Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Anthropologie


Le féminisme et la recherche universitaire sur la violence

Les sciences sociales vont mal, très mal, envahies par les thèses des féministes maladives et des tenantes de l’intersectionnalité revancharde. Il y a quelques siècles de cela, des philosophes comme Rousseau, La Boétie, Marx ou Machiavel cherchaient à expliquer l’origine de la violence, à expliquer la vie en société. Il y a quelques décennies de cela, des anthropologues et des sociologues comme Clastres, Bourdieu ou Testard cherchaient à expliquer l’origine des sociétés humaines et à comprendre la violence inhérente à la vie en société.

 

1. Une vision féministe étriquée de la violence

Mais aujourd’hui, rien de tout cela. Des féministes haineuses comme Lucile Peytavin s’emparent du sujet et plaquent sur ce problème de la violence des sociétés humaines leur monomanie de la haine des hommes. Elles essaient d’expliquer à l’aide de leur seul prisme intellectuel, ce mantra qui a donné naissance à #meetoo et à #balancetonporc.org, qu’elles ressassent à longueur de temps et à longueur de jour : combattre les hommes, poursuivre judiciairement ou médiatiquement les hommes, faire des hommes les seuls responsables de toutes les misères féminines, de tous les malheurs du monde, de tout ce qui ne va pas. La faute aux hommes.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/12/lucile-peytavin-historienne-le-cout-des-violences-masculines-s-eleve-a-100-milliards-d-euros-par-an_6227451_3232.html

 

Dans les misérables de Victor Hugo, on attribuait toutes les fautes à Rousseau. Désormais, les féministes attribuent toutes les fautes à l’Homme. L’homme avec un grand H, non pas seulement les hommes poursuivis sur #meetoo ou sur #blancetonporc.org, mais tous les hommes en général, responsables collectivement du fait de leur éducation, du fait de l’éducation qui leur est donné, du fait de leur égoïsme, du fait de leur domination sur les femmes. Cette façon de penser, cette façon d’être des féministes est abominable.

 

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/09/28/les-racines-de-la-violence-humaine-plongent-dans-l-arbre-de-l-evolution_5005088_1650684.html

 

Plus besoin de réfléchir. Simplement besoin de trouver comment éliminer les hommes définitivement, les faire payer métaphoriquement d’abord, et désormais donc, à l’aide de la méthode de Lucile Peytavin dont elle semble fier comme Artaban (catastrophe, c’est un homme … fière comme Cléopâtre ?) financièrement le coût des violences qui leur sont imputées parce qu’ils sont des hommes, simplement des hommes. 

Mais condamner des hommes juste parce qu’ils sont des hommes, n’est-ce pas justement le sexisme que les femmes combattaient et dénonçaient autrefois lorsqu’elles en étaient les victimes ? Vouloir faire payer les hommes juste parce que ce sont des hommes, n’est-ce pas remettre en cause jusqu’aux fondements de l’égalité des sexes ? 
 

2. Vie en société et violence

Je ne peux pas rejoindre la vision manichéenne de Lucile Peytavin. La préhistoire humaine est un lieu inconnu. Les premières sociétés protohumaines courants sur des centaines de milliers d’années, ou des millions d’années précédant notre ère, ressemblaient-elles aux sociétés de gorilles, avec un mâle dominant au dos argenté et un harem de femelles (harem, terme impropre), aux sociétés de chimpanzés guerrières et agressives, ou aux sociétés de Bonobos fuyant la confrontation grâce à la sexualité ? Ou bien ressemblaient-elles aux sociétés d’Homo Naledi d’Afrique Australe, que l’on connaît si peu et qui diffèrent tellement des sociétés préhistoriques que l’on a imaginé. Si on savait répondre à cette question, si on connaissait précisément notre origine, ce serait tellement simple. Mais ce n’est pas le cas.

 

Si on se réfère aux seules sociétés historiques documentées, pour la majeure partie patriarcales, on peut penser que la violence émane des hommes, et que les femmes en sont majoritairement les victimes. Même lorsqu’elles furent dirigées par des femmes, même quand des castes de guerrières y dominaient l’ordre social, les hommes et les femmes sans pouvoir constituant le peuple en représentaient les victimes. Et au sein des victimes, les femmes et les plus faibles y constituaient encore la caste la plus basse des victimes. Et en dessous des femmes, les enfants. Avec cette seule possibilité d’échapper au statut de victimes en rejoignant la caste dominante, la caste des guerriers ou des guerrières. Mais seulement pour les plus forts et les plus fortes d’entre eux.

 

Chiffrer le coût de cette violence ? Quelle drôle d’idée ? Comme si le fait de donner une valeur aux dégâts dûs à la violence permettait de donner une valeur aux victimes ?
 
En tant qu’enfant victime de la violence de ma mère, je sais que la violence n’est pas réservée à l’homme. La violence dépend de certainement énormément de choses, de la moralité des gens, de leur capacité à se défendre et à se comporter, à réagir face à la violence et face aux prédateurs, qu’ils soient des hommes ou des femmes. Certains savent réagir. D’autres ne le savent pas. La capacité de violence que nous avons tous en nous dépend de nos propres filtres, de notre propre éducation, que nous soyons des hommes ou des femmes. Et du recul que nous avons sur notre capacité à faire le mal, à violenter les autres. On trouvera toujours un plus faible que nous à violenter. 

Alors effectivement, on rencontre plus souvent de la bonté et de l’humanité chez des dames alors qu’elle semble absente chez certains hommes. Mais ce n’est pas général. Une armée de femmes paraîtrait moins dangereuse, moins violente, moins violeuse, plus respectueuse des droits des plus faibles, des droits des civils et des civiles, qu’une armée d’hommes, d’autant plus dangereux qu’ils sont jeunes, incapables de réfréner leurs plus viles envies et leurs plus viles angoisses de mort. Mais ne peut-on pas y assimiler ses armées de jeunes influenceuses sans aucune limite, sans aucune humanité autre que de plaire à leurs abonnés, même s’il faut briser, tuer, assassiner, harceler leurs adversaires, leurs concurrents ?

 

C’est la jeunesse qui tue plus que le sexe probablement. Imaginerait-on le même exercice mené par Lucile Peytavin se focalisant sur la jeunesse des violenteurs, violenteuses, harceleurs et harceleuses et chiffrant le coût de cette violence. Et pourrait-on alors penser à supprimer cette jeunesse, enfermer cette jeunesse, éradiquer les germes de cette violence chez les jeunes. Mais sans jeunes, il n’y aurait plus de sages.

 

Tout ceci est débile. L’analyse de Lucile Peytavin est d’une stupidité sans nom. Une énième exagération des ambitions hégémoniques du féminisme pour remplacer par une dictature féministe la supposée dictature patriarcale que les féministes combattent avec l’assentiment de tous ceux qui ont soit honte d’être des hommes, soit pensent pouvoir régner aux côtés des louves extrémistes féministes. 
 
 
Saucratès


13/04/2024
0 Poster un commentaire

Retour sur les mythes

Une histoire des mythes pour Noël

Par Saucratès

Saint-Denis de la Réunion, lundi 25 décembre 2023

 

En ce jour de Noël, en ce 25 décembre 2023, il me semble intéressant de revenir à l’histoire des mythes. Dans le cadre d’un État laïc comme la France, peut-on d’ailleurs parler de jour de Noël, jour qui ne doit concerner qu’une grosse fraction de l’humanité. Amusant de se dire qu’un État d’Amérique du Sud, le Paraguay ou l’Uruguay, a renommé toutes les fêtes religieuses chrétiennes par des noms laïcs. Ainsi, la fête de Noël y a été renommée ‘fête des familles’ depuis 1917 ou 1919. Mais on n’y trouve encore dans les rues et dans les magasins des sapins de Noël (oups, des sapins des familles faudrait-il dire). 
 

Les mythes. J’en avais déjà longuement parler dans un article de l’année précédente intitulé : 

https://saucrates.blog4ever.com/les-mythes-a-lorigine-de-lhumanite

 

J’y avais décris un certain nombre de mythes, de récits encore narrés de nos jours, ayant apparemment accompagné l’Humanité tout au long du peuplement du globe. 
 

- Le mythe de l’émergence primordiale

- Le mythe du corps souillé

- Le mythe de l’origine céleste de l’humanité

- Le mythe de création de l’humanité à partir de squales divins (ou coroplastie)

- Le mythe d’origine végétale de l’humanité, née d’une cucurbitacée

- Le mythe du plongeon créateur

 

Je me basais pour cela sur les travaux de l’anthropologue Jean-Loïc  Le Quellec tels que rapportés par Sciences & Vie. Il y a cependant de très nombreuses questions de ces histoires des mythes ayant accompagnés l’Humanité, probablement tout au long de son histoire, ou bien que l’on retrouve de manière assez régulière partout dans le monde. Parce que Jean-Loïc Le Quellec a recensé de très nombreux autres mythes.

 

Sur le mythe du déluge, il écrit ainsi :

 

«… Des histoires de déluge se racontent en Afrique, en Asie, en Océanie et jusqu’en Amérique du Sud, dans des variantes qui ne doivent rien à la Bible ni aux missionnaires et qui ont été recueillies auprès de groupes isolés, très peu de temps après leurs premiers contacts avec les Européens. Comment ces gens auraient-ils pu conserver le souvenir d’un événement survenu en Europe, il y a environ huit mille cinq cents ans ; c’est-à-dire plusieurs millénaires après que leurs ancêtres aient commencé de peupler l’Amerique et de rester isolés du reste du monde jusqu’aux temps modernes ?»

