Critiques de notre temps

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Développement durable


Éthique et écologie

La question éthique est probablement le point le plus critique de la révolution écologique et économique qui frappe nos sociétés. Et cette éthique est fondamentalement multiple et plurielle, multitude et diversité en raison principalement de la toute aussi grande multitude des aspects écologiques que l’on a à étudier, à prendre en compte, à tenir compte.

 
Des raisons transgénérationnelles et internationales

Cette réflexion doit être éthique en raison d’abord des raisons et des conséquences de la question écologique elle-même. Ceux qui sont principalement les responsables des émissions passées des gaz à effet de serre ne sont majoritairement pas ceux qui en subiront les conséquences, qu’il s’agisse des oppositions générationnelles qu’on va y voir à l’œuvre, ou des oppositions entre pays riches et pays pauvres. Ceux qui ont majoritairement pollué la planète sont la génération des retraités actuels et ceux qui sont désormais proches de la retraite, et n’aspirent qu’à partir à la retraite, majoritairement dans les riches pays occidentaux, tandis que les jeunes générations qui se sentent désormais concernés n’ont que peu participé à ces émissions de gaz à effet de serre néfastes pour le climat.

 

De la même manière, l’opposition géographique sépare des pays riches peu concernés immédiatement par les conséquences du réchauffement climatique sur leurs écosystèmes, sauf exception comme aux Etats-Unis actuellement ou en Australie avec des mégafeux incontrôlables, et des pays en développement ou faiblement industrialisés qui sont plus directement touchés par les désordres climatiques (inondations, cyclones, sécheresses …).

 
Des raisons politiques et de justice sociale

Mais cette réflexion est surtout éthiquement importante en raison des conséquences des politiques climatiques sur les populations, sur les travailleurs, tout particulièrement sur les classes les plus pauvres de chaque État et des impacts populistes qui découlent de l’absence de prise en compte, autre que médiatique, des impacts délétères des politiques environnementales. Pour les gens intelligents qui nous dirigent, pour les gens intelligents qui analysent ces situations économiques et écologistes, la masse des électeurs est stupide, bornée et cette masse vote avec délectation et par stupidité pour des populistes manipulateurs qui les attirent avec des slogans haineux et faciles. Ceux-ci pensent certainement que si seuls les gens instruits et intelligents avaient le droit de vote, les populistes n’auraient aucune chance d’être élus et d’arriver au pouvoir. 

 
C’est notamment parce que les politiques environnementales ne prennent pas en compte les impacts sociaux et symboliques de leurs actions, de leurs lois, de leurs décisions, que l’on peut observer le divorce grandissant entre la masse du peuple et des élites dans lesquels le peuple ne se reconnait plus et que les élites ne comprennent pas plus. 

 

L’Agence française de développement propose ainsi un webinaire sur des compte-rendus de recherche sur «l’impact de la transition écologique sur un élément clé du système de protection sociale en Colombie, son système de retraites».


«La transformation structurelle de l'économie colombienne, visant à réduire l'empreinte environnementale, devrait modifier la disponibilité de certains types d'emplois, bénéficiant à certains travailleurs tout en laissant d'autres de côté. Ces dynamiques auront des implications importantes pour les systèmes de sécurité sociale, particulièrement dans les pays en développement où les filets de sécurité sociale et les systèmes de retraite contributifs sont moins développés.»

 

«Alors que le monde évolue vers une économie plus verte, le succès de cette transition ne se mesurera pas uniquement à la décarbonation, mais également à la mise en place d'alternatives favorisant un développement inclusif. Une inclusion équitable nécessite des systèmes de protection sociale solides pour soutenir les ménages susceptibles de rencontrer des difficultés au cours de cette transformation.»

 
Agence française de développement, webinaire du 5 février 2025. 

 

C’est là qu’il nous faut parler d’éthique. Comment est-il possible que nul ne s’interroge sur la légitimité de ces décisions politico-environnementales qui visent à faire disparaître certains types d’emplois pour en promouvoir d’autres qui bénéficieront à certains travailleurs tout en laissant d’autres sur le côté de la route. L’Afd estime ainsi que dans un pays non développé comme la Colombie, il faut réfléchir au système de protection sociale alors qu’en France, qui bénéficie d’un solide système de protection sociale, ce n’est pas utile, qu’un travailleur qui perdrait son travail bénéficierait du chômage ou de la retraite. 

Mais où se trouve l’éthique là-dedans, pour tous les travailleurs laissés sur le carreau ? Qui peut estimer que telle ou telle norme environnementale est plus importante que le sort de travailleurs ? 

Il en va exactement de même avec les concepts de ZFE (ou zones à faible émission) dans lesquelles ce sont les véhicules indispensables des travailleurs pauvres et des classes moyennes qui se trouvent rejeter à l’écart des grandes agglomérations, interdits d’y circuler parce que leurs vieilles guimbardes polluent. Ces mêmes agglomérations dans lesquelles se sont réfugiés tous les services publics et les hôpitaux. Comment une telle relégation des classes populaires loin des centres de vie des grandes agglomérations a-t-elle pu être pensé par des membres des élites administratives et politiques sans que personne ne soit choqué par la violence symbolique de cette relégation des classes populaires ? 

