Critiques de notre temps

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Généralités


Inquiétant regain du masculinisme ou inquiétante montée du féminisme

Et si la question n’était pas tant l’inquiétant regain du masculinisme que l’inquiétante montée du féminisme ?

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, lundi 15 avril 2024

 
J’ai évidemment de nombreuses similitudes de point de vue avec les masculinistes. Comme eux, je me sens en permanence agressé par les multitudes de plaintes émanant de femmes contre des hommes publics ou connus, célèbres. Sauf à être homosexuel, il devient dangereux de devenir ou d’être célèbre ou publiquement connu. Probablement parce que les plaintes pour agression sexuelle sont les seules plaintes pour lesquelles il n’existe aucune présomption d’innocence. Vous voulez la peau de quelqu’un, faites en sorte que quelqu’un porte plainte pour agression sexuelle. De la même manière qu’en entreprise, il suffit de faire en sorte que quelqu’un porte plainte pour harcèlement moral. Le licencie assuré sauf si c’est contre le patron lui-même !

 

Comme les masculinistes, je me suis senti agressé par #meetoo et par #balancetonporc.org. Ce climat de délation généralisée, qui se pense ou se comprend comme une justice enfin offerte aux femmes victimes des violences sexuelles des hommes, mais qui n’a aucun attribut de la justice. Ni procès équitable, ni droit d’être défendu par un avocat, ni présomption d’innocence. S‘il s’agit effectivement d’une justice, c’est d’une justice de femmes, une justice féministe, où la peine prononcée est connue dès l’ouverture du procès médiatique, la culpabilité évidente dès que la plaignante s’exprime, où seule la parole des femmes comptent, et la mort du condamné automatique, indispensable. Une véritable société matriarcale en somme.

 

Comme les masculinistes, je ne pense pas seulement que l’on «s’acharne sur les hommes» mais que les féministes de toutes sortes veulent nous éradiquer, nous les hommes. 

 
«A partir de données de plus d’une vingtaine de pays, un article du Financial Times a mis en évidence la progression, depuis six ans, d’un fossé idéologique de 30 points environ entre les filles et les garçons de la génération Z, notamment sur les questions d’égalité.

 

La France n’est pas épargnée par cet inquiétant phénomène. L’alerte a été donnée en janvier par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Les résultats de son Baromètre annuel du sexisme rapportent, là aussi, un écart de près de 30 points entre les femmes et les hommes de moins de 35 ans, sur la perception des inégalités dans la famille (28 points) comme dans la rue ou les transports (27 points). Le clivage se confirme et se polarise, s’alarment les auteurs du rapport, qui constatent que plus l’engagement en faveur de femmes s’exprime dans le débat public, plus la résistance s’organise. Ils s’inquiètent notamment de la progression des réflexes masculinistes et comportements machistes chez les jeunes hommes adultes : 28 % des 25-34 ans estiment que les hommes sont davantage faits pour être patrons (contre 9 % des 50-64 ans) ; 52 % pensent qu’on s’acharne sur les hommes.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/12/l-inquietant-regain-du-masculinisme-cette-pensee-reactionnaire-aux-origines-millenaires_6227457_3232.html

 

Je n’étais pas supposé évoluer de cette manière. J’ai toujours défendu l’égalité des sexes entre les hommes et les femmes, ou entre les femmes ou les hommes comme il faut désormais l’écrire. Et c’est vraisemblablement là où réside le problème, si l’on ne reconnaît qu’une façon de dire les choses pour être un bon défenseur de l’égalité des sexes. 
 
J’adore mon épouse et j’ai toujours eu pour principe de partager toutes les tâches ménagères, ou plutôt de vivre dans un équilibre où chacun participe. Je n’ai aucun problème avec l’égalité des salaires entre hommes et femmes, ayant longtemps milité pour une telle égalité en entreprises.
 
Bon évidemment, pour suivre les points évoqués par le Haut conseil à l’égalité, je me suis fait à l’idée de toujours payer les additions, que l’homme doit défendre la femme, même si j’abandonne plaisamment l’idée de la galanterie puisque c’est antinomique avec l’égalité des sexes. Surtout, je sais que les mères ou les femmes peuvent être aussi facilement des dragons que les hommes, peuvent dominer ou écraser leurs conjoints ou leurs enfants. Ce n’est pas le sexe qui compte mais le comportement de chacun et chacune. Et l’éducation reçue, le travail psychologique réalisé sur soi, sur ses propres déviances, sur ses propres démons.
 
Non, mon seul problème, c’est le féminisme agressif, c’est cette agressivité féministe cherchant à rendre responsable les hommes de tous les malheurs qui tombent sur certaines femmes. Cette explication si simple à leur situation personnelle ou professionnelle dont elles rendent responsables le sexisme de la société et des hommes qui les entourent. 

 
La cause de ma bascule dans le masculinisme, c’est #meetoo, c’est #balancetonporc.org, c’est toutes les affaires successives qui éclaboussent un par un tous les hommes un tant soit peu célèbres ou connus. 
 
Et si le problème n’était pas le masculinisme mais le féminisme ? Mais si les médias comme Le Monde, comme la majeure partie des journalistes télévisés ou de presse écrite, n’étaient pas essentiellement composés de femmes, peut-être qu’une autre opinion médiatique pourrait émerger dans les médias. Elles ont déjà gagné la guerre en France. Et ceux qui osent le contester sont attaqués judiciairement ou considérés comme des masculinistes.

 
M’est-il possible de dire réellement que le seul problème est le féminisme ? Non. Les femmes sont régulièrement victimes d’agression sexuelle au cours de leur vie, ce qui n’est pas le cas des hommes. Elles seront aussi plus fréquemment victimes de commentaires misogynes au cours de leur vie professionnelle, à la différence des hommes. Tout ceci n’est pas contestable. Je me réjouis même d’avoir des fils plutôt que des filles, parce que j’aurais peur pour elles dès lors qu’elles devraient sortir. Un garçon n’a qu’à craindre un détraqué sexuel. Une fille doit craindre potentiellement tous les hommes qu’elle croise. Tout est plus dangereux pour une femme, comme par exemple une simple ballade en montagne ou au bord de la mer. 
 
