Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Une histoire des crises financières du 19e au 21e siècle

 

Réflexion quatre (27 avril 2011)
La longue dépression (1873-1896) et la crise financière de 1882

 

Cette période est sortie depuis longtemps de nos mémoires. Cinquante ans avant la grande dépression dont nous nous souvenons encore et qui donna naissance à la seconde guerre mondiale, une tout aussi grave et longue crise financière secoua les économies occidentales, qui fut nommée la longue dépression. Si John Steinbeck fut un des écrivains majeurs ayant dépeint la grande dépression des années 1930, Emile Zola décrivit également la longue dépression des années 1870-1890 (dans son roman «L'Argent»).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_d%C3%A9pression_(1873-1896)

 

Deux crises financières émaillèrent la longue dépression : la crise de 1882-1884, qui toucha principalement les Etats-Unis et la France, liée aux difficultés rencontrées par les compagnies de chemin de fer et fut secouée par des faillites bancaires retentissantes, et la crise de 1890-1893, qui toucha principalement le Royaume-Uni et les Etats-Unis, liée aux difficultés du coton, de la métallurgie et une nouvelle fois des compagnies ferrovières.

 

La sortie de la longue dépression fut permise, non pas comme dans celle des années 1930, par la reconstruction à la fin de la seconde guerre mondiale, mais simplement par le développement de nouvelles technologies et de nouveaux secteurs d'activité, comme l'automobile, l'électricité mais également le cinéma.

 

La crise de 1882-1884 
 

La crise de 1882 est née du krach de la Banque de l'Union Générale, qui fut suivie de sa mise en faillite le 2 février 1882. Elle fait partie des épisodes marquants du paysage bancaire français. Une faillite bancaire retentissante était à l'origine d'une crise économique et boursière majeure. Et il s'agit d'une certaine manière de la première véritable crise mondiale et systémique, ayant éclaté en France et s'étant généralisée d'abord en Europe puis aux Etats-Unis ... Le modèle de la crise financière que nous avons connu en 2007-2008 ... née de la faillite d'une banque (Lehman Brother's).

 

La Banque de l'Union Générale, comme de nombreuses autres banques françaises à l'époque, finançait fortement un certain nombre de secteurs industriels, tout particulièrement les mines, la sidérurgie et les compagnies ferrovières (mais également l'assurance, les brasseries, la banque, en France et à l’étranger).
 

La banque de l’Union Générale avait été créée à  Lyon, en 1875 par des monarchistes catholiques. En difficulté, elle est reprise en 1878 par Paul Eugène Bontoux, Jules Feder et des investisseurs lyonnais. Ceux-ci souhaitaient créer une grande banque catholique qui puisse concurrencer les grandes banques 'protestantes' ou 'juives' de l’époque comme comme les Hottinguer, les Neuflize et les Rothschild.

 

Pour se développer, la banque procède à plusieurs augmentations de capital, 22 millions de francs à sa création, 50 millions de francs en 1879, 100 millions de francs en 1881. Mais la banque accumule de nombreuses irrégularités de gestion : bilans falsifiés, bénéfices estimés plus ou moins fiables, augmentations de capital truquées avec des souscriptions fictives ... Mais la banque bénéficie de l’appui de plusieurs journaux financiers, détenus par des actionnaires de l’Union Générale (les publications Paul Dalloz, des journaux comme La Finance, Le Clairon et Le Messager de Paris).
 

La débâcle viendra du lancement d’une troisième augmentation de capital fin décembre 1881, devant porter celui-ci à 150 millions de francs, alors que des rumeurs commencent à circuler et que certaines banques comme le Crédit Lyonnais et la banque Rothschild spéculent contre la banque. L'action de la banque chute à compter du 2 janvier 1882 et le 29 janvier, la banque ferme ses portes. Le 2 février, elle est déclarée en faillite. Cette faillite secoue tout le système financier. Les bourses de Paris et surtout de Lyon chutent fortement. La crise s’étend. La bourse de Lyon (en fait la chambre syndicale) est mise en liquidation. Elle doit donc suspendre les cotations et échanges. Les autres banques sont fortement impactées. La banque de Lyon et de la Loire fera faillite en avril. Les clients des banques retirent leurs dépôts. Le Crédit Lyonnais par exemple voit les siens s’effondrer passant de 250 millions de francs à 150 millions en fin d’année 1882. La crise est partie. De nombreuses entreprises font faillite en raison d’une réduction des crédits proposés par les banques durement touchées par la crise. Elle durera sur le plan boursier mais surtout économique jusqu’en 1888. En 1883, Bontoux et Feder seront condamnés à cinq ans de prison qu’ils ne feront pas en partant à l’étranger.

