Critiques de notre temps

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Développement durable


Quelques mots sur la COP 29 de Bakou

Ces derniers jours, des réactions assez critiques visent les résultats obtenus lors de la COP 29 qui se déroulait à Bakou en Azerbaïdjan. Contestations autour de l’insuffisance des promesses de financements de la transition écologique pour les États en développement par les riches pays industrialisés … et pourtant la COP 29 a accouché difficilement d’un accord portant sur l’octroi de 300 milliards de financements … par an pour 2035 …

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/25/le-signal-d-alarme-de-la-cop29_6413041_3232.html

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/23/cop29-a-bakou-apres-la-colere-des-pays-les-plus-exposes-au-dereglement-climatique-les-discussions-ont-repris_6410655_3245.html

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/24/a-la-cop29-un-accord-au-gout-tres-amer-pour-les-pays-du-sud_6411298_3244.html

 
Cet accord de la COP 29 de Bakou est-il marquant ou non ? 300 milliards de dollars de dons ou de prêts annuels aux États menacés par le dérèglement climatique semble insuffisant pour certains groupes de pays qui en demandaient au moins le double. S’agissant de prêts, il faudra d’ailleurs qu’ils les remboursent, jusqu’à ce qu’ils en demandent l’apurement. Gageons que le sujet reviendra sur la table pour le prochain cycle de négociation l’année prochaine, lors de la COP 30. Encore et toujours remettre l’ouvrage sur le métier …

 

Le leitmotiv répétitif de ces cycles de négociations : faire payer aux pays occidentaux les émissions de gaz à effet de serre du passé, l’esclavage, la colonisation !

 

Pour ceux qui ne s’en rappelle pas, le terme de COP signifie «conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques» (CCNUCC ou UNFCCC en anglais) adoptée le 9 mai 1992 au cours du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, qui a été signée par plus de 150 pays.

 

Son objectif ultime est de «stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique». Aux termes de la Convention, les Parties figurant à l'annexe I devaient s'employer à ramener en 2000 les émissions de gaz à effet de serre non réglementées par le Protocole de Montréal à leurs niveaux de 1990. La Convention est entrée en vigueur en mars 1994. Elle a été complétée par le Protocole de Kyoto en décembre 1997, après qu'il soit apparu que les engagements pris par les états dans la Convention-cadre étaient insuffisants pour prévenir les effets négatifs des activités humaines sur le climat (second rapport du GIEC de 1995).

 

https://saucrates.blog4ever.com/rechauffement-climatique-abecedaire 


Le sommet de la Terre de Rio de Janeiro au Brésil s’était déroulé du 3 au 14 juin 1992, où 131 chefs d'Etat avaient adopté l'Agenda 21, liste de 2 500 recommandations d'action pour le 21ème siècle, et où trois conventions internationales avaient été ouvertes à signature : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur la lutte contre la désertification.


Quant à la première conférence sur le climat (Cop 1), elle s'était tenue à Berlin en Allemagne en mars-avril 1995, qui donna naissance à la décision connue sous le nom de 'Mandat de Berlin' (où les Parties entamèrent un cycle de négociations en vue de décider d’engagements plus solides et plus détaillés pour les pays industrialisés). Depuis lors, sauf exception (épidémie de coronavirus en 2020), une nouvelle COP a lieu chaque année, régulièrement au cours du quatrième trimestre depuis la troisième conférence sur le climat qui s’était tenue à Kyoto au Japon en 1997. 


Le Protocole de Kyoto a été adopté le 11 décembre 1997 lors de la troisième session de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui s'est tenue à Kyoto au Japon. Le protocole est entré en vigueur le 16 février 2005 pour les pays l'ayant ratifié, après sa ratification par la Russie. Le protocole n’est réellement entré en vigueur au niveau mondial que le 30 novembre 2005 après l’adoption formelle de ses premières modalités de fonctionnement, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Montréal (COP 11 du 28 novembre au 9 décembre 2005).

Le protocole de Kyoto a été ratifié à ce jour par 172 pays, à l'exception notable des Etats-Unis qui en sont pourtant signataires. Il comporte des engagements contraignants, en plus de ceux qui figurent dans la CCNUCC (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Les pays visés à l'annexe B du Protocole (la plupart des pays de l'OCDE et des pays à économie en transition) se sont engagés à ramener leurs émissions anthropiques de gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6) à 5% au moins au dessous de leurs niveaux de 1990 pendant la période d'engagement (2008 à 2012).

 

Liste des conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques :

 

  1. La COP 1, en mars-avril 1995, à Berlin
  2. La COP 2, du 8 au 19 juillet 1996, à Genève en Suisse
  3. La COP 3, du 1er au 12 décembre 1997, à Kyoto au Japon (qui vit l’adoption du Protocole de Kyoto)
  4. La COP 4, du 2 au 14 novembre 1998, à Buenos Aires en Argentine
  5. La COP 5, du 25 octobre au 5 novembre 1999, à Bonn en Allemagne.
  6. La COP 6, du 13 au 24 novembre 2000, à La Haye aux Pays-Bas. (ses travaux ont repris lors à Bonn en juillet 2001).
  7. La COP 7, du 29 octobre au 10 novembre 2001, à Marrakesh au Maroc (accords dits de Marrakech).
  8. La COP 8, en novembre 2002, à New Delhi en Inde.
  9. La COP 9, en novembre 2003, à Milan en Italie.
  10. La COP 10, en novembre 2004, à Buenos aires en Argentine.
  11. La COP 11, en novembre 2005, à Montréal au Canada (processus de Montréal).
  12. La COP 12, du 6 au 17 novembre 2006, à Nairobi au Kenya.
  13. La COP 13, du 3 au 14 décembre 2007, à Bali en Indonésie.
  14. La COP 14, du 1er au 12 décembre 2008, à Poznan en Pologne.
  15. La COP 15, du 7 au 18 décembre 2009, à Copenhague au Danemark (accord non contraignant dit de Copenhague).
  16. La COP 16, du 29 novembre au 10 décembre 2010, à Cancun au Mexique.
  17. La COP 17, du 28 novembre au 11 décembre 2011, à Durban en Afrique du Sud.
  18. La COP 18, du 26 novembre au 7 décembre 2012, à Doha au Qatar.
  19. La COP 19, du 11 au 23 novembre 2013, à Varsovie en Pologne.
  20. La COP 20, du 1er au 14 décembre 2014, à Lima au Pérou.
  21. La COP 21, du 30 novembre au 12 décembre 2015, à Paris en France (accord de Paris).
  22. La COP 22, du 7 au 18 novembre 2016, à Marrakech au Maroc.
  23. La COP 23, du 6 au 17 novembre 2017, à Bonn en Allemagne (dialogue de Talanoa).
  24. La COP 24, du 3 au 14 décembre 2018, à Katowice en Pologne.
  25. La COP 25, du 2 au 13 décembre 2019, à Madrid en Espagne.
  26. La COP 26, du 31 octobre au 12 novembre 2021, à Glasgow au Royaume-Uni.
  27. La COP 27, du 6 au 18 novembre 2022, à Charm el-Cheikh en Égypte.
  28. La COP 28, du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï, Emirats Arabes Unis.
  29. La COP 29, en novembre 2024, à Bakou en Azerbaïdjan.