Mais le féminisme est aujourd’hui allé trop loin, dans sa rage contre les hommes. Une femme âgée peut se trouver avec de jeunes hommes sans jugement négatif. Un homme âgé avec de jeunes femmes est un sale pervers et il est immédiatement considéré comme ayant abusé d’elles et elles seront incitées à porter plainte, à se plaindre d’agressions sexuelles et d’emprises. #meetoo et #balancetonporc.org sont allés beaucoup trop loin pour que je me sente encore le moins du monde féministe.
 
Même les lois sur la parité en matière électorale et politique vont également trop loin. Et pourquoi ne pas imposer des listes sur lesquelles on trouvera un ouvrier, une ouvrière, un paysan, une paysanne (au SMIC maximum), un cadre et une cadre, un enseignant et une enseignante, une infirmière et un infirmier ? Pourquoi prioriser la représentation des genres sexuels (bientôt il faudra aussi des binaires, des transsexuels, des homosexuels et des homosexuelles) et pourquoi ne pas prioriser l’appartenance à la catégorie sociale des gens qui font les lois ou qui nous gouvernent ? Ou bien leur appartenance à des classes d’âge ? Moins de 30 ans, de 30 ans à 49 ans, plus de 50 ans ? Parce que ce serait une énorme usine à gaz ? Mais c’est déjà une énorme usine à gaz électorale.

 
Comment et de quelles manières les féministes ont-elles réussi à faire accepter, à faire considérer, que l’appartenance à un milieu social ou à une classe d’âge n’avait aucune importance, que cela n’influait en aucune façon sur les lois ou les règlements qui étaient votés ou mis en œuvre, mais que le sexe des élus avait par contre une énorme importance et qu’il fallait une parité, ou une majorité de femmes, pour que les lois soient bien votées ou le gouvernement bien géré ? Si les uns ou les autres n’ont supposément aucune importance, alors que pourtant, les jeunes, les ouvriers sont très mal représentés au parlement ou dans les échelons communaux ou régionaux, il n’y a aucune raison que le sexe ait plus d’importance. Si ce n’est pour plaire à une obligation de féminisme auquel nous sommes tous contraints d’obéir. Même moi puisque cet article sera taxé de sexisme et d’anti féminisme puisque je n’y respecte pas l’obligation de saluer le féminisme.

 
 
Saucratès


15/04/2024
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Rebelles Houthistes vs naufrageurs bretons des temps anciens

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, dimanche 14 janvier 2024

 
Les attaques navales du mouvement des rebelles Houthistes yéménites peuvent-ils être comparés aux agissements des siècles passés des naufrageurs bretons de la pointe finistérienne? Et la riposte des armées américaines et britanniques est-elle légitime et proportionnée?

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/13/les-medias-houthistes-annoncent-de-nouvelles-frappes-sur-le-yemen_6210545_3211.html

 

Evidemment, il nous a raconté depuis plusieurs mois que les rebelles Houthistes yéménites mettent en danger le commerce international en attaquant des navires en Mer rouge. Les compagnies maritimes et leurs assureurs (dont vraisemblablement la Lloyd de Londres) se plaignent des nuisances de ces attaques et des pertes financières dues aux attaques ou aux changements de route maritime qui les obligent à passer par le Cap de Bonne Espérance, au Sud du continent africain, avec des pertes de temps (quinze jours de délai de route supplémentaire) et un coût en carburant supplémentaire. 
 
Mais une intervention militaire pour défendre les intérêts de compagnies internationales de transport maritime et d’assurance revêt-elle une légitimité suffisante ? La privatisation des moyens militaires navaux et aériens américains et britanniques releve-t-elle de la légalité ? Si j’ai un problème avec un paysan yéménite, malgache ou mexicain, à partir de quel moment est-ce que je peux avoir l’appui des forces militaires américaines ou britanniques ? Cela dépend-il de ma richesse ? Ou bien faut-il que je sois une grande compagnie navale et que je puisse faire croire que les attaques me visant mettent en danger le commerce international dans son ensemble ?

 

Reprenons mon exemple des naufrageurs bretons des siècles passés. En temps que breton, mon enfance et mes lectures ont été bercées par les récits des naufrageurs appartenant au passé, par temps de brume ou par temps de tempête. 

 

«La légende rapporte que, dans des temps reculés, il y avait en Bretagne des peuples terriblement cruels. Ils étaient si pauvres qu'ils allumaient, dit-on, des feux sur le sentier des douaniers pour tromper les navires et provoquer leur perte. Lorsque ceux-ci coulaient, ils tuaient, dit-on, d'une mort atroce tous les éventuels survivants et rejetaient leurs cadavres à la mer pour mieux s'approprier leurs biens.»

 

http://www.wiki-brest.net/index.php/Naufrageurs-et-pilleurs-d’épaves# 

 
Ce site signale néanmoins que ces récits de naufrageurs ne sont pas attestés historiquement, mais que de très nombreux naufrages se sont produits sur les côtes bretonnes. 
Mais «il faut croire que cette légende était particulièrement bien ancrée, puisque la Grande Ordonnance de la Marine, décrétée par Colbert en Août 1681, aborde cette question, au Titre IX, article 45 qui traite des naufrages, bris et échouements : ceux qui allumeront la nuit des feux trompeurs sur les grèves de la mer et dans les lieux périlleux pour y attirer et faire perdre les navires seront aussi punis de mort et leur corps attaché à un mât planté aux lieux où ils auront fait leur feu».

 

Ce site donne aussi quelques récits de pillages de navires naufragés.

 

«Ces regroupements tournaient régulièrement, lorsque de l'alcool était trouvé, en énorme beuverie ! Paul Cornec décrit les pillages au Cap Sizun : La mise en perce des barriques, futailles et autres pipes préside à la triste litanie des naufrages. Si certains futs sont emportés intacts, beaucoup sont enfoncés sur place et aussitôt consommés sans modération. Plus près de nous, en 1903, le naufrage du Vesper est relaté avec force détails par la presse locale. Une dizaine de fûts furent mis en perce. [...] Pour le soir, tout le monde était gai et des rondes s'organisèrent autour des barriques sérieusement entamées. Deux bateaux, dont les patrons avaient trop fait la noce, se brisèrent sur les rochers. Les riverains se ruèrent sur les tonneaux et les défoncèrent. Les hommes et les femmes ivres dansaient autour des tonneaux. Une femme de Plouguerneau buvant dans un fût y tomba et faillit se noyer. [...] Bref, toute la contrée se grisa pendant huit jours.»

