Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Pensées


Nouvelles pensées d’un samedi soir

Nous sommes à nouveau samedi soir. Que dire ? Que raconter ? Il est simple de savoir sur quoi on veut écrire, il est plus difficile de savoir si cela a un intérêt, si cela a un sens, si cela a même une simple cohérence. Et surtout, il est difficile de savoir si on devrait écrire sur ce sujet et dire ce que l’on écrit. Ce doit être aussi difficile, et même beaucoup plus difficile, d’écrire un livre, de raconter une histoire, et de se demander apres chaque page écrite si cela ne fait pas évoluer le personnage, ou tel ou tel personnage, d’une manière qui ne serait pas la bonne. Après, personne ne jugera le personnage, selon la manière dont le narrateur le fera évoluer. Nul ne le jugera selon ce qu’il racontera, fera ou dira. Il s’agit d’un personnage de fiction. Il pourra être antisémite, raciste, assassin, extrémiste, ultra-libéral, que sais-je encore. Au pire, le lecteur pourra abandonner la lecture de son livre si l’évolution du personnage lui déplaît. Mais selon la manière dont le narrateur le présente au fil d’une page, au fil d’un chapitre, c’est toute l’histoire autour de ce personnage qui sera entraînée dans un certain sens, dans une certaine direction. 
 
Zakanf’t qui nous lit peut-être ce soir en sait probablement beaucoup plus que nous sur ce dilemme du narrateur. Elle qui représente justement parfaitement celle que l’on appelle le narrateur.

https://drive.google.com/file/d/1bs5FEqTmKZXoi_19GhygXTk442MSII5a/view

 
Même si le narrateur absolu, celui auquel je pense en prononçant ce mot de Narrateur, comme peut-être certains autres de mes lecteurs, c’est Proust. Proust qui a poussé le principe du narrateur à sa plus haute représentation (j’oublie peut-être Modiano dont j’adore les livres et qui définit parfaitement cette notion de narrateur-personnage, peut-être encore mieux que Proust si c’est possible). Mais derrière chaque personnage, quelque soit le livre, il y a un narrateur. Et demain, il risque d’y avoir une intelligence artificielle.

 

Donc que dire de mes écrits de la semaine dernière. Il y a tellement à dire sur le féminisme, comme sur les hommes, comme sur la violence masculine, comme sur ceux que l’on appelle parfois des héros, ceux qui se dressent face à la violence aveugle, face à la violence terroriste. Alors oui, je trouve problématique que l’on analyse une situation à travers uniquement un seul prisme, une seule définition, une seule interprétation. 
 
En fait, les penseurs, les journalistes, les universitaires féministes se trompent de cible et de théorie. En dépeignant l’homme, elles ne font que reproduire la thèse de Hobbes qui ecrivait des siècles avant que le féminisme soit inventé. L’homme est un loup pour l’homme, et aujourd’hui comme à cette époque ancienne, pour la femme. Mis ce que ces féministes oublient, c’est qu’il y a aussi de rares lions courageux qui affrontent ces loups, qui les combattent, qui se dressent parfois pour s’opposer aux loups. Le plus souvent des anonymes. Et parfois ils meurent aussi, ils échouent à s’opposer victorieusement. Ils n’en demeurent pas moins des lions, même si ces lions meurent sous les armes, sous les crocs des loups. Ce sont des hommes ou des femmes. Et c’est qui me gêne, me répugne dans le féminisme, cette facilité à expliquer le monde comme une opposition entre victimes et bourreaux fonction de leur sexe.
 

Alors oui, comme mon narrateur, je risque d’avoir donné définitivement une image déformée de mon personnage, de moi-même. Aujourd’hui, je souhaitais écrire sur un autre sujet : la laïcité.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/17/l-interdiction-des-signes-religieux-ostentatoires-a-l-ecole-contredit-la-laicite_6228276_3232.html

 

Comme pour l’antisémitisme, comme pour l’opposition entre droite et gauche, je pense qu’il y a de multiples définitions de ce qu’est la laïcité. Il y a évidemment les définitions données par un quelconque haut conseil de laïcité. Il y a tous les laïcards (les partisans d’une laïcité intransigeante et excluante) pour lesquels la laïcité les oppose à tous ceux qui promeuvent l’enseignement privé catholique, alors que moi-même, je pourrais trouver tou aussi inquiétant les écoles coraniques et les lieux d’enseignement musulman comme Avaroes. Mais les laicards étant de gauche et cette gauche-là ayant pour seul adversaire le catholicisme et la droite, l’islam ne peut être un adversaire mais forcément un allié. 
 
Pour ma part, je pense que la laïcité telle qu’elle a été conçue au tout début du vingtième siècle, à une époque où nous vivions sous la loi des curés, n’a plus aucune légitimité, plus aucune valeur aujourd’hui. La laïcité n’a plus lieu d’être aujourd’hui comme dispositif cherchant à isoler l’Etat de la religion catholique.  A un moment quelconque du vingtième siècle, la religion catholique a cessé d’être un adversaire de  l’intelligence collective (mais comment oublier que même dans les temps les plus obscurs de l’humanité, de grands philosophes furent chrétiens comme d’autres furent musulmans), pour devenir un socle de la société, de la même manière que le judaïsme modéré ou l’islam modéré. Et là-dessus, je pense que l’Ile de la Réunion peut éclairer réellement éclairer le monde.

