Anthropologie
Quelques nouvelles africaines
Quelques articles sur l’Afrique piochés dans Le Monde me conduise à être résolument optimiste en ce début d’année 2025 quant à la profondeur abyssale de la bêtise humaine.
1. Macron
À tout Seigneur, tout honneur, notre président Macron n’en loupe pas une. Le voilà qui déplore que les gouvernements africains aient oublié lui dire merci ! Qu’il estime que les déculottées qu’il se prend en Afrique sont en fait un choix de la France mais que la France a laissé l’honneur à ses homologues africains de l’annoncer. La France est expulsée de la majorité de ses bases militaires et de ses implantations en Afrique mais c’est un choix volontaire de la France ! Quitte à ce que les gouvernements africains concernés le considère comme du mépris et des mensonges.
2.Mohamed Salah Ben Ammar
Beaucoup plus intéressant, nous avons cette tribune parue dans Le Monde de Mohamed Salah Ben Ammar, ancien ministre tunisien. Cette tribune rejoint le combat de tous les islamistes, islamo-gauchises et frères-musulmans qui revendiquent l’instauration d’un sultanat en France. Au-delà des idées professées dans cette tribune, n’y a-t-il pas un problème de voir Le Monde défendre une telle idéologie à mille lieux des valeurs humanistes de la France que Le Monde devrait défendre et représenter ?
Qu’est-ce qu’écrit Mohamed Salah Ben Ammar ? Il se mêle évidemment en premier lieu des matières enseignées en France. Il lui est loisible de parler de la Tunisie dont il a été ministre de l’Education nationale ; il est inacceptable qu’il s’immisce dans les affaires de l’Education nationale en France. Il plaide ainsi pour que l’enseignement de la langue arabe en France soit renforcé à l’école pour combattre sa marginalisation.
Pourtant, quelques paragraphes plus loin, il reconnaît que l’existence de dialectes parlés variant selon les régions et intègrant des influences berbères, françaises, italiennes ou espagnoles, qui «provoque des frustrations chez les apprenants, car la langue apprise en classe diffère souvent de celle entendue au sein de leurs foyers». Et un musulman frusté, ça fait quoi ?
Plus grave, ce qui me choque le plus, c’est lorsqu’il met en cause la place du français comme langue officielle de l’administration et du pays. Il note ainsi que la langue arabe est «visible notamment par son absence dans l’espace public, [ce qui] nourrit un sentiment d’exclusion chez de nombreux jeunes issus de l’immigration». Et juste après, il indique que «Langue maternelle d’une partie importante de la population immigrée, notamment maghrébine, l’arabe reste marginalisé sur le plan institutionnel».
Il se trouve que la France a encore pour langue officielle le français et non pas l’arabe. Il n’y a pas lieu que l’arabe obtienne une quelconque reconnaissance institutionnelle dans notre pays. Ce monsieur et le journal Le Monde participent visiblement à une offensive d’entrisme islamique et musulmane en France et il est choquant que Le Monde ouvre ses colonnes à de telles tentatives de déstabilisation de la France.
3. Les tests TIMSS
Les résultats désastreux aux tests internationaux TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) ne font pas seulement polémiques en France mais également en Afrique du Sud. Là-bas, le gouvernement sud-africain découvre (ou choisit de mettre en exergue) le décalage entre les résultats aux tests internationaux et les inégalités scolaires entre les lycées privés élitistes et le reste de l’enseignement public.
Les tests TIMSS constituent «une étude comparative visant à évaluer les connaissances des élèves de CM1 et de 4e en mathématiques et en sciences à travers le monde. Publiés le 4 décembre 2024, les résultats révèlent que les élèves sud-africains testés pour un niveau de CM1 sont arrivés bons derniers du classement, à la 59e place, en mathématiques comme en sciences.»
«Dans les deux domaines, les jeunes sud-africains se situent, en moyenne, bien en dessous du seuil de connaissance « faible » de 400 points (362 en mathématiques, 308 en sciences). En mathématiques, 40 % des élèves ne maîtrisent pas les connaissances de base attendues pour leur âge. Un résultat d’autant plus alarmant que l’Afrique du Sud avait choisi de tester des élèves d’un niveau équivalent au CM2, soit un an de plus que la majorité des pays ayant pris part à l’étude, afin de s’adapter au contexte local.»
Bon, c’est rassurant ; il n’y a pas qu’en France que les résultats sont alarmants ! Il y a pire. Après en France, on ne teste pas tant le niveau des petits français que des populations qui scolarisent leurs enfants en France. Dans les régions fortement touchées par une immigration récente, les résultats ne viennent pas vraiment sanctionner un système scolaire français que le système scolaire d’origine. Dans un département comme Mayotte confronté à une immigration illégale massive, mais où à la scolarisation des enfants immigrés est obligatoire et constitue un droit, et qui entraîne un engorgement du système scolaire (les enfants ont cours soit le matin soit l’après-midi en raison du nombre d’enfants dans une majorité sont des illégaux), quel peuvent être leurs résultats aux tests TIMSS et de quel manière ils influent sur la note globale de la France à ces tests TIMSS ?
La question que pose cet article, qui est d’ailleurs la question que se posent tous les parents pour leur progéniture, dès lors qu’un système éducatif comme le système scolaire sud-africain ou le système scolaire et secondaire français, périclite à grande vitesse, c’est de déterminer s’il est normal et éthique de payer l’accès à un système d’enseignement privé payant plutôt que de choisir le système public gratuit mais dans lequel on retrouve l’ensemble des pires problèmes de niveau scolaire ?
Le nouveau système de notation du bac Blanquer, dans lequel il n’y a plus d’échelle de note absolue mais où les élèves ne sont plus notés que par rapport à leur classe et à leur lycée peut masquer ce problème. Vous pouvez n’avoir que des cancres dans une classe, le meilleur obtiendra toujours une mention très bien à son baccalauréat. «Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois». Il est surprenant que la France accepte que les tests TIMMS ne se contentent pas de comparer les résultats juste au sein de la classe comme pour le Bac ! Du coup, les résultats de la France aux tests TIMSS ne sont pas aussi bons qu’ils devraient l’être dans notre pays si Blanquer avait aussi pu réformer TIMSS, dans notre beau pays où la mediocrité est fêtée et récompensée.
Je pense qu’il faudrait graver au frontispice de chaque lycée public de notre beau pays la maxime suivante : «Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois».
4. Complotisme
Je conclurais par un soupçon de complotisme. En cherchant à combattre les stéréotypes, nous participons tous à une forme d’acculturation de notre propre société. C’est un combat auquel j’ai adhéré et auquel j’ai participé sans réfléchir. Mais c’est un combat que nous sommes les seuls à mener de par le monde. Pour combattre les stéréotypes, nous faisons attention de mettre en scène des enfants noirs et des enfants blancs, des papas blancs et des mamans noires et inversement, afin que les dessins d’explication ne soient pas vraiment genrés ni surtout ethnicisés. Mais nulle part ailleurs en Afrique ou en Asie, les autorités publiques n’ont ce genre de priorité.
Et comme on le voit dans cet exemple, les groupes qui cherchent à promouvoir la mixité et l’intégration des populations immigrées utilisent justement ce genre d’images pour véhiculer leurs idées. Nul besoin de modifier nos images pour expliquer la sexualité à des personnes immigrées ; elles correspondent justement à leurs fantasmes !