http://www.fb-bourse.com/2009/10/krach-banque-union-generale-1882/

 

Touché par le ralentissement économique né de la crise économique ayant touché l'Europe en 1882, la crise n'éclatera néanmoins aux Etats-Unis qu'en mai 1884, avec la faillite des maisons Grant and Ward, puis Nelson, Robinson and Co, et finalement par celle des banques Hatch and Foote puis Metropolitan Bank. Au total, 404 banques sur 3.261 firent faillite pendant cette crise. Celle-ci conduira à une crise de la bourse de New-York, à la faillite de grandes compagnies ferrovières (l'Union Pacific du milliardiaire Jay Gould - à ne pas confondre avec la faillite déjà citée de la Northen Pacific de Jay Cooke en 1873) et au chômage de très nombreux ouvriers américains. Une reprise de l'activité aura lieu en 1886 avant l'éclatement de la crise suivante en 1890.

 

 

Réflexion trois (20 août 2009)
De 1865 à 1873

 

Les deux crises de 1865-1866 et de 1873 ne sont pas encore des crises véritablement globales, même si elles ont des répercussions sur plusieurs économies. Elles continuent néanmoins de s'articuler autour de l'activité bancaire et du financement de la principale activité industrielle de l'époque, le secteur ferroviaire, qui fait régulièrement l'objet de fièvres spéculatives boursières (un peu à l'image de l'internet et des nouvelles technologies de communication aujourd'hui). Elles donneront également naissance à la longue dépression de la fin du dix-neuvième siècle.

 

La crise des années 1865-1866

 

La crise de 1866 éclate en Angleterre, principale place financière mondiale au dix-neuvième siècle. Depuis le milieu de l'année 1865, l'ensemble de l'Europe est touché par une baisse des places boursières, touchant notamment les valeurs ferroviaires (construction et exploitation) qui avaient fait l'objet d'une spéculation effrenée au cours des dernières années, tout particulièrement en Angleterre.

 

Le secteur ferroviaire connaît en effet à compter de la fin des années 1850 une expansion très importante et un accroissement de son endettement, permis par l'expansion économique générale et d'importants excédents d'épargne. Cette expansion prend fin en 1866 et une série de faillites retentissantes.

 

La crise financière proprement dite explose entre les 9 et 11 mai 1866 avec la faillite d'un des plus prestigieux établissements bancaires de Londres, la maison d'escompte «Overend & Gurney», suite à la cessation des paiements d'une des principales compagnies ferroviaires de l'époque, la Mid-Wales Railway Company appartenant à MM. Peto et Betts.

 

Entre le 9 et le 10 mai 1866, «Overend & Gurney» voit son cours s'écrouler en bourse puis ses déposants se précipiter à ses comptoirs pour retirer leurs économies. Le 10 mai 1866, «Overend & Gurney» ferme ses guichets au public.

 

Un krach boursier de grande ampleur explose le vendredi 11 mai 1866, qui reste marquée dans les annales boursières comme le Black Friday. La panique bancaire s'amplifie à compter de ce jour, avec des retraits massifs de liquidité des déposants dans les principales banques puis une fuite de capitaux (et d'or) de la Banque d'Angleterre, qui sera contrainte de relever ses taux directeurs à 10% pour stopper l'hémorragie.
http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/foucaud_birmingham.pdf
http://evenements.univ-lille3.fr/recherche/jemb/programme/papiers/foucaud_lille06.pdf

 

La crise financière (faillites en chaîne, crise bancaire) que connût l'Angleterre ne toucha pas le reste de l'Europe et notamment pas la France, qui profita au contraire de l'afflux de métaux précieux dans les coffres de la Banque de France, qui lui permit d'accroître ses réserves d'or et de maintenir son taux d'escompte à un niveau bas (4%).