 

Jean-Loïc Le Quellec - «Avant nous le Déluge ! L’Humanité et ses mythes» - Éditions du  Détour - Novembre 2021 - Page 209

 

Il aborde dans cette citation la question de l’origine supposée du mythe du déluge ; la rupture lors de l’Holocène du détroit des Dardanelles et l’inondation qui en a suivi avec l’irruption des eaux de la Méditerranée dans la Mer Noire, qui serait supposée avoir fortement marqué les esprits de nos ancêtres et que se serait perpétué au fil des générations pour nous parvenir à travers le mythe du Déluge sumérien, puis babylonien puis biblique. Si l’origine de notre mythe du Déluge, pourquoi se retrouvait-il également, sous des formes différentes, presque partout dans le monde, dans les peuplades qui vivaient à des milliers de kilomètres de là, et qui s’étaient déjà séparées plusieurs millénaires ou dizaines de millénaires auparavant ? On le trouve ainsi chez des peuples aborigènes du Sud de l’Australie, en Nouvelle-Guinée et très largement en Amérique du Sud. 

 

Quelles explications donne Jean-Loïc Le Quellec de l’origine possible de ces mythes ? Il faudrait plutôt noter qu’il liste les différentes explications qui ont été données par les préhistoriens, les psychanalystes, les anthropologues …

 

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/01/28/la-fascinante-enigme-du-deluge-antique-mythe-commun-a-toute-l-humanite_6213471_6038514.html

 

L’influence des missionnaires chrétiens

Peut-on supposer que le processus d’évangélisation de l’Eglise catholique romaine est à l’origine de certains mythes que l’on retrouve dans la majeure partie des terres émergées, et que l’on retrouve dans la Bible ainsi que dans les mythes de nombreux autres peuples ? Il y a un détail gênant en faveur de cette explication. Le fait que nombre de ces mythes ont souvent été récoltés justement par des missionnaires chrétiens qui rencontraient pour la première fois certains peuples. Jean-Loïc Le Quellec éliminé cette explication de diffusion chrétienne pour un certain nombre de raisons, notamment comme il l’indique dans cette citation parce ces mythes y ont «été recueillies auprès de groupes isolés, très peu de temps après leurs premiers contacts avec les Européens».

 

Deuxièmement, parce qu’il lui semble peu probable que des missionnaires ayant tenté de diffuser les propres mythes de la Bible se seraient satisfaits de mythes très fortement divergents du mythe biblique, sur la création du monde ou sur le déluge.

 

Mais il existe indubitablement un processus de diffusion et de modification des mythes racontés. Jean-Loïc Le Quellec raconte l’expérience vécue par Karl G. Heider lors de ses séjours chez les Dugum Dani, en Nouvelle-Guinée occidentale, en 1961-1963 et en 1968. En 1963, le mythe de création de l’Humanité mentionnait que «les hommes blancs étaient sortis en premier de la grotte Huwainmo, étant habillés et portant des fusils. Puis étaient sortis les Dani, avec une gourde pour étui pénien.» Cinq ans plus tard, lors d’un nouveau passage, en 1968, le mythe mentionnait que les blancs étaient sortis en premier de la caverne en avion Cessna. «Vous les blancs, vous êtes les premiers à être sortis de la grotte dans votre Cessna, alors c’est à vous de nous dire comment c’était avant». (Pages 29-31)

 

Qu’est-ce qui est mythe ?

C’est la grande question. Peut-on parler de mythes en parlant des histoires de création du monde ou de l’homme, d’Adam ou d’Eve, racontées par la Bible ? Même moi, en l’écrivant, cela me gêne.

 

Ou pourquoi ne parlerait-on de mythes que pour les legendes racontées par les autres peuples et pas pour les histoires toutes aussi rocambolesques contenues dans la Bible ? 
 

Ainsi, en 1906, dans son ‘Dictionnaire du diable’, Ambroise Bierce pouvait écrire de manière probablement sarcastique :

 

«Coran, nom masculin. Livre que les mahométans croient sottement avoir été écrit par inspiration divine, mais que chrétiens savent être une vile imposture, en contradiction avec les saintes Écritures.

 

Ecritures, nom féminin. Livres sacrés de notre sainte religion, à distinguer des écrits faux et profanes sur lesquels se fondent toutes les autres convictions.» (page 54)

 

L’explication par la psychologie et la psychanalyse

Un certain nombre de penseurs ont cherché à donner des explications psychanalystes et psychologiques aux mythes humains, se fondant sur des sortes d’universaux fœtaux. Ainsi pour François Dor :

 

«Les mythes du monde entier ne seraient rien d’autre qu’un souvenir de la mémoire inconsciente de la vie fœtale. Fort de sa nouvelle clé de lecture, il soutient que Noé serait le fœtus embarqué dans l’arche (la membrane amniochorionique) ; l’arbre de vie figurerait les villosités du placenta ; les serpents et dragons représenteraient le cordon ombilical ; l’expulsion du Paradis serait une figure de la naissance ; le déluge représenterait la perte des eaux amniotiques ; les pyramides, ziggourats et autres s’tu pas magnifieraient le nombril de l’embryon, etc.» (pages 46-47)

 
Mais les interprétations de Carl Jung sur les mythes ne sont guère plus fondées, «d’une naïveté et d’une ignorance confondantes». 
 

Pour en revenir à notre mythe original, à savoir le déluge, les psychanalystes ont rivalisé d’imagination :

 

«Selon Géza Róheim, l’image du déluge serait né des rêves masculins, quand la pression de l’urine ou l’érection matinale suggère des images de liquide jaillissant. Pour une jungienne comme Eleanor Bertine, les flots du déluge seraient les périls de l’inconscient risquant d’inonder l’esprit, l’arche figurant alors la capacité de surmonter cette épreuve…

 

… Pour Alan Dundes, le déluge exprimerait le désir inconscient de grossesse masculine propre aux sociétés matriarcales et l’expression du mythe compenserait symboliquement l’incapacité masculine à enfanter.»

 

Ainsi, pour les psychanalystes, «les mythes seraient à l’inconscient collectif ce que rêves et fantasmes sont à l’inconscient individuel.»

 

La réponse de Jean-Loïc Le Quellec à ces explications psychologiques et psychanalytiques repose sur l’absence de généralisation de tels mythes. Si ces mythes se fondaient véritablement sur un invariant psychologique propre à chaque homme, à chaque femme, on observerait ces mythes partout, chez tous les peuples. Un certain nombre de ces mythes ne seraient pas totalement absents de certaines zones de la planète, comme par exemple en Afrique, alors que l’Afrique regroupe pourtant de très nombreux mythes (au sujet des mythes du plongeon créateur ou cosmogonique que certains rapportaient à un archétype jungien).

 
Quelles autres explications ?

Pour conclure, les principaux mythes ne s’expliquent donc ni par un diffusionnisme de la mythologie chrétienne du fait des l’évangélisation des missionnaires chrétiens à compter du quinzième siècle, ni par une sorte d’explication psychanalytique se basant sur des invariants humains ou des archétypes de type jungien. Il n’existe ainsi qu’une seule autre explication au fait que l’on trouve reparti à peu près partout dans le monde un certain nombre de mythes qui se ressemblent, qui utilisent les mêmes structures narratives, qui reposent sur une sorte de même substrat.

 

Le fait que ces mythes retracent les pérégrinations des mouvements de population humaine, que les mythes aient suivi les migrations des populations. Ce qui signifie également que ces mythes aient aussi pu survivre dans les histoires racontées par les peuples, par les conteurs, depuis pratiquement 40.000 à 50.000 ans, sans disparaître, mais en évoluant parfois en s’imprégnant de certaines divinités, de certaines structures narratives. Le chiffre TROIS en Asie, le chiffre QUATRE sur le continent américain, le chiffre DEUX en Afrique. 

 

Lorsque l’on sait qu’une expérience amusante de psychologie sociale consiste à observer les déformations d’une histoire racontée au sein d’un groupe d’une vingtaine de personnes, sachant qu’au final, l’histoire racontée par la vingtième personne n’a souvent plus grand chose à voir avec l’histoire telle que racontée par la première personne, on ne peut que s’enthousiasmer et s’émerveiller que ces mythes et ces légendes aient pu survivre en gardant une même structure narrative au fil de dizaines de millénaires.

 

L’existence de très nombreux mythes et de très nombreuses variantes de ces mêmes mythes, comme la disparition et le remplacement de certains de ces mythes par d’autres mythes cosmogoniques (sur la création de la Terre, sur la création des hommes …) s’explique d’ailleurs par la succession de très nombreuses migrations qui se sont suivies au fil des millénaires, et tout particulièrement celles qui sont documentées dans l’histoire au fil des derniers millénaires. 
 

Des mythes s’écrivent encore aujourd’hui 

Les mythes ne font pas seulement partie du passé. Ils ne s’expliquent pas uniquement par la nécessité d’une pensée magique. Ils peuvent apparaître même dans un monde scientifique que le nôtre, que le monde occidental. Jean-Loïc Le Quellec donne ainsi l’exemple du mythe de la planète Gaïa en lequel un certain nombre d’écologistes, de personnes supposément savantes, d’experts, croient. Il donne l’exemple des nombreux mouvements New Age qui extrapolent autour de Gaïa. 

 

Jean-Loïc Le Quellec donne ainsi l’exemple de ce qui a été raconté autour de l’épidémie de Coronavirus. Un virus envoyé par la planète, par l’écosystème pour se venger de l’humanité, de l’homme. De ce franchissement des espèces par les virus comme sanction à l’encontre de notre folie. 

 
Que signifient donc les mythes ?