 

L’absence de toute forme de réflexion éthique dans les diktats politico-écologiques décidés par les élites administratives et politiques, par les penseurs et les économistes, qui décident à la place du peuple de ce qui est bon et beau, et qui maudissent par la suite ce même peuple parce qu’ils sont obtus, manipulables et qu’ils votent mal, et le véritable problème de notre époque. En ce début de vingt-et-unième siècle, il apparaît désormais clairement que l’on ne peut plus faire comme si le peuple ne comptait pas, on ne peut plus l’ignorer et dire que son vote est sans importance, parce qu’il nourrit désormais la montée des extrêmes et tout particulièrement de l’extrême-droite. 
 

Autres questionnements en éthique 

Mais il existe aussi évidemment de multiples autres dimensions à l’éthique en écologie. Comment oublier l’aspect éthique indissociable vis-à-vis du reste du monde animal ? Comment parler d’éthique sans parler de la souffrance animale liée à l’exploitation humaine via l’élevage, l’engraissage en vue de la consommation ou de la destruction des écosystèmes ?

 

De la même manière que l’homme blanc occidental s’est persuadé d’être le seul humain intelligent et doté d’une âme immortelle au cours des siècles précédents, l’homme, le plus souvent blanc et occidental, est également aujourd’hui persuadé d’être la seule espèce terrestre dotée d’intelligence et de sapience. C’est moins vrai pour les autres peuples dans d’autres sociétés, qui ont souvent entretenu des liens étroits symbiotiques avec certaines espèces animales. Même s’ils les exploitent et s’en nourrissent, ils les considèrent malgré tout comme proches d’eux, proches de leur famille. Un peu comme nos anciens paysans dans nos pays occidentaux qui vivaient beaucoup plus en symbiose avec leurs animaux que de nos jours, dans nos grandes exploitations agricoles industrielles, où les animaux sont traités comme des marchandises qu’il faut exploiter le plus industriellement possible et le plus rentablement possible. 

 
La question devient néanmoins, là aussi, de se demander comment on peut concilier la nécessité de nourrir convenablement huit milliards d’humains sur Terre en même temps que le respect d’une éthique vis-à-vis du reste du monde animal qui nous sert essentiellement de nourriture. Si nous sommes incapables de donner la parole aux multiples voix de l’humanité, si nous sommes incapables de prendre en compte leurs souhaits, leurs attentes et les conséquences qu’ils vivront à la suite des mesures politiques que nos dirigeants prendront, comment pourrait-on penser prendre en compte le reste du règne animal ? 


Au fond, l’écologie est une philosophie ou une science dans laquelle l’ordre des priorités est inversé. L’écologie donne plus de valeurs à la vie terrestre non humaine qu’aux désidératas des humains eux-mêmes qu’il leur faut éduquer et redresser. Pourquoi perdre son temps à répondre aux désidératas de l’humanité puisque celle-ci est mal éduquée, que ses priorités sont néfastes pour la planète et qu’elle ne cherche qu’à polluer toujours plus. D’où cette philosophie du redressement, de la contrainte, des normes imposées que représente le fascisme écologique.

 
 
Saucratès 


28/01/2025
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Retour sur quelques idées tirées des podcasts Chaleur humaine

Vous trouverez ci-après quelques commentaires sur des idées exposées dans des podcasts du Monde de l’émission Chaleur humaine.
 
Au fond, je suis très souvent sceptique sur les idées que l’animateur ou ses invités présentent. Les interventions du présentateur de cette émission, M. Nabil Wakim, tourne souvent autour de la question du comment on peut obliger, contraindre, imposer, aux gens d’appliquer telle ou telle idée, qu’ils considèrent comme bonne pour le climat, pour la planète ou pour l’homme. Et ce genre de préoccupations fascisantes m’insupportent profondément. 

 

Mais rarement, certaines de leurs idées me semblent intéressantes. Je vais ainsi revenir vers quelques uns des derniers podcasts que Nabil Wakim avait réalisé pour le début de l’année 2025, pour nous aider dans nos bonnes résolutions pour 2025.

 
7.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501070600-dix-idees-pour-le-climat-un-nutri-score-generalise-710

 

Ce septième épisode de Chaleur humaine est un contre-exemple. Je ne suis pas en accord avec l’idée qui y est évoquée, pas plus que je n’étais en accord avec le deuxième épisode de cette série qui proposait d’inverser la logique des banques.

 

https://saucrates.blog4ever.com/de-la-necessaire-lutte-contre-lecologie

 

Nabil Wakim y reçoit ainsi un médecin qu’il présente comme épidémiologiste, Jean-David Zeitoun. Au fond, je n’ai pas grand chose à dire contre la généralisation du nutri-score qu’il évoque, sauf que les propositions de ce monsieur ne s’arrêtent évidemment pas là. Le nutri-score lui-même ne me dérange pas même si je ne l’ai jamais regardé dans un supermarché avant d’acheter un produit. L’idée de le généraliser à tous les produits me semble déjà limite sachant que dans son idée, tous les produits végétaux ont un nutri-score excellent et les produits issus de l’animal ont des mauvais nutri-scores. Que ce nutri-score pénalise des produits ultra-transformés, cela me semble normal. Qu’il cible aussi tous les produits du règne animal parce qu’ils seraient mauvais pour la santé ou pour la planète, je trouve cela très moyen. Selon moi, on quitte la science pour toucher au politique, à l’opinion, en reniant toute notre humanisation. Sans la salaison ou la fumaison des viandes, il n’y aurait jamais eu de sociétés humaines, ni de possibilité de conservations des denrées alimentaires, de résistance aux épisodes de famine ou de périodes de soudure alimentaire. On ne peut pas renier tout ce qui fait de nous des humains par extrémisme écologique !