 
En terme de fréquence également, on ne combat pas dans la même catégorie avec les rebelles Houthistes yéménites. On parle de centaines de naufrages et non pas de quelques attaques. Selon le site :

 

«Entre 1700 et 1792, le trafic colonial nantais a subit pas moins de 232 naufrages, soit 3 par an, rien que pour ce secteur ! L'amirauté de Cornouaille en recense, quant à elle, entre 1720 et 1790, 37 naufrages sur l'île de Sein, 37 naufragés à Penmarc'h, 26 naufragés sur les îles des Glénans...»

 

Autre description datant de février 1795 par Jacques Cambry pour les autorités révolutionnaires françaises.

 

«La baye d’Audierne forme un arc dont les extrémités sont la pointe de Penmarck et le Bec-du-Raz ; malheur aux navigateurs qu’un vent affale sur ces côtes hérissées de rochers. Sans un miracle, sans une faute de vent très rare, il est dans l’impossibilité de se relever, il faut périr ; le pilote qui de la côte voit les inutiles efforts des matelots, indique avec précision l’heure du naufrage : l’honnête homme palpite à la vue du danger, l’impitoyable habitant de ses rives s’arme de crocs, de cordes, va se cacher dans les rochers pour y saisir ce que la mer transportera sur le rivage ; il attend sa proie accroupi pour échapper à l’œil des surveillants. Jadis il assommoit le malheureux qui lui tendoit les bras, en échappant au courroux des flots, il l’enterroit et le dépouilloit sans pitié ; il est plus humain à présent, il accorde la vie, il ne tue que rarement, mais il vole… Peignez-vous la position de ces hommes et de ces furies qui, la nuit, l’hyver surtout, au moment des orages, cachés dans les enfoncements du rivage, l’œil tendu vers les flots, attendent les dons de la mer avec l’avidité d’un tygre. Dans les temps reculé, ils pendoient un fanal à la tête d’une vache, pour attirer les vaisseaux éloignés, trompés par le mouvement de ces animaux, et par ces feux qu’ils croyoient pouvoir suivre.»

 

https://audierne.info/les-pilleurs-depave-du-cap-sizun-mythe-ou-realite/

 
«Situées sur des routes commerciales en pleine expansion au 18e siècle, les côtes du Cap-Sizun constituent un véritable piège pour les nombreux vaisseaux marchands qui remontent du Sud de l’Europe vers les havres nordiques. Les statistiques des archives de l’ Amirauté de Cornouaille révèlent en effet que les quatre cinquièmes des navires naufragés se dirigeaient ainsi du Sud vers le Nord. Abordant les atterrages de la péninsule armoricaine, les bateaux naviguant à vue des côtes tentent de gagner le large pour doubler la pointe de Penmarc’h. Mais, lourdement chargés et peu manœuvrant, ils sont régulièrement drossés sur les falaises du Cap-Sizun par la puissance des vents d’Ouest dominants, qui balayent la baie d’Audierne.»

 

«Les archives de l’Amirauté de Cornouaille font état de la présence de centaines, voire de milliers de pilleurs sur le site de certains naufrages, à Plouhinec, Plogoff ou Sein ! Ici, sur ces rivages des tempêtes, les noms de navires ainsi sacrifiés sur l’autel de la misère capiste hantent encore la mémoire collective : Le Parker, La Catherine, Le Don de Dieu Suzanne.» Notamment le naufrage et le pillage qui s’ensuivit de ‘La Catherine’, le 17 octobre 1719, à la célèbre et terrible Baie des Trépassés, au Cap Sizun. 
 

Si nous avions été à notre époque, pourrait-on imaginer le même type de réponses militaires contre les habitants bretons du Cap Sizun que contre les rebelles Houthistes yéménites ? Aurait-on pu imaginer que les forces aériennes et navales anglo-saxonnes puissent bombarder les côtes et les villages bretons, pour punir les naufrageurs bretons qui mettaient en danger une route commerciale majeure de l’époque et naufrageaient des navires commerciaux ? Aurait-on pu imaginer les armateurs maritimes de l’époque se plaindre à l’amirauté britannique de ces pillages et de ses naufrages et lui demander d’envoyer une force navale pour canonner les villages et les villes côtières d’Audierne et de sa région au Cap Sizun ?

 
Cette comparaison historique permet de souligner l’absurdité de la réponse militaire américaine et britannique aux attaques des rebelles Houthistes yéménites et la disproportion des bombardements anglo-saxons sur des cibles Houthistes. Tout cela pour protéger les navires des grandes compagnies maritimes occidentales ou anglo-saxonnes et défendre les intérêts des compagnies d’assurances anglo-saxonnes … Disproportion des moyens d’hier et d’aujourd’hui, et disproportion des réactions populistes des États militaires d’aujourd’hui. Autrefois, on profitait et on pillait des vaisseaux naufragés drossés sur les côtes déchiquetées. Certains naufrageurs pouvaient attirer les vaisseaux dans les tempêtes avec des lanternes.

 

Aujourd’hui, les rebelles Houthistes attaquent les supertankers avec des drones. Autrefois, la marine britannique auraient pu canonner à quelques milles de distance et endommager quelques bâtiments en bord de côte. Aujourd’hui, les missiles et les avions anglo-saxons peuvent détruire des villes entières.

 

 

Saucratès

 

 
Nota :
La baie des trépassés

 

La ‘Baie des Trépassés’ ou ‘Bae an Anaon’ en breton (qui signifie plus précisément ‘Baie des défunts’), a triste réputation : une légende raconte qu’autrefois les cadavres des naufragés s’y échouaient fréquemment. Mais cette plage doit son nom sinistre à une erreur de traduction : elle s’appelait à l’origine Bae an Avon, « la baie de la source » (un petit fleuve côtier s’y jette effectivement). Mais l’erreur contribue fortement à la légende.