5. Tombeau roulant
Pour finir, une dernière histoire macabre. Un accident de la route avec un seul véhicule fait 70 morts. Il ne s’agissait même pas d’un autobus, simplement d’un utilitaire. Il n’y a qu’en Afrique que l’on peut voir cela ! Nota, pour avoir déjà roulé dans ce genre de tombeau roulant à Madagascar, on se rend compte que l’appât du gain n’est pas réservé aux seuls occidentaux mais que c’est une constance de l’homme en général. Le règne du profit maximum ! Un peu comme en Casamance (au Sénégal) lorsque le naufrage d’un bac avait causé plus d’un millier de morts.
Saucratès
Effondrements
Je vais parler aujourd’hui, en ces premiers jours de l’année 2025, d’effondrement et d’évolution des sociétés. Je me baserais notamment sur les deux livres rédigés par l’historien et archéologue américain Eric H. Cline autour de la date de 1177 avant J.C. correspondant à la fin des principales civilisations de la Méditerranée orientale de la fin de l’âge du bronze.
Eric H. Cline y fait un parallèle selon moi problématique entre les causes qu’il attribue à l’effondrement des sociétés des Mycéniens, des Minoens, des Hittites, des Chypriotes, des Cananéens, des Égyptiens, des Assyriens et des Babyloniens, et les craintes d’effondrement qui correspondent à notre époque actuelle :
«C’est alors que j’ai commencé à écouter avec plus d’attention les informations diffusées par la BBC, qui nous mettaient en garde contre le possible effondrement de notre civilisation sous l’effet d’une multitude de facteurs interdépendants allant du climat à l’économie. Selon une étude récemment publiée que les journalistes décrivaient avec un zèle anxieux, cette série de facteurs risquait d’entraîner à relativement court terme une instabilité économique, des migrations forcées à grande échelle, des conflits, des famines et l’effondrement potentiel des systèmes économiques et sociaux.»
Il écrit un peu plus loin :
«Dès lors, les réflexions que je m’étais faites lors de notre séjour en Crète ne semblaient plus être un simple exercice académique. À la liste des facteurs de stress que je mentionnais plus haut venaient brusquement s’ajouter une pandémie mondiale, des incendies beaucoup plus dévastateurs que d’habitude, de violentes tempêtes et d’autres indices de changement climatique, ainsi que des problèmes affectant la chaîne d’approvisionnement mondiale et de graves fractures sociétales et politiques aux Etats-Unis.»
On n’en revient ainsi toujours à cette question sur l’effondrement possible de notre société occidentale lié à la survenue de quelques événements exceptionnels, que Eric H. Cline lie à son explication théorique de l’effondrement d’un système complexe extrêmement fragile. C’est l’explication qu’il retient pour la fin de l’âge du bronze méditerranéen vers -1177 avant notre ère, et c’est l’explication qu’il cherche à généraliser à notre période actuelle.
Pour quelles raisons un système économique et sociale ayant résisté plusieurs siècles s’effondrerait-il sans raison à la suite de la survenue de quelques catastrophes naturelles ou sociales ? L’Occident a déjà résisté à deux monstrueux conflits mondiaux, à la pandémie de la fièvre espagnole de 1919 au sortir de la première guerre mondiale, à une crise financière sans précédent en 1929, à la montée des fascismes et à une seconde guerre mondiale, à l’invention et à l’utilisation de la bombe nucléaire, sans malgré tout s’effondrer comme Eric H. Cline le pronostique pour les temps actuels. Pour quelles raisons l’effondrement se produirait-il aujourd’hui ? Parce que des journalistes zélés véhiculent cette peur dans l’ensemble de la sphère médiatique, parce que des mouvements politiques surfent sur cette croyance, sur cette peur, parce que les partisans de l’effondrement, de la collapsologie, sont adulés par les journalistes, par les médias, par les puissants, par les gouvernants ?
Tout ceci ne me semble pas tenir la route. Il est donc utile de se plonger sur les précédents épisodes connus d’effondrement, comme le fait Eric H. Cline, pour se faire une idée. Le premier effondrement historique plus ou moins documenté est donc celui de 1177 avant notre ère en Méditerranée orientale sur lequel Eric H. Cline écrit. Selon lui, aucune des explications proposées pour expliquer cet effondrement ne se suffit à lui-même et seule la conjonction de l’ensemble de ces explications dans un système hautement complexe permet d’expliquer cet effondrement.
Ainsi, Éric H. Cline liste un certain nombre de causes possibles à l’effondrement de ces multiples sociétés interconnectées de l’âge du Bronze récent survenu il y a près de trois mille ans : attaques par des ennemis étrangers, soulèvements sociaux, catastrophes naturelles, tremblements de terre, sécheresses et famines, effondrement du commerce international, effondrement systémique, changement dans la manière de faire la guerre, essor des marchands privés par opposition aux marchands des rois et palais.
Ainsi, Éric H. Cline écrit :
« Discussion des hypothèses possibles. De nombreux facteurs peuvent avoir provoqué, ou contribué à, l’effondrement de la fin de l’âge du bronze récent, mais aucun ne semble expliquer à lui seul la catastrophe.
A. Il est évident que des tremblements de terre ont eu lieu au cours de cette période mais, en général, les sociétés s’en remettent.
B. Des écrits témoignent de famines, et de nouvelles preuves scientifiques montrent la survenue d’un épisode sécheresse et d’un changement climatique en Méditerranée grecque et orientale, mais là encore bien des sociétés ont survécu à ce type d’événements.
C. On peut trouver des preuves circonstancielles de révoltes intérieures en Grèce et ailleurs, y compris au Levant, même si rien n’est sûr. Une fois encore, les sociétés survivent généralement à ce type de révoltes.
D. On a trouvé des traces archéologiques d’envahisseurs ou, tout au moins, de nouvelles populations sans doute en provenance du monde grec, d’Anatolie de l’ouest, de Chypre ou de plus ou loin. Des villes ont été détruites, puis abandonnées ; d’autres ont été réoccupées ; d’autres encore n’ont pas été touchées.
E. Il est évident que les routes commerciales internationales ont été touchées, sinon complètement coupées un certain temps, mais la manière dont cela a affecté les différentes civilisations concernées n’est pas claire - même si certaines dépendaient entièrement de l’importation de biens étrangers pour survivre (Mycéniens).»
Eric H. Cline, 1177 avant JC - Le jour où la civilisation s’est effondrée, page 190
Quelles explications me paraissent-elles les plus probables ? Évidemment, sur un sujet purement historique, les explications d’un historien et archéologue reconnu comme Éric H. Cline peuvent paraître plus fondées que mon simple sentiment. Néanmoins, comme Eric H. Cline l’écrit lui-même, chaque historien interprète l’histoire en fonction des théories de son époque. Et comme il le reconnaît aussi lui-même, il appartient à une époque marquée par les théories de la collapsologie, c’est-à-dire par l’effondrement prophétisé d’un système complexe. Il ne fait ainsi que voir dans les matériaux historiques et archéologiques de cette période ce qu’il veut y voir : un effondrement systémique.
Quels autres épisodes d’effondrement sont-ils documentés et supposés dans l’histoire du monde ? La chute de l’empire romain d’Occident en est ainsi un parfait exemple selon lui. En regard de la civilisation de l’empire romain, qui s’étendait jusque sur les terres algériennes et marocaines jusqu’à l’Angleterre et au-delà du Rhin ainsi qu’en Anatolie, on ne peut que considérer que les siècles qui suivirent le sixième siècle en Europe furent des siècles obscurs. Comme l’écrit Eric H. Cline :
«De fait, on pourrait dire que 1177 avant JC marque la fin de l’âge du bronze récent comme l’an 476 marqué la fin de Rome et de l’empire romain d’Occident. Ces deux dates permettent aux chercheurs de borner la fin d’une époque importante. L’Italie était envahie, Rome avait été maintes fois mise à sac au cours du Vème siècle, y compris en 410 par Alaric et les Wisigoths et en 455 par Gesserit et les Vandales. Outre ces attaques, la chute de Rome à de multiples causes, et l’histoire en est complexe, ce dont peut témoigner tout historien de Rome. Il est néanmoins utile, et cela fait consensus dans le monde universitaire, de lier les invasions d’Odoacre et des Ostrogoths de l’an 476 et le fin des jours glorieux de Rome.»