 

Le krach de 1873

 

La crise de 1873 touche d'abord l'Autriche puis par répercussion l'Allemagne. Elle sera suivie d'une 'réplique' à l'automme 1873 aux Etats-Unis. Une euphorie boursière et immobilière avait touché l'Autriche et l'Allemagne suite au boom ferroviaire (encore une fois) mais également au paiement des réparations de guerre versées par la France suite à la guerre perdue de 1870, ainsi qu'à un boom immobilier en prévision de l'Exposition universelle de Vienne de 1873 et un accroissement du risque portée par les banques. Lorsque cette dernière se révèle décevante économiquement, la bulle spéculative qui avait touché la bourse de Vienne explose, entraînant le krach boursier du 9 mai 1873, d'abord limité à l'Autriche, qui gagne ensuite l'Allemagne et la place boursière de Berlin, avec la faillite du géant du rail allemand Bethel Henry Strousberg.

 

Suite au krach boursier du 9 mai 1873, de nombreuses banques viennoises feront faillite, sous le poids notamment des emprunts hypothécaires. La récession est rapide : les banques européennes manquent de liquidités et ne se font plus confiance, rendant les prêts interbancaires extrêmement coûteux. Le secteur immobilier avait bénéficié d'une explosion des financements, se basant sur l'envolée des prix immobiliers pour rentabiliser leurs investissements. Une série de nouvelles institutions se sont mises à émettre des prêts hypothécaires dans les domaines de la construction municipale et résidentielle, des produits financiers assurant un rendement constants aux actionnaires apparaissent, crées par notamment par le Crédit mobilier.

 

La crise financière, limitée en Europe à la zone d'influence germanique, se transmettra à l'automne 1873 aux Etats-Unis, qui enregistraient également une situation d'euphorie industrielle et financière, depuis la fin de la guerre de Sécession et le boom du rail. L'accroissement significatif du risque bancaire, notamment dans le cadre du financement des investissements ferroviaires, les difficultés des banques de Philadelphie, les scandales politico-financiers comme celui du Crédit Mobilier en 1872, entraîneront une perte de confiance croissante dans les capacités des banques américaines à assumer les risques pris, en liaison avec la crise européenne. Le 18 septembre 1873, la faillite du financier Jay Cooke puis de la Banque d'Henry Clews, suivie de celles des compagnies ferroviaires Northern Pacific Railway et Union Pacific, entraîne une panique boursière, qui conduit à la fermeture de la bourse de New-York à compter du 20 septembre pendant dix jours. S'ensuivra une grande stagnation (la longue dépression) qui touchera l'ensemble de l'économie mondiale, qui marquera toute la fin du dix-neuvième siècle, de 1873 à 1896. Cette période de stagnation durera 23 ans, rompant avec le développement relativement continu de l’activité économique depuis le début du dix-neuvième siècle, en remettant en cause les mécanismes du marché.
 

 

Réflexion deux (11 août 2009)
De 1836 à 1858

 

A partir de la crise bancaire de 1836-1839, on entre dans des crises beaucoup plus globales, généralisées à de nombreuses économies géographiquement séparées, même si les causes de déclenchement de ces crises ne sont pas partout les mêmes. Evidemment, on n'est pas encore confronté à cette époque ancienne à des crises systémiques mondiales ... pas encore en tout cas ...

 

Il demeure toutefois toujours extrêmement intéressant de se rappeler également les évènements politiques qui accompagnèrent régulièrement ces crises économiques et bancaires en Occident ...

 

La crise des années 1836-1839

 

En 1836, l'Angleterre connait un nouveau krach boursier, de nouveau lié aux investissements américains. A l'origine, on trouve une décision du président américain Andrew Jackson de subordonner la vente de terres de l'état américain à un paiement en métaux précieux (et non plus en monnaie papier). Cette décision donne un brusque coup d'arrêt à la spéculation foncière en Amérique. Les banques américaines ayant contracté des emprunts à Londres (les banques anglaises prêtaient également régulièrement aux Etats américains pour le financement par exemple du canal Erié), la crise financière touche durement le Royaume-Uni et aura des répercutions jusqu'en Allemagne et en France. Elle ne conduit pas néanmoins à une véritable panique bancaire en Angleterre. L'activité industrielle française sera ainsi nettement affectée par cette crise jusqu'en 1839.

 

Toutefois, la crise sera beaucoup plus sévère aux Etats-Unis d'Amérique. Le 10 mai 1837, une bulle spéculative formée sur les marchés boursiers éclate aux États-Unis lorsque les banques américaines suspendent leurs paiements en espèces (monnaies d'or ou d'argent). La panique fut suivie d'une longue dépression économique de cinq années, accompagnée de faillites bancaires et d'un taux record de chômage. Cette crise fut en outre agravée par la décision du président Andrew Jackson (puis de Martin Van Buren) de refuser le renouvellement de la charte de la Second Bank of the United States, ce qui se traduisit par le retrait des fonds gouvernementaux de cette banque. Sur les 850 banques que comptaient les États-Unis avant la crise, 343 fermèrent leurs portes et 62 firent partiellement faillite.