En lisant Jean-Loïc Le Quellec, on comprend ainsi que les mythes racontent plus l’histoire des migrations humaines qu’une histoire de nos origines ou de l’origine de l’homme. Les mythes nous racontent l’histoire que des sociétés se sont racontées sur leur origine, sur l’origine du Monde, sur l’origine de l’Homme, du premier homme ou de la première femme, ou du premier couple. Qu’il y ait ou non un fond de vérité dans les multiples mythes autour du déluge, il me semble que Jean-Loïc Le Quellec n’y croit pas.
 
Il critique toutes les théories selon lui abracadabrantes qui tentent d’expliquer ses mythes par une sorte d’histoire mythique originale, qu’il s’agisse d’extraterrestres, de continent perdu, ou autre. Il contredit les diverses théories psychanalytiques avancées comme listé ci-dessus. Il rit aussi du terme de pluies diluviennes ayant accompagné le déluge, en rappelant que dans des zones équatoriales, il pleut effectivement quarante jours de suite régulièrement, voire bien plus que quarante jours de suite. 
 

https://www.researchgate.net/profile/Jean-Loic-Le-Quellec/publication/342420933_2019_-_L%27intarissable_flot_de_theories_du_deluge_Le_Monde_des_Religions_32_50-53/links/5ef3794892851c35353bdb75/2019-Lintarissable-flot-de-theories-du-deluge-Le-Monde-des-Religions-32-50-53.pdf

 
Mais il ne répond pas pour moi à la question primordiale. N’y a-t-il pas eu dans un passé très lointain un événement si cataclysmique qu’il a marqué l’histoire d’un peuple si profondément, que cette histoire s’est transmise de générations en générations, puis a été raconté sous forme de mythe, d’histoire, de légende ancestrale, et qu’elle a suivi ce peuple tout au long de ses pérégrinations, de ses migrations, d’Afrique en Asie, d’Asie en Australie et en Indonésie, d’Asie en Afrique et d’Asie en Amérique. 
 

Ne serait-ce pas ce qui risquerait d’arriver si un hiver nucléaire éclatait aujourd’hui ? Les rares survivants d’un conflit atomique ne se raconteraient-ils pas encore dans plusieurs dizaines de milliers d’années l’enfer des explosions nucléaires, le feu qui envahit le ciel, les nuées qui masquent le soleil pendant des générations, la végétation et les animaux qui s’éteignent peu à peu, et les rares survivants qui quelques siècles plus tard, sortiront enfin de leur caverne pour reconquérir les ruines de notre monde, les ruines de nos cités d’acier, les ruines de notre civilisation technologique disparue ? Et si les mythes nous racontaient qu’une apocalypse de la sorte s’est déjà produite par le passé ? Parce qu’il existe des mythes approchants :

 

«Il y a longtemps, les trois tribus Miao ont créé un grand chaos, alors le Ciel a chargé Yu de les détruire. Le Soleil est apparu la nuit et, pendant trois jours, il a plu du sang. Un dragon est né dans le temple ancestral, et des chiens ont hurlé sur la place du marché. La glace se formait en été, la terre se fissurait et les sources jaillissaient. Toutes sortes de céréales poussaient sous des formes anormales, et les gens étaient terrifiés. Dans le palais noir, Gao Yang a donné l’ordre que Yu prenne personnellement le bâton d’autorité en jade du Ciel afin de lancer une expédition contre les Miao. Alors que des éclairs brillaient tout autour, un esprit au visage d’homme et au corps d’oiseau descendit avec un bâton de jade pour attendre Yu. Une flèche frappa le commandant des Miao, et leur armée fut plongée dans le chaos. Ils furent alors éliminés. Après avoir conquis les trois tribus Miao, Yu sépara ensuiet les montagnes et les rivières, sépara le haut du bas et traça clairement les quatre extrémités directionnelles du monde. Dès lors, ni les esprits ni les hommes ne violèrent les lois et le monde entier fut en paix.»

 

Mythe chinois du déluge de l’empereur Yu le grand, fondateur de la première dynastie Xia, d’après le cinquième chapitre du Mo zi (page 222-223).

  
Joyeux mythe de Noël à vous toutes et à vous tous … Et bonnes fêtes de fin d’année si je n’écris rien d’ici fin décembre 2023.

 

 

Saucratès

 

 

Bibliographie :

 

Jean-Loïc Le Quellec - Avant nous le Déluge ! L’Humanité et ses mythes - Éditions du  Détour - Novembre 2021

 

L’origine de l’humanité selon les mythes - Variations sur l’histoire de l’humanité - Yves Coppens - Ada Ackerman - Ugo Bellagamba - José Braga - Claudine Cohen - Laurent Genefort - Évelyne Heyer - Roland Lehoucq - Jean-Loïc Le Quellec - Marie-Christine Maurel - Marylène Patou-Mathis - Brigitte Senut - Jean-Sébastien Steyer - Nicolas Teyssandier - Valéry Zeitoun - La Ville Brûle - Octobre 2018

 

https://saucrates.blog4ever.com/les-mythes-a-lorigine-de-lhumanite 


25/12/2023
0 Poster un commentaire

Les sociétés primitives et le Pouvoir

Violence privée contre monopole de la violence légitime dans les sociétés primitives

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, mercredi 29 novembre 2023

 

Pour en revenir à mon auteur préféré sur les sociétés primitives, Pierre Clastres, il écrit les choses suivantes dans un chapitre des ‘Recherches d’anthropologie politique’ dans le chapitre ‘La question du pouvoir dans les sociétés primitives’ :

 

«On retiendra qu’une propriété commune fait s’opposer en bloc les sociétés à État aux sociétés primitives. Les premières présentent toute cette dimension de division inconnue chez les autres, toutes les sociétés à État sont divisées, en leur Être, en dominants et dominés, tandis que les sociétés sans État ignorent cette division : déterminer les societes primitives comme sociétés sans État, c’est énoncer qu’elles sont, en leur Être, homogènes parce qu’elles sont indivisées. Et l’on retrouve ici la définition ethnologique de ces sociétés : elles n’ont pas d’organe séparé du pouvoir, le pouvoir n’est pas séparé de la société.»

 

Il écrit aussi :

 

«On sait que, dès son aurore grecque, la pensée politique de l’Occident a su déceler dans le politique l’essence du social humain (l’homme est un animal politique), tout en saisissant l’essence du politique dans la division sociale entre dominants et dominés, entre ceux qui savent et donc commandent et ceux qui ne savent pas et donc obéissent. Le social c’est le politique, le politique c’est l’exercice du pouvoir (légitime ou non, peu importe ici) par un ou quelques uns sur le reste de la société (pour son bien ou son mal, peu importe ici) : pour Heraclite, comme pour Platon et Aristote, il n’est de société que sous l’égide des rois, la société n’est pas pensable sans sa division entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent et là où fait défaut l’exercice du pouvoir, on se trouve dans l’infra-social, dans la non-société.»

 

Et voilà comment Pierre Clastres interprète l’absence de pouvoir de coercition du chef dans les sociétés primitives qu’il étudie, c’est-à-dire les sociétés amérindiennes :

 

«La politique des Sauvages, c’est bien en effet de faire sans cesse obstacle à l’apparition d’un organe séparé du pouvoir, d’empêcher la rencontre d’avance fatale entre institution de la chefferie et exercice du pouvoir. Dans la société primitive, il n’y a pas d’organe séparé du pouvoir parce que le pouvoir n’est pas séparé de la société, parce que c’est elle qui le détient, comme totalité une, en vue de maintenir son être indivisé, en vue de conjurer l’apparition en son sein de l’inégalité entre maîtres et sujets, entre le chef et la tribu. Détenir le pouvoir, c’est l’exercer ; l’exercer c’est dominer ceux sur qui il s’exerce : voilà très précisément ce dont ils ne veulent pas (ne voulurent pas) les sociétés primitives, voilà pourquoi les chefs y sont sans pouvoir, pourquoi le pouvoir ne se détache pas du corps un de la société. Refus de l’inégalité, refus du pouvoir séparé : même et constant souci des sociétés primitives. Elles savaient fort bien qu’à renoncer à cette lutte, qu’à cesser d’endiguer ces forces souterraines qui se nomment désir de pouvoir et désir de soumission et sans libération desquelles ne saurait se comprendre l’irruption de la domination et de la servitude, elles savaient qu’elles y perdraient leur liberté.»

 

Ce questionnement sur le refus de l’inégalité est central selon moi dans une réflexion sur l’origine de l’Etat. Je lui ai longtemps donné une explication naturelle pour ma part. Le maintien de sociétés primitives s’expliquait selon moi par le milieu naturel dans lequel avaient réussi à subsister les dernières sociétés dites primitives de notre planète, c’est-à-dire les forêts primaires amazoniennes, les zones de jungles africaines et de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Irian-Jaya. C’était grâce à des milieux naturels particulièrement hostiles que des groupes humains avaient pu tenir à distance la division entre dominants et dominés, parce qu’il y était impossible de survivre seul, en dehors de la protection d’un groupe, et même un grand chasseur, un grand guerrier ne pouvait y survivre si le groupe l’excluait de son village, de son peuple.

 

Cette explication, au fond strictement mécaniste, liée au milieu naturel, me semblait correspondre à l’idée exprimée par Pierre Clastres dans ses différents écrits. D’autres milieux naturels semblaient également avoir un impact favorable sur la préservation du pouvoir coercitif, à savoir les déserts et les milieux désertiques, en pensant au Kalahari des Bushmens ou à l’Australie des Aborigènes. Mais cela ne collait pas particulièrement avec le désert du Sahara ou d’Arabie et les tribus bédouines et touaregs qui y survivent et qui pourtant connaissent la division sociale entre maîtres et esclaves.

