Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Quelques réflexions sur le développement de la Réunion

Quel développement pour le département de la Réunion 

Réflexion une - Un état des lieux

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 9 mars 2024

 

Quel diagnostic peut-on faire de notre département de la Réunion, à notre petite mesure ? Aujourd’hui, des pans entiers de notre économie, de nos industries, de notre tissu commercial, se trouvent entre les mains d’investisseurs et de groupes non originaires de notre département. 

Cela a-t-il une quelconque importance ? Est-ce que cela peut avoir une quelconque conséquence sur le développement de notre département, sur le développement de notre île ? Pour ma part, je pense que c’est le cas, que cela a une importance. Sinon, pourquoi la constitution et la défense de champions nationaux aurait-il de l’importance pour la France, pour la Chine, pour les Etats-Unis ou pour Maurice ?

 

Aussi, la prise de contrôle de pans entiers de l’économie réunionnaise par le groupe martiniquais Hayot, qui contrôle le secteur de l’automobile (Renault, Volkswagen, Audi, Mercedes), de la réparation automobile, des pneumatiques, des magasins de bricolage, de la grande distribution, des loueurs automobiles, ne peut pas être neutre et sans conséquences. De même, l’implantation d’entreprises mauriciennes doit aussi interroger. Sans oublier évidemment toutes les entreprises ou les banques contrôlées par des grands groupes nationaux, dont tous les bénéfices remontent vers les maisons mères cotées en bourse. Mais on pourrait aussi parler de la distribution de l’eau, de l’assainissement ou du ramassage des ordures contrôlés également par des grands groupes nationaux, ou bien du tourisme. Ou bien de la téléphonie mobile ou fixe. Et  on oublie certainement d’autres secteurs économiques dans cette description.

 

Quels enseignements peut-on tirer de ce panorama ? Le premier enseignement que l’on peut en tirer est que cette prise de contrôle vise essentiellement le secteur du commerce et des services, pas celui de l’industrie et de la production. Tout ce qui a trait à l’agriculture et à la transformation des produits agricoles est majoritairement sous le contrôle d’entreprises réunionnaises, à l’exception toutefois de l’industrie sucrière accaparée par TEREOS. Quelques groupes nationaux ont peut-être installé des filiales dans le département (Danone) mais l’industrialisation via l’import-substitution des années 1960 et 1970 a permis la constitution de champions départementaux et d’entreprises pérennes. 

Mais je crains qu’il ait manqué depuis les années 1980 d’une réflexion sur quelle industrialisation nous souhaitons et comment elle peut permettre la pérennisation et le développement de groupes locaux et par effet d’entraînement du développement du département dans son ensemble.

 

Certains me demanderont peut-être qu’elles conséquences cela peut bien avoir pour les citoyens réunionnais ? Quel intérêt peut bien avoir le fait de savoir si l’entreprise appartient à Pierre, Paul ou Jacques ? Pierre le martiniquais, Paul le métropolitain, ou Jacques le réunionnais. Les salariés réunionnais sont-ils mieux traités dans un cas ? Y a-t-il plus d’effets favorables induits au niveau de l’économie dans son ensemble lorsque c’est Pierre, Paul ou Jacques ? Tout ceci doit être questionné. La seule réponse que j’ai, ce sont les flots de dividendes qui remontent vers les maisons-mères et qui representent des centaines de millions d’euros chaque année, des centaines de millions d’euros ponctionnés sur les consommateurs réunionnais qui ne seront ni consommés, ni investis dans le département, mais qui nourrissent les projets de développement internationaux, européens, antillais, mauriciens des actionnaires extérieurs.

 

On pourra me rétorquer que les dizaines de milliers de véhicules automobiles produits à l’extérieur du département et achetés chaque année par les consommateurs réunionnais doivent également represent plusieurs dizaines de millions d’euros et que cela n’a peut-être pas plus d’effets favorables pour l’économie, voire même un effet environnemental défavorable majeur. Mais au moins, on reçoit en retour des biens matériels ! On ne reçoit pas rien de ces flux financiers. Quel est notre retour sur les flux financiers des dividendes pour les actionnaires étrangers ? Strictement aucun.

 

On pourra aussi me rétorquer que ces prises de contrôle ou ses implantations nous permettent d’éviter des gabegies. Certains donneront l’exemple de la distribution de l’eau. Ces groupes internationaux permettent une meilleure gestion des réseaux parce «qu’ils savent faire». C’est très vraisemblablement vrai. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en France et en Navarre, ils remplacent des régies municipales, et que dans les pays en développement ou même dans de grands pays industriels, ils récupèrent aussi la distribution d’eau ou l’assainissement parce qu’ils savent très bien le faire. Donc effectivement, c’est un argument expliquant la main mise des grands groupes nationaux sur ces secteurs, comme partout ailleurs. 

 

Mais cela n’explique pas tout. Cela n’explique pas la main mise d‘Hayot sur le commerce. A-t-on fait rentrer le loup dans la bergerie et s’en est-on aperçu trop tard, alors qu’il avait ingurgité la moitié des brebis et des moutons ? Cela explique aussi la main mise d’Orange et de SFR sur la téléphonie mobile, même si les premiers investisseurs étaient réunionnais, mais comment refuser l’offre de rachat très généreuse qui leur a été proposée ou imposée ? Mais cela n’explique pas par contre la main mise sur le système bancaire de l’île. Dans ce dernier cas, ce sont les obligations prudentielles imposées par les autorités monétaires françaises puis européennes, comme par exemple de disposer d’un actionnaire de référence, de dirigeants notoirement connus pour diriger ces établissements, qui expliquent cette main mise. Il y a une histoire monétaire de notre département à écrire et une interprétation à en réaliser.

 

https://www.iedom.fr/IMG/pdf/note_iedom_-_70_ans_de_systeme_bancaire_a_la_reunion.pdf

 

Toutes les banques du département appartiennent à de grands groupes nationaux, ou internationaux. Même les banques dites mutualistes ou populaires appartiennent à des groupes et transfèrent leurs résultats à leurs organes centraux. En a-t-il toujours été de même ? A son origine en 1853, la Banque coloniale de la Réunion appartient à des propriétaires, planteurs, commerçants ou industriels réunionnais, mais sa cotation en bourse sur la place de Paris à partir de 1878 introduit le loup dans la bergerie. Et en 1955, elle passe sous le contrôle du Crédit Lyonnais tout en fusionnant avec sa concurrente sudiste, la «Société bourbonnaise de crédit de la Réunion».

 

De la même manière, le «Crédit foncier de Madagascar» installé à la Réunion à partir de 1927 passe sous le contrôle de la «Banque nationale pour le commerce et l’industrie» en 1955 et prend le nom de BNCI-OI pour devenir aujourd’hui la Bnp Paribas Réunion. Même sujet pour la BFCOI contrainte par la réglementation bancaire à se rattacher à un grand réseau comme la Société Générale. Même si évidemment, la BFCOI a toujours appartenu à des sociétés financières comme INDOSUEZ. Ou pour la SODERE, société de développement régionale créée en 1964, qui sera absorbée en 2001 par la SOFIDER, avant toutes deux d’être cédées et absorbées par la BRED Banque Populaire. Dernier exemple de tentative de création de banques réunionnaises détenues par des réunionnais pour des réunionnais, le Crédit maritime créé en 1974 mais absorbé en 2015 par la BRED Banque populaire.
 