 
Les idées de Jean-David Zeitoum vont évidement plus loin. Il faut agir selon lui à travers le nutri-score soit légalement en interdisant la publicité ou la vente, pour freiner leur consommation, soit économiquement en taxant la consommation des produits avec un mauvais nutri-score. Selon lui, on cherche tous à manger sainement et c’est par ignorance que l’on achète du Nuttela ou des délicieuses entrecôtes. Il en arrive surtout à sortir avec aplomb des stupidités en tant que certitudes économiques. Les entreprises qui fabriquent des produits mal nutri-scorés coûtent beaucoup plus d’argent à la collectivité qu’elles n’en rapportent (parce que le PIB ne tient pas compte des coûts induits). En même temps, selon lui, aucun industriel touché par le nutri-score n’a jamais été contraint de mettre en œuvre de plan social (vu le nombre de plans sociaux se produisant chaque année et l’explosion actuelle, cela me semble cavalier). Et toujours selon lui, cela signifie que ce nutri-score n’a pas d’impacts sur la santé des entreprises et qu’il est bon pour le commerce (mais il propose en même temps de changer l’impact du nutri-score en imposant des taxes et il veut faire payer les industriels pour les effets supposés induits). Mais du coup, le nutri-score n’aurait aucun intérêt. Pourquoi les industriels le combattraient-ils ? 
 
En clair, cet épisode de Chaleur humaine avec Jean-David Zeitoum et Nabil Wikimedia n’est qu’une énième variation autour du fascisme écologique et de la dictature environnementale et du nutri-score. Vous donnez un doigt à un extrémiste écologiste ; il vous bouffera le bras.

 

8.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501080600-dix-idees-pour-le-climat-un-malus-contre-la-fast-fashion-810

 
J’adhère beaucoup plus facilement au huitième épisode de Chaleur humaine sur la fast-fashion et l’ultra-fast-fashion (la vente de vêtements à jeter après avoir été portés). Évidemment, cela ne touche pas un élément aussi important pour moi que la nourriture et mon droit de manger une bonne entrecôte grillée. Est-ce pour cela que je n’y suis aucunement opposé ?

 
J’adore acheter des vêtements le plus rarement possible qui me dureront des années et des années. L’invitée de Nabil Wakim pour cet épisode est Julia Faure, fondatrice de la marque Loom. Elle plaide pour une taxe sur la fast-fashion, ces produits fabriqués à bas coût et vendu pour presque rien. Sa démonstration est néanmoins selon moi assez hésitante sur les coûts inhérents à la fast-fashion. Au fond, elle ne peut pas expliquer comment une taxe appliquée maintenant sauverait l’industrie textile survivante française, qui de toute façon, demeurera concurrencée par les productions polonaises ou espagnoles ou turques. Je partage la même opinion qu’elle mais je trouve son argumentation fragile, sommaire. Taxer la fast-fashion est bien sûr important, subventionner la production proche de vêtements est également central, mais cela ne relèvera pas le salaire des travailleurs du Bangladesh. Les groupes qui se fournissent là-bas chercheront à encore baisser les prix pour faire absorber la taxe par leurs fournisseurs afin de préserver leurs marges. Tant que des consommateurs achèteront ces produits, il y aura des entreprises pour les lui fournir. 
 
Elle n’aborde pas non plus le principal impact de la fast-fashion sur le climat, à travers le transport de ces milliards de vêtements entre les pays de fabrication et les pays de consommation, ainsi que le coût environnemental et écologique du recyclage de ces vêtements à jeter après avoir été porté quelques fois. On n’y aborde pas le coût en matières premières pour leur fabrication et l’impact environnemental de cette fabrication.
 
Quelle autre solution pourra-t-on trouver ? Il faudra sûrement inventer un système d’étiquette, d’information, de nutri-score qui donnera des informations au consommateur souhaitant savoir la décomposition du prix qu’on lui demande de payer, l’identité de l’entreprise fabricante et le salaire mensuel touché par le salarié pour la fabrication (ou le salaire minimum appliqué par cette entreprise. Parce qu’entre un polo Lacoste ou Raph Lauren à 100 ou 150 euros, et un polo tout simple siglé Décathlon ou d’une marque de distributeur à 25 ou 30 euros, je ne suis pas sûr que les salariés du fabricant des premiers soient payés quatre fois ou six fois plus que les salariés du fabricant du second. Mais je vais aussi difficilement accepter de payer quatre ou six fois plus cher sans réfléchir.  
 
