Dieu (2)
Réflexion onze (4 novembre 2010)
A quoi sert la religion ? Pourquoi les croyants ne sont-ils pas irréprochables ?
A quoi cela sert-il de se rendre régulièrement à l'église, à la messe, si on n'est pas les meilleures personnes du monde ? Je me suis souvent posé cette question en entendant parler de certaines personnes apparemment extrêmement pieuses mais pourtant ignobles dans la vie de tous les jours.
Cette question peut recevoir plusieurs réponses. Certaines personnes trouvent de la force dans leur foi, dans la messe, dans la prière, et ces personnes paticulièrement pieuses s'y ressourcent. Elles sont la preuve que Dieu existe, que la prière peut aider les autres, soulager les souffrances, répondre aux attentes des gens.
A un autre niveau de réponse, on peut se rappeler que l'église, la messe, les prières, peuvent correspondre à des actes de contrition de personnes qui y cherchent un soutien face à leurs démons, à leur tempérament, ou y recherchent le pardon ou l'absolution.
Ainsi, on n'est pas obligé de ne voir dans les présences de ces personnes soi-disant pieuses à la messe une sorte de présence obligatoire, de recherche de respectabilité, d'usage automatique, voire de mensonge ... On peut aussi y voir des actes de contrition et des actes de foi, avant tout. Ce n'est pas parce que l'on se rend régulièrement à l'église, à la messe, que l'on est meilleur que les autres. Simplement, on recherche simplement ailleurs que dans sa propre personne, la réponse à des problèmes qui nous dépassent.
Avant de rejoindre mon travail, j'aime en effet à passer dans la cathédrale de ma ville pour y prier, pour trouver le calme, la paix, le silence en moi-même, pour me vider de cette rage, de cette haine, qui parfois m'habite, pour rien, contre mes proches, contre rien, un autre conducteur dans la circulation, sans que je sache pour quelle raison je me sens habiter par de tels sentiments de rage, de haine ... Evidemment, je n'ai jamais trouvé de réponse à mes demandes dans cette église. Au sortir de ces minutes de prières, je me sens plus calme, plus en paix avec moi-même, moins énervé par un rien. C'est tout et c'est déjà énorme.
La réponse à mon mal être ? La vie de tous les jours. Des reminescences de mes relations avec ma mère, de mon enfance, qui me conduit peut-être à répéter le même comportement d'irrascibilité, de surveillance énervée, qui caractérisaient mes relations avec ma mère, avec mon propre fils aîné. La réponse est-elle vraiment à chercher en Dieu, ou plutôt avec un psycho-thérapeute ?
Et ceci me conduisit à comprendre que je n'étais peut-être pas le seul à chercher dans les églises, dans la participation aux messes, une réponse à des problèmes, une aide pour suppléer à une volonté défaillante, une possibilité de devenir meilleur ...
Réflexion dix (16 juin 2010)
Dieu, la religion et la tentation ...
Aucune volonté de polémique dans ce titre ; simplement une réflexion touchant à la religiosité. Quelle aide peut-on recevoir de la religion, de Dieu, dans notre combat quotidien contre la haine, contre la barbarie, l'envahissement du quotidien par les petits et parfois minuscules tracas de la vie, contre les tentations de toute sorte qui nous guette ? Il est habituel pour certains d'entre nous, pas forcément les meilleurs ni les plus bons, de demander dans une prière l'aide de Dieu. Certains autres, dans la religion catholique, dans d'autres religions qui croient en un Dieu vengeur, qui croient à la prédestination, qui croient en un Dieu appelant au Jihad et récompensant ses meilleurs soldats par des poignées de femelles vierges au paradis, se croient protéger, sauver ou guider par Dieu. D'une certaine manière, j'envie ces personnes qui affichent leur croyance en Dieu et en leur infaillibilité, en leur supériorité, à la manière d'un étendard, comme d'autres portent une croix.
Il est une prière chrétienne qui apporte une réponse à cette interrogation : le Notre père ... Il ne s'agit pas de demander à Dieu de résoudre à notre place nos problèmes, de se substituer à notre propre volonté, de se substituer à nous ; il s'agit de lui demander de nous préserver de la tentation ... En tant qu'être humain, même les meilleurs d'entre nous, qu'ils soient hommes d'église, simples quidams, ou boudha réincarnés, nous sommes tous malgré tout confrontés à la tentation, de la chair, de la pensée, de l'envie, de la violence ou d'autres ... Et il nous faut résister à ces tentations, trouver une réponse adéquate, y renoncer, s'en détourner, l'ignorer.
Mais cette réponse est parfois tellement difficile à donner, à longueur de jours, à longueur d'années. Je comprends ces prêtres pédophiles qui se trouvent confrontés à des appétîts inommables, face à des communautés qui les idéalisent, à une société qui ne peut pas comprendre un engagement qui la dépasse, et à une église qui récuse l'existence de la tentation et du problème. Je comprends la tentation qu'ils peuvent éprouver ; non pas les actes que ces prêtres pédophiles commettent.
Pour des personnes aussi imparfaites que nous-mêmes, soumis à tant de tentations, face à une absence totale de modèles auxquels nous pourrions nous comparer, nous référer, qu'ils soient hommes politiques, confrontés à la prévarication et aux luttes d'influence, qu'ils soient personnalités publiques ou stars, uniquement intéressés par l'argent, le pouvoir, la reconnaissance et la réalisation immédiate de leurs moindres souhaits, nous avons besoin de nous rattacher à tout espoir de rédomption, à tout personne pouvant apparaître comme un modèle. Dans certaines sociétés, et même en France dans un passé assez récent, ces modèles étaient trouvés parmi les militaires : Pétain, de Gaulle, Napoléon Bonaparte. C'est dans les armes, dans la violence, que de nombreux humains préfèrent se reconnaître ... en fait un modèle essentiellement réservé aux hommes ...
Mais face à l'éradication de la guerre ou plutôt à la mise à l'écart de l'armée, notre société française ne peut plus chercher ses modèles dans ses chefs militaires. Et les seules personnalités auxquelles il est encore possible de se référer comme à des modèles sont les hommes d'église. La même interprétation peut être conduite pour l'islam, avec l'attirance exercée par les imams et autres chefs religieux ... D'où la 'sanctification', l'adoration de certains religieux et religieuses, comme soeur Emmanuel ou le pape Jean Paul II. Et également l'idéalisation que leur communauté réserve aux prêtres, dont les engagements personnels sont tellement à l'opposé des tentations dont sont constituées nos vies : chasteté, pauvreté, humilité ...
Tout cela pour en revenir à Dieu, et à l'importance, à mes yeux, de lui demander de nous préserver des tentations de toute sorte ... Pensées issues de quelques instants passés dans une église ce matin, à la première heure du jour, au milieu de quelques autres communiants. Aberration de savoir aussi que la fréquentation assidue de la messe et des églises ne fait pas forcément de nous des hommes ou des femmes meilleures, car nous restons toujours soumis aux tentations, aux envies de toute sorte ... Il n'y avait autrefois pas de pires esclavagistes ou exploiteurs que les grenouilles de bénitiers et dames patronesses ! Et même aujourd'hui, dans certains milieux, la présence à l'église est encore considérée comme une obligation sociale. Pauvre religion !
Saucratès
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