Derrière ces histoires, il y a des hommes qui pensaient au développement de la Réunion, qu’il s’agisse de M. Trimaille de la SODERE, de M. de Cambiaire au Crédit Agricole … parmi de nombreux autres personnages. Les technocrates qui dirigent aujourd’hui les grandes banques, qui pilotent en terme de performance et de ratios leurs équipes, n’ont plus rien à voir avec ces hommes et ces femmes qui oeuvraient pour le développement de la Réunion. Aujourd’hui, il n’y a plus rien que le profit et la rentabilité qui comptent.

 
https://www.reunionnaisdumonde.com/magazine/actualites/case-tomi-satec-revolution-de-l-habitat-a-la-reunion/

 

Mais cette même histoire pourrait être racontée pour de nombreux autres grands secteurs d’activité, comme par exemple l’industrie sucrière. On est ainsi passé de plus d’une centaine d’usines sucrières dans les années 1900 appartenant à toutes les familles de planteurs, dont il ne reste plus que quelques traces dans les mémoires (Beaufond à Saint Benoit, Quartier Français, Savannah, Pierrefonds, Isautier…) représentant les dernières usines survivantes, à un seul et unique sucrier appartenant à un grand groupe international (TEREOS) qui contrôle désormais toute la filière. 

 

 

Saucratès


09/03/2024
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Éthique et modernité

Work in progress

 
On pourrait croire que notre époque moderne est morale et éthique. À l’heure de #metoo, de #metoo-garçon désormais, à l’heure des condamnations et des plaintes incessantes pour antisémitisme ou pour islamophobie, à l’heure des multiples codes de déontologie ou de chartes éthiques que les salariés se voient imposer de respecter dans les entreprises ou les administrations, à l’heure de la nomination de déontologues dans tout ce que la France compte de grandes entreprises, de grandes administrations, jusqu’à l’Assemblée nationale ou le Sénat, on pourrait penser que notre époque est hautement morale et éthique, que l’ensemble de nos comportements sont normés, encadrés par des normes éthiques et morales inaltérables et inattaquables. 

Et pourtant, il n’en est rien. Notre monde n’a jamais été aussi loin de l’éthique. Notre monde est fracassé de partout par les jugements, par les condamnations intempestives, par l’émotivité des uns ou des autres à laquelle on nous impose d’adhérer, de donner suite, de relayer inlassablement. Il faut condamner ci ou ça. Les journaux et les médias comme Le Monde ont cessé de vouloir éclairer sur le monde qui nous entoure et se contentent, comme tout un chacun, de manipuler les plus instinct des uns ou des autres et nous enjoindre de condamner, juger, déformer les faits pour répandre la bonne parole et la sainte colère. Le gouvernement n’est pas plus en reste avec les excommunications que prononcent tels ou tels ministres à l’encontre de tels ou tels partis politiques ou homme public parfois. Tel syndicat a affiché son mur des cons. Tel spectacle d’un humoriste est antisémite. Tel geste est antisémite. Tel mot utilisé comme ‘résistant’ pour décrire un peuple comme les palestiniens est un crime antisémite. Et ainsi de suite…

 

Il peut être utile de relire le philosophe et logicien Ludwig Wittgenstein, l’auteur du Tractatus, pour se rappeler de ce qu’il écrivait sur l’éthique. 

«Or, ce que je veux dire est qu’un état d’esprit, si l’on entend par là un fait que nous pouvons decrire, n’est, au sens éthique, ni bon ni mauvais. Par exemple, si nous lisons dans notre livre du monde la description d’un meurtre avec tous ses détails physiques et psychologiques, la simple description de ces faits ne contiendra rien que nous pourrions nommer une proposition éthique. Le meurtre se trouvera exactement sur le même planque tout autre événement, la chute d’une pierre par exemple. Assurément, il se pourrait que la lecture de cette description provoque en nous de l’affliction, de la colère ou toute autre émotion, ou que nous soyons informés de l’affliction ou de la rage que ce meurtre a suscité chez d’autres personnes qui en ont entendu parler, mais il n’y aura là que des faits, de simples faits, et seulement des faits, mais non l’Ethique. Aussi dois-je dire que, si je me représente ce que devrait être vraiment l’Ethique, à supposer qu’une telle science existe, le résultat me semble tout à fait évident. Il me semble en effet évident que rien de ce que nous pouvons jamais penser ou dire ne pourrait être l’Ethique même.»

 

Conférence sur l’éthique, Ludwig Wittgenstein, 17 novembre 1929

 

En lisant la comparaison faite par Ludwig Wittgenstein entre un horrible meurtre et la simple chute d’une pierre, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec l’attaque du Hamas du 7 novembre 2023 et l’injonction impérative faite à tout un chacun de condamner cette abominable attaque terroriste. Mais en terme éthique, il eusse fallu qu’un philosophe ose rappeler à nos dirigeants outrés, à nos médias guerriers, que la description de cette attaque terroriste n’était pas differente de la description d’une simple chute de pierre. 

Evidemment, en disant cela, je me condamne à l’excommunication, aux poursuites judiciaires et pénales, comme l’aurait été le pauvre Luwig Wittgenstein si il avait osé commettre une telle déclaration en notre époque. Parce que notre époque se croit éthique. Nous sommes tenus en permanence de condamner et de juger les comportements et les actes que l’on nous désigne comme déviants, mauvais, condamnables. Un témoignage est à peine publié sur #meetoo ou désormais #metoo-garçon que le prédateur est immédiatement soumis à l’ostracisme, condamné médiatiquement, exclut de la sphère des vivants. Au delà même de la réalité des accusations, on se trouve d’abord confronté à l’interprétation des accusations. «Il a pris ma main et il m’a dit : tu me troubles !» Harcèlement sexuel évidemment ! 

https://www.lefigaro.fr/cinema/metoo-garcons-ouverture-d-une-enquete-apres-une-plainte-pour-harcelement-sexuel-contre-le-cineaste-andre-techine-20240303

 

Aujourd’hui, il ne faut surtout plus penser ! Il faut condamner ce que l’on nous dit de condamner, juger ce que l’on nous dit de juger, dénoncer ce qu’on nous dit de dénoncer. Penser par soi-même deviendra bientôt un crime. Comment laisser circuler des personnes qui pensent par elles-mêmes, des personnes qui ne condamnent pas ce qu’on leur demande de condamner, mettre à l’index ceux qu’on leur demande de mettre à l’index, huer ceux qu’on leur demande de huer ?

 
Je voudrais terminer cet article sur les dernières phrases de Ludwig Wittgenstein de sa conférence sur l’éthique :

 

«Je vois clairement et immédiatement, comme en un éclair, non seulement qu’aucune des descriptions auxquelles je pourrais penser ne décrirait vraiment ce que j’entends par valeur absolue, mais encore que je rejetterais toutes les descriptions signifiantes que quiconque pourrait suggérer ab initio, en arguant de leur sens. En d’autres termes, je vois maintenant que ces expressions absurdes ne sont pas absurdes parce que je n’ai pas encore trouvé la manière correcte de les exprimer, mais parce que leur essence même est d’être des non-sens. Car tout ce que je voulais, en les mettant en avant, était précisément aller au-delà du monde, c’est-à-dire au-delà du langage signifiant. 