Ce genre d’étiquetage aurait un intérêt. Déjà en forçant les entreprises multinationales à s’intéresser à ces questions chez leurs sous-traitants (le salaire des travailleurs et travailleuses). Il faudra évidemment des amendes en cas d’informations fausses mentionnées, capables de faire réfléchir de tels groupes. Il faudra vraisemblablement le rendre obligatoire ou espérer que les consommateurs privilégieront les marques jouant le jeu aux autres marques. Mais un bon extrémiste écologiste voudra surtout forcer le consommateur à regarder cette étiquette, le taxer si le consommateur ne regarde pas longuement l’étiquette ou ne valide pas qu’il a lu ces informations !

 
Bien plus qu’une taxe aux résultats incertains, un tel étiquetage et la responsabilisation pénale des vendeurs finaux sur la véracité des informations indiquées devraient avoir un très fort impact sur les rémunérations des travailleurs et travailleuses dans les pays à bas coût de main d’œuvre.

 
6.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501060600-dix-idees-pour-le-climat-300-conventions-pour-lalimentation

Une fois n’est pas coutume, je suis totalement en accord avec cet épisode de Chaleur humaine. Nabil Wakim y recevait le chercheur Nicolas Bricas, qui propose de lancer 300 conventions citoyennes de l'alimentation pour associer consommateurs, agriculteurs, distributeurs, experts et élus locaux dans des assemblées destinées à reprendre en main notre alimentation.
 
Il y donne les exemples d’une expérimentation menée à Montpellier d’un groupe qui combine une participation fonction des revenus des gens et un questionnement et un subventionnement des produits et de structures. Et cette idée me paraît tellement intéressante qu’il me semble qu’elle devrait être proposée à la Réunion. L’idée de généraliser de nombreuses conventions citoyennes ou de projets citoyens qui se rencontrent, qui discutent, autour de l’alimentation, entre citoyens, entre agriculteurs, entre commerçants au sujet des produits qui seraient favorisés, privilégiés, préférables me semble extrêmement intéressante.
 
La généralisation des cotisations demandées aux membres me semble aussi intéressante. De 1 euro à 150 euros selon les revenus, permettant de reverser une aide de 100 euros par personne, à dépenser dans les magasins partenaires. Sortir de l’idée que les citoyens n’ont que des droits et attendent des aides. On pourrait aussi envisager une participation des collectivités locales pour accroître cette aide. Mon seul désaccord avec Nicolas Bricas porte sur l’intérêt de la présence indispensable d’experts dans ces conventions citoyennes ou ces associations. Cette présence viserait à se protéger de la diffusion de fausses informations. Mais pour quelle raison un ou des experts aurait-il le droit de décider de ce qui peut être dit et de ce qui ne peut pas être dit ? Pour quelle raison le libre exercice de la démocratie et de la libre expression des opinions des uns et des autres ne pourrait pas suffire ? Pour quelle raison la simple possibilité d’une expression d’une opinion divergente dans une seule de ces conventions citoyennes serait-elle si dangereuse ? Mais hormis ce point, j’adhère totalement à la mise en œuvre d’une telle proposition. Et non pas 300, mais autant de conventions ou d’associations que les gens veulent organiser. Nicolas Bricas n’est pas d’ailleurs très clair sur le périmètre de sa proposition. Trois par département ou autant qu’il n’y a de communes ou de villes par département ? 
 

Bonne écoute à tous.
 
 
Saucratès
 


23/01/2025
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Quelques mots sur la COP 29 de Bakou

Ces derniers jours, des réactions assez critiques visent les résultats obtenus lors de la COP 29 qui se déroulait à Bakou en Azerbaïdjan. Contestations autour de l’insuffisance des promesses de financements de la transition écologique pour les États en développement par les riches pays industrialisés … et pourtant la COP 29 a accouché difficilement d’un accord portant sur l’octroi de 300 milliards de financements … par an pour 2035 …

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/25/le-signal-d-alarme-de-la-cop29_6413041_3232.html

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/23/cop29-a-bakou-apres-la-colere-des-pays-les-plus-exposes-au-dereglement-climatique-les-discussions-ont-repris_6410655_3245.html

 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/24/a-la-cop29-un-accord-au-gout-tres-amer-pour-les-pays-du-sud_6411298_3244.html

 
Cet accord de la COP 29 de Bakou est-il marquant ou non ? 300 milliards de dollars de dons ou de prêts annuels aux États menacés par le dérèglement climatique semble insuffisant pour certains groupes de pays qui en demandaient au moins le double. S’agissant de prêts, il faudra d’ailleurs qu’ils les remboursent, jusqu’à ce qu’ils en demandent l’apurement. Gageons que le sujet reviendra sur la table pour le prochain cycle de négociation l’année prochaine, lors de la COP 30. Encore et toujours remettre l’ouvrage sur le métier …

 

Le leitmotiv répétitif de ces cycles de négociations : faire payer aux pays occidentaux les émissions de gaz à effet de serre du passé, l’esclavage, la colonisation !

 

Pour ceux qui ne s’en rappelle pas, le terme de COP signifie «conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques» (CCNUCC ou UNFCCC en anglais) adoptée le 9 mai 1992 au cours du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, qui a été signée par plus de 150 pays.