 

L’une des hypothèses avancées est liée à l’histoire malheureuse de l’activité maritime de passage ou de pêche côtière dans les parages du Raz de Sein. La configuration des courants de marée et les vents dominants de secteur ouest repoussaient en effet les corps des marins naufragés sur la plage. Une autre explication ferait revenir aux naufrageurs locaux l’origine de ce nom.

 

Enfin, une tradition celtique rapporte que cette baie était le lieu d’embarquement des druides morts en partance pour l’île de Sein.

 
On rapporte une légende en Bretagne. «Depuis que le monde existe, la Barque des Morts se présente à la Baie des Trépassés, certaines nuits. Une voix puissante s'élève sur le Bec du Van ou le Bec du Raz, appelant un pêcheur par son nom. L'homme ne s'étonne pas. Il sait que, depuis toujours, ses ancêtres ont passé les morts et que, pour cet office, ils étaient affranchis de toute redevance envers leurs seigneurs de la terre.
 

Il descend vers la baie du Nord-Ouest. Une longue chaloupe y est à flot. Elle paraît vide et pourtant elle s'enfonce dans l'eau jusqu'au bordage, comme si elle était chargée à couler bas. Dans une grande rumeur de supplications, le pêcheur se fraie un passage à travers les rangs pressés d'une foule invisible. Quand il a pris sa place au gouvernail, une voile se largue d'elle-même et la Barque des Morts s'éloigne de la grève. Derrière elle, éclatent les sanglots des âmes qui ne sont pas du voyage.

 
Le pêcheur la manoeuvre à travers les brisants et la mène vers Sein. Dès qu'elle a touché l'île, il la sent qui s'allège et remonte sur l'eau à mesure que débarquent les invisibles passagers. Alors, il peut remettre le cap sur la grande terre. Quand il est entré dans la baie vide et silencieuse, la barque n'est déjà plus qu'une ombre, quand il a posé un pied sur le sable, elle a disparu.

 
A qui demandera si la Barque des Morts aborde toujours à la Baie des Trépassés, aucune voix n'osera répondre. Aucun pêcheur du Cap-Sizun n'a jamais avoué qu'il avait fait le passage. Celui qui est choisi pour cet office vit désormais en étranger parmi ses frères en attendant qu'il devienne l'Ankou marin.» de Pierre Jakez Hélias


14/01/2024
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Antisémitisme d’hier et d’aujourd’hui

À la lecture d’Hannah Arendt sur l’Antisémitisme

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, jeudi 11 janvier 2024

 

Que se rappelle-t-on aujourd’hui de l’affaire Dreyfus si ce n’est le célèbre «J’accuse» de Zola ? En 1951, soit beaucoup plus anciennement qu’aujourd’hui, il y a désormais soixante-dix ans, Hannah Arendt en parle longuement dans son livre sur l’Antisémitisme. Cette histoire est désormais bien vieille et le Capitaine Dreyfus n’est plus que l’une des premières victimes de ce qui deviendra les malheurs et l’Holocauste des Juifs sous le régime de terreur des nazis.

 

Et pourtant, aujourd’hui, en notre temps où le pape est issu de l’ordre des Jésuites, on ne peut oublier que les Jésuites ont été au cœur de l’affaire Dreyfus, les plus antisémites selon Hannah Arendt de tous les ordres religieux chrétiens, ceux qui fabriquèrent l’affaire Dreyfus aux côtés des aristocrates chrétiens qui occupaient les postes d’officiers dans l’armée française. Peut-on imaginer que pour intégrer l’ordre des Jésuites, à cette époque-là, il fallait démontrer que l’on avait aucun ancêtre juif sur quatre générations.

 

«En ce qui concerne l’Europe, sa politique réactionnaire en France, en Autriche, en Espagne et son appui aux courants antisémites de Vienne, de Paris et d’Alger furent probablement le résultat immédiat de l’influence des jésuites. Ce sont les jésuites qui avaient toujours le mieux représenté, dans la parole comme dans les écrits, l’école antisémite du clergé catholique. (La Civiltà Cattolica, revue des jésuites, fut pendant des dizaines d’années la plus ouvertement antisémite et l’une des plus influentes des revues catholiques dans le monde entier. Elle diffusa la propagande antijuive longtemps avant que l’Italie ne devint fasciste, et sa politique ne fut en rien affectée par l’antichristianisme des nazis). C’est en partie la conséquence de la règle jésuite, qui veut que tout novice fasse la preuve qu’il n’a pas de sang juif en remontant jusqu’à la quatrième génération.»

 

Hannah Arendt, L’antisémitisme, Quarto Gallimard, page 344

 

Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Comment notre pape peut-il se présenter comme un fervent défenseur de la tolérance religieuse s’il est issu d’un tel ordre, s’il fait partie d’un ordre qui à l’époque de son ordination, imposait une telle recherche ? La papauté reste-t-elle crédible avec un jésuite pour la diriger, même si la rumeur cherche à le faire passer pour un réformateur bloqué, limité par la curie romaine ? Les Jésuites sont-ils toujours antisémites et imposent-ils toujours cette recherche des ascendances juives à leurs membres ?

 
L’antisémitisme est une chose abominable. Et d’une certaine manière, cette chose abominable n’est pas morte aujourd’hui parce que la Banque reste l’ennemi détesté, abhorré d’une majorité de pauvres gens ou de gens riches, de presque tout le monde. Personne ne déteste son boulanger ou son vendeur de téléviseurs ou de voitures, mais tout le monde a des histoires à raconter sur ses déboires avec les banques. Et le métier de banquiers ont longtemps été l’occupation des familles juives tout au long de l’histoire. Évidemment aujourd’hui, les grandes banques que les gens détestent ou adorent sont la Société Générale, la Bnp Paribas, les Caisses d’épargne ou le Crédit Agricole. Mais il demeure toujours de grandes banques juives comme celle des Rothschild : la banque par excellence. La banque qui nous a donné deux présidents de la République, Macron et Pompidou. 

 

Nota : Je dis que personne ne déteste son boulanger, mais certains détestent leur boucher, notamment les spécistes, ce qui au fond est presque aussi stupide que de détester les juifs ou les banquiers. Ceux qui haïssent les autres sont stupides. La haine est stupide même quand elle croit le faire pour de bonnes causes comme pour le climat.