 

https://saucrates.blog4ever.com/que-dire-de-la-cop26-de-glasgow

 

https://saucrates.blog4ever.com/la-cop-15-sur-la-desertification-de-mai-2022-et-la-question-fonciere

 

https://saucrates.blog4ever.com/cop-28-au-fond-il-ny-a-rien-a-en-attendre


25/11/2024
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Paradigmes problématiques des théories sur le réchauffement climatique

La lutte contre le réchauffement climatique se doit de reposer sur des idées simplistes et facilement observables. Cette lutte repose sur la nécessité d’une contrainte imposée aux gouvernements mondiaux et aux populations de l’ensemble des pays développés. Elle repose sur la peur des catastrophes naturelles, sur la peur du submergement des terres habitées, alors que la majorité des endroits dans le monde ne seront pas impactés par une remontée des mers de quelques dizaines de centimètres sur près d’un siècle. Elle repose sur la culpabilisation des uns et des autres, des consommateurs, des puissants, des riches, des vieux et des pauvres. Elle repose sur la contrainte imposée à tous. Il y a des réponses politiques des gauchistes, des écologistes, des collapsologistes mais aussi du centre et de la droite, selon qu’on en rende responsable uniquement les riches, les vieux, les consommateurs effrénés ou que l’on croit à une réponse technologique.

 
Tout fait qui ne collerait pas avec la théorie médiatique dominante de l’effondrement généralisé des écosystèmes n’existe pas, ne doit pas exister, doit être nié, sera présenté par ses côtés catastrophiques. Tout fait qui remettrait en cause la théorie officielle dominante représente un danger gravissime pour la théorie officielle du GIEC. Si on commençait à pouvoir montrer que le réchauffement climatique pourrait avoir un aspect positif pour certaines populations, en Afrique notamment, ce serait l’effondrement de l’ensemble de la théorie officielle de l’effondrement des écosystèmes. Si on commençait à remettre en cause le système, ce serait tout le travail médiatique de persuasion et de culpabilisation des politiques et des citoyens qui s’effriterait. 
 
Existe-t-il donc des faits que la théorie dominante et officielle de l’extrême dangerosité du réchauffement climatique généralisé et de la responsabilité humaine (ou anthropique) dans cet emballement du réchauffement climatique a choisi d’ignorer ou qu’elle présente uniquement par ses aspects négatifs exacerbés ? Je pense que la variabilité du climat et de la pluviosité dans le désert du Sahara en fait partie.

 
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Je pense que la fixité des climats et des systèmes météorologiques, que l’on pourrait appeler le ‘fixisme’, est à la base de cette théorie dominante. Le climat ne doit pas changer, il doit rester fixe, alors que les évolutions des systèmes climatiques semblent être une constante de l’histoire terrestre. Le Sahara a connu des nombreux passages d’épisodes pluvieux à des épisodes de grande aridité, sans intervention humaine, sur la base d’un cycle d’environ 21.000 ans.

 

https://saucrates.blog4ever.com/afrique-du-sahara-vert-au-grand-aride-1

 
Des phases glaciaires et interglaciaires se sont également déroulées par le passé, à plusieurs reprises au cours du dernier million d’années, et lors du dernier épisode de sortie d’une ère glaciaire, les océans sont remontés de plus de cent mètres et les températures moyennes de près de dix degrés centigrades. Qui pourrait assurer qu’il faisait meilleur de vivre dans l’hémisphère nord ou en Afrique il y a plus de dix mille ou plus de vingt mille ans, lors de la dernière ère glaciaire ? Le ‘fixisme’ des collapsologues et du GIEC n’a pas de pertinence selon moi.

 
Ainsi, il existe de nombreuses observations d’inondations et d’une pluviométrie exacerbée dans le désert du Sahara et aux portes du désert du Sahara. On observe au cours de la dernière décennie une remontée beaucoup plus importante des flux de mousson dans le désert du Sahara, bien au-delà de ce qui était observé depuis les années 1980, au cours des décennies qui avait vu l’extension de la zone sahélienne, zones arides qui descendaient de plus en plus profondément en Afrique de l’Ouest, jusqu’aux portes de Dakar.

 

https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/trucs-et-astuces/le-sahara-sous-les-eaux-quand-la-pluie-bouleverse-le-plus-grand-désert-du-monde/ss-AA1swcaS 

 
Le fait que le Sahara soit périodiquement sous les eaux n’est absolument pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui prêchent
la fin du monde imminente, l’urgence de mesures immédiates pour restreindre les émissions de gaz à effet de serre, l’urgence de restrictions massives à l’encontre des populations occidentales. Ils ont besoin de flux migratoires massifs de réfugiés climatiques, de catastrophes naturelles qu’ils imputeront systématiquement au réchauffement climatique, en rappelant qu’il y en aura toujours plus demain, dans le futur, si rien n’est fait.

 
Les inondations dont est ainsi victime l‘ensemble de la zone sahélienne sont ainsi présentées comme des catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique. Des catastrophes qui causent des décès absurdes comme le fait de mourir de noyade en plein désert. Aucune importance le fait que cela s’explique par l’affaiblissement de la cellule nord polaire ou bien par une évolution des courants autour de l’Afrique. Le GIEC a prévu une baisse des précipitations sur l’Afrique et une variabilité des conditions climatiques pouvant conduire à des episodes climatiques extrêmes. CQFD. Le GIEC aura ainsi toujours raison et les faits ne pourront que verifier la justesse de leurs prévisions climatiques.

 
Le verdissement du Sahara ne se verra pas à l’échelle d’une vie humaine, mais à l’échelle d’un millénaire. En somme, dans plusieurs siècles, les experts futurs du GIEC pourront se targuer de la justesse des travaux passés du GIEC et de leurs actions dans le cas où le Sahara se mettrait à reverdir. Il suffit pour l’instant de nier toute évolution positive du climat saharien et sahélien, cacher toute information contraire des médias et ignorer tout questionnement et toute remise en cause des préconisations et explications du GIEC. 

 

Pour ma part, je ne sais pas si l’évolution climatique observée au Sahara va se poursuivre ou non. Je sais juste que l’explication anthropique par le réchauffement climatique n’est pas l’unique explication, qu’il y a des raisons climatiques probablement plus larges qui expliquent à la fois les évolutions passées du climat et des alternances entre périodes arides et périodes pluvieuses. Je pense aussi que de nier des phénomènes observables parce qu’ils dérangent l’effort de manipulation de l’opinion publique mondiale est une mauvaise idée. 
 
