjà aujourd'hui 1 milliard d'humains (sur 3,3 milliards de citadins), vivant dans des conditions précaires, dans un environnement insalubre, caractérisé notamment par une eau rare et chère, et dans des structures sociales souvent disloquées.

Le rapport du FNUAP se conclut toutefois sur le constat « qu'il n'y a pas de main invisible qui viendra ordonner la croissance urbaine conformément aux besoins sociétaux, aux responsabilités intergénérationnelles et aux exigences de l'égalité des sexes. » Le Fonds plaide ainsi pour une relance des politiques urbaines, qui accepte le phénomène des migrations et améliore leur accueil. L'article d'Hervé Kempf se conclut toutefois bizarrement en notant une contradiction entre ce besoin d'aides financières des Etats du Tiers-Monde, qui devraient être aidés par les organisations financières internationales, et la primauté que souhaite donner la Banque Mondiale aux politiques de soutien à l'agriculture ? Y a-t-il véritablement contradiction entre ces deux types de politiques ? En aucun cas, selon moi, puisqu'il y aura (et il y a déjà) nécessité pour les campagnes de nourrir les habitants de ces villes et que relancer le soutien à l'agriculture permettra peut-être de diminuer l'exode rural qui remplit les abords insalubres des villes.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-928643@51-928704,0.html

Le deuxième article est écrit par deux 'spécialistes' du développement (ou du moins des discours sur le développement) : d'un côté la directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), secrétaire générale adjointe de l'ONU, Thoraya Ahmed Obaid, de l'autre le directeur général de l'Agence française de développement (AFD), Jean-Michel Severino.

Ces deux auteurs partent également du rapport rédigé par le FNUAP sur la question urbaine, mais en offrent une vision particulièrement idylique, aux accents essentiellement politiques, comme si les personnes que ces deux auteurs voulaient toucher n'étaient pas les lecteurs du Monde, mais les cabinets ministériels français et leurs futurs clients chefs d'états étrangers.

Leur article se termine de la façon suivante :

« Notre avenir, qu'on le veuille ou non, sera urbain. Il est urgent d'accompagner le développement urbain et de lui reconnaître sa place au sein des politiques publiques afin de tirer parti de son potentiel de développement et de réduction de la pauvreté dans les villes comme dans les campagnes.

C'est dans les taudis du monde que se livrera la bataille pour la réduction de moitié de l'extrême pauvreté d'ici à 2015. »


Ils rappellent évidemment avec raison que c'est l'exode rural qui a permis le développement de tous les pays industrialisés ... Sans présence d'une main d'oeuvre nombreuse arrachée aux campagnes, il n'y aurait pas eu de développement économique en Europe au XVIIIème et au XIXème siècle. Mais ils parlent de catalyseurs de développement, de services nécessaires pour répondre aux besoins les plus élémentaires, d'éducation des femmes pour limiter les naissances et la procréation. Ils estiment aussi de manière relativement obscure que « s'il faut bien constater que l'urbanisation concentre la pauvreté, elle n'en est pas la cause. »

Derrière cet article particulièrement vide et essentiellement utopiste voire commercial, on note l'absence d'un nouveau paradigme du développement économique ... Un développement économique peut-il se construire sur la base de cette migration vers les zones urbaines, au lieu de simplement gérer difficilement les conséquences sociales et environnementales amenées par cette fixation humaine autour des zones périurbaines ? Un développement économique peut-il être enclenché dans les villes ou dans les campagnes du Tiers-Monde ? Et sous quelle forme ?


Réflexion vingt-cinq (27 juin 2007)
C'était il y a un an ... Désignation du remplaçant de Paul Wolfowitz à la présidence de la Banque Mondiale


Le conseil d'administration de la Banque Mondiale a approuvé lundi 25 juin 2007 à l'unanimité la nomination à la présidence de l'institution multilatétrale de l'Américain Robert Zoellick, qui remplacera Paul Wolfowitz, démissionnaire. Ancien secrétaire d'Etat adjoint et ancien secrétaire au Commerce, Robert Zoellick était le seul candidat à la présidence de la Banque Mondiale, malgré la contestation montante concernant le monopole de désignation par les Etats-Unis. Robert Zoellick avait été désigné par la Maison Blanche. Après une semaine où il sera épaulé par Wolfowitz, il prendra officiellement ses fonctions le 1er juillet à la tête de l'institution, gravement fragilisée et contestée par l'affaire qui a entraîné la démission de Paul Wolfowitz.