 

L'économiste monétariste (récent) Milton Friedman donne l'analyse suivante de cette crise : « La panique bancaire de 1837 fut suivie de conditions économiques particulièrement perturbées et d'une longue contraction jusqu'en 1843 qui ne fut interrompue que par une brève amélioration de 1838 à 1839. Cette grande dépression est particulièrement intéressante pour notre propos. Elle est la seule dépression enregistrée comparable de par sa sévérité et son étendue avec la Grande Dépression des années 1930 et ses évènements monétaires concomitants reproduisent largement ceux de la crise ultérieure. Dans ces deux cas, une fraction importante des banques aux États-Unis cessèrent leurs activités soit par suspension, soit par fusion --environ un quart lors de la première et un tiers lors de la dernière contraction-- et la masse monétaire diminua d'environ un tiers. Aucune autre contraction n'approche, même de loin, ce lugubre record. Dans ces deux cas, une politique monétaire gouvernemental erratique ou imprudente jouèrent un rôle important. »

 

La crise des années 1847-1848

 

La crise de 1847 est considérée comme la dernière crise frumentaire européenne, due à des récoltes de blé très mauvaises en 1846 (une famine touche également l'Irlande dès 1845). La soudure entre 1846 et 1847 est extrêmement difficile, avec avec une forte augmentation du prix du pain, des contestations naissantes en France, vivement réprimées (déportations au bagne). Par ailleurs, l'Europe entre aussi dans la Révolution industrielle, et cette crise est également considérée comme la première crise industrielle de notre histoire.

 

Les conséquences de cette crise seront plus graves en Europe que la précédente crise de 1836. Dans les années précédant la crise, on observe en effet la constitution d'une nouvelle bulle spéculative boursière sur les actions des compagnies de chemin de fer. En Angleterre et en France, l’engouement pour ces sociétés et la sous-estimation du coût des travaux d'investissement ont fait monter les actions à des cours démesurés. La baisse des cours de bourse enregistrée depuis 1845 et leur effondrement en 1847, due pour partie à de nouveaux appels de fonds qui ont mis fin à la confiance (les banques centrales anglaises et françaises procèdent également à un relèvement parallèle de leurs taux d'escompte de 3% à 5% pour lutter contre des dérèglements des échanges d'or entre les économies ...), révèle une crise du crédit qui provoque une panique bancaire et la faillite de nombreuses banques ainsi que la suspension de l'activité de plusieurs compagnies de chemin de fer. Cette crise financière, boursière et bancaire, sera suivie peu après en France par une révolution politique (journée du 22 février 1848), entraînant l'abdiquation du roi des français Louis-Philippe, qui règnait depuis 1830, la déclaration de la seconde république, et l'éclatement d'une commune à Paris (juin-juillet 1848). Cette nouvelle révolution engendre une nouvelle panique boursière qui entraîne une nouvelle vague de faillites.

 

Il doit être noté que bien que cette crise soit d'origine agricole, l'installation de la dépression économique est largement liée aux mouvements boursiers spéculatifs, aux conséquences de la réduction des dépenses publiques sur les programmes de grands travaux (ferrovières) et sur la métallurgie, et à des politiques monétaires restrictives, dues à l'application de règles strictes de gestion monétaire encadrées par la convertibilité en or des monnaies (et par le banking act de 1844 en Angleterre). La contraction du crédit qui en découle favorise la généralisation de la crise. Elle se transmet ensuite à l'étranger via les marchés des changes et du commerce. Les monnaies étant convertibles en or, les difficultés d'un pays se traduisent par des mouvements d'or qui déstabilisent les marchés. («Analyse économique et historique des sociétés contemporaines» de Marc Montoussé).

 

A cette occasion, la Banque de France fera une avance de 50 millions de francs-or à la Banque d'Angleterre pour lui permettre de faire face à ses engagements. De son côté, en février 1848, le gouvernement français impose le cours forcé des billets de la Banque de France, dont la convertibilité en or est suspendue, permettant à la Banque de France de secourir plus facilement les banques et les industriels (politique monétaire expansive).