J’ignore même si ce phénomène d’augmentation des précipitations sur le Sahara va se poursuivre au-delà d’une dizaine d’années, puisque les années 1950-1960 ont également enregistré une telle situation avant une nouvelle phase de désertification dans les années 1970-1990. Le problème des analyses conduites par le GIEC, et par les médias qui servent son idéologie, c’est l’absence de profondeur historique de leurs analyses dès lors que cette histoire dessert leur idéologie et leurs arguments. On a donc droit à de magnifiques graphiques historiques sur des centaines d’années lorsque l’on parle d’émissions de CO2 ou d’évolutions des températures. Mais rien dès lors que ces analyses viendraient fragiliser la théorie centrale ou bien lorsqu’elles reviennent à démontrer la variabilité des conditions climatiques pour des raisons autres que le réchauffement climatique anthropique.

 
Comme le rappelle le «guide de défense intellectuelle» du Monde diplomatique, le principe même des médias est la simplification des messages adressés à leurs lecteurs. Ainsi, la possible réélection de Donald Trump doit être présentée comme la pire chose arrivée à la démocratie américaine, sans s’intéresser au sort réservé par la supposée démocratie américaine aux noirs, aux indiens, à sa population d’apparence asiatique pendant la seconde guerre mondiale ainsi qu’aux victimes du Maccartisme. Il en va de même pour le réchauffement climatique anthropique. Et tout media qui s’écarterait de la norme imposée par le gouvernement et les élites en relativisant l’impact de ce réchauffement climatique, se verrait condamner ou menacer de sanctions comme l’a été Sud Radio par l’Arcom. Comme le disait la Dame de fer : «There is no alternative» (TINA).

 
https://www.arcom.fr/nos-ressources/espace-juridique/decisions/emission-bercoff-dans-tous-ses-etats-diffusee-le-25-mars-et-le-2-mai-2024-sud-radio-et-sud-radio-mises-en-garde-0

 

https://www.liberation.fr/environnement/climat/larcom-met-en-garde-sud-radio-pour-des-propos-climatosceptiques-une-premiere-20240626_2UV2TPHY6VAHHILI4ENJC43HYU/

 
 
Saucratès


03/11/2024
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Critique de l’évaluation des politiques publiques

Le mot à la mode est désormais l’évaluation des politiques publiques. L’ancien Commissariat au Plan a disparu pour être remplacé par ‘France Stratégies’, dont l’objectif principal est de développer une culture de l’évaluation des politiques publiques en France, considérée comme en retard par rapport aux autres grands pays occidentaux. Les décideurs politiques ou administratifs, les financiers, le Trésor, la CDC, l’AFD ont très souvent ce seul mot à la bouche.
 

Je vais avoir un regard essentiellement négatif sur cette notion d’évaluation des politiques publiques, pour les mêmes raisons qui me conduisent à rejeter l’économie expérimentale du docteur Esther Duflo et consorts. Parce que l’expérimentation telle qu’elle est conçue par ces gens-là n’a au fond aucun sens en économie ou en politique publique. 
 

Le Commissariat général au Plan, ou planification à la française, avaient un objectif noble et grandiose. Fondé en 1946 par le général de Gaulle, il visait à faire de la France une grande puissance mondiale. Les plans sont tous à l’origine des plus grandes réalisations de la France. Ils reposent sur l’idée que le secteur privé ne peut pas seul, sur la base de décisions purement financières, de maximisation des profits attendus, décider de ce qui est bon pour la France, de ce qui est bon pour les citoyens français. Si on avait évalué de manière exante l’énergie nucléaire et les centrales nucléaires, aurait-on mis en œuvre une politique nucléaire civile de production d’électricité en France ? Non si on avait convenablement anticipé les coûts de désinstallation des installations nucléaires, de la gestion des déchets nucléaires ou des risques de catastrophes nucléaires. Il en va de même d’autres grandes réalisations françaises comme le train à grande vitesse, le Concorde ou Airbus. En regard de la condamnation de la participation de l’aviation civile aux émissions de gaz à effet de serre, si l’évaluation des politiques publiques étaient capables d’appréhender convenablement les enjeux du futur, aucune de ces grandes réalisations de la planification à la française n’auraient vu le jour, n’auraient été mises en œuvre. Et la France ne serait pas une grande puissance nucléaire ni économique. Et même la production de vin n’y aurait pas été autorisé, générateur d’externalités négatives comme l’alcoolisme. 
 

Autrement dit, nos dirigeants actuels qui ont transformé le Commissariat Général au Plan en ‘France Stratégie’, qui impulsent cette culture de l’évaluation des politiques publiques, ne font que généraliser au fond le calcul économique de la maximisation des profits à l’aire publique. Qu’est-ce qui différencie le capitalisme de cette mesure d’évaluation des politiques publiques ? La prise en compte des externalités positives ou négatives pour la collectivité ? Ces mêmes externalités qui ne feront normalement jamais l’objet d’une prise en compte pour le capitalisme privé ? Ce qui est d’ailleurs faux. Une bonne prévision capitaliste devrait prendre en compte les externalités négatives potentielles d’un projet, à travers les risques potentiels de taxation ou de condamnation qui en découlerait. Et il est également clair que des grandes entreprises comme les GAFAM défendent, font la promotion, permettent le développement d’externalités positives comme l’accès à la formation et à la culture, à la santé, voire le combat contre l’illectronisme et l’illettrisme. 
 

Cela a-t-il donc un sens de rendre obligatoire, de promouvoir l’évaluation des politiques publiques alors que le capitalisme lui-même prend en charge les mêmes demandes, les mêmes objets. Pourquoi copier le privé et ses méthodes d’évaluation ? Pour rendre acceptables les politiques publiques ? Mais pour qui, aux yeux de qui ? Pour les citoyens ? Ou pour les décideurs politiques pour la plupart issus du monde du privé, de la Finance, afin que ceux-ci comprennent et acceptent la mise en œuvre de politiques publiques qui se doivent d’être efficientes aux yeux de leurs propres critères d’évaluation ? Afin que l’action publique ressemble au monde des entreprises, parce que l’entreprise et ses obligations d’efficience et de rentabilité serait un summum indépassable ? 

 

Je reste pour ma part persuadé qu’une politique publique n’a pas obligatoirement à être efficiente. Comme en économie expérimentale à la Duflo, tout le monde sait qu’une personne qui recoit une aide financière s’en sortira mieux que celles qui ne reçoivent rien. Nul besoin de le mesurer comme l’économie expérimentale cherche à le faire. De la même manière, toute politique publique qui sert une prestation sociale à des personnes réduit leur misère et les aide. Certains sont évidemment persuadés que l’absence de cotisations chômage inciterait les chômeurs à retrouver beaucoup plus vite un travail, alors que le versements de prestations chômage réduit probablement l’urgence de cette recherche. Mais la réduction de la misère des chômeurs ? Mais la réduction de la toute-puissance des patrons et la misère plus grande qui en découlerait pour les ouvriers otages des patrons ? Tout cela n’est pas mesurable ni chiffrable. Mesurer une politique publique en terme de rapidité à retrouver un boulot reviendrait à ignorer la misère et la pression vécue par les salariés. 
 