 
Utiliser le principe de la laïcité pour rejeter la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe est une terrible erreur. Une Europe qui se présente comme le cheval de Troie de je ne sais quelle idéologie mortifère et destructrice. Utiliser la laïcité pour interdire des crèches de Noel dans des lieux publics ou des lieux municipaux est une terrible tragédie. La France était la fille aînée de l’Eglise catholique et ce n’est pas parce que nous avons accueillis une forte minorité musulmane que nous devons renier nos racines et notre histoire, même si ces gens-là, mêmes présents depuis des générations, ne se reconnaissent pas dans cette histoire. J’ai vécu au Sénégal une histoire magnifique de royaumes que je ne connaissais pas, des Almoravides et des Almohavides. Et même si ce n’était pas mon histoire à moi, occidental, je l’ai appris et je me souviens toujours de bribes lointaines, plus de quarante à cinquante ans plus tard. Et comme je l’ai déjà dit, cela a nourri mon amour de l’anthropologie. 

 
Pour moi, la laïcité, ou l’interprétation de la laïcité telle qu’elle est utilisée aujourd’hui est une erreur et une abomination. Elle nourrit toutes les velléités séparatistes dans notre beau pays. Et elle ne nous permettra d’ailleurs probablement pas de résister à une prise de pouvoir de l’islamisme comme le raconte l’histoire de «Soumission» de Houellebecq. La laïcité est aujourd’hui pensée par ceux-là même qui préparent le règne de l’islamisme, ou bien par ceux qui cherchent à préserver le rôle de neutralité de l’Etat dans un combat perdu d’avance contre l’islamisme.

 
 

Saucratès 


20/04/2024
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Un dimanche soir ordinaire

Nous sommes donc dimanche soir. Le week-end est bientôt fini et une nouvelle semaine de travail nous attend à nouveau. Je suis sur ma terrasse, devant un feu de bois qui couve dans l’attente de futures grillades. Et je bois une simple bière, seul. Même pas une bonne bouteille de vin. Non, juste une bière, brune évidemment. Des nappes de lumières viennent se mélanger aux nappes de fumées du feu de bois. Ou bien est-ce l’inverse ? Grosse journées de dimanche où j’ai à peu près fait tout ce que je devais faire. Jardinage et plantation. Rangement du linge. Nettoyage. Plein de mon véhicule. J’ai l’impression de n’avoir pas arrêté de travailler et pourtant je n’ai fait que cela !

 

Pour vous parlez de quoi ? En ce dimanche soir ? Sur le supposé dérèglement climatique ? Mais quel impact puis-je en voir ce soir ? La survenue d’un froid froid pour le début de la semaine, qui va amener de la pluie et un peu de fraîcheur ? Probablement que la chaleur que nous vivons en ce milieu de mois de mars a été également ressentie de la même manière à cette époque de l’année, aussi bien au cours de nos jeunes années, il y a des décennies, ou aussi bien par nos prédécesseurs sur cette même île au cours des siècles précédents. 

Si dérèglement climatique, il a l’inconvénient de ne pas être perceptible facilement et quotidiennement par des simples individus au moins sur cette île. Et plus généralement, c’est vrai pour toute l’humanité, quelque soit l’endroit où elle vit, sauf lors de phénomènes climatiques exceptionnels.

 

De quoi donc puis-je donc vous parler ? Pas de la pluie qui commence à tomber et qui va arroser mes nouvelles plantations. La conséquence du front froid qui touche notre département. Front froid de nos tropiques, en plein été indien. Il ne devrait pas malgré tout faire trop froid !

 

Je vais donc vous parler du résultat de la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide contre le peuple palestinien devant la Cour de Justice de la Haye. Si vous êtes comme moi, vous avez probablement entendu parler de cette plainte de l’Afrique du Sud contre Israël, mais vous n’avez jamais entendu parler du jugement lui-même, pourtant rendu le vendredi 26 janvier de cette année. Et pourtant, je lis Le Monde pratiquement tous les jours. Comme si ce jugement intimant l’ordre à Israël de tout faire pour empêcher la survenance d’un génocide en Territoire palestinien, n’avait jamais eu lieu.

 

https://information.tv5monde.com/international/plainte-de-lafrique-du-sud-contre-israel-decision-tres-attendue-de-la-cour

 

Il faut lire plusieurs articles très intéressant du Monde Diplomatique de février 2024 sur ce sujet. « Comment l’Afrique du Sud défend une cause universelle» par Anne-Cécile Robert. «En décembre 2023, l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) contre Israël pour génocide dans la bande de Gaza. Si les chances de voir appliquer d’éventuelles mesures conservatoires ou condamnations sont minces, l’initiative de Pretoria a fait l’effet d’une bombe géopolitique et pourrait modifier le rapport de forces au Proche-Orient.»

 
https://www.monde-diplomatique.fr/2024/02/ROBERT/66557

 

Article évidemment intéressant et riche, détaillant cette plainte et les arguments de Pretoria bien au-delà de ce que tous les médias français en ont donné. Un refus de considérer cette plainte contre Israël que comme une action antisémite, à l’unisson de la position israélienne.