Eric H. Cline, 1177 avant JC - Le jour où la civilisation s’est effondrée, page 198
Éric H. Cline donne aussi l’exemple de l’effondrement de la civilisation Maya. Qu’est-ce qui explique l’effondrement de leur civilisation et l’abandon de leurs cités par le peuple Maya ? Pourquoi du jour au lendemain, le peuple Maya a-t-il abandonné ses cités pour les laisser être envahi par la végétation et la forêt vierge, jusqu’à ce que des explorateurs occidentaux redécouvrent émerveillés des temples et des villes enfouis dans la forêt vierge ? On trouve les mêmes abandons dans le cadre de la civilisation Khmère, avec ces temples et ces cités immenses perdues dans la jungle. Au moins la disparition de la civilisation Aztèque est-elle plus facile à comprendre, anéantie par les conquistadors espagnols à la recherche de toujours plus d’or. On peut se demander comment une poignée de conquistadors purent abattre une civilisation au sommet de sa gloire, qui terrorisait tous ses ennemis, mais qui ne put vaincre une poignée de barbares occidentaux même carapaçonnés de fer. Mais on sait que les Aztèques disparurent du fait des conquistadors.
Le discours lénifiant d’Eric H. Cline veut développer l’idée qu’une civilisation complexe ne s’effondre pas pour la seule raison des migrations, ou du réchauffement climatique. Selon lui, pour abattre un système complexe, il faut une combinaison d’un ensemble de facteurs. Cela supprime de fait l’argument des risques que pourraient faire peser les migrations actuelles sur la vieille Europe depuis l’Afrique et le Moyen-Orient. Ce genre de migrations, qu’il ne faut pas appeler ‘remplacement’, ne présentent donc aucun risque selon lui si on se réfère à l’effondrement de 1177. Ce n’est pas les migrations des peuples de la mer, qu’elles soient militaires ou pacifiques, qui détruisirent la civilisation de l’âge du bronze de Méditerranée orientale. Les migrations massives auxquelles on assiste désormais en Europe ne présenteraient aucun risque ? Dans des pays qui s’interdisent tout recensement ethnique, il n’y a aucune possibilité d’infirmer ou de confirmer la thèse du grand remplacement s’il était actuellement en cours. L’Angleterre, la perfide Albion, peut bien sombrer dans la guerre civile entre anglais et musulmans, elle peut bien devenir le havre de ceux qui rêvent d’implanter la justice musulmane en terre chrétienne, mais pour les sages médias consensuels, ceux qui développent ces idées sont forcément les partisans de l’extrême-droite qu’il faut emprisonner à tout prix.
Telles les civilisations de la fin de l’âge du bronze de Méditerranée orientale en -1177, tel l’empire romain en 476, la civilisation d’Europe occidentale risque-t-elle de disparaitre et de s’effondrer sous les afflux des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient, aujourd’hui pacifiques et humanitaires ? Alors que nos gouvernements sont occupés à éteindre les crises fiscales, à aider financièrement les pays d’Afrique, du Moyen Orient, à se déchirer sur Gaza, sur la Russie, ou sur les actions à mettre en oeuvre pour combattre ou infléchir le réchauffement climatique, alors que l’Europe est occupée à inventer de nouvelles normes, de nouvelles taxes, de nouvelles interdictions ou de nouveaux accords à l’autre bout du monde, il ne faut surtout pas critiquer la présence des migrants et des réfugiés sous peine de passer pour un raciste, un xénophobe et un extrémiste de droite.
Comme dit le philosophe, «Lorsque le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt» ! Bonne nouvelle année 2025 à tous, chers lecteurs.
Saucratès
Évolution des sociétés humaines - Retour sur mes écrits
Évolution des sociétés humaines
Retour sur mes écrits de ces deux dernières années
Par Saucratès
Saint-Denis de la Réunion, samedi 9 novembre 2024
J’ai écrit quelques articles autour de l’évolution des sociétés, de l’apparition du pouvoir et de la violence, autour des mythes et de l’origine des mythes. Qu’est-ce que je cherche à démontrer ou expliquer au travers de ces quelques écrits ? À donner essentiellement une image cohérente de l’évolution de l’homme et des sociétés humaines au fil des millénaires qui se sont écoulés. À ma manière imparfaite, il faut voir dans ces différents écrits des parcelles d’un TOUT plus grand : une histoire de l’homme, de la société et du pouvoir.
Sur la violence, la guerre et le pouvoir
Dans mes deux plus récents articles, datés du 17 et 25 août 2024, je m’intéressais à la généralisation de la violence et de la guerre dans un grand nombre de sociétés humaines archaïques.
La guerre est-elle apparue récemment comme aiment à le penser les archéologues pacifistes, avec la naissance de l’agriculture et le néolithique ? Ou bien était-elle beaucoup plus ancienne, remontant aux origines de l’humanité ? La vieille question opposant la théorie de Rousseau sur l’homme naturellement bon à l’état sauvage, contre la théorie de Hobbes, sur l’homme étant un loup pour l’homme à l’état sauvage.
https://saucrates.blog4ever.com/violence-et-guerre-en-australie
https://saucrates.blog4ever.com/lhomme-est-il-naturellement-bon-ou-mauvais
Le 29 novembre 2023, je m’intéressais également déjà au pouvoir et au monopole de la violence légitime dans les sociétés primitives et dans les sociétés étatiques, toujours autour des positions antagonistes de Hobbes et de Rousseau.
La recherche en anthropologie et en ethnologie à permis de trancher entre les positions contradictoires de Hobbes et de Rousseau. Les sociétés sans État chères à La Boétie, à Montaigne et à Clastres ne sont pas ces sociétés idylliques que l’on nous a peint. Le monde idéal de Rousseau n’existe pas. Ce sont des sociétés d’une sauvagerie sans nom. La préservation d’une absence de pouvoir coercitif étatique, la préservation d’une société sans dominant, sans maître, sans roi, sans chef, n’est possible qu’en laissant s’exercer sans contrainte dans la société une violence de presque tous contre presque tous.
Et l’histoire nous apprend que cette violence généralisée ne disparaît que lorsque apparaît un maître. Le passage d’une société sans État, à une société étatique, avec un monopole de la violence dite légitime, permet de voir refluer la violence privée s’exerçant par le groupe, par les autres groupes, sur les personnes privées individuelles.
https://saucrates.blog4ever.com/les-societes-primitives-et-le-pouvoir
En août 2023, j’avais aussi déjà écrit sur l’exercice du pouvoir dans les sociétés amazoniennes et sur la pensée de l’anthropologue Pierre Clastres.
Celui-ci ne présente pas les sociétés qu’il étudie comme des sociétés sans pouvoir coercitif, contre l’Etat, comme des sociétés auxquelles il manque quelque chose, le pouvoir coercitif, mais bien au contraire, comme des sociétés où il y a quelque chose de différent, quelque chose de différent, en plus, où toute la société est construite pour s’opposer à l’apparition du pouvoir.