 

Et au fond, je sais parfaitement que cette explication mécaniste et évolutionniste ne satisferait en aucun cas Pierre Clastres lui-même. 

 

La lecture des diverses œuvres d’Alain Testard offre une autre grille de lecture quant à l’apparition du pouvoir coercitif, même si j’ai l’impression que l’œuvre de Testard ne s’intéresse pas particulièrement à ce concept de pouvoir. Testard explique les différences entre les sociétés par une lecture fonctionnaliste de leur organisation. L’existence ou non de l’esclavage pour dettes, les diverses formes de prestations matrimoniales en vigueur chez les peuples, en séparant :

 

• les peuples qui pratiquent la dot, à savoir nos sociétés occidentales anciennes ou modernes

 

• les peuples qui pratiquent l’institution du prix de la fiancée, où, à l’inverse de la dot, c’est le mari qui achète une femme

 

• les peuples qui pratiquent l’institution du service de la fiancée, où le futur gendre doit se mettre au service du père (ou du groupe paternel ou maternel), pour une durée donnée, pour obtenir une femme à l’issue de cette période de service

 

• et enfin, les peuples, ou plutôt le peuple, à savoir les aborigènes australiens, qui pratiquent une forme unique de prestations matrimoniales, où le produit de la chasse d’un homme appartient à vie à sa belle-mère et à son beau-père.

 

Testard utilise également d’autres types d’institutions pour différencier les sociétés, ou expliquer les différences entre ces sociétés, et notamment la propriété des produits de la chasse, et la forme que prend la distribution du gibier. 


• chez certains peuples indiens d’Amérique, le gibier était partagé entre celui qui avait vu le premier la proie, ceux qui l’avaient tué ou qui avaient participé à sa capture. Dans beaucoup de sociétés primitives, ou dans de nombreux peuples premiers, la répartition du produit de la chasse est une activité codifiée, obéissant à des règles, et laissant plus ou moins de liberté au chasseur pour manger et partager le produit de sa chasse.

 

• chez les indiens Guyakis, et d’autres peuples amazoniens, Pierre Clastres nous indique que le chasseur ne peut manger le gibier qu’il a chassé sous peine de tabou, et de ne plus pouvoir chasser dans le cas inverse. Le chasseur ne peut ainsi consommer le produit de sa propre chasse mais ne pourra consommer que le produit de la chasse des autres chasseurs.

 

• chez les Bushmens, c’est le propriétaire de la flèche qui sert à tuer la proie qui est proprietaire du gibier tué. Et chaque chasseur Bushmen à dans son carquois des flèches ne lui appartenant pas et appartenant à plein de proprietaires différents, et c’est le chasseur qui choisit librement la flèche qu’il utilisera et qui tuera peut-être un animal et profitera alors à celui qui lui avait donné cette flèche. Au fond, l’habilité et le prestige du chasseur lui confère le droit de choisir celui qui recevra le butin de sa chasse, à égalité avec l’habileté du fabricant de flèches.   

• rien de tout cela donc, chez les Aborigènes australiens, où le chasseur n’est en aucun propriétaire du gibier tué, à moins qu’il ne le consomme pendant la chasse, dans la brousse. Mais s’il le rapporte à son village, il appartiendra immédiatement à un membre de sa belle-famille. Et s’il part à la chasse avec ses beaux-frères, ils lui confisqueront immédiatement le produit de sa chasse. Et contrairement à toutes les autres formes de distribution du produit de la chasse, le chasseur australien ne peut en aucun cas tirer prestige de sa capacité de chasseur, parce que son gibier ne lui appartient en aucun cas et qu’il ne peut en tirer aucun bénéfice d’aucune sorte.

 

Pour Testard, ainsi, ces différentes formes d’institutions permettent d’expliquer des différences d’organisations sociales entre les sociétés. Même nos sociétés occidentales modernes peuvent y être intégrées, même si nous n’y chassons plus et que les institutions matrimoniales y ont disparu, pour la majeure partie des groupes sociaux (hormis pour les plus hautes classes sociales nobiliaires où le principe de la dote existe toujours). 

Les spécificités des peuples Bushmens ou Aborigènes s’expliquent ainsi par leurs institutions matrimoniales ou de répartition des produits de la chasse particulières. Toutes les sociétés où existent l’institution du service de la fiancée (comme chez les Bushmens également) ne connaissent pas l’institution de l’esclavage pour dettes, parce que le service de la fiancée a une durée de temps limité et que tout le monde peut travailler pour acquérir des droits sur une épouse. Accessoirement, Pierre Clastres ne détaille pas particulièrement les prestations matrimoniales dues dans le cadre de l’échange de femmes. Le mariage y est une forme d’échange matrimonial et permet de nouer des relations d’échanges avec d’autres tribus amies. Dans un de ses essais, Clastres signale simplement que l’ensemble des femmes dans un village sont tabous pour les jeunes hommes de ce village et qu’ils ne peuvent obtenir des femmes que du village, ou du peuple de sa belle-famille (tout en étant  cependant aussi ennemi acharné de ce village, pouvant être tué par tous les hommes de ce village … cf. «Le dernier cercle» de Pierre Clastres dans «Recherches d’anthropologie politique»). L’une des autres manières d’acquérir des femmes signalée par Clastres, c’est la guerre et le rapt des femmes dans les villages ennemis. 


Chez les peuples qui pratiquent l’institution du prix de la fiancée, c’est-à-dire dans laquelle, l’homme, ou la famille de l’homme, doit fournir un ensemble de biens de prestige pour pouvoir acheter une femme, l’ensemble de ces peuples connaissent l’institution de l’esclavage pour dettes (ceux qui doivent à d’autres ou qui n’ont pu payer ou rembourser le prix demandé pour la femme achetée) et également l’esclavage de guerriers ennemis. Ces sociétés sont divisées entre puissants et pauvres, dominants et dominés. Dans ces sociétés, l’une des solutions pour obtenir une femme est de se mettre dans la clientèle d’un homme riche et puissant, qui en échange, vous donnera ou achètera pour vous une femme. En échange, vous n’êtes pas son esclave mais son obligé indéfiniment. Dans ces sociétés, si vous ne pouvez rembourser vos dettes, vous pouvez vous mettre en esclavage ou mettre en esclavage vos enfants. Ce sont aussi des sociétés qui valorisent l’activité de la chasse et le prestige du chasseur, et dans lesquels le chasseur est le propriétaire du gibier qu’il a tué. Nombre de royautés africaines ont pour origine un ancêtre chasseur étranger auquel un groupe de villageois avaient confié la charge de la royauté sur leur groupe (lire Alfred Adler ou Luc de Heusch).

Les sociétés indiennes d’Amérique du Nord, comme les Inuits, organisent ou réglementent strictement le partage du gibier tué et constituent des peuples qui ne connaissent pas véritablement le pouvoir coercitif (par exemple pour la Ligue des Iroquois, de leur vrai nom les Haudenosaunee). Mais on y trouve aussi d’autres sociétés fortement hiérarchisées, entre riches et pauvres, entre patrons et dépendants, entre maîtres et esclaves, comme dans les peuples indiens de la Cote Nord-Ouest, qui y représentent ce que l’on appelle des peuples de chasseurs-cueilleurs stockeurs (gland et saumons) et qui pratiquent notamment le potlatch (dans lequel le principe est de devoir rendre toujours plus qu’on a reçu sous peine de déchéance et de prendre son prestige).

 

https://www.medarus.org/NM/NMTextes/nm_06_01_auto_8_cote_nordouest.htm

 
Dans les sociétés occidentales anciennes ou modernes, l’institution du prix de la fiancée a été remplacée par l’institution de la dote, et évidemment nos sociétés ont de tout temps été divisées entre riches et pauvres, patriciens et plébéiens, la noblesse et le tiers état, les nobles et les serfs, et ainsi de suite. 
 
Le Pouvoir, dès lors que les sociétés l’acceptent en leur sein, ne disparaît apparemment plus jamais. La société occidentale est toujours traversée par le Pouvoir, aujourd’hui le pouvoir de l’Argent, de l’influence, de la Terre, des diplômes, dont la seule unité de mesure commune est l’Argent, toujours l’Argent. Plus d’esclavage, mais une domination générale et définitive par ceux qui ont l’Argent. Même si les dominants, les puissants, ne se sentent plus du tout responsables de ceux qui dépendent d’eux, de ceux qui se placent sous leur dépendance.

 
L’absence de pouvoir coercitif étatique a pour conséquence une violence exacerbée entre ses membres

  

Cette question du Pouvoir que j’ai tenté ci-dessus de traduire relativement précisément, à l’aide d’un maximum d’exemples piochés dans la littérature anthropologique (ou ethnologique) comporte une facette plus sombre. L’absence de pouvoir coercitif de la part d’un État, de la part d’une classe de dominants, de la part d’un groupe exerçant le pouvoir coercitif au nom de l’Etat, le monopole étatique de la violence légitime comme certains le disent, tout ceci ne signifie pas que ces sociétés ne sont pas violentes.

 

Bien au contraire, ces sociétés archaïques, sans pouvoir, sont les plus violentes des sociétés vis-à-vis de leurs propres membres que l’on puisse imaginer.

 

• Violence des cérémonies d’initiation, dont l’objectif est de marquer violemment et durablement les corps des membres de la société pour rappeler à tous l’égalité de tous devant la douleur, devant les rites d’initiation. Que ce soit chez les peuples amérindiens d’Amérique du Sud, en Australie ou en Afrique.