 

Mon penchant, qui est aussi, à ce que je crois, celui de tous les hommes qui ont jamais essayé d’écrire sur l’Ethique ou la religion, ou d’en parler, était de buter contre les limites du langage. Buter ainsi contre les murs de notre cage est entièrement, absolument, sans espoir. L’Ethique, pour autant qu’elle provient du désir de dire quelque chose du sens ultime de la vie, du bien absolu, de la valeur absolue, ne peut être une science. Ce qu’elle dit n’ajoute rien, en quelque sens que ce soit, à notre savoir. Mais elle porte témoignage d’un penchant de l’esprit humain que, pour ma part, je ne puis m’empêcher de respecter profondément et que je ne ridiculiserais à aucun prix.»

 

Ludwig Wittgenstein - Conférence sur l’éthique - 17 novembre 1929 - Pages 18-19

 
Ce sont surtout les derniers mots de cette citation, de cette conclusion de cette conférence, prononcé par Wittgenstein il y a bientôt un siècle, que je trouve admirable. Le fait de buter contre les limites du langage lorsque l’on veut parler sur l’Ethique, le fait que l’Ethique ne puisse être dès lors qu’elle voudrait parler du Bien absolu. Et enfin de ce penchant de l’esprit humain qui cherche à trouver ce Bien absolu, ce sens ultime de la vie. Ce penchant né en Grèce antique, il y a deux millénaires et demi.

 
 
Saucratès


04/03/2024
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Dune - Débat

Je ne peux pas ne pas vous parler du film Dune, de Denis Villeneuve, dont la deuxième partie sort dans les salles obscures ces jours-ci. 

https://podcasts.lemonde.fr/lheure-du-monde/202109150000-dune-le-classique-maudit-de-la-science-fiction

 

https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/02/27/dune-deuxieme-partie-la-fabrique-d-un-messie_6218783_3246.html

 

Il me semble ici important de relever un certain nombre d’approximations, de contre-vérités ânonnées  par les deux journalistes du Monde dans ce podcast de ‘l’heure du monde’.


Premièrement, qu’est-ce donc que ‘Dune’, cet objet littéraire non identifié (OLNI). À la différence de la Guerre des Étoiles, de Starwars, auquel les journalistes du Monde tentent de le rapprocher, ce n’est ni une trilogie, ni une double ou triple trilogie, mais un univers entier qui comportent des dizaines de tomes et d’histoires emboîtées, s’étendant sur des dizaines de millénaires. C’est un univers désormais bien plus étendu que l’univers ‘Fondation’ d’Isaac Asimov. L’auteur de Dune est Frank Herbert, un des auteurs majeurs de la science-fiction mondiale, dont l’univers a été repris par son fils Brian Herbert, et par Kevin J. Anderson, un conteur de science-fiction également d’exception.


Deuxièmement, le podcast du Monde s'étend longuement sur la tentative avortée d’adaptation cinématographique de Alejandro Jodorowsky dans les années 1970, sans s’intéresser véritablement aux deux chefs d’œuvre réalisés par la suite.

 

  • Il y a d’abord le film Dune de David Lynch de 1984 qui est loin d’être un ratage, avec le chanteur Sting dans le rôle du neveu Feyd-Rautha du baron Vladimir Harkonnen (neveu et non pas fils comme l’indique le journaliste du Monde). Film merveilleux, présenté comme «le plus grand film de science-fiction depuis La guerre des étoiles» dans la pochette de présentation, et musique introductive extraordinaire, tout particulièrement dans sa version anglaise que je préfère à la version française.

 

 

  • Il y a ensuite l’adaptation en mini-séries réalisée et diffusée à partir de décembre 2000, par John Harrison, plus récente, et visuellement très léchée. Cette version, en trois parties de près de 5 heures chacune, est ainsi composée de trois des premiers tomes de Dune, à savoir Dune, le messie de Dune, et enfin les enfants de Dune, jusqu’à la naissance, l’apparition de Leto II, le futur empereur-dieu de Dune.

 

https://www.ecranlarge.com/series/dossier/1396948-dune-la-serie-et-si-la-meilleure-adaptation-etait-aussi-la-plus-cheap

 

Deux chefs d’œuvre cinématographiques que l’on peut encore prendre un plaisir invraisemblable à regarder, comme beaucoup de très grands films. 

 

Et puis désormais, il y a donc les deux nouvelles premières parties du film Dune réalisé par Denis Villeneuve, la première sortie en septembre 2021, et la seconde qui sort donc en cette fin du mois de février 2024.

 

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/09/15/denis-villeneuve-releve-brillamment-le-defi-de-dune_6094692_3246.html

 

En écoutant le podcast du Monde, quelques affirmations gratuites me semblent particulièrement péremptoires et stupides.

 

1. Féminisme - Le fait que Dune n’est pas féministe parce que le Bene Gesserit prépare l’avènement d’un sur-homme, et donc que des féministes ne pourraient pas avoir un tel projet. En quoi une telle affirmation est-elle stupide ? Parce qu’elle poserait donc par principe que le féminisme doit être en soi une guerre contre les hommes. Que si l’objectif ultime d’un projet mené par des féministe devrait avantager un homme, ce projet devrait forcément être abandonné par de vraies féministes. Même si cela doit sauver l’espèce humaine ... En somme, cela renseigne bien plus sur la fermeture d’esprit de la journaliste ayant fait le podcast que sur le féminisme lui-même. 

 

Dans les faits, la situation est plus compliquée. Les révérendes mères Bene Gesserit n’accèdent qu’à leurs ancêtres féminines, et aucun homme n’a réussi à survivre à l’initiation de l’eau-de-vie pour accéder à ses ancêtres masculins. Seul, leur Kwisatz Haderach, ce sur-homme, en sera capable et devrait également normalement être capable de voir l’avenir du genre humain et doté de prescience. Mais le projet feministe en cela des révérendes-mères est de contrôler ce Kwistaz Haderach, ce en quoi elles échoueront dans l’univers de Dune, puisqu’à la fois Paul Atréides et son fils Leto II, l’empereur Dieu de Dune, échapperont à leur emprise et règneront sur l’empire galactique. Et Leto II fera en sorte, en mourant après un règne de plus de 3.000 ans, qu’une perle de sa conscience survive dans chaque ver des sables d’Arakis, bloquant à jamais le destin de l’univers. 

Dire ainsi que l’ordre des Bene Gesserit ne serait pas féministe parce qu’il prépare l’avènement d’un sur-homme est ainsi très stupide, puisque le projet du Bene Gesserit est de contrôler ses pouvoirs et de l’utiliser. Ce qui au fond est bien ultra-féministe. 