J’y concluais que «la différence entre les sociétés contre l’Etat amazonienne et nos sociétés modernes occidentales, ou celles qui les ont précédées, ne repose peut-être pas tant sur des différences fondamentales, mais plutôt sur l’idée que les dirigeants de ces sociétés différentes ont réussi à institutionnaliser leur fonctionnement pour permettre à certains chefs de se maintenir et de consolider leur pouvoir, par des artifices institutionnels.»
https://saucrates.blog4ever.com/nouvelles-reflexions-sur-le-pouvoir
Dans un autre article de novembre 2023, je m’intéressais au sujet de la protohistoire, ou histoire des sociétés antérieures à l’invention de l’écriture.
Il s’agit tout particulièrement de cette période antérieure de 9.000 ans avant le présent, où, en plusieurs endroits du globe, partout pratiquement à la même époque, en Chine, en Égypte, en Mésopotamie, en Turquie, dans la vallée de l’Indus, dans les Andes en Amérique, des peuples inventent l’agriculture, la domestication végétale et animale, ce que l’on a appelé le phénomène de ‘néolithisation’.
J’y revenais une nouvelle fois sur l’énigme de Göbekli-Tepe, contemporain de ce que l’on appelle la fin du Dryas récent, cette période de 1.200 ans s’étendant de -12.850 ans à -11.650 ans avant le présent (soit de -10.900 ans à -9.700 ans avant notre ère), qui représente la dernière oscillation froide de la dernière période glaciaire avant l’Holocène. Pourquoi les hommes ont-ils eu besoin de construire Göbekli-Tepe dès la sortie de ce dernier épisode glaciaire ?
https://saucrates.blog4ever.com/questions-sur-la-protohistoire
Le 7 août 2023, je traitais également une nouvelle fois du pouvoir dans les sociétés amérindiennes, en l’analysant comme une organisation d’une société entre égaux.
La différence entre les sociétés contre l’Etat amazonienne et nos sociétés modernes occidentales, ou celles qui les ont précédées, ne repose peut-être pas tant sur des différences fondamentales, que sur l’idée que les dirigeants de ces sociétés différentes ont réussi à institutionnaliser leur fonctionnement pour permettre à certains chefs de se maintenir et de consolider leur pouvoir, et de se protéger des leaders trop charismatiques.
Les sociétés amazoniennes sont juste restées des accidents de la nature, conservant leur caractère de sociétés entre égaux, forcées de se designer des chefs mais qu’ils n’autorisent en aucun cas à consolider et à maintenir leur pouvoir. Ce serait un extraordinaire miracle que des peuples amazoniens aient réussi à maintenir ce fonctionnement de leurs sociétés sans présence d’un pouvoir coercitif au nom de l’Etat.
https://saucrates.blog4ever.com/nouvelles-reflexions-sur-le-pouvoir
En juillet 2023, j’effectuais aussi une nouvelle description de la situation ethnologique australienne, l’histoire d’un peuple isolé (pratiquement) du reste de la marche de l’humanité pendant les 50.000 dernières années.
J’y abordais aussi la cérémonie d’Intichiuma, c’est-à-dire un rite de multiplication et de réparation de la nature qui peut nous intéresser, dans notre monde où la nature est tellement exsangue, où la réflexion écologique (mais non extrémiste) prend une telle importance, où un tel rite aurait une très forte signification et une très forte urgence … Et enfin, j’y abordais les pratiques matrimoniales.
https://saucrates.blog4ever.com/quelques-donnees-ethnologiques-sur-laustralie
Enfin, un peu précédemment, en mars 2023, je m’intéressais à la violence comme principe explicatif de l’évolution des sociétés.
Ma première hypothèse portait sur la forme privilégiée des contacts noués entre peuples lors d’un premier contact. Contacts pacifiques, échanges de techniques ou génocide ? J’y exprimais que toutes les expériences de contacts entre bandes inconnues d’humains se sont toujours produites de la même manière, par la violence, par le rapt et par la mort. Cela concerne tous les peuples premiers ou aborigènes, qu’ils soient amazoniens, australiens, de Papouasie-Nouvelle-Guinée ou des zones reculées d’Afrique.
J’y concluais enfin que la violence expliquait tout. «La violence et la guerre explique à la fois les expansions des grands peuples civilisateurs, ou éradicateurs, mais aussi la permanence de certaines sociétés premières qui échappèrent à la civilisation, à l’apparition du pouvoir, à l’apparition de la domination des uns sur les autres. Car c’est aussi la violence des rites d’initiation marquant les corps, et rappelant que tous sont égaux car ils ont tous été marqués de la même manière par les mêmes rites, la violence intrinsèque de ces sociétés premières à l’encontre de tous ceux qui voudraient chercher le pouvoir pour le pouvoir, la richesse pour la richesse, ou simplement ceux qui violent les coutumes ou les règles.»
https://saucrates.blog4ever.com/evolution-des-societes-la-violence-comme-principe-explicatif
Dans un article encore plus ancien d’octobre 2022, je m’intéressais déjà à la place de la violence dans la société.
Je me réfèrais à la fois à Jacqueline de Romilly, mais aussi et surtout à Pierre Clastres et son livre fondamental, «La société contre l’Etat». La question que je m’y posais était de savoir si «La société humaine a-t-elle donc été créée pour faire refluer la violence à l’intérieur des groupes ou bien pour les protéger de la violence des groupes étrangers ou des membres extérieurs ? (…) Mais en disant cela, je m’interroge. Comment peut-on dire une chose pareille pour les temps actuels ? Croit-on vraiment que la violence reflue dans nos sociétés organisées modernes ?»
https://saucrates.blog4ever.com/la-societe-contre-la-violence
Le 18 mai 2024, je citais quelques études en paléontologie sur Homo sapiens et Homo neanderthalensis. À quand remonte la séparation entre ces deux branches récentes de l’humanité ? Quel est l’âge de l’humanité sous forme de Homo sapiens ? Et quelques autres questions.
Les études réalisées de manière plus générale sur le génome mitochondrial de l’homme actuel suggèrent qu’il est âgé (sous sa forme actuelle) d’environ 163 000 ans. Tandis que la séparation initiale entre les lignées ayant donné H. sapiens et H. neanderthalensis est estimée à environ 500 000 ans B.P. (de 365 à 853 000 ans B.P. selon les estimations les plus larges) d’après des calculs d’horloge moléculaire.
https://saucrates.blog4ever.com/quelques-elements-recents-sur-lorigine-de-lhomme
Sur les mythes et leur origine
Dans deux autres articles de décembre 2023, je m’intéressais aux mythes aux travers des travaux de l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec.
Un certain nombre de mythes sont extrêmement anciens, bien antérieurs aux premières civilisations de l’écrit connues. La répartition géographique de ces mythes permet de faire remonter l’origine de ces mythes de la création du monde, de ces discours sur l’origine des sociétés et de l’homme, à plus de 100.000 ans dans le passé pour les plus anciens des mythes primordiaux. Les mythes sur le Temps du Rêve des aborigènes australiens remontent probablement aux premiers temps de leur arrivée en Australie, il y a entre 50.000 et 70.000 ans.
https://saucrates.blog4ever.com/retour-sur-les-mythes-1
https://saucrates.blog4ever.com/aux-origines-de-la-religion-et-de-la-philosophie
J’avais déjà écrit précédemment sur les mythes dans un article datant de janvier 2023 sur la base des travaux de ce même anthropologie Jean-Loic Le Quellec.
On y trouve un recensement des principaux mythes, récits encore narrés de nos jours, ainsi que des cartes géographiques de diffusion de ces mythes sur la surface du globe. Ce qui marque est bien sûr l’ancienneté de ces mythes, qui auraient apparemment accompagné l’Humanité tout au long de leur peuplement du globe.