 

Et en ce sens que cet article du Monde Diplomatique de février 2024 prend toute son importance. «Le journalisme français, un danger public», par Serge Halimi et Pierre Rimbert. «Depuis le 7 octobre dernier, les grands médias veillent à l’alignement des planètes autoritaires en France. Leur soutien inconditionnel à Israël s’accompagne de leur diffamation des opinions dissidentes, de leur mise en cause des libertés publiques et de leur chasse aux immigrés. Jusqu’où ira cette guerre idéologique ? Au service de qui 

https://www.monde-diplomatique.fr/2024/02/HALIMI/66560


Le simple fait que Le Monde n’ait pas rendu compte ou n’ait donné aucune visibilité au jugement de la Cour de justice internationale de la Haye considérant qu’Israel est susceptible de commettre un crime génocidaire à Gaza est suffisamment gravissime pour donner raison à Serge Halimi et Pierre Rimbert. Même si cela fait longtemps que moi aussi je l’écris. 

 

Sur ceci, bonne semaine à vous. Et bonne lecture.

 

https://www.zinfos974.com/quelques-reflexions-sur-le-developpement-de-la-reunion/ 

 

 

Saucratès


24/03/2024
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Quel futur pour l’espèce humaine

De quel monstre le présent risque-t-il d’accoucher

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, lundi 13 novembre 2023
 

Il est des moments et des époques qui apparaissent hors du temps, des évènements et des moments devant lesquels on se sent en sidération. Dans quelques décennies ou quelques siècles, lorsque l’on reviendra sur les événements des dernières années et des dernières décennies, les années 2000-2020, j’espère que nos successeurs demeureront sidérés devant la dégradation atroce de notre présent. La lecture des évènements passés permet de mesurer l’aberration de notre présent.

 

Je ne pense pas aux guerres actuelles, de l’Ukraine à Israël et à Gaza. Les décennies et les siècles passés sont remplis de guerres de toute sorte, que l’on pense aux premières et secondes guerres mondiales, et leurs cortèges de millions de morts civils et militaires, aux guerres d’Algérie, d’Indochine puis du Vietnam, de Corée, toujours au vingtième siècle, aux guerres franco-prussiennes, à la guerre de sécession américaines et aux campagnes napoléoniennes du dix-neuvième siècle, à la guerre de cent ans au cours des siècles précédents.

 

Je ne pense pas non plus au climat, à la lutte contre le réchauffement climatique et au supposé égoïsme des générations adultes actuelles que les jeunes ou moins jeunes activistes accusent d’avoir sabordé notre planète (leur planète si on les écoute). 

 

Non, je pense à la déchéance des temps présents, des comportements, où un mot, une phrase, un geste mal interprété ou interprété volontairement à tord donnent lieu à médiatisation, à grossissement, à amplification, à exagération. Je pense aux procès en sorcellerie que des activistes de toute sorte intentent contre toute personne représentant leurs ennemis, à savoir un individu appartenant à la race des hommes blancs, coupables de tous les crimes à leurs yeux.

 

Notre présent est d’abord et avant tout marqué par une judiciarisation et une amplification de plein de petites phrases, de petites actions qui n’honorent personne, et surtout pas ceux qui s’y emploient. Un humoriste comme Guillaume Meurice sanctionné par son employeur d’un avertissement, et que nombre de fâcheux voudraient voir licencier parce qu’il a osé commettre une blague, certes de mauvais goût, sur le premier ministre israélien, en le comparant à un nazi sans prépuce. Je pensais que l’affaire des caricatures et du massacre de Charlie Hebdo avait inscrit dans le marbre le droit à caricaturer, à offenser et à se moquer, même lorsque ces moqueries font mal, blessent, offensent, sont méchantes et odieuses. Si on ne peut pas comparer un dirigeant juif et un dirigeant nazi, si on ne peut pas parler de prépuce, si on ne peut pas plus moquer ou déformer une députée d’origine africaine sur son apparence, et sur ses affinités avec le Hamas, alors on ne peut pas plus se moquer de Dieu, du pape ou du prophète Mahomet. 