 

Ce qui fait peur est certainement la répétition des mêmes erreurs. L’antisémitisme qui régnait dans l’air du temps à l’époque de l’affaire Dreyfus («mort aux juifs»), et qui n’a jamais vraiment disparu jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale, et probablement jusqu’à nous aujourd’hui, n’est pas tellement différente de la haine et de la peur des américains vis-à-vis des aborigènes indiens («un bon indien est un indien mort»), de celles des extrémistes racistes antillais du LKP («mort aux békés»), et probablement des nationalistes européens combattant l’immigration … même si les nombreux attentats et agressions que des clandestins ou membres de ces communautés causent peuvent expliquer cette haine.

 

L’influence de la rue aujourd’hui, les agissements des Gilets jaunes français ou des Bonnets rouges bretons rappellent les pires débordements de l’affaire Dreyfus. Tout comme les débordements autour de la loi de réforme des retraites de Macron.  

 

«Ce n’est que lorsque Clemenceau commença sa série d’articles dans l’Aurore, lorsque Zola publia son ‘J’accuse’, quand le tribunal de Rennes ouvrit la triste kyrielle des procès en chaîne, que la populace commença à entrer en action. Chaque point marqué par les dreyfusards (dont on savait qu’ils n’étaient qu’une petite minorité) suscita des mouvements de rue plus ou moins violents. L’état-major organisa remarquablement la populace. On suit facilement la route qui mène de l’armée à ‘La libre parole’. Ce journal, directement ou indirectement, par ses articles ou par l’intervention personnelle de ses rédacteurs, mobilisait des étudiants, des monarchistes, des aventuriers, parfois même des bandits et les jetait dans la rue. Si Zola prononçait un mot, on lançait aussitôt des pierres dans ses fenêtres. Si Scheurer-Kestner écrivait un ministre des Colonies, on l’attaquait aussitôt dans la rue et les journaux le calomniaient dans sa vie privée. Tous les témoins s’accordent pour dire que Zola, après son inculpation, ne serait jamais sorti vivant du tribunal s’il avait été acquitté.

 

Le cri de ‘Mort aux Juifs’ se propagea dans le pays tout entier. À Lyon, à Rennes, à Nantes, à Tours, à Bordeaux, à Clermont-Ferrand, à Marseille, partout en fait, des émeutes antisémites éclatèrent, et partout les instigateurs étaient les mêmes. L’indignation populaire explosait partout le même jour, à la même heure précise. Sous la direction de Guérin, la populace prit des allures guerrières. Des troupes de choc antisémites apparurent dans les rues, veillant à ce que chaque meeting dreyfusard se terminât de façon sanglante. Partout, la complicité de la police était flagrante.»

 

Hannah Arendt, L’antisémitisme, Quarto Gallimard, pages 354-355

 
Mais, au nom de la lutte contre l’antisémitisme, ne va-t-on pas trop loin aujourd’hui ?

Néanmoins, aujourd’hui, on rassemble et on condamne sous le vocable de l’antisémitisme toute sorte de choses et son contraire. On va monstrueusement trop loin. Chaque premier ministre et ministre de l’intérieur aime à se trouver une cible, un supposé raciste ou un terroriste qui sera son ennemi contre lequel il ou elle s’acharnera. Ce fut Julien Coupat et le groupe de Tarnac pour Mme Alliot-Marie sous la présidence de Sarkozy, ce fut l’humoriste Dieudonné pour Manuel Valls sous la présidence d’Hollande, et désormais, c’est le footballeur Benzema ou l’association Civitas sous la présidence de Macron.

 

Si Hannah Arendt, juive allemande émigrée en France puis aux Etats-Unis à l’époque de la Seconde guerre mondiale, philosophe internationalement reconnue du nazisme et ayant suivi le procès Eichman en Israël d’où elle retira le concept de la banalité du mal, confirmé depuis par la psycho-sociologie, si elle avait écrit aujourd’hui, elle serait considérée comme une antisémite notoire. Le simple fait d’évoquer aujourd’hui le nom d’un juif ou le décret d’émancipation de 1792 conduit désormais à des poursuites judiciaires immédiates ou à des procédures de dissolution d’associations comme Civitas, même si elles ne font qu’héberger des conférences de supposés antisémites. Supposés parce que Hannah Arendt est celui moi une philosophe célèbre théoricienne du nazisme, du totalitarisme et de la banalité du mal, juive de surcroît, que personne ne peut soupçonner d’antisémitisme. Militante du sionisme pendant la seconde guerre mondiale. Et pourtant , elle-même parle du décret d’émancipation de 1792 à de nombreuses reprises dans sa somme sur ‘L’antisémitisme’ … «en réalité le décret du 27 septembre 1791 : la citoyenneté est accordée à tout Juif prêtant le serment civique et remplissant les conditions pour être citoyen.» Elle y rappelle aussi que cette émancipation n’allait pas de soi aux yeux même de certains juifs. 

«Lorsque les Münzjuden de Frédéric de Prusse ou les Juifs de cour de l’empereur d’Autriche se virent accorder, par des privilèges généraux et des lettres patentes, le statut que devait recevoir, un demi-siècle plus tard, tous les juifs prussiens sous le nom d’émancipation et d’égalité des droits ; lorsque, à la fin du XVIIIè siècle et à l’apogée de leur richesse, les Juifs de Berlin empêchèrent l’afflux des Juifs des provinces orientales, dans le souci de ne pas partager leur égalité avec des Juifs pauvres, leurs frères mais non leurs égaux ; lorsqu’en France, à l’époque de l’Assemblée nationale, les Juifs de Bordeaux et d’Avignon protestèrent violemment contre le décret accordant l’égalité des droits aux Juifs des provinces de l’Est - il devint évident que les Juifs, quant à eux, ne raisonnaient pas en termes d’égalité des droits mais de privilèges et de libertés particulières. En réalité, il n’est pas surprenant que les Juifs privilégiés, étroitement associés aux entreprises économiques de leurs gouvernements et parfaitement conscients de la nature et des conditions de leur statut social, aient répugné à voir étendre à tous les Juifs cette liberté, achetée sciemment au prix de leurs services, calculée sur cette base, et qui, en conséquence, pouvait difficilement devenir un droit pour tous.»

