Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Le fait religieux en politique

 

Réflexion deux (28 octobre 2017)

Islam et signe d'ouverture


Un commentaire de mon ami Nolats va m'amener à discourir sur l'islam et sur ma position vis-à-vis de cette religion. Et d'une certaine façon, le titre de cet article n'est peut-être plus parfaitement en adéquation avec son contenu. Je parle certes de la religion, mais parle-je bien de la religion et de la politique ? Sauf à considérer que tout est politique.

 

Le plus simple serait de me dire et de me penser islamophobe. Ou plutôt de me dénoncer comme islamophobe. Je dis cela pour mes lecteurs. Mais je ne suis pas sûr pourtant que les partis qui jouent avec l'islamophobie soient la bonne réponse à nos problèmes. Je ne suis pas sûr que voter Front National ou bien Marine Le Pen soit une bonne réponse, une bonne idée. Je suis même persuadé du contraire. 

 

Plusieurs années d'attentats terroristes islamistes ont donc changé mon regard sur l'islam. Auparavant, je croyais dans les écrits pronostiquant une prochaine guerre de religion à venir entre l'islam et la chrétienté, tel le choc des civilisations décrit par Samuel Huntingdon. Aujourd'hui, après ces multiples événements terroristes, j'en suis désormais persuadé. Il n'y a pas d'espoir autre qu'une prochaine guerre de religion. Elle est en cours. Elle se limite pour l'instant à nos forces de police et à nos forces armées, contre une poignée de terroristes se revendiquant de l'islam radical. Mais elle s'étend.

 

Pourtant, je ne me sens pas raciste ou islamophobe. Vu la société où je vis et mes études en anthropologie, je crois en la pluralité et en la diversité culturelles. Je crois en la tolérance vis-à-vis des autres, dès lors qu'il y a des valeurs minimales communes. Il y a quelques rares peuples qui arrivent à vivre les uns à côté des autres, en paix et en relation harmonieuse, et parmi eux les réunionnais. Non pas sans différence de couleur de peau, mais plutôt sans que cela ne soit vraiment important. Peu importe la couleur de peau dès lors que des croyances communes minimalistes existent entre les uns et les autres. Mais lorsque ces croyances communes n'existent plus, ne sont plus respectées, lorsque l'«autre» dans son altérité est nié, alors, dans ce cas, il n'y a plus de possibilité de vie commune. Et c'est ce qui est en train d'arriver entre les français et une minorité croissante islamo-afro-arabe vivant dans les cités francaises, persuadée d'être ostracisée par les «blancs». 

 

Deux exemples issus de l'actualité des semaines passées pour l'illustrer. Premièrement, les tensions à Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, où des jeunes immigrés attaquent la police pour une histoire de bavure policière. Ce même Val-Fourré où un adepte de l'Etat islamique avait tué un commandant de police et sa compagne à leur domicile. 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/11/21/la-cite-du-val-fourre-a-mantes-la-jolie-sous-tension_5218082_3224.html

 

Deuxièmement, un stage ethnique organisé par un syndicat Sud dans le 93 se basant sur la couleur de peau. Pour les «blancs», un stage réservé pour «interroger nos représentations et nos postures dominantes». Pour les autres, les «enseignant.e.s racisé.e.s», un stage également réservé pour «un récit d'expérience» interrogeant leur vie professionnelle. Faire réfléchir les sales blancs sur leur domination et aider les pauvres enseignants racisés (Lol, j'ai oublié l'écriture inclusive ... je suis contre d'ailleurs) à exprimer leur vécu malheureux. Au-delà des faits eux-mêmes, ces histoires interpellent quant à l'impossibilité de vivre ensemble. Et quand c'est relayé par des organisations syndicales.

http://www.huffingtonpost.fr/2017/11/20/jean-michel-blanquer-condamne-le-stage-antiracisme-non-mixte-dun-syndicat_a_23283106/

 