 

• Violence entre les membres, entre tribus, chaque tribu étant en guerre contre ses voisines même si elles peuvent échanger des femmes, sans que cela ne remette en question qu’elles sont ennemies. En Australie, immobiliser et voler les reins et la graisse des reins d’un vieil homme puissant pour récupérer son pouvoir magique est normal, ce à quoi je doute qu’il puisse survivre. 
 
• Violence au sein même de la tribu dès lors qu’un chamane, ou que le groupe lui-même, estimerait que telle ou telle personne est à l’origine de telle ou telle faute, de telle ou telle erreur, comme par exemple d’avoir des relations sexuelles avec une personne de la mauvaise moitié (Australie) etc …

 

• Violence au sein même de la tribu en lien avec les processus de vengeance pour les morts ou pour les offenses, comme en Afrique dans les sociétés lignagères (comme chez les Nuers étudiés par l’anthropologue britannique Evans-Pritchard), mais aussi comme en Australie, en Amérique du Sud voire dans les plaines d’Amérique du Nord.

 

En quelque sorte, le passage d’une société sans État, à une société étatique, avec un monopole de la violence dite légitime, permet de voir refluer la violence privée s’exerçant par le groupe, par les autres groupes, sur les personnes privées individuelles. Ce monopole de violence légitime donnée à l’Etat, à un homme au sein de l’Etat, à un petit groupe agissant pour le compte de l’Etat ou pour le compte d’un homme, fait à la fois apparaître un risque de violences de la part de cet homme ou de ce groupe pour leur bénéfice personnel, mais aussi et surtout permet une diminution collective de la violence entre les membres eux-mêmes.

 

Au fond, la recherche en anthropologie et en ethnologie à permis de trancher entre les positions contradictoires de Hobbes et de Rousseau. Les sociétés sans État chères à La Boétie, à Montaigne et à Clastres ne sont pas ces sociétés idylliques que l’on nous a peint. Le monde idéal de Rousseau n’existe pas. Ce sont des sociétés d’une sauvagerie sans nom. La préservation d’une absence de pouvoir coercitif étatique, la préservation d’une société sans dominant, sans maître, sans roi, sans chef, n’est possible qu’en laissant s’exercer sans contrainte dans la société une violence de presque tous contre presque tous. 
 

Et l’histoire nous apprend que cette violence généralisée ne disparaît que lorsque apparaît un maître. En Australie, l’arrivée des colons britanniques met fin aux conflits incessants et aux guerres tribales au  fur et à mesure de l’avancée des colons britanniques. C’est la même chose avec la colonisation occidentale en Afrique ; violence qui réapparaît d’ailleurs aujourd’hui des décennies après les indépendances. 
 

N’y a-t-il nul autre choix qu’entre la violence généralisée de tous contre tous et la violence légitime des États et des maîtres dominants ? 
 

 

Saucratès

 

 

Nota : mes quelques autres écrits précédents sur le même sujet

 
https://saucrates.blog4ever.com/nouvelles-reflexions-sur-le-pouvoir

  

https://saucrates.blog4ever.com/considerations-sur-l-organisation-des-societes-humaines-2

 

https://saucrates.blog4ever.com/considerations-sur-l-organisation-des-societes-humaines-1

 
https://saucrates.blog4ever.com/evolution-des-societes-la-violence-comme-principe-explicatif

 

https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-retour-1

 

Bibliographie :

Liste des quelques livres sur le sujet évoqué dans ces articles

  

Alfred Adler - Là mort est le masque du roi

Pierre Clastres - La société contre l’Etat - Recherches d’anthropologie politique - 1974 - Les éditions de Minuit - Collection Critique

 

Pierre Clastres - Recherches d’anthropologie politique

  

Etienne de La Boétie - Discours de la servitude volontaire - 1576 - Collection Mille et une nuits n°76

 
Lewis Henry Morgan - La société archaïque - 1971 - Éditions Anthropos, Paris … Titre original : Ancient Society - 1877

 

Alain Testart – Le communisme primitif - Economie et idéologie - 1985 - Editions de la Maison des sciences de l’homme, Paris

 

Alain Testart – Eléments de classification des sociétés - 2005 - Editions Errance, Paris

 

Alain Testart – Avant l’histoire – L’évolution des sociétés de Lascaux à Carnac – 2012 – Editions Gallimard NRF – Bibliothèque des sciences humaines, Paris


29/11/2023
0 Poster un commentaire

Questions sur la protohistoire

Des questions que l’on peut se poser sur les plus anciennes civilisations

Par Saucratès

Saint-Denis de la Réunion, mardi 29 novembre 2023 

  

La notion de ‘Protohistoire’ a plusieurs sens selon les auteurs ou les dictionnaires. Pour certains, il s’agit de l’histoire des peuples sans écriture mais qui sont mentionnés dans les écrits d'historiens ou de chroniqueurs qui leur sont contemporains. Selon une définition plus récente, il s’agit de la période de la Préhistoire où les hommes vivent de la production agricole, quelles que soient leurs techniques d'outillage. Cette nouvelle définition élargit donc la protohistoire au Néolithique et aux âges des métaux.

 

 

Oublions le présent, ses guerres et ses conflits actuels, pour en revenir à un passé particulièrement passionnant, celui de l’origine de la civilisation humaine. Mais écrire sur ce passé préhistorique est presque aussi dangereux que de parler de l’actualité récente. Parce que ce passé est supposé être une matière réservée à une caste de scientifiques, de mandarins et de théologico-politiciens (car le féminisme en archéologie est une position doctrinale relevant de la politique) et que discourir sur ce passé est totalement interdit aux profanes et aux amateurs comme moi.

 

La période qui m’intéresse est pourtant celle qui précède l’apparition des grandes civilisations, sumériennes ou égyptiennes. Ces premières civilisations qui inventèrent supposément l’écriture, les grandes cités antiques, la civilisation telle qu’on l’entend aujourd’hui.

 

Ecrire sur ce passé n’est pas un exercice totalement inintéressant comme certains pourraient le penser. En discutant avec un ami, nous en sommes venus à réfléchir sur les hauts et les bas des civilisations humaines. Il me donnait l’exemple de la civilisation des grands temples khmers au Cambodge, sur sa magnificence entre le dixième et le douzième siècle de notre ère, et son effondrement par la suite. Mais l’histoire est riche de ses grandeurs et de ses décadences. Par exemple l’effondrement de la civilisation occidentale après la chute de l’Empire romain d’Occident à la fin du cinquième siècle de notre ère. Certains défendent l’idée que le moyen-âge européen n’a pas forcément été cette période d’obscurantisme. Certes, mais encore au dix-septième siècle de notre ère, il y a à peine quelques siècles, la Cour du roi à Versailles ne connaissait toujours pas les sanitaires, alors que les cités romaines étaient construites avec des systèmes d’aisance et d’assainissement, connaissaient l’hygiène et étaient toutes construites autour de thermes. Il faudra attendre les années 1900 pour que cela soit redécouvert en Occident.

 

De la même manière, on peut aussi citer l’exemple de la décadence de la Chine impériale. Cette civilisation millénaire si avancée sur le reste du monde pendant des siècles, qui a inventé la poudre à canon, qui connaissait les mathématiques et l’astronomie, mais qui s’est également effondrée jusqu’à sa conquête par les puissances occidentales. «Les Chinois surveillaient attentivement ce phénomène, jugé très important pour l'Empereur. Et gare à ceux qui échouaient dans leurs prédictions. En 2137 avant notre ère, deux astronomes de cour, les frères Hi et Ho, auraient eu la tête tranchée pour avoir échoué à prédire l'éclipse.» Et pourtant, lors de sa rencontre avec l’Occident, la Chine impériale 

 

On connaît tous l’histoire de cet astronome jésuite capable de prédire une éclipse de Lune alors que les astronomes chinois en sont désormais devenus incapables. C’était le 1er septembre 1646 et il s’agissait du père jésuite Johann Adam Schall von Bell (Tang Ruowang, né à Cologne en 1592, mort à Pékin en 1666). «Le 1er septembre 1644, il prédit une éclipse de soleil à la minute près – les astronomes chinois s’étaient trompés d’une demi-heure, et les astronomes musulmans d’une heure. À la fin de l’année, l’empereur Shunzhi nomme Schall à la tête du Bureau d’astronomie.» 

 

https://www.bienpublic.com/actualite/2014/08/10/l-astronome-et-l-empereur
 

Et pourtant, la rencontre aurait eu lieu quelques millénaires auparavant que l’histoire en aurait été inversée, si ce qui est dit de la tragédie des frères Hi et Ho ayant échoué à prédire une éclipse en -2137 est vraie … La première prédiction exacte d’une éclipse est imputée à Thalès de Milet en 585 avant notre ère, selon Hérodote. «Néanmoins, les astronomes doutent que Thalès ait réellement eu les moyens de faire une telle prédiction à son époque. C'est au IIè siècle de notre ère, avec le grec Ptolémée et son grand traité d'astronomie, que la connaissance précise des différents paramètres nécessaires pour prédire correctement une éclipse a été acquise.» 

 

Et on ne parle pas ici de la grandeur et de la décadence des grandes civilisations précolombiennes et andines, et de leur effondrement sous les coups de boutoir des armes des Conquistadors espagnols.

 

De multiples civilisations ont connu des hauts et des bas et certaines ont disparu corps et âmes. Rome a survécu huit ou neuf siècles. Les incas, les Mayas, les Aztèques ont survécu parfois à peine quelques siècles. La civilisation occidentale, née à peu près vers la découverte des Amériques, aux alentours de la fin du quinzième siècle, il y a un peu plus de cinq siècles, disparaîtra elle-aussi un jour. Mais en s’étant mondialisée, c’est l’ensemble de l’humanité qui risque de s’effondrer avec elle. Dans combien de décennies ou de siècles ? 
 