 

Hannah Arendt, L’antisémitisme, Quarto Gallimard, pages 237-238

  
Et pourtant, pour des raisons approchantes, Civitas est dissous et les propos rapportés par Pierre Hillard sont considérés comme antisémites, parce qu’il faisait un lien entre ce décret de septembre 1791 et l’origine de l’immigration. Mais la faute n’est-elle pas simplement d’évoquer le cas des Juifs, l’histoire du Judaïsme ? Et tout historien ou philosophe comme Hannah Arendt ne risquerait-elle pas aussi d’être poursuivie par quelques politiques incompétents friands de se donner un air martial et de prouver sa flamme anti-antisémite ?

 

«Le mouvement d’extrême droite Civitas va être dissous pour l’ensemble de son œuvre, indique Olivier Véran, citant notamment des rassemblements en hommage à des personnalités emblématiques de la collaboration, des appels à entrer en guerre contre la République et des discours antisémites et islamophobes. Civitas considère les droits de l’Homme comme des outils de destruction de la civilisation chrétienne, a-t-il estimé. Il a également critiqué sa vision des LGBT+ comme une communauté néfaste.

 
Le 8 août, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait demandé cette dissolution, après des propos antisémites de l’un de ses membres Pierre Hillard. Lors de l’université du pays du mouvement, Pierre Hillard avait estimé que la naturalisation des Juifs en septembre 1791 ouvre la porte à l’immigration. Peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789, avait-il conclu sous les applaudissements de la salle.»

 
https://www.leparisien.fr/politique/civitas-la-procedure-de-dissolution-actee-par-le-gouvernement-04-10-2023-EOBVEE7UHBABXD4BCQN3UWDPZE.php

  
Les poursuites engagées contre un groupe de jeunes mineurs âgés de 11 à 16 ans dans une rame de métro parce qu’ils avaient chanté quelques rimes telles que ‘Nike les juifs’ et ‘Nike les grands-mères’ me semblent tout aussi expéditives et exagérées.

 

https://www.leparisien.fr/faits-divers/video-antisemite-dans-le-metro-parisien-huit-mineurs-de-11-a-16-ans-interpelles-13-11-2023-DFY5GKIJQBALLMGDMPCSVA4MXM.php

 

https://www.lefigaro.fr/faits-divers/chants-antisemites-dans-le-metro-un-mineur-juge-devant-le-tribunal-pour-enfants-de-nanterre-ce-mardi-20240102

 

Toute une foule d’abrutis sont prêts à poursuivre le moindre mot de travers, le moindre petit débordement. La RATP condamne évidemment immédiatement de tels agissements comme si ce que la RATP pense peut avoir la moindre importance. Cette même RATP qui interdit à ces salariés de souhaiter un joyeux Noël aux usagers ? Par ailleurs, en deux mois, le caractère de délinquants de ces jeunes varie, ou d’un journal à l’autre. Pour Le Figaro, tous ces jeunes sont déjà connus de la justice, tandis que pour Le Parisien, seuls deux d’entre eux étaient connus des services de police. Où est la vérité ? Et de toute façon, si c’est pour de telles broutilles, ‘être connu de la justice’ ne veut absolument plus rien dire. Comme pendant l’occupation nazie de la France, être connu de la justice va devenir une preuve de civisme et de résistance.

 

  
Saucratès


11/01/2024
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Du racisme anti-blancs

Quelques questions sur le racisme

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 10 décembre 2023

 

Nota bene : Je ne voudrais pas que l’on m’accuse de considérer que le racisme n’existe pas, que seul le racisme anti-blancs existe en France. Ce n’est pas mon idée. Le racisme existe évidemment, en France comme partout ailleurs. Même si, au sein de cette France, le département de la Réunion constitue une sorte de havre de paix où de nombreuses communautés ont réussi à vivre de manière sereine, où les apparences et les couleurs de peau sont juste des évidences (chinois, malbaraise, cafre, créole, mahorais, zoreil), sans que cela ne dénote aucun jugement, aucun racisme. 

 

Il reste à déterminer ce qui, dans ce racisme, relève de la haine et de la stupidité des autres, des racistes, et ce qui relève de l’attitude et le regard des victimes elles-mêmes, notamment face à ce que les sociologues appellent le racisme institutionnel de l’administration française elle-même. Il me semblait néanmoins important de le souligner en introduction pour qu’on ne se méprenne pas sur le sens de mon argumentation. Le racisme anti-blanc, de même que l’antisémitisme, n’est qu’une fraction des comportements racistes que l’on observe en France.

 

Qu’est-ce que le racisme ? Est-ce une question qui a un sens aux yeux de tous ? Ceux qui indiquent en être victimes depuis leur plus jeune âge peuvent-ils accepter que l’on pose cette question ? Pour ces populations issues de l’immigration en France, dont la couleur de peau n’est pas blanche, qui peuvent considérer que le racisme, c’est ce qu’ils vivent tous les jours, tout le temps. Et que le fait de tenter de le définir, revient à considérer comme nul et non avenu ce qu’ils vivent régulièrement. Comme si on leur demandait : «dites-nous en quoi ce que vous vivez est du racisme ?»

  

Voilà ce qu’écrit France Info sur le racisme anti-Blancs et le racisme en général :

 

«L'existence d'un racisme anti-Blancs fait toutefois l'objet de débats en France. Si la justice a bien reconnu des cas d'injures racistes pour des paroles prononcées envers des personnes blanches, les études d'opinion et les travaux de sociologues montrent qu'il existe une vraie différence entre ces insultes et l'expérience des personnes non-blanches en France. Les Blancs ne rencontrent pas de désavantages en raison de leur couleur dans les orientations à l'école, l'accès à l'emploi, au logement, à la santé ou dans les relations avec les institutions, détaillait ainsi le démographe et sociologue Patrick Simon.»

 

https://www.francetvinfo.fr/politique/edouard-philippe-juge-bien-possible-qu-il-y-ait-une-forme-nouvelle-de-racisme-anti-blancs-en-france_6234693.html

  

L’ancien premier ministre Édouard Philippe se prononce donc lui aussi sur ce racisme anti-blancs, objet de tous les débats, à la suite du Rassemblement national, mais assez simplement en ne l’excluant pas immédiatement.