Réflexion vingt-quatre (18 mai 2007)
Epilogue de l'affaire Wolfowitz à la Banque Mondiale


Voilà, c'est fini !

Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, accusé d'avoir favorisé l'avancement de sa compagne (Shaha Riza), a accepté, jeudi 17 mai, de renoncer à ses fonctions, qu'il quittera le 30 juin, au terme d'une longue crise. "Les gens les plus pauvres au monde ... méritent ce que nous pouvons faire de mieux. Il est maintenant nécessaire de trouver un moyen d'aller de l'avant", a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par le conseil d'administration de l'institution.

"Les administrateurs prennent acte de la décision de M. Wolfowitz", a, pour sa part, indiqué le Conseil d'administration dans un texte dont la publication est intervenue après trois jours de délibération. Les 24 représentants du Conseil d'administration ont précisé qu'ils avaient accepté l'assurance fournie par M. Wolfowitz, 63 ans, qu'il avait agi avec éthique et de bonne foi en ordonnant personnellement l'avancement de sa compagne, également employée de l'institution.

Les administrateurs ont ajouté qu'il était "clair au vu des éléments qu'un certain nombre d'erreurs ont été commises par plusieurs individus dans la gestion de cette affaire et que les dispositifs de la Banque ne se sont pas avérés suffisamment rigoureux pour faire face aux contraintes auxquelles elles ont été soumises".

En reconnaissant implicitement l'ambiguïté des procédures de la Banque en matière de conflits d'intérêts et la faiblesse des règles existantes, les administrateurs permettent à M. Wolfowitz de sauver la face, sans avoir à le disculper tout à fait.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-911668@51-894554,0.html


Réflexion vingt-trois (17 mai 2007)
Suite de l'affaire Wolfowitz à la Banque Mondiale (4)


On a appris hier que Paul Wolfowitz envisagerait désormais de démissionner de la présidence de la Banque Mondiale sous conditions. Un conseil d'administration (composé de 24 administrateurs) se tient actuellement à la Banque. "Je regrette qu'on en soit arrivé là. J'admire Paul Wolfowitz ... Il y a une réunion du conseil (d'administration) au moment même où nous parlons. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je sais que Paul Wolfowitz se préoccupe de ce qui vaut le mieux pour la Banque", a dit M. Bush.

Selon des sources proches de l'institution multilatérale, les administrateurs et l'intéressé discutaient mercredi et jeudi des conditions d'un accord permettant au président de démissionner sans perdre totalement la face. Au terme d'un éventuel compromis, la Banque accepterait de reconnaître une part de responsabilité dans ce scandale qui dure plus d'un mois et menace de peser sur une réunion des ministres des Finances du G8, vendredi, à Potsdam (Allemagne), selon les mêmes sources. En effet, M. Wolfowitz est censé y assister, mais la ministre allemande du Développement (Heidemarie Wieczorek-Zeul) a fait savoir qu'il ne serait pas bienvenu au forum de la Banque Mondiale sur l'Aide au Développement de l'Afrique qui se tiendra lundi et mardi à Berlin.

"M. Wolfowitz ne démissionnera pas sous le feu ... Il préfèrerait être destitué par un vote de défiance ... que de démissionner sous la pression", a exprimé son avocat, Robert Bennett, cité par le Wall Street Journal. En disant cela, M. Bennett reconnait toutefois pour la première fois que Paul Wolfowitz l'envisage.