Néanmoins, malgré cette entrée en matière assez négative, je ne considère pas forcément toute forme d’évaluation des politiques publiques comme inintéressante. Une forme d’évaluation dite socio-économique est d’ailleurs obligatoire pour tous les investissements de l’Etat et de ses établissements publics dès lors que les financements publics de l’Etat de ces investissements dépassent 20 millions d’euros depuis 2012 (cf. article 17 de la loi n° 2012-1558 du 31 décembre 2012 et décret n° 2013-1211 du 23 décembre 2013). Ce type d’évaluation obligatoire ne concerne néanmoins pas encore les investissements des collectivités locales. 

 

De toute façon, ces évaluations extrêmement précises des politiques publiques et des investissements de l’Etat n’empêchent pas l’Etat et ses satellites de conclure des marchés sous forme d’octroi de concessions, de partenariats publics privés, au bénéfice de grands groupes du bâtiment, de l’industrie ou de la Finance, qui se révèlent souvent catastrophiques et ruineux pour la collectivité nationale. Les mêmes qui imposent et veulent généraliser les méthodes d’évaluation des politiques publiques sont aussi ceux qui proposent et vendent ses satanés partenariats publics-privés qui enrichissent le secteur privé et ruinent les contribuables et les citoyens. 

 

Quel est donc la finalité de cette fixation sur les évaluations des politiques publiques ? Professionnaliser le métier d’homme politique et de fonctionnaire de l’Etat ? Que plus rien ne les différencie des dirigeants que l’on trouve dans le monde de l’entreprise et des multinationales ? Faire croire aux citoyens lambda que dans un monde où les finances et les ressources sont limitées, d’accès restreint, il faut mesurer et vérifier la rentabilité de chaque politique publique pour privilégier les plus efficaces, les plus efficientes ? Quitte à rendre plus visible la limitation des ressources financières des collectivités réunionnaises en remettant en cause la manne financière de l’octroi de mer ?

 
 
Saucratès


05/05/2024
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Nouveau retour sur le développement

Quels sont les mécanismes du développement

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 7 janvier 2024

 

Quels processus expliquent les mécanismes du développement ? Il y a des écoles qui forment au développement. On ne parle déjà plus de développement économique mais de développement durable ou de développement humain. Et malgré tout, malgré toutes les études, malgré les décennies où l’Occident a cherché à réfléchir développement, à penser développement, à former des experts en développement, qui œuvrent dans des institutions œuvrant pour le développement, dans des associations militant pour le développement, intervenant pour construire des puits en Afrique, pour faire fonctionner des hôpitaux ou des centres de soins en Afrique, et parfois pour voler et faire adopter des enfants africains (comme l’arche de Zoé), l’immense majorité des États africains, des États d’Asie centrale, des états d’Amérique du Sud ou des Andes, sont toujours insuffisamment développés, victimes de coups d’état militaires, rongés par la misère, le sous-développement, la faim, l’absence d’éducation des jeunes garçons et des jeunes filles, et les maladies comme le Sida, la maladie du sommeil, la malaria, et autres infections parasitaires.

 

Et pourtant, cela fait plus de cinquante ans, depuis bien avant le début des années 1970, que l’on réfléchit développement, que des travaux en économie du développement cherchent à théoriser la sortie du sous-développement pour aider les États en développement. Depuis bien avant les années 2000, on parle désormais de développement durable et que des générations des économistes en développement durable sortent d’écoles du développement. Et pourtant, rien ne se développe, si ce n’est les institutions occidentales d’aide au développement qui grossissent, qui absorbent d’autres institutions devant supposément les aider dans leurs tâches, qui accroissent phénoménalement leurs encours de financement, changent de noms, de symboles et de sigles, et malgré tout, le cercle vicieux du sous-développement continue d’aspirer les états africains dans la spirale du sous-développement et de la misère. Et leurs jeunes cherchent désespérément à fuir en Occident pour s’enrichir, pour avoir enfin une vie, un futur, ou pour y commettre finalement des attentats ou des crimes pour se venger.

 
Comment définir l’action de la Chine ? La Chine répète-t-elle les mêmes erreurs que l’Occident ? La Chine a-t-elle une politique impérialiste visant son propre développement, sa propre expansion et la sécurisation de ses voies maritimes et aériennes, de ses voies d’approvisionnement en matières premières, en ressources, cherche-t-elle en un mot juste son seul intérêt, ou bien pense-t-elle différemment, a-t-elle une autre réflexion, une autre voie à proposer vers le développement de ses partenaires ?

 
Ma première interprétation de la politique chinoise est qu’elle semble mettre en œuvre une politique de type impérialiste. Les Etats africains ou asiatiques où elle s’installe se trouvent acculer sous les dettes pour rembourser les prêts qu’elle leur a consenti pour construire des infrastructures et des installations portuaires, énergétiques, ou des réseaux de transport dont elle a elle-même besoin dans le cadre de ses ‘nouvelles routes de la soie’. Et ces États semblent contraints sous la menace de défaut de paiement de lui transférer des parties de leur territoire sur lesquels ils ne seront plus souverains. 
 
C’est mon interprétation de ce que l’on peut voir et comprendre. Ces mécanismes à l’œuvre semblent peu différents des politiques colonialistes mises en œuvre par l’Occident au dix-neuvième et au début du vingtième siècle. D’une certaine façon, les États occidentaux n’ont plus osé agir de cette manière au cours des cinquante dernières années, apeurés à l’idée d’être à nouveau soupçonnés de vouloir coloniser leurs anciennes colonies africaines. Évidemment, les états occidentaux ont gardé des bases militaires en Afrique et ailleurs, pour maintenir leurs capacités d’intervention militaire. Gardé des États vassaux pour un temps, mais qui désormais leur échappent inéluctablement. 

 

La question serait donc de savoir si, malgré ses apparences, la Chine met en œuvre une politique d’aide au développement différente en Afrique et en Asie du colonialisme et de l’impérialisme occidental de notre passé ? Et si ce n’est pas le cas, il serait utile de comprendre pourquoi ces états en développement se jettent malgré tout dans les bras de la Chine et de ses ’nouvelles routes de la soie’ ? Leur vend-elle du rêve de les associer à son expansion commerciale ? Est-ce cela qui nous manque désormais en Occident ? Cette capacité à vendre du rêve pour un développement futur de ces États africains ? Le fait que les mécanismes que l’on a mis en œuvre pour les protéger, pour aider à se développer, sont aujourd’hui considérés comme des moyens de les enfermer, de les contrôler, de nous enrichir, de les maintenir dans le sous-développement !

 
Mais avons-nous même compris comment le développement fonctionne ? Sait-on véritablement comment les Etats d’Europe occidentale se sont-ils développés au dix-neuvième siècle ? Sait-on véritablement comment les Dragons asiatiques, les Tigres asiatiques, le Japon et la Chine ont réussi leur développement économique pour faire aujourd’hui partie des États développés ? 
 