 

2. Il y a bien sûr le fait de considérer que Feyd-Rautha est le fils du baron Vladimir Harkonnen dont j’ai déjà parlé, ou de noter avec délectation que l’horrible baron Harkonnen se prénomme Vladimir ! Comme si chacun d’entre nous est tenu à chaque instant de prouver, de démontrer sa bonne manière de penser en critiquant la Russie de Poutine (et également l’école privée). L’absence de toute forme de tolérance intellectuelle dans le paysage médiatique français ou plutôt parisien est un véritable et gravissime problème.

 

3. Le djihâd et la référence à l’islam - Selon les deux journalistes, il n’y a pas de lien avec l’islam ; le djihâd dans Dune étant selon eux simplement une révolte contre les machines. Mais il y a deux djihâd dans Dune : le djihâd butlérien dont l’objet est la destruction des machines, à l’initiative de Serena Butler. Et le djihâd lui-même des combattants fremens de Paul Muad’Dib, qui ressemble par contre au Djihâd musulman, comme toute l’idéologie entourant son Adoration par les ferments, comme par exemple le nom de ‘Mahdi’ qui lui est donné par les fremens (Mahdi signifiant en arabe le bien guidé, dont la venue est attendue par l’ensemble des musulmans). Sa garde d’élite, les Feydakins, se répandront à travers l’ensemble de l’empire galactique. Mais ce terme signifie en arabe ‘ceux qui sont prêts à se sacrifier’. Et il existe de nombreux termes arabes ou musulmans dans Dune (le nom de Naib donné aux chefs des villages des Sietch, qui signifie ‘deputé’ ou ‘vice-roi’ en arabe).

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Termes_arabes_dans_Dune

 

Après tout cela, vous ai-je donné l’envie de regarder l’une des trois versions cinématographiques de Dune qui existe ? Je l’espère. 
 
 
Saucratès


29/02/2024
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Lecture de François Ruffin : Sur le sens du travail

Je voudrais vous parler ici d’un tout petit bouquin, de François Ruffin, «Je vous écris du front de la Somme», et plus largement, de la politique et de ce qui ne va plus dans les politiques de la Gauche. Il est facile de mettre en cause un vote potentiel pour l’extrême-droite, mais que nous propose-t-on en face ? Que propose-t-on face à Macron et à l’extrême-droite ? Face «à une sociale-démocratie à l’âme morte, qui n’était plus sociale ni démocrate». Je rajouterai à cette phrase de Francois Ruffin que les députés de la Macronie dans leur ensemble est constituée à plus de 50% de ces anciens socialistes sociologues-démocrates, et que ceux qui sont restés chez les socialistes sont souvent simplement ceux qui ont été battus aux législatives en 2017. 

Il est important de rappeler l’importance du travail, de sa qualité et de sa rémunération et de pointer le double discours du gouvernement et de Macron. Il est important de chercher comment combattre la dégradation du travail tout comme de chercher commentaire  on pourrait construire un programme social-démocrate sur ce sujet du travail. 

Tout est dit dans cette introduction de François Ruffin à l’édition de poche. Je vous le livre comme il l’a écrit.

 

« J’ai entendu dans les manifestations une volonté de retrouver du sens dans son travail, d’en améliorer les conditions, d’avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie. » C’était du Emmanuel Macron, en plein conflit sur les retraites. Et son porte-voix, Gabriel Attal, se disait soudain fort préoccupé par « le bien-être au travail ». Même Bruno Le Maire donnait dans le trémolo : il comprenait « la colère des Français qui se questionnent sur la finalité de leur travail ».

 

Du coup, tout le gouvernement s’activerait, c’était promis juré, à un « pacte de la vie au travail ». Pour « améliorer les revenus », « faire progresser les carrières », « mieux partager les richesses », « aider à la reconversion », « améliorer les conditions de travail », « trouver des solutions à l’usure professionnelle » … Rien que ça.

 
Bien sûr, c’était pour eux un subterfuge : déplacer du combat, ici et maintenant, sur le passage à 64 ans, vers un débat, plus tard, sur la qualité de vie au travail.


Il n’empêche. Le travail, ce mal-être au travail, ce mal-faire son travail, ce mal-vivre de son travail, l’an dernier déjà, nous le placions au cœur de notre petit essai, et au cœur d’un malaise des classes populaires. Le travail écrasé, humilié, depuis quarante ans. Le travail, aux statuts minés, aux revenus élimés. Le travail qui, malgré les légendes de la start-up nation, s’est durci, intensifié. Et le travail pourtant central, toujours, pour les Français, capital par le salaire, bien sûr, mais par la fierté qu’on en tire, aussi, par l’utilité qu’on éprouve. Ce malaise dans le travail, le conflit sur les retraites l’a fait éclater au grand jour, comme une fracture aux plaies ouvertes.

 

« C’est la première fois que je sors, en 33 ans d’hôpital. » Ce jeudi 19 janvier, premier jour de grève, 5h30 du matin, on est sur le rond-point à l’entrée de l’autoroute A16. De sa lampe de poche, un monsieur à chasuble FO de chez Valéo balaie la voie, pour inviter les voitures, les camions à ralentir, à prendre le tract pour la manif. Et sa lueur éclaire mon cahier, pour que je gribouille des notes dans mon cahier. C’est sa femme, elle, « aide-soignante au service traumatologie ». Pas en pleine forme, déjà : « Je souffre de poly-arthrologie. Je travaille sous morphine.

– A cause de votre métier ?

– Bah oui, à force de porter. Deux ans de plus, c’est pas possible… Ils se rendent compte ? » 

 

Mais aujourd’hui, elle vient pour autre chose, au-delà d’elle, au-delà de la retraite : « C’est le ras-le-bol : ils nous poussent à bout, ils détruisent l’hôpital. On ne parle plus de soin, mais d’« acte« . A la limite, ma cadre, que le patient soit lavé ou pas lavé, elle s’en fiche… »

 

Et son mari ? « Chez Valéo, j’ai commencé par cinq ans d’intérim, mais haché, avec du chômage entre les missions. Je suis sur les embrayages de camion, mais le pire, c’est que Macron, il a éliminé de la pénibilité le port des charges lourdes. Qu’il vienne se trimbaler les embrayages de camion ! Du coup, entre ces deux réformes, je prends trois années de plus. Jusque 65 ans. »

 
Le rond-point de l’Oncle Sam est bien bloqué, avec des barricades de pneus sur la chaussée, des barnums sur la pelouse pour le café.  « La médecine du travail, nous-mêmes, on conseille aux gars de rien dire, me raconte un syndicaliste Force Ouvrière chez Goodyear-Dunlop.

– Pourquoi ?

– Eh bien, s’il leur dit qu’il souffre du dos, comme moi, ou des épaules, ou des genoux, ou de n’importe, le médecin il fait quoi ?

 

Il recommande un poste adapté. C’est son boulot. Le gars revient avec son papier, sauf que la direction répond : « Des postes adaptés, il n’y en a plus… » Et du coup, ils le licencient pour inaptitude. On en a au moins un ou deux par mois, des comme ça, de tous les âges. C’est la double peine : le boulot les fait souffrir, et on les vire à cause de ça. Faut souffrir en silence. Moi, je me suis fait opérer quatre fois du dos, mais je ne le dis pas dedans. 