 

La crise de 1847-1848 sera également notamment étudiée attentivement par Marx et Engels. Elle marque le début des mouvements ouvriers et de ses rapports conflictuels avec le patronat (même si le droit de grève n'est pas reconnu et si les syndicats ouvriers sont interdits et combattus en France mais également aux Etats-Unis).

 

La crise des années 1857-1858

 

Alors qu'un boom mondial est observé depuis 1852 et que la découverte et l'exploitation de nouveaux gisements d'or (en 1848 en Californie et en 1849 en Australie) permettent d'accroître l'offre de monnaie au niveau mondial, les premiers signes d'une crise commence à apparaître en 1857 avec la baisse de la rentabilité des mines d'or et des compagnies ferroviaires. Une baisse de la demande se répercute dans les principales industries (métallurgie).

 

Un crack boursier éclate le 22 août 1857 à la bourse de New-York et la panique financière se poursuit jusqu'en octobre 1857. En août 1857, la banque Ohio Life and Insurance Company, confrontée à une forte demande de crédit, suspend ses paiements. Elle est rapidement suivie par les banques de New York, du Maryland et de Pennsylvanie, puis par d'autres banques importantes à Baltimore, Philadelphie et Boston. Le taux de l'escompte s'accroît fortement et, dans le courant de septembre, les actions de chemin de fer enregistrent une forte baisse à la Bourse de New York.

 

La crise américaine se propage immédiatement en Angleterre sous la forme d'une crise de change qui se complique rapidement d'une crise de crédit intérieur. Bien que moins violente, elle atteint également la France où la Bourse de Paris connaît une forte baisse. Elle est suivie d'une récession économique dans tous les pays unis par des liens monétaires, financiers et économiques.

 

Sources :
http://fr.wikisource.org/wiki/La_Crise_commerciale_et_la_banque_d'Angleterre
http://www.pse.ens.fr/document/wp200642.pdf
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_crises_monétaires_et_financières

 


Réflexion une (9 août 2009)
Les crises et l'histoire ... ou l'histoire des crises ... de 1797 à 1825

 

Dans la suite de ma réflexion sur le livre (extrêmement intéressant que je conseille vivement) dont je parlais dans mes écrits précédents ... «Lombard Street» (des crises financières et du moyen d'y remédier) de Walter Bagehot dans la Petite bibliothèque Payot ... datant de 1873 ... je vais m'intéresser à un descriptif historique des principales crises financières ayant touché l'économie occidentale puis mondiale depuis le début du XIXème siècle. Plusieurs auteurs ont déjà noté le rythme cyclique d'apparition de ces crises bancaires, financières et économiques au dix-neuvième siècle, en moyenne tous les dix ans. Il est intéressant que nous sommes de nouveau rentré dans une cyclicité comparable en cette fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième siècle, comme si l'histoire (et l'économie) se répétait, balbutiait ...

 

Tout à l'idée que le monde de la finance était entré en ce vingt-et-unième siècle dans une nouvelle ère, on en oubliait la permanence du concept de crise financière, que la crise actuelle vient de nous rappeler. Mais à force de vivre dans un monde de l'immatériel, à force de nous croire dans un monde moderne, à force de nous croire dans un monde différent, dans un monde sans passé, dans une nouvelle ère financière, on en oublie les leçons du passé.

 

La crise des années 2007-2009 pourrait n'être en fait qu'une vulgaire crise financière, comme le dix-neuvième siècle en a connu une petite dizaine, à chaque fois accompagnées de paniques boursières et bancaires, de rushs des épargnants dans les banques fragilisées, et parfois de faillites retentissantes d'établissements bancaires dépassés par les évènements. Les banques dépendent avant tout de la confiance qui leur est accordée par leurs déposants.

 

De l'intérêt donc de rappeler en quelques mots les multiples crises financières qui ont parsemé l'histoire du capitalisme, des économies occidentales, et plus largement de l'humanité, à l'heure d'une mondialisation plus ancienne qu'il n'y paraît ... crises économiques ou financières de 1793-1797, de 1810-1811, de 1819, de 1825-1826, de 1836-1839, de 1847-1848, de 1857-1858, de 1865-1866, de 1873, de 1882, de 1900-1903, de 1907-1908, de 1920-1922, de 1929-1936 ... et plus près de nous de 1971-1975 ... de 1981-1983 ... de 1992-1993 ... de 2001-2003 ... de 2007-2009 ... entre autres crises ...