La seule chose dont on peut être sûr, c’est que les états européens, les USA, le Japon, la Chine, les Dragons asiatiques et les Tigres asiatiques, ne se sont pas développés en fonction de nos principes ultra-libéraux, sur le principe du libre-accès aux marchés et aux ressources. Ils se sont développés au contraire en se fermant à toutes les influences extérieures. C’est le cas du Japon au dix-neuvième siècle, des Tigres et des Dragons, de la France qui a protégé son économie de manufactures de la concurrence anglaise au dix-huitième et dix-neuvième siècle.
 
Alors évidemment, toute la réflexion économique du développement s’est évidemment construite autour du libre-échange, de l’ouverture des économies nationales à la concurrence internationale, de la spécialisation des économies sur leurs avantages concurrentiels, à la mode de l’économie ricardienne et des théoriciens qui ont pris sa suite, mais cela n’a fonctionné probablement nulle part. Probablement même pas en Angleterre où cette théorie est pourtant née, mais l’Angleterre n’avait aucun autre pays à concurrencer, mis à part les vignerons portugais. Mais comment pourrait-on penser le développement économique autrement ou différemment, sachant l’importance dans la théorie économique des principes néoclassiques, de ceux des partisans des marchés, de la concurrence pure et parfaite.

 
Des théories économiques du développement qui ne fonctionnent toujours pas. Pour les théoriciens du développement, les réussites isolées des états européens et du Japon au dix-neuvième siècle, des Dragons et des Tigres asiatiques ainsi que de la Chine au vingtième et vingt-et-unième siècle ne sont que des cas exceptionnels qui n’auraient pas dû réussir parce qu’ils contreviennent aux règles canoniques du libéralisme économique. Ou alors on va chercher à l’expliquer par d’autres facteurs externes comme la qualité et le niveau de formation de la main d’œuvre, qui viendrait en explication subsidiaire à la réussite de ces États. Et pourtant, ces différents cas exceptionnels sont les seuls cas de réussite d’un État en développement pour l’amener au stade d’Etat développés. En éliminant bien sûr les pétro-monarchies du Golfe persique, mais qui ont construit une économie sur les rentes issues de leurs gisements pétroliers. 

 
Malgré plus de cinquante années de réflexions et de recherches, on ne sait donc toujours pas expliquer le développement économique passé ni construire un processus de développement qui fonctionnera. On ne sait toujours pas sortir les États en développement africains du sous-développement économique, comme si l’Occident ne le souhaitait pas.
 
Évidemment, quelques scientifiques divins peuvent obtenir un prix Nobel parce qu’ils vont pouvoir expliquer leurs petites expériences de terrain où ils donnent une aide financière à certains ou à certaines et pas à d’autres et qu’ils vont savoir mesurer les effets et les conséquences de leur intervention. Mais à part le fait que cela fait de l’économie une science expérimentale, et permet à des économistes de se prendre pour Dieu jouant aux dés, qu’est-ce que cela apporte en matière de développement ? Quels pays ces scientifiques divins et adulés ont-ils sorti du sous-développement pour les amener au stade des Etats développés ? Aucun. Ceux qu’ils aident retombent d’ailleurs dans la mendicité ou la misère dès lors qu’ils arrêtent leur expérience divine.

 
Quelle explication au développement économique de l’Europe au dix-neuvième siècle ? Sait-on même expliquer schématiquement les mécanismes des développements qui ont réussi ? Une des explications du développement économiques des Etats européens du dix-neuvième siècle s’appuie sur l’idée que les États européens ont pu s’appuyer sur une classe de petits épargnants et sur une bourgeoisie qui a pu financer les investissements publics et privés ayant permis d’enclencher le développement industriel européen. C’est en tout cas ce que j’ai souvent lu, ce qui, selon certains théoriciens ou spécialistes du développement, manque aux États africains et aux États en développement. Une classe de petite bourgeoisie sur laquelle ces Etats pourraient s’appuyer et qui pourraient apporter le capital financier nécessaire au développement. 
 
Mais est-ce vraiment l’explication de ce qui s’est passé en Europe ? La philosophe Hannah Arendt donne une autre explication de ce développement dans son livre sur l’antisémitisme. 

«A partir de la fin du XVIIè siecle, on assiste en conséquence à une expansion sans précédent de l’activité économique de l’Etat et, parallèlement, de son besoin de capitaux. Parmi les populations européennes, aucun groupe n’était en mesure de fournir à l’Etat les capitaux nécessaires, ni de prendre une grande part au développement d’activités économiques étatiques. Les Juifs, au contraire, avaient une longue expérience du prêt et des relations avec la noblesse européenne, qui souvent les protégeait localement et les employait comme hommes d’affaires. Il était donc naturel qu’on eût recours à eux. Pour ses nouvelles activités économiques, l’Etat avait tout intérêt à accorder aux Juifs certains privilèges et à les traiter comme un groupe à part. L’Etat ne pouvait en aucun cas les laisser s’assimiler complètement à une population qui refusait de prêter à l’Etat, qui répugnait à prendre part à ses entreprises et à les developper, et qui se cantonnait au modèle routinier de l’entreprise capitaliste privée.»

 

Hannah Arendt, L’antisémitisme - Quarto Gallimard - pages 229-230

 

Selon Hannah Arendt, cela explique la montée de l’antisémitisme en Europe. Selon elle, toute classe sociale entrant en conflit avec l’Etat, avec le gouvernement, entrait inévitablement en conflit avec les Juifs, principaux soutiens des gouvernements et de l’administration. Toujours selon Hannah Arendt, à compter de 1900, les États n’auront plus besoin des Juifs pour les financer, l’impérialisme ayant conduit la bourgeoisie à investir et à financer les États. Ce qui nourrira encore l’antisémitisme : selon elle, toute classe de privilégiés sans objet social est détestée par le peuple, comme l’aristocratie au moment de la Révolution francaise. 

 

Mais cela excède notre analyse des explications du développement économique. Au fond, l’explication du développement économique européen ne reposerait donc pas sur une petite bourgeoisie suffisamment riche pour financer et participer aux activités industrielles des États, mais de leur financement par quelques riches banquiers juifs, comme Les Rothschild, Samuel Bernard, le baron Liefman Calmer, Gerson von Bleichröder, ou encore Samuel Oppenheimer, cités par Hannah Arendt. Mais on trouve aussi quelques autres grands banquiers catholiques ou protestants comme les Fugger ou Jacques Cœur. 

 
Qu’est-ce qu’une telle explication peut apporter à notre analyse du développement économique et industriel ?

• Le fait que le développement soit permis par quelques grandes familles de banquiers juifs que les États en développement modernes actuels ne possèdent pas et qu’ils sont par conséquent contraints de se financer auprès d’institutions internationales occidentales qui les forcent à emprunter en devises étrangères (francs français, euros, dollars ou remimbi) ?