 

Il y a donc opposition d’expériences et de vécus entre les blancs et les noirs autour de cette question du racisme. Et tenter de le définir ou de le circonvenir est une manière comme une autre de se faire une opinion sur cette question du racisme. 
 

Si le racisme c’est de rejeter l’autre en fonction de sa couleur de peau, de l’insulter et de l’agresser physiquement ou oralement dans un endroit où cette personne est minoritaire ou bien non majoritaire, alors effectivement, le racisme non-blancs existe dans nos cités, dans nos villes et aussi dans certains départements d’outre-mer français. 

 

Si on retient une définition plus institutionnelle du racisme, dans un regard plus sociologique comme l’écrit le sociologue Paul Simon, on retiendra alors pour définir le racisme, comme il l’indique, des expériences de désavantages en raison de leur couleur de peau dans les orientations à l'école, l'accès à l'emploi, au logement, à la santé ou dans les relations avec les institutions. 
 

Au fond, pour ceux que l’on appelle les personnes racisées, issues de l’immigration, elles ont l’impression que le racisme a muté. Avec le développement d’une forme de tolérance accrue dans la société envers les différences de couleur de peau, avec la criminalisation de tout acte raciste fondé sur la couleur de peau, les personnes racisées ne sont plus forcément très souvent confrontées aux insultes  et aux agressions verbales ou physiques quant à leur apparence et à leur couleur de peau. Ce n’est peut-être plus tout à fait leur vécu. Par contre, le racisme pour ces personnes continue de correspondre à ce qui fait leur vécu : l’orientation à l’école, l’accès à l’emploi, au logement, à la santé et les relations avec les institutions.

 

Si le racisme est le fait d’être victime plus que de raison de contrôles (au faciès) par les forces de police en comparaison d’autres personnes de couleur blanches, ces personnes racisées s’estimeront victimes du racisme institutionnel de la police, même si les policiers qui les contrôlent sont eux-mêmes racisées. 

 
Inversement, pour les personnes blanches de peau, le racisme restera les insultes et les agressions les visant en tant que personnes de couleur blanche de peau. Ces personnes-là ne rencontrent pas encore, ou bien très rarement, de difficultés dans l’orientation à l’école, dans l’accès à l’emploi, au logement, à la santé ou dans les relations institutionnelles, ou bien parce qu’elles ne les rattachent pas à leur couleur de peau. Parce qu’on a tous parfois des difficultés à communiquer avec des enseignants, à obtenir la bonne orientation pour nos enfants, à vivre des situations d’injustice en matière scolaire, punitions injustes. On a tous parfois des difficultés à trouver un travail et on peut rester longuement au chômage. De même, l’accès au logement est compliqué et la concurrence entre locataires féroce. Les réponses des médecins ne sont pas toujours faciles à obtenir. Et il vaut mieux pour tout le monde à ne pas avoir affaire à la police, à la gendarmerie ou à la justice. Donc on fait forcément profil bas lors d’un contrôle, parce qu’à tout moment, ce contrôle peut déraper. Alors effectivement, quelque soit la personne en face de vous, si vous partez en live, si vous l’accusez d’être raciste, si vous la traitez d’incompétente ou si vous lui niez le droit de vous contrôler, cette personne, quelque soit son statut, gendarme, flic, juge, caissière, vigile de supermarché, vous pourrira la vie, même si vous pensez être dans votre bon droit. Même si c’est à raison.

 
Au fond, le problème est peut-être de considérer comme des comportements racistes toutes ces petites violences institutionnelles, tous ces petits tracas institutionnels, qui concernent tout le monde, qui frappent tout le monde. Peut-être que certains d’entre nous en ont plus que les autres. Certains d’entre nous sont peut-être plus confrontés que d’autres à ces situations. À moins que leurs comportements, leurs attitudes, leurs façons d’être ou de vivre les exposent plus que d’autres à ces petits tracas, à ces petites violences. 
 

Dans le racisme institutionnel, tout est peut-être manière de voir. Si vous estimez qu’un contrôle d’identité est forcément un contrôle au faciès, et qu’il vous humilie devant vos enfants ou vos proches, vous le prendrez comme un acte raciste au lieu d’y voir le signe d’une police qui vous protège, vous et votre famille. Un enseignant d’anthropologie aimait raconter ces difficultés pour trouver un logement en France, racontant qu’après s’être fait éconduire par un propriétaire, il s’était fait passer pour un blanc au téléphone pour s’entendre dire que le logement était toujours libre. Certes. Mais combien de personnes de toute couleur de peau se font éconduire par des propriétaires qui recherchent le locataire disposant des meilleures références et des meilleures garanties. Et concernant l’accès au travail, n’est-il pas tout aussi compliqué de trouver un travail pour un salarié de plus de 50 ans ou de plus de 60 ans, sans que cela puisse être considéré comme un acte raciste ? Du racisme anti-vieux ?

 
Au-delà de ce racisme institutionnel qui ne dépend que du point de vue et de l’état d’esprit de celui qui y est confronté, de sa manière de voir ces petits tracas et violences quotidiennes, il y a le racisme caractérisé, ces violences physiques et verbales qui constituent des actes racistes.

 

Dans notre société française où la couleur de peau racisée est devenue un brevet de coolitude, où les personnes racisées subissent peut-être moins que par le passé cette forme de racisme primaire, banalisée, il est peut-être normal que ces mêmes personnes s’opposent à l’idée que ces mêmes violences dirigées contre des blancs sont considérés comme du racisme. Il ne faut pas que les exploiteurs blancs puissent se présenter eux-aussi comme des victimes ! Ce serait le monde à l’envers. D’où le fait que SOS Racisme se prononce rarement en défense de personnes de couleur blanche de peau victimes d’injures ou d’agressions racistes. Ou qu’elle ne se prononce pas sur ces faits aux Antilles. Probablement parce que les blancs n’ont rien à y faire, que ce soit aux Antilles, en Afrique ou ailleurs, surtout pour s’y comporter en terrain conquis.