Est-il néanmoins possible que des civilisations précédent les premières civilisations antiques connues, à savoir l’Egypte, la Chine, les Sumériens ou celle de la vallée de l’Indus, aient pu s’effondrer et disparaître avant les premières d’écritures connues sans que l’on puisse en retrouver de traces archéologiques, soit parce qu’il est difficile de retrouver des traces archéologiques remontant à plus de 6.000 ans, soit parce que les endroits où ces civilisations archaïques ont disparu sous la surface des mers ou des océans ? Que retrouverait-on de nos villes et de nos constructions dans plus de 6.000 ans si le niveau de nos océans s’élevait encore de plus de 100 mètres ?

 

• La civilisation chinoise remonterait selon les légendes, au troisième millénaire avant notre ère, soit il y a environ 5.000 ans. Mais la culture du millet et du riz remonterait à -7.000 ans et -6.000 ans avant notre ère. 

 

• La civilisation égyptienne remonterait pour sa part à -3.150 ans avant notre ère avec l’unification politique des royaumes de Haut-Egypte au Sud et de Basse-Egypte au Nord. Mais selon Wikipédia, on estime que les premiers peuples à avoir occupé les rives du Nil remontent à -5.700 ans avant notre ère, avec les cultures Badari et Nagada, à une époque où le Sahara était encore vert (de -8.000 à -4.000 ans avant notre ère, avant sa brutale nouvelle aridification). 
 

• La civilisation sumérienne remonte à -3.500 ans avant notre ère mais, selon Wikipédia, les premières traces de peuplement en Basse-Mésopotamie remontent aux derniers siècles du septième millénaire avant notre ère (il y a 9.000 ans). «La question de savoir s'il y avait un peuplement antérieur échappe à la documentation archéologique (…) la remontée des eaux du Golfe en raison de la fonte des glaces à la fin de la dernière glaciation a recouvert des régions auparavant à sec et potentiellement habitées». 

 

• La civilisation de la Vallée de l’Indus, ou civilisation harappéenne, remonte selon les traditions soit à -2.600 ans avant notre ère, soit à -5.500 ans avant notre ère (implantation des premières tribus dans la vallée de l’Indus), soit à -7.000 ans avant notre ère avec le début de la phase de Néolithisation à partir du Baloutchistan voisin.

 

• Les civilisations Valvidia et Caral sont les plus anciennes civilisations amérindiennes connues, dont l’origine remonte entre -4.000 ans et -3.000 ans avant notre ère. 
 

• Çatal Höyük est une ville turque de l’époque néolithique dont l’occupation humaine remonte à -7.560 ans avant notre ère jusqu’à 4.340 ans avant notre ère. Il s’agit d’une ville en deux tells (Est et Ouest) abandonnée par la suite. On accède à des maisons sans porte ni fenêtre vers l’extérieur, auxquelles on accède par des échelles depuis les toits. 

 

• Enfin, la construction du temple de Gobekli Tepe en Turquie s’étend de -9.600 ans à -8.000 ans avant notre ère, avant d’être ensevelie par ses contemporains. De telle sorte que ce n’est qu’en 1994 qu’il a pu être redécouvert. Cela signifie que ce site a été construit et occupé il y a 11.600 ans BP (before présent) et se trouve être contemporain du début de l’holocène et de la fin du Dryas récent. 
 
https://www.caminteresse.fr/histoire/gobekli-tepe-les-5-mysteres-du-plus-ancien-temple-de-lhumanite-11146344/
 

https://static.blog4ever.com/2010/11/447196/CE308D59-B33D-4B18-B6F8-46F012F5A203.png

 

Vers -7.000 avant notre ère, il y a donc près de 9.000 ans, en plusieurs endroits du globe, partout pratiquement à la même époque, en Chine, en Égypte, en Mésopotamie, en Turquie, dans la vallée de l’Indus, dans les Andes en Amérique, des peuples inventent l’agriculture, la domestication végétale et animale, ce que l’on a appelé le phénomène de ‘Néolithisation’.

 

L’existence de Göbekli-Tepe présente un certain nombre de mystères, que ce soit dans la signification des pierres immenses et des gravures qui les recouvrent, du poids de ces pierres et de la distance à parcourir depuis la carrière où elles sont prélevées et découpées, du nombre élevé de personnes qui ont été nécessaires pour cette construction, et de la manière dont ces personnes pouvaient être nourries, au dixième et au neuvième millénaire avant notre ère, à une époque où l’agriculture n’est pas sensée exister, où l’homme n’est pas sensé savoir planter des céréales et les récolter.

 

Et surtout, Göbekli-Tepe est contemporain de ce que l’on appelle la fin du Dryas récent, cette période de 1.200 ans s’étendant de -12.850 ans à -11.650 ans avant le présent (soit de -10.900 ans à -9.700 ans avant notre ère), qui représente la dernière oscillation froide de la dernière période glaciaire avant l’Holocène. Les hommes auraient eu besoin de construire Göbekli-Tepe dès la sortie de ce dernier épisode glaciaire ? Pour témoigner de quoi ?

 

Un journaliste et archéologue américain, Graham Hancock, traque l’existence de civilisations disparues antérieures aux grandes civilisations que j’ai cité, traque des traces archéologiques qui dévieraient de la chronologie officielle des débuts de l’histoire et des civilisations, et il propose la théorie que ce monument de Göbekli-Tepe, comme les temples mégalithiques de l’île de Malte, auraient été construits comme témoignages d’un cataclysme cosmique ayant causé la survenue du Dryas récent.

 

https://trustmyscience.com/nouvelle-preuves-suggerent-impact-asteroide-a-provoque-changement-climatique-12800-ans/

 
Evidemment, ces théories peuvent paraître loufoques. Les preuves avancées par ces auteurs peuvent n’avoir aucune valeur. Le fait que Netflix propose le documentaire de Graham Hancock , «A l’aube de notre histoire», ne donne pas forcément une légitimité à sa thèse. Mais les découvertes scientifiques évoluent. Avant 1994, personne n’aurait imaginé que l’humanité aurait été capable de construire un site comme Göbekli-Tepe vers -9.600 ans avant notre ère. Que découvrira-t-on au cours des prochaines décennies ? Combien de nouveaux vestiges préhistoriques permettront-ils de revoir la chronologie de notre préhistoire ? Des lieux improbables que Graham Hancock décrit, l’un de ceux qui me surprend le plus est le site de Gunung Panang en Indonésie.

 

https://www.geo.fr/histoire/une-pyramide-decouverte-en-indonesie-pourrait-cacher-un-temple-vieux-de-milliers-dannees-193945 

 

Pour ma part, à la recherche moi aussi des traces de cette période, j’ai découvert que Platon, qui vécut de -428 à -348 ans avant  notre ère, fait remonter la disparition de l’Atlantide à 9.000 années avant l’époque de Solon (de -640 à -560 ans avant notre ère). Bien évidemment, on estime que l’Atlandide que Platon évoque est supposé être une contrée mythique, et qu’elle doit se rapporter à quelques événements et à quelques civilisations n’ayant rien à voir avec notre légende et à notre mythe actuel de l’Atlantide.

 
Et pourtant, cette date de 9.000 années avant l’existence de Platon, et l’époque de Solon, grand législateur athénien, ramène cette légende de l’Atlantide de Platon aux alentours de -11.600 ans BP (before present) environ. Soit une date là encore très proche du début de la construction de Göbekli-Tepe et de cette satanée supposée fin du Dryas récent, de ce début véritable de l’Holocène, de la brusque remontée des températures qui en a découlé et de la tout aussi brusque remontée du niveau des océans qui s’est produite à la même période. 

 

Cette description faite par Platon de l’Atlandide se trouve seulement dans deux dialogues de Platon, dans le dialogue du Timée, et dans le dialogue du Critias, où il y est indiqué cela : 

 

«Quelle preuve en avons-nous et qu’est-ce qui reste du sol d’alors qui justifie notre dire ? Le pays tout entier s’avance loin du continent dans la mer et s’y étend comme un promontoire, et il se trouve que le bassin de la mer qui l’enveloppe est d’une grande profondeur. Aussi, pendant les nombreuses et grandes inondations qui ont eu lieu pendant les neuf mille ans, car c’est là le nombre des ans qui se sont écoulés depuis ce temps-là jusqu’à nos jours, le sol qui s’écoule des hauteurs en ces temps de désastre ne dépose pas, comme dans les autres pays, de sédiment notable et, s’écoulant toujours sur le pourtour du pays, disparaît dans la profondeur des flots.» (page 23)

 

https://beq.ebooksgratuits.com/Philosophie/Platon-Critias.pdf

 

Tout ceci peut-il seulement être le fruit du hasard ? Si tout ceci est une invention, comment Platon peut-il fournir par hasard une date si proche du début de l’Holocène et de la fin du Dryas récent, épisodes qu’il ne pouvait connaître sauf à imaginer l’existence d’archives historiques antérieures à l’invention de l’écriture ? Si d’hasard et d’invention il s’agit, on parlerait alors d’une chance invraisemblable. 