 

• Le fait que l’économie du développement moderne fasse totalement l’impasse sur l’aspect monétaire et financier du développement, en fonction des principes théoriques néolibéraux et monétaristes qui veut que la monnaie n’est aucun impact, aucune incidence sur l’activité économique réelle ?

 

• Cette impasse sur l’aspect monétaire et financier du développement économique est évidemment une erreur. L’origine interne ou externe des fonds finançant le développement d’infrastructures industrielles ou routières est évidemment fondamental, tout comme l’adhésion du peuple au développement, et sa mise en œuvre par un groupe d’administrateurs ou de politiques visionnaires qui agissent collectivement pour le bien commun du pays.

 

• Au fond, la main invisible du marché, le libre jeu de la concurrence, la recherche unique du profit comme élément explicatif, ne permettent en aucun cas le développement. Même la France est encore aujourd’hui obligée de recourir à la planification et à une autorité régulatrice pour mettre en œuvre des politiques industrielles.

 

En ayant écrit tout cela, je ne réponds pourtant pas véritablement à mes questions. Comment penser le développement économique et comment expliquer que cela ait fonctionné ou dysfonctionne ?

 
 
Saucratès


07/01/2024
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Sur l’écologie punitive

Du discours des écologistes 

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 3 décembre 2023

 
Petit retour en arrière sur l’écologie punitive. Mon argumentation première était de considérer que l’écologie et la collapsologie n’étaient pas solubles dans la démocratie libérale, si tant soit peu que l’on puisse considérer le régime politique français comme une démocratie …

 
1. Dialogue avec Bruno Bourgeon

 

Un lecteur, le docteur Bruno Bourgeon, m’avait longuement répondu en insistant d’abord sur la nécessité des lois, pour nous interdire de nuire aux autres en matière d’écologie et de préservation des milieux naturels. Il insistait aussi sur l’idée que, loin que de parler uniquement d’écologie punitive, il faudrait considérer que ce sont les pollueurs, le capitalisme, qui portent atteinte à notre liberté «de vivre sur une planète en bon état, de respirer un air sain, de manger une nourriture sans pesticides».

 

Je ne reprendrais pas ici la totalité de sa critique, sur notre insupportable égoïsme qui pousse certains d’entre nous à continuer à consommer sans limitation en considérant que seul notre contentement compte. «À force de s’abreuver à ce genre de langage (individualiste), les  gens se soucient de plus en plus de leurs libertés individuelles de consommateurs et de moins en moins du bien commun».

 

Il existe donc une rhétorique et une opposition frontale autour de la notion des libertés individuelles ! Et c’est le point d’achoppement frontal entre Bruno Bourgeon et moi-même, entre nous en tant que consommateurs, face à l’idéologie écologiste et collapsologiste.

 

Quelle est donc la principale des libertés individuelles ou publiques ?

 

• Le fait «de vivre sur une planète en bon état, de respirer un air sain, de manger une nourriture sans pesticides», quelque puisse en être le coût en terme de libertés individuelles ?

 

• Ou au contraire, le fait de conserver et de se battre pour conserver le maximum de libertés individuelles, même s’il peut y avoir un impact climatique à nos actions individuelles ? 

 
Je considère pour ma part que l’argumentation présentée par Bruno Bourgeon est parfaitement défendable lorsqu’il aborde le problème de manière collective. Le capitalisme est évidemment responsable de la destruction des écosystèmes, de la surconsommation des ressources de la planète. La course au profit a conduit des milliers d’entreprises à privilégier leur intérêt personnel, celui de leurs administrateurs, celui des représentants des plus grands de leurs actionnaires, à l’intérêt de la préservation de la planète. La technologie des cryptomonnaies est responsable de la consommation énergétique des entreprises de minage de blockchains qui consomment énormément. Les fabricants de véhicules automobiles ou d’électroménagers sont responsables à la fois des politiques d’usure prématurée de leurs produits, de ce que l’on appelle l’obsolescence programmée, et de leur consommation énergétique, en terme de ressources ou en terme de carburant. Cette industrie aurait pu chercher à minimiser autant que possible l’empreinte de la consommation énergétique de leurs produits plutôt que de privilégier leurs marges et leurs chiffres d’affaires. Apple est forcément responsable du développement des smartphones et de la frénésie de remplacement des consommateurs, même si, si cela n’avait pas été Apple, d’autres fabricants les auraient remplacés dans le cœur des consommateurs. 

Peut-être est-ce là la principale source de nos difficultés écologiques : l’évolution technologique effrénée. Nous ne vivons plus dans un monde immobile. Pendant des siècles, le progrès technique est resté stationnaire. Pendant des millénaires, on a continué à utiliser l’araire pour labourer les champs, le moulin à vent ou à eau pour moudre la farine de blé, et à s’éclairer à la chandelle puis à la lampe à huile. Et tout ceci a perduré pendant plusieurs milliers d’années. La précédente révolution technologique de l’humanité remontait au néolithiqué, avec l’invention de l’araire. Et puis en l’espace de quelques siècles, on a vécu la révolution industrielle du moteur à explosion, de l’électricité, du train, puis la révolution de l’informatique, et maintenant la révolution de la connaissance et bientôt celle de l’intelligence artificielle. 

La population mondiale est passée en quelques siècles de moins d’un milliard d’habitants à plus de huit milliards d’habitants sur notre pauvre planète, et la durée de vie du moindre outil, du moindre objet que nous possédons, ne se compte plus en nombre de générations, mais ne dépasse pas 4 ou 5 ans avant de devenir complètement obsolète. Forcément, cette juxtaposition d’effets pernicieux est générateur d’une catastrophe. Des milliards de consommateurs potentiels qui cherchent à disposer du dernier objet à la mode. Et le capitalisme au milieu de tout ça qui se réjouit de cette mondialisation de la demande qui lui est adressée. L’objectif ou le rêve des capitalistes : pouvoir produire pour l’ensemble de la planète, disposer d’une demande presque infinie.

 

Voilà ce que Bruno Bourgeon me répondait le 4 septembre 2022 :

 

«Quelle liberté pourrait exister dans un monde où tout est permis, y compris la possibilité de nuire aux autres ? À quoi ressemblerait une société sans aucune loi où n’importe qui pourrait être soumis à quelqu’un d’autre ? C’est proprement contre cette idée que se dresse le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau : nous troquons la loi du plus fort, contre des devoirs qui doivent permettre l’égalité de droit. Cette idée se retrouve d’ailleurs plus généralement à l’époque des Lumières, et elle donnera naissance au célèbre adage -la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres-.

 

Or, dans le cas de l’écologie, on se situe précisément dans cette configuration. Le but de  l’écologie est de préserver la planète afin que l’humanité puisse continuer à y vivre dignement. Interdire les pratiques nocives d’une minorité en vue de mieux respecter l’environnement, ce n’est pas une atteinte à la liberté, mais la défense du bien commun.


