Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Du recul des libertés publiques par temps de coronavirus

Saint-Denis de La Réunion, samedi 27 mars 2020

 

Recul des libertés publiques ... Cette idée est conforme à l'interprétation que je développe dans plusieurs articles au sujet de notre situation politique depuis la mise en œuvre de notre confinement en France, mais également en Italie ou en Espagne, puisque ces États européens avaient mis en œuvre le confinement de leur population avant nous (du moins si on croit l'ensemble des médias et des journaux télévisés qui nous parle sans discontinuer de la crise du coronavirus). Le coronavirus est l'occasion pour nos États judiciaires (je ne pense plus que le terme d'Etat de droit soit désormais conforme à ce que la France est devenue) de remettre en cause un certain nombre de libertés publiques parties intégrantes de ce que nous appelions notre démocratie ! Et tout ceci, si on croit le gouvernement, les élus de la République, qu'ils soient LaREM jusqu'à LFI, les personnels soignants des hôpitaux et surtout les journalistes, voire le quidam moyen interviewé par des journalistes, c'est pour notre sécurité et notre santé !

 

C'est cette thèse que je vais tenter de développer, d'expliciter dans cet article. D'abord, qu'entend-t-on par le terme de «libertés publiques» ? Il existe évidemment une multitude de définition de cette notion.  D'après l'encyclopédie en ligne Wikipédia, les «libertés publiques sont des libertés et garanties individuelles que le gouvernement ne peut supprimer, que ce soit par la loi ou une décision judiciaire, sans en assurer d'abord la sécurité juridique».

 

D'après l'Encyclopedia Universalis, «les libertés publiques sont ainsi considérées comme des droits naturels, indépendants de la volonté du pouvoir, qui ne pourrait ni les supprimer ni même les réduire. Thomas d'Aquin a donné à cette idée d'une législation supérieure au droit positif une force accrue, en la mettant en accord avec le dogme chrétien ; Descartes, enseignant que le monde était entièrement intelligible, a montré qu'il était possible de connaître toutes les lois de l'Univers, y compris ces lois naturelles que l'autorité humaine était tenue de respecter.

 

Toutefois l'affirmation d'un droit théorique et imaginaire, même sous la forme solennelle d'une déclaration des droits, n'offre aucune garantie réelle, et une véritable liberté semble impossible sans légalité ; selon le mot d'Alain, si l'ordre ne vaut rien sans liberté, la liberté ne va pas sans ordre. C'est pourquoi les libertés publiques ne sont pas de simples règles religieuses ou morales, mais des règles juridiques ; elles n'existent que consacrées par la loi. Ce sont des droits reconnus aux particuliers et qui leur permettent de jouir d'un certain domaine d'autonomie.»

 

On peut donc en déduire que les libertés publiques sont un ensemble de libertés et de garanties individuelles que l'Etat nous reconnaît et qu'il ne peut ni supprimer, ni réduire, et qui offrent un certain domaine d'autonomie à chacun d'entre nous. La question est donc de déterminer si la liberté de déplacement, la possibilité de se déplacer librement, appartient ou non aux libertés publiques ? Et donc si le confinement, en nous interdisant de sortir de nos logements sauf motifs impérieux, est une restriction d'une liberté publique et contrevient à la préservation de nos libertés publiques qui s'impose à l'Etat et donc à ce gouvernement ? 

 

Si une réponse sur le fait que la liberté de déplacement est une liberté publique ne semble pas forcément clair, il est par contre évident que la liberté de grever et la liberté de manifester est une liberté publique, et que le confinement tel qu'il est conçu, tel qu'il s'applique, nous interdit de participer à toute manifestation. Ce n'est évidemment pas une nouveauté. Depuis les manifestations des gilets jaunes, le droit de manifester librement a été largement encadré et restreint pour permettre à ce gouvernement de se maintenir au pouvoir ! Le confinement est donc évidemment une violation des libertés publiques des citoyens français. On peut évidemment estimer que cette violation est indispensable pour la préservation de la vie, mais il s'agit bien d'une violation invraisemblable et inusitée des droits des citoyens, et qu'il est attristant que nul dans l'opposition ou dans les médias n'en est fait état, tous le doigt sur la couture du pantalon.

 

La liberté de deplacement est tout autant une liberté publique que la liberté de faire grève ou de manifester. 