 

Son objectif ultime est de «stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique». Aux termes de la Convention, les Parties figurant à l'annexe I devaient s'employer à ramener en 2000 les émissions de gaz à effet de serre non réglementées par le Protocole de Montréal à leurs niveaux de 1990. La Convention est entrée en vigueur en mars 1994. Elle a été complétée par le Protocole de Kyoto en décembre 1997, après qu'il soit apparu que les engagements pris par les états dans la Convention-cadre étaient insuffisants pour prévenir les effets négatifs des activités humaines sur le climat (second rapport du GIEC de 1995).

 

https://saucrates.blog4ever.com/rechauffement-climatique-abecedaire 


Le sommet de la Terre de Rio de Janeiro au Brésil s’était déroulé du 3 au 14 juin 1992, où 131 chefs d'Etat avaient adopté l'Agenda 21, liste de 2 500 recommandations d'action pour le 21ème siècle, et où trois conventions internationales avaient été ouvertes à signature : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur la lutte contre la désertification.


Quant à la première conférence sur le climat (Cop 1), elle s'était tenue à Berlin en Allemagne en mars-avril 1995, qui donna naissance à la décision connue sous le nom de 'Mandat de Berlin' (où les Parties entamèrent un cycle de négociations en vue de décider d’engagements plus solides et plus détaillés pour les pays industrialisés). Depuis lors, sauf exception (épidémie de coronavirus en 2020), une nouvelle COP a lieu chaque année, régulièrement au cours du quatrième trimestre depuis la troisième conférence sur le climat qui s’était tenue à Kyoto au Japon en 1997. 


Le Protocole de Kyoto a été adopté le 11 décembre 1997 lors de la troisième session de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui s'est tenue à Kyoto au Japon. Le protocole est entré en vigueur le 16 février 2005 pour les pays l'ayant ratifié, après sa ratification par la Russie. Le protocole n’est réellement entré en vigueur au niveau mondial que le 30 novembre 2005 après l’adoption formelle de ses premières modalités de fonctionnement, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Montréal (COP 11 du 28 novembre au 9 décembre 2005).

Le protocole de Kyoto a été ratifié à ce jour par 172 pays, à l'exception notable des Etats-Unis qui en sont pourtant signataires. Il comporte des engagements contraignants, en plus de ceux qui figurent dans la CCNUCC (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Les pays visés à l'annexe B du Protocole (la plupart des pays de l'OCDE et des pays à économie en transition) se sont engagés à ramener leurs émissions anthropiques de gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6) à 5% au moins au dessous de leurs niveaux de 1990 pendant la période d'engagement (2008 à 2012).

 

Liste des conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques :

 

  1. La COP 1, en mars-avril 1995, à Berlin
  2. La COP 2, du 8 au 19 juillet 1996, à Genève en Suisse
  3. La COP 3, du 1er au 12 décembre 1997, à Kyoto au Japon (qui vit l’adoption du Protocole de Kyoto)
  4. La COP 4, du 2 au 14 novembre 1998, à Buenos Aires en Argentine
  5. La COP 5, du 25 octobre au 5 novembre 1999, à Bonn en Allemagne.
  6. La COP 6, du 13 au 24 novembre 2000, à La Haye aux Pays-Bas. (ses travaux ont repris lors à Bonn en juillet 2001).
  7. La COP 7, du 29 octobre au 10 novembre 2001, à Marrakesh au Maroc (accords dits de Marrakech).
  8. La COP 8, en novembre 2002, à New Delhi en Inde.
  9. La COP 9, en novembre 2003, à Milan en Italie.
  10. La COP 10, en novembre 2004, à Buenos aires en Argentine.
  11. La COP 11, en novembre 2005, à Montréal au Canada (processus de Montréal).
  12. La COP 12, du 6 au 17 novembre 2006, à Nairobi au Kenya.
  13. La COP 13, du 3 au 14 décembre 2007, à Bali en Indonésie.
  14. La COP 14, du 1er au 12 décembre 2008, à Poznan en Pologne.
  15. La COP 15, du 7 au 18 décembre 2009, à Copenhague au Danemark (accord non contraignant dit de Copenhague).
  16. La COP 16, du 29 novembre au 10 décembre 2010, à Cancun au Mexique.
  17. La COP 17, du 28 novembre au 11 décembre 2011, à Durban en Afrique du Sud.
  18. La COP 18, du 26 novembre au 7 décembre 2012, à Doha au Qatar.
  19. La COP 19, du 11 au 23 novembre 2013, à Varsovie en Pologne.
  20. La COP 20, du 1er au 14 décembre 2014, à Lima au Pérou.
  21. La COP 21, du 30 novembre au 12 décembre 2015, à Paris en France (accord de Paris).
  22. La COP 22, du 7 au 18 novembre 2016, à Marrakech au Maroc.
  23. La COP 23, du 6 au 17 novembre 2017, à Bonn en Allemagne (dialogue de Talanoa).
  24. La COP 24, du 3 au 14 décembre 2018, à Katowice en Pologne.
  25. La COP 25, du 2 au 13 décembre 2019, à Madrid en Espagne.
  26. La COP 26, du 31 octobre au 12 novembre 2021, à Glasgow au Royaume-Uni.
  27. La COP 27, du 6 au 18 novembre 2022, à Charm el-Cheikh en Égypte.
  28. La COP 28, du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï, Emirats Arabes Unis.
  29. La COP 29, en novembre 2024, à Bakou en Azerbaïdjan.