 

https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/11/12/guillaume-meurice-plaisante-pour-son-retour-a-l-antenne-la-patronne-de-radio-france-exclut-son-licenciement_6199663_3237.html

 

https://www.marianne.net/societe/medias/caricature-de-daniele-obono-accuse-de-racisme-charlie-hebdo-denonce-la-decheance-morale-de-lfi

 

https://www.lefigaro.fr/politique/lfi-accuse-charlie-hebdo-de-racisme-et-d-antisemitisme-apres-une-caricature-de-daniele-obono-20231020

 

Si on peut aujourd’hui attaquer et sanctionner Guillaume Meurice pour sa blague sur Benyamin Nétanyahou, ou poursuivre Charlie Hebdo pour sa caricature de Daniele Obono, cela ne donne-t-il pas raison aux terroristes islamistes qui se sont attaqués au journal Charlie Hebdo, qui ont massacré ces dessinateurs et les personnes qui se trouvaient dans son bâtiment : Cabut, Wolinski, Charb, Tignous ou Oncle Bernard (Bernard Maris), entre autres ? Leur mort n’a-t-elle donc servi à rien ? On ne peut pas autoriser les caricatures et défendre le droit à caricaturer lorsque les dessins visent Mahomet et la religion musulmane ou catholique, mais l’interdire lorsqu’elles visent des juifs ou une députée d’origine africaine. 

 

https://www.leparisien.fr/faits-divers/attentat-a-charlie-hebdo-qui-sont-les-12-victimes-08-01-2015-4428271.php

 

Le droit à la caricature, à la moquerie, à l’offense, est un droit inaliénable de la liberté d’expression et de l’indépendance journalistique. Si on décide que certaines personnes sont au-dessus de cette loi, qu’ils s’appelent Obono ou Nétanyahou, ou Mahomet, alors nous avons perdu. Pour ma part, j’y crois à ce droit de la caricature, même si je suis beaucoup trop petit, trop insignifiant, trop inconnu pour être concerné par un quelconque risque d’être caricaturé. Ces menaces de poursuites ou ces poursuites sont un signe de la culture de la peur, de la judiciarisation, de la déchéance de notre présent, qui s’effondre devant le conformisme et le culte de toujours plus propre, du toujours plus aseptisé. La déchéance des temps présents se nourrit de la peur des gouvernants de perdre leur poste, leur pouvoir, leur parcelle de pouvoir. Il n’y a plus de courage possible lorsque les puissants et les réseaux sociaux emballés peuvent faire virer n’importe qui n’importe où.

 

Dans le cas présent, la patronne de Radio France ne pouvait pas ne pas sanctionner Guillaume Meurice, même d’une sanction symbolique, sinon c’était elle-même qui risquait de perdre son poste face à l’emballement des réseaux sociaux, face à l’absence de courage politique d’un gouvernement qui aurait pu la démettre de sa responsabilité. Comment le courage peut-il survivre face au manichéisme des passions tristes déchainées des multitudes cachées dans l’anonymat de la masse, de la foule ? Comment le courage peut-il survivre face à un pouvoir politique tout puissant sans repère, sans valeur, sans boussole, sans courage ?

 

De la même manière, un député parlementaire LFI David Guiraud se trouve sous le feu après avoir attribué à Israël les massacres de Sabra et Chatila, qui s’étaient déroulés en 1982 au Liban, alors qu’Israël au pire les a laissé commettre par un groupuscule militaire libanais, sans les empêcher. Aussitôt, ce député est menacé de poursuite pour ‘négationnisme’ par une autre député du parti du Président de la République, ou pour ‘apologie du terrorisme’ par un député LR. Merde, mais le négationnisme n’a rien à voir avec cela. Le négationnisme est en lien avec la négation de l’existence de la solution finale nazie et la remise en cause des camps de la mort et de l’entreprise d’extermination des juifs par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Quel rapport avec les massacres de Sabra et Chatila ? 

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/11/le-depute-lfi-david-guiraud-sous-le-feu-des-critiques-apres-avoir-lie-israel-aux-massacres-de-sabra-et-chatila_6199571_823448.html

 

Là encore, la généralisation à outrance des réseaux sociaux à l’affut du moindre dérapage, de la moindre parole d’un élu, d’un représentant du peuple, fait que le moindre mot peut être interprété, déformé, sorti de son contexte et se retourner contre son auteur. Il ne fait pas bon être un homme public par les temps qui courent.

 

Le monde d’aujourd’hui est le temps de l’hypocrisie, des opinions stéréotypées, lissées, aseptisées. C’est le règne des petits caïds, des grands pontes. Darmanin qui s’attaque aujourd’hui au méchant footballeur Karim Benzema, ou Valls qui s’attaquait hier au non moins abominable Dieudonné (que les médias et les journalistes adorent désigner par son nom complet, Dieudonné M’Balla M’Balla, comme pour mieux nier sa nationalité française). Mais ces médias utilisent-ils leurs vrais noms pour désigner Charb, Tignous, Madonna ou Johny Halliday ? Les poursuites multiples et les condamnations multiples de Dieudonné par les tribunaux, par la justice, par l’ordre judiciaire qui se trouve en la main des puissants, doit-il nous conduire à considérer que ces grands pontes politiques ont raison, ou que le système politique et judiciaire entier participe à cette entreprise de démolition  de Dieudonné ? Le fait que Dieudonné ait pu être condamné en mars 2015 à deux mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme (condamnation confirmée par la cour d’appel de Paris en mai 2016) pour avoir écrit sur sa page Facebook «Je me sens Charlie Coulibaly» fait froid dans le dos ! Evidemment que je me sens toujours «Charlie»! Il s’agit toujours de mon profil sur FaceBook. Bien plus que LFI qui s’attaque aujourd’hui au droit à la caricature de Charlie Hebdo, voire que ce gouvernement qui critique le droit à outrance de Guillaume Meurice. Mais poursuivre et condamner un humoriste pour avoir simplement associer Charlie et le nom d’un terroriste ?