Je ne me reconnais pas dans le discours politique ambiant traitant de ce sujet. Lorsqu'il est affiché qu'il faut une certaine dose de diversité de couleur de peau au gouvernement, à l'Assemblée Nationale ou dans le paysage audiovisuel français. Ou à la tête des partis politiques français, comme par exemple au Parti socialiste. Lorsqu'il est impossible de déclarer que la France est un pays aux racines chrétiennes, la fille aînée de l'Eglise catholique! Mensonge obscurantiste ? De la même manière qu'Isrël est juive et que l'Arabie Saoudite est terre d'islam et patrie du prophète, la France est un pays de religion chrétienne. Les campagnes francaises résonnent encore du clocher de ses églises, et autrefois ceux-ci vibraient des sons des cloches et pleuraient au son du tocsin. Et pourtant aujourd'hui, ceux qui ont le malheur de dire cela sont victimes de l'acharnement médiatique des bien-pensants, des adeptes de la pensée unique, et des vendus à l'islamisme. Et ce sont les mêmes qui proclament qu'Israel est une terre juive et que la terre d'Arabie est entièrement sacrée, ou qui acclament ceux qui le défendent. Evidemment, cela ne signifie pas que d'autres religions n'aient pas de nombreux adeptes en France, dont certains de religions extrémistes prônant l'anéantissement des religions autres que la leur, celles des mécréants. De la même manière que dire qu'Israel est juive n'est pas incompatible avec le fait qu'il y existe une forte minorité d'arabes israéliens ! Et pourtant, ceux qui disent quelque chose d'identique de la France sont considérés comme des racistes !

 

L'histoire de l'islam n'est pas l'histoire d'une religion tolérante et ouverte à l'extérieur. D'une Afrique majoritairement chretienne ou juive (en éliminant tout le Sud et l'Ouest africain qui est longtemps resté animiste), l'islam s'y est imposé par les guerres et les annexions militaires. Savons nous que des royaumes chrétiens, à l'égale de Constantinople et des royaumes francs ou burgondes, se sont maintenus jusqu'au XII-XVe siècles après JC dans le Sud de l'Afrique, victimes de guerres régulières de leurs voisins islamistes. Au Soudan, dans les boucles du Nil, et en Ethiopie ... Se rappelle-t-on que l'Egypte était majoritairement copte et que le patriarcat d'Alexandrie et de Constantinople avait une influence jusqu'au fond de l'Afrique. L'islam s'est imposé très rapidement par la guerre à toute l'Afrique du Nord, puis à l'Espagne et à toute l'Afrique. L'islam est une religion de guerre, qui par malheur, n'a pas véritablement changé depuis quatorze siècles, à la différence de la chrétienté. Même si il y a encore peu, il y a à peine quelques siècles, la chrétienté elle-même s'était crue investie du devoir d'évangéliser la planète entière.

 

L'histoire de l'islam est une succession de guerre, et de peuples qui suivirent l'exemple de Mahomet. D'abord ces descendants de Medine puis d'Arabie, puis les peuples berbères qui donnèrent naissance aux civilisations des Almoravides puis des Almohades, qui occupèrent jusqu'à l'Espagne. 

 

Alors, laisser entendre que s'ouvrir à l'islam puisse être une preuve d'ouverture d'esprit me semble un raccourci sémantique problématique. C'est plus certainement une affirmation d'une confiance dans la bonté humaine, que le terrorisme islamique pourra nous épargner si on arrive à communiquer avec les musulmans que l'on pense modérés. C'est certainement une preuve de croyance en l'avenir et de foi (bizarrement le concept même de «foi» est un concept strictement chrétien). Mais pour peu que l'islam n'est pas abandonné ses objectifs d'universaliser guerrier, ce serait comme si un peuple de moutons proposait d'accueillir une horde de loups pour vivre en harmonie, ou bien comme les états européens qui cherchèrent aveuglement pendant les années 1935-1938 à sauvegarder leurs espoirs de paix face à la montée de l´Allemagne nazie, à l'époque de Munich. 

 

Vision pessimiste de notre futur, de l'islam tel que l'histoire nous permet de le voir, inchangé et toujours djihadiste ? Quelqu'un dira-t-il bientôt, comme Winston Churchill en 1938 : «Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre.» Et ce quelqu'un fera-t-il parti des vainqueurs ou bien sa phrase se perdra-t-elle dans les poubelles de l'histoire en tant qu'histoire des vaincus ? 

 

 
Réflexion une (28 octobre 2017)
Quelle place accorder à la religion


Il y a quelques années, je regardais une émission télévisée sur la montée du Front National dans l'électorat, et sur les transferts de voix entre la Gauche et l'Extrême Droite, dont la pertinence était contestée par certaines des personnes présentes. L'une des explications avancées était que certains électeurs se reconnaissaient dans les positions de plusieurs partis politiques, et pouvaient donc à la fois avoir envie de voter pour le Front National ou pour le Parti Socialiste.