On pourrait d’ailleurs renverser l’accusation en arguant que nous  souhaitons conserver la liberté de vivre sur une planète en bon état, de respirer un air sain, de manger une nourriture sans pesticides. En agissant contre l’intérêt commun, ce sont les pollueurs qui portent atteinte à nos libertés, c’est la croissance non consentie qui s’impose, le capitalisme qui dicte le monde (…)»

 

Je n’ai repris qu’une partie de la réponse de Bruno Bourgeon. Et au fond, ce qu’il dit ne présente pas de difficultés. On peut être facilement d’accord avec ce qu’il écrit. Mais ce qu’il écrit n’est pas la totalité de l’idéologie écologiste. Ce n’est qu’une argumentation visant à rendre légitime son discours. Mais ce n’est pas cela l’écologie. Ou plutôt, ce n’est plus seulement cela l’écologie et la collapsologie.


Le problème de Bruno Bourgeon, le problème des écologistes, le problème de Sainte Greta Thurnberg et compagnie, c’est que leur idéologie ne s’arrête pas à ce qu’ils disent combattre, à ce qu’ils écrivent, à ce que Bruno Bourgeon nous écrit. 

 

Combattre les grands groupes capitalistes multinationaux, les méthodes publicitaires agressives et d’obsolescence programmée, leur absence de prise en compte de la limitation des ressources terrestres, est extrêmement compliqué et difficile pour les militants écologistes, et ne suffira pas pour sauver suffisamment rapidement la planète. C’était la méthode du Rainbow Warrior et des écologistes dans les années 1980, mais il s’agissait d’un combat dangereux et difficile. Des gens sont morts ou ont été emprisonnés.

 

Il est tellement plus simple de dégonfler des pneus de SUV et de 4x4 avec des grains de riz pour alerter leurs possesseurs sur le risque qu’ils font courir à la planète. Lorsqu’un écologiste dégonfle vos roues, c’est un beau combat, même si vous risquez d’en mourir si vous conduisez malgré tout. Dégonflez les pneus d’un écologiste ou d’une maire écologiste, et là, c’est un attentat contre l’Etat. C’est un crime haineux. 

 

S’attaquer aux individus lambda est devenu le Graal de tous ceux qui se croient investis d’un rôle de robins des bois ou de sauveurs de la planète. Pour peu que ces abominables individus lambda soient les possesseurs de quelques biens considérés comme un crime contre la Terre. Non pas les possesseurs de yachts protégés par des armées privées. Non beaucoup trop dangereux. Mme Sandrine Rousseau va ainsi s’attaquer aux beaufs qui aiment faire des barbeuques alors que c’est mauvais pour la planète, et que ce sont les ennemis des féministes écologistes qui se font appeler les louves alpha, contraire à l’égalité des sexes, parce que cela réactive le vieux syndrome de l’homme préhistorique et de l’inferiorité feminin … et en plus on parle de grillades de boeuf, qui est en plus le pire émetteur de méthane. 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/09/01/sandrine-rousseau-et-l-entrecote-symbole-de-virilite-les-faits-derriere-la-polemique_6139857_4355770.html

 

Selon Bruno Bourgeon encore :

 

«En réalité, ces arguments ‘épouvantails’ ont surtout pour but de conserver des modes de vie  qui deviennent incompatibles avec la vie sur terre. Il n’est pas raisonnable de continuer à détruire les sols alors que nous en avons besoin pour nous nourrir. Il n’est pas raisonnable de dérégler le climat alors qu’il peut entraîner des bouleversements irréversibles pour notre survie et celle des non-humains, victimes collatérales injustes de notre désir insatiable de liberté consumériste.

 
Pourtant, une immense partie de la population, des élites et de la classe politique continue  dans cette voie. Une fraction d’entre elle a décidé d’ignorer la crise environnementale, voire de nier son existence ou sa gravité. Une autre portion a même décidé de s’en moquer, estimant que sa situation sociale lui permettrait d’échapper au pire.  


Il s’agit alors de conserver des privilèges et un mode de vie le plus libre possible. Et tant pis si cet exercice de la liberté nuit à la société en général. Pour les conservateurs, on est plutôt face à un refus de changer ses habitudes ; on a toujours fait comme ça (…)»

 
Au fond, pour les écologistes comme Bruno Bourgeon et consorts, un grand nombre de citoyens n’ont pas droit aux libertés publiques, n’ont pas le droit de choisir ce qu’ils ont le droit de consommer, la manière dont ils ont le droit de vivre librement, parce qu’ils font les mauvais choix. Non pas une infime partie de l’élite, mais «une immense partie de la population» comme nous l’écrit Bruno Bourgeon. 

 

2. Le discours écologiste n’est que dictature

 
Quel est donc ce type de régime politique où l’on considère qu’une immense partie de la population n’a pas le droit de décider librement de ses choix parce qu’ils feront forcément les mauvais choix ? Quel est donc ce type de régime politique où seule une infime minorité de la population, qui s’estime éclairée, qui estime faire elle les bons choix, s’arroge le droit de décider pour tout le monde ? 

 
Ce régime politique n’est pas une démocratie, mais une dictature. Dans le cas présent une dictature écologiste. Mais rien ne la séparera des dictatures du prolétariat que l’on a pu connaître par le passé, ou des dictatures fascistes qui s’étaient répandu en Europe pendant la période de l’entre-deux guerres, dans les années 1930-1940. Ce n’est pas l’idéologie affichée qui compte. Toutes les dictatures ont pour but de sauver l’humanité d’un grand péril, d’accoucher d’un nouvel homme, d’une nouvelle race. Ce n’est pas parce que la dictature écologiste croit avoir pour noble but de sauver la Terre que les moyens qu’elle entend utiliser pour cela seront pour autant bon. Le MAL engendre le MAL. 

 
«Cette rhétorique de l’atteinte aux libertés n’est pas seulement utilisée pour la  question écologique. Elle a aussi été appliquée au domaine social, comme on a pu le constater lors des élections législatives. Emmanuel Macron, se sentant en danger, avait pointé la gauche du doigt en soulignant que leur programme proposait plus d’une trentaine d’interdictions. Pourtant, là aussi, il s’agissait d’interdictions destinées à améliorer le bien commun. Qui peut sérieusement s’insurger qu’on interdise de louer des passoires thermiques ou de procéder à des licenciements boursiers ?

 
Ce qui est logique pour des dirigeants néolibéraux puisque leur citoyen idéal est le consommateur docile, contenté par ce système.
Il faut dire que les élites font également tout pour dégoûter les gens de la notion même de  solidarité, préférant pointer du doigt une minorité de soi-disant assistés et glorifiant les  structures privées tout en dénigrant les services publics. Avec un tel discours, on glisse donc  lentement vers un système libertarien où l’État deviendrait accessoire et où les libertés individuelles passeraient avant tout dans une sorte de course impossible de laquelle ne pourraient ressortir gagnants que les déjà-plus-riches et qui plongerait tout le reste dans l’illusion d’un jour atteindre la première place. Et, ce, peu importe le bien commun.»