 

A quel point la main mise de ce régime sur notre société est-elle fragile pour que ce régime est besoin de criminaliser et de condamner tous ceux qui se permettent la moindre critique contre le système ?

 

Climat d’exagération. On se rappelle la plainte déposée contre l’écrivain Michel Houellebecq pour quelques paroles retranscrites dans le journal de Michel Onfray sur la communauté musulmane. Ou bien le parfum sulfureux qui traine autour de lui pour avoir écrit son livre ‘Soumission’, que la majeure partie de ses critiques n’a pas dû lire. On peut aussi arrêter un groupe de huit jeunes gens âgés de 11 à 16 ans pour avoir chanté et enregistré dans la ligne 3 du métro parisien une chanson dont les paroles sont bien sûr relativement stupides mais ne constituent pas vraiment une apologie du terrorisme ni de l’antisémitisme : «Nique les juifs et Nique ta mère - Vive la Palestine Ouais Ouais - Nique les juifs et les grands-mères - On est des nazis et fiers». Là encore, c’est certes stupide, mais à quel point ce monde est-il fragile pour s’attaquer et criminaliser ce genre de bravade !

 

https://www.leparisien.fr/faits-divers/video-antisemite-dans-le-metro-parisien-huit-mineurs-de-11-a-16-ans-interpelles-13-11-2023-DFY5GKIJQBALLMGDMPCSVA4MXM.php

 

Pourrait-on un instant se replonger dans les évènements des années 1950 et 1960 pour se permettre de relativiser tous ces monstrueuses abominations qui motivent procès, plaintes, poursuites pénales et étripages. Les intellectuels de cette époque, à cette époque-là, ont écrit bien pire, se sont montrés bien plus acharnés. C’était pourtant une époque que l’on dit coincée, conformiste. D’avant la libération des mœurs, d’avant la réforme du droit de la famille et de la toute-puissance paternelle, du pater familia. Celle du début de la cinquième république, du Général de Gaulle, d’un pouvoir qui corsetait la société. Et pourtant, les expériences de toutes sortes qui y ont été tentées ne pourraient plus aujourd’hui y avoir cours, qu’il s’agisse du mouvement des Situationnistes autour de Guy Debord, des cours de Sartre, Marcuse, Lefebvre, ou même de Foucault. Aujourd’hui, la société occidentale s’est judiciarisée à outrance et se croit autorisé à poursuivre quelqu’un ou quelque chose qui le gêne, qui exprime une idée qui lui déplaît, qui empiéte sur ses droits.

 

Les excès du passé nous renseigne aussi sur ce qui nous attend dans le futur, dans quelques années d’ici. Je pense notamment notamment aux excès de la Révolution culturelle de Mao Tse Toung et des gardes rouges. À l’acharnement dont ils firent preuve contre les mandarins de leur époque. Je pense aux excès du mouvement estudiantin de mai 68, des enseignants pris à partie par les etudiants à Nanterre ou sur les campus américains, parce qu’ils étaient trop vieux, trop mandarins, trop blancs. Je pense aux excès actuels dès mouvements #metoo, #balancetonporc.org ou #blacklivematter et je sais que bien pire que cela nous attend encore. 
 

Pour donner une idée des exagérations de la période de mai 68, je me réfère à Michel Onfray dans ‘L’autre pensée 68’ :

 

«… en juillet 1968, lors du festival d’Avignon … Jean Vilar, l’acteur de la démocratisation du savoir et de l’éducation populaire que l’on sait, se fait prendre à partie par des jeunes qui, chaque jour, chaque soir, dans tous les endroits, le menacent, l’agressent et scandent ‘Vilar, Béjart, Salazar’ - autrement dit salissent son nom en l’associant au dictateur fasciste portugais … Après le festival, Jean Vilar part se reposer à Sète - il est victime d’un infarctus.» (page 210-211)

 

«… en avril 1969, Paul Ricœur devient le doyen de l’Université de Nanterre. Des étudiants maoïstes viennent le chercher dans son bureau, le traînent devant les leurs où il subit un procès révolutionnaire en règle : l’accusation lui demande de justifier ce qui l’autorise à être professeur, à donner des cours. Humilié, il répond avec calme. L’année suivante, des graffitis insultants recouvrent les murs, des pamphlets circulent sur son compte, on lui crache au visage, une vingtaine d’étudiants le poursuivent et lui renversent une poubelle sur la tête …» (page 211)

 