– Moi, j’attends la retraite pour passer sur le billard. »

 

« Avant, compare un délégué Airbus, les maladies, ça venait vers 50-55 ans. Désormais, c’est descendu à 40-45. Et on a Dédé, 31 ans, il a les épaules flinguées, sept ans au rivetage, avec son pistolet multi-frappe, il est foutu. Parce qu’avec la « moving line », comme ils appellent ça, ils ont accéléré les cadences. Auparavant, le gars avait sa perceuse à quatre mètres, ça lui faisait une respiration. Aujourd’hui, avec le « lean manufacturing », elle lui pend devant lui, tout est optimisé, il ne perd plus une seconde. Mais résultat, il n’y a plus aucun temps de relâchement.

 

C’est pareil pour nous, enchaîne un délégué d’Auchan : il n’y a plus de temps mort. Ils appellent ça le « modèle organisationnel ». Avant, tu gérais un rayon, tu faisais du remplissage, tu gérais les stocks, tu changeais les prix. C’était varié, et tu avais ton territoire : le gars de la crémerie était fier de bien tenir sa partie. Maintenant, tu ne fais plus que du remplissage, dans tous les rayons, de tout le magasin. Tu bourres tu bourres tu bourres. Et un autre passe le soir qui met des étiquettes partout. Ils nous ont dit, à la présentation, « c’est la fin des temps morts ». C’est ça qui m’a le plus marqué. »

 
Je cite souvent une note de la Dares, du ministère du Travail. En 1984, 12% des salariés subissaient une triple contrainte physique : se baisser, porter des charges, répéter le même geste, etc. On pourrait croire que, avec quarante années de numérique, d’informatique, de mécanique, tout cela s’est allégé ? C’est la start-up nation, non ? Eh bien, au contraire : de 12%, ce taux est passé à 34%. Il a presque triplé. Et il s’élève à 60% chez les ouvriers (contre 23% auparavant). Quant aux « contraintes psychiques », elles ont bondi, multiplié par six : de 6% à 34%. C’est contre-intuitif, ça ne colle pas au « progrès ». Même moi, j’étais surpris. Mais pas Christine Erhel, économiste : « Tous les chercheurs, tous les sociologues du travail le savent, le disent : le travail s’est intensifié, des centres d’appels aux ateliers de logistique, on ne laisse plus les salariés respirer. »

 
Je participais à un colloque, organisé par mon collègue député Benjamin Lucas, « travailler moins, travailler mieux, travailler tous. » Très clairement, pour ma part, l’accent doit être mis sur le « travailler mieux. »

 

Voilà le socle de ma gauche : les Français, tous les habitants de ce pays, doivent vivre de leur travail. Bien en vivre, et pas en survivre. Et bien le vivre.

 

Un « pacte de la vie au travail » : telle était donc la promesse. Mais bon, finalement, en ce mois de juin, les macronistes n’ont pas lancé les « Etats Généraux du travail ». Non, à la place, ils ont préféré les « Assises de la dépense publique ». Avec cette bonne nouvelle à la clé : « Ouvrir un chantier pour limiter les arrêts maladie. » Qui ont grimpé, en effet, en dix ans, de six à huit millions. Elisabeth Borne et Bruno Le Maire prenaient des airs sévères : les travailleurs tire-au-flanc étaient dans leur viseur, ils allaient mater tout ça. Le patron du Medef applaudissait : « Il y a trop d’arrêts de travail de complaisance en France. Surtout chez les jeunes. »

 

De la faute des malades, bien sûr. Des travailleurs. Et des jeunes. Des petites natures, tous ces feignants. Les causes, elles, ne seraient pas traitées.

 

Que cherchent-ils ? Des petites économies, certes, sans doute. Mais surtout, des gains politiques, cyniques. Durant les retraites, nous avons retrouvé une « bipartition de l’espace social » : nous, contre eux. Nous, les travailleurs, nous, le bas, nous rassemblés, deux tiers des Français, quatre cinquième des salariés, tous les syndicats unis, des millions dans la rue, contre eux, eux en haut, eux à Paris, et en vérité : nous tous contre Macron, presque seul.

 
Il leur fallait, à la macronie, à la droite, le plus vite possible, casser cette unité. Retrouver 
« la tripartition de l’espace social » : nous, eux, ils. Retrouvez le « ils » en bas. Les cas sociaux. Les immigrés. Les fraudeurs. D’où, très vite, Le Maire qui s’en prend aux mandats envoyés à l’étranger. D’où Ciotti-Retailleau-Marleix et leur une-tribune sur l’immigration. D’où Attal sur la fraude sociale. D’où le RSA dans le collimateur de France Travail. D’où, enfin, les arrêts maladie. 
 
Que les regards de la France du milieu se tournent vers le bas. Qu’on stimule la petite jalousie. Et qu’on oublie à nouveau le haut.

 
Je voudrais citer ici un article qu’on m’a remis, juste avant la sortie de ce livre, qui illustrait à merveille mon propos, mais que j’ai découvert trop tard pour l’ajouter à mon manuscrit : « La conscience sociale des Gilets jaunes : étude sociologique de représentations en lutte », paru dans la revue Mots en 2022. C’est un jeune docteur en sociologie, Samuel Legris, qui a mené une étude sur les ronds-points dans son coin, le Berry. Y domine une « vision tripartite du monde social » : « ceux d’en bas/nous/ceux d’en haut ». Comme il l’écrit, « la banalisation de la conscience sociale triangulaire dans les strates situées à la frontière des classes populaires et des classes moyennes, où se sont essentiellement recrutés les Gilets jaunes, est constatée depuis une quinzaine d’années par les chercheurs en sciences sociales. » Elle constitue, pour lui, « le principal obstacle à l’unification d’un bloc populaire. »

 
Comment cette « conscience sociale triangulaire » se traduit-elle dans les discours ? Il y a ce « nous » des Gilets jaunes, ce « nous » des travailleurs modestes. Qui s’opposent au « ils » d’en haut, au gouvernement, aux élites, qui les taxent, qui les étouffent. Mais qui s’en prennent, aussi, aux « assistés », aux « immigrés ». Et recréent une frontière sociale, morale même, entre ce « nous » qui « bosse », « paie », « se prive », « préserve », « respecte », « joue le jeu » et un « eux » qui « glande », « dépense », « profite », « détruit », « méprise », « triche ».

 
Sauf que, parfois, sur des ronds-points, des gens de gauche, ou des « assistés » se pointent, s’installent. Et refusent cette « vision tripartite de l’espace social ». Ainsi de Martine, secrétaire dans un garage agricole, qui lance à ses collègues : « Moi, je suis plus pour qu’on fasse descendre ceux d’en haut ! ». Et qui rappelle à l’ordre les camarades qui traitent « ceux d’en bas » de « cas soc’ » ou de « branleurs ». Alors, soit par censure, soit par humanisme, par compréhension, le « nous » se reforme, s’élargit, le milieu cesse de blâmer le bas. Et tous deux s’unissent, dans leurs critiques, contre le haut.