 

https://saucrates.blog4ever.com/que-dire-de-la-cop26-de-glasgow

 

https://saucrates.blog4ever.com/la-cop-15-sur-la-desertification-de-mai-2022-et-la-question-fonciere

 

https://saucrates.blog4ever.com/cop-28-au-fond-il-ny-a-rien-a-en-attendre


25/11/2024
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Paradigmes problématiques des théories sur le réchauffement climatique

La lutte contre le réchauffement climatique se doit de reposer sur des idées simplistes et facilement observables. Cette lutte repose sur la nécessité d’une contrainte imposée aux gouvernements mondiaux et aux populations de l’ensemble des pays développés. Elle repose sur la peur des catastrophes naturelles, sur la peur du submergement des terres habitées, alors que la majorité des endroits dans le monde ne seront pas impactés par une remontée des mers de quelques dizaines de centimètres sur près d’un siècle. Elle repose sur la culpabilisation des uns et des autres, des consommateurs, des puissants, des riches, des vieux et des pauvres. Elle repose sur la contrainte imposée à tous. Il y a des réponses politiques des gauchistes, des écologistes, des collapsologistes mais aussi du centre et de la droite, selon qu’on en rende responsable uniquement les riches, les vieux, les consommateurs effrénés ou que l’on croit à une réponse technologique.

 
Tout fait qui ne collerait pas avec la théorie médiatique dominante de l’effondrement généralisé des écosystèmes n’existe pas, ne doit pas exister, doit être nié, sera présenté par ses côtés catastrophiques. Tout fait qui remettrait en cause la théorie officielle dominante représente un danger gravissime pour la théorie officielle du GIEC. Si on commençait à pouvoir montrer que le réchauffement climatique pourrait avoir un aspect positif pour certaines populations, en Afrique notamment, ce serait l’effondrement de l’ensemble de la théorie officielle de l’effondrement des écosystèmes. Si on commençait à remettre en cause le système, ce serait tout le travail médiatique de persuasion et de culpabilisation des politiques et des citoyens qui s’effriterait. 
 
Existe-t-il donc des faits que la théorie dominante et officielle de l’extrême dangerosité du réchauffement climatique généralisé et de la responsabilité humaine (ou anthropique) dans cet emballement du réchauffement climatique a choisi d’ignorer ou qu’elle présente uniquement par ses aspects négatifs exacerbés ? Je pense que la variabilité du climat et de la pluviosité dans le désert du Sahara en fait partie.

 
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Je pense que la fixité des climats et des systèmes météorologiques, que l’on pourrait appeler le ‘fixisme’, est à la base de cette théorie dominante. Le climat ne doit pas changer, il doit rester fixe, alors que les évolutions des systèmes climatiques semblent être une constante de l’histoire terrestre. Le Sahara a connu des nombreux passages d’épisodes pluvieux à des épisodes de grande aridité, sans intervention humaine, sur la base d’un cycle d’environ 21.000 ans.

 

https://saucrates.blog4ever.com/afrique-du-sahara-vert-au-grand-aride-1

 
Des phases glaciaires et interglaciaires se sont également déroulées par le passé, à plusieurs reprises au cours du dernier million d’années, et lors du dernier épisode de sortie d’une ère glaciaire, les océans sont remontés de plus de cent mètres et les températures moyennes de près de dix degrés centigrades. Qui pourrait assurer qu’il faisait meilleur de vivre dans l’hémisphère nord ou en Afrique il y a plus de dix mille ou plus de vingt mille ans, lors de la dernière ère glaciaire ? Le ‘fixisme’ des collapsologues et du GIEC n’a pas de pertinence selon moi.

 
Ainsi, il existe de nombreuses observations d’inondations et d’une pluviométrie exacerbée dans le désert du Sahara et aux portes du désert du Sahara. On observe au cours de la dernière décennie une remontée beaucoup plus importante des flux de mousson dans le désert du Sahara, bien au-delà de ce qui était observé depuis les années 1980, au cours des décennies qui avait vu l’extension de la zone sahélienne, zones arides qui descendaient de plus en plus profondément en Afrique de l’Ouest, jusqu’aux portes de Dakar.

 

https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/trucs-et-astuces/le-sahara-sous-les-eaux-quand-la-pluie-bouleverse-le-plus-grand-désert-du-monde/ss-AA1swcaS 

 
Le fait que le Sahara soit périodiquement sous les eaux n’est absolument pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui prêchent
la fin du monde imminente, l’urgence de mesures immédiates pour restreindre les émissions de gaz à effet de serre, l’urgence de restrictions massives à l’encontre des populations occidentales. Ils ont besoin de flux migratoires massifs de réfugiés climatiques, de catastrophes naturelles qu’ils imputeront systématiquement au réchauffement climatique, en rappelant qu’il y en aura toujours plus demain, dans le futur, si rien n’est fait.

 
Les inondations dont est ainsi victime l‘ensemble de la zone sahélienne sont ainsi présentées comme des catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique. Des catastrophes qui causent des décès absurdes comme le fait de mourir de noyade en plein désert. Aucune importance le fait que cela s’explique par l’affaiblissement de la cellule nord polaire ou bien par une évolution des courants autour de l’Afrique. Le GIEC a prévu une baisse des précipitations sur l’Afrique et une variabilité des conditions climatiques pouvant conduire à des episodes climatiques extrêmes. CQFD. Le GIEC aura ainsi toujours raison et les faits ne pourront que verifier la justesse de leurs prévisions climatiques.