«… Adorno, incontestable philosophe de gauche, eut lui aussi à rencontrer cette violence contre sa personne. Il avait assuré les étudiants de son soutien, souscrivait à l’idée d’un changement radical dans l’université, critiquait les hiérarchies autoritaires, dénonçait la nature répressive du code pénal en matière de liberté sexuelle. L’auteur du ‘Jargon de l’authenticité’ devait faire une conférence sur le classicisme de Goethe à l’université libre de Berlin. Un groupe d’étudiants gauchistes s’approche de l’estrade et déroule une banderole puis lui reproche de recourir à une formule d’Horkheimer, lui aussi philosophe de gauche, qui parlait du danger de l’activisme violent des étudiants qui risquait de tourner au fascisme de gauche …» (page 211-212)

 

Ce qui se prépare est une radicalisation encore plus grande des mouvements activistes de toute sorte, écologiques, antiracistes et féministes, qui risquent de s’enhardir toujours plus jusqu’à copier certains des pires mouvements fascistes de l’histoire, que ce soit sur le modèle de la Révolution culturelle chinoise, des Camps de redressement de Pol Pot, de Staline, d’Hitler ou de Mao Tse Toung. On se prépare des procès culturels des grands dirigeants des entreprises polluantes ou juste capitalistes, qui seront contraints à faire pénitence, à faire leur autocritique puis à payer leurs crimes, des procès culturels des hommes blancs qui seront poursuivis pour avoir profité de leur statut privilégié de mâle au détriment des femmes, contraints également de faire leur autocritique. 

Si l’humanité survit à cette épisode d’obscurantisme qui nous attend, j’espère que les générations du futur sauront juger à sa vraie valeur la noirceur de notre époque actuelle et les monstres qui auront permis son avènement. 

 

 
Saucratès


13/11/2023
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Le monde est mort

https://static.blog4ever.com/2019/10/854084/B2D5F95C-E8C1-47D4-A5AC-018588834134.jpeg


Sous prétexte que l’Histoire a accouché de l’horreur et de l’Abomination, il y a de cela plus de soixante-quinze ans, nous nous cachons désormais derrière la peur de toute chose, derrière la dénonciation de tout acte dont quelque victime pourrait s’offenser, derrière la pénalisation à outrance de toute pensée différente.

 

Mais il n’en a pas toujours été de même. Mais aujourd’hui le monde est mort. Notre civilisation est morte. La France est morte. Et nous avons désormais droit à des hommes et des femmes microscopiques, aux ambitions pichrolinesques. Est-ce ce que nous méritons ? Ou bien pourquoi sont-ce aujourd’hui et hier ces seuls nains qui gouvernent la France ? Et non plus des géants ? Rappelons-nous :

 

• Ainsi Manuel Valls qui interdit les spectacles de Dieudonné pour antisémitisme. Manuels Valls, hier socialiste en 2012 et cinq ans plus tard, dès 2017, macroniste, sans oublier son départ en Espagne pour y faire une carrière politique. Tel un capitaine quittant en premier son navire en train de sombrer.

• Ainsi les macronistes, socialistes, écologistes et droitistes de tout bord d’aujourd’hui, qui font condamner pénalement toute personne qui ne condamne pas suffisamment vigoureusement et éloquemment les attaques du Hamas et ne les traitent pas de terroristes, de monstres abominables, d’animaux. Ou pire, osent les considérer comme des résistants ! L’apologie du terrorisme, cette accusation si utile pour museler les oppositions ou les opposants !

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/20/l-arrestation-de-responsables-de-la-cgt-pour-apologie-du-terrorisme-suscite-l-indignation-de-la-gauche_6195673_823448.html 

 

• Ainsi Gérald Darmanin en 2023 qui s’invente un nouvel ennemi en la personne d’un footballeur français, Karim Benzema, qui s’est expatrié au Quatar, qui serait selon lui proche des Frères musulmans. Le simple fait d’être proche de quelque chose, hormis du jupitérien Macron, n’est-il pas d’ailleurs aujourd’hui un crime à ses yeux ?

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/19/gerald-darmanin-lie-karim-benzema-aux-freres-musulmans-le-ballon-d-or-envisage-de-porter-plainte_6195369_823448.html

 

• Ainsi LFI, Mélenchon et Obono qui en oublient les libertés fondamentales de la France, à savoir de la liberté de presse, de la liberté d’expression, de la liberté de caricaturer, dont ils se réclament pourtant les premiers lorsque cela les arrange, et qui s’offusque d’une caricature de Charlie Hebdo sur Obono, en parlant de racisme et d’antisémitisme. Mélenchon et Obono donnent ainsi raison à leurs détracteurs qui les accusent d’avoir basculé dans le camp islamiste en rejetant le droit de Charlie Hebdo de caricaturer, en estimant qu’il y a des Êtres que l’on ne peut pas caricaturer : hier le Prophète et aujourd’hui Obono. Comment fallait-il donc dessiner Obono ? Un nez aquilin, de grands cheveux blonds, des lèvres fines, un type méditerranéen ou nordique ? 

https://www.lefigaro.fr/politique/lfi-accuse-charlie-hebdo-de-racisme-et-d-antisemitisme-apres-une-caricature-de-daniele-obono-20231020

 

• Ces centaines de saisines des services des procureurs de la république en France à l’encontre de jeunes, d’enfants, qui ont exprimés des positions, des phrases que le gouvernement considère comme de l’apologie du terrorisme. Mais il ne s’agit que de jeunes ! Et même si certains jeunes d’une vingtaine d’années prennent des couteaux pour tuer des enseignants, la jeunesse est aussi le temps de l’opposition à la pensée unique. Mais il est des pensées uniques auxquelles il est très mauvais de s’opposer. 