 

La crise des années 1793-1797

 

Les dernières années du dix-huitième siècle sont aujourd'hui évidemment très lointaines. Les mauvaises récoltes agricoles des années antérieures à 1789 conduiront en France à la Révolution française ... On parle depuis de cette période comme d'une petite ère glaciaire, avec une forte baisse des températures européennes en ces dernières années du dix-huitième siècle.

Alors que la France connaît les expériences révolutionnaires et la création des assignats comme monnaie révolutionnaire (système qui s'écroule en 1796, remplacé d'abord par le mandat territorial puis par le retour des espèces métalliques), l'Angleterre est également frappée par une crise financière à la même époque. Cette crise, comme l'expérience française des assignats révolutionnaires, ne sont pas toutefois les premières crises financières de l'époque capitaliste.

 

L'histoire se rappelle avant cela de l'éclatement en 1637 de la bulle spéculative sur les bulbes de tulipes, ainsi que de la crise financière survenue en France et en Angleterre en 1720 avec la banqueroute de Law.

 

Le 26 février 1797, la Banque d'Angleterre, à court de réserves, décide de suspendre les paiements en espèces devant l'afflux des demandes de conversion auxquelles les banques du pays sont confrontées. Des bruits d'invasion ont en effet conduit une foule de particuliers, fermiers et petits commerçants à réaliser leurs avoirs auprès des banques de province. La banqueroute de plusieurs d'entre elles renforcera le mouvement et il en résultera ce qui est considéré comme la première panique bancaire. Le cours forcé des billets de banque de la Banque d'Angleterre (leur inconvertibilité en or) sera maintenu jusqu'en 1819.

 

La crise des années 1810-1811

 

Les années 1810-1811 voient l'éclatement d'une crise de l’industrie cotonnière en Europe continentale, due à un manque de matières premières (blocus des côtes) et l’augmentation des droits de douane. Les ventes s’effondrent et les industriels ne peuvent plus rembourser les banques qui ont financé leurs équipements. Ces dernières, qui ont surestimé leurs capacités de financement, manquent de liquidités, et obligent les industriels du coton à rembourser en vendant leurs stocks. La Banque de France refuse de réescompter toutes les traites des banques, ce qui les prive de liquidités. Certains établissements font faillite à Lübeck, à Amsterdam, à Hambourg ou à Vienne. La crise gagne tout le secteur bancaire européen, puis les industriels qui, privés de liquidités, déposent leur bilan ou ferment leurs usines.

 

De son côté, alors que l'Angleterre est soumise au blocus de Napoléon, le système de crédit s'effondre, provoquant de nombreuses faillites. Les causes en sont multiples au-delà du blocus lui-même. D'une part, la livre sterling, détachée de l'or pour ne pas augmenter les impôts en dépit de la situation de guerre, était minée par l'abus du crédit et par l'inflation. D'autre part, l'Angleterre était confrontée à des difficultés de recouvrement de ses ventes en Amérique du Sud. Enfin, la politique des licences et la contrebande avaient conduit à une réduction des réserves bancaires.

 

La crise américaine de 1819

 

La crise de 1819 est la première crise financière de grande ampleur aux États-Unis. Elle marque la fin de l'expansion qui a suivi la Guerre de 1812, dont le financement avait asséché les réserves bancaires et conduit à une suspension des paiements en espèces en 1814. Il en est résulté une inflation des émissions monétaires privées qui se sont investies dans des placements fonciers spéculatifs avant que la Banque centrale (Second Bank of the United States) n'engage une politique restrictive qui provoquera une vague de faillites et une profonde récession agricole et industrielle. La 'Second Bank of the United States' fera finalement définitivement faillite en 1836-1837 lors de la panique de 1837 ... Il faudra attendre 1913 pour voir la création de la Réserve fédérale des Etats-Unis.

 

La crise des années 1825-1826

 

Les précédentes crises sont essentiellement limitées aux principaux pays européens ; les autres zones économiques étant peu concernées par le commerce international. Ces crises affectent essentiellement l'Angleterre et la France et dans une moindre mesure l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, les Pays-bas et Amsterdam. La crise de 1825-1826 touchera pour sa part principalement la Grande-Bretagne ; c'est l'une des premières crises boursières de l'histoire. En 1825, à la suite de spéculations intenses sur les investissements latino-américains (banques, assurances, armement de bateaux, construction de canaux...), le cours de ces valeurs s'effondre à la Bourse de Londres. De nombreuses banques font banqueroute et, dans la seule année 1826, environ 3.300 entreprises font faillite.

 


Saucratès



27/04/2011
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