 
C’est ce rôle que nous devons jouer dans le pays tout entier. Unifier. Unifier le bloc populaire. Unifier le milieu et le bas, et même le haut, pour celles et ceux que la vie a servis et qui veulent servir en retour, servir un idéal de justice pour tous, nation sans exclusion. Unifier la France des bourgs et celle des tours. Unifier, contre toutes les forces centrifuges, de division, d’éclatement.

 
Unifier par les discours, il le faut, mais aussi par du commun, par le « faire-ensemble » : les Français, les habitants de ce pays, doivent vivre de leur travail. De leur travail selon leurs moyens, pas forcément à temps plein, pas seulement sur un « marché du travail » qui trie, qui éreinte, qui rejette, qui fragilise les fragiles, mais aussi par des emplois aidés, par des territoires zéro chômeurs, par un accompagnement qui, dans le grand changement qu’il nous faut, ne néglige aucun talent : bricoler, cuisiner, jardiner, creuser, s’occuper de nos enfants ou de nos aînés. Chaque geste, chaque plaisir, à chaque instant, repose sur le travail des autres, sur la masse colossale du travail des autres, et c’est ainsi que nous faisons société : un verre d’eau, rien qu’un verre d’eau que je bois, combien de travail pour extraire la matière, pour la fondre dans les fours, plus l’eau qu’il a fallu pomper, filtrer, dans des canalisations (qui fuient, à réparer) pour arriver jusqu’à nos robinets… Il se trouve que, par hasard, je suis en train de lire les Mémoires de Jean Monnet. Dans l’immédiate après-guerre, fin 1945, alors qu’il fonde le Plan, lui prévient le général de Gaulle : « Je ne sais pas encore exactement ce qu’il faut faire, mais je suis sûr d’une chose, c’est qu’on ne pourra pas transformer l’économie française sans que le peuple français participe à cette transformation. » Et plus loin : « Toute la nation doit être associée à cet effort. »

 
Ma conviction, c’est que la bataille écologique, la sauvegarde de notre planète, le défi du réchauffement, réclament le même effort. Cette transformation de notre agriculture, de notre industrie, de nos logements, de nos déplacements, réclame du travail, une masse de travail, haies à planter, passoires thermiques à isoler, et que chacun doit y prendre sa part : du haut avec ses capitaux au bas avec sa main d’œuvre, le peuple français tout entier doit y participer. De quoi chasser le sentiment d’injustice qui, aujourd’hui, sinon pourrit, du moins assombrit le cœur des travailleurs.

 

L’étau se resserre, enfin. 24 mai 2023. Avec pas mal d’élus de gauche, une panoplie d’insoumis, je suis monté dans le train pour Saint-Brévin. On y allait pour soutenir le maire, certes, Yannick Morez, démissionnaire, harcelé par les zemmouriens ou assimilés, sa voiture et sa maison brûlées. Son tort ? Avoir accueilli sur sa commune un centre de réfugiés. On y allait pour la République en danger, c’est vrai, qui file un mauvais coton. Mais on y allait aussi pour nous, pour – je dirais – nous désenclaver.

 
C’est que, au fil de l’année parlementaire, le rejet en germe décrit dans le bouquin ne s’est pas arrangé. Au Rassemblement national, les macronistes ont accordé deux vice-présidences et des bons points :
« Sébastien Chenu (RN) n’est pas un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée », le félicitait sa présidente, Yaël Braun-Pivet. Tandis que de notre côté, on pue. On fait du bruit. On manque de respect. On a des mauvaises manières. Et s’installe plus qu’une petite musique, un véritable concert :  d’abord, que, « extrême droite et extrême gauche se valent ». Et puis, pire : que nous serions pires. Que nous n’appartiendrions plus à « l’arc républicain » … Nous qui l’avons fondée, la République, en 1792, nous qui l’avons défendue, toujours, nous qui sommes les fils de Danton et de Robespierre, de Gambetta et de Jaurès, de Clémenceau et de Blum ! Alors, Saint-Brévin, c’était pour réintégrer dans les images, dans les esprits, « l’arc républicain ». Pour refiler le stigmate à l’extrême droite.

 
Mais voilà que patatras. A la tribune, sur la place, c’est le président de l’Association des Maires de France du 44, de Loire-Atlantique, qui jette un froid. Au détour d’une phrase, je ne sais plus trop la formule, il sermonne « l’attitude indigne », ou le « comportement déplacé », des députés de la Nupes. Dans la foule, il est hué, pas tout le monde mais des sifflets. « Ça vous plait pas, mais je vous le dis, c’est comme ça. » Ouh ! On n’est pas venu pour se faire engueuler !

 

Le cortège fait un bout de défilé. Devant sa mairie, Yannick Morez prend la parole. A son tour, à demi-mots, il s’attaque à la gauche, aux insoumis et aux écolos, qui veulent le zéro artificialisation nette, ajoutant qu’on ne peut plus construire, que ça amène de la tension avec les administrés. Dans ce goût-là, en gros. Bref, on partait pour effacer la tache, la marque de honte, et on s’en revient de Saint-Brévin avec tout le contraire…

 

« Ce sont des cons. » Dans le TGV du retour, avec un peu d’amertume, la conclusion est vite tirée par les camarades : « Ce sont des cons. » Soit, peut-être. Mais la connerie est un fait politique majeur, éternel, parfois majoritaire, on doit bien faire avec ! « Le souci, confie un collègue, avec un peu de bouteille, c’est que si la diabolisation tombe sur nous, on en prend pour vingt ans. On doit tout faire pour se sortir du piège. »

 

Ce piège, être marginalisé, ostracisé, pas seulement à l’Assemblée et dans la bonne société, qu’importe, mais chez nos voisins, chez les électeurs moyens, ce risque, être perçu non pas comme une voie de décence et de bon sens, mais comme des excités, des azimutés, je l’avais senti très vite, dès ma campagne législative, et je l’avais posé dans cet essai. Depuis, avons-nous œuvré pour éviter ce risque ? Pour échapper à ce piège ? J’en doute. Avons-nous établi, pour la « dédiabolisation », une stratégie ? Ce n’est pas une question de fond, je pense, mais davantage d’expression, de style – qui fait l’homme et la femme politiques.

 

On sourira : « Quoi ? C’est le réalisateur de Merci patron !, c’est le député du maillot de foot à la tribune, c’est le brandisseur de carnet de chèque, c’est le multi-sanctionné qui vient donner des leçons ? Qui prône la sagesse et la raison ? » Oui, parce que la situation a changé. En face, au Rassemblement national, le groupe compte désormais 88 députés, et leur leader apparait, pour de bon, comme une option vers l’Elysée. Voilà qui peut susciter une certaine gravité. Et nous, nous ne sommes plus dix-sept, mais soixante-quinze, et nous devrions être la locomotive d’une gauche unie. Voilà qui, comme dirait Spiderman, impose une grande responsabilité. Alors, même si je dois œuvrer contre moi-même, contre mon tempérament et mes coups de sang, j’essaie.