 

De telles mesures d'exception n'ont été appliquées à ma connaissance que lors de l'occupation nazie de la France par les armées allemandes en 1940-1945. C'est la seule période où des citoyens français étaient soumis à l'arbitraire des forces de l'ordre d'occupation ou de collaboration, ou aux forces armées. Où les déplacements des hommes et des femmes étaient soumis à autorisation et aux contrôles des forces de l'ordre. Est-on revenu à l'époque de l'occupation nazie ? Est-on revenu à l'époque une armée d'occupation ? 

 

Etat de droit ou Etat judiciaire ? C'est la deuxième affirmation que j'ai présenté dans mon introduction. Mais si les libertés publiques ne sont plus défendues et respectées dans notre pays, et notamment l'une des principales libertés qu'est la liberté de faire greve et la liberté de manifester, on est forcément plus dans un Etat de droit. Lorsque la liberté de manifester est niée, on n'est plus en Etat de droit. Il ne suffit pas de dire ou de penser qu'on était dans une démocratie pour croire qu'on est toujours dans un Etat de droit. Ce ne sont pas que les régimes illibéraux comme ceux de la Hongrie ou de l'Italie de la Ligue qui doivent être dénoncés par les médias. Dès lors que la France ne respecte plus les libertés publiques, ce n'est plus ni une démocratie, ni un Etat de droit.

 

Les décisions prises en matière de droit du travail, relèvement de la durée hebdomadaire du temps de travail à 60 heures semaines, accroissement des pouvoirs des employeurs, sont une autre démonstration de la remise en cause des principes de l'Etat de droit en France. Qu'est donc la France puisqu'elle n'est plus un Etat de droit ? C'est désormais un Etat judiciaire, c'est à dire un Etat où le gouvernement gouverne avec l'appui des seules forces de répression, que ce soit les forces de l'ordre ou les tribunaux judiciaires. C'était déjà le cas depuis le mouvement des gilets jaunes, et c'est désormais encore plus parent. Sauf que les médias sont encore plus qu'auparavant un support majeur de la politique gouvernementale. Comme pendant le mouvement des gilets jaunes où les médias télévisuels servaient déjà à enregistrer les moindres faits et gestes des gilets jaunes afin de les verbaliser et servir de preuve afin de les envoyer devant la justice. 

 

Quelle honte ! L'un des principaux contre-pouvoirs constitutionnels du pouvoir exécutif n'est rien d'autre en fait qu'un de ses collaborateurs. Et c'est encore pire quand ce pouvoir exécutif viole justement les libertés publiques du peuple et des citoyens. 

 

Et c'est en fait une autre liberté publique qui est violée par ce gouvernement : le droit à une information publique libre et indépendante, c'est-à-dire critique et non pas collaborative. Et ce n'est plus le cas depuis l'élection d'Emmanuel Macron depuis mai 2017, et même avant depuis le début de la campagne électorale présidentielle. 

 

Il restait une dernière chose dans ma déclaration initiale. Pour quelle raison des fractions de la population francaise, comme celle des soignants ou d'une partie des soignants, ou d'autres comme le milieu des médias et des journalistes, plébiscitent ce principe du confinement ? Pour quelle raison des français collaboraient-ils avec les forces d'occupations nazies, avec le gouvernement de Vichy, avec la milice francaise et leurs stupides couvre-chefs (j'en ai trouvé une magnifique copie dans le couvre-chef des Sardaukars de l'empire dans l'un des films Dune, tiré de l'œuvre de Franck Herbert) ? Je pense que le peuple et certains parmi eux sont friands de mesures coercitives et de violation des droits de l'homme dans certaines situations exceptionnelles et que ces violations rassurent les gens, ceux qui souffrent, ceux qui ont peur ! Le confinement est forcément une bonne idée, mais il doit se baser sur le volontariat, sur l'intelligence individuelle, et non pas sur la coercition et sur la violence étatique.

 

Le confinement de chacun est évidemment nécessaire, mais en aucun cas il ne doit prendre la forme d'une violation des droits individuels et des libertés publiques ! Il doit être sur base volontaire. Tant pis pour ceux qui ne le respectera. Ce doit être leur choix. Il s'agira que la justice nationale ou internationale se positionne sur cette violation invraisemblable et insupportable de nos droits au respect des libertés publiques.

 

 

Saucratès



28/03/2020
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