 
Le verdissement du Sahara ne se verra pas à l’échelle d’une vie humaine, mais à l’échelle d’un millénaire. En somme, dans plusieurs siècles, les experts futurs du GIEC pourront se targuer de la justesse des travaux passés du GIEC et de leurs actions dans le cas où le Sahara se mettrait à reverdir. Il suffit pour l’instant de nier toute évolution positive du climat saharien et sahélien, cacher toute information contraire des médias et ignorer tout questionnement et toute remise en cause des préconisations et explications du GIEC. 

 

Pour ma part, je ne sais pas si l’évolution climatique observée au Sahara va se poursuivre ou non. Je sais juste que l’explication anthropique par le réchauffement climatique n’est pas l’unique explication, qu’il y a des raisons climatiques probablement plus larges qui expliquent à la fois les évolutions passées du climat et des alternances entre périodes arides et périodes pluvieuses. Je pense aussi que de nier des phénomènes observables parce qu’ils dérangent l’effort de manipulation de l’opinion publique mondiale est une mauvaise idée. 
 
J’ignore même si ce phénomène d’augmentation des précipitations sur le Sahara va se poursuivre au-delà d’une dizaine d’années, puisque les années 1950-1960 ont également enregistré une telle situation avant une nouvelle phase de désertification dans les années 1970-1990. Le problème des analyses conduites par le GIEC, et par les médias qui servent son idéologie, c’est l’absence de profondeur historique de leurs analyses dès lors que cette histoire dessert leur idéologie et leurs arguments. On a donc droit à de magnifiques graphiques historiques sur des centaines d’années lorsque l’on parle d’émissions de CO2 ou d’évolutions des températures. Mais rien dès lors que ces analyses viendraient fragiliser la théorie centrale ou bien lorsqu’elles reviennent à démontrer la variabilité des conditions climatiques pour des raisons autres que le réchauffement climatique anthropique.

 
Comme le rappelle le «guide de défense intellectuelle» du Monde diplomatique, le principe même des médias est la simplification des messages adressés à leurs lecteurs. Ainsi, la possible réélection de Donald Trump doit être présentée comme la pire chose arrivée à la démocratie américaine, sans s’intéresser au sort réservé par la supposée démocratie américaine aux noirs, aux indiens, à sa population d’apparence asiatique pendant la seconde guerre mondiale ainsi qu’aux victimes du Maccartisme. Il en va de même pour le réchauffement climatique anthropique. Et tout media qui s’écarterait de la norme imposée par le gouvernement et les élites en relativisant l’impact de ce réchauffement climatique, se verrait condamner ou menacer de sanctions comme l’a été Sud Radio par l’Arcom. Comme le disait la Dame de fer : «There is no alternative» (TINA).

 
https://www.arcom.fr/nos-ressources/espace-juridique/decisions/emission-bercoff-dans-tous-ses-etats-diffusee-le-25-mars-et-le-2-mai-2024-sud-radio-et-sud-radio-mises-en-garde-0

 

https://www.liberation.fr/environnement/climat/larcom-met-en-garde-sud-radio-pour-des-propos-climatosceptiques-une-premiere-20240626_2UV2TPHY6VAHHILI4ENJC43HYU/

 
 
Saucratès


03/11/2024
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Critique de l’évaluation des politiques publiques

Le mot à la mode est désormais l’évaluation des politiques publiques. L’ancien Commissariat au Plan a disparu pour être remplacé par ‘France Stratégies’, dont l’objectif principal est de développer une culture de l’évaluation des politiques publiques en France, considérée comme en retard par rapport aux autres grands pays occidentaux. Les décideurs politiques ou administratifs, les financiers, le Trésor, la CDC, l’AFD ont très souvent ce seul mot à la bouche.
 

Je vais avoir un regard essentiellement négatif sur cette notion d’évaluation des politiques publiques, pour les mêmes raisons qui me conduisent à rejeter l’économie expérimentale du docteur Esther Duflo et consorts. Parce que l’expérimentation telle qu’elle est conçue par ces gens-là n’a au fond aucun sens en économie ou en politique publique. 
 

Le Commissariat général au Plan, ou planification à la française, avaient un objectif noble et grandiose. Fondé en 1946 par le général de Gaulle, il visait à faire de la France une grande puissance mondiale. Les plans sont tous à l’origine des plus grandes réalisations de la France. Ils reposent sur l’idée que le secteur privé ne peut pas seul, sur la base de décisions purement financières, de maximisation des profits attendus, décider de ce qui est bon pour la France, de ce qui est bon pour les citoyens français. Si on avait évalué de manière exante l’énergie nucléaire et les centrales nucléaires, aurait-on mis en œuvre une politique nucléaire civile de production d’électricité en France ? Non si on avait convenablement anticipé les coûts de désinstallation des installations nucléaires, de la gestion des déchets nucléaires ou des risques de catastrophes nucléaires. Il en va de même d’autres grandes réalisations françaises comme le train à grande vitesse, le Concorde ou Airbus. En regard de la condamnation de la participation de l’aviation civile aux émissions de gaz à effet de serre, si l’évaluation des politiques publiques étaient capables d’appréhender convenablement les enjeux du futur, aucune de ces grandes réalisations de la planification à la française n’auraient vu le jour, n’auraient été mises en œuvre. Et la France ne serait pas une grande puissance nucléaire ni économique. Et même la production de vin n’y aurait pas été autorisé, générateur d’externalités négatives comme l’alcoolisme. 
 