 

J’essaie, parce que ce sondage vient de tomber. On fait quoi ? On hausse les épaules ? On affirme qu’« on ne croit pas aux sondages » ? On fait assaut de « radicalité », notre mot clé, comme s’il s’agissait d’endiabler des étudiants de socio en AG, et pas de convaincre un pays tout entier ? Ou ça nous fait un électro-choc et on s’interroge, vraiment, sur le pourquoi du comment ? Le Rassemblement national vote, avec les macronistes, contre l’augmentation du SMIC, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre le gel des loyers, contre l’encadrement des écarts de revenus dans les entreprises, contre le rétablissement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, contre le conditionnement des aides publiques aux grandes entreprises, contre la taxation des yachts et des jets privés, ils protestent sans bruit contre la réforme des retraites, ne se mobilisent aucunement, et pourtant, pourtant, c’est Marine Le Pen qui marque des points, qui effraie moins, qui pourrait recueillir le torrent du ressentiment. Et jusqu’ici, pas nous…
 

Ces lignes, je les avais écrites avant le meurtre de Nahel à Nanterre, et les révoltes en banlieue. Qui n’ont rien arrangé : l’étau de l’« arc républicain » s’est encore resserré. La gauche est cornérisée, tandis que le Rassemblement national se place au centre du jeu. 
 
Nous devons affronter cet enjeu, droit dans les yeux. 
Je l’énonce, mais sans fatalité. La crise de 1929 a engendré le nazisme en Allemagne, mais le New Deal aux Etats-Unis, et le Front populaire en France. Il n’y a pas de fatalité. Jamais, dans notre pays, l’extrême droite n’est arrivée au pouvoir par les urnes, seulement par la défaite, en 1940, et pas pour écrire une page pleine de gloire. Il n’y a pas de fatalité.

 
L’histoire demeure ce que les hommes et les femmes en font. Elle sera ce que nous en ferons. Il n’y a pas de fatalité. Jamais.

 

https://francoisruffin.fr/je-vous-lavais-bien-ecrit/

 
Au fond, il y a une seule question primordiale. Comment en est-on arrivé là ? À cette dégradation du travail, à ce mal du travail ? Et comment se fait-il que la seule réponse que l’on trouve cohérente, ou qui soit possible à cette dégradation-là, à ce mal-vivre, passe désormais par un refuge dans un vote Rassemblement National ? 

Ce qui est évident dans ce texte, c’est bien la montée d’un mal de vivre au travail. Des salariés qui sortent de la médecine du travail avec des avis d’inaptitude totale ou partielle et que les employeurs licencient sans état d’âme, il y en a énormément. Partout, dans toutes les entreprises. Comme l’écrit Francois Ruffin, comme l’indiquent les syndicalistes qu’il cite. On en connaît tous beaucoup trop. Des proches. Des amis et des amies. Le travail abîme physiquement et psychologiquement. Comment peut-on être aussi mal dans le travail ? 

De la même manière, et là, je ne serais pas en accord avec François Ruffin, mais j’ai cette impression que le sujet de préoccupation première de LFI, c’est la défense de tous ces étrangers, des sans-papiers, des immigrés, des agresseurs et des délinquants, cette petite délinquance que l’on peut considérer naître de la misère et de l’abandon de frange de la population, mais ce n’est pas vrai. On ne peut pas défendre à la fois les travailleurs et les délinquants qui se nourrissent des petites gens.

 
LFI, c’est un rassemblement sans queue ni tête d’extrémistes et de féministes de toute sorte et tout crin. Ou se côtoient à la fois des connards qui préfèrent les droits des animaux aux droits des humains, des spécistes haineux et agressifs, et des ultraféministes qui vouent une haine féroce à tout ce qui porte pantalon et ceinture. 

C’est l’extrémisme de ces gens-là, étrangers, nés ailleurs, aigris contre la République, haineux, vindicatifs, âpres au gain, à tous les droits qu’ils estiment avoir, et qui ne se reconnaissent aucun devoir vis à vis de la République et de la France, qui nourrit cette tripartition que François Ruffin ne comprend pas. 

 
Parce que dans sa démonstration, il oublie une chose : l’amour de la République, l’amour de la France, que cette partie de la population, que tous ces gens-là, ne connaissent probablement pas. Leur France à eux leur doit de l’argent, leur doit une reconnaissance qu’elle ne leur donne pas, leur doit un boulot, leur doit des allocations, des aides, ne doit pas contrôler ou interroger leur identité … Or, s’il y a une chose que François Ruffin fait semblant d’ignorer, c’est que les travailleurs de la classe moyenne, trop riches pour avoir droit à des aides, pour être aidés, et trop pauvres pour pouvoir vivre décemment, pour pouvoir se payer des vacances, ont une fascination pour la République, même si elle ne leur donne rien, mais s’ils ne font que payer. Eux aiment la France.

 
Et c’est bien pour cela qu’ils voteront pour le Rassemblement national, même s’ils savent forcément qu’ils risquent d’être amèrement déçus. Que vaut-il mieux ? Voter pour des gens dont la moindre politique vous insupporte ? Soit parce que cette politique est trop libérale. Ou bien trop favorable à ceux que l’on suppose haïr la France et les français, qui estiment que ceux qui ont quelque chose doivent tout leur donner ?

 
Mais il y a effectivement un diagnostic à poser sur notre société, et sur le travail dans notre société, et sur les puissants dont François Ruffin et moi-même faisons aussi partie. Même si nous ne sommes pas de ces puissants qui écrasent les autres, qui pourrissent le travail des autres. Du moins faut-il l’espérer.

 

 

Saucratès

 


28/02/2024
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Vivons-nous dans une démocratie

Vivons-nous dans une démocratie ? À cette question très simple, les français apportent des réponses disparates. En premier lieu, qu’est-ce avant tout qu’une démocratie ? Si notre modèle est la cité démocratique athénienne des quatrième et cinquième siècles avant notre ère, la réponse à cette question, concernant la France ou l’Europe, sera évidemment NON. Au mieux, nous serions une de ses oligarchies contre lesquelles le peuple athénien se souleva et dont celui-ci condamna à mort ou condamna à l’exil les dirigeants et leurs familles. Dans cette imagerie, le Général de Gaulle correspondrait au législateur Solon mais ses successeurs auraient réduit sa constitution à un artifice dont se sert l’oligarchie pour contrôler le démos et lui faire croire qu’il vit en démocratie.

Il suffit de regarder le Conseil constitutionnel, cette pierre d’angle de la Constitution de la Cinquième République, censé nous protéger de toute législation contraire à la Constitution et attentatoire aux libertés constitutionnelles. 

Et pourtant, qu’avons-nous observé ces dernières années ? Je fais remonter à l’élection de Macron à la Présidence de la Conquieme République la dérive politicienne du Conseil Constitutionnel. Je n’en vois nulle trace avant Macron, nulle trace avant la nomination de l’ex-socialiste Laurent Fabius à la tête de cette institution. Aucune réaction du Conseil Constitutionnel lors de l’exercice massif de psychologie sociale de restriction de liberté de déplacement du confinement obligatoire généralisé. Le gouvernement Macron rétablit un mécanisme d’interdiction total de se déplacer en dehors de zone geographique limitée, à l’image de ce qu’imposa les forces militaires d’occupation nazie, avec obligation de présenter un certificat d’autorisation de déplacement signé … Seule évolution : ce certificat ne devait pas être établi par la Kommandantur ! Un français serait passé directement des années 1942-1943 aux années 2020 qu’il n’aurait pas vu la moindre différence. Tout juste aurait-il noté la différence de couleur des uniformes des forces de sécurité militaire le coursant et l’arrêtant. Et le Conseil Constitutionnel n’a rien contesté !