 

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque-au-couteau-dans-un-lycee-a-arras/attentat-a-arras-179-saisines-du-procureur-de-la-republique-pour-des-incidents-lors-de-l-hommage-a-dominique-bernard_6128067.html

 

Ce monde est-il sérieux ? L’art, la jeunesse, la pensée ne peuvent être corsetées derrière des miradors, derrière des tranchées, derrière des menaces. A-t-on oublié ce qu’écrivait André Breton en 1929 dans le Second manifeste du Surréalisme :

 

«L’acte surréaliste le plus simple consiste, révolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule.»

 

Evidemment, de nos jours, André Breton serait l’ennemi public numéro un de tout politicien et tout ministre qui se respecterait. Mieux que Benzema, Dieudonné ou Coupat. La moindre de ses amitiés, le moindre de ses écrits antérieurs, le moindre de ses SMS auraient été dépecés et pour peu qu’il ait montré la moindre accointance avec l’islam, il serait embastillé voire fusillé d’office. 

Le monde est mort. L’art est désormais sommé d’être neutre, sans aucune aspérité, sans la moindre chose qui puisse offenser une quelconque victime, au risque d’être réécrit, corrigé, masqué ou interdit de publication. Il est normal que ces jeunes se révoltent ou basculent dans la violence. Dans une société qui interdit toute forme de révolte et de remise en cause des certitudes, hormis celle autorisée par l’ETAT, par Macron, Borne, Darmanin et son gouvernement aujourd’hui, Hollande et Valls hier, Sarkozy et Alliot-Marie avant-hier, et le reste de la classe politique, ces jeunes ne peuvent parfois trouver un échappatoire que dans ces idéologies mortifères que sont le djihâd islamique, le terrorisme ou bien dans les émeutes de banlieue. 

Il faut rendre à l’art, à la littérature, aux mots, leur insouciance et leur liberté. Qu’ils cessent d’être corsetés par les bonnes mœurs, les accusations d’apologie du terrorisme, les plaintes pour racisme ou antisémitisme, les plaintes pour diffamation ou pour blasphème.


Je suis Charlie ! Saucratès


22/10/2023
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Pensées d’un soir

Le monde va abominablement mal

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, jeudi 19 octobre 2023

 

Je pense qu’il est faux de considérer que la civilisation progresse en cours des années récentes. Je ne parle pas seulement de la guerre en Ukraine, des attaques terroristes du Hamas en Israël, de la riposte démesurée et disproportionnée d’Israël sur la bande de Gaza. Le monde va selon moi beaucoup plus mal que lors des décennies de la guerre froide. Il revient peu à peu à la barbarie des années 1930-1945. Le gouffre n’est plus très loin.

 

Il semble ainsi que l’Ukraine se glorifie de l’empoisonnement et de l’assassinat de soldats russes dans des hôpitaux ukrainiens en zone ukrainienne occupée (dans la ville de Marioupoul), et que le pouvoir ukrainien se réjouit de pouvoir rassurer la population ukrainienne sur le fait que les courageux assassins étaient en sécurité à l’abri en territoire ukrainien. L’Ukraine et Zelensky se féliciteraient donc de tuer des soldats ennemis dans des hôpitaux, au mépris de tous les serments d’Hippocrate de la médecine antique et moderne ! On peut donc tuer dans des hôpitaux, ou bien les bombarder, et cela devient des actes héroïques si on fait partie du bon côté des vainqueurs, du côté du camp des gentils !

 

https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/plus-de-40-soldats-russes-empoisonn%C3%A9s-par-des-sympathisants-de-kiev/ar-AA1il3X6

 

C’est tellement gros et gravissime que je crains un canular ou un Hoax des russes. Mais cela peut aussi être vrai car l’empoisonnement des soldats russes semble devenir une habitude de résistance glorifiée en Ukraine. Mais si c’est vrai … Ce serait un terrible recul civilisationnel. Si c’était les russes qui le faisait, on parlerait à nouveau de crimes de guerre et de nouveau mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre de Poutine. Mais il s’agit ici de Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky le sauveur, le courageux de la combattant de la liberté.

 

La remise en cause de toutes les formes d’immunités par le camp des gentils dans ces guerres est également particulièrement inquiétante. Immunité internationale entre dirigeants du monde. Immunité parlementaire en France.

 

Ainsi la député Insoumise Danièle Obono va être poursuivie pour avoir qualifié le Hamas de mouvement de résistance, en dépit de cette immunité parlementaire. Le gouvernement, les autres partis politiques portent plainte de la même manière contre des députés Insoumis qui n’ont pas condamné suffisamment vigoureusement les attaques terroristes du Hamas et veulent les voir perdre leur mandat parlementaire.