Mais les administrateurs amis deviennent apparemment de plus en plus rares : selon le Financial Times, seul le Japon resterait fidèle au camp américain. Le Canada serait désormais également favorable à son départ, selon le quotidien canadien The Globe and Mail. Après d'autres responsables européens, le ministre des Finances de Slovénie, Andrej Bajuk, a clairement demandé la démission de M. Wolfowitz jeudi. "La Banque mondiale est trop préoccupée par elle-même ... et comme le scandale dure depuis trop longtemps, pour la crédibilité de l'institution ... le mieux serait que ce Monsieur se retire", a déclaré M. Bajuk, en marge d'une réunion de la Banque Mondiale à Bled (nord).

Selon les termes du contrat que Paul Wolfowitz a signé en juin 2005, une prime représentant un an de salaire, soit environ 375.000 dollars, devrait lui être versé si le conseil d'administration mettait fin à son mandat ou s'il devait démissionner.

Si son départ devait être réglé par un vote du conseil d'administration, ce serait une première dans l'histoire de l'institution née au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Les éventuels successeurs de M. Wolfowitz sont, outre l'ancien représentant américain au Commerce Robert Zoellick toujours favori, l'actuel numéro deux du Trésor, Robert Kimmitt, et l'ancien président de la Fed, Paul Volcker. La présidence de la Banque Mondiale échoit normalement à un américain (USA) tandis que le directeur général du Fonds Monétaire International est désigné par les gouvernements européens.


Réflexion vingt-deux (10 mai 2007)
Suite de l'affaire Wolfowitz à la Banque Mondiale (3)


La Banque mondiale a accordé une semaine de délai supplémentaire à Paul Wolfowitz pour répondre aux accusations de népotisme dont il fait l'objet et qui menacent son maintien à la tête de l'institution multilatérale.
Les administrateurs de la Banque Mondiale ont informé le président qu'il aurait la possibilité de les rencontrer mardi 15 mai après-midi pour exprimer son point de vue en personne s'il le souhaite, a-t-il été précisé dans un communiqué de la Banque publié mercredi soir. Ce délai supplémentaire avait été réclamé par Paul Wolfowitz pour pouvoir commenter le rapport intermédiaire du groupe ad hoc, qui lui avait été remis le dimanche 6 mai au soir.

Les gouvernements européens demeurent toutefois pressés de régler cette affaire, qui entâche à leurs yeux la mission de la Banque Mondiale. Paul Wolfowitz continue cependant de bénéficier du soutien de l'administration américaine, qui nie prendre des distances avec lui.


Réflexion vingt-et-une (8 mai 2007)
Suite de l'affaire Wolfowitz à la Banque Mondiale (2)


Le comité d'éthique, qui avait été chargé par le conseil de l'administration de la Banque Mondiale d'enquêter sur les accusations de népotisme à l'encontre de son président Paul Wolfowitz, avait communiqué dimanche 6 mai 2007 son rapport à M. Wolfowitz, qui avait jusqu'à aujourd'hui 8 mai pour y répondre. Selon des sources européennes, le comité avait conclu sans ambiguïté que Paul Wolfowitz n'avait pas respecté les règles de l'institution en favorisant l'avancement de sa compagne.

Les 24 administrateurs de la Banque mondiale devront se prononcer sur la base du rapport du comité d'éthique et des réponses du président Wolfowitz. Plusieurs états européens (Allemagne, Norvège, France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas) souhaitent le départ de M. Wolfowitz. Le ministre belge Didier Reynders a ainsi jugé qu'il était "impossible pour la Banque mondiale d'aller parler partout de la bonne gouvernance sans qu'il y ait une bonne gouvernance à l'intérieur de la Banque".

La position du gouvernement américain, principal appui de M. Wolfowitz qui l'avait nommé en 1995 à ce poste, semble s'être légèrement infléchie. La Maison Blanche a ainsi renouvelé son soutien à l'ancien faucon de l'administration Bush, tout en prenant pour la première fois ses distances. "Les discussions en ce moment ne se tiennent pas entre l'administration américaine et la Banque mondiale, elles se tiennent entre M. Wolfowitz et la Banque mondiale et je crois qu'il est approprié de laisser le processus se dérouler plutôt que d'essayer de nous en mêler" (propos de Tony Snow, porte-parole de la présidence américaine).


Saucratès



05/12/2010
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