C’est à peu près ce que nous raconte Jacques Collina-Girard, géologue et préhistorien à l’université de Provence. Selon ce qu’il écrit :

 

«L’Atlantide un mot écrit dans un texte très ancien (IV° siècle avant J.C) qui depuis a suscité bien des fantasmes à travers des articles, des romans, des films, etc… Cette Atlantide que les uns situent en Grèce, d’autres au Sahara et d’autres encore au centre de l’Atlantique a pourtant bien existé pour les géologues. Il s’agit d’une île située dans le détroit de Gibraltar, émergée lorsque le niveau marin était à 135 mètres au-dessous de son niveau actuel. Cette Atlantide géologique a été engloutie, 9600 ans avant J.C. La catastrophe a été associée à un séisme et à un tsunami contemporains d’une accélération de la remontée de la mer liée au réchauffement climatique post-glaciaire.» 

 

Environ 12.000 ans avant le présent (BP), un séisme quatre fois plus puissant que le séisme de Lisbonne de 1775 se serait produit à cet endroit, entraînant un abaissement de 30 mètres de cette partie du plateau géologique.

 
https://atlantico.fr/article/decryptage/atlantide-deluge-pourquoi-certains-mythes-sont-bien-plus-vrais-qu-on-ne-le-pense-gilles-lericolais-jacques-collina-girard-jean-loic-le-quellec

 

https://www.hominides.com/html/references/atlantide-retrouvee-collina-girard-0294.php

 

N’y a-t-il pas encore autre chose à découvrir dans les temps qui précèdent la période des berceaux de l’humanité aux alentours des -10.000 ans à -7.000 ans avant notre ère ? 

 

 

Saucratès 


31/12/2023
0 Poster un commentaire

Quelques données ethnologiques sur l’Australie

Ethnologie 1

Quelques données ethnologiques sur l’Australie

Par Saucratès

Saint-Denis de la Reunion, samedi 14 juillet 2023

 

Pourquoi l’Australie passionne-t-elle autant les anthropologues, mais pas seulement ? Ainsi les sociologues comme le français Émile Durkheim («Formes élémentaires de la vie religieuse») ou les psychanalystes comme Sigmund Freud («Totem et tabou»). Que représente donc l’Australie ? Une faune particulière, le mythe des totems même si on retrouve des totems chez de nombreux autres peuples, des coutumes et des institutions sociales inconnues partout ailleurs, des peuples preservés hors du monde, jusqu’à l’arrivée des britanniques 

 

1. Un peuple à l’écart du reste de l’humanité au cours de ces cinquante derniers millénaires.

La faune australienne elle-même est déjà particulière, avec l’absence initiale de mammifères placentaires et la survie sur cette île continent des seuls mammifères marsupiaux, qui ont pu continuer de se développer et se maintenir à l’écart du reste des ordres des mammifères. Et pourtant, contrairement à une croyance, on retrouve des marsupiaux ailleurs qu’en Australie, essentiellement en Nouvelle-Guinée mais également en quelque rares endroits sur le continent américain. Et nulle part ailleurs alors qu’ils représentaient précédemment le principal ordre des mammifères sur le continent eurasiatique. Ils auraient commencé à être supplantés par des mammifères plus évolués il y a 150 millions d’années et on estime que la séparation des plaques continentales de l’Australie et de l’Amérique du Sud, puis de l’Antarctique, qui s’est produite il y a environ 85 à 65 millions d’années, les a isolés à l’écart en Australie à l’abri des autres ordres de mammifères, leur permettant de survivre jusqu’à notre époque. 

 

De la même manière, mais à une période beaucoup plus proche de nous, une migration humaine a rejoint les terres australiennes il y a environ 50.000 ans, et ces hommes sont restés à peu près sans contact avec le reste de l’humanité jusqu’aux premières rencontres avec les européens et l’installation de ces derniers à compter des années 1700-1800. Les peuples australiens précédant la conquête britannique ignoraient ainsi l’art et l’usage de la poterie ainsi que l’usage de l’arc, ce que révèle la lecture d’Alain Testard. Il ne s’agissait pas seulement de peuples restés à l’écart du reste de l’humanité, mais d’un isolat social et culturel pratiquement inviolé antérieur à l’invention de la poterie et de l’arc et de la flèche. 

 

En effet, l’époque de la séparation des aborigènes du reste de l’humanité, remontant à 50.000 ans, est antérieure à l’invention de la poterie cuite au four, dont les premières traces remontent peut-être à 20.000 ans à l’époque Jomon au Japon et en Chine. Et on peut déduire du deuxième trait isolé chez les aborigènes australiens que l’invention de l’arc par l’humanité est également postérieure à cette séparation. Les aborigènes connaissent néanmoins le propulseur, pour propulser les lances à une grande distance, propulseur qui a presque partout disparu en dehors de chez certains peuples restés isolés tardivement, les bâtons de jet et une arme totalement inconnue ailleurs : le boomerang. 

http://www.lahuttedesclasses.net/2017/08/des-armes-et-des-combats-en-australie.html

 

Lire également l’article suivant du même auteur, M. Jean-Marc Pétillon, critiquant la position d’Alain Testard sur l’usage de l’arc et l’explication de son absence en Australie. 

 

https://journals.openedition.org/tc/7606

 

L’Australie passionne donc les anthropologues. Du blog «La hutte des classes», je retiens aussi cette coutume particulièrement terrible non relatée par Alain Testard : «Quant à la corde, elle servait à s'emparer par surprise d'un adversaire dans un campement ennemi, et à le mettre hors d'état de nuire pendant qu'on lui ouvrait le dos afin de lui prélever la graisse rénale (le kidney fat des auteurs anglophones) – dans toute l'Australie, cette substance était chargée d'une forte valeur magique et était ardemment recherchée.»

 

Difficile ainsi de parler de bons sauvages, restés préservés à l’abri des violences et des côtés sombres de l’humanité ; chacune de ces tribus aborigènes étaient en guerre permanente les unes contre les autres et avaient inventé des armes mortelles (comme la lance de mort ou ‘death-spear’) ou des coutumes barbares (la mort en cas d’adultère). On retrouve des coutumes aussi barbares (à nos yeux d’occidentaux) chez de nombreux autres peuples premiers, comme des pratiques funéraires chez les Natchez (Amérique du Nord) où, à la mort du chef suprême, des dizaines d’individus étaient également étranglés ou tués, et où des nouveaux-nés étaient jetés sous le convoi funèbre. Chez les indiens des plaines, les hommes donnaient leurs phalanges pour satisfaire le soleil ou le Grand Mystère. Testard cite le cas «d’un grand chef qui avait obtenu réputation et succès après avoir offert au soleil tous ses doigts sauf les deux qui lui étaient indispensables pour tirer à l’arc». Et il en va de même avec les cérémonies d’initiation australiennes aussi extrêmement violentes avec les jeunes initiés ou les initiateurs.

 

Testard cite aussi la cérémonie de la danse du soleil chez les indiens Mandans, chez lesquels, après être restés suspendus par des crochets au toit de la grande hutte cérémonielle, tout s’achève en une course folle dans laquelle chacun traîne un crâne de bison jusqu’à ce que les chairs se déchirent». On peut aussi se rappeler les cérémonies d’initiation extrêmement violentes chez les indiens d’Amazonie décrits par Clastres ou chez de maints peuples africains.

 

Comment des civilisations ou des peuples pouvant être aussi violents avec leurs propres membres, avec leurs jeunes, pourraient-ils être autre chose que extrêmement violents avec les autres peuples, avec les autres tribus qu’ils croisent ou qu’ils côtoient parfois ? La violence semble en fait inhérente à l’humanité.

 

À noter que néanmoins, il n’est pas évident de parler d’isolat puisque des contacts avec les peuples mélanésiens de Nouvelle-Guinée eurent lieu le long du canal de Flores mais que les aborigènes n’adoptèrent pas l’arc à la suite de ces contacts. Testard estime que la résistance des aborigènes lors de ces contacts résulte par leur organisation sociale, tandis que Pétillon estime que c’est en raison de la supériorité de la lance sur l’arc et la flèche.

 

Par contre, il est également intéressant d’observer que les aborigènes connaissaient les épées et les boucliers. Il ne peut s’agir d’une diffusion postérieure au contact avec les européens puisque ceux-ci n’utilisaient plus le bouclier. S’agissait-il d’une invention humaine antérieure à leur séparation du reste de l’humanité, c’est-à-dire remontant à plus de 50.000 ans ? A quand remonte l’invention des épées et des boucliers en bois ? À plus de 50.000 ans ? Cela paraît improbable puisque la première mention de boucliers dans l’histoire remonte aux sumériens, en 3.000 avant JC. S’agit-il plutôt d’une adoption à la suite d’un contact avec les peuples mélanésiens ? Ou bien enfin, plus probablement, s’agit-il d’une invention en parallèle au reste de l’humanité de la part des aborigènes australiens ? Ils auraient inventé l’épée et le bouclier, mais pas l’arc et les flèches. 

 

2. La cérémonie d’Intichiuma

L’Intichiuma est une pratique rituelle relativement méconnue dans l’anthropologie actuelle, apparemment un peu passée de mode. Ce rite a pour objectif de chercher à «assurer la reproduction abondante de l’espèce animale dont le clan a la garde, pour ainsi dire, et dont il dépend.» («Les formes élémentaires de la vie religieuse» d’Emile Durkheim). Et de nombreux clans dans certaines tribus australiennes pratiquent ce même genre de rite de reproduction de son totem.