- Le mythe de l’émergence primordiale
- Le mythe du corps souillé
- Le mythe de l’origine céleste de l’humanité
- Le mythe de création de l’humanité à partir de squales divins (ou coroplastie)
- Le mythe d’origine végétale de l’humanité, née d’une cucurbitacée
- Le mythe du plongeon créateur
https://saucrates.blog4ever.com/les-mythes-a-lorigine-de-lhumanite
Les cartes géographiques indiquées dans cet article, d’une version antérieure de la présentation de M. Le Quellec, pour observer les schémas originels de la répartition géographique de ces divers mythes sur l’ensemble des continents, sont centrées sur le pôle Nord pour mieux afficher les phénomènes de diffusion spatiale des mythes. Dans ces travaux récents, M. Le Quellec utilise des planisphères datant de la dernière période glaciaire, permettant d’observer les côtes telles qu’elles étaient à l’époque du paléolithique.
De l’évolution des sociétés
S’il est un sujet qui me passionne, au delà de la violence elle-même, c’est celle de la succession des sociétés humaines dans l’histoire. Mon premier écrit sur ce point date du 15 juillet 2022.
Est-il possible de retracer une évolution des sociétés humaines allant des premiers groupes de chasseurs-cueilleurs de la lointaine préhistoire, donc des premiers groupes d’humanoïdes, jusqu’aux sociétés humaines de notre modernité, de notre époque, sans oublier les divers peuples vivants en dehors ou à l’écart de ces divers Etats, vivant de chasse et de cueillette ? En un mot, j’y parle d’évolutionnisme des sociétés humaines sur la base des théories d’Alain Testart.
J’y aborde un certain nombre de notions ou points :
- Les principes de l’évolutionnisme …
- Comment la démocratie a-t-elle pu être inventée et réinventée ?
- Histoire et protohistoire …
- Notions de datation, avant notre ère, ou avant le présent (BF) …
- Dadendrochronologie (pour les datations inférieures à 9.000 ans BF), datation au carbone 14 (jusqu’à 50.000 ans BF), méthode Potassium-Argon (datatation des roches éruptives dans une fourchette de 100.000 ans à 10 millions d’années), méthode Uranium 238-Thorium 234 …
- Le site de Göbekli Tepe, en Anatolie, à la frontière syrienne, qui remonte à près de 12.000 ans BF (contemporain de la dernière période glaciaire appelée le Dryas récent, qui s’est étendue de 12.850 à 11.650 ans BF) …
- Introduction aux systèmes de parenté, de type «eskimo», de type «hawaïen», de type «iroquois» et de type «soudanais», «omaha» ou «crow» …
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-introduction
Dans la suite de cette réflexion, datant du 31 juillet 2022, je continuais à discourir sur l’évolution des sociétés.
Avant de réfléchir à une quelconque origine de l’Etat en tant qu’organisation sociale ou bureaucratique, il faut parler d’évolution et de classification des sociétés humaines. Tenter de répondre à la question sur l’origine de l’Etat en cherchant les différentes formes que les sociétés humaines ont pu prendre par le passé, jusqu’à nos jours, c’est aussi déterminer comment des formes d’organisations sociales apparemment non étatiques ont pu résister, survivre pratiquement jusqu’à nos jours.
Où je m’intéresse aussi aux notions de matrilocalité, patrilocalité, philopatrie et matriarcat …
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-suite
Mon écrit suivant date du 6 août 2022. A l’encontre des thèses (que j’estime) farfelues de l’anthropologue Emmanuel Guy qui estime entre autre que l’art paléolithique aurait été enseigné dans des universités qui auraient survécu pendant près de 20.000 ans à l’époque glaciaire, je préfère imaginer que l’ensemble des mythes et légendes de l’ensemble des peuples et des religions humaines contiennent une parcelle de vérité.
Pratiquement tous les peuples de notre planète, toutes les religions de notre planète, possèdent des mythes et légendes sur la création du monde et sur l’apparition des hommes. A les entendre, tous ces peuples, toutes ces religions, la Création de l’homme ne remonterait pas à des temps immémoriaux, à des millions d’années.
Tous les peuples peuvent-ils avoir inventé pratiquement la même histoire ? Après tout, pratiquement tous les peuples et toutes les religions gardent le souvenir d’un déluge, d’un tsunami, qui a failli détruire/emporter l’humanité, et certains chercheurs estiment probables que la rupture d’un glacier, d’un lac gigantesque à l’époque de la fin de la dernière glaciation a pu causer un gigantesque raz de marée et aurait pu profondément marquer les peuples qui auraient assisté à ce cataclysme et serait à l’origine des mythes de la majeure partie des peuples et des religions actuels. Cet événement a-t-il eu lieu dans la Turquie actuelle, aux alentours de la mer noire. A-t-il eu lieu en Amérique du Nord, au niveau des grands lacs canadiens ?
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-lhomme-prehistorique
En date du 30 août 2022, je propose un premier intermède, un nouveau retour sur quelques notions importantes préalables que je n’avais pas encore évoquées.
Les premières limites de l’anthropologie tiennent d’abord à la qualité de l’observateur mais également à l’influence du sexe et du statut de l’observateur, qui auront une importance cruciale dans l’interprétation et la compréhension que l’observateur aura de la société étudiée.
Une autre limite porte sur la réécriture complète régulière de toute l’histoire et de toute l’interprétation que l’on donne des faits et de l’histoire. L’organisation gentilice à la base des sociétés antiques grecques, romaines ou juives ont ainsi complètement disparu de l’enseignement de l’histoire officielle, comme si les sociétés à l’origine de l’occident moderne ne pouvaient avoir été organisées comme les sociétés gentilices archaïques africaines. Tout un pan de l’histoire de la Grèce antique, de la Rome antique, et des peuples premiers comme les Iroquois a disparu de l’interprétation moderne de ces sociétés.
Dernière limite évoquée, le fait que les noms que nous donnons à la majeure partie des peuples primitifs ou premiers que nous croisons ne sont pas leur nom véritable, mais simplement ceux qu’on leur a donnés, ou ceux que d’autres peuples leur donnaient ...
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-intermede-un-1
Je reviens dans un article du 22 décembre 2022 sur la notion d’évolutionnisme en sciences sociales. Sur le fait que les sociétés évoluent et passent de stade de développement en stade de développement, même s’il peut arriver des phases de recul et d’effondrement comme l’histoire nous l’a démontré.
Qu’il y ait des stades d’évolution successifs des sociétés humaines, on ne peut pas le nier sur la base de notre histoire occidentale. Que ces stades d’évolution des sociétés soient marquées par des phases d’accroissement des connaissances, par des phases de sophistication croissante des organisations sociales, et par des phases de recul, d’effondrement de certaines civilisations, puis de sursauts, on ne peut pas non plus le nier. L’évolution des sociétés est donc une évidence. Les sociétés évoluent et passent par des phases différentes de leur histoire, de leur organisation.
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-intermede-deux
Mon article du 21 février 2023 constitue une première tentative de synthétiser mes écrits sur l’évolution de l’homme et des sociétés, sur ce que je cherche à démontrer, prouver, découvrir. Avec une première synthèse de mes écrits antérieurs.
https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-retour-1
L’article publié le 23 février 2023 synthétise pour sa part un état des connaissances sur les périodes de glaciations et de déglaciations qui se sont succédées au cours des dernières centaines de milliers d’années.