Autrement dit, nos dirigeants actuels qui ont transformé le Commissariat Général au Plan en ‘France Stratégie’, qui impulsent cette culture de l’évaluation des politiques publiques, ne font que généraliser au fond le calcul économique de la maximisation des profits à l’aire publique. Qu’est-ce qui différencie le capitalisme de cette mesure d’évaluation des politiques publiques ? La prise en compte des externalités positives ou négatives pour la collectivité ? Ces mêmes externalités qui ne feront normalement jamais l’objet d’une prise en compte pour le capitalisme privé ? Ce qui est d’ailleurs faux. Une bonne prévision capitaliste devrait prendre en compte les externalités négatives potentielles d’un projet, à travers les risques potentiels de taxation ou de condamnation qui en découlerait. Et il est également clair que des grandes entreprises comme les GAFAM défendent, font la promotion, permettent le développement d’externalités positives comme l’accès à la formation et à la culture, à la santé, voire le combat contre l’illectronisme et l’illettrisme. 
 

Cela a-t-il donc un sens de rendre obligatoire, de promouvoir l’évaluation des politiques publiques alors que le capitalisme lui-même prend en charge les mêmes demandes, les mêmes objets. Pourquoi copier le privé et ses méthodes d’évaluation ? Pour rendre acceptables les politiques publiques ? Mais pour qui, aux yeux de qui ? Pour les citoyens ? Ou pour les décideurs politiques pour la plupart issus du monde du privé, de la Finance, afin que ceux-ci comprennent et acceptent la mise en œuvre de politiques publiques qui se doivent d’être efficientes aux yeux de leurs propres critères d’évaluation ? Afin que l’action publique ressemble au monde des entreprises, parce que l’entreprise et ses obligations d’efficience et de rentabilité serait un summum indépassable ? 

 

Je reste pour ma part persuadé qu’une politique publique n’a pas obligatoirement à être efficiente. Comme en économie expérimentale à la Duflo, tout le monde sait qu’une personne qui recoit une aide financière s’en sortira mieux que celles qui ne reçoivent rien. Nul besoin de le mesurer comme l’économie expérimentale cherche à le faire. De la même manière, toute politique publique qui sert une prestation sociale à des personnes réduit leur misère et les aide. Certains sont évidemment persuadés que l’absence de cotisations chômage inciterait les chômeurs à retrouver beaucoup plus vite un travail, alors que le versements de prestations chômage réduit probablement l’urgence de cette recherche. Mais la réduction de la misère des chômeurs ? Mais la réduction de la toute-puissance des patrons et la misère plus grande qui en découlerait pour les ouvriers otages des patrons ? Tout cela n’est pas mesurable ni chiffrable. Mesurer une politique publique en terme de rapidité à retrouver un boulot reviendrait à ignorer la misère et la pression vécue par les salariés. 
 

Néanmoins, malgré cette entrée en matière assez négative, je ne considère pas forcément toute forme d’évaluation des politiques publiques comme inintéressante. Une forme d’évaluation dite socio-économique est d’ailleurs obligatoire pour tous les investissements de l’Etat et de ses établissements publics dès lors que les financements publics de l’Etat de ces investissements dépassent 20 millions d’euros depuis 2012 (cf. article 17 de la loi n° 2012-1558 du 31 décembre 2012 et décret n° 2013-1211 du 23 décembre 2013). Ce type d’évaluation obligatoire ne concerne néanmoins pas encore les investissements des collectivités locales. 

 

De toute façon, ces évaluations extrêmement précises des politiques publiques et des investissements de l’Etat n’empêchent pas l’Etat et ses satellites de conclure des marchés sous forme d’octroi de concessions, de partenariats publics privés, au bénéfice de grands groupes du bâtiment, de l’industrie ou de la Finance, qui se révèlent souvent catastrophiques et ruineux pour la collectivité nationale. Les mêmes qui imposent et veulent généraliser les méthodes d’évaluation des politiques publiques sont aussi ceux qui proposent et vendent ses satanés partenariats publics-privés qui enrichissent le secteur privé et ruinent les contribuables et les citoyens. 

 

Quel est donc la finalité de cette fixation sur les évaluations des politiques publiques ? Professionnaliser le métier d’homme politique et de fonctionnaire de l’Etat ? Que plus rien ne les différencie des dirigeants que l’on trouve dans le monde de l’entreprise et des multinationales ? Faire croire aux citoyens lambda que dans un monde où les finances et les ressources sont limitées, d’accès restreint, il faut mesurer et vérifier la rentabilité de chaque politique publique pour privilégier les plus efficaces, les plus efficientes ? Quitte à rendre plus visible la limitation des ressources financières des collectivités réunionnaises en remettant en cause la manne financière de l’octroi de mer ?

 
 
Saucratès


05/05/2024
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