   

3. Mes arguments contre le discours écologiste

 

Au fond, que peut-on répondre aux arguments des écologistes ? Comment contester leur soif de tout interdire ?

 

«Effectivement, je suis contre la majeure partie des interdictions stupides de ces gouvernements, quand elles ne visent qu’à gêner, écraser, contrôler un peu plus notre vie et contrôler nos pauvres droits et libertés publiques restantes. On devrait être autorisé à ne respecter que les lois auxquelles on accepte d’obéir. 

 

Je vise des positions très particulières ; le fait d’interdire ou réglementer la consommation de viande bovine et de la cuire sur un BBQ ; la ségrégation entre LGBT et hétérosexuels ; et enfin la lutte contre les SUV pour les rendre inutiles. Parle-t-on ici de bien commun, de sauvegarde de la planète, de lutte contre des consommateurs ultra-riches égoïstes qui ne pensent qu’à leur plaisir ? Ou bien de lubies et de cibles faciles d’écolos féministes extrémistes ? On ne parle que du droit à manger de la viande de bœuf, une entrecôte, et on arrive à vouloir décompter ce que mange un homme et une femme, et estimer que l’homme moyen doit s’aligner sur la consommation de la femme moyenne. 

Continuons plus loin. Comparons ce que mange une éthiopienne et une française et légiférons pour que les français et les françaises ne consomment pas plus qu’une éthiopienne moyenne ! En plus, je n’exagère même pas puisque les écologistes font déjà cette comparaison, en comparant le nombre de Terre consommée par tel ou tel habitant de telle ou telle nation. Aucun d’eux, ni Sandrine Rousseau, ni une autre extrémiste, n’a encore mis en cause les français et françaises et proposé de légiférer à ce sujet. Interdire les restaurants, limiter le nombre de repas à un par jour, ou restreindre à manger juste une mesure de riz … ou que sais-je encore …

La lutte contre les SUV est évidemment une constante des écologistes. Les écologistes extrémistes trouvaient autrefois amusant d’agresser les conducteurs de 4x4. Le mouvement Rébellion Extinction trouve amusant aujourd’hui de dégonfler les pneus des SUV. Mais qui vous autorise à décider ce qui est bien ou mal ? En fonction de quoi si ce n’est de vos propres lubies ? Pourquoi ne pas dégonfler les pneus des avions à Gillot ? L’extrémiste d’Extinction Rébellion ne prend-il jamais l’avion ? Son homologue est peut-être venu à la nage à La Réunion ? Ils s’attaquent à ce qu’ils estiment mauvais pour la planète et qu’ils n’utilisent pas. Et ils veulent les interdire aux autres sous ce prétexte là. 

C’est exactement la même chose pour Sandrine Rousseau ou pour les leaders d’EELV. Ils veulent la transparence sur les mouvements des yachts privés ? Qu’ils soient donc eux aussi transparents sur leur propre usage des avions pour leurs déplacements ministériels et personnels ? Il y a eu une ministre écologiste qui se promenait à bicyclette, même si je crains qu’il ne s’agissait que d’affichage : n’a-t-elle jamais pris l’avion à l’époque et depuis ?  

C’est cela qui me met en boule : l’égoïsme des écologistes qui veulent faire interdire ce qu’ils n’utilisent pas, ce qu’ils considèrent comme coupable, mais en aucun cas ce qu’eux-mêmes utilisent même si c’est tout autant mauvais pour la planète. Ou pire. Un double langage. 

Donc évidemment, je suis d’accord sur votre diatribe sur la pollution industrielle, sur les pesticides, sur la sauvegarde de la planète, mais je le suis beaucoup moins sur les moyens d’y parvenir, sur l’usage des interdictions, sur les actions des ayatollahs et des papesses de l’écologie. 

Aucune des mesures gouvernementales prises ne trouvent grâce à mes yeux. Le malus automobile est une aberration. 40.000 euros de malus pour des voitures sportives (60.000 euros à partir de 2024), cela devient débile, en sachant qu’à quelques kilomètres de là, en Allemagne ou ailleurs, ces voitures peuvent circuler librement et passer la frontière. Ou qu’il suffit aux plus riches de les immatriculer de l’autre côté de la frontière pour être exonéré de cette taxe. Mais encore faut-il disposer de sociétés étrangères pour échapper au fisc. De même, il est débile de donner un bonus de 3.000 ou 6.000 euros pour des voitures électriques majoritairement fabriquées en Chine, ou aux Etats-Unis. Les américains ont au moins l’intelligence de réserver les primes à des véhicules américains, mais l’Europe le conteste en défendant l’intérêt des fabricants chinois de véhicules électriques ! Mais les européens sont-ils stupides ? A-t-on besoin d’utiliser l’argent de nos impôts et taxes pour le donner aux constructeurs automobiles chinois, américains ou allemands ? 

Il reste à traiter l’argument des plus riches qui pourraient continuer à profiter grâce à leur argent de ce que les écologistes voudraient nous interdire, ou de ce qui reviendrait trop cher pour nos finances. Bruno, vous prônez un ordre mondial policier, pire que le communisme stalinien, pour être sûr que nul ne pourrait faire telle ou telle chose que vous souhaiteriez voir interdire ? On parle bien ici de fascisme écologique au nom de la sauvegarde de la planète, ou bien au nom de la police de la planète ? Ce que vous proposez, ce que les écolos fascistes proposent, me fait frémir.

Effectivement, je préfère la liberté au monde que vous souhaitez. Un monde de règles respectueuses des libertés individuelles plutôt que votre monde policier fasciste écologiste extrémiste, en fonction des lubies de quelques gourous féministes ou fascistes. 

 

Enfin, je vous parle de mesurettes qui n’auront aucun effet global mesurable sur le réchauffement climatique, prises pour emmerder les certains français, en fonction de lubies personnelles de quelques pseudo intellectuels politiciens, et vous, vous me parlez de victimes du capitalisme mondialisé.

 

Des mineurs qui ruinent leur santé, il y en a toujours eu. Ces mines pourraient être automatisées, mais pour quelques dollars, ces gosses, ces adultes cherchent à survivre en se tuant à petits feux. Effectivement, je ne me sens pas concerné. Vous leur interdiriez d’y creuser qu’ils chercheraient des façons encore plus dangereuses de gagner leur vie, même au mépris de nos vie ou de celles de nos jeunes (drogues).

 

Et les migrants climatiques (économiques) sont pour moi avant tout un danger civilisationnel. Évidemment, les amérindiens eussent pu dire la même chose devant l’immigration européenne aux Etats-Unis, ainsi que les aborigènes australiens devant les pionniers et les déportés anglo-saxons. Même justement, n’est-ce pas exactement ce qui s’est passé pour eux, aborigènes australiens ou amérindiens ? N’ont-ils pas été les victimes d’un ethnocide ?»

  
 

Saucratès


03/12/2023
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