En effet, l’histoire non pas des sociétés humaines, mais de l’humanité elle-même, est étroitement corrélée aux glaciations et déglaciations qui ont ponctué et accompagné son histoire et ses migrations au travers de l’ensemble du globe, jusqu’en Australie et en Terre de Feu à l’extrémité des Amériques.
https://saucrates.blog4ever.com/evolution-de-lhomme-et-climat-histoire-des-glaciations
Dans un autre article, daté du 6 septembre 2022, je m’intéresse à la démocratie antique athénienne, et au principe dit ‘graphè paranómōn’ (en grec ancien γραφὴ παρανόμων).
Cette expression grecque signifie «poursuite contre des projets de lois illégaux». Il s’agissait d’une action publique, portant sur un acte présumé contraire à l’intérêt général. Cornelius Costariadis en parlait de la manière suivante : «tout citoyen athénien peut proposer une loi à l’Assemblée du peuple, et celle-ci peut éventuellement l’approuver ; mais n’importe quel autre citoyen peut ensuite traîner le citoyen auteur de la proposition devant un tribunal et le faire condamner pour avoir poussé le corps souverain, l’ekklèsia, l’assemblée du peuple, à voter une loi injuste : voilà la graphè paranómōn.»
https://saucrates.blog4ever.com/de-la-democratie-ou-du-principe-de-graphe-paranomon
Enfin, dans un dernier article aux objectifs un peu différents, je m’intéresse au livre de Lewis Henry Morgan, «Ancient Society».
Celui-ci aborde aussi cette même interrogation sur l’évolution des institutions humaines, en se basant uniquement sur l’évolution des noms des gentes (ou organisation gentilice) des différents et multiples tribus indiennes qui se sont répandus dans l’ensemble de l’Amérique du nord. La question que je n’y pose pas, c’est de savoir s’il existe une autre explication à la généralisation des mêmes noms de gentes, même si les langues parlées ont tellement évolué que les noms de ces gentes n’ont plus rien de commun. La généralisation de la gente ‘Loup’ pourrait-elle s’expliquer par le fait que le loup (ou l’ours, ou la tortue de mer) sont des animaux extrêmement communs dans les grandes plaines nord-américaines et qu’il est normal qu’un peuple que se donne des noms de clans ou de gentes basés sur un animal choisisse le loup, l’ours, ou la tortue de mer pour se nommer ?
https://saucrates.blog4ever.com/ancient-society-de-lewis-henry-morgan
Enfin, il y a plusieurs années, entre janvier 2009 et février 2011, je m’étais déjà interessé à l’organisation des societes humaines dans succession d’articles. J’y traitais notamment :
- De justice et de contrat social.
- De quelques exemples d’organisation sociale de groupes de primates (chimpanzés, bonobos, gorilles, gibbons, cercopytheques, hamadryas, babouins cynocéphales, singes écureuils, capucins).
- De ce que les organisations sociales des groupes primates peuvent nous apprendre sur les premières formes d'organisations des premières sociétés humaines de la préhistoire.
- De ce que l'on peut encore dire sur l'organisation des groupes primates et sur certaines ressemblances avec les sociétés humaines ... (prohibition de l'inceste, organisation familiale monogame ou en harem, relations mâles-femelles, guerre, chasse, coopération et rapt des femmes).
- De quelques formes d'organisations des sociétés humaines tirées de la littérature ethnographique et de l'anthropologie.
- Synthèse
- De l’organisation sociale d'une tribu amérindienne : les indiens Guayakis.
- De quelques caractéristiques communes aux tribus amérindiennes.
- De l’organisation sociale d'un peuple africain : les Bochiman (ou Kua/San).
- De quelques éléments de réflexion sur l'organisation des sociétés humaines.
- De quelques éléments de réflexion sur la division des rôles sociaux entre les sexes dans les sociétés archaïques.
- De l’organisation sociale des Pygmées (ou Bayaka).
- De l’organisation sociale des Tetela-Hamba du Congo.
- De l’organisation sociale des peuples Papous de Nouvelle-Guinée.
- De l’existence encore aujourd'hui de tribus totalement coupées du reste du monde.
https://saucrates.blog4ever.com/considerations-sur-l-organisation-des-societes-humaines-2
https://saucrates.blog4ever.com/considerations-sur-l-organisation-des-societes-humaines-1
F I N
Afrique - Du Sahara vert au Grand Aride
Définitions :
- Sahara Vert : nom donné au désert africain du Sahara à l’occasion de plusieurs époques du passé lors de ‘périodes pluviales’.
- Périodes pluviales : périodes historiques au cours desquelles le Sahara n’est plus uniformément désertique et où on y trouve une flore, une faune et une hydrographie abondantes.
- Grand Aride : période du temps compris entre -20.000 et -10.000 ans avant notre ère où les déserts africains occupent une grande partie de l’Afrique. Des périodes de grande aridité ont également été régulièrement observé dans l’histoire climatique africaine au cours des derniers millions d’années.
Les réflexions climatologiques actuelles autour du réchauffement climatique donnent l’impression qu’il y a un lien indubitable entre la montée des températures moyennes mondiales et une aridification du climat de l’Afrique et une extension du désert sahélien. Pour les experts climatologues et collapsologues, c’est un fait évident, visible, observable. Or, l’histoire passée de l’Afrique offre selon moi une autre lecture des faits.
Je ne cherche évidemment pas à nier l’existence du réchauffement climatique mondial et son imputabilité à l’homme, mais je souhaite interroger l’existence même de certains faits indiscutables qui selon les climatologues et collapsologues, prouvent indubitablement le réchauffement climatique. Et l’un de ces faits indiscutables pour ces experts-là est l’aridification actuel du climat africain en tant que preuve observable du réchauffement climatique.
«Un à un, pourtant, à une cadence inégalée par le passé, les plus vieux baobabs d’Afrique disparaissent. Le tueur a un nom : ‘réchauffement climatique’, selon une équipe internationale de chercheurs qui s’est penchée sur la question…»
Je ne vais pas combattre ou nier ces affirmations d’experts, mais cette désertification contemporaine semble plus ancienne que le réchauffement climatique du dix-neuvième, vingtième et vingt-et-unième siècles. En effet, on connaît tous l’existence du Sahara vert, cette période où le désert du Sahara était envahi de forêts, de lacs et de rivières. Les peintures rupestres découvertes dans les grottes et abris sous roche du Sahara en témoignent suffisamment, remplies de scènes de chasse et de gros gibiers, remontant à la préhistoire.
On estime qu’entre -12.000 ans BP (before présent, cad avant le présent) et -5.000 ans BP, le Sahara était couvert de lacs, de grands fleuves et d’une végétation. Pendant environ une durée de sept millénaires, le Sahara a connu un épisode fluvial, qui a pris fin au troisième millénaire avant notre ère, avec l’installation d’un climat de plus en plus sec et chaud qui a entraîné la raréfaction des pluies et le tarissement des sources et des rivières. La disparition consécutive du couvert végétal et de la faune a rejeté vers les régions périphériques plus clémentes les populations humaines qui l’occupaient, et conduit à l’avènement de la civilisation égyptienne autour du Nil.
Cependant, là encore, cela ne suffit pas à exempter l’activité humaine dans la désertification du Sahara survenu depuis 5.000 ans. Sauf que d’autres séquences du Sahara vert ont également été documentée. On observe des traces de plusieurs périodes pluviales anciennes :
- L’une se situant au pléistocène récent, au Moustérien et à l’Atérien. Les inondations fréquentes expliquent le paysage actuel. Il y avait des sources et l’homme fit une apparition très importante dans le désert. La durée de cet épisode fut probablement de 50.000 ans, entre -70.000 et -20.000 ans BP.