Lors de l’épisode de la vaccination obligatoire, même constat. Lors d’une première version de l’obligation vaccinale, le Conseil constitutionnel avait tout de même noté que l’obligation vaccinale ne privait pas totalement les non-titulaires du passeport vaccinal de tout droit de se déplacer ou de travailler. Mais lors de la nouvelle version du passeport vaccinal qui privait de tout droit les non-vaccinés, les non-détenteurs de ce passeport vaccinal, il n’y eut plus la moindre contestation de ce même Conseil constitutionnel qui le valida à nouveau. 

Idem lors de la validation par le Conseil constitutionnel de la loi de Réforme des retraites, passée au parlement sans même qu’un vote intervienne tellement le gouvernement était pressé de promulguer cette loi. Et là encore, malgré les attentes du peuple attendant devant le siège de cette instance, protégé comme l’enceinte des voleurs par des milliers de militaires, comme si ce n’était point le lieu où des sages siégeaient, mais simplement des récipiendaires des bienfaits et des cadeaux de la Macronie. Et là encore, le Conseil constitutionnel foula au pied les droits et les libertés des citoyens français pour valider l’oukase de l’habitant du château de l’Elysée.

 

Nouvel affront à la volonté populaire lorsque ce même conseil constitutionnel rejeta toutes les dispositions dont le gouvernement ne voulait pas pour la Loi contre l’immigration. Il apparaît ainsi que les droits des étrangers, des sans-papiers, sont plus importants aux yeux des membres du Conseil constitutionnel que les droits et les libertés publiques des citoyens français. Ou bien que ce Conseil constitutionnel obéit servilement aux attentes du gouvernement et de l’habitant du Château de l’Elysée. 

Tout ceci ressemble-t-il à une démocratie ? La liberté d’opinion et d’informer n’est garantie qu’à ceux qui répandent la parole du gouvernement, qui encensent le gouvernement, qui ne combattent que ceux que l’habitant du Château autorise à combattre. Mais pas une chaîne comme C-News qui a l’outrecuidance d’organiser des débats où les points de vue stupides de LFI ou du gouvernement ne sont pas mis en avant, ne sont pas défendus, ne sont pas représentés. La France n’est pas une démocratie mais une dictature de la pensée, où il faut penser droit, penser juste, penser comme les abrutis qui nous dirigent.

 

Pour certains autres abrutis, la loi SRU serait un texte fondateur, structurant de notre démocratie, un texte qui permettrait aux pauvres et aux voleurs de cohabiter avec les classes moyennes et les riches pour qu’ils puissent plus facilement les cambrioler, les voler, les assassiner. Voilà la démocratie française, où on construit des prisons et des camps de rétention passoires à côté de nos maisons, à côté de nos écoles, pour que ces prisonniers, assassins, migrants islamistes puissent trouver de l’activité et un refuge lorsqu’ils s’échappent de leur prison ou de leur centre de rétention. Comme si l’objectif derrière tout cela était de créer la plus grande anarchie possible pour que les classes moyennes et les riches redeviennent une partie des pauvres, des déclassés, dès sans-classes. Évidemment, les membres de l’oligarchie macroniste ne sont pas concernés. Ils vivront à part, au-dessus, ministres de ceci ou de cela. 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/19/logement-la-loi-sru-fait-partie-des-grands-textes-qui-structurent-notre-democratie_6217316_3232.html

 
La démocratie française n’existe plus. La dictature de la pensée oui. Une dictature de la pensée où toutes les idéologies déviantes sur le sexe, sur la supériorité de l’homosexualité et de la femme sont idéalisées.

 
La dernière cérémonie des Oscars démontre que nous sommes rentrés dans une guerre des sexes qui doit être désormais sans merci. Les féministes l’ont déjà compris et s’attaquent à tous les hommes qu’elles peuvent. Il faut que les hommes se réveillent, qu’ils se défendent eux-aussi, qu’ils écartent de leurs films toute féministe. Mais comment distinguer une femme d’une féministe potentielle. L’égalité des sexes est une supercherie. 90% des femmes qui ont regardé les résultats de la cérémonie des Oscars américains se sont reconnues en Julie Godrèche. 90% des hommes qui l’ont regardé l’ont maudite et l’ont traité de salope. Cette cérémonie et le film de Godrèche n’est pas uniquement politique ou partisan. C’est une déclaration de guerre des sexes dans laquelle les hommes sont réduits au rôle du criminel déjà condamné par la censure féministe.

 

 

Au fond, il n’y a pas une grande différence entre la chasse aux collabos menée en Ukraine et la guerre lancée par les féministes en France et dans le monde depuis les épisodes #meetoo, #balancetonporc.org et Julie Godrèche. Là où le pouvoir ukrainien donne corps aux haines, aux envies, à la jalousie de la populace à l’encontre des maires, instituteurs, prêtres, soldats supposés avoir été des collaborateurs de la Russie poutinienne, le féminisme donne vie à toutes les rancœurs, toutes les haines instrumentalisées par des féministes qui se croient être les louves alpha de la guerre en sourdine menée contre les hommes. 

 

https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/02/20/collabos-l-ukraine-en-guerre-face-a-ses-traitres-sur-arte-l-eternelle-cinquieme-colonne-des-ennemis-de-l-interieur_6217560_3246.html

 

 

«Dans un pays en guerre, il y a les atrocités des combats sur le front. Mais il y a aussi des zones d’ombre à l’arrière, des terrains glissants où se mêlent actes de trahison, délations, règlements de comptes. Où apparaît la figure honnie du « collabo », pour reprendre le terme français datant de l’Occupation.

 

Depuis deux ans, de Kiev au Donbass, la hantise du saboteur, du traître, est une réalité palpable au quotidien. Le pays agressé n’échappe pas à cette autre bataille, menée contre les ennemis de l’intérieur. Dès mars 2022, quelques jours seulement après l’invasion russe, une loi contre la collaboration, voulue par le président Zelensky, a été adoptée – dans une certaine précipitation.

 

Certains de ses articles seraient en contradiction avec les conventions internationales ? Tant pis, le temps presse et la justice doit passer. Sont dans le viseur les informateurs, ceux qui ont fourni aux Russes des indications sur des mouvements de troupes ukrainiennes, les femmes qui ont couché avec l’ennemi. Tout comme celles et ceux qui, dans les villes occupées, sont restés en place à l’école, à la mairie, dans les administrations. Ne pas avoir voulu abandonner ses élèves, par exemple, serait un signe de trahison ? A la justice de faire son travail.

 
Entre esprit de vengeance et Etat de droit, l’équilibre est difficile à trouver. Arrestations sommaires, tortures, les exactions existent et la caméra ne le cache pas. Mais face à l’opinion internationale, l’Ukraine se fait un devoir de prouver qu’elle est bien un Etat de droit. Elle veille donc à ce que les droits des accusés soient, la plupart du temps, respectés.»

 
 
Saucratès


24/02/2024
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