 

«On se rappelle que les ancêtres fabuleux dont chaque clan est censé descendu ont autrefois vécu sur la terre et y ont laissé des traces de leur passage. Ces traces consistent notamment en pierres ou en rochers qu’ils auraient déposés en certains endroits ou qui se seraient formés aux points où ils se sont abîmés dans le sol. Ces rochers et ces pierres sont considérés comme les corps ou comme des parties du corps des ancêtres dont ils rappellent le souvenir ; ils les représentent. Par suite, ils représentent  également les animaux et les plantes qui servaient de totems à ces mêmes ancêtres, puisqu’un individu et son totem ne font qu’un. On leur prête donc la même réalité, les mêmes propriétés qu’aux animaux ou aux plantes de même sorte qui vivent actuellement. Mais ils ont sur ces derniers cet avantage d’être impérissables, de ne pas connaître la maladie et la mort. Ils constituent donc comme une réserve permanente, immuable et toujours disponible de vie animale et végétale. Aussi, est-ce à cette réserve que, dans un certain nombre de cas, on va annuellement puiser pour assurer la reproduction de l’espèce.

 

Voici, par exemple, comment, à Alice Springs, le clan de la Chenille witchetty procède à son Intichiuma.

 

Au jour fixé par le chef, tous les membres du groupe totémique s’assemblent au camp principal. Les hommes des autres totems se retirent à quelque distance ; car, chez les Arunta, il leur est interdit d’être présents à la célébration du rite qui a tous les caractères d’une cérémonie secrète. Un individu d’un totem différent, mais de la même phratrie, peut bien être invité, par mesure gracieuse, à y assister ; mais c’est seulement en qualité de témoin. En aucun cas, il n’y peut ajouter un rôle actif.

 

Une fois que les gens du totem sont assemblés, ils se mettent en route, ne laissant au camp que deux ou trois d’entre eux. Tout nus, sans armes, sans aucun de leurs ornements habituels, ils s’avancent les uns derrière les autres, dans un profond silence. Leur attitude, leur démarche sont empreintes d’une gravité religieuse : c’est que l’acte auquel ils prennent part a, à leurs yeux, une exceptionnelle importance. Aussi, jusqu’à la fin de la cérémonie, sont-ils tenus d’observer un jeûne rigoureux.

 

Le pays qu’ils traversent est tout rempli de souvenirs laissés par les glorieux ancêtres. Ils arrivent ainsi à un endroit où un gros bloc de quartzite est enfoncé dans le sol, avec tout autour, des petites pierres arrondies. Le bloc représente la chenille Witchetty à l’état adulte. L’Alatunja, le frappe avec une sorte de petite auge en bois appelée apmara, en même temps qu’il psalmodie un chant dont l’objet est d’inviter l’animal à pondre. Il procède de même avec les pierres, qui figurent les œufs de l’animal, et, avec l’une d’elles, il frotte l’estomac de chaque assistant. Cela fait, ils descendent tous un peu plus bas, au pied d’un rocher, également célébré dans les mythes de l’Alcheringa, à la base duquel se trouve une autre pierre qui, elle aussi, représente la chenille witchetty. L’Alatunja la frappe avec son apmara ; les gens qui l’accompagnent en font autant avec des branches de gommier qu’ils ont cueillies en route, le tout au milieu de chants qui renouvellent l’invitation précédemment adressée à l’animal. Près de dix endroits différents sont successivement visités, dont quelques-uns sont parfois situés à un mille les uns des autres. Dans chacun d’eux, au fond d’une sorte de cave ou de trou, se trouve quelque pierre qui est censée figurer la chenille witchetty sous l’un, de ses aspects ou à l’une des phases de son existence, et sur chacune de ces pierres les mêmes cérémonies sont répétées.

 

Le sens du rite est apparent. Si l’Alatunja frappe les pierres sacrées, c’est pour en détacher de la poussière. Les grains de cette poussière très sainte sont considérés comme autant de germes de vie ; chacun d’eux contient un principe spirituel qui, en s’introduisant dans un organisme de la même espèce, y donnera naissance à un être nouveau. Les branches d’arbre dont se sont munis les assistants servent à disperser dans toutes les directions cette précieuse poussière ; elle s’en va, de tous les côtés, faire son œuvre fécondante. Par ce moyen, on croit avoir assuré la reproduction abondante de l’espèce animale dont le clan a la garde, pour ainsi dire, et dont il dépend.»

 
En quoi cette cérémonie de l’Intichiuma nous intéresse-t-elle me demanderez-vous ? Pourquoi un rite de multiplication et de réparation de la nature nous intéresserait-il donc me direz-vous ? D’abord et avant tout parce que dans notre monde où la nature est tellement exsangue, où la réflexion écologique (mais non extrémiste) prend une telle importance, un tel rite a une très forte signification et une très forte urgence.

 

Deuxièmement, il est important de noter que les aborigènes australiens sont les seuls peuples premiers, ou primitifs, à avoir conservé de tels rites. Partout ailleurs, ces rites ont disparu. Oubliés dans les fonds des âges. À moins qu’ils n’étaient pas généralisés de par le monde avant il y a 50.000 ans, avant la séparation entre les australiens et le reste de l’humanité. 

 

3. Une organisation sociale particulière.

Les sociétés aborigènes australiennes ne diffèrent pas du reste du monde par cette seule cérémonie de l’Intichiuma, mais par un ensemble de pratiques sociales qui n’existent pas ailleurs. Je ne traiterai pas ici non plus des interdictions de consommation alimentaire des totems de clan, ni de l’organisation en moitié ou en quart exogame que l’on observe en Australie, parce qu’on les trouve aussi ailleurs. 

Les pratiques matrimoniales sont une première bizarrerie, ou spécificité australienne. Partout ailleurs, on observe des pratiques matrimoniales se basant soit :

• sur le mariage libre (notre propre culture occidentale),

• soit sur le versement d’une dot (versée par le père de la mariée au gendre, essentiellement dans les strates riches de la société occidentale moderne et ancienne),

• soit sur le paiement du prix de la fiancée (à l’inverse de la dot, c’est le mari ou la famille du mari qui doit payer pour avoir une femme)

• soit sur le service de la fiancée (au lieu de payer pour posséder une femme, le mari va travailler pour le père de la fiancée pendant un temps déterminé)

 

(à noter que dans certaines sociétés africaines ou asiatiques, ces diverses pratiques matrimoniales peuvent coexister les unes avec les autres, en complément, ou différer en fonction des strates de richesse de diverses classes sociales. Ainsi dans notre société occidentale moderne, en fonction des classes sociales, on observe le plus souvent le mariage libre mais également le versement de dot. À noter également que certaines pratiques matrimoniales peuvent ou pouvaient déboucher sur l’esclavage pour dette, ou sur la dépendance vis-à-vis d’un patron. L’impossibilité pour un homme de s’acquitter du paiement du prix de sa femme, en nombre de têtes de bétail, pouvait le faire tomber, lui ou l’ensemble de sa famille, en esclavage. Parfois, le mari devait rester habiter dans la famille de son beau-père jusqu’à avoir régler la totalité du prix de la fiancée. Seul le service pour (le père de) la fiancée permettait d’éviter tout risque de mise en esclavage pour dette. Tout le monde peut travailler et mériter une femme. Bizarrement, à ma connaissance, rares sont les sociétés à avoir inversé ce système misogyne en imposant le service du fiancé, ou le prix du fiancé)

 

Mais il existe une dernière forme de prestations matrimoniales différentes de cette liste, qui n’existe que chez les seuls peuples aborigènes australiens, et nulle part ailleurs. Je serais tenté de parler de survivance archaïque, d’un passé remontant à près de 50.000 ans. Il s’agit de prestations matrimoniales à durée permanente : tout ce qu’un chasseur chasse et tue sera indéfiniment donné au bénéfice de sa belle-mère, et de son père. Rien de ce qu’il chassera ne lui appartiendra et il ne pourra pas le consommer et en profiter. Ni sa famille. À noter que chaque jeune garçon se voit attribuer une jeune fille de son âge qui devient sa belle-mère. À partir de ce jour, elle et son père bénéficieront du produit de toute sa chasse, à vie, tandis que lui bénéficiera de l’ensemble des filles qu’elle mettra ultérieurement au monde, qui deviendront ses épouses. Accessoirement, cela explique les différences d’âge entre les maris et les femmes aborigènes, avec une différence d’au moins une génération entre maris et femmes. L’ensemble du pouvoir est également détenu dans les mains des vieux hommes, qui possèdent à la fois des pouvoirs magiques et des connaissances rituelles, et possèdent des filles à marier.

 

Dans ce monde australien, pas de fiers et puissants chasseurs qui puissent s’enrichir et se constituer une cohorte de dépendants, qui puissent se glorifier de leur habileté à la chasse. Aucun chasseur aborigène n’est proprietaire ou bénéficiaire du produit de sa chasse. Et ce système social a perduré durant des milliers d’années, pour survivre jusqu’à notre époque. Ce système, ainsi que la guerre perpétuelle que se livraient les tribus voisines ou proches. 


Sans oublier cette pratique qui me choque tant, retracée par M. Pétillon, du prélèvement en ouvrant le dos des hommes «de la graisse rénale (kidney fat), substance chargée d'une forte valeur magique et était ardemment recherchée dans toute l’Australie.»

 
 
Saucratès

 

 

Post scriptum : Il ne faut voir dans ces énumérations de pratiques sociales ou matrimoniales aucun jugement de ma part. Il ne s’agit que de mécanismes sociaux observés depuis plusieurs siècles par des ethnologues et anthropologues. Toutes les personnes dans ces sociétés ne doivent pas toutes observer ces usages et habitudes. En quelque sorte, comme l’avait utilisé le sociologue Max Weber, contemporain de Durkheim, il ne s’agit que d’un idéal type (ou type idéal), que l’on peut encore désigner comme un modèle idéal, valable pour chacune de ces sociétés. 


14/07/2023
0 Poster un commentaire