- Le Pluvial du Pléistocène moyen se situe pendant la phase acheuléenne, avec l’existence de nombreuses sources et apparitions de nombreux lacs intérieurs. L’homme et la mégafaune d’Afrique centrale et d’Ethiopie sillonnaient le Sahara en nombre. La savane couvrait une bonne partie de la région. La durée de cet épisode dura environ 200.000 ans.
Ces longues alternances entre le pléistocène et l’holocène des phases successives et régulières de désertification puis de phases humaines, sans lien avec de potentielles activités humaines industrielles ou agricoles, doit nous conduire à interroger la simplicité de la responsabilité du réchauffement climatique anthropique comme explication unique de la désertification saharienne et sahélienne de l’époque récente. Certains parlent ainsi de l’identification de 230 périodes humides sur les huit derniers millions d'années, sur la base d’un cycle plus ou moins régulier autour de 20.000 ans. Ces variations climatiques seraient principalement liées à l'évolution d'un paramètre orbital : la précession climatique (selon la théorie des cycles des paléoclimats de Milutin Milankovitch).
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/terre-mystere-sahara-vert-enfin-resolu-8228/
Inversement, la période entre -20.000 ans BP et -12.000 ans BP est caractérisée par une extrême aridité du climat africain, période qui porte le nom de Grand Aride. On estime ainsi qu’au cours de cette période, l’essentiel du continent africain n’était pas habitable, à l’exception des côtes australes et méditerranéennes. La grande aridité de la période comprise entre -18.000 et -12.000 ans BP serait particulièrement bien documentée, avec une extension des dunes sahariennes de 400 à 800 kilomètres vers l’équateur. Durant plusieurs millénaires, le Sahara aurait constitué une barrière autrement plus hostile pour l’homme que l’actuel Sahara.
L’épisode pluvial (ou Sahara vert) de l’holocène serait survenu avec la sortie de la période glaciaire de Würm en Europe tandis que le Grand Aride africain correspondrait à l’extension maximale des calottes glaciaires s’étendant dans l’hémisphère Nord. L’explication climatique des variations de l’aridification du Sahara et du Sahel s’expliquerait ainsi de la maniere suivante :
«La vigueur des fronts polaires et leur extension vers l’équateur sont d’autant plus grandes que l’air polaire est plus froid. Ceci conduit Marley (1973) à distinguer deux mécanismes. Celui des périodes glaciaires et celui mis en évidence pour l’époque actuelle. Dans le premier cas, la surface des inlandsis de l’hémisphère nord connaissait une grande extension, alors que l’inlandsis antarctique aurait peu varié. Le front polaire nord avait alors une action prépondérante et repoussait en été la mousson loin vers le sud. L’aridification était alors en phase avec les avancées glaciaires.
Lors du réchauffement holocène, avant 5.000/4.000 ans BP, le centre d’action polaire s’affaiblît. Durant l’été boréal, le recul du front polaire nord favorisait l’extension de la mousson au nord de l’équateur pendant que le front polaire sud poussait vigoureusement les anticyclones subtropicaux vers l’équateur. Durant l’hiver boréal, le front polaire pouvait encore étendre son action sur le Sahara et y provoquer des pluies. L’addition de ces pluies d’hiver et d’été expliquerait le climat humide qui a régné sur le Sahara méridional, et le rétrécissement du désert durant la première moitié de l’Holocène.
Depuis 5.000 ans, le retrait de l’inlandsis arctique a diminué la force du front polaire nord, en même temps que le centre d’action antarctique a diminué aussi de vigueur. La poussée de la mousson et l’influence de l’air polaire boréal sur le Sahara diminuant ensemble expliquerait ainsi l’aridification actuelle progressive du Sahara.
(…) La crise climatique récente de la zone sahélienne est ainsi consécutive au fait que la zone de convergence intertropicale s’est cantonnée 3 à 4 degrés plus au sud que sa position moyenne ; alors qu’au cours de la décennie humide (1950-1959), le Sahara s’est rétréci.»
Histoire générale de l’Afrique. Tome 1. Méthodologie et préhistoire africaine. 1986 - Éditeur : Présence africaine - Edicef - UNESCO - Page 214
Au delà de cette explication relativement ancienne, il me semble extrêmement problématique que ce qui semblait acquis et connu dans les années 1970 et 1980 ait complètement disparu des débats climatiques actuels. La simplification outrancière des explications et des débats par les experts, par le GIEC, par les milieux écologistes et collapsologistes et in fine par les journalistes, est extrêmement problématique. C’est un peu comme si tout autre discours journalistique que l’imputation de la seule responsabilité du réchauffement climatique anthropique était désormais interdit, que toute autre imputation de responsabilité ou d’explication était interdite ! Si l’on se base sur les journaux mainstream comme Le Monde ou comme le gouvernement (ne pas oublier l’amende infligé récemment à Sud Radio pour avoir interrogé ou minimisé la responsabilité du réchauffement climatique).
[J’ai néanmoins trouvé une publication de Sciences&Vie exposant justement la théorie dont je parle dans l’article suivant:
Du coup, pour les médias mainstream, pour les médias présentant uniquement la ligne officielle du GIEC et dé la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, une possible modification des comportements de la zone de convergence intertropicale et une remontée des flux de mousson plus haut vers le Sahara ne sont plus présentées comme le retour d’une phase humide favorable aux populations sahéliennes, mais comme une conséquence destructrice du changement climatique. Ou bien elle est complètement ignorée et niée par les médias comme Le Monde qui préfère titrer et écrire sur les misères de l’Afrique et les dangers du réchauffement climatique.
«(…) Elle [La mousson] s’est étendue davantage vers le nord que d’habitude. Le nord du Tchad, particulièrement touché, n’est normalement pas concerné par la mousson. Mes collègues sur place n’avaient jamais vu ça. Là-bas, ce sont les portes du Sahara. La mousson est remontée dans une zone vraiment inhabituelle, dit Benjamin Sultan, climatologue, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Ensuite, même là où la mousson est un phénomène normal, elle est cette année d’une rare intensité. Il y a une variabilité naturelle, décennale, de la quantité de pluie déversée par la mousson, précise Françoise Vimeux, également climatologue à l’IRD. Depuis le milieu des années 2000, on est dans une phase où la mousson est plus active.»
https://reporterre.net/Sahel-sous-l-eau-une-mousson-destructrice-dopee-par-le-changement-climatique
En somme, ces chercheurs nous expliquent que depuis le milieu des années 2000, on est entré dans une phase où la mousson est plus active, où elle remonte plus haut que précédemment. Mais au lieu de se réjouir de l’apparition d’une phase plus humide, on préfère se plaindre des intempéries et des inondations. C’est clair, par temps de sécheresse, aucun risque de se noyer !
Le GIEC aura également toujours raison, quoiqu’il se passe : si le désert s’étend, c’est la faute au réchauffement climatique. Si des inondations surviennent, c’est également la faute au réchauffement climatique !
«Le chapitre du dernier rapport du Giec consacré à l’Afrique signale que la fréquence et l’intensité des fortes pluies vont augmenter, au Sahel notamment, dans tous les scénarios de réchauffement, accroissant l’exposition aux inondations. Les différents modèles climatiques utilisés par les chercheurs convergent vers une même conclusion : lorsque les pluies extrêmes tombent pendant la mousson, elles risquent de devenir de plus en plus violentes sous l’effet du changement climatique.» CQFD (ce qu’il fallait démontrer)
Vous imaginez le bordel et le camouflet infligé aux experts du GIEC et aux collapsiologues si le Sahara se mettait à redevenir humide et à reverdir malgré le phénomène de réchauffement climatique. Si le signe le plus visible de l’impact du réchauffement climatique disparaissait et s’inversait ?