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/18/daniele-obono-qualifie-le-hamas-de-mouvement-de-resistance-gerald-darmanin-saisit-la-justice-pour-apologie-du-terrorisme_6195084_823448.html

 

Je n’aime pas Danièle Obono ni les Insoumis en général. Mais ces élus sont des représentants du peuple démocratiquement élus et on ne peut pas les poursuivre et chercher à les faire condamner en remettant en cause leur liberté d’opinion et de parole dans une supposée démocratie. Car si eux sont baillonnés, si eux n’ont pas le droit de s’exprimer librement, comment nous, humbles citoyens, pourrons-nous continuer à en bénéficier également. Drôle de démocratie dans laquelle nous basculons peu à peu, qui affiche tous les attributs d’une dictature !

 

Le combat de propagande ukrainienne est également à l’origine du mandat international d’amener pour crime de guerre contre Vladimir Poutine. Cela faisait des mois que Zelensky cherchait à faire poursuivre Poutine pour crime de guerre, pour les attaques russes de l’Ukraine, pour les assassinats de civils. Puis il a trouvé cette histoire d’enfants ukrainiens transportés en Russie pour permettre au camp des gentils d’émettre un mandat d’arrêt international contre Poutine.

 

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230318-mandat-de-la-cpi-contre-poutine-c-est-un-message-fort-de-la-cour-contre-l-impunit%C3%A9-des-puissants

https://www.lessurligneurs.eu/tribunal-special-charge-de-poursuivre-le-crime-dagression-contre-lukraine-pourquoi-les-tribunaux-internationaux-deja-existants-ne-peuvent-etre-saisis/

 

Pourtant le droit international repose in fine sur le principe de l’immunité absolue accordée aux dirigeants étrangers. C’est une constante des relations internationales en Europe depuis le dix-huitième siècle. On en revient aux pires années du moyen-âge européen, aux années 1300 à 1500 dans l’histoire européenne. Epoque où les souverains des états étrangers ne se rencontraient qu’aux bordures de leurs royaumes, ou bien s’échangeaient des otages royaux avant de se déplacer ou de se rencontrer. C’est un retour de six siècles en arrière, au bénéfice du camp du Bien, du camp des gentils.

 

https://www.courrierinternational.com/article/amitie-mandat-d-arret-de-la-cpi-contre-poutine-pekin-invoque-l-immunite-des-chefs-d-etat

 

Comparées aux années de guerre froide, lorsque deux blocs s’affrontaient, les années 2020 paraissent bien sombres. Il y a cinquante ans, dans un contexte tout aussi dangereux et pesant, il y avait pu y avoir la conférence d’Helsinki à compter du 18 septembre 1973, pour parler de la sécurité et de la coopération en Europe. Ces années 1973 sont bien loin. Désormais, les conférences veulent se faire sans la Russie, sans les fâcheux, sans les ennemis, sans ceux qui pensent mal. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, on dépeint les ennemis comme des animaux, comme des monstres sanguinaires, comme des sous-hommes. Les années 1970 sont bien loin. Aujourd’hui, les artistes (mais aussi les sportifs) russes, biélorusses,  burkinabé, maliens, sont interdits d’expositions (et aussi de compétitions) en France et partout dans le monde, à rebours de toutes les avancées engagées sous l’égide de l’UNESCO à partir de 1956. Quel retour en arrière sous l’égide du combat contre le MAL.

 

Existe-t-il réellement un camp du BIEN et en fait-on partie ? Le fait d’organiser des élections supposément libres est-il suffisant pour être catalogué du côté du BIEN ? Elections libres qui doivent permettre d’élire des dirigeants libéraux. Mais gare s’il s’agit de populistes et d’extrêmistes de droite ! Evidemment, en face, le camp du MAL a regroupé les pires dictatures, l’Irak de Saddam Hussein, l’Iran des Gardiens de la Révolution, la Corée du Nord, la Russie, Cuba, le Vénézuela … Evidemment, le camp du BIEN s’est appelé précédemment le monde libre. ‘Libre’ comme la liberté d’expression vraisemblablement, comme la liberté de presse …

 

Mais s’agit-il encore de liberté de presse, ou d’obligation de suivre l’opinion majoritaire ? Imagine-t-on le sort du média qui oserait titrer sur le Hamas comme mouvement de résistance à Israël ? Imagine-t-on un journal qui oserait appeler à soutenir la Russie contre l’Ukraine, qui enquêterait à charge contre Zelensky le sauveur, Zelensky le héros national, celui qui passe son temps à l’étranger à rencontrer les grands du monde libre, qui court les conférences internationales.

 

Le monde pourrait encore aller beaucoup moins bien. Une guerre se rapproche et un apocalypse nucléaire n’est plus à ignorer. Je ne suis pas sûr que nous ayons les bons dirigeants pour l’éviter, que ce soit dans le camp du ‘BIEN’ ou dans celui du ‘MAL’.

 

 

Saucratès


19/10/2023
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