 

D’où désormais un débat national pour modifier le regard sur le racisme, afin que les violences et les agressions verbales et physiques visant les blancs ne soient pas considérées comme des actes racistes, pour privilégier tous ces actes de la vie quotidienne qui sont sensés pourrir la vie des pauvres victimes racisées victimes du racisme de la société française dans son ensemble. Ou quand le sociologue investit le champ politique pour défendre les intérêts d’un groupe d’individus particulier en délaissant l’objectivité des situations!
 
 
Saucratès


10/12/2023
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Le conflit palestinien encore et toujours

En ce premier novembre 2023, je ne peux rien écrire d’autre que sur le conflit israélo-palestinien, qui occupe tous mes écrits. Les conversations entre amis dérivent forcément vers l’attentat du Hamas. Ce n’est même pas que je veux afficher une position divergente de ceux de mes amis ou de mes vis-à-vis. Plus simplement, c’est parce que les vies valent toutes la même chose, que ce soit celle d’un israélien ou celle d’un palestinien. Il n’y a que les vies de nos proches qui valent plus, mille fois plus que celles des autres. 

 

Dans ce conflit israélo palestinien, on se trouve souvent dépassé par les diverses plaintes visant tels ou tels commentaires. Surtout lorsque l’on pense, dit ou écrit les mêmes choses qui font l’objet de poursuites.

 

Ainsi, aujourd’hui, à noter la plainte et la saisie de l’Arcom par LFI suite à des propos de l’essayiste Caroline Fourest sur BFM-TV indiquant qu’on ne pouvait pas comparer «le fait d’avoir tué des enfants délibérément en attaquant comme l’a fait le Hamas, et le fait de tuer des enfants involontairement comme le fait Israël». Selon LFI, «ces propos hiérarchisant les morts civils palestiniens et israéliens sont choquants, dangereux, racistes». 

 

J’entends souvent ce genre de commentaires de personnes parfaites, grands pourfendeurs du méchant Hamas et grands défenseurs des gentils israéliens. Que pensent-ils du fait que leurs propres affirmations peuvent aussi être poursuivies ?

 

https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/11/01/l-arcom-saisie-pour-des-propos-tenus-dans-les-medias-autour-de-la-guerre-entre-israel-et-le-hamas_6197662_3236.html

 
Le journal Le Monde nous abrutit avec ses interviews d’intellectuels juifs ou de victimes juives. Mais inversement, aucune interview de victimes palestiniennes, comme si, soit elles n’existaient pas, soit il était de mauvais goût pour un média libéral de donner la parole aux monstres.  Car c’est bien cela que les médias et le gouvernement français ont accolé à l’étiquette palestinienne. Des monstres. Oh évidemment, les victimes civiles palestiniennes s’expliquent par la monstruosité des terroristes palestiniens qui se cachent au milieu des civils, dans les hôpitaux, dans les écoles. Les pauvres civils palestiniens sont les otages des méchants terroristes du Hamas et les gentils soldats israéliens n’ont pas d’autre solution que de toucher des civils en cherchant à venger l’Etat d’Israel !

 

Nous avons donc pléthore de témoignages de braves israéliens ardents défenseurs de la paix israélo-palestinienne qui, ce coup-ci, n’hésite pas à servir dans l’armée israélienne pour défendre leur patrie. Aucune importance si rien ne vient corroborer le passé de partisan de la paix de ces pseudos convertis à la vengeance de la patrie menacée. Quelle importance ! Ce qui compte, c’est l’image. Des jeunes (ou des moins jeunes) opposants à la guerre qui vont affronter les monstrueux palestiniens.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/01/guerre-israel-hamas-apres-avoir-vecu-ces-dernieres-annees-comme-athenes-dans-l-insouciance-d-un-statu-quo-illusoire-israel-se-voit-contraint-de-redevenir-sparte_6197669_3232.html

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/31/je-suis-toujours-convaincu-que-l-occupation-israelienne-est-immorale-reste-que-pour-cette-guerre-ci-je-pars-combattre-sans-hesiter_6197511_3232.html

 

On a fait de même en 1914. Les français aussi étaient partis combattre les méchants allemands/prussiens la fleur au bout du fusil et ils sont restés quatre ans dans les tranchées de la première guerre mondiale, dans la pluie et dans la boue, avec au bout des dizaines de millions de morts et d’invalides. Et au final, la haine des schleus n’a toujours pas faibli, que ce soit dans l’entre deux guerres, voire encore aujourd’hui. Alors oui on connaît cela. Les mêmes qui se plaignent de la haine inculquée depuis l’enfance de leurs adversaires se rendent-ils compte que la même haine des palestiniens leur a aussi été inculquée, que demain ils tueront sans distinction tout palestinien parce qu’il sera palestinien, parce qu’il vivra en terre palestinienne, à Gaza ! 

 

« Savaient-ils seulement, en tuant leurs victimes d’une façon aussi barbare, brûlant ce qu’il restait de leurs pauvres corps, après les avoir violées, décapitées, démembrées à tel point que toutes n’ont pas été identifiées, qu’ils assassinaient ceux qui se battent contre l’occupation et pour que les Palestiniens aient un Etat ? Comme Carméla, membre de La Paix maintenant, qu’ils ont brûlée avec Noya, sa petite-fille autiste ? Ont-ils reconnu Vivian, qui accompagne les enfants de Gaza dans les hôpitaux israéliens, avant de la prendre en otage ?

… Mais, pour ces assassins, peu importent les options politiques de leurs victimes. Vieux ou jeunes, enfants ou bébés, ils sont tous l’objet de leur haine, inculquée depuis l’enfance.»

 

Exactement comme c’est le cas pour les israéliens. «Vieux ou jeunes, enfants ou bébés, ils sont tous l’objet de leur haine …» et mourront tous sous les bombes des israéliens … Tout en se réclamant de principes moraux de protection des civils palestiniens, que les israéliens tuent pourtant allègrement. À vomir.

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/31/jack-sullivan-conseiller-a-la-securite-nationale-de-joe-biden-proteger-les-civils-a-gaza-est-une-necessite-morale-et-strategique_6197503_3210.html

 
 
Saucratès

 


01/11/2023
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