Saucratès
De la nouvelle reine des Maoris et de la Nouvelle-Calédonie
S’il existe une géographie sur laquelle je ne connais rien, c’est bien de celle de la Nouvelle-Calédonie, pas plus que sur les multiples heurts, problèmes et mouvements qui y surviennent actuellement ainsi que par le passé. Ces heurts et incompréhensions proviennent-ils, s’expliquent-ils, par une idéologie colonialiste, centralisatrice de la France, incapable de reconnaître une quelconque légitimité à toute personne ou à toute institution qui ne dépend pas d’elle, qui ne relève pas d’elle ? La question polémique mérite selon moi d’être posée. Les gouverneurs, les préfets, les commissaires de la République disposent d’une autorité conférée par l’Etat, d’une légitimité reconnue par l’Etat, mais aucun autre organe n’en bénéficie aux yeux du gouvernement et de l’Etat. Les centrales syndicales sont à peine reconnues, et uniquement lorsqu’il faut désamorcer un conflit social. Mais quid des autorités coutumières ? Une reconnaissance de l’Etat réduite au néant.
Les anglo-saxons ont une toute autre vision de cette question. Cette article sur la désignation de la nouvelle reine des Maoris de Nouvelle-Zélande me paraît ainsi extrêmement symptomatique du malaise colonial français.
Cette souveraine se nomme Nga Wai hono i te po Paki, elle est âgée de 27 ans et elle succède à son père, le roi Tuheitia Pootatau Te Wherowhero VII, mort vendredi dernier à l'âge de 69 ans, quelques jours après le dix-huitième anniversaire de son couronnement. Elle est la deuxième reine des maoris, après sa grand-mère, la reine Te Arikinui Dame Te Atairangikaahu, qui avait précédemment occupé ce poste pendant quatre décennies, jusqu'en 2006. Le Kiingitanga, mouvement du roi maori, a été fondé en 1858 dans le but d'unir les indigènes maoris de Nouvelle-Zélande sous l'égide d'un seul souverain.
Il existe également des autorités coutumières pratiquement comparables en Nouvelle-Calédonie. Chaque zone coutumière, comme l’Ile aux pins, ou d’autres, disposent d’un conseil tribal et d’un grand chef, et la zone de Nouméa possède elle-aussi un conseil tribal avec à sa tête un grand chef tribal, sans que je sache si ce grand chef tribal a autorité sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie.
C’est la lecture d’un article de FaceBook de Virginie Ruffenach qui m’a rappelé ce point de détail, et notamment l’une des réactions à ce message qui rappelait la nécessité de rendre préalablement visite à la grande chefferie de l’Ile aux pins avant de visiter l’île, ce que les élues molestées n’avaient pas respecté.
https://www.facebook.com/virginienouvellecaledonie/posts/966550805482566?ref=embed_post
La confrontation entre les valeurs et les principes de la République française et celles d’un peuple comme celui des kanaks de Nouvelle-Caledonie (ou quelque soit le nom qu’ils donnent depuis des temps immémoriaux à leur île). La confrontation entre deux légitimités ; ceux qui se croient investis d’une légitimité électorale, à la française, face à ceux qui défendent une légitimité coutumière, qui n’a rien à faire avec l’onction du suffrage populaire. On peut mettre une baffe au Président de la République ; on ne penserait pas à frapper un chef coutumier sans commettre un outrage impardonnable.
On se doute évidemment qu’Emmanuel Macron, lors de son déplacement dernier, n’a probablement pas rendu hommage et rendu visite à la grande chefferie de Nouméa, pas plus que le gouverneur ou le commissaire de la république, ou quelque soit le nom que le plus haut personnage de l’Etat français porte en Nouvelle-Calédonie.
La France, dans sa folie centralisatrice et colonisatrice (car nous n’en sommes pas sortis de cette folie coloniale) ne peut pas reconnaître et laisser reconnaître l’existence d’un roi ou d’une reine des mélanésiens de Nouvelle-Calédonie. Le premier-ministre néo-zélandais peut le reconnaître et traiter d’égal à égal avec ce personnage, mais pas la France. Accepter de reconnaître qu’il y aurait en France un personnage qui aurait la possibilité de parler d’égal à égal avec le Président de la République jupitérien Emmanuel Macron, qui serait donc le supérieur du plus haut personnage de l’Etat en Nouvelle-Calédonie, à savoir le préfet, est impossible pour la République française et pour les guignols qui nous dirigent. En tout cas pour ceux que Macron et avant lui Hollande ont désigné.
Car tout européen, aussi puissant soit-il, qui met le pied sur l’île de Nouvelle-Calédonie, doit se présenter devant le haut-Conseil tribal, devant la grande chefferie de Nouméa, lui offrir des cadeaux, des cigarettes essentiellement, et demander la permission de mettre le pied sur l’île. Permission qui lui sera évidemment donnée. Virginie Ruffenach l’aurait fait que les heurts subis à l’île aux pins n’auraient pas eu lieu.
Cette reconnaissance serait aussi une terrible nouvelle pour les descendants des colons, les caldoches, qui dominent l’administration de l’île. Devoir partager le pouvoir avec le peuple kanak. En même temps (mot fétiche d’Emmanuel Macron), même si je suis persuadé que la reconnaissance des autorités coutumières de l’île n’a jamais été écrite dans aucun accord, parce que cela créerait vraisemblablement un précédent terrible pour la République française, je ne pense pas qu’il y ait une autre solution, un autre échappatoire, pour la Nouvelle-Calédonie. Mais comme je l’écrivais plus haut, je n’y connais rien.
Intéressant aussi d’expliquer pourquoi il n’existe point de roi des aborigènes en Australie, à l’égal de la Nouvelle-Zélande. Il a existé une royauté en Polynésie français, ainsi qu’à Hawaï. Je ne suis pas sûr d’ailleurs qu’aucune des deux n’existe encore. La réponse pour l’Australie repose sur l’absence totale d’unité australienne des aborigènes avant l’arrivée des européens sur l’île continent. Peuple aborigène qui n’avait rien à voir avec les peuples mélanésiens ou polynésiens, parce qu’issus d’une précédente migration humaine remontant à un précédent épisode glaciaire, qui remontait probablement à 50.000 ans. Les aborigènes n’ont jamais dépassé le stade de bandes de chasseurs-cueilleurs en guerre perpétuelle (ou en relation d’échange de femmes) les unes avec les autres. Et même aujourd’hui, je ne pense pas du coup qu’il existe l’équivalent d’un haut conseil tribal au niveau de l’ensemble de l’Australie.
(ce que j’écris ci-dessus n’est pas une critique de ce peuple. On a tout à apprendre du peuple aborigène australien qui a su conserver les légendes du temps du rêve, qui sait préserver la nature et à l’aide de cérémonies magiques, la restaurer. Un peuple dont chaque tribu avait la charge de l’entretien, de la préservation et de la multiplication d’un bien, d’un végétal ou d’un animal qui était son totem, et qui savait lancer et contrôler un incendie capable de renouveler et de protéger la nature. La preuve, l’Australie est désormais confrontée à des mégas-feux qui s’étendent à l’Australie toute entière).
La France ne peut évidemment pas reconnaître l’existence d’une reine maori, comme les néo-zélandais, ou un grand chef kanak et s’incliner devant celui-ci, puisque, sinon, la France devrait aussi reconnaître et s’incliner devant le roi des français, devant les descendants des dernières familles régnantes royales ou impériales. Ce qui est impossible pour la République.
Saucratès