 

C'est très certainement possible. En tant qu'être humain, nous ne sommes pas monolithiques. Nous faisons face à des aspirations divergentes, nous avons des opinions divergentes sur un certain nombre de sujets très divers et variés. Evidemment, nous ne pouvons pas trouver des réponses à tous les sujets qui nous préoccupent chez un seul parti politique, dans une seule église philosophique, chez un seul auteur, chez un seul représentant politique. 

 

Qu'est-ce qui fait que nous nous sentons à un moment donné proche de tel parti politique, de tel homme politique, de telle école philosophique, de telle religion ? C'est une question de construction politique, de construction d'un moi, d'une évolution personnelle intérieure. Et cette construction évolue au fil de notre vie, au fil du déroulement de notre vie !

 

On est souvent gauchiste lorsque l'on est jeune, avant de devenir réactionnaire (de droite) en vieillissant et en s'embourgeoisant. Je ne sais plus qui disait que de ne pas être de gauche en étant jeune était un signe d'absence de coeur, et ne pas être de droite en vieillissant était un signe d'absence d'intelligence ? C'était vrai autrefois, de mon temps, dans les années 1980 ; mais cela peut-il encore être vrai de nos jours ?

 

De mon temps, les jeunes pouvaient difficilement échapper aux idées de l'UNEF-ID, de «Pas touche à mon pote», de SOS Racisme ou à une participation aux mouvements estudiantins post mai 1968. C'était l'époque où François Mitterand était Président de la République, où l'on pouvait encore se reconnaitre dans les grandes idées de la Gauche, d'une Gauche qui ne s'était pas encore vendue aux néolibéraux et aux islamo-trotskistes ! Une Gauche qui parlait encore de nationalisation, d'avancée des droits sociaux pour les travailleurs, pour les pauvres et pas seulement pour les homosexuels et les transgenres. Aujourd'hui, les jeunes peuvent-ils encore de gauche tout en étant jeune ? Alors que le néolibéralisme semble triomphant en France, sous la nouvelle hyper présidence d´Emmanuel Macron, où la seule philosophie acceptable est de réformer partout, pour tout, à tout niveau, pour relancer la France, apparemment avec l'assentiment d'une majorité de francais et de la presque totalité des médias !

Alors, quid de la religion ? La dernière élection présidentielle a vu le sujet religieux être mis en avant par certains candidats, surtout à droite. François Fillon et Marine Le Pen sont deux représentants de la France catholique et François Fillon, bien plus que Marine Le Pen, se présentait en étendard de la morale chrétienne. Mais le «père la morale», héro des catholiques convaincus, ne s'appliquait pas véritablement à lui même les principes moraux catholiques voire protestants qu'il professait si fort. Même si on peut trouver invraisemblable le lynchage médiatique et l'acharnement juridique dont il fut victime (et qui s'arrêta finalement presque totalement une fois l'élection présidentielle terminée et l'homme retiré dans sa retraite), on ne peut que remarquer que les usages qu'il fit des fonds liés à l'embauche d'assistants parlementaires n'est pas si parfaitement 'catholique' que cela !

 

Et l'islam dans tout cela ? L'islam occupe déjà la scène du terrorisme islamique, qui frappe la France et plus largement l'Europe entière ... de l'Espagne à l'Allemagne ... Par ailleurs, tels les trotskistes autrefois, dans les années 1960-1970, l'islam joue aussi l'entrisme dans les formations de gauche, du Parti socialiste (ce qui était déjà le cas à l'époque de SOS Racisme et «Touche pas à mon pote») jusqu'au mouvement des insoumis. On a l'impression que dans les partis de gauche, la laïcité a plus de difficultés à s'accorder avec le catholicisme qu'avec l'islam. Comme si être catholique était une tare pour un socialiste, un signe de droitisation (mais pas de néolibéralisme ... ce qui y est par contre très bien vu et très apprécié aujourd'hui comme hier) et de sidaisation/lepenisation des esprits ... tandis qu'être musulman y est au contraire considéré comme un signe d'ouverture d'esprit, d'intelligence et un plus certain pour une carrière politique dans un Parti de gauche et devant les électeurs. De la même manière que c'est un plus certain pour devenir syndicaliste à la CFDT. 

 

 

Saucratès



26/06/2013
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